Chère Viviane,
Je vous écris parce que j’ai peur. J’ai peur pour moi et j’ai peur pour elle. J’ai passé la période difficile des premières semaines ici et cela va mieux. Mais voila qu’une nouvelle adaptation s’annonce ; je dois envoyer ma petite fille Marion, âgée de 3ans à l’école. Je n’en ai vraiment pas envie. Avez- vous des suggestions ?
Camille (Pelham)
Chère Camille,
« Dans le sac des enfants, le trac des parents ». En lisant votre lettre, je sens deux angoisses : celle de la maman qui a peur de se retrouver seule dans son lieu, sans son rôle de guide et perdant semble-t-il sa compagne préférée, sa source de soutien. D’un autre coté, je sens une maman qui tout naturellement s’angoisse pour sa petite fille qui pour la première fois va quitter son soutien quotidien, qui sera partie une bonne partie de la journée et perdant semble t-il aussi sa compagne préférée.
Sachez, qu’à 3 ans garçonnets et fillettes sont en général en mesure de fréquenter régulièrement d’autres enfants et adultes en dehors de leur foyer. Il est donc tout à fait naturel de les inscrire à la pré maternelle. Les programmes offrent aux petits des activités structurées, animées par des enseignants possédant une formation spécialisée en développement de la petite enfance. Dans le Westchester, vous avez le choix de mettre Marion en ambiance américaine, bilingue ou française selon vos préférences de parents.
L’objectif principal de l’école à cet age est d’aider l’enfant à acquérir plus d’indépendance par rapport à son contexte familial, de lui inculquer l’art de la patience et de la négociation. Elle apprendra à exprimer ses émotions et besoins en faisant confiance à des adultes qui ne font pas partis de sa famille et qu’il faut d’une certaine façon «conquérir». Les compétences sociales constituent donc le cœur de l’apprentissage à ce stade et ouvrent ainsi l’enfant au champ d’exploration qui lui est inconnu. Ainsi elle apprendra à s’adapter en se conformant aux règles d’un groupe en découvrant les outils d’une communication sociale.
Votre Marion aura la latitude pour s’essayer à différentes activités, à explorer, à découvrir et à apprendre par elle-même. En allant à la petite école, votre fille se développera en prenant confiance en elle-même et apprendra l’auto discipline indispensable pour la suite de sa scolarité. Si votre choix n’est pas encore fait, n’hésitez pas à visiter plusieurs établissements sans oublier le système «Montessori» qui ouvre tant les esprits curieux. Vérifiez l’accueil des enfants, la «politique» des règles de séparation parents- enfants. Demandez comment sont gérés les accidents de propreté, et comment les enfants sont traités quand ils ont l’air tristes ou timides ou encore sont bouleversés par un autre enfant. Ecoutez bien vos instincts, et votre connaissance profonde de votre enfant. Reconnaissez aussi les priorités de votre famille. Si par contre, le choix est fait, n’hésitez pas à y retourner plusieurs fois avant la rentrée pour comprendre les procédures, l’approche psychologique et le déroulement d’une journée. Passez du temps ensemble sur les aires de jeu, dans sa future classe en rencontrant si possible sa maîtresse. Vous ne regretterez pas le temps investi.
Et moi alors, commencez vous à vous demander : Vais- je ne pas pleurer comme une fontaine tous les matins en lui disant « à toute à l’heure » ? Vais-je pouvoir patienter toute la journée sans elle ? Vais- je pouvoir m’occuper seule ? En effet, ceci est une grande étape de développement émotionnel et psychologique pour une maman dévouée. L’heure arrive à grands pas, il faudra surmonter vos appréhensions et même jalousie car c’est sans doute la première fois ou vous n’aurez plus le contrôle absolu de votre Marion. Il faudra du temps. Acceptez votre chagrin comme une période certes douloureuse mais nécessaire pour l’apprentissage de Marion. C’est aussi un processus naturel de la vie de maman. Je sais on aimerai tant pouvoir les garder pour toujours, petits, demandeurs, dépendants mais cela ne serait pas juste pour eux n’est ce pas !
Pendant cette période de transition, n’hésitez pas à partager votre tristesse avec votre époux et autre source de soutien. Pas facile de lâcher prise et de l’aider à ouvrir la porte de la vie mais il le faut tout en continuant bien entendu à la guider en la protégeant. Je me souviens d’une maman toute émue me racontant comment son fils aîné, en regardant sa mère rester à la maison avec son petit frère, lui avait dit : «mais moi maman est ce que je pourrais rester habiter avec toi pour toujours et ne plus grandir» ? Sachez que lorsque Marion quittera joyeusement vos bras en courant vers sa classe cela voudra dire que vous avez bien réussi votre travail de maman nourricière, qu’elle se sent en sécurité et prête.
A présent, votre vie vous appartient d’avantage. Faites des rencontres avec d’autres mamans, allez spontanément déjeuner avec votre conjoint à Manhattan, découvrez cette ville unique en vous donnant le droit d’être disponible. Commencez un projet, prenez un cours, peut-être même pour la première depuis la naissance de votre fille, pouvez vous vous tourner plus vers vos besoins personnels. Profitez de votre temps pour refaire connaissance avec vous-même, de vos hésitations, de vos envies, et de vos ambitions. Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour se lancer vers la découverte de soi.
