Morgane Houssais, la France Insoumise: "Je compare Mélenchon à Sanders"

Morgane Houssais, la France Insoumise: "Je compare Mélenchon à Sanders"

Par Alexis Buisson / Le 21 mars 2017 / Actualité

En 2012, j’ai fait campagne pour François Hollande“. Morgane Houssais sourit quand elle se souvient de ce temps pas si lointain quand elle faisait du porte-à-porte pour le candidat socialiste.
Cinq ans plus tard, la jeune femme, en post-doc à City College (New York), a changé de poulain: en 2017, ce sera Jean-Luc Mélenchon. “J’étais au Bourget“, où Hollande a tenu le meeting fondateur de sa candidature. “J’ai vibré car il a dit des trucs super. L’horreur, ce n’est pas qu’il n’a pas fait tout ce qu’il a dit. C’est qu’il a fait des choses qu’il n’a pas dites, contre son camp, peste-t-elle. Le PS n’a appris aucune leçon du 21 avril 2002. Aucune!“.
Morgane Houssais fait partie du “groupe d’appui” new-yorkais de la France Insoumise, le mouvement qui soutient Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs groupes similaires existent à travers les Etats-Unis. Le 18 mars, le groupe de New York organisait un rassemblement dans un bar alors que Mélenchon attirait 130 000 personnes (selon les organisateurs) place de la République pour promouvoir son projet de 6ème république.
Morgane Houssais puise son engagement de gauche dans son enfance passée dans le bastion communiste de Montreuil (Seine Saint-Denis) – “le Haut-Montreuil“, tient-elle à préciser, “quartier populaire d’immigrés, très divers. D’ailleurs, je me rends compte que c’est un background qui me suit beaucoup. Quand je suis dans des endroits sans diversité raciale, sociale, économique, je suis crispée“.
Petite fille d’ouvriers “très catholiques, de milieux modestes“, un père artiste et une mère animatrice puis directrice en centre aéré: la future chercheuse vit dans “une famille précaire“. “Quand mes parents ont divorcé, je vivais avec ma mère et mon frère sur un salaire“. Malgré tout, elle s’épanouit à Montreuil, où elle fréquente la Maison populaire pendant quinze ans et fait l’ensemble de sa scolarité. “Beaucoup de parents envoient leurs enfants à Paris. Moi, je suis restée. Il y a d’excellent profs à Montreuil, qui restent par conviction“.
Le temps de l’engagement vient en 2006 avec le CPE, la réforme du gouvernement Villepin qui a mis des centaines de milliers d’étudiants et de lycéens dans la rue. Elle avait 20 ans. Sa fac était bloquée. “J’ai fait toutes les Assemblées générales. Les personnes derrière le mouvement étaient à mille lieues du stéréotype du jeune qui se rebelle pour rien. Ils avaient un regard froid sur la situation. Ils disaient: mes parents sont précaires, je suis étudiant mais je ne suis pas sûr de trouver un boulot, et voilà qu’on me fout un peu plus dans la merde“.
Sa mère, devenue professeure vacataire, “précarisée sous Jospin“, n’a pas attendu François Hollande pour se détourner du Parti socialiste. Morgane Houssais suivra le même chemin sous le président socialiste. Loi-Travail, déchéance de nationalité, “l’état d’urgence sans fin”: la jeune femme se tourne progressivement vers Jean-Luc Mélenchon et son programme de réforme des institutions et de transition environnementale. “Les gens dans les hôpitaux pleurent. Dans la recherche aussi. Il n’y a plus de postes. Le dynamisme s’éteint et les jeunes partent“, regrette-t-elle.
Arrivée aux Etats-Unis en 2013 pour poursuivre sa recherche sur la dynamique des rivières et le transport de sédiments, elle voit en l’ancien ministre une sorte de Bernie Sanders français. “Bernie Sanders m’a redonné espoir, dit-elle. Je compare Mélenchon à Sanders: ils ont tous les deux un programme. Sanders a amené toutes les thématiques sociales au coeur de la campagne et a poussé Clinton à en parler. Ça a surpris tout le monde”. Autre point commun: “Sanders est un vieux sage auquel on fait confiance. Aujourd’hui, Mélenchon a 65 ans. Il en aura 70 dans cinq ans. On préférera qu’il passe la main à quelqu’un d’autre à ce moment-là“.
C’est aussi l’attrait que Bernie Sanders a exercé auprès des “millennials” (18-34 ans) qui a poussé la trentenaire à lancer, avec d’autres Insoumis à Berlin et Montréal, “Millennials for Meluche” sur Facebook. Objectif: servir de plateforme aux “millennials” qui soutiennent Jean-Luc Mélenchon. “Le terme de millennials a une connotation progressiste. C’est beaucoup plus large que de dire “les jeunes“, dit-elle. S’il y a un changement politique, il faut qu’il soit soutenu par cette génération“.
 

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