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Des Français courent le CMJ Music Marathon

Depuis 32 ans, le CMJ Music Marathon cherche à faire découvrir de jeunes artistes internationaux au travers de concerts à travers la ville. Cette année, un grand nombre de groupes français profiteront de cette plateforme formidable pour tenter de se faire un nom sur la bouillonnante scène new-yorkaise.

Le 16 octobre, la soirée « France rocks CMJ » donnera l’occasion aux quatre groupes français « We Were Evergreen », un groupe parisien d’indie-pop (à 21h), Bertrand Burgalat, fondateur du label Tricatel et DJ originaire de Corse (à 22h), Yan Wagner, DJ parisien (à 23h), et « Khadafi Dub » de Philadelphie (à partir de minuit) de se produire au Union Square Ballroom. L’événement est gratuit, mais il faut réserver vos places.

Le 17 octobre, c’est au tour de « Citizens! » (un groupe de musique anglais produit par le label français Kitsuné), « Housse de Racket » (qui a déjà collaboré avec le célèbre groupe Phoenix), Lescop (chanteur d’électro-pop français) et « Tomorrow’s World » (electro-pop) de chauffer le Highline Ballroom de Chelsea.

Parmi les autres groupes de l’Hexagone ou issus de la francophonie figurant au programme : Chassol, Chromeo, Irene & Francis Jakob et Juveniles. Autres moments forts : les concert de Yasmine Hamdam, originaire de Beyrouth et qui chante en arabe, et du groupe de musique électronique Justice, internationalement célébré pour sa chanson D.A.N.C.E. et décoré d’un Grammy en 2009.

Hommage à Lorenzo Weisman, gracieux ex-chairman du FIAF

Elégant ambassadeur de l’amitié franco-américaine, Lorenzo Weisman est décédé fin septembre des suites d’un cancer du cerveau. Il était âgé de 67 ans. Un dernier hommage lui sera rendu le 22 octobre à 11h à la Brick Church.

M. Weisman était une figure bien connue de la communauté franco-américaine de New York. Né au Guatemala de parents juifs français ayant fuit le nazisme, il retourne à Paris en 1966 après ses études à Harvard pour réaliser son rêve : monter sur les planches. Cette parenthèse parisienne est bien remplie : il rejoint la Comédie française, rencontre sa femme Danielle-Camille Maysonnave (appelée Stanley) et fait jouer son ami, un certain Gérard Depardieu, dans une pièce de théâtre qu’il dirige, selon le site d’information Bloomberg News.

En 1971, il intègre la Columbia Business School avec l’ambition d’ouvrir un théâtre. Il y découvre le monde bancaire. En 1973, il rejoint la banque d’investissement Dillon, Read & Co et vient à en diriger pendant seize ans les opérations européennes, depuis Londres, en remplacement d’Evan Galbraith, nommé ambassadeur des Etats-Unis en France par Ronald Reagan. En 2001, il fonde sa propre banque d’investissement, Hill Street Capital, qui sera rachetée par BNP Paribas en 2010.

Amateur de musique, d’art hispanique et de voile, M. Weisman a servi au sein de plusieurs conseils d’administration, dont celui du French Institute Alliance Française (FIAF), dont il a été le chairman. Son action en faveur de la promotion de la France lui a valu d’être décoré de la Légion d’honneur en 2008.

Aux États-Unis, moins de religion mais toujours plus qu'en France

C’est du jamais vu. Selon la série d’enquêtes menées par  le Pew Research Center’s Forum on Religion and Public Life, la part des personnes aux Etats-Unis se revendiquant du protestantisme est désormais de 48 %. C’est la première fois que les protestants passent sous la barre symbolique des 50%.

Le sondage publié le 9 octobre révèle aussi que de plus en plus d’Américains – une personne sur cinq – se déclarent sans appartenance religieuse. Selon Pew, ce ratio “n’a jamais été aussi élevé”. Au cours des cinq dernières années, cette catégorie de population est passée de 15% à presque 20 %, selon le Pew.

