A 76 ans, Lucette veut redevenir française

A 76 ans, Lucette veut redevenir française

Par FM / Le 28 août 2014 / Actualité

« Cela n’a pas été facile mais c’était la loi, il fallait la respecter« . L’émotion est palpable lorsque Lucette Chizic, 76 ans, évoque l’époque où on lui a ôté la nationalité française.
Cette Floridienne est ce qu’on appelle une « ancienne française ». Née en France, elle a été contrainte de rendre son passeport français en 1967, lorsqu’elle prend la citoyenneté américaine. Près de cinquante ans plus tard, elle s’est finalement décidée à remplir une demande de réintégration de nationalité française. Elle ne compte pas vivre en France, y retourne rarement. Mais comme elle l’explique: « c’est pour ma satisfaction personnelle, pour montrer que je suis toujours française« .
Arrivée aux Etats-Unis en 1961, elle se marie quelques années plus tard avec un Américain, qui travaille alors dans le secteur de la défense. Or à l’époque, « on avait beaucoup de soucis si on travaillait pour le gouvernement et que sa femme n’était pas américaine« .
« Odieux »
De plus, le couple part pour trois ans en Allemagne: Si Mme Chizik veut conserver sa carte verte, il lui faudra revenir tous les ans, au 1er janvier, aux Etats-Unis, ce qui s’annonce fastidieux. Il existe toutefois une autre solution: devenir américaine.
Problème : ce choix implique, comme le consul de Philadelphie lui indique, d’abandonner la nationalité française. A l’époque, une sombre loi française, celle du 9 avril 1954, ôte  leur nationalité française aux femmes majeures prenant une nationalité étrangère, à la différence des hommes. Lucette tranche. Non sans peine, elle devient américaine. Elle s’en souvient comme si c’était hier. « Une année, pour revenir voir ma famille en France, j’ai même dû demander un visa, ce que j’ai trouvé odieux« .
Le 9 janvier 2014, le Conseil Constitutionnel corrige enfin une injustice vieille de plus d’un demi-siècle, en déclarant inconstitutionnelle la loi n° 54-395 (elle n’était plus appliquée depuis 1973).
Depuis la décision du Conseil Constitutionnel, une procédure spéciale a été mise en place pour les femmes concernées par cette loi. Ses effets ayant été invalidés, il leur suffit désormais de demander un certificat de nationalité française, sans avoir à passer par le processus de réintégration de nationalité.
Cette année, Lucette devrait donc faire partie des quelques ex-Français à déposer une demande. « J’y ai pensé au cours des années, mais au début je me suis dit que c’était tout un tas de paperasse à remplir, alors j’ai laissé tomber« .
Annie Michel, conseiller consulaire à New York, a récemment organisé une réunion d’information sur ce sujet pour aider et orienter les femmes dans la situation de Lucette. Les cas ne sont pas nombreux, mais elle le confirme: « Il y a une bataille à mener ».
 

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