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Lafayette Musicians de Matthieu du Motier fait rayonner la musique sacrée au Texas

Matthieu du Motier est installé au Texas avec sa famille depuis trois ans, et partage désormais son temps entre l’Europe et les États-Unis. Sur le vieux continent, il est connu pour son expérience : il chante des opéras, des ouvrages en soliste et se produit avec les Arts Florissants, l’un des ensembles baroques les plus reconnus au monde. À Dallas, il met sa formation de chef d’orchestre généraliste au profit de Lafayette Musicians, un ensemble musical qu’il a créé en 2022 pour unir ses deux passions principales, la musique et la foi. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il enregistre actuellement un disque en soliste avec la Dallas Bach Society, le plus grand ensemble baroque américain.

Un voyage musical dans le temps

À l’origine de la création de l’ensemble musical Lafayette Musicians, il y a le désir de démocratiser la musique sacrée et de la faire rayonner dans un pays dans lequel elle est moins connue qu’en Europe. Pour ce faire, Matthieu du Motier puise dans un large répertoire, allant de la renaissance au classicisme en passant par le baroque, et s’entoure de musiciens capables d’interpréter aussi bien de la musique moderne qu’ancienne, et surtout, qui croient en ce qu’ils chantent et « jouent avec ce petit supplément d’âme qui rend les œuvres encore plus puissantes. » Pour rendre ses concerts plus accessibles au grand public, le chef d’orchestre ne s’appuie que sur des œuvres chantées dont il fournit des livrets avec des traductions et de la mise en contexte sur les aspects musicologiques, historiques et sociologiques lors de chaque concert.

Il y a à peine un an, l’ensemble avait fait son concert inaugural à Dallas autour de l’œuvre d’Handel et de Lully, deux figures incontournables du courant baroque, interprétée par cinq solistes et un choeur de trente chanteurs. Le deuxième concert, Matthieu du Motier le décrit comme « un véritable voyage dans le temps sur les trésors du baroque naissant, six chanteurs, des instrumentistes et un luth », le tout à la lueur des bougies dans la demeure historique de Aldredge House.

Ensemble musical Lafayette Musicians – Credits Lafayette Musicians

Si les deux premiers concerts étaient axés musique baroque, Matthieu Du Motier vise plus haut pour ce troisième concert en rassemblant plus de 80 musiciens dans l’une des plus belles églises de Dallas, Christ the King Church. 45 instrumentistes, une vingtaine de choristes et des chanteurs solistes accompagnés de 80 enfants choristes de l’école des Cistersiens se réuniront deux semaines après Paques autour de l’œuvre de la création de Haydn. « Notre but est de jouer tous les répertoires musicaux jusqu’au XXe siècle. Nous commencerons par un clin d’œil à la France en ouvrant le concert sur une pièce de Gabriel Fauré, l’un des plus grands compositeurs français du XXe siècle, mort il y a exactement 100 ans. On poursuivra sur la création de Haydn, un ouvrage central dans l’histoire de la musique qui traite de la création du monde telle qu’en parle la bible dans ses deux premiers chapitres. »  

Avec la bénédiction de l’évêque de Dallas

Matthieu du Motier se réjouit du soutien grandissant de la communauté musicale et religieuse, avec d’une part la participation du chef d’orchestre de la Dallas Bach Society (ndlr : l’un des plus grands ensembles baroque américains), qui jouera au clavecin pour la deuxième année consecutive, ainsi que la présence de l’évêque de Dallas qui en plus d’accepter l’invitation, bénira l’orchestre ainsi que le public lors du concert.

Avec ce troisième concert, le virtuose espère semer des graines sur un terrain qu’il estime « très fertile pour la musique sacrée », avec l’ambition de pouvoir organiser un concert de cette envergure quatre fois par an. Contrairement à la France où le public s’intéressait souvent plus à la musique qu’a sa signification, le chef d’orchestre espère bien au Texas attirer tous ceux qui viendraient à la musique sacrée par le biais de la foi. Et dieu sait qu’ils sont nombreux : « ici il faut réserver un an à l’avance pour pouvoir jouer dans une église. »

Picky Monday ouvre sa première boutique dédiée aux enfants

C’est officiel : après une année d’entreprenariat collaboratif au sein du Coven Project, Leïla Bernard a décidé d’ouvrir sa propre boutique de vêtements pour enfants de seconde main. « J’ai toujours rêvé d’ouvrir mon propre magasin. C’est le développement que je souhaitais pour mon entreprise, après trois ans d’existence. J’ai signé seule un bail d’un an pour le local que nous occupions auparavant à quatre avec le Coven Project. »

Lancé en 2020, Picky Monday met en ligne, chaque lundi, des capsules de vêtements pour enfants, soigneusement sélectionnés par Leïla Bernard, autour d’un thème ou d’une saison. Forte d’une clientèle en ligne et locale fidèle, cette maman de deux enfants a décidé de sauter le pas et d’ouvrir une boutique dans Pacific Heights. « C’est un pari, surtout avec les fermetures récentes ou annoncées de nombreux magasins à San Francisco, reconnaît-elle. Ce qui m’a convaincue, ce sont les retours très positifs des parents du quartier pendant l’aventure Coven Project. Ils sont contents d’avoir un magasin pour enfants, avec une style qu’ils aiment. »

Un lieu « qui bouge et qui vit »