Tout comme nous sommes fières des premiers pas de nos enfants, soyez fière de vos premiers pas de maman, non pas libre mais tout de même un peu libérée. Camille, vous êtes et vous resterez toujours le premier modèle féminin de votre Marion. Je vous souhaite à toutes deux un merveilleux parcours !
Pour poser vos questions à Viviane, ou la contacter, cliquer ici.
Angoisses au carré
Africaine du monde
Rendez-vous pris un dimanche après-midi dans sa maison de Brooklyn avec celle que les médias surnomment “la Diva Africaine“. Pourtant, c’est un petit bout de femme qui arrive, à qui on donnerait à peine ses 48 ans. Mais tout de suite, Angélique s’impose par sa présence et son énergie hors-du-commun. Depuis le mois d’octobre, pour la promotion de son nouvel album, elle enchaîne les concerts aux Etats-Unis, revient tout juste de Milan, sera pour deux dates à New York la semaine suivante, avant de repartir pour Londres, et l’année prochaine l’Australie, la Nouvelle-Zélande peut-être…Infatigable, la chanteuse, qui a vécu au Bénin, en France et à New York, dit se sentir à l’aise partout.
Son secret? Son identité africaine qu’elle assume et revendique. “Si on n’a pas d’identité, on ne peut rien faire. C’est grâce à elle que je peux me confronter à toutes les autres cultures sans me perdre en chemin”. Et à toutes les musiques aussi. Angélique ne se reconnait aucune influence en particulier. “J’ai tout écouté quand j’étais gamine”, du rock aux tubes des yé-yé, en passant par la funk, la soul américaine, le jazz et bien sûr la musique traditionnelle béninoise. Ses chansons sont le fruit de toutes ces rencontres musicales, et rien ne l’agace plus que lorsque les médias essaient de la catégoriser. “La musique n’a pas de frontière. Mes albums sont de la musique point. Aucun genre en particulier. Différencier les musiques est une invention marketing“. La chanteuse n’admet qu’une source d’inspiration: elle-même. “Souvent je déstabilise les gens car je ne suis jamais là ou ils m’attendent. Je ne le fais pas exprès, je suis mon inspiration”.
Pour son onzième album, Djin Djin, sorti en mai 2007, son inspiration l’a menée chez elle, au Bénin. L’idée de départ était de “construire le disque autour des percussions de [son] pays, en faisant appel à des musiciens traditionnels“. Un retour à ses racines dont Angélique avait besoin, après un long voyage musical commencé en 1997 et qui l’a conduite, le temps de trois albums, aux États-Unis, au Brésil et dans les Caraïbes pour retracer l’histoire de l’esclavage. Une façon de clore un cycle, explique-t-elle.
Pour cet hommage au Bénin, la chanteuse a également souhaité que ses amis l’accompagnent: Alicia Keys, Peter Gabriel, Carlos Santana, Joss Stone, sont autant de guest-stars sur l’album d’Angélique. Après avoir exporté la musique africaine tout au long de sa carrière, elle a voulu cette fois-ci emmener les autres dans son univers. C’est aussi le sens des deux reprises, version béninoise, de “Gimme Shelter” des Stones, et du “Boléro” de Ravel, car “toutes les musiques viennent d’Afrique“. Au final, Djin Djin (comme le son des cloches qui annoncent le levé du jour en Afrique), est un album dense et varié, ou la voix puissante d’Angélique diffuse une joie de vivre et un optimisme sincère.
Dès sa sortie, le disque a été acclamé par la critique internationale, surtout aux États-Unis, ou il a reçu le Grammy Award du meilleur album World de l’année. Un succès qui ne se dément plus, la chanteuse a déjà reçu des trophées en France, au Danemark, en Afrique, en Grande-Bretagne…la liste est trop longue pour être exhaustive, et qui récompense 20 années de travail assidu. “C’est pour ça que je ne prend pas la grosse tête, parce que je suis constante dans mon travail”. Cette réussite, Angélique a décidé de la mettre au service de causes humanitaires et caritatives. Depuis 2002, elle est ambassadrice de l’UNICEF, dont elle a elle-même bénéficié étant enfant. “Grâce aux vaccinations gratuites de l’UNICEF, j’étais en bonne santé. Et c’est la clé pour pouvoir recevoir une bonne éducation“. En 2005, elle a également crée l’association Batounga, qui œuvre pour la scolarisation secondaire des jeunes filles au Bénin, Mali, Sierra-Léone, Éthiopie et Cameroun.
Pour autant, cette responsabilité vis-à-vis du monde qui l’entoure, elle l’a toujours eu. Sa première prise de conscience politique remonte à ses 9 ans, lorsqu’elle découvre l’esclavage sur une pochette d’un disque de Jimi Hendrix: “Comment des noirs pouvaient aussi être américains?”. Durant son adolescence, un sentiment de colère se met à l’animer: “Comment peut-on faire, chacun d’entre nous, pour ne pas mettre en danger le genre humain?“. Elle décide alors de devenir avocate des droits de l’homme. Espoir rapidement déçu quand elle comprend que les lois ne sont souvent pas au service de la Justice. Mais Angélique réalise aussi qu’à l’absurdité de ces lois s’oppose l’universalité de la musique.
“Par la musique, je cherchais un moyen de créer un pont de compréhension entre les hommes“. “Quand je suis en concert, j’ai le monde devant moi” explique celle qui déteste le studio et préfère l’intensité des lives. Et Angélique l’humaniste s’anime, s’emporte contre les injustices, le racisme, le malheur des hommes. Elle se met en colère contre les gens qui préfèrent mettre des pulls à leurs chiens que secourir les SDF. “Tout le monde a le pouvoir de changer quelque chose dans sa et dans celle des autres”. “Les gens me touchent, le monde me touche, c’est pour cela que j’écris. Je n’écris pas pour me faire plaisir”.
