Cela fait depuis 2001 que Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil partagent leur temps entre la France et New York, entre d’une part leurs activités de metteurs en scène à Bordeaux, et d’autre part celles de directeurs artistiques de l’OFNY (Opéra Français de New York). Sept ans d’échanges transatlantiques fructueux, puisque selon Olivier, “notre expérience européenne nous sert ici, et notre expérience américaine en Europe“, et qui trouvent aujourd’hui un nouvel aboutissement avec la présentation au Florence Gould Hall de Marie-Galante le 13, 15 et 16 novembre. Ecrit pour la scène française par l’allemand Kurt Weill, cet opéra injustement méconnu est un mélodrame sur une sombre affaire de prostitution entre la France et le Panama dans l’entre-deux guerres.
Pour comprendre la genèse de ce projet, il faut remonter deux ans en arrière. Outre leurs compétences de metteurs en scène, Olivier et Jean-Philippe sont également, de leurs propres aveux, des rats de bibliothèque, dont une majeure partie du travail consiste à écouter, fouiller et disséquer le patrimoine musicale francophone avec une prédilection pour les œuvres disparues. A partir d’extraits chantés de Marie-Galante, et de recherches titanesques dans les archives, ils ont progressivement reconstruit le fil musical de cet opéra écrit entre 1933 et 34, joué une fois en 34 à Paris, et abandonné dans les limbes de l’oubli depuis.
Deux choses ont particulièrement interpellé les deux directeurs artistiques avec cette pièce. D’abord, “un mélange d’univers intéressant” selon Clarac: Marie-Galante n’est en effet pas un opéra au sens conventionnel du terme, mais d’avantage du théâtre chanté. L’alternance de passages parlés et de chants a été un défi de mise en scène, pour le plus grand plaisir d’Olivier et Jean-Philippe, qui ont toujours été animés par un grand souci de théâtralité. Ensuite, la double carrière de Kurt Weill en fait un pont naturel entre l’Europe et les États-Unis. Bien qu’il ait commencé à composer en Europe, avant de fuir les nazis et la guerre, il est devenu une star des musicals de Broadway dans les années 50. C’est donc un nom que beaucoup d’américains connaissent, mais certainement pas en tant que compositeur d’opéra français.
C’est justement la volonté de proposer une nouvelle vision du répertoire musical français qui est au cœur de la démarche new-yorkaise d’Olivier Deloeuil et Jean-Philippe Clarac. Ce dernier explique qu’à l’étranger, “le répertoire français est trop souvent restreint à quelques titres”. “Nous voulons faire comprendre qu’il y autre chose que «Carmen» ou les «Contres d’Hoffman»”. Et afin d’attirer les foules pour des œuvres quasi-inconnues, ils jouent sur un savoir-faire à la française. “Nous voulons défendre une qualité haute-couture et vendre la France, non comme un drapeau, mais comme des valeurs, un savoir-faire” continue Olivier. Ils se défendent d’être nationalistes. “Au contraire”, disent-ils d’une même voix, “nous essayons de jouer de nombreux compositeurs étrangers, à condition qu’ils aient écrit en français”.
Depuis sa création en 1988, l’OFNY a toujours fait le choix d’un “positionnement niche” que Clarac résume ainsi: “une programmation très choisie et très pointue, des apparitions précises, peu de dates, dans un lieu toujours chic”.
Il faut croire que cela fait vingt ans que cette stratégie est la bonne. “Nous n’avons aucun problème pour remplir!” s’exclame Jean-Philippe. “New York est une des villes les plus snobs du monde, avec des gens cultivés toujours en quête de nouveauté“. Les productions de l’OFNY attirent la plupart du temps la curiosité des critiques et du public new-yorkais, expliquent les deux directeurs artistiques qui se félicitent d’un très bon papier dans Time-Out et d’une interview à venir dans le New York Times. Mais cette curiosité est également le revers de la médaille d’une scène artistique marquée par le conservatisme. Aux dires d’Olivier, aux États-Unis, l’argent de la culture est un argent vieux. L’OFNY, une non-for-profit organization, se finance à 95% par des fonds privés, or le mécénat est souvent un mécénat de personnes âgées, frileuses à la nouveauté. C’est donc un défi pour Jean-Philippe et Olivier d’arriver à communiquer avec le public new-yorkais, d’autant plus que la censure est ici beaucoup plus sévère qu’en Europe. “Il ne s’agit pas de chercher à choquer, mais c’est intéressant de se poser justement la question de comment faire passer un message à un public donné”. Pour eux, il est certain qu’aujourd’hui le dynamisme et l’expérimentation culturelle sont à chercher du coté de l’Europe. Et c’est d’ailleurs la raison de leur présence, ici, à New York: “Nous avons été importés, c’est bien la preuve!”.
Après New York, de nouveaux projets attirent Jean-Philippe et Olivier. Chigago, Los Angeles, San Francisco, pourquoi pas Miami, leur objectif est maintenant de sortir de l’ilot new-yorkais, “voir si le concept de l’OFNY peut marcher ailleurs”. Un objectif difficile lorsque l’on sait qu’avec la crise économique, les sponsors sont devenus encore plus peureux. Oui mais, “nous avons diversifié nos sources de financement” explique Clarac, “avec la fondation Jean-Luc Lagardère depuis deux ans“, “et nous comptons sur des soutiens durables“, notamment au sein de la communauté française. Et comme il n’oublie pas de le rappeler: “le but pour nous n’est pas que l’OFNY devienne une grosse entreprise. Cela doit rester une petite entreprise très élégante”.