C’est un peu un retour aux sources pour ce block de Sacramento Street, autrefois très fréquenté par les familles qui se rendaient au magasin de jouets The Ark, ou achetaient des chaussures pour leurs bambins chez Brooks shoes for kids, deux enseignes fermées depuis plusieurs années. Picky Monday sera en effet exclusivement dédié aux enfants : « Je propose des vêtements de seconde main, de 0 à 12 ans, de marques européennes principalement mais pas seulement, ainsi que des jouets neufs qui respectent mes valeurs de durabilité et d’écologie. Je définirais mon style comme coloré et soigné : les mamans qui achètent chez moi adorent trouver la pièce unique et de qualité qui va leur valoir de nombreux compliments. »

Leïla Bernard entend également faire de sa boutique un lieu collaboratif qui met en avant d’autres entreprises créées par des Français : « Je veux que Picky Monday soit un lieu qui bouge et qui vit. Plusieurs pop-up sont déjà programmés avec Braid Bakery, qui fabrique de délicieuses babkas, Nicole Seguin qui réalise des séances photos, Anne-Caroline de My Selfcare Fairytale et ses ateliers de yoga du visage et d’aromathérapie. On pourra également trouver les dernières créations pour enfants et parents de Sew Francisco, et un portant avec les vêtements vintage sélectionnés par Neat and Kind. » L’inauguration officielle de la boutique aura lieu le samedi 11 mai, et Picky Monday est désormais ouvert du jeudi au samedi, de 10:30am à 6pm, et le lundi et mardi sur rendez-vous.

Dans les secrets du prêt d’œuvres antiques du Met au musée du Louvre

Le mois dernier, dix objets remarquables du département « Ancient Near Eastern Art » (Art ancien du Proche-Orient) du Metropolitan Museum of Art (le Met) de New York ont été soigneusement emballés et placés dans des petits caissons capitonnés. Ils ont ensuite pris la route de l’aéroport, ont embarqué à bord d’un avion et ont terminé leur voyage de l’autre côté de l’océan Atlantique, à Paris, au musée du Louvre. Ce prêt, d’un musée américain à un autre français, a donné lieu à une exposition : « The Met au Louvre, Near Eastern Antiquities in Dialogue », qui sera visible jusqu’au 28 septembre 2025 dans la capitale française.

Le fruit d’une collaboration très rapprochée entre les deux institutions. « On a l’habitude de se décrire comme des sœurs », confie Kim Benzel, la conservatrice en chef du département Ancient Near Eastern Art du Met. Cette partie du musée new-yorkais a fermé pour rénovation jusqu’en 2026 (le reste du Met reste ouvert). Plutôt que de conserver à l’abri des regards des pièces pour beaucoup remarquables, les équipes des deux établissements, de chaque côté de l’Atlantique, ont longuement échangé, à distance, pour imaginer une exposition qui fasse dialoguer des œuvres d’art que, d’habitude, un océan sépare.

Dialogue entre les œuvres des deux musées

Dans cette collaboration, c’est le Louvre, via Ariane Thomas (Directrice du département des Antiquités orientales), une proche de Kim Benzel malgré la distance, qui a été à l’initiative. S’intéresser à ce prêt, c’est plonger dans le monde passionnant des prêts d’œuvres de musée à musée. « On n’avait pas le temps pour une exposition entière, qui d’habitude rassemble quelque chose comme 150 pièces, alors on a commencé à réfléchir à un cadre différent, explique Kim Benzel. On s’est rapidement rendu compte que plusieurs de nos objets avaient une très grande résonance avec des pièces du Louvre. »

À l’image de cet objet d’orfèvrerie, un ensemble hétéroclite de pièces de joaillerie découvert dans une cachette monétaire et dont le Met a longtemps cru qu’il constituait un collier : l’exposition montrera plutôt que ces pendentifs, fondus, étaient des emblèmes divins. D’autres objets des deux musées se regardent et se complètent, offrant de curieuses ressemblances. « Ces pièces maîtresses, une fois exposées au Louvre, prennent un sens nouveau et différent », fait remarquer l’experte de l’art antique du Proche-Orient au Met.

Prêt gratuit

Parmi elles, un plat iranien en argent doré représentant un roi sassanide chassant le cerf, une tête d’homme enturbannée en métal venue de Mésopotamie, une stèle couverte d’inscriptions cunéiformes et de personnages, ou encore divers objets décorés d’animaux sculptés, dont une extraordinaire statuette en argent iranienne datant du IVe millénaire avant J.-C. et représentant un taureau agenouillé tenant un vase à bec. Des objets fabriqués en Asie centrale, en Syrie, en Iran ou en Mésopotamie, entre la fin du IVe… millénaire avant J.-C. et le Ve siècle de notre ère.

Comme toujours dans ce cas-là, c’est le musée emprunteur qui règle la totalité des frais (voyage des objets et des équipes, assurances, etc.), en l’occurence ici le Louvre. Le prêt, lui, est comme souvent gratuit, peu d’établissements dans le monde facturant la mise à disposition de certaines de leurs œuvres. Le Met a profité de la fermeture de son aile consacrée à ces pièces datant de plus de 2000 ans pour en envoyer certaines à d’autres endroits du globe.

Ces objets reviendront à leur place en 2026, lorsque cette aile du musée rouvrira, totalement rénovée. Kim Benzel promet « une approche narrative complètement différente »

Amélie maison d’Art s’installe à New York

Amélie du Chalard, qui a fondé Amélie Maison d’Art fin 2015 dans le 6e arrondissement à Paris, vient d’ouvrir sa galerie en plein cœur de SoHo, juste en face de la Judd Foundation, très exactement au 85-87 Mercer St. « Mon concept est d’ouvrir peu d’espace mais dans des endroits un peu exceptionnels, et New York, pour le marché d’art contemporain, est un lieu quasiment essentiel ». Attention, il ne s’agit pas d’une galerie traditionnelle mais plutôt d’un espace d’exposition proche d’une maison de collectionneur, pensée comme un appartement, dans un ancien atelier d’artiste de 600m2 dans lequel vous pourrez découvrir divers artistes, différents médiums et de multiples techniques qui soulignent l’ADN de la galerie. Vous aurez également la possibilité d’être reçu sur rendez-vous après avoir sélectionné sur leur site les travaux auxquels vous êtes sensibles.