Elle raconte avec des frissons comment elle veut que ses chansons recréent l’espoir. “Ma plus belle récompense, c’est de voir les gens me remercier, me dire qu’ils ne croyaient pas que c’étaient possible qu’une musique leur fasse autant d’effets”.
Retrouvez Angélique Kidjo en concert le 28 octobre (Lycée Français de New York) et le 1er novembre (Carnegie Hall).
Casting Mère-Fille par Comptoir des Cotonniers
La célèbre marque française Comptoir des Cotonniers vient d’ouvrir sa première boutique américaine dans SoHo.
A cette occasion, elle a décidé d’exporter à New York le concept des campagnes de publicité “Mère-Fille”.
La boutique organise ainsi un casting dimanche après-midi pour trouver les futures modèles de la “Mother-daughter Campaign” de Comptoir des Cotonniers US!
Rendez-vous dimanche 26 octobre de 3pm à 7pm.
au magasin: 155 Spring Street.
The Chocolate Show
Du 6 au 9 novembre se tient la 11ème édition du Chocolate Show dans Midtown West, auquel participent les plus grands chocolatiers de New York et des grandes marques de confiserie.
L’idée: assouvir les passions cacaotées des plus gourmands des new-yorkais pendant trois jours.
Le 6 novembre, lors d’une soirée exclusive, vous pourrez assister à un Fashion Show de robes tout en chocolat! A dévorer des yeux uniquement…
Pendant les journées du 7 au 9 novembre, en plus de vous promener entre les stands des exposants, un programme varié vous attend: des démonstrations culinaires par des artisans-chocolatiers, un concours des meilleures pâtisseries au chocolat, et des séances dédicaces pour des livres de recette.
Les enfants ne sont pas en reste, puisqu’une Kid Zone leur est dédiée, pour une initiation en douceur au pouvoir du chocolat.
The Chocolate Fashion Show
(site officiel)
6 novembre: Opening night preview + Fashion Show
de 6.30pm à 10.30pm.
Tickets: $250
7 novembre: 10am / 9pm.
8 novembre: 10am / 8pm.
9 novembre : 10am / 7pm.
Tickets (pour une journée):
– Adultes: $28
– Enfants moins de 12 ans: gratuit.
Au Pier 94
Gala par temps de crise
La French American Chamber of Commerce a dû renoncer à son gala annuel: François Henri Pinault, l’invité d’honneur, a fait savoir à Serge Bellanger, le président de la FACC que “en raison du climat économique, l’heure n’est pas à la fête” et il a donc décliné l’invitation. Du coup, la FACC a purement et simplement annulé le gala.
Mais dans l’autre grande institution française de New York, pas de drame de cette nature: le gala aura bien lieu, mercredi 29 octobre, dans la très chic Ballroom de l’hôtel Plaza. Marie-Monique Steckel, la présidente, assure avec un grand sourire que toutes les places sont vendues. (Cf mise à jour ci-dessous).
Les petits fours et le champagne seraient-ils épargnés par la crise financière qui secoue actuellement New York? En réalité, pas tant que ça. Au Fiaf, les estimations pour le fund raising ont été revues à la baisse: 700 000 dollars, au lieu de 800 000 l’année dernière, pour le même nombre d’invités (environ 450) et un budget de 250 000 dollars. Pas étonnant dans ces conditions que Marie Monique Steckel se réjouisse d’une table à 10 000 dollars réservée par Alcatel, ou encore du booking à l’instant même de deux nouvelles tables. Mais selon cette dernière, le FIAF n’est absolument pas dans une course au financement. “Nous sommes tellement bien établis dans le paysage culturel de New York, et nos programmes rencontrent un tel succès auprès du public et de la critique, que nos soutiens sont toujours là”.
Le gala est également l’occasion chaque année d’une remise de prix. Le Trophée des Arts récompense depuis 1992 une personnalité du monde culturel, reconnue pour son impact sur le dialogue franco-américain. Le lauréat 2008 est déjà un habitué des distinctions, Phillipe de Montebello, honoré en 1991 par la Légion d’honneur et en 2003 par la Medal of Arts remis par le président des États-Unis. Né en France, mais immigré de ce coté-çi de l’Atlantique depuis ses 13 ans, il a présidé aux destinées du Metropolitan Museum, de 1978 à 2008. Son tout récent départ à la retraite a été l’opportunité pour le FIAF de lui organiser une sortie dans “un feu d’artifice d’honneurs“.
Jean Bernard Levy, directeur général de Vivendi, se verra discerner quant à lui le Pilier d’Or, pour le soutien financier qu’apporte sa compagnie à la mission du FIAF.
Ces personnalités partageront l’affiche avec des invités surprises, et notamment un vainqueur des derniers Grammy Awards, afin de faire du Gala un temps fort de la vie mondaine du gotha francophile de New York. “Je veux que les gens reviennent” dit Mme Steckel, qui plaide pour un gala vivant et attractif .
