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Un film sur Truffaut et Godard à San Francisco

Pour une fois, Jean-Luc Godard et François Truffaut sont de l’autre côté de la caméra. Dans le documentaire Deux de la Vague, projeté à San Francisco le 21 janvier, les deux réalisateurs français racontent leur amitié, puis leurs déchirements.
Les deux compères se rencontrent en 1950. Ils ont la vingtaine, deviennent amis, collègues aussi, écrivant tous les deux dans Les Cahiers du Cinéma. Les inséparables passent une dizaine d’années ensemble à refaire le monde. Et puis, en 1968, c’est la rupture. Les motifs sont politiques, Godard s’engageant aux côtés des soixante-huitards tandis que Truffaut reste éloigné de ces événements.
Le réalisateur Antoine de Baecque a rassemblé une multitude de documents d’archive, photos monochromes et articles de journaux pour illustrer son documentaire. A travers ce film, on découvre le cinéma de la Nouvelle Vague sous un nouveau jour.
Le film sera projeté à 19h à l’Alliance Française de San Francisco.

Charlie Hebdo : ce qu'en dit la presse américaine

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Alors que la France observait une journée de deuil, jeudi, la presse américaine continuait de s’interroger sur l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo.

D’abord, le Wall Street Journal rappelle que c’est “l’une des attaques les plus meurtrières dans la capitale française depuis 1995, quand une bombe  a explosé dans la station de métro Saint-Michel“. CNN mesure aussi la singularité de cet attentat. “Bien que l’Europe ne soit pas étrangère au terrorisme islamiste à l’heure d’Al Qaïda et maintenant l’EI”, rapporte la chaîne, il n’y avait pas eu d’attaque réussie “de loup solitaire” depuis longtemps. 

Les médias américains déplorent unanimement l’attaque contre Charlie Hebdo, reconnu par beaucoup comme un symbole de la liberté de la presse. Le New York Times écrit que le journal représente une “part formidable de la tradition en France, qui déploie satyre et insolence sur les politiciens et la police, les banquiers et les religions de toute sorte“. La radio NPR admire le dévouement du journal, qui, “en dépit d’une attaque à la bombe en 2011 dans les locaux de Charlie Hebdo, de menaces continues et d’une sécurité permanente autour du bâtiment, (…) l’équipe de l’hebdomadaire n’a jamais ralenti la cadence“.

Le Daily Beast rappelle aussi que le journal “se moquait équitablement de tous“, des extrémistes au pluriel, quels qu’ils soient.

Du côté du New Yorker, on regrette déjà ces hommes qui “croyaient et vivaient de leurs valeurs d’une manière que peu d’entre nous ont déjà envisagé“. “Pour être courageux, écrit la journaliste, aucun d’entre eux n’avait besoin de saccharine” (un édulcorant artificiel). Pour le New Yorker, Charlie Hebdo se moque de “nos croyances en des choses folles“.

A contre-courant, Vox, tout en exprimant sa peine envers les victimes, souligne aussi que les dessins de Charlie Hebdo allaient parfois au-delà des limites. “Vous ne devez pas publier de dessins racistes. Ce n’est pas la liberté d’expression, c’est une question de politesse et de décence“.

La faute à qui?

D’autres médias tentent de remonter aux “sources” du problème. Le New York Times parle ainsi de militants ayant “intensifié les attaques contre les citoyens français“. Le journal explique ce changement par “la décision du gouvernement français de soutenir les Etats-Unis dans leur campagne aérienne contre les militants de l’Etat islamique, en Syrie et en Irak”. 

Le quotidien croit trouver les racines de l’acte dans le précédent quinquennat. L’auteur fait part d’une “série d’initiatives gouvernementales que les musulmans avaient dénoncées comme discriminatoires” par l’ancien président Nicolas Sarkozy, “à commencer par l’interdiction du voile intégral“.

Pour le New Yorker, “La France (…) a profondément échoué dans sa tentative de donner du sens à sa propre diversité“. Pour le magazine, il faudra, dans les prochains jours, “discuter de la nature de cet échec, et voir à quoi ressemblerait son contraire“. Le New Yorker se méfie aussi de Marine Le Pen, qui, selon lui, “va inévitablement offrir un ensemble de réponses, affublées de leur caractéristique habit de velours posé sur d’horribles injonctions qui empirent souvent les choses“.