Marie-Galante à l'Opéra Français de New York.
Sarkozy et la sexualité des français.
Après une presse mirifique pour Sarkozy le-nouveau-leader-de-l’Europe, le vent tourne dans les médias américains. Sa capacité à construire un front européen uni face à la crise est aujourd’hui remise en doute. Dans le cadre des réunions préparatoires pour le sommet économique du 15 novembre, qui se veut un “Bretton Woods II”, The Christian Science Monitor souligne que l’attitude de la France commence à s’attirer les foudres de ses voisins européens, et en premier lieu celles de l’Allemagne. Nicolas Sarkozy continue en effet de soutenir des mesures auxquelles s’est violemment opposée la chancelière allemande, qui menace de répondre par un blocage du processus des réformes.
Deux autres initiatives françaises sont également contestées par certains pays qui craignent un coup d’état sarkozyste: prolonger de six mois la présidence de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Union Européenne, et placer des français aux postes clés de la Banque Centrale Européenne. Le New York Times insinue que l’hyperactivité du président français devient désormais contre-productive. Sarkozy aurait-il les yeux plus gros que le ventre? A proposer chaque jour de nouvelles mesures, il risque de décevoir pour toutes celles qu’il ne pourra pas réaliser. Et à privilégier la quantité et la rapidité sur la réflexion, il multiplie le risque d’erreur. Le journaliste du Christian Science Monitor rappelle ainsi qu’avec son projet de Bretton Woods le 15 novembre, il a surement vu trop grand étant donné le manque d’unité interne de la scène européenne et le scepticisme d’acteurs majeurs tel que les États-Unis ou la Chine. Le Wall Street Journal du 30 octobre conclue: “Not-so-super Sarkozy“.
Au milieu de cette effervescence économique et européenne, ce dernier a également trouvé le temps de soulever une controverse diplomatique, à la une de l’édition Poligazette du 28 octobre. Sarkozy aurait déclaré à l’abri des caméras, en début de semaine dernière, que les propositions de Barack Obama en matière de politique étrangère étaient des “formules vides de sens” et “immatures“, en référence à la volonté du candidat démocrate de rencontrer Mahmoud Ahmadinejad sans préconditions.
Dans Newsmax du 29 octobre, David Pattern reprend l’affaire et explique que le président français craint que l’attitude américaine à l’égard de l’Iran ne s’adoucisse si Obama est élu, alors qu’il est lui-même à la tête d’une coalition de nations qui prône la ligne dure contre le programme nucléaire iranien. Mais surtout, Obama risque de remettre en cause ce front commun contre l’Iran, et le rôle de la France au sein de ce dernier, si il engage des négociations unilatérales avec l’Iran. La Poligazette comprend les inquiétudes de Nicolas Sarkozy, et les qualifie de “logiques” et “prudentes”.
Logiques et prudents, les services consulaires français le sont tout aussi, puisque dès le lendemain, ils ont démenti ces propos attribués à Sarkozy. Un communiqué de presse hautement diplomatique à la veille d’une élection ou Barack Obama a toutes les chances d’être élu….
Malgré cet éventuel désaccord de politique étrangère, Sarkozy et Obama seraient bien plus proches idéologiquement que l’on ne pourrait le croire, selon un article intitulé “Our first French president?” et publié dans un journal conservateur, HumanEvents. Pour le journaliste, le problème avec Obama n’est pas tant lié à sa race ou son ethnie qu’à son identité culturelle, proche de la mentalité française. Par exemple, le candidat démocrate propose un “day-off” le jour des élections -un jour férié comme on dit chez nous. Abération s’exclame Jed Babbin, cela signifie 22,3 milliards de pertes économiques! Apparemment, en France nous n’avons pas ce genre de considérations puisque nous avons les 35 heures, ponctuées de grèves et de cinq semaines de vacances. Mais aux États-Unis, eux, ils travaillent. Et c’est dans leur culture, qui n’est pas celle de M. Obama donc. Effectivement, puisque ce dernier est en réalité un adepte du socialisme à l’européenne, c’est-à-dire un mélange de progressisme débridé, de redistribution et d’atteinte aux libertés personnelles et à la libre-entreprise. Jed Babbin explique ainsi que la constitution française plairait surement bien plus au candidat démocrate que celle de son propre pays, puisque l’interventionnisme de l’Etat y est inscrit. Il enfonce le clou quelques lignes plus bas en ajoutant que Obama est en réalité “génétiquement français“. Et il faut croire que c’est une tare irrémédiable. Pauvres de nous!
Pour les anti-français, une autre preuve de l’incompétence française est aussi à rechercher du coté de Dominique Strauss-Kahn au FMI. Bien malgré lui, il est venu conforter l’image du français coureurs de jupon par sa liaison avec une de ses subordonnées. Heureusement, le mot de la fin est arrivé, puisque abus de pouvoir il n’y a pas eu. Un article du Washington Post titre ainsi sur le soulagement de la France et des français. Selon Edward Cody, toute la classe politique française était unanimement inquiète que cette affaire aurait pu salir l’honneur de la France à l’étranger, et a fait bloc derrière DSK. Certains y ont vu une tentative volontaire des américains pour déstabiliser le leader socialiste à la tête du FMI. Et personne, à l’intérieur de cette dernière, n’a omis de railler la pudibonderie américaine, soulignant qu’en France une telle histoire n’aurait jamais éclatée.
