« Indépendants, ensemble ». Depuis 12 ans, le cabinet OMS & Co permet à des consultants et cadres indépendants de vendre leurs services à de grandes entreprises et de mutualiser un certain nombre de fonctions support. Bien installé en France, le cabinet a ouvert des franchises en Espagne, en Suisse, au Royaume-Uni, en Allemagne, et vient d’ouvrir boutique aux États-Unis. Avec un millier de missions par an et 350 clients actifs, le cabinet fait aujourd’hui environ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Son fondateur et CEO, Arnaud Sourisseau, se félicite du changement de mentalité au cours des dernières années : « Il y a 12 ans, il y avait encore un stigma sur les consultants indépendants. On me disait à demi-mot : « Les consultants que vous avez dans votre pool, ils se sont fait virer, ils ne sont pas très bons… » Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. Les professionnels se mettent à leur compte de plus en plus jeunes, et au contraire, ceux qui se lancent en indépendants sont ceux qui se sentent suffisamment armés pour le faire. »
Mutualiser la prospection client et la gestion administrative
Après une première expérience chez Bain & Cie en conseil en stratégie, puis une expérience de startup infructueuse dans l’e-commerce alimentaire, Arnaud Sourisseau décide en 2012 de se mettre à son compte comme consultant en stratégie. « J’étais convaincu de pouvoir apporter la même valeur à une entreprise sans être sous la marque d’un gros cabinet de consultant. Mais à l’époque, en 2012, quand on cherchait ‘conseil en stratégie indépendant’ sur Google, on ne trouvait rien. » L’idée lui vient alors de créer une plateforme pour permettre à des profils similaires, notamment des anciens consultants en stratégie, de se mettre à leur compte.
Aujourd’hui, OMS & Co travaille avec plus de 6 000 indépendants. Les professionnels recrutés sont cooptés par leurs pairs, et interviewés par l’équipe d’OMS &Co, qui valide ensuite le parcours académique et professionnel ainsi que les références des candidats. « Nous avons deux grands pôles métier : d’une part, le conseil et le management de transition, et d’autre part, des profils plus opérationnels, en RH, marketing, finance, etc. Par ailleurs, nous avons également une division ‘executive search’ [ndlr, chasseur de tête]. »
Parmi les principaux clients du cabinet, des grandes entreprises dans le domaine du luxe, les biens de consommation, le commerce, la santé et les services financiers. « L’Oréal, Pernod Ricard, Sanofi, BNP Paribas, Crédit Agricole… Nous travaillons avec deux tiers du CAC40 en France, et nous avons déjà plusieurs sociétés américaines comme clientes », explique Alain Henry, le managing partner d’OMS & Co pour les États-Unis.
Parmi les autres clients, des entreprises de taille intermédiaire, des startups/ scaleups post série A et des fonds de private equity comme Eurazeo, pour des missions de due diligence ou pour aider des entreprises dans lesquelles ils ont investi. « Nos consultants restent totalement libres de leur temps, et d’accepter ou de refuser les missions que nous leur proposons » indique le Français.
Un mot d’ordre : la flexibilité
Dans les faits, le cabinet apporte trois choses à ses consultants : des missions, d’abord. « Nous estimons que la prospection clients prend 40% du temps d’un profil indépendant » poursuit-il. Des services, ensuite : un espace de coworking [ndlr : à New York, il est situé sur Columbus Circle], du networking, des formations virtuelles et en présentiel (cofinancées par le consultant et OMS & Co), des prestataires de qualité pour les assurances, la comptabilité… Enfin, le cabinet prend à son compte le risque de trésorerie : « Nos consultants sont payés à 30 jours, que le client ait réglé ou non », précise Alain Henry.
En contrepartie, OMS & Co charge au client le tarif journalier du consultant plus une marge de 25%. Ces tarifs journaliers varient fortement d’une industrie à l’autre, d’une région à l’autre et en fonction de la durée de la mission, mais se situent généralement entre 1500$ et 4000$, et un premier contrat dure en moyenne un peu moins de 50 jours.
La flexibilité est aussi pour les clients : « Nous proposons des consultants seuls ou en équipe, des missions à temps plein ou partiel, courtes ou longues… Et bien sûr, nous sommes sensiblement moins chers que les grands cabinets de consultants. » Selon leurs calculs, OMS & Co est en moyenne 2,5 fois moins cher qu’un cabinet avec pignon sur rue.
Les États-Unis, un marché prometteur
Alain Henry est en mode exploratoire aux États-Unis depuis un peu plus d’un an, et vient de signer des contrats avec ses premiers clients américains. Il compte sur le goût de l’entreprenariat des Américains et sur les nouvelles générations très attachées à leur autonomie pour conquérir ce nouveau marché : « Il y a une forte communauté d’indépendants de très gros calibre aux États-Unis. Le côté entrepreneurial des Américains les incite davantage à se mettre à leur compte, alors qu’en Europe, on reste encore assez attaché à une carrière en entreprise. »
Aux États-Unis, OMS & Co compte aujourd’hui 300 consultants, et fait entrer 5 nouveaux profils par semaine, majoritairement américains : des consultants, des financiers, des marketeurs, des experts en fusions-acquisitions, et même des avocats : « Les cabinets d’avocats coûtent cher, et les entreprises recherchent de plus en plus des avocats à temps partiel. Comme les autres professions, les avocats de la nouvelle génération rechignent à s’enfermer dans des entreprises et valorisent leur liberté. » Tel ce jeune avocat de 28 ans, qui a choisi de quitter un grand cabinet pour se lancer seul dans l’aventure. « Indépendants, ensemble » : une formule gagnante pour de plus en plus de professionnels ?