Même constat en France, où l’on croit de moins en moins en Dieu. Selon une étude réalisée par l’institut de sondage américain Gallup, la France compte 29% d’athées et 34% de “sans religion”.

Manifestation franco-américaine contre Mitt Romney

Au coin de la 57e rue et Madison Avenue, au pied du bâtiment d’IBM qui abrite les bureaux new-yorkais de Bain Capital, Brigitte Petit se présente devant une centaine de manifestants arborant des pancartes anti-Romney. Elle s’interrompt, la gorge un peu sèche. Pas facile de couvrir le bruit des sirènes et des klaxons, malgré le micro. Mais son message se veut fort.

Brigitte Petit fait partie des quinze ex-employés de Samsonite venus manifester, lundi, contre la « Romney economy ». A leurs côtés, des salariés de grandes entreprises, des militants associatifs et des syndicats. Leur cible : Bain Capital, le fonds d’investissement que Mitt Romney a dirigé, et qu’ils accusent de casse sociale. « Je ne comprends pas tout ce qu’ils disent, mais c’est pas grave », s’amuse Lucien Gaillard, un ex-Samsonite reconverti dans les transports, en entendant les chants des syndicalistes en anglais et en espagnol.

Les ex-Samsonite accusent Bain Capital d’avoir précipité, en 2007, la faillite de leur usine à Hénin- Beaumont (Pas de Calais). Quatre-vingts pourcent de la main d’œuvre n’a pas pu être reclassée. Emmenés par l’avocat de la CGT Fiodor Rilov, le contingent était samedi à Freeport (Illinois) pour soutenir les salariés de l’usine Sensata, fabricant d’outils de contrôle pour l’industrie automobile et aérienne. Engagés depuis 2009 dans un bras de fer avec le fonds d’investissements, ils protestent contre la délocalisation annoncée de leur activité en Chine. « Les gros patrons ne s’attendent pas à ce que les petits ouvriers se défendent. J’espère qu’on leur a montré qu’ils pouvaient le faire », s’exclame Brigitte Petit.

Pour certains de nos Français, ce déplacement américain était une grande première. A New York, point de drapeaux CGT ni de longs cortèges. Seuls quelques drapeaux français miniatures étaient de rigueur dans l’enclos dressé par la police pour contenir les manifestants. A Freeport, ils ont pu constater la difficulté de mener une action collective à la française aux Etats-Unis. « Nous, on a occupé le site à Hénin-Beaumont. Ici, ils se font licencier quand ils vont manifester. Et quand ils manifestent, ils le font hors de leurs heures de travail, raconte Laurence Maréchal, une ex-Samsonite reconvertie dans l’aide aux travailleurs handicapés. On est venu pour dire ici qu’il y en a marre que les gros se fassent de l’argent sur le dos des plus petits. »

Me Fiodor Rilov espère lui que la présence des ex-salariés aux côtés d’autres anti-Bain lui permettra de recueillir des « informations utiles » pour nourrir la plainte qu’il a déposée contre Bain auprès de la cour fédérale du Massachusetts. « On a besoin de charpenter notre argumentation, de recuperer des éléments pour éclairer l’intervention de Bain Capital dans les sociétés dont il prend le contrôle, précise-t-il. Et puis, il y a évidemment la solidarité entre des salariés qui sont dans des luttes similaires. »

« C’est important d’avoir les Français », souligne Cara Noel, porte-parole de United New York, l’organisme de défense des travailleurs précaires et chômeurs qui a coordonné la manifestation. « Car cela permet de montrer que la lutte est mondiale ».

