A Paris, les bagel shops ouvrent à tour de bras. A New York, on mise sur le jambon-beurre. Le Petit Parisien vient d’ouvrir ses portes dans une rue tranquille de l’East Village, avec un concept : des sandwiches “à la française”, dans du pain baguette.
“On est parti du constat qu’on avait du mal à trouver de bons sandwiches ici. Souvent, il y a mille ingrédients dedans, on ne sent plus rien, tout est noyé. On veut offrir des sandwiches simples, de bonne qualité”, explique Louis Testanière, le manager coiffé d’un béret du Petit Parisien.
Au menu : jambon-beurre, jambon-fromage, rillettes, saucisson-cornichons… Il y a aussi un sandwich au foie gras, et un autre à la Fourme d’Ambert. “On s’est demandé à un moment si on allait faire quelque chose à la carte, à l’américaine, où l’on puisse choisir ses ingrédients. Mais en fait, on pense qu’on sait bien quels sont les meilleurs accords, et on a décidé de faire une carte fixe, avec un choix limité”, affirme Louis Testanière, qui a passé les dernières semaines à tester diverses boulangeries, charcuteries et fromageries pour trouver les bons fournisseurs.
“Le plus dur à trouver, c’était la baguette. On avait vraiment une idée précise en tête. On a fini par prendre celle d’Orwasher. On vient de s’équiper de fours pour pouvoir terminer la cuisson sur place, pour qu’elles soient toujours fraiches”, raconte Louis Testanière.
Le milieu de la restauration n’est pas complètement nouveau pour lui : diplômé d’une école hôtelière, il a travaillé dans divers hôtels de la côte d’Azur avant de gérer, pendant deux ans, le bar du théâtre de l’Atelier, à Paris. Il s’est installé à New York il y a deux ans avec sa femme, une mannequin française.
Le projet du Petit Parisien a été lancé il y a six mois par deux de ses amis, Paul et Jean Dupuy, 26 et 29 ans. Les deux Français, qui vivent entre Paris et New York, avaient un peu d’argent à investir, et ont voulu allier le concept des sandwiches à leur histoire familiale.
Ces deux jeunes hommes, qui sont oncle et neveu, sont en effet les héritiers de la famille Dupuy, propriétaire du journal Le Petit Parisien. Ce quotidien né à la fin du XIXème siècle, très populaire pendant la première moitié du XXème siècle, a tiré jusqu’à un million d’exemplaires. Il a connu des heures sombres pendant la Seconde guerre mondiale, passant sous contrôle de la propagande, puis cessant d’exister à la libération.
Pour ressusciter la mémoire du Petit Parisien, Paul et Jean Dupuy ont non seulement donné le nom du journal à leur sandwicherie, mais ont aussi tapissé leur local rétro-branché avec les “Une” retrouvées dans leurs greniers. Des articles, dessins ou publicités d’un autre temps, très amusantes à regarder.
On prend son casse-croûte à emporter, ou on le mange sur place, sur une table en bois, en écoutant une playlist de variété française rétro (Piaf, Aznavour). “Bon, ça, ça va peut-être changer, parce que je suis pas sûr de pouvoir le supporter longtemps”, plaisante Louis Testanière, tout en découpant une baguette. Il y a aussi des chaises dehors.
On a goûté la version jambon-beurre-comté (10$) : efficace, très simple et rassasiant, avec d’épaisses tranches de fromage et du jambon blanc à la française. Et le pain est excellent. Le Petit Parisien propose aussi quelques viennoiseries, cookies et sucettes Pierrot Gourmand pour le dessert. Il y a aussi des espressos et du thé Mariage Frères.
Le Petit Parisien, grand jambon-beurre dans l'East Village
NY Magazine: tiens, les Républicains aiment la France maintenant
Revue de presse. New York Magazine semble avoir oublié les railleries de Jeb Bush sur la semaine de travail à la française ou les déclarations de Rand Paul sur la limitation de l’accès des visiteurs français aux Etats-Unis. Pour l’hebdomadaire, c’est sûr: au fond de leur petit coeur, les Républicains ont “cessé de haïr la France” et il nous explique pourquoi.