Pour l’année à venir, Marie-Monique Steckel affiche le même optimisme inébranlable, tout en reconnaissant que “quelques aménagements” ont dû être faits. Malgré cela et en dépit du climat économique, la stratégie du FIAF doit rester inchangée. “Nous sommes sur la trajectoire du succès, il n’est pas question de réduire nos ambitions“. Au contraire même, puisqu’elle annonce pour l’hiver 2009, une saison théâtrale inédite et d’envergure: des représentations d’ “Oscar et la dame en rose” et Edouard Baer dans la lecture de textes de Patrick Modiano.
Et à la questions des moyens financiers, elle rétorque que le nombre d’élèves inscrit aux cours de français du FIAF a augmenté de 10% depuis l’année dernière.
Néanmoins, si les “beaux projets de l’année 2009” sont ainsi maintenus, Mme Steckel s’est quand même résolue à des économies budgétaires. Pour la prochaine édition des “Fashion Talks” (séries de conférence sur la mode), le FIAF fera désormais appel à des créateurs résidant à New York, et non plus en France, afin d’éviter des frais de voyages.
MISE A JOUR:
Le FIAF nous demande, après la publication de cet article, de préciser qu’en réalité “il reste cinquante places à vendre”.
Bagues colorées en vue sur Madison
Pour son ouverture sur Madison Avenue, Mauboussin voit grand. Au sens propre : 500 mètres carrés répartis sur 5 étages. Et l’ambition de cette concept store est à la même mesure : en faire un lieu de respiration et un lieu de gourmandise. « Je voulais que la boutique soit un endroit où le client puisse être inspiré par tous ses sens, avec une atmosphère ludique et évocatrice» résume Alain Nemarq, le directeur général de Mauboussin.
Une nouvelle boutique de luxe à Manhattan? L’ouverture semble tomber au mauvais moment. « C’est symbolique d’ouvrir quelques semaines avant le 4 novembre, c’est symbolique d’ouvrir en pleine crise financière » s’enthousiasme Alain Nemarq « La nouvelle société américaine qui en ressortira elle sera forcément plus forte, plus nouvelle, et s’implanter à ce moment-là, moi je trouve que c’est s’implanter au moment de l’espoir. »
L’architecte à l’origine de ce « magasin de l’ère du temps », David Rockwell, a cherché à créer un nouvel espace, un lieu qui casse certains codes de présentation de la joaillerie. Oubliées les vitrines et les comptoirs. Elles induisent un comportement passif. Place aux boîtes à trésor : sorte de boîte à cigare sur pied d’environ un mètre de haut, avec un couvercle-miroir, vers laquelle il faut se pencher.
Pour mieux marquer la coupure avec l’extérieur, on entre dans le magasin comme dans un appartement, par une entrée sombre séparée. Le rez-de-chaussée, consacré aux pierres de couleur, et le premier étage, dédié aux diamants et aux montres, sont comme des écrins grandeurs nature : parquet sombre, murs foncés, éclairage tamisé. Cette sorte d’élégante caverne d’Ali Baba ménage de nombreux espace de vente, avec tables et profondes banquettes en cuirs comme dans un bar.
Changement de décor au deuxième étage, où les clients trouveront les bijoux du mariage. Parquet clair, murs blancs et longues plumes blanches en guise de décorations. Les deux derniers étages sont le royaume du goût. Au troisième, le Salon des Gourmandises proposera kougloffs au chocolat et à la cannelle, avec des écrins à bijoux sur les tables de dégustation. Le quatrième est une salle à manger privée, toute en bois et briques, aux meubles modernes, réplique du loft new-yorkais typique. Un dîner mensuel y sera organisé. Yannick Alléno, le chef du restaurant du Meurice se déplacera spécialement pour l’occasion.
Des artistes seront aussi exposés. Actuellement, on peut voir les sculptures de Marine Delterm dans le Salon des Gourmandises. « C’est un lieu de partage » décrit Alain Némarq. « Je voulais que les new-yorkaises quand elles viennent chez nous elles se disent qu’elles ont le temps de respirer on va leur permettre de goûter la création, de goûter des gourmandises. »
Le joaillier voulait une boutique à l’image de la ville où il s’implantait et non une réplique des boutiques parisiennes. L’option de Fifth Avenue a été volontairement écartée. « On ne voulait pas aller à New York, on voulait aller sur Madison» assure Alain Némarq. « Madison Avenue est une des grandes avenues de la mode. Elle est probablement entre la Place Vendôme et les Champs-Elysées. »
Fondée en 1827, « le Joailler de l’émotion » ouvre un point de vente à New York dans les années 1930, mais le ferme en 1965 car la clientèle se trouvait à Paris ou s’y rendait régulièrement. Dans les années 2000, la maison opère une mutation , se modernise, et devient le joaillier de la couleur, « le joaillier de l’ère du temps ».
Mauboussin lance alors une collection par an et met l’accent sur la création, que ce soit autour des diamants, des pierres précieuses ou semi-précieuses. L’idée : toucher un public large, avec des bijoux allant de 750 dollars à 15 millions de dollars. A travers ces nouvelles créations, le joaillier s’adresse à une nouvelle génération de femmes contemporaines, actives, susceptibles de s’offrir elle-même un bijoux.
Ouvrir une boutique à New York semblait évident pour Alain Némarq : « Mauboussin a toujours été un peu fasciné par le caractère des Etats-Unis qui représentait le pays où tout était possible, le pays de la liberté.» C’est aussi la première étape de la conquête du marché américain.