« Les Français ont une forte tradition de lutte contre l’injustice, de se battre pour le peuple et pour les travailleurs, estime Gina Bull, ex-étudiante en échange à Sciences Po Paris et membre de New York Communities for Change, l’une des associations impliquées dans l’action anti-Bain. J’apprécie de les voir apporter leur solidarité. »

Propos recueillis par Matthias Keil et Alexis Buisson / Photos: Matthias Keil

Le jazz de Nice fait danser la French Week

Chaque année, la French Week Miami  fait la promotion de la culture et présence française en Floride du Sud. Son édition 2012 sera lancée par un véritable feu d’artifice musical. Du 26 au 28 octobre, quelques-uns des meilleurs musiciens de jazz au monde ont rendez-vous sur scène pour la première édition du Miami Nice Jazz Festival (MNJF).

L’initiative est une extension du célèbre Nice Jazz Festival, l’un des festivals les plus importants de son genre en Europe. Créé en 1948, le Nice Jazz Festival a une réputation internationale en accueillant des stars telles que Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Django Reinhardt ou bien Charlie Mingus. En 2011 et 2012, le festival est organisé sous les auspices de la Ville de Nice.

C’est à ce moment-là que Philippe Pautesta-Herder, fondateur d’un cabinet de consulting à Miami, s’est rendu compte qu’il fallait organiser un événement similaire dans la ville de Floride. “Comme chaque été,  je suis rentré au sud de la France en 2011. Vivant à Miami et originaire de Nice, j’ai tout de suite vu une connexion entre les lieux. Après avoir découvert que les deux villes sont jumelées, j’ai pris le taureau par les cornes : j’ai présenté le projet aux deux villes et cela a été approuvé”, raconte le fondateur du MNFJ.

Lors du festival, qui aura lieu à l’Olympia Theater du Gusman Center for the Performing Arts, des stars telles que la légende Dee Dee Bridgewater, décorée de trois Grammy, se produiront. Autres moments forts : la performance du représentant du jazz latin Eddie Palmieri. Le batteur niçois André Ceccarelli, ambassadeur du jazz français, figure également au programme.

“La particularité de ce seul festival de jazz franco-américain est la qualité des musiciens, s’exclame  Philippe  Pautesta-Herder, installé aux Etats-Unis depuis 1998. Le projet va durer cinq ans. A l’avenir, on souhaite s’ouvrir à de nouvelles tendances du jazz. Je pense à des artistes tels que Robert Glasper ou Norah Jones.” 

Patrice Chéreau dans le "Coma"

Le French Institute Alliance Française (FIAF) se plonge dans un état comateux en accueillant le célèbre directeur de théâtre, d’opéra et réalisateur Patrice Chéreau le 24 octobre. Dans une performance captivante et bouleversante, celui-ci va présenter des extraits de Coma (2006), de Pierre Guyotat.

Coma est un ouvrage autobiographique qui traite des angoisses existentielles de la création, de l’écriture et de la dépression, que l’auteur a connue lui-même dans les années 1980. En 2006, le récit a gagné le Prix Décembre, un prix littéraire français qui se veut une sorte d’anti-Goncourt.

Patrice Chéreau est né en 1944 à Lézigné. Après sa scolarité au lycée Louis-le-Grand et des études d’allemand et de lettres classiques, il devient directeur du Théâtre de Sartrouville à l’âge de 22 ans. Chéreau entame ensuite une carrière formidable en tant que metteur en scène d’opéra. Sa mise en scène de L’Anneau du Nibelung de Wagner au Festival de Bayreuth en 1976 devient légendaire. Tout comme nombre de ses films, dont Intimité (2001) et Persécution (2009).

Une soirée de découverte musicale à l'Alliance française

Deux musiciens français, Eric John Kaiser et Morgan Manifacier, se produiront  le 19 octobre à l’Alliance Française de San Francisco (AFSF).

Auteur-compositeur-interprête originaire de Paris, Eric John Kaiser a donné plus de 250 concerts en France. Il s’installe à Portland dans l’Oregon en 2006. Depuis, il tourne régulièrement sur toute la Côte Ouest, à Vancouver, en Louisiane, dans l’Idaho, à Boston, New York et Washington D.C. En France, il monte régulièrement sur scène avec le chanteur français d’origine sénégalaise Tété.

