On croyait déjà tout connaître de la commune normande de Giverny, devenu célèbre parce qu’elle abrite la maison et les fameux jardins du peintre impressionniste Claude Monet. Et pourtant: l’artiste Mark Fox, originaire de Brooklyn, les montre sous une autre perspective. Le Norton Museum of Art de Palm Beach présente ses travaux du 5 juillet au 30 octobre.
« Giverny : Journal of an Unseen Garden » (“Journal d’un jardin invisible »), ce sont cinq écrans sur lesquels sont diffusés en boucle des enregistrements de vidéos sous-marines haute définition, prises à différents moments de la journée dans le célèbre bassin. Une manière pour l’artiste de révéler un jardin invisible, sous l’eau. C’est après un séjour de trois mois à la Fondation Monet de Giverny en 2010 que Mark Fox a eu cette idée. Son travail rend hommage à la méthode du peintre qui consistait à étudier l’effet des variations temporaires de lumière sur un sujet unique. Un débat en présence de l’artiste aura lieu le 7 juillet.
Quand Giverny rencontre Palm Beach
M83 sur la scène d'Austin City Limits en octobre
En tournée mondiale cette année, le célèbre groupe français de musique électronique M83 fera un crochet par Austin à la rentrée, à l’occasion de l’Austin City Limits Music Festival. Organisé cette année sur deux week-ends consécutifs, du vendredi 30 septembre au dimanche 2 octobre, et du vendredi 7 octobre au dimanche 9, le festival présentera plus de 130 groupes et musiciens répartis sur huit scènes. Parmi eux, Kendrick Lamar, Radiohead, Major Lazer ou encore Flume. Une programmation exceptionnelle.
L’ACL Music Festival, dont les concerts se dérouleront tous les jours de 11am à 10pm, est organisé au Zilker Park d’Austin. Chaque groupe assurant deux dates, M83 sera sur scène les vendredi 30 septembre et 7 octobre. Des tickets d’entrée à la journée sont encore en vente sur le site de l’événement pour ces deux dates, ainsi que pour le dimanche 2 octobre et le dimanche 9. Les pass 3 jours ne sont en revanche plus disponibles, à moins de souscrire à un pack VIP.
L'ICP inaugure ses nouveaux locaux avec une expo sur la vie privée
Ne le cherchez plus à Midtown. L’International Center of Photography (ICP) a ouvert ses portes au 250 Bowery, en face du New Museum. Avec plus de 700 expositions depuis sa fondation par le photo-journaliste Cornell Capa en 1974 , il s’est imposé comme l’une des principales institutions mondiales en matière de photographie et d’art visuel.
L’exposition inaugurale du nouvel espace, “Public, Private, Secret”, qui a démarré le 23 juin, est axée sur le concept de vie privée dans la culture de l’image d’aujourd’hui. Comment l’image que l’on a de soi peut-elle être liée à notre visibilité publique ? Les oeuvres de Zach Blas, Cindy Sherman ou Andy Warhol, entre autres, tentent de répondre à cette interrogation.
Une multitude d’images et de vidéos diffusées en temps réel et tirées des réseaux sociaux sont exposées aussi. Le but ? Pousser le visiteur à s’interroger sur une société de plus en plus centrée sur l’image. L’exposition est à l’image de cet ICP 2.0, qui a pour ambition de refléter les mutations de la photographie, à l’heure où la discipline n’est plus synonyme de photos qu’on imprime et encadre.
Prenez vos places pour entendre Yael Naïm à San Francisco
C’est le moment de chauffer votre voix. Yael Naïm sera le 12 septembre au Great American Music Hall de San Francisco. Les tickets viennent d’être mis en vente.
Connue pour son titre “New Soul” ou “Too Long”, la chanteuse n’avait pas mis les pieds à San Francisco depuis longtemps. Formée à la musique classique (dix ans de piano au conservatoire), la Franco-israélienne lance son groupe The Anti Collision lors de son service militaire et se produit dans des bars en Israël. Elle chante aussi bien en français, en anglais et en hébreu. En 2000, elle est repérée par le label EMI lors d’un concert caritatif en France.
