Arrivé il y a six ans à Montréal pour travailler à la radio, Philippe Régnoux est devenu depuis un membre actif de la vie associative des Français au Québec. Il vient de publier un essai politique, Nous tracerons des horizons. Sa première expérience au Canada au sein de Radio Shalom Montréal, lui a permis de découvrir un nouveau mode de fonctionnement des communautés – «Je suis le premier goy à être directeur d’une radio juive !», dit-il en riant. Faire partie d’une communauté l’a aidé à mieux s’intégrer : c’est là qu’il a commencé à réfléchir aux moyens d’actions collectives.
M. Régnoux explique que quatorze mille français viennent chaque année avec un permis de « vacances-travail » au Québec. A cela s’ajoute l’immigration permanente – qui représente quatre mille Français par an. «C’est depuis à peu près cinq ou six ans que l’on voit une montée en régime de l’arrivée des Français. Ils sont jeunes et ultra diplômés, et viennent sans forcément être préparés aux réalités du territoire nord-américain. C’est là que nous intervenons : sur le web, en mettant en place des forums d’information, mais aussi en faisant pression sur les autorités fédérales. » À cela, il faut ajouter le fait que l’État français est de moins en moins pourvu de moyens financier pour subvenir aux besoins de ces gens : «on est à un point crucial ; c’est à la communauté elle-même de mettre en place des structures qui pallient l’absence de mécanismes d’États.»
M. Régnoux précise son propos : « Quand je dis communauté, ce n’est pas un groupe fermé sur lui-même ; au contraire, c’est une entité ouverte sur la réalité et ouverte sur les autres communautés. Justement le problème des Français est que nous n’avons pas cette vision-là d’une communauté qui s’assume pour pouvoir partager, faire circuler les expériences de vie, et venir en aide aux autres membres. » Ce décalage entre la communauté française – dont le lien de solidarité est très lâche – et d’autres communautés s’explique sans doute par la peur du mot « communauté » chez les Français.
« On n’a pas la culture communautaire nord-américaine », explique M. Régnoux, « on vit sur un format républicain, on n’a pas ce modèle de communautés qui se prennent en main mais qui sont aussi intégrées. C’est dû au fait que l’on n’est pas habitués à intégrer ces communautés. Pour les Français, le mot même de « communauté » donne l’impression d’un repli sur soi, d’un côté Cocorico. Ici, d’ailleurs, les gens ont souvent honte de montrer le drapeau français ; ils l’associent à un côté patriotique, d’extrême droite. » C’est pourtant précisément les Français de l’étranger qui peuvent redécouvrir leur identité « à travers les autres » ; «En plus, on est étranger ici, donc nous aussi nous formons une communauté fragile, minoritaire : cela donne une autre dimension à notre communauté, cela peut nous permettre de mettre en place un autre modèle du vivre ensemble français. »
Nous tracerons des horizons est disponible sur internet.
Eloge du communautarisme
« Floin’ to America » pour le Bastille Day
Floanne nous convie au Metropolitan Room le 13 juillet pour un solo cabaret show exceptionnel. Floanne reprendra des classiques de la chanson française et de la chanson américaine … et mélangera les deux ! Elle chantera ainsi sa propre traduction de « Are you lonesome » en français et, inversement, régalera son public avec une version anglaise de « Pour un flirt avec toi ». La chanteuse confie qu’elle est heureuse de pouvoir jouer dans le Metropolitan Room, salle dont elle parle avec beaucoup d’enthousiasme.
Le spectacle, Floin’ to America, aura lieu au Metropolitan Room le 13 juillet à 19h. Entrée : 20 dollars (two drinks minimum). Réservations en ligne. 34 West 22d Street (entre les 5è et 6è Avenues)
Floanne sera aussi à l’affiche des French Culture Nights le 16 juillet.
Thierry Henry fêtera le 14 juillet à Los Angeles
Alors qu’on apprenait à la même date l’année dernière que Thierry Henry s’envolait rejoindre l’équipe des New York Red Bulls, le footballeur sera cette année aux côtés de ses compatriotes français le 16 juillet lors d’un un match l’opposant à l’équipe de soccer mexicaine basée à L.A. Déclaré en honneur du jour de la Bastille, le match se déroulera au fief des Chivas, le Home Depot Center. Il vous est possible d’acheter vos tickets ici.
Et qui sait, peut-être croiserez-vous la star du football au bal du 14 juillet organisé par French Tuesdays …
Riverside Park prend des airs de film policier
Portant sur le thème de l’été, le film de Pascal Thomas apporte la touche de frisson qui manquait au festival. Après avoir ri devant Nos Jours Heureux et réfléchi devant le Mépris, ce sont ici peur et suspens qui sont au rendez-vous. Quand Guillaume Neville invite son ex-femme et son actuelle épouse à venir dans la maison de sa riche tante Camilla à Pointe-aux-miettes, l’été s’annonce explosif. Mais c’est un autre genre de drame qui va inquiéter la maison : un matin, la tante Camilla est retrouvée dans son lit, le crâne fracassé. On vous laisse découvrir la suite, confortablement installés entre deux pousses d’herbe.