Le Daily Beast appelle à ne pas céder à la “panique” qu’engendre “ce jeu d’intimidation” . “Les terroristes, par définition, essayent d’affecter le comportement des gens à travers la peur. C’est leur stratégie, la violence est juste une tactique“. Selon le site, la bonne attitude est de “ne pas céder à ces gens qui essayent de vous intimider“, et d’au contraire, “rappeler votre droit à vivre en liberté, sans peur“. C’est que les Français ont fait.

“L’après”
Le blog Media Decoder du New York Times note l’existence d’un “ élan d’unanimité inattendu” de la part de politiciens de toutes tendances. Si ils “se battaient la semaine dernière“, les voilà unis pour promettre “de défendre la liberté d’expression d’une publication avec laquelle les relations étaient généralement tendues“.
Le Daily Beast estime que l’événement doit être un “moment qui rassemble” : “le choc apporte la clarté“, lit-on dans l’article. Le journaliste se dit touché et appelle au soutien de tous. “Une attaque sur des journalistes, où que ce soit, est une attaque sur l’ensemble de la société civile“.

En Californie, le foie gras revient dans les assiettes

Le foie gras fait son grand retour en Californie. Interdit à la vente en 2004 par une loi entrée en vigueur en 2012, il vient d’être à nouveau autorisé par un juge fédéral américain.

Mercredi 7 janvier, Stephen V. Wilson a levé l’interdiction, estimant que celle-ci était inconstitutionnelle car elle interférait avec la législation commerciale fédérale sur les volailles, le Poultry Products Inspection Act (PPIA). « Il est incontesté que le PPIA (…) n’impose aucune obligation concernant le fait que le foie gras doit être fabriqué à partir de foies d’animaux qui n’ont pas été gavés », souligne la décision de justice.

Les producteurs de foie gras et restaurateurs qui avaient déposé le recours ont accueilli la nouvelle par une explosion de joie. D’autant qu’il ne s’agit pas là de leur premier appel, comme l’explique le producteur new-yorkais Marcus Henley, directeur des opérations chez Hudson Valley Foie Gras, qui se bat aux côtés du groupe Hot’s Restaurant à Los Angeles et de l’Association des Éleveurs de Canards et d’Oies du Québec depuis 2012.

« En octobre 2014, nous avions déjà cherché à annuler l’interdiction en basant notre argumentation sur le fait qu’elle était contraire à la liberté de commerce inter-étatique », à savoir entre la Californie, et l’état de New York où le foie gras d’Hudson Valley est fabriqué. L’appel avait toutefois été rejeté. « Cette fois-ci, c’est la législation fédérale existante qui est venue à notre secours », explique Marcus Henley.

Ruée sur le foie gras

Juste après l’annonce de la décision de justice, « nous avons reçu des commandes de la part de restaurateurs impatients », raconte-t-il. Dans la Nappa Valley, le chef Ken Frank de La Toque a annoncé le retour du foie gras sur son menu … dès mercredi soir. A Los Angeles, Ludo Lefebvre de Trois Mec et Petit Trois et Josiah Citrin de Melisse comptent lui emboîter le pas très vite.

« C’est une très bonne nouvelle, mais plus sur le principe que pour le canard ! Personne ne peut nous interdire ce que nous avons le droit de manger. Pour moi, cette décision ne change pas grand-chose puisque je proposais déjà du foie gras à mes clients », a expliqué à French Morning le chef Laurent Quenioux, de Bistro LQ. « Pour ne pas être en infraction avec la loi, nous ne vendions pas le foie gras mais l’offrions aux clients, en recommandant une donation ! Sur le menu, il figurait sous les initiales FG. » Entre novembre et décembre 2014, pour les fêtes « on nous a commandé au total plus de 100 kg de foie gras », dit-il. « La seule différence aujourd’hui, c’est que nous pouvons en quelque sorte, sortir de l’obscurité. »

Il est encore possible que la Californie fasse appel de cette nouvelle décision du juge Wilson. C’est ce sur quoi compte l’association de défense de la cause animale PETA, qui a critiqué « les cuisiniers qui ont besoin d’une loi pour arrêter de servir un organe proche d’exploser d’un oiseau cruellement gavé de force ». Bon appétit !