Découvrir des artistes

On est sous le charme de l’agencement de la galerie, de son esthétisme, de l’attrait très visible pour la matière, l’abstraction. Ce n’est pas du tout intimidant, comme ça arrive parfois dans des galeries, on s’y sent bien, c’est inspirant, harmonieux, on aimerait y vivre même. On aime également que les nombreux artistes sélectionnés soient émergents – pas seulement des artistes établis.
Une exposition collective va durer environ deux mois pour permettre de découvrir la diversité des artistes sélectionnés par Amélie maison d’Art, leur savoir-faire, l’esthétisme de leurs œuvres. « Ce qui m’importe, c’est de retrouver la fonction première et historique de l’œuvre d’art, qui est d’être une pièce pour soi et pour chez soi ».
Puis un programme de 5 expositions temporaires va suivre pendant l’année, au cours desquelles la galerie sera ouverte autour d’un solo ou d’un duo d’artistes pour une durée d’un mois, ponctuées par des accrochages personnalisés. Il est conseillé, en dehors de ces shows, de prendre rendez-vous sur le site.

Amélie maison d'Art ©Olivia Garcin
Amélie maison d’Art. © French Morning/Olivia Garcin

Le collectionneur fait l’exposition

Á l’inverse d’une galerie d’art dans laquelle vous allez simplement voir les œuvres d’un artiste bien spécifique, chez Amélie maison d’Art vous faites votre propre sélection parmi les 150 artistes aujourd’hui référencés. En effet, en parcourant sur le site les différents médiums proposés, peintures, sculptures, photos, œuvres sur papier… il est recommandé de créer une liste de favoris et de prendre un rendez-vous à la galerie afin d’y découvrir un accrochage personnalisé, réalisé uniquement pour vous.

Que vous soyez un collectionneur privé ou un professionnel dans le secteur de l’hôtellerie, que vous soyez profane ou initié, l’expérience est si différente à chaque accrochage, la mixité des œuvres proposées telle que vous repartirez forcément avec une pièce coup de cœur. « De nouvelles œuvres vont arriver tous les mois et demi, c’est vraiment en continu que la galerie sera alimentée. »

L’expérience se poursuit avec un certain nombre de services proposés, comme des conseils d’encadrement, des accrochages à domicile afin de développer la sensibilité artistique des collectionneurs au fil du temps.

Amélie maison d'Art ©Olivia Garcin
Amélie maison d’Art © French Morning/Olivia Garcin

Vous l’aurez compris, chez Amélie maison d’Art les codes des galeries traditionnelles sont bousculés et la projection personnelle favorisée. Alors n’attendez plus pour commencer, vous aussi, votre collection d’œuvres d’art, il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets.

Le Bal Français est de retour à Brooklyn le 6 avril

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« Ils m’entraînent au bout de la nuit (qui ça qui ça ?)… ». Si ce refrain éternel continue à alimenter votre nostalgie, on a une bonne nouvelle pour vous. Le Bal Français est de retour le samedi 6 avril au 9 Bob Note, une salle d’East Williamsburg avec un grand patio pour les fumeurs.

Une soirée unique qui fera danser les amoureux de bons tubes français.

Au programme : des classiques intemporels tels qu’Indochine, France Gall, Céline Dion, en passant par des incontournables plus récents comme Aya Nakamura, Vegedream et Angèle.

Le Bal Français est ouvert aussi bien aux Français qu’aux francophiles et amoureux de musique française. 

Ouverture des portes à 10 pm et fermeture à 4 am. Tickets à 25$ disponibles ici.

La librairie La Joie de Vivre inaugure son café

« Soulagé ! » C’est ce que répond Cyril Dewavrin lorsqu’on lui demande quel est son sentiment à quelques jours de l’inauguration officielle de La Joie de Vivre (nous avions parlé du projet en décembre dernier). « Un an et demi de travaux et de galères… Mais c’est terminé. » Sa librairie sent le neuf… et le café. Un tiers de l’espace est consacré à la restauration. Assis à l’une des quatorze places distribuées autour du comptoir, on sirote et on grignote en ouvrant les premières pages du roman, de la BD, ou du beau livre que l’on vient d’acheter. Pousser la porte d’une librairie pour commander son café à emporter ? En France, ce mélange des genres est plutôt rare. À Paris, par exemple, on compte à peine plus de cinq librairies à le proposer. Mais à New York, la démarche est bien ancrée dans les habitudes. Elle représente, pour le libraire, un complément de revenus indispensable à son modèle économique.

© French Morning/Nicolas Cauchy

Derrière le comptoir, les pains au chocolat, les croissants et les pâtisseries viennent de l’Upper West, Barachou, de l’East Village, Petit Chou, ou de Choc O Pain dans le New Jersey. Quant aux « meilleurs macarons de New York », ils sont signés Thierry Atlan

Nicolas Cauchy - French Morning
© French Morning/Nicolas Cauchy

Une cliente entre, passe la table consacrée aux livres de cuisine, flâne un peu, feuillette. À sa droite, la littérature américaine ou les auteurs traduits. Beaucoup de nouveautés au catalogue qui, la plupart du temps, collent à l’actualité sociale ou politique. Mais aussi des classiques que des habitants du quartier sont ravis de retrouver après la fermeture, une à une, des librairies indépendantes. Et si les livres en anglais sont un peu plus chers que sur Amazon, ou Barnes & Noble, aucune importance : les clients américains trouvent naturel de soutenir l’indépendance. 

