4 East 81st Street
ven 21 Nov
La galeriste Jill Newhouse, représentant la quatrième génération d’une famille de marchands d’art, propose, avec la curatrice Jovana Stokic, une sélection d’œuvres sur papier sur le thème de la femme. Des petites œuvres d’artistes de renom construisent un panorama grand écart entre le XIXe siècle et aujourd’hui. La promesse d’une visite intime est au cœur du sujet… et de l’accrochage.
La galerie, nichée au premier étage d’un immeuble de l’Upper East Side, s’improvise en cabinet de curiosités. Les petits formats sont accrochés les uns à coté des autres, quelques bronzes posés sur une table, deux aquarelles adossées à une bibliothèque. Un chassis est au sol, face contre le mur, nous sommes seules dans la pièce, on ose le retourner pour en découvrir la face peinte.
Il règne ici une atmosphère de privilège. Quelle chance de découvrir des œuvres de grands maîtres issus de collections particulières. Vuillard, Pissaro, Matisse, Bonnard, Millet, Picasso… Rodin est là aussi. La liste donne le vertige. On sourit en imaginant le regard aimant de Bonnard sur son épouse. On est touché par Millet, l’inspirateur de Van Gogh, qui dessine si bien le poids sur l’épaule d’une porteuse de lait. On s’énerve de Picasso qui fait une dédicace grinçante à Dora Maar mais on se réjouit du dessin génial qui l’accompagne. La visite s’alimente aussi d’œuvres contemporaines. Ainsi un dessin géant de Kiki Smith nous emballe. Une femme est assise impassible et élégante, son double derrière elle semble la grandir, augmenter sa stature. Plus loin un petit dessin d’Elizabeth Peyton s’impose comme un nu introspectif. A-t-on souvent vu, comme ici, le corps d’une femme dessiné les jambes écartées, sans l’ombre d’un moindre sous entendu érotique ? L’exposition confidentielle est une magnifique suite de regards sur la femme, une leçon d’histoire de l’art, d’histoire du regard.