Charlie Hebdo: Jon Stewart ne rit pas

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Jon Stewart n’avait pas le cœur à rire, mercredi soir. Quelques heures après l’attaque contre Charlie Hebdo, l’animateur a ouvert son show du jour avec un monologue émouvant pour rendre hommage aux victimes et rappeler que “la comédie ne devrait pas être un acte de courage” .
Voir la vidéo:
http://youtu.be/_0GjEzMb4zY

9,5 millions de dollars pour le duplex de Yannick Noah à New York

9,5 millions de dollars. C’est la coquette somme demandée par l’ex-tennisman Yannick Noah pour son appartement new-yorkais au 230 Central Park South, la rue qui borde le sud de Central Park.
Selon le site d’immobilier Curbed, le sportif reconverti en chanteur a acquis l’appartement en 1995 avec sa deuxième femme, Heather Stewart-Whyte. La propriété compte trois chambres (depuis l’ajout du studio adjacent racheté pour 500.000 dollars en 2007). Selon le listing de l’agence Halstead, elle offre, au niveau supérieur, une “vue panoramique sur Central Park depuis presque toutes les chambres” et dispose d’un sauna et d’un bain-jacuzzi. La cuisine est équipée de deux banquettes (voir photo ci-dessus).
Selon The Real Deal, un penthouse dans ce même immeuble, le Southmoor House, est parti pour 11,9 millions de dollars l’été dernier.
 

A New York, un millier de "Charlie"

(Mis à jour avec le registre de condoléances)  Ils étaient un bon millier, massés comme pour se tenir chaud dans le froid glacial, sur Union Square, pour rendre hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo.
Sous les yeux de la majestueuse Statue de George Washington, la foule essentiellement française a allumé des bougies, brandi des stylos et des pancartes “Je suis Charlie” . Des photos géantes aussi, celles des visages des quatre caricaturistes qui ont perdu la vie dans l’attaque – Charb, Wolinski, Tignous et Cabu – préparées par l’équipe de l’artiste JR sur place.
Puis, petit à petit, elle a donné de la voix, alternant “Je suis Charlie” et “I am Charlie“, quelques timides d’abord puis plus assurées Marseillaises et un “Même pas peur” lancé aux terroristes.
Sur les marches, Maria, emmitouflée, a laissé échapper quelques larmes: “Ca a été un gros choc. Je suis là pour Cabu. Recré A2, Droit de réponse, c’était mon enfance , souligne cette Française. J’ai grandi avec lui. Il nous a fait grandir” .
Céline, autre Française de New York, n’a pu contenir ses larmes non plus. “J’ai grandi dans le 11e arrondissement, à quelques centaines de mètres de là où tout cela s’est passé. Je connaissais bien Charlie Hebdo. Dans mon milieu étudiant, à Paris-5, on était très porté sur ce genre d’humour. Ce qui s’est passé, c’est une atteinte à la démocratie. A Paris, j’aurais fait la même chose. On a attaqué nos valeurs, notre liberté. C’est un symbole très fort. En étant là ce soir, on montre qu’ils ne vont pas gagner. 
De mémoire de New-Yorkais, jamais Union Square, forum des joies et des peines de New York depuis un siècle et demi, n’avait vu autant de Français, une communauté qui n’a pas l’habitude des mobilisations collectives. Le rassemblement de mercredi était spontané. Il a vu le jour sur Facebook dans la matinée, avant d’être relayé sur les réseaux sociaux et French Morning, à l’image d’autres rassemblements qui se tenaient ce soir-là à travers les Etats-Unis.
Alors que la Marseillaise montait dans la nuit d’Union Square, l’Ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre, remerciait ceux qu’ils croisaient d’être venus malgré le froid –  il faisait -13 Celsius. “Les téléphones à la mission ont explosé. Le nombre de messages laissés sous toutes les formes est sans fin, a-t-il indiqué. Ce qu’il attend de la communauté internationale? “Une mobilisation complète, comme ce soir. Déterminée” .
Le Consul de France à New York, Bertrand Lortholary, l’a rejoint. « Dans le monde entier, les Français se réunissent, comme ici à New York. C’est important qu’ils le fassent. Ce type de rassemblements est rare. Cela ne leur donne que plus de force. »
A quelques pas de là, un autre visage connu: CharlElie Couture, à peine reconnaissable derrière ses lunettes de soleil, blotti dans son imperméable rouge. Lui est venu rendre hommage aux “libres-penseurs” de Charlie Hebdo. “Ca les aurait bien fait rigoler qu’on leur dise qu’ils mouraient en martyrs de l’humour, observe-t-il en parlant des douze morts. Ils ne l’auraient pas cru, en tout cas pas la veille de ce jour ” .
La mobilisation clôt une journée de stupeur pour les Français de New York, qui ont appris la tragédie tôt le matin. Barack Obama et John Kerry ont rendu hommage aux victimes de l’attentat et ont assuré que les Etats-Unis se tenaient aux côtés de la France. En déplacement dans le Queens, le maire de New York Bill de Blasio a respecté une minute de silence tandis que la sécurité était renforcée aux abords du Consulat de France.
Ilda, mère de famille française qui vit à New York depuis deux ans, a décidé d’assister au rassemblement avec son fils et sa fille, de 4 et 8 ans. “Je suis venue pour exprimer mon soutien à la liberté d’expression, et je voulais que mes enfants soient là aussi. Pour la grande, c’est bien qu’elle sorte de son cocon, qu’elle soit là, dans le froid. Je voulais lui montrer à quel point c’est important de défendre la liberté aujourd’hui. 
Caroline Mezière, qui travaille dans une banque à New York, n’était pas une lectrice de Charlie Hebdo. Mais depuis mercredi matin, elle reçoit de nombreux témoignages de sympathie. “De tous mes collègues, dit-elle. Même si on est en dehors de France, on se sent tous français. La liberté d’expression est une valeur française ” .
Ce que voulais montrer en étant là ce soir, lance Stéphane Pain, c’est de dire: ‘on vous emmerde, on n’a pas peur’ . On sera là quoi qu’il arrive” .
Même si on vit loin, Paris reste ma ville, et la France mon pays. Et je voulais montrer ma solidarité avec tous les gens qui manifestent en France et qui veulent dire non aux extrémismes de tout bord” , ajoute sa voisine Aurélie Jézéquel. Un autre rassemblement est prévu le 10 janvier, 14h, à Washington Square Park.
Le Consulat a aussi ouvert un registre de condoléances, accessible au Consulat (934 Fifth Avenue) de 14 heures à 19 heures ce jeudi 8 janvier et les jours suivants de 10 heures à 19 heures, jusqu’au 14 janvier inclus.Un registre de condoléances numérique a été mis en place par l’ambassade de France aux Etats Unis.
Avec Jessica Gourdon
Photos: Perrine Signoret