Dans la foulée, elle enregistre son premier album “In a Man’s Womb”, suivi de “Yael Naïm en 2007 et de “Older” en 2016. Elle a gagné trois “Victoires de la musique”, d’abord en 2008 dans la catégorie “musique du monde”, puis en 2011 et 2016 pour “artiste féminine de l’année”.
Dans "Les Innocentes", Anne Fontaine sort de l'oubli un viol de 1945
Recherche de la foi et quête d’espérance au coeur d’un monastère polonais. “Les Innocentes”, film d’Anne Fontaine, sort aux Etats-Unis (à commencer par New York et Los Angeles le 1er juillet). Ce drame historique franco-polonais, co-écrit avec le scénariste français Pascal Bonitzer, est tiré d’une histoire vraie, celle du viol collectif de vingt-cinq religieuses par des soldats russes en 1945.
A l’époque, la Pologne se remet progressivement des blessures encore vives de la guerre. Mathilde Beaulieu, fille de communistes et docteure française en mission pour la Croix-Rouge, porte secours aux Français touchés par le drame. Une jeune religieuse polonaise partie chercher de l’aide fait appel à la jeune femme. Dans un couvent excentré, elle constate avec stupeur et désarroi l’atrocité du crime de l’Armée Rouge. Sept religieuses sont enceintes, certaines sur le point d’accoucher. Après l’acte barbare, est-il encore possible pour elles de croire ?
“Ma rencontre avec Philippe Maynial, neveu de la résistante Madeleine Pauliac (dont est inspiré le personnage de Mathilde Beaulieu), m’a poussé à réaliser ce film. J’ai été frappée par se qu’il s’est passé dans ce couvent et par ses soeurs. Je me suis naturellement laissée porter par le sujet”, explique la réalisatrice.
Son inspiration, elle l’a en partie puisée dans le journal de bord que tenait la femme-médecin, mais également dans deux retraites dans des couvents de Bénédictines. “C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que la foi était un sentiment fragile et peu stable. Cela m’a beaucoup aidé à anticiper et comprendre la situation”.
Les thématiques abordées dans “Les Innocentes” sont difficiles et complexes. Lou de Laâge joue avec brio le rôle de Mathilde Beaulieu. “Je l’ai remarquée dans le film Respire de Mélanie Laurent. Elle a beaucoup de charisme, de la constance et du mystère dans son regard, confie la réalisatrice. Les actrices polonaises ont quant à elles livré une prestation exceptionnelle et ont su transmettre de grandes émotions. Ce sont des actrices brillantes, même s’il a fallu que je m’acclimate à la langue. Le film étant à 30% en polonais”.
Entre l’amitié qui lie la nonne Maria – interprétée par l’actrice polonaise Agata Buzek – et Mathilde Beaulieu, Anne Fontaine apporte une touche de fantaisie dans son scénario avec le personnage de Samuel, incarné par Vincent Macaigne. Ce médecin juif, supérieur de Mathilde Beaulieu, s’adonne à un jeu de séduction. Ils sont à la fois amants, complices et collègues. “Je voulais intégrer une part d’humour à ce film. Vincent Macaigne est un acteur familier. Il joue un personnage plein d’auto-dérision, non-conventionnel et sympathique. Il s’agit d’un duo complémentaire très intéressant pour lui comme pour elle”.
Anne Fontaine est une réalisatrice éclectique, jonglant sur plusieurs registres: la comédie “Mon pire cauchemar”, le biopic “Coco avant Chanel” ou encore le drame “Comment j’ai tué mon père”. Elle prépare en ce moment un film sur l’histoire d’un jeune garçon qui souffre de harcèlement scolaire, tiré du roman français autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule. “Je choisis les sujets d’une façon très intuitive et inconsciente. J’aime être déroutée et l’envie de découvrir de nouvelles thématiques me stimule. Mon prochain film portera sur l’ambiguïté sexuelle”.
Où fêter le 14 Juillet à Brooklyn ?
On respire. Les Français de Brooklyn n’ont pas besoin de se rendre à la grande foire de rue du FIAF à Manhattan pour fêter le 14 Juillet.
