Vienne, 1902. Auguste Rodin et Gustav Klimt se rencontrent pour la seule et unique fois de leur vie, lors de l’exposition Beethoven organisée par la Sécession viennoise. Le courant artistique autrichien est alors présidé par Klimt, qui créé pour l’occasion l’une de ses œuvres les plus connues : la Frise Beethoven. Installée à l’entrée de l’exposition, la frise de 34 mètres de large sur 2 mètres de haut ne manque pas, à l’époque, de fasciner le sculpteur français.
Depuis le début de l’année 2017, le centenaire de la mort d’Auguste Rodin est célébré à San Francisco. Le 6 février prochain, cela fera également un siècle que Gustav Klimt se sera éteint. Le musée des beaux-arts de la Fog City a décidé de rendre hommage à ces deux « titans de l’art moderne », selon les mots de Martin Chapman, conservateur en charge de l’art décoratif et des sculptures au Fine Arts Museum de San Francisco.
Jusqu’au 28 janvier 2018, 32 oeuvres de Gustave Klimt, de l’huile sur toile la Nuda Veritas (1899) au tableau The Virgin (1913), vont épouser les 25 sculptures d’Auguste Rodin, oeuvres issues de la collection permanente du musée the Legion of Honor de San Francisco. L’exposition “Klimt & Rodin: An Artistic Encounter” a été imaginé comme « un dialogue entre ces deux maîtres de l’art moderne », explique Max Hollein, directeur du Fine Arts Museum.
« Il s’agit de la première exposition majeure de Klimt sur la côte ouest et la moitié des oeuvres ici sont exposées pour la toute première fois aux États-Unis », souligne Tobias G. Natter, conservateur invité de l’exhibition et expert reconnu de l’art viennois. Les tableaux du peintre autrichien sont disposés dans trois galeries du musée. Ils viennent tout droit de musées autrichiens et tchèques.
« Le travail de Rodin est le plus progressiste et provocateur de la sculpture moderne, analyse Martin Chapman. Cette exposition vous montre ce que Le Baiser de Rodin et Le Baiser de Klimt ont en commun. Et comment ils communiquent un message similaire à travers des matériaux différents. »
Les toiles de Klimt rencontrent les sculptures de Rodin à San Francisco
Après les incendies de Napa Valley, les vignerons français font le bilan
Un parasol et une table de jardin installés sur un parking. C’est tout ce qu’il reste des bureaux du domaine Signorello, un des prestigieux domaines vinicoles de la Napa Valley. « Ici se trouvaient notre salon de dégustation, nos bureaux ainsi que l’appartement du patron », dit le vigneron Pierre Birebent en pointant du doigt le bâtiment complètement ravagé par les flammes. Seuls la terrasse de la piscine à débordement, un pan de mur aux pierres noircies et deux colonnes couleur ocre subsistent. Le reste est réduit à l’état de cendres.
Situé au sud de l’Atlas Peak, Signorello fait partie de la vingtaine d’exploitations ravagées par les incendies de Californie du Nord qui sévissent depuis le 8 octobre. « J’ai reçu un coup de téléphone à 23 h me disant qu’il y avait un feu dans le sud de la vallée. J’ai sauté dans ma voiture. Quand je suis arrivé, le jardin était en feu. Avec deux de mes employés, on a essayé d’arroser, mais le feu et la fumée étaient trop forts. On a été obligé de reculer. Puis le bâtiment s’est enflammé ». En vingt années passées à prendre soin de ce domaine, le vigneron n’a « jamais vu ça ».
Pierre Birebent commence tout juste à encaisser le coup. « Jeudi, quand on a pu accéder au domaine et constater les dégâts, les larmes coulaient. Une semaine après, il faut se faire à l’idée. Les assurances sont là pour ça ». Par chance, les 15 hectares de vignes n’ont pas été touchés. « Le feu s’est arrêté pile au niveau des cuves. Allez savoir pourquoi… », dit-il, en montrant, sans trop y croire, un crucifix accroché en haut d’une cuve par ses employés « très croyants ».
Les cuves abritent 19.000 litres de cépage Cabernet Sauvignon, récoltés fin septembre, tout juste une semaine avant le début des feux. « 95 % de la récolte ont déjà été effectués », indique Pierre Birebent. Les cuvées des années antérieures sont, elles, hors de danger. « Nos stocks se trouvent dans un entrepôt au sud de Napa ».