Dans un article publié lundi 23 novembre, Jonathan Chait affirme que les conservateurs ont changé de discours sur la France après les attentats de Paris. Et pour le journaliste, il ne s’agit pas simplement d’un changement de façade. Il s’appuie sur les propos de l’éditorialiste Charles Krauthammer, présenté comme “le principal théoricien du parti” . “Si l’autre but du massacre de Paris était de dissuader la France de frapper en Syrie – de la même manière que l’Espagne s’est retirée d’Irak après l’attentat sur ses trains en 2004 – ils (les terroristes) ont choisi le mauvais pays” écrit Krauthammer. “La France est une puissance post-coloniale sérieuse, comme elle l’a démontré en Côte d’Ivoire, en République centrafricaine et au Mali, que la France a sauvé d’une prise de pouvoir islamiste en 2013.”
Stratégie politique
Jonathan Chait ne manque pas de relever le virage à 360 degrés opéré par le penseur conservateur, qui écrivait en 2003 qu’on avait donné à la France un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU “pour préserver la fiction selon laquelle la France héroïque a fait partie de la grande alliance anti-nazis, pour ne pas dire que le pays avait capitulé et collaboré. ”
Faut-il voir dans ce changement de ton la preuve que les Républicains et conservateurs américains de tout poil sont devenus francophiles? Le journaliste ne va pas jusque-là. “En plus d’une sympathie évidente” résultant des attentats, il voit dans cette “francophilie renouvelée” une stratégie politique pour “rosser John Kerry” , auteur d’une phrase maladroite après les attentats de Paris. Le secrétaire d’Etat avait déclaré que les attaques contre Charlie Hebdo “avaient quelque chose de différent” de celles du 13 novembre, laissant penser que les premières pouvaient se justifier. Cette maladresse a provoqué un élan de francophilie intéressé dans les médias de droite, trop contents de pouvoir enfoncer “un Kerry prompt à commettre des bourdes.” “L’ironie ici est que, en 2004, les conservateurs ont attaqué Kerry précisément pour sa francophilie.“
Le déroutant "Soeur de…" à Miami
La petite sœur d’Antigone, Ismène, racontant l’histoire tragique de sa famille. Telle est l’histoire de “Sœur de…” , la pièce que la compagnie orléanaise Krizo viendra présenter du 27 au 29 novembre, à l’Artspoken Performing Arts Center de Miami.
Porté par l’actrice Ana Elle, ce monologue cru, déroutant, mis en scène par Laurent Thébault, sur un texte de Lot Vekemans, se déroule dans un décor chaotique, une sorte de purgatoire. Terrifiée, perdue, une femme cherche à reconstituer son histoire, poursuivie par des chiens et harcelée par les mouches. Elle se remémore l’histoire tragique de sa famille. La pièce est jouée pour la première fois aux Etats-Unis.
Pour un public adulte. Spectacle en français surtitré en anglais.
Clovis Cornillac sacré à "In French With English Subtitles"
Clovis Cornillac ne rentrera pas en France les mains vides, mais avec une belle statue longiligne (signée Anne de Villeméjane) dont il ne sait pas trop comment elle va passer la douane. L’acteur a décroché, dimanche 22 novembre au FIAF, le Prix du Public en clôture du festival In French With English Subtitles pour sa comédie romantique “Un peu, beaucoup, aveuglement”, son premier film comme réalisateur.
“Je me suis interdit de faire de la réalisation pendant longtemps. Mais je me suis dit que c’était dommage de ne pas vivre ca (…) Je pensais que ça serait une expérience dans ma vie. Ca a été un vrai coup de foudre pour le métier. Tout me plait dans la réalisation. Je souhaite faire d’autres films. C’est devenu une obsession” , a confié Clovis Cornillac à quelques mètres de la table de fromages dressée pour la réception de clôture.