Comme chaque année, le “Little Paris” de Brooklyn – comprenez Carroll Gardens – les attend. Le dimanche 10 juillet, le restaurant Bar Tabac organise son traditionnel tournoi de pétanque sur le bitume de Smith Street, le “restaurant row” du quartier. Il vous en coûtera 45 dollars pour inscrire votre équipe (trois personnes) et montrer vos talents de pétanquiste à la horde de Français et de francophiles présents. Le tournoi commence à 11:30am. On vous prévient: le niveau est relevé. Musique live, stands de nourriture, Ricard en pagaille et tombola sont aussi au programme. Pour plus d’informations, contacter Bar Tabac (128 Smith St – 718 923-0918).
Provence en boîte, autre restaurant du quartier, organise aussi un tournoi de pétanque et installera quelques tables sur Degraw Street pour vous permettre de déboucher une bonne bouteille de rosé après (ou avant) l’effort. L’inscription au tournoi doit se faire en personne au restaurant (263 Smith Street – 718 797 0707) avant le tournoi.
A La Défense, tablée française de Downtown, on n’attend pas dimanche pour festoyer. Un tournoi de pétanque est organisé le samedi 9 juillet à partir de 10:30am devant le restaurant. Les équipes (trois personnes) sont invitées à s’inscrire sur place avant le tournoi, pour 45 dollars. Deux DJs assureront l’ambiance pendant la journée. Le restaurant prévoit aussi un bar extérieur et un bar à huîtres pour gâter les convives.
A Lady Moo-Moo, les glaces Mont Blanc règnent à nouveau sur Brooklyn
Le Français Benoît Gerin en a déjà fait fondre plus d’un avec son irrésistible crème glacée Mont Blanc. Aujourd’hui, les amoureux des sorbets et des glaces de sa marque peuvent se réjouir: Lady Moo-Moo, l’enseigne de Bed-Stuy spécialisée dans ces délicieux desserts, a rouvert fin mai avec un nouveau gérant américain, Steve Lipschutz.
Tout commence en 1999, quand Benoît Gerin fonde la marque de desserts. “Je suis parti de Paris pour m’installer à St Barth où je faisais des glaces et des sorbets. J’ai décidé de tenter ma chance à New York et d’y développer mon business”, raconte-t-il. Tel un chimiste en herbe, il monte son premier atelier dans le sous-sol d’un restaurant. “J’ai acheté une petite machine à glace et j’ai commencé à les livrer en bus”.
Avec le succès de sa petite affaire, le Français commence à approvisionner restaurants et chaînes d’hôtels dont Le Sofitel et Le Plaza. En 2013, voulant faire découvrir ses glaces à un public plus large, il fonde Lady Moo-Moo avec sa femme. Mais faute de clients, le couple met la clef sous la porte un an après l’ouverture.
La rencontre avec Steve Lipschutz va tout changer. Arrivé à New York en 2006, il travaille chez Wafels & Dinges, opérateur d’un food truck de gaufres et d’autres délices belges. “J’ai décroché mon premier emploi chez Wafels & Dinges, j’y suis resté sept ans et j’en suis sorti directeur général”, se souvient-il. Le truck qui proposait aussi les desserts glacés Mont Blanc a fini par rapprocher les deux hommes, qui se lient d’amitié et finissent par s’associer.
“Benoît a fait appel à mes services pour co-diriger avec lui sa marque de glace. Je passais aussi souvent devant Lady Moo-Moo et me disais qu’il était dommage de ne plus exploiter ce commerce”. Steve Lipschutz reprend l’affaire et jongle aujourd’hui entre ses deux emplois. “Je travaille pour Mont Blanc du lundi au vendredi et je consacre mes week-ends à Lady Moo-Moo”.
La petite enseigne de Bed-Stuy offre des produits simples et de qualité. “Nous voulons capitaliser sur la qualité des produits Mont Blanc, la plupart des gens qui ont goûté nos produits dans des restaurants ne connaissent pas leur provenance. Nous ne proposons que des glaces et des sorbets, même pas de topping car nous jugeons que nos produits suffisent à eux-mêmes”, explique le nouveau gérant. L’enseigne propose onze parfums au total.