Habituellement, la bouteille de Signorello se vend environ 150 dollars mais le vigneron craint que le jus en fermentation soit altéré par le « smoke taint » (l’odeur de fumée). Pour le savoir, il faut qu’il goûte et analyse chacune des cuves. « Si c’est le cas, on fera une cuvée spéciale appelée le vin miraculé », ironise-t-il.
Jean-Noël Fourmeaux n’a pas la chance d’avoir la majorité de sa récolte déjà vendangée. « Mes trois vignobles sont sur Mount Veeder, la montagne qui brûle toujours », soupire le propriétaire de VGS Château Potelle qui attend toujours un coup de fil du sherif lui donnant le feu vert pour accéder à ses vignes. « Jeudi dernier, à partir des images de la carte infrarouge, j’ai pu voir que 50 % de mes vignes avaient brûlé, pour le reste je ne sais toujours pas ».
Les vendanges de ses différents cépages bordelais – près de 60 hectares – se font plus tardivement, car l’exploitation se situe à 2.300 pieds d’altitude (700 mètres). Dans la vallée, la récolte débute mi-septembre tandis qu’en montagne, elle commence généralement mi-octobre. « Nous étions en train de récolter quand le feu s’est déclaré dimanche (8 octobre, Ndlr). Lorsque nous avons fini à 6h du matin, les routes étaient bloquées. Nous avons dû faire un détour pour arriver à notre winery », raconte Jean-Noël Fourmeaux.
Mais en arrivant à son établissement de production de Napa, le vigneron n’avait plus d’électricité. « Nous avons mis les raisins dans une cave froide et nous avons dû attendre deux jours avant de pouvoir lancer la transformation ». Il s’agit de la seule récolte que Jean-Noël Fourmeaux a pu sauver. « C’est à peine 10 % de nos vignobles, c’est rien du tout ! »
Sans savoir si certaines de ses parcelles ont survécu aux flammes, le vigneron ne se fait pas d’illusion. « Cela fait des jours que les vignes baignent dans cette odeur de fumée. Il y a des traitements pour enlever le goût de fumée mais ils diminuent la qualité du vin », déplore-t-il en concédant que « les vins n’auront certainement pas le même caractère que les années précédentes ».
Concernant les parcelles parties en fumée, il faudra attendre cinq ans pour replanter et pour que les vignes fleurissent à nouveau. « Il faut compter entre 100.000 et 125.000 dollars pour replanter un acre de vignoble (soit 0,4 hectare, Ndlr) », estime Jean-Noël Fourmeaux depuis son salon de dégustation situé à Saint Helena, à 20 miles au nord de Napa.
« Nous attendons les visiteurs avec un grand sourire mais c’est mort ici, il n’y a plus de touristes. Nous allons faire un mois catastrophique », s’exclame-t-il, en envisageant une perte de 240.000 dollars de chiffre d’affaires sur le mois d’octobre, pour son activité dégustation. Sans parler du fait que cette année, il ne fera « pas beaucoup de rouge ».
La culture générale en question au Lycée français de New York
Quel avenir pour la culture générale à l’heure du tout digital ? Y-a-t-il un équivalent américain au concept de “culture gé” française ? C’est, en substance, les questions qui chaufferont les neurones des participants de “La culture oui, but why ?” au Lycée français de New York le samedi 28 octobre.
Plusieurs intervenants de renom sont attendus lors de cette journée ponctuée par deux conférences gratuites (programme complet ci-dessous). La première portera sur la citoyenneté et la culture dans l’environnement digital actuel. Seront présents: Christian Monjou, expert des questions managériales et spécialiste du monde anglo-saxon, et Juliet Barbara, directrice de la communication à la fondation Wikimedia, l’entité qui opère Wikipedia et d’autres projets de partage de la connaissance. La seconde s’interrogera sur la place de la culture générale dans l’enseignement supérieur.
Une foire d’associations culturelles françaises et francophones et des ateliers créatifs gratuits pour les enfants se dérouleront en marge des conférences. Les associations qui veulent participer à la foire doivent contacter [email protected].
Un gala en musique pour soutenir les Français dans le besoin à New York
Dans une ville comme New York, on oublie facilement que certains Français vivent dans la détresse ou le besoin. L’association Entraide française et ses volontaires leur viennent en aide tout au long de l’année.