"Les Merveilleux de Fred": un ch'ti vient régaler New York

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A quelques jours de l’ouverture, Frédéric Vaucamps ne comprenait toujours pas comment marchait son nouveau four américain. Il faut dire que ce ch’ti d’origine importe sa boutique “Les Merveilleux de Fred” pour la toute première fois aux Etats-Unis. Les portes ouvriront officiellement le vendredi 9 janvier.
C’est au coeur du West Village que les Merveilleux cuiront bien sagement en attendant d’être dévorés. Frédéric Vaucamps a choisi ce quartier dès le premier jour où il s’y est promené. “Je logeais dans un hôtel à côté, dit-il, et j’ai adoré ce coin“.
Avant d’arriver dans la Grosse Pomme, Frédéric Vaucamps a du gravir les échelons un à un. Il commence à faire des gâteaux dans la cuisine familiale, à 8 ans. “C’était une vocation“, transmise par son frère, lui aussi pâtissier. Celui qui se décrit lui-même comme “un passionné” commence à 14 ans un apprentissage en pâtisserie, à Lille.
A seulement 19 ans, il se met à son compte : “trop jeune, je faisais plein de bêtises, mais bon, elles m’ont permis d’être  au point aujourd’hui“. Ne se laissant pas abattre pour autant, il crée une nouvelle boutique trois ans plus tard. “Le Merveilleux commence à y prendre une place importante, explique Frédéric Vaucamps. Cent Merveilleux, pour dix autres gâteaux“.
Cette petite douceur meringuée, aujourd’hui déclinée par le pâtissier en une multitude de couleurs et de parfums, vient elle aussi du “Nord”. Ce qui prend tout son sens quand on sait que, parole de spécialiste, “c’est un gâteau qui fond très vite quand il fait chaud, et ça ne donne pas franchement envie d’en manger“.
Petit à petit, tous les autres gâteaux disparaissent des vitrines de Frédéric Vaucamps. Jusqu’en 1996, où ce dernier ouvre sa toute première boutique intitulée “Les Merveilleux de Fred“, entièrement dédiée à ce petit plaisir sucré. Beaucoup d’autres suivront, avec toujours la même décoration, la même devanture, la même fresque, et même, confie le pâtissier ,”le même lustre“. Après une deuxième boutique à Lille, il en ouvre six à Paris, deux en Belgique et deux au Royaume-Uni.
Et le voilà désormais parti à la conquête des Etats-Unis (puis prochainement, de Dubaï et Genève). Dans chaque grande ville, il nomme un associé. “Je leur apprends tout ce que je sais, et eux forment leur équipe. Je viens pour chaque ouverture aussi“. A New York, c’est un franco-belge qui sera chargé de faire tourner la boutique. Ce dernier “adorait le produit“, et, voyant son succès en France, il a lui-même demandé à Frédéric Vaucamps de venir s’expatrier dans la Grosse Pomme.
Frédéric Vaucamps, lui, rentrera bientôt dans son enseigne du Vieux Lille, “la seule sans associé“. Son planning bien chargé, sa femme enceinte et ses bientôt quatre enfants l’y attendent bien sagement.