Lady Moo-Moo fait aussi pousser des légumes sur son rooftop pour la confection de ses produits. Le petit jardin abrite tomates, basilic – d’où la Tomato Sorbet – et même une ruche pour la glace “Rooftop Honey” . “Nos produits sont majoritairement importés de France. Mais pour le reste, c’est du local. Tout ce que nous pouvons faire pousser sur notre toit, nous le faisons. Tout est naturel” .
Lady Moo-Moo est ouverte les vendredis, samedis et dimanches. “Nous envisageons également d’ouvrir les jeudis à partir de fin juin”. Et s’il y a trop d’attente, vous pourrez vous distraire avec la machine à chewing-gums géante installée devant l’enseigne. À la clef : une glace offerte si vous tombez sur un bonbon doré. “Dans tous les cas, vous repartirez avec un très bon chewing-gum et une excellente glace”.
A Los Angeles, un musée des coeurs brisés et des amants éconduits
Sortez les mouchoirs : un musée dédié aux “broken relationships” a ouvert ses portes début juin à côté du Walk of fame, à Hollywood. On pourrait croire que c’est le premier, mais non : un autre musée consacré aux ruptures amoureuses existe à Zagreb, en Croatie, depuis 2010.
Dans cet espace sobre et lumineux, les stars hollywoodiennes sont absentes. Le musée n’expose que les histoires intimes d’anonymes prêts à partager cette expérience universelle : le chagrin d’amour.
Le principe est simple : un objet et un texte. « Tout le monde a conservé quelque chose, ou connait quelqu’un qui a conservé quelque chose après une rupture », explique Amanda Vandenberg, co-directrice du Museum of broken relationships de Los Angeles.
Le bouche à oreille a suffi pour que 350 objets accompagnés d’une lettre arrivent de partout aux Etats-Unis. Après un tri subjectif, 100 ont été retenus pour l’exposition : du briquet Zippo à l’ustensile de cuisine, en passant par une guitare, un appareil photo, des poèmes, des dessins ou un pot de concombres.
Les textes ont parfois des allures de romans, d’autres tranchent comme un coup de rasoir. « J’ai détesté cet état et l’état dans lequel tu m’as mis », dit un mot placé à côté d’une plaque d’immatriculation du Texas. « La bouteille était à boire pour le jour où nous allions quitter nos conjoints » raconte un autre, placé près d’une bouteille de vin non entamée.
“J’aime comment chaque objet simple cache une histoire, et chaque histoire est… wow !”, s’étonne Jacklyn, qui visite le musée des cœurs brisés à peine débarquée de Singapour. « Il y a cette robe chinoise, j’ai l’impression d’être en résonance avec ce qu’elle raconte », confie-telle. La robe est le vestige d’une passion adolescente entre une jeune fille de 14 ans et un garçon tourmenté qui finit par se suicider.
David, originaire de l’état de New York, est venu accompagné de sa petite amie. “C’est intéressant de regarder comment d’autres gens ont géré ce genre de crise, que tout le monde traverse, nous dit-il. Vous pouvez entrevoir les raisons qui ont fait que la relation a échoué. Et peut peut-être mieux traverser les crises que vous vivez vous-même.” Liz, son amie, avoue avoir réfléchi à l’objet qu’elle amènerait si elle se séparait de David – « mais c’est très difficile à imaginer quand on est très amoureux », glisse-t-elle.
Le musée est né grâce à John B. Quinn, un avocat de renom tombé en arrêt devant le musée de Zagreb et qui a décidé de créer le même dans sa ville, Los Angeles. Tout comme à Zagreb, le musée est doté d’un confessionnal caché au fond de la salle principale où vous êtes invité à vous livrer dans un cahier blanc.
En à peine trois semaines, le livre s’est déjà rempli d’écritures. Petit florilège non exhaustif de témoignages trouvés à l’intérieur du carnet : « On s’aimait, mais c’est tout ce qu’on avait en commun » ; « la chose la plus cruelle au monde est de désirer quelqu’un qui ne vous désire pas » ; « il ne se rappelait jamais mon anniversaire » ; « fuck you, fuck you, a million times fuck you ».