Le groupe organise son gala annuel le vendredi 17 novembre au Consulat de France à New York. Au programme: un dîner gourmet, des enchères et un concert de deux jeunes perles du violon, Irène Duval et Virgil Boutellis-Taft (ci-dessus). En 2016, l’Entraide a soutenu par ses différentes actions plus de 200 personnes, dont des seniors isolés, des enfants, des prisonniers, mais aussi de “jeunes talents” issus du monde des arts.
Contacter [email protected] pour être placé sur la liste d’attente.
Prenez vos places pour l'exposition "Made in France" à Miami Beach
Les artistes français de Miami ont du talent et ils le montrent. L’exposition “Made in France” fait son retour pour la troisième année le 1er novembre dans le cadre des French Weeks Miami. Les tickets (gratuits) sont disponibles.
L’événement, qui aura lieu à l’hôtel Blanc Kara (en clin d’oeil au premier Art basel qui avait eu lieu dans un hôtel) à South Beach, rassemblera une vingtaine d’artistes français de Miami. Les oeuvres présentées mettront en valeur la beauté et l’élégance à la française. Plusieurs prix seront à gagner pendant la soirée (dîner pour deux à Villa Azur, séance photo, concert de musique classique…). L’exposition est organisée en soutien à l’association Street Art for Mankind (SAM) qui lutte contre l’esclavage des enfants dans le monde à travers l’art de rue.
"L'Etat de siège": le Théâtre de la Ville s'aventure au pays de Trump
Jouer du Albert Camus en français aux Etats-Unis, c’est ambitieux. Et d’autant plus quand il s’agit d’une pièce méconnue du grand public comme “L’Etat de siège”. Mais cela n’effraie pas Emmanuel Demarcy-Mota, le metteur en scène du Théâtre de la Ville, qui présente cette pièce du vendredi 20 octobre au samedi 11 novembre à Berkeley, Los Angeles, New York et Boston.
Après avoir exporté aux Etats-Unis “Rhinocéros” d’Ionesco en 2012 et “Six personnages en quête d’auteur” de Luigi Pirandello en 2014, Emmanuel Demarcy-Mota est heureux de véhiculer la “parole de Camus“. Écrite en 1948, cette pièce dénonce le fascisme, et plus généralement les totalitarismes, mais cible particulièrement la dictature de Franco. Une ville d’Andalousie est plongée dans la terreur avec l’arrivée d’une maladie, la peste. Incarnée par un homme ambitieux, cette peste oblige à instaurer l’état de siège, ce qui apporte l’ordre et la surveillance. La terreur s’installe jusqu’à ce que la révolte, incarnée par Diego, s’organise.
Décrite comme “une prière de rage“, cette pièce révèle la jeunesse face à un monde en changement, et rappelle “qu’il faut lutter contre la peur“. “Dans les moments d’espoir, souvent la peste revient. Il faut rester vigilant“, assure le metteur en scène franco-portugais, sa phrase sonnant comme une métaphore de l’élection américaine. “Dans “L’Etat de siège”, Camus dit qu’il ne suffit pas de connaître la maladie, mais aussi la guérir. Il faut croire en l’homme, en ses passions, en ses rêves et se méfier d’un siècle où nous sommes restés dans la polémique, qui a remplacé le dialogue“.
Au-delà du message, très actuel, il lui paraissait urgent de rappeler les liens forts entre Camus et les Etats-Unis, dont son discours aux Nations Unies pour réclamer l’abolition de la peine de mort.
Créer des ponts culturels
Jouée par 16 acteurs en français une centaine de fois, “L’Etat de siège” est surtitrée en anglais (sur des écrans), pour être adaptée à un public américain. “J’aime que les pièces circulent, cette dimension internationale fait partie de ce qu’est le théâtre.” Cette performance offre une riche dimension sonore et visuelle, avec un décor d’arène, une atmosphère lumineuse et des vidéos intégrées (images de vidéo surveillance et de paysages poétiques).
Grâce à d’excellentes relations avec la direction du Brooklyn Academy of Music (BAM) à New York, Emmanuel Demarcy-Mota a su tisser des partenariats précieux avec de nombreux théâtres américains. “Les spectacles ont du succès, les directeurs de théâtre ont réuni les moyens financiers pour nous inviter“.
Et, pour “construire des autoroutes culturelles et artistiques de ville à ville”, il a mis en place des partenariats, comme le programme The Brooklyn/Paris Exchange qui permet d’accueillir des artistes français à New York, et inversement. Et, après l’avoir expérimenté avec Chicago, il planche sur une collaboration avec Detroit. “Je veux travailler à l’effacement des frontières alors que certains présidents rêvent de les rallonger, dit-il. Je fais des ponts contre les murs, c’est ce qui me fait vivre.”
