Renaud Dutreil serait-il Bertrand Delanoë? Non. Toujours est-il qu’à peine débarqué à New York pour prendre les rênes de LVMH à l’automne 2008, Renaud Dutreil rencontre le maire de New York Michael Bloomberg. Ensemble, ils fomentent leur révolution : la bicyclette.
En partenariat avec le département des transports de la ville, LVMH vient de remettre le prix du “Bike in Style Challenge” aux étudiants du Fashion Institute of Technology (FIT). Le défi? Créer des vêtements confortables pour le vélo : un poncho, un blouson, un sac de voyage, pour hommes et pour femmes. Les travaux étaient supervisés par la papesse de la mode Donna Karan, dont la marque est dans le giron du groupe. La gagnante du concours Jessica Velasquez a remporté $5000 et Marion Cotillard, le visage de la nouvelle campagne Lady Dior (la marque fait aussi partie du groupe), était présente pour la féliciter.
French Morning: Comment est né le projet ?
Renaud Dutreil: J’ai rencontré le maire de New York en octobre. Nous avons regardé quels étaient les projets sur les nous pouvions travailler ensemble. L’objectif est de rendre à la mode le fait d’utiliser le vélo comme moyen de transport. Moi-même, je me sers du vélo comme moyen de transport depuis très longtemps, aussi bien à Paris qu’à New York maintenant.
Vous allez au travail à vélo tous les jours ?
Oui sauf quand il pleut à verse ou quand il neige. Depuis le 1er septembre, j’ai dû laisser mon vélo chez moi une quinzaine de jours.
Vous arrivez à garder le style ?
Ce que les New yorkais n’imaginent pas encore est qu’on peut utiliser le vélo et porter un costume ou être une femme élégante. C’est une chose qui à Paris est rentrée dans les mœurs.
Vous portez un casque ?
Non pour dire la vérité mais je devrais.
Ce n’est pas trop dangereux de rouler à vélo dans New York?
Le vélo, comme dans toutes les villes, est en train de se créer son propre espace. La cohabitation avec les autres modes de transport se transforme. Le programme de la ville de New York inclut un ambitieux réseau de pistes cyclables.
Vous êtes adepte du Vélib ?
Je l’utilise quand je suis a Paris. Cela dit, les utilisateurs fréquents du vélo finissent par avoir leur propre vélo. On peut imaginer un New York «éco/bike friendly» sans le Vélib. Le Vélib n’est pas la condition indispensable pour qu’une ville devienne ouverte aux cyclistes. Dans des pays scandinaves, le vélo est un outil démocratique de transport sans pour autant qu’il y ait un système public de Vélib.
Le groupe a-t-il été inspiré par l’élan initié par Obama en matière d’environnement?
[La protection de la qualité de l’environnement] est dans la logique d’un groupe très attaché à la qualité. Pour LVMH, ce n’est pas nouveau. LVMH a été l’une des premières entreprises à proposer à ses salariés un abonnement au Vélib. Récemment, Bernard Arnault a annoncé un investissement dans Edun [une marque de prêt-à-porter éthique, détenue par Bono et sa femme Ali Hewson], ce qui s’inscrit aussi dans la même ligne.
Ce qui est nouveau, c’est que les Américains avec une vitesse très grande, deviennent de plus en sensible à la lutte contre le réchauffement climatique, à la fois d’une façon générale (et ça a été très bien porté par la campagne d’Obama) mais également au niveau individuel avec des projets verts qui se déclinent dans la vie quotidienne des gens. On voit très nettement ce changement s’opérer à New York.
Ses balades favorites à vélo:
“-La bike lane qui longe l’Hudson river est un très bel aménagement urbain, que ça soit au sud vers Battery Park ou au nord en remontant vers les Cloisters.”
“- Sinon Central Park est superbe.”
Ca roule pour Renaud Dutreil
New York s'offre sa "Coulée Verte"
De la quasi-destruction à la renaissance verte, l’histoire de la High Line new-yorkaise est un conte de fée urbain. En 1980, après le passage du dernier convoi de marchandises, trois wagons de dinde surgelée, plus personne ne donnait cher pour la High Line, même pas pour sa démolition: elle n’a jamais été détruite, car personne ne voulait payer.
Heureusement, peut-on aujourd’hui s’exclamer en toute bonne conscience. A partir des années 80, cette ancienne voie ferrée surélevée, qui s’étire le long de l’Hudson River de la 34ème rue au Meatpacking District, devient un jardin sauvage, laissé à l’abandon et ignoré de la plupart des new-yorkais. Construite en 1934 pour désengorger le trafic marchand de la Tenth Avenue, surnommée alors “The Death Avenue“, la High Line ne connaitra jamais une activité commerciale intense, menant bien vite à son oubli.
En 1999, le maire Rudy Giuliani finit même par faire voter sa démolition. Mais entre-temps, deux habitants du quartier, Robert Hammond et Joshua David, ont saisi le potentiel d’une telle promenade aérienne. D’abord, parce que l’époque des entrepôts de viande et des docks à Chelsea n’est plus, et que ces quartiers sont en plein embourgeoisement et reconversion arty. Ensuite, parce que les précédents internationaux ont réussi, notamment La Promenade Plantée à Paris, aussi connue sous le nom de Coulée Verte, qui s’étend de l’Opéra Bastille au Bois de Vincennes.