The Illusion de Tony Kushner au Signature Theatre
Le Signature Company Theatre dédie cette année sa saison théâtrale à Tony Kushner, le célèbre dramaturge qui a notamment reçu un prix Pulitzer pour sa fresque dramatique, Angels in America. La compagnie vient d’annoncer que plusieurs représentations supplémentaires de The Illusion sont prévues jusqu’au 17 juillet. Il est donc encore temps d’aller assister à la représentation de cette adaptation libre de l’Illusion Comique de Corneille, mise en scène par Michael Mayer : il faut se précipiter, cependant, les places sont rares.
Le théâtre se trouve à 555 West 42nd Street. Les billets peuvent être achetés en ligne ou par téléphone au 212 244 7529.
Les hommes préfèrent les blondes … en plein air !
Pour les amateurs de cinéma, le lundi 11 juillet sera l’occasion d’aller revoir Les Hommes Préfèrent les Blondes au Bryant Park. L’entrée est gratuite. Le film sera projeté en plein air, dans le cadre du Bryant Park Summer Film Festival. Marylin Monroe et Jane Russell partent en voyage pour la France dans ce film d’amour et d’argent. Howard Hawks mêle ici chansons et légèreté; un film idéal à voir en plein air.
French Restaurant Week : du bleu blanc rouge dans les assiettes
Créée à l’origine par des restaurateurs souhaitant augmenter la clientèle de leurs établissements, les “Restaurant Weeks” de New York sont devenues de véritables institutions ayant lieu deux fois par an (winter and summer session). D’une durée originelle d’une puis deux semaines, la “Restaurant Week” regroupe aujourd’hui plus de 300 lieux. Généralement de prestige, leur but est désormais de rendre accessible au plus grand nombre leur gastronomie via des menus aux prix fixes défiants toute concurrence : environ 35$ pour entrée-plat-dessert le soir.
Les restaurateurs Français se sont quant à eux mis d’accord sur un menu “révolutionnaire” au prix malicieux de 17,89 $. Leur objectif ? Profiter de la Bastille Week du 10 au 17 juillet pour promouvoir outre-atlantique cette cuisine Française désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Différents types de lieux ont décidé de se lancer dans l’aventure (pâtisseries, restaurants), au total plus de cinquante établissements vont jouer la carte de la French Touch. Quelques menus se révèlent déjà et on sent monter des effluves de boeuf bourguignon, pâté de campagne et autres moules marinières… Pour l’instant, pas de cuisses de grenouilles prévues “c’est trop cher, vous allez nous tuer” déclare un des restaurateurs en riant.
George Forgeois, la patron du groupe de restaurants du même nom (Bar Tabac, Cercle Rouge, etc…) est à l’origine de l’idée. Il a convaincu certains de ses collègues de le suivre. On retrouvera donc à l’affiche quelques-uns des noms bien connus de la gastronomie française à New York, qu’ils soient 100% gaulois (Benoit d’Alain Ducasse) ou seulement d’inspiration française, comme Artisanal.
Lire la liste complète ici.
Lire aussi: Les street fairs de Bastille Day
Le French Festival de Santa Barbara annulé
Déception dans les rangs de l’importante communauté française de Santa Barbara (près de 2500 personnes sur 90000 habitants) : le traditionnel French Festival du 14 juillet – le plus célèbre de la côte Ouest des Etats Unis – n’aura pas lieu cette année. La nouvelle est tombée fin juin, l’organisateur des festivités ayant annoncé, la mort dans l’âme, que la hausse des tarifs de location et la mise en place de nouvelles normes de sécurité l’empêchaient de préparer cette 24e édition.
«Je suis triste, explique le créateur du festival, Steve Hoegerman, américain francophile et passionné par l’influence de la culture française à travers le monde. L’augmentation des prix et la bureaucratie nous rendent la vie impossible. Pour la location d’Oak Park, où se déroule l’événement, la sono, les tables, les chaises, la présence d’un électricien, etc., il nous faut dépenser au moins 6000 dollars avant même que la première tente d’exposant ne s’installe.»