L’enseigne programme d’ouvrir soixante points de vente dans les trois ans à venir. Elle a acheté vingt-deux pleines pages de publicité dans le New York Times pour introduire la marque auprès des consommateurs américains. Un pari osé pour un marché en saturation ? « Les marques représentent seulement 6% du marché mondial des bijoux » répond Alain Nemarq. « Les marques vont devenir majoritaires sur ce marché comme pour les autres produits. Il y a donc un potentiel énorme. »
Mauboussin
Madison Avenue at 63rd St
Haute cuisine niçoise à Chelsea
Aux commandes, le jeune chef niçois du même nom, Alain Allegretti, dont c’est ici la première tentative en tant que maître des lieux : “Ce restaurant est mon bébé, j’ai un lien très fort avec lui“. Un petit nouveau donc, mais qui ne manque pourtant pas d’expériences. En France, il fait ses débuts chez Jacques Maximin (Restaurant Chantecler, deux étoiles au Guide Michelin), puis se perfectionne au coté d’Alain Ducasse dans son restaurant trois fois étoilé de Monte-Carlo. En 2001, il décide d’aller tenter sa chance à New York. Plus d’opportunités, plus de challenges, plus de prestige, voilà ce que la ville a à offrir à un jeune chef ambitieux et auto-qualifié de “battant“. “New York offre les moyens de réussir aux gens qui se donnent du mal“, explique celui qui ne voulait pas continuer à “vivoter dans le Sud“. Pendant 7 ans, il continue à faire ses armes dans les cuisines du Cirque 2000 et du restaurant l’Atelier, au Ritz-Carlton , avant de faire le grand saut et d’ouvrir en aout 2008 dans le Flatiron District “ Allegretti “.
Son objectif est simple: faire la cuisine qu’il aime et dans lequel il a grandi, à savoir la cuisine provençale. “Une cuisine simple, mais pas simpliste, ce qui en fait sûrement une des plus compliquées à réussir“. Un beau défi donc pour ce cuisinier qui revendique son indépendance et ses influences, et ne veut devenir “le poulain d’aucun grand chef“. “Aujourd’hui, je suis le seul à New York à faire ce genre de cuisine“.
“Amener la French Riviera à New York”, voilà l’ambition affichée d’Allegretti qui surfe sur le glamour et l’élégance pour séduire et attirer la clientèle américaine fortunée, ou les Français nostalgiques. Mais ce classicisme confine parfois à la fadeur et la décoration de la salle suggère davantage l’atmosphère sans saveur de n’importe quel restaurant de grand hôtel vieux-jeu. Malgré les coraux et les sièges couleur sable, l’ambiance manque cruellement de parti-pris et de modernité. Les tons beiges et blancs dominent dans une lumière tamisée orangée, des miroirs et des gravures désuettes couvrent les murs, et une disposition de salle très commune avec une musique lounge indistincte en fond sonore finalisent le tout.
Un classicisme qui se retrouve dans une carte un peu monotone, mais fidèle à ses racines méditerranéennes. Le poivron, le romarin, la lavande et autres légumes et saveurs du Sud sont à l’honneur. La chef fait également appel à des grands succès du répertoire français (la soupe à l’ognon, les lentilles du Puy), mais aussi à des produits italiens (gorgonzola, grana, zucchini, sans compter les plats de pasta) et espagnols (chorizo, jambon serrano). Les entrées sont appétissantes mais minimalistes pour leur prix (la salade d’automne, c’est-à-dire quelques feuilles d’endive, des copeaux de poire, de noix et de grana, est à 12 dollars). Quant aux huit plats proposés, entre 30 et 36 dollars, ils offrent une bonne diversité de poissons et de viandes, mais semblent fuir tout recherche d’originalité.
La carte des desserts, maigrichone, est décevante, tout comme le pain (décongelé? vieux?) un comble, et une mauvaise entrée en matière pour un restaurant français.
A ces faiblesses du menu, le Niçois oppose sa conception d’une cuisine simple. “Je veux aller à l’essentiel, c’est-à-dire le goût. Aujourd’hui, les gens veulent une cuisine simple, élégante, et quand ils veulent.” La priorité est, dit-il, donnée à la qualité et à la fraicheur du produit. “Je recherche des ingrédients de base exceptionnels. De là dépend ma cuisine“.
Dans sa volonté de simplicité, Alain Allegretti a également voulu alléger les codes de la Haute Cuisine française. “Je me situe entre le bistrot et le fine dining“. “Nous avons choisi un service délibérément moins formel que dans les grands restaurants, et les prix s’ensuivent”.
Finalement, il assimile sa démarche à celle des chefs Joël Robuchon et Alain Senderens, qui après des années au firmament des trois étoiles, ont ouvert des versions plus décontractées de leurs restaurants: fini le caviar, les truffes ou les nappes et des prix (plus) abordables. Et comme eux, Allegretti dit ne pas faire la course aux trois étoiles. “Je ne fais pas tout pour, car cela demanderait trop d’argent“. Mais comme tous les autres chefs, il ne dit pas non.
Pour l’heure, les critiques sont inégales. Adam Platt, l’arbitre des élégances gastronomiques du New York Magazine n’a guère aimé le classicisme et n’accorde qu’une étoile (sur cinq possibles). Frank Bruni, du New York Times, est un peu plus généreux, avec deux étoiles (sur quatre).
Mais le chef ne se laisse pas abattre, “Nous sommes sereins face à la critique”, et reste confiant dans l’avenir. “La compétition à New York est plus rude, plus diversifiée que partout ailleurs“, et c’est cette stimulation que recherchait un jeune chef comme Alain Allegretti. Il imagine ses quinze prochaines à New York, et envisage d’ouvrir d’autres restaurants, soit ici, ou ailleurs aux États Unis.