Charlie Hebdo: Les Français de Miami "font bloc" à South Beach

Deux cents personnes se sont réunies à Miami ce mercredi 7 janvier pour rendre hommage aux victimes de la tuerie de Charlie Hebdo.
Le rassemblement, organisé spontanément sur Facebook dans l’après-midi par deux Français, a été rapidement partagé sur les réseaux sociaux au sein de la communauté française. Les participants se sont retrouvés à South Beach à 19h30, et ont marché silencieusement sur la rue piétonne de Lincoln Road.
Un parcours qui n’avait pas été choisi au hasard et qui a permis à de nombreux touristes et passants de se joindre au cortège pour témoigner leur solidarité.
Le choc et l’émotion étaient palpables. Naïma, organisatrice de la manifestation avec son ami Antoine, a pris la parole pour souligner « l’importance de faire bloc à l’étranger, même loin de la France ». Quand on lui demande pourquoi elle a pris l’initiative, elle décrit « le besoin d’un exutoire et de partager l’émotion avec d’autres Français ».
Elle souligne par ailleurs le soutien de la police de Miami, contactée dans l’après-midi et qui ne s’est pas opposée au rassemblement, pourtant organisé dans le quartier le plus animé de la ville.
Les participants ont défilé munis de panneaux « Je suis Charlie » et « Freedom of speech », à l’effigie des quatre dessinateurs disparus notamment.
Guillaume, 35 ans et installé à Miami depuis trois ans, partage son émotion : « J’ai ressenti le besoin urgent de partager ce choc avec d’autres Français, de voir que nous sommes tous solidaires face à l’horreur et sans doute aussi de me rassurer sur la nature humaine ».
Laura, une jeune Française arrivée il y a quelques mois seulement en Floride, ajoute : « Mon père est journaliste et je me suis sentie presque personnellement touchée par ce drame. Le fait de voir d’autres journalistes attaqués me fait réaliser la menace qui pèse aujourd’hui sur la presse ».
De nombreuses personnes de confession musulmane avaient aussi fait le déplacement et ont tenu à exprimer leur solidarité. A l’image d’Amalia, marocaine : « Evidemment on dira qu’il ne faut pas faire l’amalgame et que nous n’avons pas besoin de nous excuser, mais cet événement est terrible pour l’image de l’Islam, une religion de paix. On ne devrait jamais commettre un crime pareil en son nom ».
Le Consulat Général de France à Miami organise un hommage aux victimes ce jeudi 8 janvier à 17h à Bayfront Park (200 Biscayne Boulevard), à la demande du conseiller consulaire Xavier Capdevielle.

A Los Angeles, 200 "Charlie" se serrent les coudes

De la colère, des larmes, mais aussi des embrassades de réconfort. Hier soir à Los Angeles, près de 200 personnes se sont réunies au Figaro Café, dans le quartier de Los Feliz, pour rendre hommage aux victimes de l’attentat sanglant survenu mercredi au siège du journal satirique « Charlie Hebdo », à Paris.