La fille de Nina Simone donne un concert gratuit à Brooklyn
Quand on parle de musique jazz afro-américaine, comment ne pas mentionner le nom de Nina Simone, icône du jazz, de la soul et du blues. À la fois pianiste, chanteuse et compositrice, son style a marqué plusieurs décennies. Une passion dont a hérité sa fille, Lisa Simone.
Elle se produira le mardi 28 juin au Herbert Von King Park à Brooklyn dans le cadre du festival Summerfest. Pour l’occasion, le film biographique “What Happened, Miss Simone?”, qui explore la vie de Nina Simone, sera projeté. L’événement se déroulera de 7pm à 10pm.
Lisa Simone a plusieurs cordes à son arc. Comédienne, elle se produit sur Broadway avant de se lancer dans une carrière musicale. Elle sort son premier album solo (intitulé “All is well”), à l’âge de 52 ans. Il est suivi de “My World” en 2016.
En 1996, elle chante dans le groupe Liquid Soul, qui sera nominé aux Grammy Awards en 2001 pour son album “Here’s the deal” . En 2008, elle enregistre un album nommé “Simone on Simone” en hommage à sa mère décédée en 2003, et entreprend une tournée internationale en 2009.
Spectacles, French Morning et foot au Bastille Day du FIAF à New York
Venez nous dire “bonjour” ou, mieux, nous claquer la bise. Cette année encore, French Morning aura un stand au traditionnel Bastille Day du FIAF sur la 60e rue de Manhattan, le 10 juillet. Si vous voulez nous offrir un cadeau ou nous dire tout le bien que vous pensez de nous, ne pas se retenir. Ça nous fait toujours plaisir.
Votre site préféré ne sera pas l’unique raison pour se déplacer. Spectacles, stands de nourriture, présentation de vieilles Citroën, activités pour les enfants: pour cette grande foire de rue tricolore qui attire 40.000 personnes, le FIAF a vu les choses en grand. Temps fort de cette édition 2016: le show d’une partie du cast du musical “An American in Paris”. Dans un autre genre, retrouvez aussi sur scène le trio d’accordéonistes de Myriam Phiro pour un hommage à Edith Piaf. Et il y aura bien sûr une performance de can-can car la France ne serait pas vraiment la France sans can-can, en tout cas pour les Américains.
Les enfants pourront assister à un spectacle de marionnettes (“Les Trois Petits Cochons”) et leurs parents, participer à une séance de dédicaces avec l’écrivain Marc Levy.
Les fans de foot l’auront noté: “Bastille Day on 60th Street” tombe le même jour que la finale de l’Euro. Et comme tout le monde sait que la France sera en finale, le FIAF a prévu de projeter le match sur écran géant dans sa grande salle de spectacle, le Florence Gould Hall. C’est gratuit.
Si vous voulez participer à une dégustation de champagne (Moët & Chandon, Perrier-Jouët, Piper-Heidsieck…), c’est possible pour 75$ (tarif pour les non-membres) dans le Skyroom, la salle de réception logée au dernier étage du FIAF, de 12:30pm à 2pm, puis de 3pm à 4:30pm. Si vous êtes plutôt “vin-fromage-bière”, c’est un peu moins cher (25 dollars pour tout le monde) et c’est dans le Tinker Auditorium, aussi dans le bâtiment du FIAF. Dégustation de vins Sud de France, Ricard, Kro, fromages Président et baguettes vous y attendent de midi à 4:30pm. Prenez vos tickets en avance. Le FIAF organise aussi une tombola pendant la journée avec plusieurs prix à gagner, dont un voyage à Paris.
Eric Ripert: "Je ne voulais pas faire un livre pour me regarder"
Eric Ripert avait signé des livres de cuisine. Mais une auto-biographie, jamais. C’est désormais chose faite 32 Yolks. L’ouvrage, sorti en mai, est déjà New York Times Bestseller.
Le chef du Bernardin en est le premier surpris. “J’étais très hésitant car je pensais que je n’avais pas d’histoire inspirante à raconter. Pour me convaincre, ça a pris deux ans. J’ai écrit sur un papier les étapes de ma vie. Et je me suis dit que j’avais des choses à dire. Mais je ne voulais pas faire un livre sur moi ou pour me regarder. Je voulais qu’il serve d’inspiration” , souligne-t-il.