Sur l’exemple de l’est parisien, Robert Hammond et Joshua David fondent “Friends of the High Line” et proposent un projet complet de réhabilitation de la voie ferrée. Un buzz médiatique et l’intervention de quelques “people” plus tard, et le tour est joué. Qui aurait envie de s’opposer à la transformation d’une ancienne friche commerciale en un jardin? Coût estimé du projet: 170 millions de dollars.
Plus qu’un serpent de verdure, la High Line est devenue un concept et un quartier. Désormais, vous n’irez plus “à Chelsea” ou “près de l’Hudson”, mais dans le “High Line District”. Il faut dire que dans le sillage du parc, de nombreux autres projets se sont mis en place, et pas des moindres. L’inauguration de la première partie de la High Line ce 9 juin coïncide avec l’ouverture du très attendu Standard Hotel du millionnaire Andre Balazc. A son terminus sud (Gansevoort et Washington Streets), l’extension downtown du Whitney Museum est attendue pour 2012. A quelques pas, il y a aussi le Gansevoort Plaza, ouvert depuis 2008, et le High Line Building, un immeuble d’affaire entièrement en verre. Les architectes ne sont autres que Renzo Piano (Whitney), Jean Nouvel (immeuble d’habitation, 11th avenue et 19ème rue), ou encore Frank Gehry (siège social de la compagnie IAC, 18ème rue et 11ème avenue).
Coté pratique, la High Line est un parc uniquement piéton (vélos et rollers interdits), de 2.33 kilomètres de long, ouvert de jour comme de nuit. Les points d’accès, escaliers et/ou ascenseurs, sont situés tous les deux ou trois blocs. Les concepteurs du projet ont voulu rester fidèles à l’esprit d’un jardin secret. Les plantations recréent, dans un désordre soigneusement étudié, une végétation sauvage et parsemée de mauvaises herbes. Outre ces touches vertes, le point fort de la High Line, c’est sa vue: à l’ouest, l’Huson River et la skyline du New Jersey, et à l’est, les toits du lower Manhattan.
En partant du Sud, la première partie de la High Line, de Gansevoort Street au Standard Hotel, est intitulée “the Gansevoort Woodland”. C’est un passage de végétation dense, grâce aux nombreux arbres hauts. De la 14ème à la 15ème rues, il y a peu de verdure mais un “sundeck” pour bronzer et profiter d’une vue sans obstruction sur l’Hudson River. A cet endroit, les bancs ont intelligemment pris la forme de transats. La High Line traverse ensuite le Chelsea Market (15ème et 16ème rues). Ce sera un espace d’expositions temporaires. Après la 16ème rue, la promenade traverse en diagonale la 10ème Avenue: un square a été aménagé, avec des parois en verre au-dessus de la circulation. Direction ensuite la 20ème rue, et c’en est déjà terminée de la première moitié de la High Line qui s’ouvrira mi-juin. La seconde partie, de la 20ème à la 34ème rue, est attendue pour 2010.
Pour les premières semaines, l’accès est limité: la circulation des piétons s’y fera du sud vers le nord. Entrée recommandée par l’escalier de la rue Gansevoort. Ascenseur à la 16ème rue (et à la 14ème à partir de juillet).
Site officiel
L'été de toutes les cultures
1. Danse
– Sitelines 09: La sixième édition du festival organisé par le LMCC (Lower Manhattan Cultural Council) se tient du 31 mai au 13 aout. La priorité est donnée à la danse très contemporaine, provocatrice diront certains, avec cinq compagnies pionnières, qui se succèdent pendant dix semaines. Chacune se produit lors d’une dizaine de spectacles (dans l’ordre chronologique) à Governor’s Island, Staten Island Ferry, Chase Manhattan Plaza, South Street Seaport et Battery Park City. Dates, horaires et infos ici.
– City Parks Dance: Tous les samedis et dimanches du mois d’aout, du 1er au 23 aout, ce sont 13 spectacles dans quatre parcs des Five Boroughs: Queensbridge (Queens), Von King Park (Brooklyn), East River Park (Manhattan) et St Mary’s Park (Bronx). La programmation est éclectique des compagnies de danse classique, contemporaine et de break dance. Les représentations commencent à 5pm, et pour les plus motivés, un cours de danse est offert à 4pm. Toutes les infos ici.
2. Musique
– Summergarden 09 @ MoMA: Tous les dimanches soirs du 5 au 26 juillet, venez écouter un concert de musique classique et/ou jazz dans le jardin du Museum of Mordern Art. Le jardin ouvre à 7pm, et le concert débute à 8pm. Cette année, les jeunes talents de la Julliard School et de Jazz at Lincoln Center font partie des musiciens conviés. Un partenariat musée-musique qui dure depuis 1971. Infos à venir sur le site du MoMA.
– Les concerts du River to River Festival: propose notamment trois événements à pas manquer: la série Summer Stars au mois de juin (à la Pace University) avec des musiciens classiques/jazz/folk; trois représentations exceptionnelles du New City Opera les 25, 26 et 27 juin à 7pm; et la série Seaport Music des groupes rock/pop. Tous les autres concerts sont à retrouver ici.