© French Morning/Nicolas Cauchy

Notre cliente s’est rapprochée du long mur tapissé de livres en français. Au besoin, Anastasia ou Bohem, libraires, sont là pour la conseiller. « Nous travaillons avec notre représentant pour les livres américains, expliquent-elles. Mais pour ce qui est des auteurs français, chacune d’entre nous a une cinquantaine de titres préférés que nous avons à cœur de défendre. Veiller sur elle, par exemple, le dernier Goncourt que j’ai adoré. »

© French Morning/Nicolas Cauchy

La libraire ne propose pas que des livres, mais des jeux aussi, des posters, des sacs aux imprimés amusants et puis de nombreuses animations que Cyril Dewavrin énumère : « Des lectures pour les enfants les samedis, des rencontres avec des auteurs, book clubs, des expositions de photos, de peinture et même… une dégustation de vins prévue en mai prochain. » Il reste un libraire français : contrairement à ses homologues américains qui gèrent souvent leur établissement de loin, « moi, je fais tout, depuis le passage de la serpillière jusqu’à l’organisation des événements. C’est comme ça que je suis le plus heureux ! »

La cliente a trouvé le titre qu’elle cherchait. Elle se rend en caisse, sans savoir, peut-être, qu’elle paye son livre en français à un prix inférieur à celui d’Amazon : La Joie de Vivre profite des conditions de transport subventionnées par la France dont ne bénéficie pas le géant online. Qu’on se le dise : les livres en VF sont moins chers en librairie que online !

© French Morning/Nicolas Cauchy

Notre cliente s’est assise, café en main et commence à lire. C’est une Américaine dont les bureaux se trouvent dans le quartier et qui a découvert la librairie par hasard. James Baldwin en VF, pour « améliorer son français, parce que j’ai lu tous ses livres en anglais, ce qui m’aide pour le vocabulaire et la compréhension générale ». 

Une future habituée de La Joie de Vivre, à n’en pas douter. 

Ibrahim Maalouf aux États-Unis: «Depuis ma rencontre avec Quincy Jones, des rêves se réalisent»

Sweat noir orné d’un casque de musique, sa simplicité tranche avec l’ambiance feutrée de l’hôtel cinq étoiles de Beverly Hills où nous avons rendez-vous. « On va se tutoyer, d’accord ? » propose Ibrahim Maalouf, avant de commander un jus d’orange frais dans un très bon anglais. Début février, l’immense trompettiste était de passage à Los Angeles pour les Grammy Awards, nominé pour la deuxième année consécutive avec Todo Colores, issu de son dernier album, «Capacity to love». S’il n’a pas remporté la statuette, French Morning a eu la chance de rencontrer cet ovni de la scène musicale, en tournée à travers l’Amérique du Nord au printemps 2024.

Sa quête de nouveaux sons qui le mène à l’électro, sa rencontre avec le producteur américain Quincy Jones qui a bouleversé sa carrière, ses mille projets… L’artiste franco-libanais s’est livré avec générosité, évoquant son lien singulier avec l’Amérique, qu’il rêve de faire vibrer. Car, hormis « la niche du monde du jazz», « le public nord-américain ne me connaît pas très bien » estime celui, qui, à 43 ans, n’a cessé de se métamorphoser, voyageant du classique vers le jazz, des musiques du monde à la composition pour le cinéma.

Ibrahim Maalouf sur la scène de l’Ocean Fest, à Nantes, en janvier 2024. © Cléo Renard

Trompette et musique electro

Sa tournée de 11 dates aux États-Unis et au Canada, du 20 avril au 4 mai, est l’occasion de toucher un public différent. Ibrahim Maalouf a hâte d’être sur scène. Car, en plus de ses morceaux incontournables comme « Beyrouth », « True Story » ou « Red and Black Light », il dévoilera son nouveau projet, mêlant musique électronique et trompette. Une alchimie étonnante née de sa rencontre avec le DJ français Mercer, installé à Dubaï.

« Pour la première fois, j’intègre l’électro dans mon travail. Et même si mon ADN est toujours dedans, ça change radicalement de tout ce que j’ai fait avant, prévient-t-il. J’ai toujours aimé associer des cultures qui, en apparence, ne sont pas associables » , rappelle le musicien, en évoquant sa reprise, il y a près de 10 ans, d’un grand classique de la diva égyptienne Oum Kalthoum dans un style de jazz typiquement new-yorkais.

A 43 ans, le trompettiste franco-libanais rêve de faire vibrer l’Amérique. © Mickael Borges

Une tournée outre-Atlantique, deux nominations aux Grammys, une pluie de collaborations avec des artistes de renom, des voyages à LA… Ces dernières années, la carrière d’Ibrahim Maalouf a été propulsée vers de nouveaux sommets, grâce à sa rencontre avec Quincy Jones et son équipe. C’était en 2017, au festival de jazz de Montreux. « Le rencontrer, ça paraissait stratosphérique, c’était comme rencontrer le pape ! », confie-t-il. 