À Miami, le français Acticall veut redorer l'image des centres d'appels
C’est l’un des fleurons français des centres d’appels et depuis quelques mois, il se fait une place sous le soleil de Miami. Acticall Sitel Group, devenu troisième mondial du secteur, vient de s’implanter en Floride. « C’est un centre de gravité économique stratégique, un pont entre l’Europe et l’Asie, ce qui est intéressant car nous cherchons également à nous développer en Chine », explique Laurent Uberti, co-fondateur d’Acticall Sitel Group.
Cette success-story entrepreneuriale est née aux débuts des années 1990 en France grâce à trois amis diplômés d’une école de commerce niçoise. « C’était les débuts d’Internet, nous avions alors une vingtaine d’années et un véritable esprit start-up, celui de construire son entreprise de zéro sans même imaginer ce que cela pourrait donner, se remémore le Palois de 46 ans. Nous avons rapidement senti le besoin de développer à l’international ce que nous avions bâti en France, ajoute-t-il. Nous nous sommes alors déployés en Afrique puis au Brésil ».
En 2015, afin d’accélérer davantage son internationalisation, le groupe Acticall, qui pèse alors 180 millions d’euros, rachète, grâce à l’investissement de son actionnaire majoritaire Créadev, son concurrent Sitel, leader américain du secteur. « Cette société était sept fois plus grosse que nous, mais comme les acquisitions sont généralement complexes et longues, il valait mieux cibler nos efforts sur une seule plutôt que d’en racheter dix plus petites », précise Laurent Uberti.
Aujourd’hui, Acticall Sitel Group, qui compte plus de 75.000 collaborateurs répartis dans une vingtaine de pays et sur près de 150 sites, souhaite par ailleurs dépoussiérer l’image un peu ternie des centres d’appels. « Notre métier n’est pas simplement de décrocher le téléphone », souligne Laurent Uberti qui propose à ses 400 clients une expertise dans des domaines connexes tels que le conseil, la formation ou encore le digital. « Nous sommes une boîte à outils permettant aux entreprises de mieux gérer leurs relations clients car elles se complexifient avec l’apparition des nouvelles technologies et la multiplication des supports de communication ».
Acticall Sitel Group mise également sur la révolution du numérique et de l’intelligence artificielle. « Cela devrait permettre à nos collaborateurs d’être encore plus réactifs et de multiplier les tâches, précise Laurent Uberti. Malgré tout, ce ne sera qu’un support car même si l’intelligence artificielle est capable de faire une grande partie du travail, nous devons garder une certaine qualité humaine qui permet d’apporter de l’émotion aux relations clients ».
Étoiles Michelin 2018 à Washington: les résultats
C’est une petite pluie d’étoiles qui est tombée sur Washington ce mardi 17 octobre. Michelin a rendu son verdict: il n’y aura toujours pas de restaurants trois étoiles dans la capitale américaine.
Pour sa deuxième édition washingtonienne, le fameux guide rouge prime cette année 14 restaurants. Aucun établissement ne perd d’étoile. Il n’y a pas de promotion d’une étoile à deux étoiles non plus… Bref, on prend les mêmes et en recommence. On parlait d’une étoile pour Frank Ruta avec Mirabelle ou peut être pour Mike Isabella avec Arroz mais, au final, deux nouveaux restaurants seulement s’ajoutent aux 12 recensés lors du premier guide: l’excellent Komi, qui semblait un peu avoir été oublié l’année dernière, et Métier, du chef Eric Ziebold. Cela fait en réalité deux étoiles pour ce dernier car il régale aussi le restaurant étoilé Kinship, qui se trouve dans le même bâtiment que Métier. Chef Johnny Monis de Komi est donc le seul nouveau chef étoilé pour 2018. Aucun chef français ou femme n’a été primé cette année.
Deux étoiles:
Une étoile:
- Rose’s Luxury
- The Dabney
- Blue Duck Tavern
- Kinship
- Plume
- Tail Up Goat
- Masseria
- Fiola
- Sushi Taro
- Métier
- Komi
Ces quatorze restaurants s’ajoutent aux vingt-deux établissements figurant sur la liste des Bib Gourmands, annoncée la semaine dernière. Parmi eux, on retrouve aussi les mêmes que l’année dernière, avec trois petits nouveaux seulement: Sfoglina de Fabio and Maria Trabocchi (déja étoilés pour Fiola), Hazel et Ivy City Smokehouse.