Le résultat est passionnant. L’ouvrage retrace l’enfance du Français dans le sud de la France et en Andorre, puis ses premières expériences en cuisine – à la Tour d’Argent et Jamin, avec Joël Robuchon. Il se termine avec l’embarquement à bord de l’avion pour les Etats-Unis, où la gloire l’attend. Pour écrire l’ouvrage, il s’est assis après les heures de service avec l’écrivaine Veronica Chambers dans la petite salle de conférence au sous-sol du restaurant le Bernardin. Ensemble, ils ont plongé dans l’intimité du chef: le divorce de ses parents, la mort de son père alors qu’il n’avait que 11 ans, les relations conflictuelles avec son beau-père, avec lequel il se battait. Et le choc venu d’un prêtre qui a tenté de l’embrasser lorsqu’il était élève dans une école où, rebelle et cancre, il avait été envoyé pour être discipliné. “C’est un peu comme faire de la thérapie gratuite. Mais je me suis jamais caché sur les épisodes difficiles de ma vie. J’avais déjà fait de la thérapie sur moi-même et je m’étais réconcilié avec mon passé.”
La cuisine est omniprésente dans l’ouvrage. Eric Ripert découvre l’amour des bons produits par sa mère et ses grands-mères, mais aussi grâce à un certain “Jacques”. Ce chef haut-en-couleur rencontré en Andorre, où il vivait avec sa mère après la mort de son père, l’a pris sous son aile alors qu’il n’avait que 11 ans. Après l’école hôtelière, il se plonge pour la première fois dans la brutalité des grandes cuisines à la Tour d’Argent en 1982. Brimades, moqueries, violence physique, stress deviennent son lot quotidien. Au milieu de l’enfer, il y a les petites victoires qui font qu’il s’accroche, comme réussir à faire une sauce hollandaise avec 32 jaunes d’oeufs (d’où le titre de son livre 32 Yolks).
Eric Ripert était à l’époque un adolescent turbulent. Mais “la discipline de la cuisine me plaisait. Je comprenais qu’il fallait discipliner une équipe de jeunes de 18-20 ans un peu rebelles. Une cuisine n’est pas forcément une démocratie, se souvient-il. Et j‘avais trouvé ma passion, et une fois qu’on a trouvé sa passion, qu’on a la feu, on met toute son énergie dans le travail. D’un seul coup, on peut accepter n’importe quoi. Je ne m’attendais pas à ce que les cuisines soient un Club Med. C’est physique, il n’y a pas beaucoup d’espace. C’est chaud, humide. On est debout toute la journée mais quand on est jeune, on est fort et flexible au niveau de l’esprit. J’étais prêt pour l’aventure” .
Une partie importante du livre est logiquement consacrée aux deux années que le jeune Ripert a passé à Jamin, le restaurant de Joël Robuchon. Un passage pendant lequel ce dernier est devenu le plus jeune chef à recevoir trois étoiles au Michelin. Mais à quel prix ? Le chef-star, raconte Eric Ripert au fil des pages, faisait régner la terreur dans sa cuisine. Les anecdotes savoureuses sont nombreuses, mais si l’on devait en retenir qu’une, c’est celle d’un Robuchon exigeant de ses employés qu’ils pointent pour aller aux toilettes pour limiter leur temps en dehors de la cuisine. Le dispositif a été abandonné quand Libération a sorti l’affaire. “Il m’arrive toujours de faire des cauchemars, de penser que j’ai raté ma carrière aux Etats-Unis et que je dois retourner travailler pour Joël, sourit-il. J’ai essayé d’écrire le livre comme si j’avais 22 ans dans la cuisine de Joël. Quand je regarde les choses aujourd’hui, je les vois d’une manière un peu différente. Les cuisines en France était violentes, comme l’école ou dans les familles, où les enfants étaient giflés et se prenaient des fessées. La cuisine était une extension de ça. Robuchon était différent. Il était contre la violence physique, il n’était pas un gueulard, mais il avait des standards très élevés et il fallait qu’il trouve une manière de nous discipliner. Quand il trouvait que quelque chose n’était pas à la hauteur, il nous mettait une pression psychologique. Il était très dur avec lui-même et très dur avec nous” .
