La France ressemble-t-elle de plus en plus aux Etats-Unis? Américanisation de la vie politique, Valérie Trierweiler en Eleanore Roosevelt française et surtout transformation des Champs-Élysées en avenue yankee : à la lecture de la presse américaine la semaine passée, on peut se poser la question.
Les Champs-Élysées, USA
C’est le New York Times qui se demande si la plus belle avenue du monde est toujours française, dans un article au titre évocateur: « Les Champs-Élysées, centre commercial d’Amérique« . Car, pour le quotidien, les mythiques Champs-Élysées sont en train de s’américaniser à vitesse grand « V ». « Banana Republic vient d’ouvrir un magasin, et Levi’s dispose d’un espace immense et flambant neuf, non loin du nouveau H&M. Ils sont en concurrence avec Gap, Nike, Tommy Hilfiger et Abercrombie & Fitch. » Le quotidien ajoute, sur un ton ironique : « Au moins Tiffany & Co vient s’installer à la place d’un fast-food. » Le journal cite le responsable de l’association des commerçants locaux, qui compare les Champs à « Fifth Avenue » car « ils sont une vitrine du commerce global ». Mais le New York Times s’empresse de rectifier. « C’est plutôt Times Square, en réalité » en évoquant les chiffres de fréquentation de la plus belle avenue du monde.
Entre les lignes transparaît un reproche qui est souvent fait au rouleau compresseur culturel américain : la peur de l’uniformisation. Les Champs-Élysées traversent le même processus. Première conséquence de cette « invasion de la consommation de masse américaine« : la disparition des Parisiens. Désertée par les habitants et adulée par les touristes, l’avenue ne serait « plus un endroit » pour les habitants de la capitale. « Peu de Parisiens qui ne travaillent pas dans le quartier vont sur les Champs-Élysées, la considérant comme un lieu de banlieusards et de touristes. Beaucoup de ces derniers sont de riches Arabes qui cherchent les boîtes de nuit. » Autre conséquence : la montée en puissance des grandes chaînes au profit des petits commerces. Le quotidien donne la parole au propriétaire du cinéma Le Balzac, qui résiste toujours à l’envahisseur américain en servant du café de qualité et en accueillant les cinéphiles sur le pas de la porte. « Nous devons préserver la variété de cette avenue, selon Jean-Jacques Schpoliansky. C’est important pour la France. C’est ma mission de faire revenir (les clients) et faire oublier l’image d’une rue qui perd son âme.»
Valérie Trierweiler, l’Américaine
Il n’y a pas que les Champs-Élysées qui s’américanisent. Pour The Daily Beast , la vie politique française aussi. Pour l’illustrer, le site d’information ressort de son chapeau le fameux « Twittergate » de Valérie Trierweiler. « Une bombe à fragmentation multiple » qui trahit une « américanisation néfaste de la vie publique en France« . Le mélange du people et du politique ne date pourtant pas d’hier. Le quotidien en profite pour revenir sur l’ère Sarkozy, qui marque le début de cette « peoplisation », voire starification de la vie politique, très américaine, avant de basculer sur l’affaire du tweet. « Soudain, une querelle de vieux amants devient une affaire d’État. Les opposants politiques se moquent ‘Vaudeville!’ et ‘Dallas à l’Élysée’. Le premier ministre a demandé à la Première dame de faire preuve de plus de discrétion« .
Le Daily Beast ne manque pas de relever les ressemblances entre la Première dame francaise et une autre Première dame, américaine elle. « Dans sa critique de la biographie Eleanor Roosevelt: First Lady et Rebelle, Valérie Trierweiler félicite la Première dame américaine, qui ‘refuse d’être réduite au silence’, et applaudit ses qualités de journaliste. Trierweiler écrit : ‘Non seulement la presse américaine ne voit aucune raison d’en débattre, mais au contraire, Eleanor Roosevelt est devenue, grâce à la chronique qu’elle a écrit jusqu’à sa mort, très populaire. » Valérie Trierweiler est-elle en réalité américaine? Pas vraiment. A propos de sa double-casquette de First Lady et de journaliste,« Ségolène Royal le dit : ‘Aux États-Unis, cela ne se serait pas passé comme ça. Cette femme n’a aucune éthique professionnelle!« .
Cachez-moi ce sein de Kate Middleton !
Après avoir dévoilé les histoires privées de l’Élysée, la presse française s’est attaquée à la famille royale d’Angleterre. Des photos de la princesse Kate Middleton à moitié nue ont été publiées dans la version française du magazine Closer. Un comble pour CNN : « La France n’a-t-elle pas les lois les plus strictes en matière de respect de la vie privée? » s’interroge la chaîne sur son site, en rappelant que «la nation n’a appris l’existence de la seconde famille de François Mitterrand qu’après sa mort ». « Après Diana, comment des photos intimes du couple royal ont-elles pu être publiées en France? », se demande CNN. La justice française a finalement condamné le magazine et empêché la publication des clichés. Finalement, il y a bien un domaine où la France reste la France.