3. Cinéma
– Movies with a View: Cette dixième édition a lieu tous les jeudis, du 9 juillet au 27 aout, dans les jardins du Brooklyn Bridge Park. La soirée démarre à 6pm avec de la musique live fournie par les Djs de Brooklyn Radio, la chaine de restaurant RICE s’occupe de rassasier votre estomac, et le film commence à la nuit tombée. Cette année, le programme inclue Edouard aux Mains d’Argent, Attrapes-moi si tu peux, ou encore Le retour de la Panthère Rose. Toutes les infos ici.
– Central Park Film Festival: Les séances se tiennent au Rumsey Playfield (entrée par 5th Avenue et 69th Street) du 18 au 22 aout à 8pm (ouverture des portes à 6pm). Ce festival très grand public propose des grandes valeurs sûres du cinéma américain: des James Bond, Sex and the City, Twilight, entre autres.
– Rooftops Films: Ce festival alternatif (pensez Sundance) réunit 20 long-métrages projetés sur différents toits new-yorkais. La plupart sont des avant-premières américaines, voire des premières mondiales. 150 court-métrages ont également été sélectionnés et seront diffusés en début de séances. Ces dernières sont suivies d’after-party (avec open-bar) dans les bars adjacents. Infos et horaires ici.
– Bryant Summer Film Festival: Cette institution des étés new-yorkais démarre le 15 juin, et continue tous les lundis jusqu’au 17 aout. La pelouse ouvre à 5pm pour étaler sa nappe de pic-nic et le film commence à la tombée de la nuit, entre 8pm et 9pm. Cette année, retrouvez Kramer vs Kramer (3 aout), Un après-midi de chien (6 juillet) ou encore Rencontres du Troisième Type (17 aout). Plus d’infos ici.
– Movies Nights on the Elevated Acres: Du 6 au 27 juillet, tous les lundis, le festival rend hommage aux grands classiques du cinéma américain tournés dans les rues de New York. Sept ans de refléxion ouvre la marche (6 juillet), suivi entre autres de West Side Story (20 juillet). Les séances commencent à partir de 8pm à Elevated Acre, une place qui surplombe l’East River. Elles seront précédées par des courts-métrages contemporains. Toutes les infos ici.
– Et aussi: Films on the Green: des films français et écologistes.
Entrepreneurs transatlantiques
Lancée pour la première fois l’an dernier à Paris, la French American Conference of Entrepreneurs (FACE) traverse l’Atlantique. Quelque 300 entrepreneurs français et américains vont se retrouver les 25 et 26 juin pour échanger leurs expériences et étoffer leurs carnets d’adresse.
Lancée à l’initiative de la Chambre de Commerce de Paris, la Conférence entend “rapprocher les communautés entrepreneuriales française et américaine en leur permettant de se rencontrer et d’échanger, de mettre un visage sur leurs noms et de créer ainsi les relations de confiance nécessaires au développement de relations d’affaires solides.”
Du networking, donc, avec une ambition qui dépasse le cadre franco-américain. “Le but est de devenir une conférence d’entrepreneurs, d’Amérique, d’Europe ou d’ailleurs” explique Cedric Auger, “project manager” de la conférence.
Parmi les intervenants, les organisateurs annoncent quelques stars de la création d’entreprise, notamment dans le high tech: Kevin Ryan (fondateur de DoubleClick), Joshua Boltuch, (co-fondateur du site de musique Amie Street), Fabrice Sergent (fondateur de Cellfish Media) ou encore Jason Akerman, co-fondateur de FreshDirect.
Inscriptions et informations ici.
Soirée de lancement:
L’évènement sera officiellement lancé ce mercredi 3 juin par une une soirée, gratuite et ouverte à tous, au Nikki Beach Midtown (50eme rue entre Lexington et 3eme avenue). De 7pmà 11pm.
Au cours de la soirée, une entrée VIP (valeur: $1200 à gagner).
Le français conquiert l'école publique new-yorkaise
Principal de PS 151, entre les quartiers de Woodside et d’Astoria, Jason Goldner a écouté attentivement les deux Françaises lui dire qu’il fallait ouvrir des classes bilingues dans son école. Intéressé… et incrédule. “Un principal cherche toujours à distinguer son école, dit-il, et je trouvais original que le programme soit en français”. Mais il y avait une chose que M. le proviseur redoutait par dessus tout: se retrouver à la rentrée avec de belles classes bilingues à moitié vide. “Prouvez moi qu’il y a assez de parents intéressés ici, et on y va!”.
La soirée cinéma organisée pour relever le défi aura raison des réticences du principal: “j’ai vu tous ces enfants francophones. Je n’avais aucune idée qu’il y en avait autant dans le quartier”.
Pour pousser leur avantage, Virginie Le Lan et Hélène Maubourguet ne molissent pas et se mettent à les deux mamans ont arpenté pendant plusieurs semaines les jardins publics du quartier à la rencontre des familles francophones et anglophones. Les intentions d’inscription ainsi recensées dépassent leurs espérances. « Alors qu’on ne pensait pouvoir ouvrir qu’une classe de Kindergarten, on se retrouvait avec assez de candidatures pour en ouvrir aussi une de 1st grade », raconte Hélène. Aujourd’hui, quelques places restent disponibles, indique le principal.