« Quand j’étais petit, j’avais un disque de Ray Charles que j’écoutais tout le temps, sur lequel était écrit au dos ‘produit par Quincy’ raconte-t-il. J’ai toujours senti que cet homme avait joué un rôle fondamental dans toute la culture moderne d’aujourd’hui. Et là, je découvre que c’est quelqu’un de très cool, très simple, avec qui on peut papoter. »

C’est le début d’une intense collaboration avec l’équipe du producteur américain*, par le biais du jeune manager français Thomas Duport. « À partir de là, les rêves ont commencé à arriver » glisse le trompettiste, qui n’avait pas imaginé développer sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique. L’été dernier, il a joué sur la scène du mythique Hollywood Bowl, à LA, pour les 90 ans de « Quincy », aux côtés des plus grands artistes, comme le raconte ce joli petit film.

Hollywood, les paillettes et les tapis rouges ne lui font pas tourner la tête pour autant, assure-t-il : « C’est une expérience que je vis comme on regarde un film ou un spectacle. Je le vis à fond, je sens que je suis un personnage actif de ce film. Après, je rentre à la maison et on retrouve la vie normale.» Sauf que la « vie normale » d’Ibrahim Maalouf n’est pas celle du commun des mortels. 

Lelouch, théâtre, concerts

Les projets se superposent à son agenda : composition de la musique du dernier film de Claude Lelouch, « Finalement »; premiers pas au théâtre, le 27 février à Paris, dans une pièce de Denise Chalem avec Thibault de Montalembert (30 représentations !); enseignement de l’improvisation à des musiciens d’orchestre au sein du Free Spirit Ensemble, qu’il a créé… L’avantage d’avoir son propre label, c’est d’être indépendant.

En 2024, son calendrier annonce des concerts dans toute la France, et bien sûr, aux États-Unis. Deux albums sont aussi en gestation («Trumpets of Michel-Ange » et « TIME X »). Des projets très différents, mais tous les deux « hyper festifs », pour «amener un peu de joie et de légèreté », « parce qu’en ce moment, ça va très mal » déplore Ibrahim Maalouf… Un monde, dont ce vrai gentil veut adoucir la dureté, par le souffle de sa trompette.

*Quincy Jones Production, récemment devenue Early Hour Entertainment

Publié le 16 février 2024. Mis à jour le 28 mars 2024.

Rencontre avec Cécilia Jourdan de Hello French chez She for S.H.E

Le mardi 9 avril prochain, She for S.H.E, en partenariat avec le club social créatif et espace de coworking Spring Place, organise une rencontre avec Cécilia Jourdan, fondatrice de Hello French, la plus grande communauté francophile au monde avec 1,5 million d’abonnés sur Instagram.

Cécilia Jourdan racontera son parcours, son enfance et pourquoi elle a pris la décision de partir à la conquête des États-Unis à ses 18 ans, à Miami puis New York. Mais aussi ce qui l’a incitée à se lancer comme entrepreneure et évangéliste du français, en particulier auprès des Américains, après des études de cinéma et de linguistique.

Grâce à un contenu éducatif, ludique et engagé, Cécilia Jourdan a aussi à cœur d’informer et sensibiliser sur des thèmes qui lui sont chères comme les droits LGBTQ, la tolérance et la santé mentale. Elle expliquera pourquoi et comment elle choisit d’aborder ces questions sur sa plateforme. Enfin, la conversation portera les dangers des réseaux sociaux et comment elle envisage une relation équilibrée à ces médias, pour elle comme pour les jeunes générations.

L’interview, menée par Anne-Laure Mondoulet, se déroulera en anglais. Des boissons et amuse-bouches seront servis.

Viktoria Gorpenchenko : J’ai quitté mon pays en guerre

Cette semaine, French Expat participe à la seconde édition du Podcasthon. Cet événement caritatif a lieu du 25 au 31 mars 2024 et rassemble plusieurs centaines de podcasts francophones avec un objectif : celui de faire découvrir l’engagement et les actions d’associations au travers d’épisodes de podcasts.

Le nom de notre podcast, French Expat, peut entraîner différentes réactions chez nos auditeurs. Certains nous trouvent facilement lorsqu’ils cherchent un podcast sur la vie à l’étranger, tandis d’autres peuvent éprouver une certaine réticence face à l’utilisation du terme « expat », un mot souvent associé aux migrations de populations blanches plutôt aisées. Cependant, il est important de souligner que l’étymologie du mot « expatrié » englobe bien plus que cela. Il trouve ses origines dans le latin du préfixe « ex », qui signifie « hors de », et du mot « patria », qui se traduit par « patrie » ou « pays natal ». Ainsi, littéralement, un expatrié est quelqu’un qui est en dehors de son pays d’origine ou qui a quitté sa patrie pour vivre ailleurs. En réalité, il fait référence à toutes les formes de migrations, qu’elles soient motivées par le travail, l’exil, la recherche d’opportunités ou la fuite de situations de conflit ou de persécution.

Notre volonté dans French Expat est de mettre en lumière tous les parcours d’expatriation, et cette semaine, nous vous invitons à découvrir une histoire d’exil de Viktoria Gorpenchenko, une jeune Ukrainienne réfugiée en France depuis 18 mois. Viktoria est âgée de 19 ans, et en février 2022, elle vit au sein d’une fratrie de trois enfants dans la ville de Kiev avec ses parents. Lorsque la guerre éclate, passée la stupeur, Viktoria est convaincue que le conflit ne durera pas. Pourtant, quelques semaines plus tard, et suite au décès de son grand-père dans la ville occupée d’Irpin, elle apprend qu’elle peut quitter le pays avec son frère, sa sœur et leur mère à condition de partir immédiatement. En trente minutes, la petite famille fait ses valises et prend la route. Le début d’un long chemin vers la paix.