Pourtant, si les Français ont moqué l’Amérique prude, ils seraient en fait plus coincés qu’ils ne veulent bien l’admettre selon Elaine Sciolino dans le New York Times. Le prétexte de son article est la sortie cette semaine en France du film “Cliente” de Josianne Balasko, avec Nathalie Baye dans le rôle du personnage principal, une femme d’âge mur qui paie pour du sexe. La réalisatrice explique par ce film vouloir lever un tabou, à savoir celui du plaisir féminin. La journaliste la reprend et explique que si la France est traditionnellement moins torturée dans son rapport à la sexualité que les États-Unis, de nombreuses frontières restent à transgresser. Le pays se trouve justement à un moment clé ou la question de la place du sexe dans la société et celle du respect de la vie sexuelle des célébrités sont posées. Pour Elaine Sciolino, les choses ont commencé à changer avec l’exposition de la vie privée de Nicolas et Carla Sarkozy, ou celle de la grossesse de Rachida Dati. Elle note aussi plus d’articles sur la sexualité des femmes dans les journaux, et une promotion des films pornographiques réalisés par ou pour des femmes. Néanmoins, la société française reste confrontée à un paradoxe de taille, entre sa volonté d’être ouverte sur la question du sexe d’un coté, et de l’autre, vouloir garder la chose secrète et privée. Porter un jugement sans être fermé d’esprit, telle est l’ambiguïté des français face à leur sexualité.
French Canular pour Sarah Palin
Les Justiciers Masqués, deux comédiens montréalais qui avaient déjà piégé Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, ont parlé pendant près de six minutes à la gouverneur de l’Alaska en se faisant passer pour un Nicolas Sarkozy, parlant anglais avec un accent français très prononcé (mais moins que le vrai Sarkozy).
A Sarah Palin, qui lui dit l’admiration qu’elle et John McCain lui portent, le faux Sarkozy explique qu’il suit de près sa campagne “avec mon conseiller spécial Johnny Hallyday”. Il lui dit aussi adorer la chasse et aimerait “aller chasser en hélicoptère” avec elle. Les comédiens font au passage une allusion à l’accident de chasse de Dick Cheney, l’actuel vice-président américain, à laquelle Sarah Palin répond: “je tirerai prudemment”.
Sans qu’on sache bien si le fort accent de son interlocuteur l’empêche de tout comprendre, Sarah Palin subit sans mot dire le “compliment” de son interlocuteur sur “le dernier documentaire qui vient de sortir sur vous, “Who is nailing Palin” (en réalité un porno produit par Larry Flint).
Ecouter le canular:
Document associé
Qu’est-ce qui fait courir les Français à NY ?
Ils arrivent ils sont là: on les reconnaît dans la rue à leurs sacs aux couleurs orange, à leurs tennis. Les coureurs du marathon sont là en masse. Parmi eux, 4000 français, dont plus d’un tiers, sont venus accompagnés de leurs amis ou de leur famille en voyage organisé avec Thomas Cook, l’un des précurseurs de l’organisation de voyages vers les plus grands marathons du monde.
Champions, néophytes ou habitués des marathons se côtoient, avec chacun son objectif. Bernard Thierry, 51 ans, recherche avant tout la convivialité et la bonne ambiance qu’il y a «autour du marathon». Accompagnateur pour Thomas Cook, il court son premier marathon de New York en 1990, 18 ans plus tard il est à nouveau présent au rendez-vous sans jamais en avoir manqué un seul. Cette année particulièrement, il ne s’est imposé aucune préparation physique et ne s’entraîne pas, il part donc avec un seul but, celui de finir la course et d’y prendre du plaisir.
Gérard Soulier aussi, 60 ans, podologue à Clermont Ferrand, a l’habitude des compétitions sportives: il offre notamment ses services aux coureurs de Thomas Cook et de Jogging International, et s’occupe des rugbymen du club de Clermont Ferrand Rugby. Pourtant, il ne se lasse pas de cette compétition et après avoir participé à 54 marathons dans le monde, il courra cette année son 11ème marathon de New York.
Aussi, on peut se demander pourquoi un tel engouement autour de ce marathon, qu’est-ce qui fait qu’il détrône tous les autres et ne lasse jamais? «Ici chacun a l’impression d’être un champion» avoue M. Soulier, les yeux pétillants. Annette Sergent, 45 ans, 21 fois championne de France et 2 fois championne du monde de course à pied (3000m), connaît bien l’ambiance des stades, mais elle s’étonne toujours que «les spectateurs soient là tout au long du parcours», pour elle c’est «exceptionnel». Ayant découvert le marathon de New York l’année dernière, elle espère ressentir à nouveau ce soutien incomparable du public: « ça donne des frissons, ça stimule, ça aide beaucoup ».
Gérard Michel a lui 70 ans et courra cette année son 7ème marathon de New York. Il était sur la ligne de départ en 2001, après les attentats du 11 septembre et se souvient d’avoir vu la population reprendre espoir grâce à cette compétition qui se déroula juste un mois plus tard : «le marathon a redonné vie à New York».