Selon le principe en vigueur dans tous les programmes bilingues des écoles publiques new-yorkaises, chaque classe doit être composée pour moitié d’élèves francophones et pour moitié de non francophones souhaitant le devenir.
Le programme accueillera à la rentrée une quarantaine d’élèves, répartis dans une classe de Kindergarten (dernière section de Maternelle) et de 1st grade (CP). Les enfants parleront le matin en français, l’après-midi en anglais. Certaines matières spécifiques comme les mathématiques, le sport et la musique resteront enseignées en anglais. Hélène a éprouvé l’efficacité du programme dans une autre école : Alexandre, son fils de 5 ans et demi le suit depuis un ans en Espagnol à PS 166 et « sait aujourd’hui lire et s’exprimer en Espagnol alors que personne ne le pratique à la maison, » se réjouit-elle.
Des classes pleines
En deux ans, PS 151 est la cinquième école publique de New York à ouvrir des classes bilingues Français-Anglais depuis 2007 après Brooklyn (PS 59), l’Upper West Side (PS 84), Harlem (PS 125) et une middle school dans le Bronx (IS22). PS 58 à Brooklyn a une liste d’attente, ainsi que PS 84 dans l’Upper West Side, explique Virginie Le Lan. Ces écoles publiques deviennent aussi courues que le Lycée Français, par exemple. Les familles déménagent dans l’année pour être dans le bon district. »
Financés par la ville de New York, et soutenus par l’ambassde de France via une subvention annuelle, les programmes sont gratuits pour les familles.
L’élan continue. À Brooklyn, un groupe de mamans travaille à l’ouverture de nouvelles classes pour la rentrée 2010, cette fois-ci dans le quartier de Williamsburg, autre enclave francophone.
Les inscriptions sont encore ouvertes pour la rentrée de septembre, contactez :
Naida Ryans, Parent Coordinator, au 718-728-2676.
PS 151 recherche un professeur de français titulaire de l’accréditation délivrée par le New York Department of Education (DOE). Contactez le 718-728-2676.
La bataille de la baguette dans le New Hampshire
C’est une histoire banale: un visa non renouvelé, un business qui s’écroule. Mais c’est une histoire qui finit en pleine page dans le New York Times. Grâce au talent de son auteur (Dan Barry se spécialise, chaque lundi dans le Times, dans les “petites histoires” qui racontent l’Amérique), grâce surtout à la persévérance d’une communauté. “A town fights to save an oasis of baguettes” nous raconte donc l’épique bataille d’une ville du New Hampshire pour sauver sa boulangerie. L’histoire est celle de Marc Ounis et Verlaine Daeron, un couple de médecins parisiens qui décidèrent en 2001 de tout plaquer et de venir ouvrir une boulangerie dans ces confins de la Nouvelle Angleterre. Pari réussi: grâce à l’élégance de la boutique, la qualité des croissants et la modestie du couple, les voilà, nous dit Dan Barry, adoptés par cette bourgade rurale.
Seulement voilà, au cours de l’hiver, la boulangère partie en France pour renouveler son visa d’investisseur apprend la nouvelle: renouvellement refusé pour cause de business insuffisant. Le boulanger a lui, depuis son arrivée, pris la nationalité américaine, mais il annonce la nouvelle: faute de boulangère, il va falloir fermer. C’est là où l’histoire devient fable de la démocratie en Amérique. Le bon peuple de Colebrook s’insurge qu’on veuille lui enlever ses baguettes et brioches et, surtout, qu’un bureaucrate d’ambassade ose suggérer que le boulanger faisait un business “marginal”. On pétitionne, on écrit à son sénateur. La fin (et la morale) de l’histoire est ici. Nous préserverons le suspens (mais ça finit bien).
Il y a un Français que la Nouvelle Angleterre et le Boston Globe en particulier renverraient bien chez lui: Charlie Girard, un obsessionnel de la traversée de l’Atlantique à la rame qui, après plusieurs tentatives avortées a, une nouvelle fois, été secouru, quelques jours après avoir quitté Cape Cod. “Coût pour le contribuable américain, s’insurge le quotidien: 80 000 dollars”…
De la brioche aux spiritueux: le San Francisco Business Times nous apprend, que le rosé français est “hot”, même s’il est servi frais: ses ventes ont augmenté de 42 % en un an, alors que le reste du secteur viticole souffre de la crise. De son côté, le Wall Street Journal teste quelques rosés américains et conclue que “les Français continuent de donner le ton en matière de rosés”.
Sans rapport connu avec le rosé, la bourde de l’Elysée, qui a oublié d’inviter la reine d’Angleterre aux célébrations du 65ème anniversaire du débarquement le 6 juin, amuse beaucoup les journalistes américains. Politico raconte comment Obama “essaie d’obtenir une invitation pour la reine”.
Les bons plans shopping de la semaine
Du très fashion:
– Parlor Showroom: entre -40% et -70% sur les lignes des créateurs branchés Samantha Pleet, Rachel Antonoff, Lorick, Patrick Pleet et Timo Weiland. Jusqu’au 31 mai, de 11am à 7pm. @ 7 Mercer St., près de Howard St., 2ème étage, Ste. 2E (212-226-8777).