Dans ce nouvel épisode de French Expat, Viktoria raconte cette décision de tout quitter, revient sur le futur incertain vers lequel elle s’engage malgré tout. Elle parle aussi avec émotion de sa nouvelle vie, en France et la façon dont elle et sa famille ont été accueillis par des bénévoles qui s’étaient portés volontaires auprès de l’association France-Ukraine. Victoria fait partie de l’équipe nationale junior d’escrime en Ukraine, et finalement c’est en partie grâce à ce sport qu’aujourd’hui elle nous parle depuis Bordeaux.

Son récit nous rappelle que derrière chaque « expat », il y a une histoire unique et souvent complexe, qui mérite d’être entendue et comprise. À travers le prisme de l’expérience de Viktoria, nous espérons offrir à nos auditeurs une perspective enrichissante sur les enjeux de la migration et de l’expatriation.

Cette interview est conduite en français, une langue que Viktoria ne connaissait pas il y a encore un an.

Pour soutenir les actions de l’association France-Ukraine en offrant de votre temps, des ressources ou en faisant un don, rendez-vous sur leur site Internet.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Corentin Poirier, le premier chef pâtissier à la Villa Albertine

Invité pour une résidence de dix semaines à San Francisco, le chef français Corentin Poirier est le premier pâtissier à avoir été invité à la Villa Albertine, généralement habituée à l’accueil des artistes classiques. Prônant la « culture du terroir » dans ses créations, le chef formé à l’école Ferrandi, et passé entre les mains de Laurent Duchêne, Cédric Grolet, Guillaume Gil et Dominique Ansel à New York, a mis entre parenthèse sa vie française pour s’immerger dans la culture culinaire franciscaine.

« La Californie, et en particulier San Francisco, semblait le meilleur endroit pour être au plus proche d’une agriculture vertueuse, raconte Corentin Poirier. Une destination aussi propice à la découverte de la gastronomie américaine. C’est ici que le mouvement Farm to Table est né. Un esprit en accord avec le style de pâtisserie que je défends, engagée, sortant des standards habituels, et ancrée sur les cultures et les ingrédients locaux. ».

Les cookies du chef pâtissier Corentin Poirier. © Aya Brackett

Pour sa première expérience, Corentin Poirier est ainsi parti à la rencontre des producteurs et agriculteurs de la région, organisé le menu d’un dîner caritatif, visité la ferme bio Full Belly Farm et fait la rencontre d’Alice Waters, la fondatrice du célèbre restaurant Chez Panisse à Berkeley, connue pour ses engagements en faveur de la cuisine biologique et locale « de la ferme à l’assiette ».

La Madeleine Albertine carrot cake

« Une rencontre inoubliable, poursuit Corentin Poirier. Sa vision avant-gardiste orientée vers l’éducation et le futur de l’alimentation est à la source de ma vocation. S’en est suivi un événement au Musée de la Légion d’Honneur où j’ai présenté ma recette de « Madeleine Albertine » façon carrot cake, en hommage à la culture culinaire américaine et préparée à partir de produits locaux trouvés sur les meilleurs marchés fermiers de la ville ».

Les madeleines Albertine du chef pâtissier Corentin Poirier. © Aya Brackett

À l’occasion de sa résidence, le jeune chef a également collaboré pour l’événement La Nuit des Idées en composant un goûter à base de cookies pour les enfants, et rencontré la star du pain au levain, Azikiwee Anderson, fondateur de Rise up Bakery. « La culture du pain au levain m’a mis une vraie claque ! poursuit-il. Une culture aux origines influencées par les traditions françaises et italiennes et par toutes les cultures liées à l’immigration. La scène gastronomique de San Francisco est totalement inclusive. La ville compte plus de 100 nationalités et cela créé des fusions inattendues à l’image du pain à l’ube créé par Azikiwee, un légume racine originaire des Philippines à la couleur violette. »

Gozo, un cookie shop à Bayonne

Sponsorisée par la Fondation Roederer, la résidence de Corentin Poirier s’est achevée le 15 mars. Outre les rencontres et expériences engrangées, le garçon devrait collaborer dans les prochains mois à un premier ouvrage de recettes avec la cheffe franciscaine Tania Holland. « Cette expérience a conforté ma démarche inspirée par les terroirs, indique-t-il. Travailler en circuit-court, même en pâtisserie, et favoriser une économie locale et communautaire est possible. Dans quelques semaines, ma compagne sommelière de formation et moi-même serons de retour à Bayonne, où nous ouvrirons notre premier cookie shop baptisé Gozo, qui veut dire « gourmand » en basque, un produit qui s’adapte bien à ma philosophie. »

Suite à la résidence de Corentin Poirier, c’est le jardinier, pépiniériste et paysagiste Eric Lenoir qui a pris le relais. L’histoire d’un jardinier punk, prônant un mode de jardinage émancipé des contraintes budgétaires et adapté aux potentiels écologiques des lieux où il opère.

Mathias Boirie, le chef pâtissier qui impose son style au Waldorf Astoria de LA

Beverly Hills, journée printanière de mars. Des senteurs florales nous transportent dans un univers voluptueux, sous le lustre art déco de l’immense lobby du Waldorf Astoria. Tatouages au poignet sous la blouse blanche de chef et sourire franc, Mathias Boirie, 35 ans, arpente d’un pas vif les galeries de marbre du palace. Nommé chef pâtissier du Waldorf Astoria il y a tout juste un an, le Français qui a grandi sur la Côte d’Azur s’y sent comme à la maison. Avec son allure un brin hipster, il a conscience de faire briller un savoir-faire très recherché dans l’un des plus beaux hôtels de LA.