Les effets conjugués des nouvelles normes imposées par la municipalité et le comté de Santa Barbara, de la crise économique et de la diminution des sponsors, l’ont donc poussé à annuler ce rendez-vous, sans savoir s’il pourra le proposer à nouveau en 2012. «Je ne sais pas si j’aurais assez d’énergie et de finances pour continuer, car cette annulation est difficile à supporter. C’est un coup très dur pour l’économie locale et pour certains exposants qui réalisaient un bon chiffre d’affaires lors du festival. Je ne sais pas si la mairie et le comté s’en rendent compte. 20000 visiteurs venaient chaque année de toute la Californie pour ce rendez-vous. C’était un véritable moteur pour le tourisme. Plusieurs personnes m’ont incité à le délocaliser dans une autre ville, mais pour moi ce festival est lié à Santa Barbara. Cela n’aurait aucun sens de le proposer ailleurs.»
Selon Steve Hoegerman, plusieurs évenements auraient déjà disparus du fait de la «bureaucratie», et le French festival ne serait que la dernière victime en date : «Lorsque j’ai créé le French festival en 1988, pour montrer la richesse et la diversité de la culture française, il existait plusieurs autres festivals ethniques : Italien, Irlandais, Grec, Juif, Scandinave, Allemand… Aujourd’hui il n’en existe plus un seul ! Ils ont tous été mis en sommeil ou ont disparu. Et parmi les autorités, personne ne se demande pourquoi… »
La communauté française devra donc patienter jusqu’en 2012, année de l’élection présidentielle et du 25e anniversaire du festival, pour entendre, éventuellement, la Marseillaise résonner à nouveau dans les rues de Santa Barbara.
DSK: ni poursuivi, ni blanchi
Le long week-end du 4 juillet a été monopolisé dans la presse américaine par le dernier retournement de situation de « l’affaire DSK ». Pour les tabloïds new-yorkais, cette affaire est emblématique d’une France qui se pense au-dessus des lois : il n’y a qu’un pas entre le « coup de poignard dans le dos » qu’a été la refus de s’impliquer dans la guerre en Irak en 2003 et l’affaire Dominique Strauss-Kahn. La presse américaine réagit avec violence, souvent, à la nouvelle de la fin de l’assignation en résidence surveillée de Dominique Strauss-Kahn et des récentes découvertes sur la vie passée de la plaintive, Nafissatou Diallo. Peu de mea culpa et peu de réflexions sur les implications politiques ou juridiques de l’événement, hors le New Yorker.
Le New York Post – tabloïd contre lequel la femme de chambre a porté plainte pour diffamation ce mardi – n’est pas particulièrement tendre avec Dominique Strauss-Kahn. Puisant dans les représentations les plus communes aux États-Unis des Français, le journal titre un article recensant les réactions en France, « Sacré bleu ! Les Français sont carrément prêts à se battre ! », faisant référence à la lâcheté proverbiales aux États-Unis des Français. Un éditorial du même journal titrait « La sale grenouille reste un gros porc » (« The filthy froggy is still a wart hog ») et s’indignait que Strauss-Kahn puisse encore devenir le président de « ce pays sexiste ». L’on s’insurge notamment du fait que cette affaire aurait décrédibilisé durablement toutes les victimes de viol ; l’article se termine par un « Merci pour tout, DSK. Bientôt, tu seras le problème de la France. »
Bernard-Henri Lévy, dans un article publié dans le Daily Beast le 2 juillet, s’est empressé de tirer « cinq leçons » de l’affaire, fustigeant aussi bien l’industrie du spectacle que serait devenue la Justice que la volonté de l’opinion publique de croire sur parole les victimes.
Le New York Times titrait l’un de ses articles : « Indignation, colère et confusion en France à propos de l’affaire Strauss-Kahn ». L’article cite longuement Bernard-Henri Lévy, mais aussi un sondage du Parisien selon lequel 49% des Français étaient favorables au retour de Dominique Strauss-Kahn dans la vie politique ainsi que les paroles de Jean-François Copé, Gérard le Gall et des féministes françaises. La « colère » dont il est question dans le titre porte sur des objets différents : si l’article de Lévy est clairement une apologie de Strauss-Kahn, l’article se termine cependant sur les paroles de Caroline de Haas, rapportées par Le Monde : « Pourquoi faut-il l’affaire DSK pour que la classe politique et le monde de la presse ‘découvrent’ qu’il y a 75 000 femmes violées en France, chaque année ? Que l’inégalité professionnelle demeure la règle ? Que la parité est un mirage ? »
Dans le New Yorker, Judith Thurman regrette s’être empressée de juger Dominique Strauss-Kahn au début de l’affaire ; elle dit avoir été, peut-être « aveuglée par les stéréotypes » ; elle en profite pour mitiger les accusations qui accablent la plaignante depuis les révélations ces derniers jours sur son passé.
Dans un tout autre registre, le New York Times consacre un article à la fuite du sujet du baccalauréat la semaine passée et en profite pour expliquer le fonctionnement du système éducatif français qui demeure bien étrange pour les Américains.