– Big Drop: c’est déjà l’heure des soldes d’été dans cette chaine de magasins. Comptez jusqu’à -50% sur les créations de 3.1 phillip lim, McQ by Alexander McQueen, JBrand, LaRok, etc. Pour retrouver les adresses et les horaires des différents magasins, c’est ici.
– Zero + Maria Cornejo: -40% sur une sélection d’articles de la collection printemps/été 2009 et sur la collection Resort 2008. Comptez entre $400 et $500 pour une robe au lieu de $700 et $900. Jusqu’au 24 juillet, du lundi au samedi de midi à 7pm, le dimanche de midi à 6pm. @ 33 Bleecker St., près de Lafayette St. (212-925-3849).
– Opening Ceremony: -50% sur les marques Vena Cava, Boy, et sur la ligne éponyme du magasin. Jusqu’à épuisement des stocks. Du lundi au samedi de 11am à 8pm, dimanche de midi à 7pm. @ 35 Howard St., près de Broadway (212-219-2688).
– Aloha Rag: la boutique du West Village organise des vastes soldes pour une journée seulement -ce samedi. Quelques heures donc pour profiter de -70% sur les créations de Phillip Lim, Lanvin, Jil Sander, Martin Margiela, Tim Hamilton, Rogan, et plus. Samedi 30 mai, de midi à 8pm. @ 505 Greenwich Street, entre Spring et Canal streets; (212-925-0882).
Le supermarché des créateurs continue:
– Save Fashion Encore!: le site de mode Refinery 29 repousse la fermeture de son pop-up shop à prix cassés au 12 juin. C’est-à-dire que vous avez désormais jusqu’au 12 juin pour profiter des pièces des créateurs Whyred, Steven Alan, Filippa K, Sophomore et bien d’autres encore à -90%. Du lundi au samedi de 10am à 9pm, dimanche de 11am à 7pm. Fermé le jeudi. @ Save Fashion, 641 8th Avenue, près de 41st Street.
Des must-haves colorées et estivaux:
– Court: jusqu’à -70% sur la collection printemps du magasin, qui inclue les marques Sophomore, Tashkent, Bijules et Kerrigan. Également en solde, les cravates de Brendan Connolly, dont les prix sont compris entre $15 et $25. Jusqu’au 31 mai, de midi à 8pm. @ 178 Mulberry St., près de Broome St. (212-925-1022).
– Nicholas K: les invendus de la collection printemps 2009 voient leurs prix baisser de 50% à 60%. Pour les hommes et les femmes. Samedi 30 mai de 11am à 7pm, et dimanche 31 mai de midi à 6pm. @ 208 W. 29th St., près de Seventh Ave.
– Daryl K: -40% sur tous les accessoires et les habits printemps 2009, ainsi que sur la collection de la ligne jumelle Kerrigan. Durant tout le mois de juin, du lundi au samedi de 11am à 7pm, dimanche de midi à 6pm. @ 21 Bond St., près de Lafayette St. (212-529-8790).
Pour préparer l’été:
– DVF: -75% sur les paréos, les hauts et les jupes d’été, et les maillots de bain. Mardi 2 juin de 9am à 6.30pm, Mercredi 3 de 10am à 8pm, Jeudi 4 de 10am à 7Pm, Vendredi 5 de 9am à 5.30pm et Samedi 6 de 9am à 3pm. @ 260 Fifth Ave., près de 28th St. (212-725-5400).
– G-Star: entre -30% et -50% sur une sélection de jeans et de vêtements printemps/été 2009. Jusqu’à épuisement des stocks. @ 441 Broadway, près de Grand St. (212-625-3702); @ 270 Lafayette St., près de Prince St. (212-219-2744); @ 873 Broadway, près de 18th St. (212-253-1117).
Rien que pour les hommes:
– Yoko Devereaux: messieurs, rendez-vous à Brooklyn pour les sample sales de ce jeune créateur en vogue. Les t-shirts sont à $20, les vestes à $80, et les shorts à $25 au lieu de prix à 3 chiffres. Samedi 30 mai de midi à 7pm, dimanche 31 de midi à 6pm. @ 338 Broadway, entre Keap et Rodney streets; Brooklyn; (718-302-1480).
Un coup dans le nez
Si les parfumeurs français sont légion dans les labos des maisons de parfumerie à New York, Christophe Laudamiel est unique en son genre. Tout d’abord, il y a sa crête iroquoise : une marque de fabrique chez ce quarantenaire qui dénote dans le paysage. Ensuite, il y a son obsession. Quand d’autres parfumeurs rêvent de créer un nouveau Chanel No. 5, Christophe Laudamiel a d’autres idées dans le museau.