Chabane Kefti, à 80 ans, est le doyen des coureurs venus avec l’organisation Thomas Cook et il est la preuve même qu’avec de la volonté on peut arriver à tout, quel que soit l’âge. Arrivé premier de sa catégorie en 2003, il compte bien finir ce marathon 2008 en terminant, qui sait, en tête ou parmi les premiers de sa catégorie.
Départ du marathon: dimanche 2 novembre à Staten Island à partir de 10H, arrivée dans Central Park.
Le site officiel du Marathon de New York
Le guide shopping du week-end.
Vendredi 31 octobre: Dépêchez-vous, c’est le dernier jour des soldes chez:
– Max Mara: -70% sur les robes. Fermeture de la boutique à 8 heures.
145 W. 18th St., proche Sixth Avenue (212-388-0339).
– Dolce&Gabbana: -70% sur une sélection de robes, tailleurs, vestes, sacs et chaussures. Fermeture de la boutique à 5 heures.
Metropolitan Pavilion, 123 W. 18th St., proche Sixth Avenue, 4ème et 5ème et. (877-703-4872)
Jusqu’à samedi 1er novembre:
– Miss Sixty: de moins 50 à 75% sur tout le magasin (sauf denim).
260 Fifth Avenue, proche 28th St. (212-725-5400).
A partir de dimanche 2 novembre:
– MALO: jusqu’à moins 70% sur les cachemires et autres habits.
317 W. 33rd St., proche Eighth Avenue.
– Gianfranco Ferré: -70% sur les accessoires.
Même boutique: 317 W. 33rd St., proche Eighth Avenue
Tout le week-end:
– Walter Steiger: – 50% sur les chaussures de la collection automne. 417 Park Avenue/55th St. (212-826-7171). Fermé le dimanche.
– Lounge: cette boutique de SoHo ferme ses portes et lapide son stock, incluant des marques comme Marc by Marc Jacobs, Sonia Rykiel, Monarchy, Miss Sixty, de -50 à -90%.
593 Broadway, proche Houston St. (212-226-7585)
Et pour la maison:
– De La Espada: jusqu’à -50% sur les meubles de la maison.
33 Greene St., proche Grand St. (212-625-1039)
– Deeply Madly Living: de -60 à -80% sur les meubles et autres accessoires, dans le cadre d’un vaste “Wall Street Crash Sale”.
255 W. 36th St., proche Eighth Avenue, Ste. 502 (212-564-1530).
– Catherine Memmi Paris ferme son magasin à SoHo ce dimanche, et à cette occasion lance des discounts exceptionnelles sur tous les produits de la boutique (sofas, tables, lumières, accessoires cuisine&salle de bain…).
45 Greene Street.
N'arrète pas ton cirque!
«J’ai de la chance qu’on me prête ce petit bijoux». Pour Guillaume Dufresnoy, la force du Big Apple Circus reste la tradition. Non pas un poids, mais une valeur sûre qui a forgé l’identité du cirque. Et le public en redemande. Le chapiteau est souvent plein, et 70% des gens reviennent chaque année, affirme-t-il. «A une époque où on peut tout faire avec un écran d’ordinateur, les gens viennent voir des gens qui font ce qu’ils voient, qui sourient, qui transpirent, qui partagent un véritable contact avec le public». Un public fidèle sensible à cette ambiance à l’européenne :cirque à une piste, «intime», pour un spectacle familial et attention, pas seulement destiné aux enfants. Pour Guillaume Dufresnoy la distinction est de taille : «Aux Etats Unis, le cirque et les spectacles familiaux en général signifie chez les gens pour enfants. Chez nous le spectacle est pour toutes les générations. Il n’est pas rare de voir jusqu’à trois générations sous le chapiteau».
Guillaume Dufresnoy rêve de pouvoir élargir le cercle des artises invités au Big Apple Circus. Des artistes confirmés dans leurs domaines, mais sans expèriences particulières du cirque. «Des artistes inattendus, des créateurs, des concepteurs» qui accepteraient de venir se laisser diriger. « Je vois un spectacle comme un voyage, avec une continuité, pas comme une mosaïque de numéros».
En prenant la direction du cirque, Guillaume Dufresnoy aspire à ouvrir le Big Apple Circus à d’autres cultures, à d’autres cirques provenant de pays auquel on ne pense pas assez, selon lui : le Vietnam, la Mongolie, l’Amérique Latine. «Mais ces artistes là, il faut aller les chercher, voyager. Assister aux grands festivals de cirque, Paris, Monaco, Budapest. Visiter les écoles de cirque».
Le spectacle de cette année, « Play On », est centré sur la musique et l’importance de la musique dans la vie de chacun. «On a chacun notre bande originale». L’ochestre est plus mis en avant que dans les autres spectacles et joue un véritable rôle de fil conducteur entre les numéros, bien loin de la simple transition. On retient particulièrement le numéro de fil de Sarah Schwaz, où quand le fil devient un instrument de musique. On ne vous en dira pas plus.
De l’artiste au chairman, Guillaume Dufresnoy aura touché à presque tous les métiers du cirque, pour atteindre maintenant la consécration. «Ca paraît presque incroyable, après 20 ans passés ici». La transition s’effectue peu à peu. Les décisions de la saison prochaine ont pour la plupart déjà été prises, en collaboration avec Paul Binder. La saison numéro 33 sera donc la sienne.