Il se définit lui-même comme un entrepreneur. “Aujourd’hui la cuisine, ce n’est plus simplement avoir du talent, c’est aussi être un homme d’affaire”. “Les grands chefs, la cuisine française à la Bocuse, c’est un modèle dépassé. Maintenant il ne suffit plus de passer son temps en cuisine.”
Allegretti
Adresse: 46 W. 22nd St., nr. Sixth Avenue.
Tel: 212-206-0555.
Du lundi au samedi.
Déjeuner: 11:45am / 2:30pm
Diner: 5:30pm / 10:30pm
Prix:
– Entrées: de $10 à $18
– Pasta: de $16 à $20
– Plats: de $30 à $36
Réservation recommandée.
Les femmes et Sarkozy à la rescousse de l'économie.
Si les banques de l’Hexagone viennent d’être touchées de plein fouet par la crise, la presse française quant à elle lutte contre la dépression depuis déjà des années. C’est le triste constat dressé par un article du Herald Tribune daté du 19 octobre. Sur 1000 français, seulement 154 achètent et lisent un quotidien: moins qu’à Cuba ou qu’en Lituanie, et surtout bien loin derrière l’Allemagne ou la Grande-Bretagne! Trop chère, trop maigre, mal distribuée, la presse en France semble affligée de tous les maux. La faute à qui, selon ce journaliste anglo-saxon, et cela va de soi, libéral? A l’État, aux corporatismes et à la régulation bien évidemment. La loi Bichet (1947) interdit la sélection des titres en boutique, le réseau de distribution est en fait un monopole qui défend bec et ongles ses intérêts, les subventions gouvernementales empêchent la compétition et le dynamisme, et pour finir, cerise sur le gâteau, les kiosques sont souvent fermés le week-end (jours, dans tous les autres pays, de pic des ventes). Au lieu de s’enliser dans un tel modèle d’archaïsmes, le journaliste suggère que la presse française s’inspire de ses voisins allemands et britanniques: plus de tabloïds, penser les quotidiens comme un produit commercial, voilà les solutions!
La presse française enterrée, c’est au tour du système bancaire: comme l’explique un article du Financial Times du 13 octobre, les banques françaises s’étaient vantées jusqu’à présent d’être plus solides que leurs consœurs étrangères. Mais depuis la faillite de Dexia, et la révélation que trois des quatre plus grandes banques ont en fait largement ouvert leur capital aux spéculateurs étrangers pour lever des fonds, rien n’est plus sûr. Et c’est donc sans surprise que la confirmation d’un plan de sauvetage arrive le lendemain dans un article de Forbes Magazine. 320 milliards d’euros destinés à garantir les prêts des particuliers, et 40 milliards alloués à la création d’une réserve de liquidité en cas de situation d’urgence.
Le journaliste rappelle que ce plan est la contribution française à des mesures d’urgence adoptées au niveau européen. Si l’on doutait encore que ces dispositions financières soient indispensables, 600 millions d’euros de pertes sont annoncés par la Caisse d’Epargne, comme le relate le New York Times du 17 octobre. En cause, “l’extrême volatilité des marchés” et l’imprudence de certains traders qui ont dépassé les plafonds de risques autorisés lors de la spéculation sur des produits dérivés. Un article de Bloomberg Journal explique alors la volonté du gouvernement français de trouver des coupables et de leur faire assumer les conséquences. Le résultat est la démission ce week-end des trois premiers dirigeants de la Caisse d’Epargne, et des interrogations toujours plus grandes sur la supposée résistance de notre système bancaire.
Heureusement, Nicolas Sarkozy est là. Par force d’hyperactivité, il s’est imposé comme le leader incontesté de l’Union Européenne face à la crise. D’hyperactif justement, mais aussi “autoritaire et imprévisible“, voilà comment le qualifie le Herald Tribune du 15 octobre. Ce dernier salue son action à la tête de l’Europe, de la bonne gestion du conflit en Géorgie à sa réussite à réunir l’Europe, traditionnellement divisée sur les questions financières, autour d’une réponse commune à la crise. Attention à ne pas prendre la grosse tête conseille néanmoins un autre journaliste du Washington Post qui cite le désir du président français de “re-fonder le capitalisme mondial”, face à une administration Bush un peu sceptique.
Mais ici aussi, Sarkozy est décrit comme un chef compétent et actif (“un omni-président” dit l’article qui reprend une expression du Canard Enchainé), alors qu’il était jusqu’à maintenant surtout connu des américains pour ses frasques personnels et son remariage avec Carla Bruni. Et Newsweek de remarquer qu’il avait tout à gagner de ces prises de risques, puisqu’aucune élection ne le menace avant 2012.