Cela fait cinq ans que cet ancien parfumeur à IFF (International Flavors & Fragrances Inc) concocte les notes d’un opéra olfactif à ses heures pas perdues. Green Aria est une oeuvre d’une demi-heure basée uniquement sur des senteurs et des sons. L’entreprise est ambitieuse. Il s’agit de dépasser la notion wagnérienne de ‘Gesamtkunstwerk,’ l’oeuvre d’art totale, mêlant musique, poésie, peinture. “L’idée est de créer un opéra multi sensoriel impliquant tous les sens”, explique Stewart Matthew, un ancien banquier d’investissement de Wall Street, qui a écrit le libretto de Green Aria avec les compositeurs Nico Muhly et l’ancien collaborateur de Björk Valgeir Sigurdsson.
Mal de tête garanti?
Le principe : les spectateurs seront dans le noir et 22 parfums secs de 100g chacun seront vaporisés par le biais de micros attachés aux sièges. Aux questions artistiques (La mémoire olfactive est-elle suffisante pour suivre une narration?) se sont ajoutés de sérieux défis techniques. “Le défi principal était l’absence de technologie pour les systèmes de diffusion individuels”,explique Stewart Matthew. «Les parfums sont conçus pour éviter les risques d’allergie. Tous sont approuvés par les standards de sécurité américains», assure-t-il. Les deux compères ont fondé ensemble Aeosphere, une société de “média olfactifs” basée à New York. Jerry Vittoria, président parfums à Firmenich North America, la maison de parfumerie qui a fourni les parfums explique : “Ils ont mixé l’art et la science. Cela a été fait avant mais ce qu’ils ont fait est de perfectionner l’équilibre comme jamais auparavant”.
Le parcours de Laudamiel oscille entre le commercial et l’expérimental.
Il a cosigné le bestseller Polo Blue for Men de Ralph Lauren, pour lequel il a reçu un FIFI Award, un “oscar” de l’industrie. Un tel succès ne saurait masquer son côté artiste torturé. Étudiant à l’École Européenne des Hautes Études des Industries Chimiques à Strasbourg, Christophe Laudamiel lit Le Parfum de Patrick Süskind. Il est fasciné par le personnage principal, le monstrueux Grenouille qui recherche sans cesse de nouveaux accords de parfum, notamment celui d’une vierge assassinée.
Il cherche à illustrer les scènes du livre par des parfums et au-delà de créer une sorte d’anthologie du parfum. C’était bien avant de savoir qu’une adaptation au cinéma du roman éponyme était en préparation. La sortie du film donne lieu à une collaboration avec Thierry Mugler pour un coffret de 15 senteurs illustrant les scènes clés du film. Christophe Laudamiel tente même de mettre en place un système de dissémination des parfums pour la projection parisienne. Hélas, la technologie est plutôt rudimentaire.
Le parfum des subprimes
L’iroquois décoiffe aussi le forum économique mondial de Davos en Janvier 2008. L’économie sent le roussi. Les organisateurs se tournent vers Christophe Laudamiel et lui demandent de créer des senteurs pour les salles de conférences. Hélas encore, à Davos le parfum ne suffit pas à adoucir pas les mœurs. Les ténors ne trouvent pas la potion magique pour prévenir la crise économique. Mais Laudiamel de son côté tient la formule, celle qui le mène à la création de Green Aria. Cela marque-t-il la fin de sa quête frénétique? Rien n’est moins sûr.
Green Aria – a ScentOpera – Works & Process
Dimanche 31 Mai, 19h30 et 21h30
Lundi 1 Juin, 16h30, 19h30 et 21h30
Réception avec l’équipe créative et le public dans la rotonde de 20h30 à 21h30
The Peter B. Lewis Theater
Solomon R. Guggenheim Museum
1071 Fifth Avenue at 89th Street
Entrée : $30, $25 pour les membres du Guggenheim, $10 pour les étudiants
(212) 423-3587
worksandprocess.org
Les deux performances sont complètes
Lady Chicago chante le Blues
Pour le plus grand plaisir des amateurs de blues, les 12,13 et 14 juin prochains se tiendra sur les rives du lac Michigan le Chicago Blues Festival. Trois jours de musique pratiquement non-stop sur six scènes différentes et plus de 500 000 spectateurs au total!
Belle occasion de programmer un week-end à Chicago pour découvrir, entre deux concerts, l’une des villes les plus agréables des Etats-Unis, également l’une des plus élégantes.
Chicago est à taille humaine. Ses rues débouchent souvent sur des places où il est agréable de se retrouver et de passer un moment. Autre qualité très appréciable, Chicago est une ville verte, grâce à ses nombreux parcs et… bleue, car au bord de l’immense Lac Michigan.
Vous ajoutez une architecture qui va de l’Art Nouveau aux styles les plus contemporains, des musées parmi les plus prestigieux du monde et vous obtenez tous les ingrédients nécessaires à un super week-end.
Si vous allez à Chicago pendant le Blues Festival, vous serez, comme tout le monde, littéralement happé par les concerts. Prévoyez tout de même un peu de temps pour vous balader, vous trouverez ci-dessous les incontournables de Chicago, dans le Loop, bien sûr, le quartier des affaires, avec la géante Sears Towers, 442 mètres, plus grand building d’Amérique en attendant le Chicago Spire qui, en 2010 devrait tutoyer les 610 mètres de hauteur. Si vous préférez vous y rendre plus tard, notez que les 27 et 28 juin aura lieu le Randolph Street Market Festival qui est un rendez-vous « brocante » des plus fameux.
