Olivier Cassegrain voit grand. Après un lifting de plusieurs mois, la boutique de Madison devient un temple dédié à la marque avec boutique de 230m2, bureaux et appartement personnel du « boss ».
Des velléités d’exportation
Tout sauf les affaires familiales. L’adolescent part faire une école hôtelière en Suisse, décroche un premier poste au Ritz Carlton à Paris. Les sirènes de l’ailleurs l’attirent à Bora Bora. Rapidement, il se sent claustrophobe sur son île de trois kilomètres de long. Retour à Paris où il travaille à la boutique de la rue Saint Honoré pendant deux ans avec New York en ligne de mire. « J’étais l’expatrié de la famille » explique-t-il. « En ayant étudié deux ans et demi en Suisse et en ayant habité à Bora Bora, j’avais donné des signes de velléités d’exportation. »
Il débarque à New York pour l’ouverture le 21 Août 1999 de la première boutique sur Madison Avenue. « Je n’aurai jamais pensé que j’habiterais au-dessus de la boutique dix ans plus tard. C’est curieux le destin. » Sa sœur Camille, directrice du style de la marque, et son frère, directeur général ont curieusement eu une trajectoire similaire : cinq ans d’expérience « à l’extérieur » avant de venir dans le giron de l’entreprise. Un rite initiatique? Non « une coïncidence », rétorque-t-il. Il qualifie la collaboration d’ « harmonieuse » avec ses frères et soeurs. « Nous sommes chacun dans des sphères différentes. »
Le marché américain est stratégique. « La France représente 40% des ventes de Longchamp. Cela vous donne une idée de la progression potentielle que nous avons aux Etats-Unis qui ne représente que 10% et compte cinq fois plus d’habitants. » Olivier parcourt les centres commerciaux du pays en quête de l’emplacement idéal pour ouvrir une boutique. Il en a neuf en propre aux Etats-Unis actuellement et envisage d’ouvrir une boutique à Miami et à Los Angeles prochainement. Par la suite, il compte avoir des boutiques « dans les grandes villes où [la marque] n’est pas encore présente comme Chicago et Atlanta ». A cela, il faut ajouter les points de ventes à travers le pays, notamment dans les grands magasins comme Bloomingdale’s.
La popularité de Longchamp aux Etats-Unis doit beaucoup au « Pliage », le sac pliable sorti en 1993, un succès mondial qui colle parfaitement aux canons de praticité américains. D’ailleurs, Olivier note une différence culturelle : les Américaines privilégient le « sac porté épaule » qui relève de la faute de goût en France. C’est aussi la collaboration avec l’égérie Kate Moss qui contribue à la notoriété de la marque. Mais Olivier Cassegrain garde les pieds sur terre. « Ce n’est pas mon truc de dire que je suis copain avec Kate Moss. Elle est une égérie formidable mais c’est professionnel. »
Un habitué des soirées new-yorkaises, Olivier a changé de mode de vie à l’approche de la quarantaine. « A 40 ans il fallait que je fasse quelque chose pour me sentir mieux. » En un an, il a perdu 30 kilos. Son secret? « Manger un carré d’agneau, ail, persil avec champignons à la poêle, des tomates à la provençale ou des courgettes au Parmesan. Ceux sont les plats très simples. À New York, personne ne pense à faire ça. » Il passe ses week-ends dans sa maison de campagne dans les environs de New York et s’apprête à courir le marathon.
Le chef de file du clan
« Olivier n’est pas seulement un chef d’entreprise fonceur mais c’est aussi la tête du clan Cassegrain aux Etats-Unis », explique Marie-Laure Fournier, une amie proche d’Olivier. « Tous les ans, quand arrive l’été, on voit arriver des cousins ou des neveux en stage d’été qui sont toujours plutôt jolis garçons. Décidément Longchamp c’est beau à regarder ! »