Pendant son concert acoustique à l’AFSF il sera accompagné au piano par sa fiancée Patti Ferrell. Ils célèbreront la sortie de son 5ème album, “1+1=Free”.

Morgan Manifacier, quant à lui, chante en anglais. Son premier album, “Grande”, parle de solitude, de voyages, de la vie, de l’amour, de la mort, en hommage à son grand-père. Le musicien originaire du Sud-Est de la France a décidé d’écrire et d’enregistrer son prochain album à San Francisco avec l’aide des deux musiciens Sarah Hawley-Snow et Matt Camgros.

Bob Dylan et Mark Knopfler font rocker San Francisco

Le 17 et 18 octobre, le Bill Graham Civic Auditorium accueille deux légendes du rock: Bob Dylan et Mark Knopfler font escale à San Francisco pour donner deux concerts dans le cadre de leur grande tournée en Amérique du Nord. Les deux stars présenteront les chansons du nouvel album de Bob Dylan, Temper (2012).

Dylan et Knopfler, chanteur et guitariste du groupe Dire Straits, avaient déjà collaboré sur les albums Slow Train Coming (1979) et Infidels (1983) de Dylan. En 2011, leur tournée en Europe, avec deux concerts en France, a connu un grand succès.

Avec onze Grammy dans la poche et d’innombrables prix tels que le Golden Globe, l’Américain Bob Dylan compte parmi les musiciens les plus célèbres du XXe siècle. Knopfler, quant à lui, n’a pas arrêté de faire parler de lui après la dissolution des Dire Straits. En 1995, l’Ecossais entame une carrière solo avec l’album Golden Heart. Son dernier album intitulé Privateering est sorti en septembre 2012.

Les gagnants du concours Gad Elmaleh sont…

Les gagnants sont Jessy Epstein et Philippe Rosen.
Bravo aux heureux gagnants. Pour les autres, il reste des places sur www.citywinery.com.

Le célèbre humoriste Gad Elmaleh monte sur scène du 25 au 29 novembre à la City Winery. Ce n’est pas son premier spectacle à New York (il est venu notamment en 2006 à New York), mais le plus populaire des comiques français du moment est sans doute un des rares à pouvoir remplir ici une salle pendant plusieurs soirs de suite pour un spectacle exclusivement en français.

Cuisine, art et business à la French Week Miami

Chaque année, la French Week Miami cherche à promouvoir la culture et la présence française en Floride du sud.

S’étalant en 2012 sur plus d’un mois, elle a pris de plus en plus d’ampleur depuis sa première édition en 2008. Organisée par la Chambre de commerce franco-américaine en collaboration avec le Consulat général de France à Miami, la French Week Miami réunira Français et francophiles pour quelque 27 événements dans une multitude de lieux.

La première édition du Miami Nice Jazz Festival, seul festival franco-américain de jazz, ouvrira le bal du 26 au 28 octobre. Présenté par Nice, ville jumelle de Miami depuis 1963, il réunira quelques pointures du monde du jazz, dont Dee-Dee Bridgewater, qui est aussi l’ambassadeur du festival, le percussionniste André Ceccarelli et l’ex chanteur de Santana Alex Ligertwood.

Du 1er au 30 novembre, la troisième édition du French Spice Miami régalera les amateurs de cuisine française. Pendant un mois, une vingtaine de restaurants français, dont le Café Bastille, Le Boudoir, le Lulu, Le Provencal et le Baôli, proposeront des prix réduits. Une soirée consacrée au vin aura lieu le 14 novembre à la Villa Azur.

Outre la gastronomie, de nombreux événements faisant la promotion de la culture française figurent au programme. Plusieurs films français (Paris, je t’aime, Nous nous sommes tant haïs, Rive) seront montrés à la Florida International University et lors du Fort Lauderdale International Film Festival. Les amateurs de littérature pourront rencontrer l’écrivain français Marc Levy pendant le Miami Book Fair International. Autres moments forts: le show du comédien Anthony Kavanagh le 7 novembre et le concert du groupe de musique parisien Nouvelle Vague le 2.