À voir absolument:
– La vue depuis le 94e étage du John Hancock Center plutôt que de la Sears Tower
– Le charme post-industriel des vieux hangars de River North, transformés en galeries
– Les nombreuses demeures historiques du quartier huppé de Gold Coast
– Union Station, pour se rappeler que Chicago fut un carrefour ferroviaire essentiel au pays
À faire absolument:
– L’Art Institute of Chicago, pour ses peintures impressionnistes et post-impressionnistes
– La croisière « architecture » sur la Chicago River, meilleure façon d’apprécier la ville
– Rouler à vélo sur la piste cyclable qui longe le lac Michigan
– Visiter le Museum of Science and Industry, avec son sous-marin, ses simulateurs de vol, …
– Se rendre à Six corners Intersection pour être sûr d’être là où il faut vivre la nuit
– Si vous aimez le jazz, pousser la porte de la Jazz Record Mart, La boutique de disque
– Arpenter les allées du Randolph Street Market Festival (5 week-ends dans l’année, dont les 27 et 28 juin), pour ces milliers d’objets vintage.
Comment y aller ?
En avion : deux heures de vol depuis New York, ensuite, le Go Airport Express vous transporte downtown pour 46$ l’AR.
Où dormir ?
Chicago possède l’un des parcs hôteliers les plus importants des Etats-Unis. Vaste choix toutes catégories confondues. L’hôtel Allegro, de la chaîne Kimpton, situé au cœur du Loop, est l’une des meilleures adresses de la ville. Pour séjourner au bord du lac Michigan, vous pouvez choisir le B.W Grant Park, un hôtel simple avec piscine extérieure ou, plus chic, le W Chicago Lakeshore du groupe Starwood.
Une adresse pour se restaurer ?
Chez Moto, 945, West Fulton Market Street, pour une expérience culinaire un peu folle, surprenante et singulière.
Un dernier conseil ?
Chicago Blues Festival oblige, les hôtels seront très demandés. Mieux vaut réserver.
(Lire aussi: Thierry Beaumont rejoint French Morning).
Thierry Beaumont rejoint French Morning
Envie d’idées week-ends ou d’une semaine de vacances sur le continent Américain? Regardez French Morning d’encore plus près. L’équipe du premier web magazine francophone des Etats-Unis a le plaisir d’annoncer une recrue de choix. Thierry Beaumont, chroniqueur tourisme de France Info notamment, nous livrera désormais toutes les deux semaines, ses bons plans et astuces pour partir en week-end ou en voyage un peu plus lointain à partir de New York.
Pour profiter d’un festival, se prélasser au soleil ou arpenter les rues d’une ville méconnue, il nous emmènera à la rencontre d’endroits méconnus ou nous fera redécouvrir des destinations qu’on croyait connaître. Avec toujours les conseils pratiques et les bons plans qui font le délice des auditeurs de France Info depuis quinze ans.
Et comme toujours, n’hésitez pas à ajouter vos bons plans à vous ne postant vos commentaires.
Il commence sa chronique par un voyage à Chicago.
Nicolas Sarkozy, people malgré lui.
Une fois n’est pas coutume, l’actualité judiciaire française occupe les gros titres de la presse américaine. Il y a bien sûr l’ouverture du procès contre l’Église de la Scientologie (NY Times, CNN ), mais aussi l’affaire Ilan Halimi, assassiné sauvagement il y a trois ans. Pour Meg Bortin, dans le New York Times, il est stupéfiant qu’un tel procès soit interdit au public (selon la loi française, il en va ainsi lorsque les accusés sont mineurs au moment des faits). Pas de médias, pas de débats, regrette-t-elle. “La culture du secret” ne s’accorde pas avec la démocratie.
Le constat est désastreux: de 6 millions de lecteurs après guerre, la presse française est passée à 1,5 millions aujourd’hui. Pas étonnant que Bruce Crumley dans le TIME Magazine consacre un long article à la mort annoncée des quotidiens nationaux. Le prétexte: ce jeudi de l’ascension, Libération n’est pas paru en kiosque pour faire des économies d’impression. “French Newspapers do face problems of their own”. Pourtant, rien de très nouveau avec la concurrence d’Internet et des gratuits, et la baisse du lectorat. En vertu de la loi selon laquelle l’Europe suit l’exemple américain avec quelques années de retard, Bruce Crumley prédit ainsi pour la presse hexagonale une situation au moins aussi catastrophique qu’aux États-Unis. A la différence près que, si les quotidiens américains vont survivre grâce à “la flexibilité et l’innovation“, les Français vont s’enfoncer dans la crise à cause de “leur rigidité“.
L’économie française toujours, avec Edward Cody qui rapporte de Menton pour le Washington Post. A travers l’exemple de deux retraités, il explique comment les aides sociales permettent “d’immuniser contre la crise“. Enfin de la reconnaissance pour le système de redistribution à la française!, a-t-on envie de s’exclamer. Pas si vite, l’étranger n’accorde qu’un “respect réticent” à ce principe d’intervention de l’État , et “réticent“, c’est tout à fait le ton de ce très dense article. C’est à raison, explique le journaliste: au moment de la reprise, la France sera alors pénalisée par son manque de compétitivité. Cela a beau être la crise, le “free market” aura le dernier mot.