Le Inn at Little Washington reste le seul restaurant du palmarès (il y a 109 restaurants inclus dans ce nouveau guide rouge) situé en dehors de Washington. Les inspecteurs Michelin ne semblent donc pas encore prêts à explorer les routes d’Old Town Alexandria et autres banlieues proches de Washington. L’ensemble de la liste des restaurants étoilés de Washington, D.C. est disponible ici. Le guide sera en vente à partir du 20 octobre.
La Française de New York derrière l'appel #BalanceTonPorc
“Depuis vendredi ça n’arrête pas. Le téléphone qui sonne, les messages, les demandes d’interviews. Je ne dors plus…“. Sandra Muller était loin d’imaginer que son tweet allait enflammer la toile française.
Cette journaliste française, installée depuis quatre ans à New York d’où elle dirige La Lettre de l’Audiovisuel, a été profondément choquée par l’affaire Weinstein et les témoignages d’actrices agressées. “Il y a eu cette Une du Parisien où quelqu’un disait: ‘à Cannes, tout le monde savait’, ça m’a dégouté“. Quelques heures plus tard, quand une de ses amies lui raconte au téléphone qu’elle aussi a été agressée au travail, Sandra Muller décide de lancer un appel sur twitter, vendredi 13 octobre. Le résultat: “#balancetonporc. toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends“.
A New York, il est 8am. Mais en France, les médias sont en conférence de rédaction et le tweet de Sandra Muller s’affiche sur les téléphones de nombreuses consœurs. En deux jours, les témoignages affluent et plus de 160.000 tweets dénoncent une agression ou une menace à caractère sexuel. France Inter, France Télévisions, presse écrite… Ce sont d’abord beaucoup de journalistes femmes qui brisent la loi du silence. “On pense que c’est un milieu cool, mais c’est loin d’être le cas“, explique Sandra Muller qui elle aussi a désigné quelqu’un: un ancien dirigeant de France 2 et ancien président de la chaîne Equidia qui lui avait déclaré lors du festival de Cannes «Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit».
Après les journalistes, #balancetonporc a été repris par des femmes d’autres secteurs, qu’elles travaillent dans la banque, dans la vente, la restauration ou les travaux publics. “Je suis contente parce que ça a permis à beaucoup de femmes de dénoncer ce qu’elles ont subi. Ça a brisé l’omerta“.
#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends
— Sandra Muller (@LettreAudio) October 13, 2017
“#Balancetonporc est une formule choc un peu vulgaire“, reconnaît Sandra Muller, tout en assumant complètement. “Il s’agit de personnes qui ne respectent rien ni personne“. Si de très nombreuses femmes ont trouvé une forme de libération à raconter des agressions sur twitter, les critiques ont fleuri, dénonçant la délation. “Je crois que c’est un faux procès, se défend avec véhémence Sandra Muller. Twitter n’est pas une cour de justice mais c’est un outil qui peut servir à révéler des choses. On parle de dénoncer des agressions. Critiquer ces femmes qui osent parler, c’est une nouvelle fois les culpabiliser et faire passer les agresseurs pour des victimes. Je ne pense pas qu’il y ait vraiment des cas de vengeances personnelles“.
Sandra Muller, dépassée par l’ampleur du phénomène, essaie de répondre à celles et ceux qui lui envoient des messages et des témoignages. “C’est dur à porter quand quelqu’un vous raconte un viol ou une agression, je cherche comment les aider, des organisations vers lesquelles les aiguiller“. Parmi les témoignages qu’elle a reçus, Sandra Muller évoque celui d’un homme, agressé par une femme, haut-fonctionnaire.
D’autres hashtag sont apparus sur la toile: #metoo, #moiaussi, qui pointent les “agressions du quotidien” dont les femmes font l’objet: mains baladeuses, frottements dans le métro et commentaires à caractère sexuel dans la rue…
A New York, Sandra Muller a le sourire. Brigitte Macron a suivi la tempête médiatique suscitée par son tweet et s’en est félicitée hier: “La libération de la parole, c’est ce qui peut arriver de mieux. Elles sont très courageuses de le faire et je pousse vraiment à rompre le silence, c’est formidable. Il y a quelque chose qui est en train de se passer, vraiment“.