Mais la French Week Miami ne se limite pas aux seuls domaines de la culture et de la gastronomie. Elle sert aussi de plateforme de networking pour les entrepreneurs franco-américains. Ainsi, nombre de petits-déjeuners et dîners d’affaires seront organisés par la Chambre de commerce. Un déjeuner avec l’ambassadeur de France aux Etats-Unis, François Delattre, aura lieu le 1er novembre.

Nicolas Sarkozy conférencier et futur chef d'entreprise

Exclusif French Morning. C’était la rentrée de Nicolas Sarkozy et le début  de sa nouvelle vie. Devant quelque 400 banquiers, investisseurs et patrons réunis par la banque d’investissement brésilienne BTG Pactual, l’ancien président français a parlé deux à trois minutes en anglais, avant de répondre en français pendant 45 minutes aux questions d’Andre Esteves, le patron de la banque.
Arborant sa nouvelle barbe de 3 jours, Nicolas Sarkozy semblait “un peu tendu” au début de son allocution témoigne un des convives du déjeuner. Selon une source proche des organisateurs, le cachet qu’il a touché avoisinnerait les 120.000 dollars, une somme très inférieure aux 250.000 qu’exige Bill Clinton “mais très respectable compte-tenu qu’il ne parle pas anglais”, précise cette même source.
French Morning a pu consulter l’enregistrement intégral de cette intervention (à lire ici), consacrée principalement à l’Europe. Interrogé sur les perspectives économiques pour le continent, il a livré un diagnostic mitigé: prévoyant de nouvelles crises dans les deux ans à venir, mais assurant que l’Europe et l’euro seront toujours là, et importants, dans dix ans.
Reprenant un thème souvent répété pendant sa présidence, il a souligné la nécessité d’un “leadership européen” qui a-t-il dit, “ne peut être que celui des grands pays, France, Allemagne, Grande-Bretagne”.
La conversation n’a pas porté sur la politique intérieure française (à l’exception d’une remarque de son interviewer assurant: “On savait qu’on vous regretterait, on ne savait pas qu’on vous regretterait si vite!”), mais l’ancien président français a évoqué son avenir, et fait savoir à cet aréopage d’entrepreneurs qu’il rêvait de rejoindre leurs rangs. “J’aimerais tellement montrer qu’on peut avoir été un politique et comprendre l’entreprise”, a-t-il lancé, soulignant qu’il ne comptait pas se contenter de faire des conférences à travers le monde.
A la sortie du Waldorf Astoria, où se pressaient une trentaine de journalistes français venus pour certains de France pour l’occasion, l’audience était conquise:

Le texte de la première conférence de Nicolas Sarkozy

Exclusif French Morning.

L’introduction (en anglais): I am very proud to be your guest. I am a new retiree. Young, maybe, retiree certainly. I haven’t worked for 5 months. I never had so long vacations in my life. And the worst thing is I was very happy with the situation  (…). I used to do speeches everyday. Today is my  first speech since the presidential election (…).

(Sur l’histoire de l’Europe): “Je voudrais faire une première remarque. Peut-être ceux qui ne sont pas Européens dans la salle ne perçoivent pas l’importance de la situation. L’Europe est la partie du monde où, pendant un siècle, il y a eu le plus de guerres, le plus de cruauté, et le plus de morts (…) Si on oublie ça on ne peut comprendre l’importance de l’Union Européenne pour l’Europe. Les guerres les plus cruelles ont été en Europe. L’endroit où on a assassiné le plus de juifs, ce n’est pas en Orient, c’est en Europe. C’est une vérité historique.