Tarte fine aux pommes, baba au rhum exotique, tiramisu… Tous les jours, sa brigade confectionne l’ensemble des desserts proposés par l’hôtel à sa clientèle fortunée, que ce soit en chambre, au tea time (qu’il a imaginé de A à Z), au restaurant L’Espelette (créé par le chef français Steeve Benjamin) ou à la carte du Rooftop by JG, au douzième et dernier étage du majestueux building. Avec sa vue spectaculaire à 360 degrés sur Beverly Hills et Hollywood, ce bar-restaurant du célèbre chef français Jean-Georges Vongerichten totalise jusqu’à 600 couverts le week-end.

Vue spectaculaire à 360º sur Beverly Hills et Hollywood au bar-restaurant Rooftop by JG de Jean-Georges Vongerichten. © Agnès Chareton

« Je vous fais visiter », propose Mathias Boirie, non sans fierté. Travailler dans cet hôtel 5 étoiles du groupe Hilton, il en rêvait depuis son arrivée à LA, en 2017. À l’époque, le Waldorf Astoria venait d’ouvrir, et le jeune chef avait tenté sa chance, sans succès. « J’avais dit à ma femme : “Un jour, j’y travaillerai !» se souvient-t-il, amusé. Un objectif qu’il a concrétisé 6 ans plus tard, après un passage par New-York et Miami. De la France aux États-Unis, des tables étoilées aux grandes chaînes de pâtisserie, il a gravi quatre à quatre les échelons d’une carrière de 20 ans déjà bien remplie.

De la formation à l’amour du métier

À 14 ans, c’est pourtant un peu par défaut qu’il découvre la pâtisserie. « Comme je n’étais pas très discipliné à l’école, j’ai passé l’été à travailler dans le restaurant étoilé de mon oncle, le chef Eric Manent, à Porto Vecchio, en Corse, confie-t-il. Il voulait que je sois cuisinier, et moi j’étais tous les jours en pâtisserie. Tout est parti de là. » À 15 ans, il fait son apprentissage dans le sud de la France et « apprend à aimer » un métier qui, dit-il, n’est « pas très prisé ».

Le chef pâtissier Mathias Boirie dans l’une des suites du Waldorf Astoria. © Agnès Chareton

À la sortie, il acquiert « technique et précision » auprès des chefs étoilés Mathias Dandine au Lavandou, et Laurent Tarridec à Saint-Tropez, avant d’apprendre à « faire du volume » chez La Tarte Tropézienne. Après une année « géniale » à Londres, où il perfectionne son anglais en cuisine, retour dans le sud de la France, à Saint-Raphaël, où il aide son ami Brahim Mechemache à ouvrir sa boutique.

C’est sa femme qui le pousse à tenter l’aventure aux États-Unis, aujourd’hui son « pays d’adoption. » Après quelques mois à LA, cap sur New York, où le Français fait ses armes chez le chef Eric Bedoucha (Financier Pâtisserie). Juste avant la pandémie, il est embauché chez Norman Love Confections, en Floride. Une énorme pâtisserie d’où sortent 80.000 bonbons en chocolat par jour et où le jeune chef dirige 37 personnes (contre 7 aujourd’hui.)

Dans les cuisines du Waldorf Astoria, ce mercredi 20 mars 2024, on prépare des panacotta aux fruits rouges pour une réception prévue le soir-même. Crédit : Agnès Chareton
Dans les cuisines du Waldorf Astoria, ce mercredi 20 mars 2024, on prépare des panacotta aux fruits rouges pour une réception prévue le soir-même. Mathias Boirie pose avec la sous-chef Johanna Natividad. © Agnès Chareton

Au Pays de l’Oncle Sam, sa technique à la française lui donne une longueur d’avance. « Les chefs pâtissiers français sont très recherchés ici pour leur savoir-faire et leur côté très créatif, leur capacité à créer très vite de nouvelles recettes. La France reste numéro 1 mondiale en la matière, même si les Japonais font des trucs incroyables » assure-t-il. Des gestes qu’il a dû apprendre à transmettre à ses équipes américaines, en s’adaptant à une culture différente.

Le club de chefs pâtissiers aux États-Unis

Ce jour-là, dans les cuisines du Waldorf Astoria, on prépare des mini-verrines de panacotta aux fruits rouges et de mousse au chocolat. « La clef pour y arriver, c’est de soigner la manière de manager les gens, insiste Mathias Boirie. Ce ne sont pas les mêmes mots ni les mêmes méthodes qu’en France. Ici, il faut prendre les salariés par la main et les emmener, avec diplomatie, en détaillant chaque recette. » Ces dernières doivent plaire à une clientèle internationale, en privilégiant la simplicité des goûts.

Pour s’entraider au sein de ce métier exigeant, Mathias Boirie a lancé cette année un club de chefs pâtissiers aux États-Unis, « Pastry Chef Table. » Il regroupe déjà une dizaine d’entre eux, à LA et ailleurs à travers le pays. Lors de leur deuxième rencontre, au Ritz-Carlton de LA, chaque chef a apporté une création sur le thème du citron. Seule condition pour y participer : être au moins sous-chef d’un gros établissement… et accepter de partager ses recettes.

Stages aux États-Unis: Du nouveau pour les visas J-1 avec la FACC-NY

C’est une bonne nouvelle pour tous ceux qui cherchent des stages dans la restauration et l’hôtellerie aux États-Unis : la Chambre de commerce franco-américaine de New York (FACC-NY) vient d’obtenir l’accréditation du département d’État américain pour « sponsoriser » des visas J-1 dans ce secteur. Elle était agréée – la seule de toutes les chambres franco-américaines des États-Unis) pour pratiquement tous les secteurs d’activité mais pas pour Hospitality & Tourism. Elle n’en avait pas fait la demande jusqu’à présent. Or près de la moitié des visas J-1 délivrés l’an dernier par les autorités américaines, tous pays confondus, étaient destinés à des stages en hôtellerie et restauration. « Il était donc important d’obtenir cette accréditation, cela représente un grand potentiel de croissance pour la Chambre », explique Polina Bogdanovitch, la directrice générale de la FACC-NY.