Et si les femmes pouvaient aussi aider à résoudre la crise? C’est l’idée promue par le Forum économique et social de Deauville, qui se tenait de jeudi à samedi et auquel participaient plus de 1200 femmes du monde entier. Ingrid Bétancourt, Diane Von Furstemberg, Fadela Amara, Christine Okhrent, voilà quelques uns des grands noms français qui étaient présents lors de l’événement selon le New York Times. C’est d’ailleurs une française qui à l’origine de ce forum: Aude Zieseniss de Thuin, aujourd’hui 58 ans, et dont la volonté est de “donner une voix aux femmes”. Ainsi, pendant trois jours, se sont enchainés conférences et ateliers, avec comme problématique centrale la place et le rôle des femmes dans les grands sujets du moment: la crise économique, l’environnement et les élections américaines entre autres. Au-delà des grands sentiments, le journaliste ne peut s’empêcher de remarquer avec ironie, le paradoxe, apparemment fréquent en France, entre discussions sur la pauvreté et petits fours, débat sur les femmes battues et promotion de cosmétiques hors-de-prix. Mais selon une participante, il faut surtout retenir de ce forum qu’il est l’occasion de démontrer “une dynamique collective: les femmes sont au service du progrès”; et que loin des préjugés, il existe une véritable solidarité féminine: “Nous voulons toutes que toutes réussissent”.
Enfin, Joe le plombier, le héros de la campagne, célébré par McCain pour avoir interpellé Obama sur les impôts. Dans un éditorial du New York Times, Roger Cohen se livre à une étude comparative de la figure du plombier en France et aux États-Unis. Il rappelle ainsi qu’avant le Joe le Plombier de l’Ohio, il y avait le plombier polonais (appelons-le Jozef le Plombier donc) qui s’est infiltré avec heurts et fracas dans la vie politique française. L’éditorialiste ironise sur la célébrité de tels personnages, qui a toujours pour arrière-plan le marasme économique, et déplore leur inutilité à faire progresser le débat politique. Au final, il suggère que Joe et Jozef se rencontrent à Paris après les élections américaines, afin de discuter entre frères d’arme affectés par la crise d’une coopération internationale: Plombiers de tous les pays, unissez-vous! Remarquons au passage que Roger Cohen a omis de mentionner une différence de taille: dans le cas de la France, le plombier polonais n’était pas la victime, mais la menace.
NYC Big Wheel Race
Après huit années successives à San Franscico et pour sa première édition new yorkaise, le NYC Big Wheel Race s’installe dans Central Park.
L’évènement est présenté par Newmindspace, un collectif d’artistes déjà réputés pour avoir organisé des combat de bulles et des batailles d’oreillers, au nom de la réappropriation de l’espace public.
Les participants se doivent de venir costumés avec leurs casques (protection oblige) et leur tricycle, (ou tout du mois moins tout ce qui possède une assise à 30 cm du sol et des roues).
Les quatre premiers arrivés seront récompensés, tout comme le costume et le véhicule le plus original.
Avis aux sportifs !
Les inscriptions gratuites pour la course se font à cette adresse : [email protected].
Le rendez-vous a lieu au Central Park Drive sur 103eme rue, côté East side.
Site officiel : NYC Big Wheel Race
NYC Big Wheel Race
Samedi 18 octobre
De 14h à 16h
Central Park, NY
14th Tour de Bronx
Envie de profiter de l’été indien qui s’éternise?
Le 14th Tour de Bronx propose deux parcours, un de 25 miles (40 km) et l’autre de 40 miles (64 km).
Le parcours de 25 miles permets, en roulant sur des bandes de circulation et sur des pistes cyclables, de (re)découvrir le Bronx Greenway, les quartiers historiques, le littoral du Bronx, ses parcs et ses nombreux quartiers. Le trajet est encadré et par des volontaires et par des policiers à vélo pour assurer le maximum de sécurité et de confort.
Le parcours de 40 miles est donc une course plus rapide, plus grande distance, même laps de temps. Le trajet fait passer par City Island, SUNY Maritime College and Orchad Beach. La course est recommandée pour des cyclistes confirmés, suffisamment à l’aise pour se déplacer dans la circulation et le trafic. Ce parcours n’est pas encadré, les enfants de moins de 16 ans doivent être accompagnés par un adulte.
Pour s’inscrire en ligne et en connaître plus sur le parcours : Le Tour de Bronx 2008
Les inscriptions en ligne se font jusqu’au Jeudi 16 Octobre
The 14th Tour de Bronx
Samedi 14 Octobre
Bronx
New York Eldorado, New York J’aurai ta peau
En tant que life coach, je m’attendais à ce que mes clients aient en majorité des problèmes d’identité et de coeur à régler. Et bien, pas du tout. Beaucoup d’entre eux sont en pleine crise boulot, complètement scotchés sur le bord de la route, tiraillés entre ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils doivent faire.
Emportés par l’énergie de la ville et les opportunités qu’elle offre, loin de toutes contraintes sociales et familiales, ils se disent que c’est le moment où jamais de se ré-inventer et de partir a la recherche de leur nouvelle voie professionnelle.
Gilles a 40 ans et est à New York depuis 5 mois. Sa femme ayant décroché un gros poste dans une agence de pub, ils ont décidé de déménager avec leurs trois filles pour tenter l’ expérience. Elle adore son nouveau job, les enfants sont ravis du changement, et lui reste seul toute la journée a déprimer en se demandant ce qu’il va bien pouvoir faire. Même si sa carrière en France a plutôt été brillante, refaire la même chose ici l’ennuie profondément. Il pense avoir toujours joué à contre-emploi et sent qu’il a en lui quelque chose de spécial qu’il n’a jamais osé exprimer. Appelons ça un don, un goût ou autre chose, qu’importe. Il a besoin de sortir ce qu’il a dans les tripes même s’il ne sait pas ce que c’est.