Lire aussi : Ma caravane dans les gratte-ciels
Big Apple Circus “Play On”
Du 23 Octobre au 18 Janvier, Lincoln Center
Site officiel
Belgian women don't get fat
Le groupe belge Rouge Tomate avait d’abord songé à Paris pour ouvrir son deuxième restaurant. «Mais Paris est plus dans la tradition culinaire, New York davantage dans l’innovation», explique Nil Sönmez, vice présidente de Rouge Tomate.
Exit les plats typiques du plat pays, Rouge Tomate, situé en face du grand magasin Barneys, 60ème rue, propose un concept de cuisine gastronomique avec une charte nutritionnelle et avec des produits américains locaux.
Le chef Jeremy Bearman, un ancien de Daniel Boulud et de L’Atelier de Joël Robuchon à Las Vegas, a travaillé avec des diététiciennes pour que les plats soient équilibrés et que toutes les combinaisons du menu (une entrée, un plat et un dessert) représentent 40% des besoins nutritionnels.
Que les sceptiques du principe se rassurent : ce n’est pas un temple pour végétariens adeptes de brocolis cuits à la vapeur. Au menu, on trouve brochette de chevreuil avec chutney de fruits secs, boulgour et raitta de yoghurt ($26) et risotto (fait avec de l’orge pour sa meilleur qualité nutritionnelle, des champignons, persil et parmesan ($19). Quant aux nostalgiques des gauffres, ils se consoleront aisément avec une panna cotta au lait de soja, vanille, banane caramélisée et gelée d’érable ($10).
Les diététiciennes ont mis leur véto sur la technique de cuisson au gril («cancérigène»), remplacée par la cuisson à la plancha («qui laisse le croustillant sans avoir le carbonisé»). Jeremy Bearman a aussi dû faire le deuil de certains ingrédients comme le beurre et la crème (sauf dans les desserts). «Les calories n’apparaîtront pas sur le menu mais l’information sera disponible», lance une diététicienne.
Signé Bentel & Bentel, le cabinet d’architectes qui a réalisé le restaurant The Modern dans le MOMA et Craft, le design de Rouge Tomate est une vaste étendue de 1500m2 de bois clair avec des touches de rouges et de vert. Avec 270 places assises dont un salon privé, les travaux ont coûté la bagatelle de 10 millions de dollars.
Au premier étage (situé à l’emplacement de l’ancienne boutique de la designer Nicole Farhi), un lounge, le « Rouge Tomate Café » (proposant une version plus relax de la cuisine), un bar à jus, avec des sodas faits maison (sauf pour le Coca-cola) et des cocktails artisanaux. A l’étage du dessous, on trouve le restaurant gastronomique avec un prix fixe ($34 au déjeuner et $72 au diner) et la gigantesque cuisine ouverte. Là, on peut voir Jeremy Bearman et son équipe à l’action, sous l’œil attentif des diététiciennes.
Si «Paris est toujours dans nos pensées», le prochain Rouge Tomate ouvrira dans une autre ville américaine, explique Nil Sönmez.
Les Américains vont pouvoir percer le mystère des Belges qui ne grossissent pas!
10 E. 60th St., à côté de 5ème Avenue.
Tel: 646-237-8977
Comptoir des cotonniers à New York
Tente devant l’entrée de la boutique, tapis rouge et DJs, “Comptoir” a fait son entrée américaine en grande pompe. Susan Sarandon et sa fille, l’actrice Eva Amurri étaient les invitées d’honneur de la soirée d’inauguration.
Marianne Romestain, la directrice générale de la marque, ne laissera pas la crise perturber son plan de développement américain. A New York pour l’inauguration, elle est occupée à visiter des emplacements pour ses prochaines boutiques à Manhattan : après avoir ouvert un premier magasin de 100m2 sur Spring Street, la marque compte en ouvrir deux nouveaux d’ici Août 2009, ainsi que des comptoirs (de cotonniers) dans les grands magasins.
Après New York, ce sera le reste des Etats-Unis, à commencer par la côte Est. «En période difficile, les clients recherchent la nouveauté”, explique Marianne Romestain au cours de la fête.
Dans le giron du groupe japonais Fast Retailing depuis 2005, la marque est épaulée par sa maison-mère pour son implantation sur le marché américain. Fast Retailing est rodé à l’exercice : le groupe possède aussi les marques de vêtements Uniqlo et Theory. En comptant la nouvelle filiale américaine dirigée par Jeremy Letovsky, Comptoir des Cotonniers est désormais présent dans 10 pays en Europe, au Japon et en Corée.
Pour faire la différence, la marque compte sur la «French touch». «Ce sont des petits détails qui font la différence comme les mailles plissés, des imprimés exclusifs », explique Nicolas Bertrand, directeur de la communication. Aucune modification particulière n’a été apportée à la collection pour plaire aux new yorkaises. « Elles sont très similaires à nos clientes parisiennes », dit Marianne Romestain. Depuis l’ouverture, la boutique compte environ 50% de clientes françaises (touristes ou expatriées) et 50% d’américaines. Si l’hiver est plus froid à New York qu’à Paris, concède Nicolas Bertrand, qu’à cela ne tienne “on vendera plus de manteaux”. « On n’a pas augmenté nos prix par rapport à la France », ajoute-t-il. (Les prix n’ont pas spécifiquement baissé, à la faveur du dollar).
La marque use la même stratégie de communication aux Etats-Unis, à savoir mettre en scène des couples de mères/filles anonymes. Le premier casting de duo a eu lieu dimanche. Le seul impératif pour participer est d’être anonyme. Susan Sarandon et sa fille peuvent aller se rhabiller (à Comptoir de préférence).