Depuis 53 ans, la FACC-NY consacre une grande partie de ses activités aux stagiaires français. Elle leur permet d’obtenir deux types de visa J-1 : le visa Intern, destiné aux étudiants désireux de faire une année de césure ou un stage d’été, et aux personnes récemment diplômées avec moins d’un an d’expérience professionnelle; et le visa Trainee destiné, lui, aux jeunes diplômés possédant un minimum d’un an d’expérience professionnelle, juniors dans leur carrière.

Polina Bogdanovitch, Directrice générale de la Chambre de commerce franco-américaine de New York. © FACC-NY

Le J-1 est considéré comme un programme d’échange culturel par le gouvernement américain – pas un permis de travail – , qui impose ses conditions : il faut qu’un sponsor comme la FACC-NY (il existe des entreprises privées sponsors, en France et aux États-Unis) entre l’entreprise qui va accueillir le stagiaire (host company) et le stagiaire (exchange visitor). « Ce n’est pas la Chambre qui délivre le visa J-1, seules les autorités américaines peuvent le faire, précise Polina Bogdanovitch. La Chambre délivre un document, le DS 2019 (rien à voir avec l’année) après plusieurs semaines de travail pour nous assurer que l’entreprise peut accueillir le stagiaire, que le candidat est éligible et une fois que nous avons reçu toutes les pièces du dossier. » Le DS 2019, le sésame qui permet de prendre rendez-vous à l’ambassade américaine du lieu de résidence pour obtenir le visa.

Les PME en demande de stagiaires

Six employés, soit la moitié du personnel de la FACC-NY, s’occupent des dossiers de stage. Les autorités américaines accordent des quotas – un peu moins de 1400 visas J-1  à la Chambre – avec l’obligation, pour le stagiaire, de passer au moins 50% du temps, soit 3 jours par semaine, au bureau, en personne. « Pour les sociétés que nous ne connaissons pas encore et qui font appel à nous, nous visitons leurs locaux afin de nous assurer qu’elles peuvent bien accueillir le stagiaire. En dehors de la région new-yorkaise, ce sont les autres chambres de commerce franco-américaines, les “chapitres”, qui prennent le relais ». 

Le visa J-1 est délivré par le gouvernement américain. © Shutterstock/magico110

Aujourd’hui, si la demande de stagiaires de la part des grandes entreprises implantées aux États-Unis est à peu près la même que celle d’avant-pandémie, celle des petites et moyennes entreprises a fortement augmenté. La nouvelle accréditation est particulièrement bienvenue pour un petit groupe comme Angelina Paris. Le directeur des Opérations de l’enseigne de salons de thé/chocolat chaud, Anthony Battaglia, se félicite de pouvoir désormais passer par la FACC-NY. Avec cinq stagiaires dans ses deux boutiques à New York et des projets d’ouvertures en vue, il y voit un moyen « plus simple » (Angelina Paris est membre de la Chambre) et surtout « moins cher, de l’ordre de 1000 dollars de moins par rapport aux autres sponsors » pour faire venir les stagiaires. « Beaucoup moins cher avec les mêmes avantages », souligne cet ancien stagiaire de Daniel Boulud et de Maison Kayser, lui-même passé par les deux types de visa J-1 au début de sa carrière.

Un accompagnement «du début à la fin» du stage

Les frais demandés par la FACC-NY sont de 1250 dollars pour le J-1 Intern, 1500 dollars pour le J-1 Trainee et 2000 dollars pour les VIE, le programme de stages de Business France (qui n’est pas un sponsor de visas). « Nous offrons un véritablement accompagnement des stagiaires », souligne la dirigeante de la FACC-NY. La Chambre s’assure notamment que le montant de la rémunération (elle n’accepte pas les offres de stage non « dédommagé ») corresponde, à minima, au salaire minimum local (15$/heure à New York par exemple) et prévoit de nombreux évènements networking.

Un encadrement dont Émelyne de Saboulin Bollena dit avoir beaucoup bénéficié. Actuellement en stage chez Hermès, la jeune femme de 27 ans est passée par la FACC-NY pour son premier stage Trainee de 18 mois au sein de la banque CIC. « J’ai toujours eu un bon contact avec la personne qui s’occupait de mon dossier – toujours la même du début à la fin, précise-t-elle. Dès que je posais une question, j’avais toujours une réponse super rapide et j’ai été bien préparée pour l’entretien à l’ambassade. Leurs évènements m’ont permis de rencontrer des personnes qui, aujourd’hui, sont des amis. Je suis allée voir par exemple un match de football américain de l’équipe de Columbia University, intéressant du point de vue culturel. Je ne l’aurais sûrement pas fait sans la FACC ». 

La Chambre permet aux stagiaires de rencontrer de nombreux professionnels mais ne met pas en contact aujourd’hui les entreprises qui offrent des stages et les Français intéressés par le programme J-1 aux États-Unis. « Depuis la fin de la pandémie, nous développons notre offre sur notre plateforme CareerConnect. Nous allons également avoir un nouveau site où il y aura un job board spécifique pour le J-1, et un autre pour les entreprises à New York qui recherchent des locaux dans la communauté, conclut Polina Bogdanovitch. Sans faire le matching directement, nous avons vocation à devenir une ressource pour les entreprises qui recherchent des stagiaires venant de France. »