Co-écrit avec Lilou Fogli, le film raconte la gué-guerre entre un inventeur de casse-têtes qui a besoin de silence pour travailler et sa voisine, une pianiste accomplie (Mélanie Bernier) qui ne peut vivre sans sa musique. Il va tout tenter pour la faire fuir. Le film a gagné le Prix du Public au festival du film français de Los Angeles ColCoa et le Prix du Meilleur film au festival de Cabourg. Le verra-t-on aux Etats-Unis un jour? “On a des touches avec des distributeurs, glisse Clovis Cornillac. Je souhaite que ça puisse se faire. Deux prix du public sur un territoire, c’est étonnant. On se dit que le film plait au-delà des frontières“.
L’édition 2015 d’IFWES a rassemblé plusieurs noms du cinéma français comme Kev Adams, Zabou Breitman, Vincent Elbaz, Pascal Elbé et Clovis Cornillac, venus présenter leur film pour la première fois à New York, et même aux Etats-Unis. Le coup d’envoi du festival a été donné vendredi avec la première internationale de « Je compte sur vous », un film de Pascal Elbé inspiré de l’histoire d’un escroc qui se fait passer pour un agent de la DGSE pour soutirer des millions d’euros à des grandes entreprises et des banques.
“Je suis très satisfaite. On a fait mieux que l’an dernier en terme de fréquentation” précise Carina de Naurois, la présidente du festival. Il y a beaucoup de visages nouveaux par rapport à l’an dernier” .
Corolle: les poupées de votre enfance aux Etats-Unis
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Découvrir l'héritage des pionniers français des USA à New Paltz
New Paltz. Peu de New-Yorkais connaissent cette petite bourgade à moins de deux heures de route au nord de la Grosse Pomme. Et pourtant, cette ville tranquille, caressée par l’Hudson River, est un petit bijou d’Histoire.
C’est là qu’en 1677, sept familles calvinistes venues de France et de l’actuelle Belgique ont débarqué pour fuir les tensions religieuses croissantes entre catholiques et protestants (tensions qui aboutiront à la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 par Louis XIV). Avant de gagner les Etats-Unis, ces exilés huguenots sont passés par le Palatinat (“Pfalz”) en Allemagne, région qui a inspiré le nom de New Paltz. Aujourd’hui, la ville compte 6.000 âmes, une université, un festival de cornichon et un quartier historique, où se trouvent notamment sept maisons huguenotes ouvertes au public les samedi et dimanche (jusqu’au 20 décembre).
“Un village français”
“C’était un village français à l’origine. Le français était la langue dominante pendant les cinquante premières années, le français et le hollandais pendant les cinquante suivantes” , précise Mary Etta Schneider, présidente de Historic Huguenot Street, une association qui agit pour préserver l’héritage huguenot de la ville.
Selon cette descendante de Huguenot, l’histoire de ces “pionniers français” a été éclipsée par l’épopée pourtant similaire des Pèlerins venus s’installer un peu plus de 50 ans plus tôt à Plimoth. “Les Huguenots voulaient un endroit où exercer leur foi sans être persécutés, tués, poursuit Mary Etta Schneider. Ils ont apporté avec eux la croyance en ces libertés que l’on prend aujourd’hui pour acquises” .
Les maisons de ces colons, en pierre, bordent Huguenot Street, l’artère principale du “district historique” de New Paltz. La reproduction d’une église huguenote de 1717 et un cimetière où reposent les premiers colons s’y trouvent aussi. Des conférences, des reconstitutions historiques et diverses activités de sensibilisation y ont lieu.
Jeudi 19 novembre, une délégation de la French Heritage Society (FHS), un groupe qui soutient la préservation du patrimoine français aux Etats-Unis, était sur place pour officialiser l’octroi d’une subvention de 10.000 dollars pour restaurer la toiture de la John Hasbrouk House, la maison principale de Huguenot Street. Les parties les plus anciennes de cette grande maison, d’où s’élance une imposante cheminée, remontent à 1685.
C’est le quatrième projet de restauration que finance l’association à New Paltz. Aux Etats-Unis, ses subventions ont aussi été attribuées à la résidence de Thomas Jefferson à Monticello, la Statue de Saint-Louis à Saint-Louis et au voyage de l’Hermione en 2015 par exemple.