Le Paradis c'est les autres
Alors oui, c’est la crise!
Cependant les français devraient voir le bon côté des choses : ils peuvent encore se permettre d’être malade. Et ça, malgré ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas donné à tout le monde. En cette période électorale et donc de choix sur des questions de société, CBS rappelle que dans le système de santé «socialiste» à la française, certes les tarifs sont fixés par l’Etat, certes les médecins gagnent moins bien leur vie comparativement aux praticiens américains, mais la France reste le pays au meilleur système de santé d’après le classement de l’OMS. Et source de constant étonnement chez nos cousins américains (Michael Moore y fait maintes fois référence dans son Sicko): le principe de SOS MEDECINS, soit le fait de pouvoir avoir un médecin chez soi en moins d’une heure. Comme quoi même sur la question de la livraison à domicile, nos cousins outre-atlantique ont encore à apprendre.
Cette crise qui devient «palpable» en France, selon le Washington Post et frappe tous les secteurs, de la production industrielle au marché de l’immobilier, en passant par le centre ville piéton de la ville de Rouen et le salon de coiffure de Coralie Cantrelle : «les gens ne savent pas quand cela va finir […] les gens ont peur». Face à la crise, pour le Christian Science Monitor, Nicolas Sarkozy est en train de «s’imposer comme un leader». L’invasion de la Géorgie par la Russie, la tête de l’UE, la crise financière internationale, du «pain béni» pour le Président français, qui lui ont permis de devenir «un leader dans la crise, et ce dans un monde multipolaire». «Homme d’action», il a géré en un temps record la crise avec la Géorgie «calme dans la tempête», comme il a pu le démontrer dans la prise d’otage de la maternelle de Neuilly, à l’époque maire, le Christian Science Monitor laisse à penser que les errements de « Monsieur Bling Bling » sont derrière lui, preuve en est même les journalistes chez Libération sont conquis.
«L’enfant terrible de l’Elysée» qui pourrait devenir le «mentor» de Barack Obama en ce qui concerne les relations internationales. C’est tout du moins ce que prévoit en cas de succès de ce dernier, <a href="http://www.marketwatch.com/news/story/story.aspx?guid=3D8F2085-BD17-4ECF-B273-EB7E263DCD1C&siteid=rss”>MarketWatch. Barack Obama pourrait avoir besoin de conseils, et qui mieux que Nicolas Sarkozy, de six ans son aîné ? Les deux hommes, aux carrières semblables, qui partagent les mêmes opinions sur les questions de refonte du système économique, pourraient alors sceller un nouvel âge d’or des relations franco-américaines. On parle même de «lune de miel» !
Mais justement, Barack Obama aurait il pu être français ? La réponse du blog d’un journaliste de Newsweek est sans appel. L’article, au titre évocateur de « Liberty, equality, hypocrisy», s’en prends violemment au modèle d’intégration français, suite à un article du Nouvel Observateur qui voyait dans le destin de Barack Obama une revanche sur l’esclavage, le racisme et la discrimination (écueil qui, soit dit en passant a toujours été évité par le candidat démocrate). Et là, tout y passe : la colonisation, les émeutes des banlieues, le racisme rampant et la non représentativité de nos élites politiques, le journaliste finissant «la campagne de Barack Obama montre d’où l’Amerique vient, et le chemin qu’il reste à parcourir pour la France».
La presse américaine revient aussi largement cette semaine sur le décès de Sœur Emmanuelle. Le New York Times revient sur son parcours, en tant que femme et en tant que religieuse, favorable au mariage des prêtres, à l’égalité des droits pour les homosexuels. Elle écrivit même au pape Jean Paul II pour l’inciter à statuer en faveur des moyens de contraception. Le New York Times relate aussi la fameuse anecdote, ou sur le plateau de Bernard Pivot, à la question de son mot préfère, elle avait répondu « Yallah » (en arabe « Allons-y !»). La sœur préférée des français titre le Huffington Post, qui évoque « ses cheveux blancs, entourés dans son voile gris et ses yeux pétillants derriere ses grandes lunette » sur les plateaux de télévision. Le Washington Post dresse pareillement le portrait de celle qui « parlait candidement de son esprit rebelle, haranguait la bourgeoisie et les plus favorisés pour ne pas donner assez aux plus pauvres, et appelait tout le monde par son prénom, même les présidents », rappelant qu’elle poussait à l’éducation des enfants égyptiens, «sans faire de prosélytisme».
Ainsi, Le Washington s’est plu à rappeler l’une des devises préférées de Sœur Emmanuelle, « Le Paradis c’est les autres ».
Angoisses au carré
Chère Viviane,
Je vous écris parce que j’ai peur. J’ai peur pour moi et j’ai peur pour elle. J’ai passé la période difficile des premières semaines ici et cela va mieux. Mais voila qu’une nouvelle adaptation s’annonce ; je dois envoyer ma petite fille Marion, âgée de 3ans à l’école. Je n’en ai vraiment pas envie. Avez- vous des suggestions ?
Camille (Pelham)
Chère Camille,
« Dans le sac des enfants, le trac des parents ». En lisant votre lettre, je sens deux angoisses : celle de la maman qui a peur de se retrouver seule dans son lieu, sans son rôle de guide et perdant semble-t-il sa compagne préférée, sa source de soutien. D’un autre coté, je sens une maman qui tout naturellement s’angoisse pour sa petite fille qui pour la première fois va quitter son soutien quotidien, qui sera partie une bonne partie de la journée et perdant semble t-il aussi sa compagne préférée.