(Sur le couple franco-allemand) Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, un certain nombre d’Européens ont dit : ‘ça ne peut pas continuer’. L’Europe s’est construite sur un désastre. Tout est parti de l’Allemagne et de la France et c’est toujours vrai aujourd’hui. L’Allemagne et  la France n’ont pas d’autre choix que de se rapprocher. Si l’Allemagne et la France ne se rapprochent pas, elles s’affronteront. Ca c’est la vraie analyse. Cette clef de lecture est toujours vraie. Voilà pourquoi l’idée européenne, malgré toutes les erreurs et les échecs est incontournable, car 450 millions d’Européens savent en regardant l’histoire de leur famille que s’il n’y a pas l’Union européenne, il y aura la guerre.

(Sur la conjoncture en Europe) Mon opinion sur la situation européenne? Elle est mauvaise, pour deux ou trois raisons. La première est que les grands pays européens ont vécu leur histoire sur une idée fausse, qu’ils étaient en première division, que c’était un dû, qu’ils n’avaient pas à le mériter, que c’était incontournable. Maintenant, c’est faux. Il y a le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud, l’Inde et tous les pays émergents. Mais imaginez le traumatisme national pour des pays en première division depuis des siècles et qui aujourd’hui se trouvent menacés de descendre en deuxième division. L’Europe doit se remettre en cause, l’Europe doit mériter sa place.  Le problème de l’Europe c’est un problème de réforme et de compétitivité. J’ajoute une incidente. Ce problème ne pourra plus être résolu par l’endettement. Il ne pourra être résolu que par le progrès technologique et le travail en plus.

(Sur la gouvernance européenne). Vous (chefs d’entreprise) vous vous adaptez aux changements du monde, vous avez adapté le management de vos entreprises. Vous devez décider vite, changer de direction vite (…). Dans la politique, dans la démocratie, la décision rapide est impossible parce qu’il y a le parlement, parce qu’il y a l’opposition qui se bagarre avec la majorité, parce qu’il y a les médias, parce qu’il y a l’exigence de résultats immédiats. Donc l’Europe doit accepter le leadership, car seul le leadership permet de prendre des décisions rapides. Or le leadership est le contraire de la règle qui a permis à l’Europe de se construire. L’Europe s’est construite en disant à 27 pays, petits moyens et grands : ‘Vous avez les même pouvoirs’. Ca ne peut plus marcher. On ne peut pas avoir un système où 26 pays doivent attendre qu’un 27ème soit d’accord. Ca ne peut pas fonctionner. Qui peut mener le leadership? Les grands pays: la France, l’Allemagne, l’Angleterre (…)

Je pense que dans les deux années à venir l’Europe malheureusement va connaître des difficultés. Malheureusement pour l’Europe, heureusement pour vos investisseurs. (…) Les conditions de sortie de la crise ne seront pas réunies avant deux ans. Ca ne veut pas dire qu’il faut sortir de l’Europe. Il faut acheter au son du canon et vendre au son du clairon.

(Question: la population européenne est-elle prête pour les ajustements nécessaires?) Personne ne doute de l’importance de la construction européenne (…) Mais le décalage entre ce que comprennent les élites et ce que vit le peuple peut provoquer la désintégration de la société. Regardez la Grèce. Ce n’est pas n’importe quel pays. (…) Regardez la situation. Regardez comment un pays s’est trouvé en situation de quasi-faillite. En Amérique du Sud vous avez connu ça. En Amérique du Sud vous avez connu ça; en Asie on a connu ça. Mais en Europe c’est plus grave. Pourquoi? Les dirigeants de la Grèce à l’époque où ils sont rentrés dans la monnaie unique ont menti sur les chiffres. En Grèce on ne paie pas ses impôts et l’Etat n’est pas assez effort. Mais ce qui est infligé aux Grecs depuis deux ou trois ans est énorme. Pourquoi avec Mme Merkel nous nous sommes battus pour payer pour la Grèce finalement? Mais parce que nous nous sommes aperçus de quelque chose que vous les chefs d’entreprise pouvez comprendre. (…) Si on accepte que la Grèce fasse défaut, tous les marchés regardent l’Europe en demandant qui est le prochain (…) et alors comment aurait-on pu sortir le Portugal, l’Irlande…

(…) L’exemple de la Grèce montre à la fois la solidité des liens en Europe et la complexité des relations. J’en parlais avec Barack Obama. Il me disait: ‘C’est compliqué aux Etats-Unis, j’ai le Congrès…’ Mais je lui dis: ‘Imagine en Europe, on a 27 congrès!’