Isabelle de Laroullière, membre du conseil d’administration de FHS, chargée des subventions, encourage les Français de New York à venir visiter New Paltz:
Jacqueline de Ribes, une muse de la mode au Met
Jacqueline de Ribes a été, entre les années 60 et 80, une icône du monde de la mode.
Depuis le 19 novembre, le Costume Institute du Metropolitan Museum de New York consacre une exposition à cette comtesse française, qui fût la muse de plusieurs grands couturiers. Elle a aussi créé ses propres collections.
Vous pourrez ainsi y voir 60 ensembles de haute-couture et de prêt-à-porter qui appartenaient à Jacqueline de Ribes, ainsi que divers documents, photos et vidéos retraçant sa vie et sa carrière.
Les tenues exposées ont été créées par Armani, Pierre Balmain, John Galliano, Valentino, Jean-Paul Gaultier (qui l’appelait “divine Jacqueline”), Yves Saint Laurent ou encore Emanuel Ungaro. Et bien sûr, par Jacqueline de Ribes elle-même.
Née en 1929, Jacqueline de Ribes a été considérée comme “l’incarnation ultime de l’élégance parisienne”, rappelle le Metropolitan. Elle a été photographiée par Richard Avedon ou Robert Doisneau, et son image en est venue à incarner “l’élégance sans effort et le glamour sophistiqué”. Le magazine américain Town & Country l’a même consacrée, en 1983, “la femme avec le plus de style au monde”. L’exposition est à voir jusqu’au 21 février.
Attentats de Paris: la douleur de l'expatrié
“Une amie française m’a appellée. J’ai compris que c’était catastrophique” . Ce 13 novembre, au moment des attentats terroristes de Paris, Hélène Godec regardait ses enfants de 5 et 8 ans jouer tranquillement avec d’autres.
Secouée, cette Française de New York, enseignante à Fordham University, a choisi de ne rien montrer, même si des amis logeaient dans son appartement parisien “entre le Bataclan et le Carillon” au moment des attaques. Sitôt le groupe parti, “j’ai fait du Skype jusqu’à 2h du matin. Je n’ai pas culpabilisé de ne pas être là, mais j’avais un vrai manque de ne pas être avec mes proches en France.”
Les moments de drames nationaux, comme ceux que la France a vécus en janvier et en novembre, renvoient chaque expatrié face à une contradiction: il a voulu quitter la France, s’affranchir parfois de ses racines, mais ne supporte pas d’en être loin dans les moments difficiles.
Rapport à la mort
Plus d’une semaine après les faits, les témoignages de Français de l’étranger continuent de sortir dans la presse et sur les réseaux sociaux. Libération a publié, jeudi 18 novembre, une série de textes envoyés par Français des quatre coins de la planète. Elle fait suite à la publication dans Slate d’un témoignage intitulé “Etre Français, souffrir de loin” signé d’une Française de Hong Kong.
Aux Etats-Unis, la life coach pour expatriés Magdalena Zilveti Chaland, auteure de Réussir sa vie d’expat, a mis “trois jours” à publier le sien, sur son blog. “J’avais du mal à trouver les mots” , avoue-t-elle. “L’éloignement permet d’avoir une distance, de se sentir protégé. Mais en même temps, cela provoque un sentiment de culpabilité car la famille est là-bas et on ne peut rien faire” , explique-t-elle.
Plus fondamentalement, la mort renvoie l’expatrié face à sa décision de partir, de quitter ses proches, d’affirmer sa liberté. Comment continuer à vivre sa vie d’expatrié “quand le chaos existe là où nous aurions pu -dû- être” s’interroge-t-elle. “Lorsque quelqu’un de la famille tombe malade, on ressent la culpabilité d’être loin, de ne pas accompagner ceux qui supportent la maladie (…) Dans des situations de drames collectifs, on se rapproche d’autres citoyens francophones. On se regroupe, on communique plus. L’expérience se vit à plusieurs. On peut être soutenu collectivement.”