Sachez, qu’à 3 ans garçonnets et fillettes sont en général en mesure de fréquenter régulièrement d’autres enfants et adultes en dehors de leur foyer. Il est donc tout à fait naturel de les inscrire à la pré maternelle. Les programmes offrent aux petits des activités structurées, animées par des enseignants possédant une formation spécialisée en développement de la petite enfance. Dans le Westchester, vous avez le choix de mettre Marion en ambiance américaine, bilingue ou française selon vos préférences de parents.
L’objectif principal de l’école à cet age est d’aider l’enfant à acquérir plus d’indépendance par rapport à son contexte familial, de lui inculquer l’art de la patience et de la négociation. Elle apprendra à exprimer ses émotions et besoins en faisant confiance à des adultes qui ne font pas partis de sa famille et qu’il faut d’une certaine façon «conquérir». Les compétences sociales constituent donc le cœur de l’apprentissage à ce stade et ouvrent ainsi l’enfant au champ d’exploration qui lui est inconnu. Ainsi elle apprendra à s’adapter en se conformant aux règles d’un groupe en découvrant les outils d’une communication sociale.
Votre Marion aura la latitude pour s’essayer à différentes activités, à explorer, à découvrir et à apprendre par elle-même. En allant à la petite école, votre fille se développera en prenant confiance en elle-même et apprendra l’auto discipline indispensable pour la suite de sa scolarité. Si votre choix n’est pas encore fait, n’hésitez pas à visiter plusieurs établissements sans oublier le système «Montessori» qui ouvre tant les esprits curieux. Vérifiez l’accueil des enfants, la «politique» des règles de séparation parents- enfants. Demandez comment sont gérés les accidents de propreté, et comment les enfants sont traités quand ils ont l’air tristes ou timides ou encore sont bouleversés par un autre enfant. Ecoutez bien vos instincts, et votre connaissance profonde de votre enfant. Reconnaissez aussi les priorités de votre famille. Si par contre, le choix est fait, n’hésitez pas à y retourner plusieurs fois avant la rentrée pour comprendre les procédures, l’approche psychologique et le déroulement d’une journée. Passez du temps ensemble sur les aires de jeu, dans sa future classe en rencontrant si possible sa maîtresse. Vous ne regretterez pas le temps investi.
Et moi alors, commencez vous à vous demander : Vais- je ne pas pleurer comme une fontaine tous les matins en lui disant « à toute à l’heure » ? Vais-je pouvoir patienter toute la journée sans elle ? Vais- je pouvoir m’occuper seule ? En effet, ceci est une grande étape de développement émotionnel et psychologique pour une maman dévouée. L’heure arrive à grands pas, il faudra surmonter vos appréhensions et même jalousie car c’est sans doute la première fois ou vous n’aurez plus le contrôle absolu de votre Marion. Il faudra du temps. Acceptez votre chagrin comme une période certes douloureuse mais nécessaire pour l’apprentissage de Marion. C’est aussi un processus naturel de la vie de maman. Je sais on aimerai tant pouvoir les garder pour toujours, petits, demandeurs, dépendants mais cela ne serait pas juste pour eux n’est ce pas !
Pendant cette période de transition, n’hésitez pas à partager votre tristesse avec votre époux et autre source de soutien. Pas facile de lâcher prise et de l’aider à ouvrir la porte de la vie mais il le faut tout en continuant bien entendu à la guider en la protégeant. Je me souviens d’une maman toute émue me racontant comment son fils aîné, en regardant sa mère rester à la maison avec son petit frère, lui avait dit : «mais moi maman est ce que je pourrais rester habiter avec toi pour toujours et ne plus grandir» ? Sachez que lorsque Marion quittera joyeusement vos bras en courant vers sa classe cela voudra dire que vous avez bien réussi votre travail de maman nourricière, qu’elle se sent en sécurité et prête.
A présent, votre vie vous appartient d’avantage. Faites des rencontres avec d’autres mamans, allez spontanément déjeuner avec votre conjoint à Manhattan, découvrez cette ville unique en vous donnant le droit d’être disponible. Commencez un projet, prenez un cours, peut-être même pour la première depuis la naissance de votre fille, pouvez vous vous tourner plus vers vos besoins personnels. Profitez de votre temps pour refaire connaissance avec vous-même, de vos hésitations, de vos envies, et de vos ambitions. Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour se lancer vers la découverte de soi.
Tout comme nous sommes fières des premiers pas de nos enfants, soyez fière de vos premiers pas de maman, non pas libre mais tout de même un peu libérée. Camille, vous êtes et vous resterez toujours le premier modèle féminin de votre Marion. Je vous souhaite à toutes deux un merveilleux parcours !
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Africaine du monde
Rendez-vous pris un dimanche après-midi dans sa maison de Brooklyn avec celle que les médias surnomment “la Diva Africaine“. Pourtant, c’est un petit bout de femme qui arrive, à qui on donnerait à peine ses 48 ans. Mais tout de suite, Angélique s’impose par sa présence et son énergie hors-du-commun. Depuis le mois d’octobre, pour la promotion de son nouvel album, elle enchaîne les concerts aux Etats-Unis, revient tout juste de Milan, sera pour deux dates à New York la semaine suivante, avant de repartir pour Londres, et l’année prochaine l’Australie, la Nouvelle-Zélande peut-être…Infatigable, la chanteuse, qui a vécu au Bénin, en France et à New York, dit se sentir à l’aise partout.