French Inventory en concert au Delancey
Avouez-le: une jolie ballade de Renaud, un bon tube de Téléphone ou de Goldman, de temps en temps, ça fait du bien. Si vous êtes en manque de bonne musique pop française, courrez le jeudi 26 octobre au concert de French Inventory, au Delancey, dans le Lower East side.
French Inventory a démarré à deux il y a quelques années à Lille puis s’est étoffé à New York. Aujourd’hui, le groupe est composé de six francophiles expatriés, issus d’horizons professionnels divers, communiant autour d’un même amour de la variété française. French Inventory se produit régulièrement à Pianos, Bowery Electric et au Delancey, devant des Français ravis et des Américains surpris par la diversité de la musique frenchy. Vous avez aussi pu les applaudir pendant “la journée à la ferme” des 10 ans de French Morning. Si ce n’est pas gage de qualité…
Prochaine destination de la "révolution bilingue" ? Washington DC
À Washington DC comme dans le reste du pays, l’éducation bilingue a le vent en poupe. Mais si la demande des parents est en hausse, l’offre est souvent encore à la traîne. Pour tenter d’y remédier, l’organisation à but non-lucratif DC Language Immersion Project milite depuis trois ans pour l’ouverture de programmes bilingues dans les écoles publiques de Washington.
Dans ce cadre, DC Immersion organise les 20, 21 et 22 octobre l’événement Bilingual Revolution In DC, une série de rencontres dans différents lieux de la capitale fédérale (voir programme ci-dessous). Un seul thème: comment monter son programme bilingue. « Nous voulons donner aux parents des outils pour qu’ils obtiennent de la municipalité qu’une éducation bilingue soit disponible dans leur communauté », explique Vanessa Bertelli, co-fondatrice de DC Immersion.
Dans une démarche « grassroot » très américaine, DC Immersion espère généraliser l’enseignement bilingue dans les dix ans à venir.
Pour l’instant 14 écoles primaires, quatre collèges et trois lycées washingtoniens proposent des enseignements bilingues. Parmi ces établissements, seulement deux sont en français – l’école Elsie Whitlow Stokes dans le quartier de Brookland et la DC International School. Avec moins de 8% des élèves de la ville engagés dans des programmes bilingues et des listes d’attente longues comme le bras, il reste du pain sur la planche.
« Révolution bilingue »
Mais les spécificités de Washington jouent en faveur de DC Immersion, estime Vanessa Bertelli. « C’est une ville internationale, 110.000 des 630.000 habitants de la ville parlent une autre langue, détaille-t-elle. Et une étude montre que la demande de compétences linguistiques dans les offres d’emploi est en forte hausse, spécifiquement sur DC. »
Loin derrière l’espagnol, en termes de langue parlée dans la ville mais solide deuxième, le français est déjà relativement bien ancré, et de plus en plus recherché par les employeurs. « On voit qu’à DC, il y a une plus forte demande d’enseignement en français et en arabe que dans le reste du pays ».
Apôtre de la « révolution bilingue » à New York, Fabrice Jaumont, attaché éducatif et linguistique aux services culturels de l’ambassade de France, sera présent lors des rencontres organisées par DC Immersion. Il parlera du développement des programmes français-anglais dans la Grosse pomme, un exemple qui pourrait servir de modèle à suivre pour DC. Un “kit” de DC Immersion destiné à aider les parents qui veulent monter leur programme sera distribué lors des événements aussi.
« On sous-estime l’impact des parents motivés, explique-t-il. Les initiatives pourraient se démultiplier si les parents comprenaient qu’ils sont capables de monter des programmes et si on leur donnait la recette pour le faire. »
Liste des rencontres:
- 20 octobre, 6pm: Walls Of Books, 3325 Georgia Avenue Northwest
- 21 octobre, 10am: The Playground at Takoma Community Center, 300 Van Buren Street Northwest
- 21 octobre, 2pm: The Playground at Barry Farm Recreation Center, 1230 Sumner Road SE
- 21 octobre, 4pm: Beers Elementary School, 3600 Alabama Avenue Southeast
- 21 octobre, 6pm: Sara’s House, 4017 22nd St. NE
- 22 octobre, 10am: Suzanne’s House, 1339 East Capitol Street SE
- 22 octobre, 1pm: The Hall at Mass Place, 1111 Massachusetts Avenue Northwest
- 22 octobre, 3pm: BloomBars, 3222 11th St NW
- 22 octobre, 5pm: Matt’s House, 4709 Albemarle St NW