Troubles du sommeil, agitation…
Les recherches sur l’impact d’évènements traumatiques, comme le 11-Septembre ou les guerres, ont montré que la distance n’empêchait pas d’être affecté par des troubles psychologiques. Une étude de 2003 de la chercheuse américaine Anne Speckhard sur des expatriés américains en Belgique dans les dix semaines après le 11-Septembre a montré que 10% d’entre eux affichaient des signes de stress post-traumatique juste après les attentats. 20% d’entre eux se disaient atteints de quatre troubles dissociatifs – déni de réalité, déconcentration, amnésie partielle, engourdissement – parfois au-delà de la première semaine.
“J’ai été surprise de voir à l’ampleur de leur traumatisme, avoue la chercheuse. Si vous continuez à avoir des cauchemars, que vous ne pouvez pas vous concentrer ou que vous vous sentez nerveux, il faut aller voir quelqu’un. Si vous ne faites qu’y penser, c’est normal et les effets se dissiperont avec le temps” .
En parler aux enfants
Tout le monde n’est pas égal face aux traumatismes. Ceux qui en ont connu dans le passé peuvent développer des symptômes plus aigus. Les enfants aussi sont particulièrement vulnérables. Pour les aider à comprendre l’insensé, le magazine Astrapi publié une édition spéciale en téléchargement gratuit. Les écoles américaines, elles, ont adopté différentes postures. Lundi, le journal The Independent rapportait que certaines écoles élémentaires avaient décidé de ne pas parler des attentats estimant que les élèves étaient trop jeunes. D’autres ont respecté une minute de silence et ont décidé d’en parler uniquement si les élèves posaient des questions ou manifestaient des inquiétudes.
“Pour les enfants, la meilleure approche post-traumatisme est de revenir à un emploi du temps normal et faire tout pour leur assurer qu’ils sont en sécurité. La réaction des enfants dépendra en grande partie des réactions des adultes” souligne Nancy Boyd-Webb, spécialiste du traumatisme chez les enfants.
Décalage
Avec le temps, les effets du traumatisme s’estomperont. La vie reprendra le dessus. Dans le groupe d’expatriés étudié par Anne Speckhard, le refus de parler du 11-Septembre était le symptôme le plus partagé à la fin de la période d’étude de dix semaines.
Certains expatriés auront peut-être envie de rentrer en France. “La distance amplifie l’émotion dans ces moments-là. Tu n’as pas peur pour toi, tu as peur pour tes amis, pour tes proches, ajoute Hélène Godec. J’ai beaucoup de discussions avec des mamans en France. J’ai dit à une amie que le message qui passait ici était que l’école est en sécurité. Sa réaction: ‘mais comment peut-on dire ça!’. Je comprends son émotion. Parfois, tu essayes de dire aux amis en France qu’on comprend, qu’on pense à eux, mais on n’est pas à leur place. Ça peut créer un décalage. J’ai posté sur Facebook une image de la Freedom Tower en bleu-blanc-rouge. C’est anecdotique” .
Le PDG d'Air France aux New-Yorkais: "Venez à Paris!"
Paillettes, smoking, dépenses exhubérantes: c’est tout ça un gala de charité à New York. Mais quand l’heure est au deuil, au choc des attentats, est-ce vraiment une bonne idée de célébrer l’art de vivre à la française?
Oui! C’était la réponse franche et massive du FIAF (French Institute Alliance Française) et de ses invités jeudi soir à l’occasion du gala annuel de l’institution new-yorkaise. “Marie-Monique Steckel (la présidente du FIAF) a décidé de maintenir le gala et de le faire en “black tie” et elle a bien fait!” confiait l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, venu lui en costume de travail, avant de repartir rapidement travailler sur la résolution contre le terrorisme présentée par la France au Conseil de Sécurité ce vendredi. “Après les deux premiers jours, où il est normal d’annuler, il faut toujours maintenir, montrer que la vie est plus forte!”.