Son secret? Son identité africaine qu’elle assume et revendique. “Si on n’a pas d’identité, on ne peut rien faire. C’est grâce à elle que je peux me confronter à toutes les autres cultures sans me perdre en chemin”. Et à toutes les musiques aussi. Angélique ne se reconnait aucune influence en particulier. “J’ai tout écouté quand j’étais gamine”, du rock aux tubes des yé-yé, en passant par la funk, la soul américaine, le jazz et bien sûr la musique traditionnelle béninoise. Ses chansons sont le fruit de toutes ces rencontres musicales, et rien ne l’agace plus que lorsque les médias essaient de la catégoriser. “La musique n’a pas de frontière. Mes albums sont de la musique point. Aucun genre en particulier. Différencier les musiques est une invention marketing“. La chanteuse n’admet qu’une source d’inspiration: elle-même. “Souvent je déstabilise les gens car je ne suis jamais là ou ils m’attendent. Je ne le fais pas exprès, je suis mon inspiration”.
Pour son onzième album, Djin Djin, sorti en mai 2007, son inspiration l’a menée chez elle, au Bénin. L’idée de départ était de “construire le disque autour des percussions de [son] pays, en faisant appel à des musiciens traditionnels“. Un retour à ses racines dont Angélique avait besoin, après un long voyage musical commencé en 1997 et qui l’a conduite, le temps de trois albums, aux États-Unis, au Brésil et dans les Caraïbes pour retracer l’histoire de l’esclavage. Une façon de clore un cycle, explique-t-elle.
Pour cet hommage au Bénin, la chanteuse a également souhaité que ses amis l’accompagnent: Alicia Keys, Peter Gabriel, Carlos Santana, Joss Stone, sont autant de guest-stars sur l’album d’Angélique. Après avoir exporté la musique africaine tout au long de sa carrière, elle a voulu cette fois-ci emmener les autres dans son univers. C’est aussi le sens des deux reprises, version béninoise, de “Gimme Shelter” des Stones, et du “Boléro” de Ravel, car “toutes les musiques viennent d’Afrique“. Au final, Djin Djin (comme le son des cloches qui annoncent le levé du jour en Afrique), est un album dense et varié, ou la voix puissante d’Angélique diffuse une joie de vivre et un optimisme sincère.
Dès sa sortie, le disque a été acclamé par la critique internationale, surtout aux États-Unis, ou il a reçu le Grammy Award du meilleur album World de l’année. Un succès qui ne se dément plus, la chanteuse a déjà reçu des trophées en France, au Danemark, en Afrique, en Grande-Bretagne…la liste est trop longue pour être exhaustive, et qui récompense 20 années de travail assidu. “C’est pour ça que je ne prend pas la grosse tête, parce que je suis constante dans mon travail”. Cette réussite, Angélique a décidé de la mettre au service de causes humanitaires et caritatives. Depuis 2002, elle est ambassadrice de l’UNICEF, dont elle a elle-même bénéficié étant enfant. “Grâce aux vaccinations gratuites de l’UNICEF, j’étais en bonne santé. Et c’est la clé pour pouvoir recevoir une bonne éducation“. En 2005, elle a également crée l’association Batounga, qui œuvre pour la scolarisation secondaire des jeunes filles au Bénin, Mali, Sierra-Léone, Éthiopie et Cameroun.
Pour autant, cette responsabilité vis-à-vis du monde qui l’entoure, elle l’a toujours eu. Sa première prise de conscience politique remonte à ses 9 ans, lorsqu’elle découvre l’esclavage sur une pochette d’un disque de Jimi Hendrix: “Comment des noirs pouvaient aussi être américains?”. Durant son adolescence, un sentiment de colère se met à l’animer: “Comment peut-on faire, chacun d’entre nous, pour ne pas mettre en danger le genre humain?“. Elle décide alors de devenir avocate des droits de l’homme. Espoir rapidement déçu quand elle comprend que les lois ne sont souvent pas au service de la Justice. Mais Angélique réalise aussi qu’à l’absurdité de ces lois s’oppose l’universalité de la musique.
“Par la musique, je cherchais un moyen de créer un pont de compréhension entre les hommes“. “Quand je suis en concert, j’ai le monde devant moi” explique celle qui déteste le studio et préfère l’intensité des lives. Et Angélique l’humaniste s’anime, s’emporte contre les injustices, le racisme, le malheur des hommes. Elle se met en colère contre les gens qui préfèrent mettre des pulls à leurs chiens que secourir les SDF. “Tout le monde a le pouvoir de changer quelque chose dans sa et dans celle des autres”. “Les gens me touchent, le monde me touche, c’est pour cela que j’écris. Je n’écris pas pour me faire plaisir”.
Elle raconte avec des frissons comment elle veut que ses chansons recréent l’espoir. “Ma plus belle récompense, c’est de voir les gens me remercier, me dire qu’ils ne croyaient pas que c’étaient possible qu’une musique leur fasse autant d’effets”.
Retrouvez Angélique Kidjo en concert le 28 octobre (Lycée Français de New York) et le 1er novembre (Carnegie Hall).