L’initiative de ce rassemblement avait été lancée plus tôt dans la journée par le journaliste Guillaume Serina, correspondant du Point à Los Angeles et directeur de l’agence France USA Media, avec sa consœur de l’AFP, Véronique Dupont. « J’étais complètement effondré en apprenant la nouvelle ce matin. Je ne pouvais pas rester seul ce soir et j’ai donc décidé de lancer un appel à mes collègues journalistes mais aussi à tous les Français et francophiles de Los Angeles» explique le journaliste, habillé de noir. « On ne s’attendait pas à un tel rassemblement ! Près de 200 personnes ! Ca réchauffe un peu le cœur. »

Parmi la foule qui s’est massée dès 18h devant le café, sous le regard intrigué des automobilistes de l’Avenue Vermont, une grande majorité de Français encore sous le choc. Y compris quelques figures de la communauté française: le directeur du festival de cinéma français COLCOA François Truffart, Gérard Michon, élu de l’Assemblée des Français de l’Etranger ou encore la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, de passage à L.A. Mais aussi des Américains solidaires, des familles binationales, des enseignants et parents du Lycée International de Los Angeles (LILA) voisin. Toutes générations confondues.

« Je suis venu ici symboliquement pour soutenir la liberté d’expression et exprimer mon opposition au politiquement correct qui ronge nos sociétés » explique Mark, un américain de Los Angeles. « La France tient une place spéciale dans mon cœur. Ma famille d’origine française s’est installée à Saint-Louis, dans le Missouri au 18ème siècle !» raconte-t-il, très ému, avant de fondre en larmes. « Je suis complètement retourné. »

“Pas d’astérisques à la liberté d’expression”

A côté, sur la chaussée, Ed, photographe californien de 28 ans, estime qu’« on ne peut pas mettre d’astérisques à la liberté d’expression. Sinon, on la supprime purement et simplement.  Je suis personnellement athée mais les religieux ont le droit de me caricaturer ou de me critiquer. »

Philippe, né en France d’une mère française et d’un père américain, brandit depuis plus d’une heure sa pancarte « Je suis Charlie », sans faiblir. « On a détruit une institution française, mais c’est un sujet mondial, qui nous touche tous. C’est le « 9/11 » de la parole libre. » Il est venu avec sa fille, Carole, 29 ans. « Aujourd’hui, j’aurais tellement aimé être à Paris plutôt qu’à Los Angeles. Je me sens d’autant plus touchée que je suis originaire de la région de Charleville-Mézières, dont est originaire l’un des terroristes. J’ai peur des conséquences de cet attentat, notamment des amalgames contre les musulmans. »

La génération des baby-boomers, bercée par les débuts de Charlie Hebdo, était aussi représentée hier soir : Aurélia, enseignante à Los Angeles, avait 20 ans en 1968. «J’ai grandi avec Charlie Hebdo. Wolinski et Cabu faisaient partie de nos vies. Ils incarnaient la drôlerie, l’humour à la française, l’irrévérence, la critique en quelques traits de crayon. Le courage aussi. J’ai peur que tout cela accentue la montée de l’extrême-droite » dit-elle.

“Dans ces moments-là, on se sent encore plus proche de la France”

Jordane et Simon, qui tiennent une boutique de vins français à Beverly Hills ont fermé plus tôt pour venir au rassemblement. « Certaines personnes tiennent un discours un peu idiot qui consiste à dire “Tirez-vous, rien ne va plus en France”. Mais ce qu’il s’est passé à Charlie Hebdo est un problème mondial. Tout le monde est affecté par le terrorisme. C’est en étant à l’étranger qu’on se sent finalement encore plus proche de notre pays, qu’on se rend compte de ses atouts. Surtout dans ces moments-là. »

En terrasse, trois amies, Sylvie, Stéphanie et Vanessa, venue avec ses deux filles, posent pour un photographe américain avec leurs pancartes. Pour ces jeunes femmes, l’appel du Figaro Café a été l’occasion de retrouvailles impromptues. « Le terrorisme nous a personnellement touchées par le passé: toutes les trois hôtesses de l’air à l’époque, nous connaissions deux équipages qui ont perdu la vie dans les attentats du 11 septembre » racontent-elles, le cœur lourd. « Nous ne nous étions pas vues depuis très longtemps mais après ce qu’il s’est passé, nous avons décidé de nous retrouver ici. C’est important de se serrer les coudes entre Français, d’être unis. Aujourd’hui, au travail, personne n’a osé aborder le sujet pour me préserver ! Même mon mari américain n’a rien dit !» explique Sylvie.