(…) C’est complexe, mais l’Europe n’éclatera pas et l’euro ne disparaîtra pas. Je parierai que dans dix ans l’euro sera toujours une monnaie qui compte, mais dans les deux ans elle traversera des crises graves…

(Sur la dette): Pourquoi les pays avancés se sont précipités dans le déficit et la dette? Pas parce que les dirigeants étaient mauvais. Ils ne sont ni meilleurs ni pire. La raison est simple: le monde jusqu’à la deuxième guerre mondiale était organisé pour que la croissance soit partagée entre grands pays occidentaux. Ces pays ont créé des systèmes sociaux fantastiques. Mais les autres pays ont dit: ‘nous voulons partager la croissance’. Ils sont venus concurrencer les grands, qui du coup ont eu plus de chômeurs, moins de recettes, plus de pauvres. L’effet de ciseau parfait! Face à cette situation, les hommes politiques n’ont pas dit on va diminuer la protection sociale, ils ont financé par le déficit et la dette. Au fond, les pays occidentaux ont compensé leur perte de compétitivité et de parts de marché par la dette. On est même arrivé à un système où plus de dette créait plus de bénéfices. Ca a abouti à 2008, et aux subprimes. Je n’excuse pas, j’explique. Les dirigeants n’avaient pas le choix.

Mais c’est fini, il faut faire autrement. Il faut à la fois réduire le déficit, retrouver la compétitivité et ne pas provoquer d’explosion sociale. La solution est simple, mais très difficile à expliquer: travailler davantage, pas moins. Et avec un discours comme ça vous avez un type qui s’est présenté à l’élection présidentielle et qui n’a été battu que par 1% de voix ou un peu plus

(Question: Quelle institution manque en Europe) L’Europe doit se doter d’un gouvernement économique. Pas les ministres des finances, mais les chefs d’Etat. Ce gouvernement économique imposera les changements. Ce n’est pas la Commission Européenne, qui n’a pas la légitimité, qui peut le faire.

Dans les années qui viennent vous n’allez pas travailler avec une Europe, mais trois: Une Europe à 17, ceux qui ont la monnaie unique, le coeur nucléaire de l’Europe. Une Europe à 27, qui sera bientôt à 36, une Europe de solidarité politique, marché commune, mais avec moins d’intégration et de fédéralisme. Et enfin une troisième, incluant la Russie et la Turquie, pour créer un ensemble d’un milliard d’habitant, une communauté de sécurité.

(Sur son avenir personnel) Moi je ne sais pas ce que je ferai. Je vais vous faire une confidence: la politique c’est très dur, on est attaqué sans arrêt. Mais en même temps c’est un grand honneur. Moi je m’appelle Sarkozy, nom pas très français, je n’ai jamais bu une goutte d’alcool de ma vie. En France! Et les Français m’ont élu président. C’est un honneur.  Mais la vie, pour vous comme pour moi, sera de moins en moins une vie tout entière consacrée à un secteur. J’aimerais tellement montrer qu’on peut avoir été un politique et comprendre l’entreprise. Parfois, il y a des chefs d’entreprise qui sont devenus de grands politiques. Il est très important dans tous les pays qu’il y ait des passerelles. Vous savez, je ne connais pas l’amertume. Je me suis battu pour gagner, j’ai gagné une fois et perdu une autre fois. C’est la vie. Je ne m’en plains pas. Je veux maintenant une nouvelle vie, mais pas seulement pour faire des conférences… Ce que j’aime ce n’est pas la politique, c’est faire. Faire, dans la politique ou ailleurs. Alors où? Je ne sais pas. Mais si vous me donnez le choix entre la Norvège ou le Brésil, OK, j’achète le Brésil tout de suite…