“Je suis paralysé, j’ai besoin d’aide”. Il faut toujours construire sur ce qui va bien, et pour Gilles, c’est sa passion pour l’art contemporain. Dès qu’il en parle, il s’anime, prend des couleurs, prend vie. Pourquoi alors ne pas le pousser un peu plus dans cette direction, au lieu de le voir se morfondre à écrire un CV qui pèse une tonne et qui ne lui ressemble plus? Il se décide à étudier à fond un artiste par jour, et se remet à la sculpture abandonnée a l’age de 17 ans. Très vite, le bonheur de faire ce qu’il voulait faire, de se sentir enfin à sa place et de s’accepter en tant que créatif s’est traduit par un enthousiasme si communicatif qu’il rencontra alors cet investisseur Américain qui est maintenant son partenaire dans une boîte spécialisée dans la création d’événements artistiques.
Il faut du courage pour se remettre en question. Et ce n’est pas étonnant que bon nombre de Français décident de venir à New York, ville d’immigrés par excellence, pour faire le grand saut dans l’inconnu et être enfin en vérité avec eux-mêmes. La victoire n’en est que plus belle. L’échec hélas plus que retentissant. New York est une ville qui sait donner mais qui reprend bien vite si on ne le mérite pas.
Posez moi vos questions sur www.monlifecoach.com, j’y repondrai dans cette rubrique.
Une Newyorkaise au pays des prix littéraires
A cette heure là, d’habitude, on peut la retrouver pour un petit-déjeuner à l’étage de chez The Adore,café de la 13ème rue. Là, elle prend le train pour Mulhouse. Elle ira comme ça dans une quinzaine de villes de France pour répondre à des questions de lycéens, puisqu’elle a été présélectionnée pour le Goncourt des Lycéens. « Ca m’amuse. Je n’ai jamais fait ça et je ne le referai peut-être jamais. » Comme si c’était un coup du hasard.
Le succès l’a prise par surprise. Elle était en train de se baigner en Bretagne quand la première critique élogieuse de son livre a été imprimée.
Notez que Marie, le personnage de son roman, blonde aux yeux bleus comme elle, passe aussi ses vacances en Bretagne. On fait semblant de croire Catherine quand elle dit que son dernier roman est une fiction. En arrivant à New York, j’avais entendu dire que si on passait trop près de la vie de Catherine Cusset, on risquait de se faire happer dans un de ses romans.
Ceci dit, le personnage central d’Un brillant avenir, ce n’est pas Marie mais sa belle-mère Helen. Helen, anciennement Elena, née en Bessarabie, adoptée, devenue physicienne nucléaire, a fui la Roumanie pour, à la quarantaine, redémarrer sa vie aux Etats-Unis ans avec son mari, Jacob.
En alternant son histoire passée et actuelle, les chapitres au passé et au présent font étape en Roumanie, en Israël, en Italie, en France, et bien sûr aux Etats-Unis.
Au présent, ses relations avec Marie, sa belle-fille, dont elle craint qu’elle attire son fils en France et gâche le « brillant avenir » qui lui était réservé aux Etats-Unis. Sans s’en rendre compte, Helen duplique ce qu’elle a vécu, quand, en Roumanie, ses parents ne voulaient pas qu’elle épouse Jacob parce qu’il était juif.
« Dans sa forme finale, je savais qu’il ne pouvait pas être différent » dit Catherine Cusset de son roman qu’elle a décousu, repris, retravaillé pendant trois ans. « J’ai beaucoup réfléchi, beaucoup hésité ». Elle avait envisagé de ne raconter que l’histoire d’Elena. Marie est arrivée après.
Mais le parcours de Marie la Française aux Etats-Unis n’est pas l’écho de celui d’Helen. « Expatriés, immigrés, c’est très différent. Les expatriés ne sont pas des immigrés, ils n’ont pas tourné le dos à leur passé. Helen a tourné le dos à son passé. Pour elle, il y a rupture », souligne la romancière. Alors que Marie revient, elle, chaque été de ses vacances en en France avec un peu de nostalgie de l’air breton.
On s’amuse à la lecture de l’arrogance désarmante de Marie qui à ses retours de France à New York tente de donner des leçons de qualité de vie à ses beaux-parents. « Quand tu vis à l’étranger, tu te rends compte de ce qu’est être français » s’amuse Catherine Cusset, installée aux Etats-Unis depuis vingt ans. Quant à ce petit sentiment de supériorité du Français qui débarque, elle l’a identifié très vite. « A peine débarquée, je m’en suis rendue compte. Je suis arrivée toute jeune après Normale Sup. On a l’impression qu’on est au centre du monde parce qu’on fait cette école alors qu’elle n’existe pas du tout à l’étranger. »
« Un brillant avenir » interroge ce qu’il (nous) reste du rêve américain, des promesses de la vie aux Etats-Unis. Alors que dans le livre, Helen est hantée par l’idée que sa belle-fille Marie soit tentée de retourner vivre en France, Catherine Cusset s’est accordée une année sabbatique en France à l’occasion de la sortie de son livre. Elle en parle comme d’une parenthèse réjouissante, profite de toutes ces petites choses sur lesquelles on n’arrive pas à mettre un nom quand on est aux Etats-Unis et qui peuvent manquer. Elle va bientôt retourner à New York pour quelques semaines. En vacances.
UN BRILLANT AVENIR de Catherine Cusset. Gallimard, 374 p., 21 €.
Catherine Cusset, amie de French Morning y a écrit une dizaine de chroniques, principalement des portraits de francophones de New York.
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