Vers 20h30, la demande d’une minute de silence circule dans la foule qui, petit à petit, s’immobilise. Sur le trottoir, l’émotion est palpable. Des dizaines de mains et poings se lèvent. Certains pleurent, d’autres tentent de faire abstraction du vacarme de l’avenue, plongés dans leurs pensées. Comme eux, ce matin, les enfants du LILA rendront hommage aux victimes décimées à Paris.

San Francisco se mobilise pour Charlie Hebdo

A San Francisco, près d’un millier de personnes se sont rassemblées dans le quartier financier ce mercredi soir, en soutien aux victimes de l’attentat contre «Charlie Hebdo».
Soirée douce-amère dans la ville aux collines. Fixé quelques heures plus tôt via Facebook, le rendez-vous avait été donné à 19h, face au Consulat Général de France. Rapidement, les forces de l’ordre doivent étendre le périmètre de manifestation autorisé.
Sous l’oeil et les caméras des chaînes de télévision locales, les participants entonnent la Marseillaise, à plusieurs reprises, alternant avec des slogans comme «Je suis Charlie», «We are all French» et «Liberté!». Nombre de touristes – majoritairement francophones – rejoignent Kearny Street pour témoigner leur solidarité.
Visiblement très émue, une Française s’adresse aux participants: «Je suis venue soutenir la liberté de la presse et des journalistes. J’aimerais vous entendre, savoir pourquoi vous êtes venus ici et ce que vous êtes venus défendre.» La foule se montre timorée, recueillie. Une voix masculine s’y risque: «Parce que je suis triste!» D’autres confirment. L’émotion se partagera sans effusion de mots, ce soir. On entend «We are Charlie», parce qu’il faut briser le silence.
«Rentre hommage aux victimes, aux journalistes»
«J’ai pleuré toute la journée. Je mesure ma chance d’avoir grandi dans un pays libre, je suis fière d’être française, particulièrement aujourd’hui… et puis tellement triste d’être loin des miens ce soir. Je devais être là, avec mes compatriotes, des Belges aussi, cela fait du bien, je suis sous le choc», confie Aurélia Filato, professeur à Berkeley. Elle ne pourra retenir ses larmes bien longtemps.
L’organisateur du rassemblement, Stéphane Raṅgāya, s’étonne du succès rapide de l’appel lancé en pleine après-midi via les médias sociaux: «J’ai simplement créé cet événement Facebook, voyant d’autres événements ailleurs, mais rien à San Francisco où je vis depuis 5 ans. On a beau être expatrié, on garde toujours une attache profonde avec son pays d’origine, particulièrement lorsque celui-ci est attaqué comme aujourd’hui. Il me paraissait important de me retrouver ce soir avec mes compatriotes et les personnes qui partagent les valeurs attaquées.» Il s’agissait «de rentre hommage aux victimes, aux journalistes de Charlie Hebdo, mais aussi aux policiers français.»

Charlie Hebdo: deux rassemblements à Miami

Un rassemblement est organisé ce mercredi 7 janvier à Miami pour rendre hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi matin à Paris. Il aura lieu à 19h30, au 413 Lincoln Road Mall (Miami Beach).
Un autre hommage est organisé jeudi 8 janvier à 17h à Bayfront Park (200 Biscayne Boulevard) à la demande du Consulat Général de France de Miami et de Xavier Capdeveille, conseiller consulaire.
L’attaque, qui a causé la mort d’au moins douze personnes, a suscité la stupeur dans le monde entier.
 

Charlie Hebdo: rassemblement à San Francisco mercredi à 19h

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Un rassemblement est organisé ce soir à San Francisco pour manifester le soutien aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi matin à Paris.
Il aura lieu mercredi 7 janvier à 19h, devant le Consulat de France à San Francisco (88 Kearny St)
Instructions : amener un stylo Bic. Les stylos seront déposés sur le trottoir, en tant que symboles de la liberté d’expression.
L’attaque, qui a causé la mort d’au moins douze personnes, a suscité la stupeur dans le monde entier.