Économie et diplomatie dans Newsweek, avec un post qui passera sûrement aussi inaperçu que son sujet. La France s’impose en Irak au détriment des États-Unis. Ce n’est pas sans rancœur que le journaliste annonce cela. Son pays “a beau faire la guerre en Irak”, c’est la France qui gagne la bataille des parts de marché. Et double ses représentations diplomatiques sur place.
Dans World Politics Review, un magazine contributif sur l’actualité politique mondiale, Arthur Godhammer, membre du centre des European Studies à Harvard et fin connaisseur de la culture française, revient avec nuances sur deux ans de présidence Sarkozy. Il tente d’expliquer un paradoxe bien français. Alors qu’il a mis en place la majorité de son programme de réforme, le chef de l’État récolte aujourd’hui plus de 70% d’opinions négatives. Et pourtant, plus que jamais, les Français placent en lui leurs espoirs et espèrent sa réélection pour 2012. Les variables politiques sont denses, mais pour l’éditorialiste, il ne fait plus aucun doute: “In many ways, Sarkozy has proved to be his own worst enemy“.
A l’opposé de cette analyse politique, les article “people'” sur le président français fleurissent sur la toile américaine. Il y a d’abord les commentaires moqueurs sur la vidéo de son intervention lors de rencontre à l’Elysée entre Carla Bruni et les journalistes de Femmes Actuelles (Examiner NY, CNN). The Digital Journal, spécialisé dans l’actu du net, retient quant à lui que Sarkozy veut se donner une image “modern and funky guy” avec sa nouvelle page facebook. “Si vous êtes un die-hard Nico Fan, vous allez désormais pouvoir devenir son ami, au coté de plus de 97 995 autres internautes“. Le président est en effet une star du web, à l’inverse, selon la rumeur, de Chirac “qui sait à peine se servir d’un ordinateur“, et Ségolène Royale “tellement imbue d’elle-même que cela fait longtemps qu’elle a arrêté de se faire des amis“.
Des escargots au milieu des pizzas
Certainement un des premiers à convertir les habitants de Brooklyn aux vertus des escargots à l’ail, le bistrot français Patois a régné pendant dix ans sur Smith Street et le quartier de Caroll Garden. En janvier 2009, il annonçait sa fermeture, pour cause non-renouvellement de son bail, au plus grand désespoir des habitués. Il faut dire qu’en dix ans le brunch de Patois était devenu une institution: $12.95 pour un confit de canard et des mimosas (champagne et jus d’orange) illimités…de quoi finir un week-end déjà bien arrosé en beauté.
Bye bye Brooklyn, hello Manhattan, c’est désormais en plein cœur de Little Italy, sur Mulberry Street, que Patois a élu son nouveau et improbable domicile. Le bistrot occupe le numéro 177, dans ce qui était auparavant l’arrière-salle du restaurant italien adjacent, Grotta Azzura. Mais si Patois s’est expatrié downtown, que ses clients se rassurent, les propriétaires promettent: “la même bonne cuisine, les mêmes bons vins et les mêmes désagréables serveurs“.
La promesse est tenue, et la carte de Patois propose fidèlement les grands classiques incontournables de la cuisine de bistrot. Coq au vin blanc ($18), magret de canard et artichauts ($24), bavette et purée ($19), truite fumée et ratatouille ($18), la carte est identique plat par plat à celles de toutes les brasseries parisiennes. A défaut d’originalité, les prix sont modérés, surtout si l’on considère la nouvelle formule prix fixe pour le soir: pour $19.95, vous avez le choix entre trois entrées (salades ou charcuterie) et trois plats (poulet, poisson ou noix de bœuf). Si des envies de desserts vous assaillent, les immanquables fondants au chocolat, crème brûlée et tarte tatin (entre $7 et $9) sont au rendez-vous.
Sans être exceptionnelle, la cuisine est honnête. On ne vient pas là pour s’extasier sur les saveurs, mais plutôt pour les prix abordables. En revanche, le restaurant dégage une désagréable impression de cliché touristique. La décoration accumule les poncifs du style “brasserie” : banquette en cuir, sol à carreaux, affiches Gitane et Pastis de l’Entre-deux-guerres. Situé au croisement de Mulberry Street et Broome Street, un choix incongru pour un restaurant français, Patois est noyé dans l’empire touristico-gastronomique établi depuis des décennies par les dizaines de ristorante et autres trattorias des environs. Le bistrot partage en toute intimité ses cuisines et ses facilités avec la pizzeria voisine.
On ne pourra pas reprocher à la nouvelle version de Patois de s’inscrire dans la tradition française, c’est l’effet recherché. Malheureusement, la tradition se confond ici davantage avec le manque d’originalité qu’avec l’authenticité. A défaut de séduire les fins gourmets, le restaurant offre en guise de consolation une carte économique et copieuse. Le midi, le restaurant défie toute concurrence en affichant un menu à $9.95: salade niçoise, croque-monsieur, omelette, hachis parmentier…à ce prix là, on aurait tort de se priver d’un petit bout de France à la pause-déjeuner.
Patois, 177 Mulberry Street
212-925-8157