Invité d’honneur de la soirée, le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a hésité quelques jours avant de finalement confirmer sa participation. Lui aussi a évité le smoking, mais est venu dire sur scène que la meilleure réponse à donner est de “venir à Paris”. En coulisse, il confiait que la compagnie avait enregistré une vague d’annulations et une baisse des réservations après le 13 novembre, tout en notant qu’il “est trop tôt pour pouvoir tirer des conclusions définitives et savoir si cela aura un impact durable”. (NDLR: Alexandre de Juniac parlait avant que ne commence la prise d’otage de Bamako où plusieurs membres d’équipage d’Air France ont été impliqués).
Marseillaise et minute de silence
Un peu plus tôt, les 450 invités avaient commencé la soirée par une minute de silence suivie d’une vibrante Marseillaise entonnée par une large part de l’assemblée, avant que la directrice générale du FMI, Christine Lagarde vienne remettre un trophée à Alexandre de Juniac. On était en famille: avant de “pantoufler” à Air France, M. de Juniac fut le directeur de cabinet de Mme Lagarde, alors ministre de l’Economie.
C’est l’autre lauréate de la soirée qui a réchauffé les coeurs de tous: Françoise Gilot recevait le Trophée des Arts. L’ancienne muse de Picasso et mère de deux de ses enfants, elle-même peintre et écrivain, est une “Franco-new yorkaise” de longue date, toujours débordante d’activité à presque 94 ans. Elle vient de publier un livre co-écrit avec Lisa Alther, About Women: A Conversation Between a Writer and a Painter.
Le journaliste Charlie Rose est venu lui remettre son trophée, disant comment il était “tombé amoureux” de la peintre à l’occasion d’une interview, avant de se lancer dans une longue tirade: “she was hot at 20, she was hot at 30, she was hot at 40 (…) and she is still hot at 90!”. Pour la première fois de la soirée, la salle s’est laissée aller à un grand fou rire.
François Hollande rencontrera les Français de Washington
En marge de sa visite à la Maison Blanche, où il doit s’entretenir avec Barack Obama, François Hollande rencontrera les Français de Washington à la Maison française à l’Ambassade de France le mardi 24 novembre à 2pm.
Il est obligatoire de s’inscrire pour pouvoir y participer. Les portes fermeront à 12h45, indique l’Ambassade.
François Hollande doit s’entretenir avec son homologue américain au sujet de la réaction à apporter aux attentats qui ont meurtri Paris le 13 novembre. Ils “se consulteront et coordonneront les efforts (américains, ndlr) pour assister la France dans l’enquête sur ces attaques, parleront de la coopération dans le cadre de la coalition anti-ISIS de 65 membres, et rappelleront notre détermination commune à faire face au fléau du terrorisme” , a indiqué la Maison blanche dans un communiqué, mardi 17 novembre, rappelant que la France est « l’allié le plus ancien des Etats-Unis. »
La Rain Room qui vous fait passer entre les gouttes au LACMA
S’il y a bien une chose qui fascine les habitants de Los Angeles, c’est la pluie. Si rare, tant espérée… C’est donc tout naturellement qu’un engouement s’est créé autour de l’exposition temporaire « Rain Room », hébergée par le Los Angeles County Museum of Art (LACMA), jusqu’au 6 mars 2016.
A l’instar du Barbican de Londres en 2012 et du MoMA de New-York en 2013, elle ne désemplit pas. Et les places sont réservées jusqu’en février 2016. Mais pourquoi tant de fascination ? Nous avons testé l’expérience.
Plongé dans une douce obscurité et guidé par un sobre jeu de lumière, le visiteur est happé par un bruit de cascade. Au cœur de la pièce, une simulation d’averse nous transporte au cœur d’une soirée d’automne très humide.
Dès que l’on s’avance, dès que le corps est détecté, les chutes d’eau s’arrêtent au dessus de vous, mais continuent de vous entourer. L’émerveillement se lit sur les visages. « C’est nous qui contrôlons la pluie », commente Suzann, une galeriste. Pas question d’accélérer le pas, sous peine de prendre une douche froide. « Il faut se déplacer lentement pour actionner le système », a prévenu le guide à l’entrée. Il semblerait que quelques visiteurs, aux vêtements mouillés, aient omis la consigne.
Cette expérience sensorielle dure quinze minutes, durant lesquelles le temps s’arrête. « Nous devenons acteur de cette expérience, nous réagissons avec l’espace. C’est vraiment spécial », reconnaît Ryan, un Angeleno étudiant l’architecture.
Non loin de là, trois amis commentent l’exposition. « J’ai été fasciné par la reconfiguration de cet élément naturel. Cela change les perspectives du possible. Nous ne faisions qu’un avec la pluie », commente Mike. Pour obtenir ce résultat, trois ans et demi de création ont été nécessaires au Random International.
L’exposition revêt un caractère particulier dans une ville où la pluie est une denrée rare. « Cette installation était déjà à New York et l’engouement était fou, avec des heures de file d’attente. C’est un gros contraste de l’avoir installée dans une ville qui manque d’eau », remarque Suzann, essuyant les gouttelettes qui ruissellent sur sa chevelure.
Pour autant, il ne faut avoir aucune crainte en terme de gaspillage d’eau. Comme le rappelle Erin Yokomizo, à la communication du musée : “l’eau est recyclée via un système de récupération. Cette exposition ne dépasse pas les dépenses journalières en eau d’une famille de quatre personnes.”
La galette bretonne chez les gangsters de l'East Village
80 Saint Marks Place. Si vous aimez l’histoire de la mafia, ou que vous êtes un mafieux vous-même, vous connaissez cette adresse.
Ce bâtiment de l’East Village, avec ses tunnels, son speakeasy et ses salles secrètes, appartenait à l’illustre gangster Walter Scheib et servait de repaire mafieux pendant la Prohition. Scheib, qui ne laissait rien au hasard, était allé jusqu’à bourrer les murs du sous-sol d’explosifs pour accueillir comme il se doit la police ou les gangs rivaux.
Aujourd’hui, l’immeuble abrite le Museum of the American Gangster, le Theatre 80 Saint Marks, où les stars du théâtre et de la musique se sont succédés, un bar où l’on sert de l’absinthe et le cidre. Et, depuis octobre, une petite cuisine d’où sortent tous les jours des galettes et crêpes bretonnes.
Cette cuisine, c’est celle de la crêperie Délice et Sarrasin, lancée l’an dernier dans le West Village par la famille Caron-Soriano. C’est le propriétaire du 80 Saint Marks qui est venu chercher la petite famille toulousaine. Il cherchait un remplaçant pour la crêperie bretonne Crêpe Canaveral, bien connue des locaux et des fêtards, et savait que le restaurant des Caron-Soriano allait prendre de la valeur. Comprenez: être cité dans le New York Times par la faiseuse des rois de la restauration new-yorkaise Florence Fabricant.
“On ne connaissait pas l’histoire des lieux en arrivant ici, c’est surprenant!” avoue Raphaël Caron-Soriano, le fils des propriétaires de Délice et Sarrasin qui gère ce “discovery bar”. Ce solide gaillard, qui a lancé une entreprise dans le secteur du bâtiment, est arrivé il y a cinq mois d’Australie. “On est rattaché à une partie de l’histoire de New York. Ce building fait partie des adresses connues. Nous sommes fiers d’être ici alors qu’on est arrivé à New York il y a moins d’un an. ”
La cuisine, ouverte sur la rue et le bar, sert des galettes classiques et gourmandes, ainsi que des crêpes sucrées, conçues pour être mangées sur le pouce. Les ingrédients sont préparés dans le restaurant principal du West Village et cuisinés dans l’antenne de l’East Village.
Les Caron-Soriano se targuent de faire une “vraie” galette bretonne, fabriquée à partir de la farine importée de Bretagne. “Le West Village est éduqué à ce qu’est la galette. Ici, on touche un autre type de population. Elle ne sait pas ce qu’est la galette ou la crêpe authentique” , ajoute Christophe Caron-Soriano, qui a lancé le restaurant du West Village avec ses parents. Pour propager cette bonne parole, la petite famille envisage d’ouvrir un autre restaurant, peut-être près du Lincoln Center.