Perd-on en qualité en étant moins “dictatorial” ? “Non. Si vous avez un gars qui tremble et un gars qui ne tremble pas et qui est heureux d’être aux fourneaux, lequel des deux sera le meilleur ? C’est plus difficile d’avoir une cuisine sans stress ni anxiété. Le processus est plus dur, plus long, mais sur le long terme, c’est ce qu’il faut faire.”
Après Jamin, Eric Ripert s’envole pour les Etats-Unis pour travailler avec Jean-Louis Paladin à Washington. Il rejoint le Bernardin en 1991 et décroche trois étoiles au Michelin et quatre au New York Times. A la fin de l’ouvrage, le chef mentionne sa découverte du bouddhisme, une “philosophie” qui lui amené une sorte de paix intérieure. “Ça a complètement changé ma vie. Ca fait une dizaine d’années pour je suis très sérieux. J’ai une salle de méditation chez moi. Un moine vient toutes les semaines. J’ai cette chance. Quand le Dalaï Lama vient à New York, je vais à son enseignement” explique-t-il.
Ecrira-t-il un deuxième livre pour raconter son ascension américaine ? “J’ai dit non à l’éditeur et je ne pense pas que je vais changer d’avis, dit-il catégoriquement. J’ai une règle: ne pas exposer mon fils, ma femme aux médias et auprès de mon fan club s’il existe. J’ai décidé ça dès le départ” .
Visite de l'étonnant Drawing Center, paradis du dessin à New York
Si tous les grands musées disposent d’un département d’arts graphiques, ceux-ci ont généralement peu de moyens pour mettre en valeur les trésors qu’ils possèdent. Raison pour laquelle la fondatrice du Drawing Center, Martha Beck, a quitté le MoMA pour créer sa propre institution en 1977.
Le dessin a un statut un peu à part dans l’histoire de l’art. Il est principalement réputé pour les études et esquisses préalables à la réalisation des grandes œuvres : celles de Michel-Ange pour la Chapelle Sixtine ou de Géricault pour le “Radeau de la Méduse”, par exemple. Rares sont les artistes comme Degas dont les dessins et pastels sont aussi connus du grand public. Ceux de Picasso ou Matisse demeurent pour leur part mal compris parce qu’ils sont, dit-on, techniquement à la portée des enfants. Si le dessin était la preuve du savoir-faire des grands artistes classiques, son usage par les artistes contemporains déroute. Il est pourtant d’une richesse exceptionnelle.
Dédier une institution au dessin, montrer cette richesse, était un pari risqué, mais un pari réussi. Installé au cœur de SoHo, le Drawing Center fait partie des premières institutions à participer à la grande transformation du quartier. D’abord installé dans une Warehouse au 37 Greene Street, il déménage en 1988 dans sa localisation actuelle sur Wooster Street. Ayant cherché à s’agrandir durant les années 2000, il fut question de l’installer au sein de Ground Zero, mais une vive polémique a fait avorter ce projet, par crainte de la présentation d’œuvres anti-américaines dans ce lieu hautement symbolique. Malgré la recherche de nombreux autres espaces, le Cast Iron du 35 Wooster Street, que le Drawing Center occupe depuis vingt ans, est finalement restauré en 2012.
Ce qu’on aime à propos du Drawing Center ? C’est une institution à taille humaine. Une petite heure de visite suffit pour explorer tranquillement les trois espaces. Aucune crainte de se perdre dans un dédale de salles et de se confronter à une quantité d’œuvres qu’on aura oubliées à la sortie. Avec l’entrée à cinq dollars seulement, on envisage aisément de repartir avec le catalogue de l’exposition, d’autant que le programme du musée est d’une qualité exceptionnelle.
L’espace n’ayant pas de collection en propre, l’ensemble des fonds dont il dispose est dédié aux expositions temporaires – c’était un choix de Martha Beck. Elles couvrant autant la période classique ou moderne que contemporaine, le dessin d’art que l’architecture, les artistes les plus reconnus et les nouveaux talents. Ainsi, Rembrandt, Henri Matisse y côtoient Louise Bourgeois, Jennifer Bartlett et Rachel Goodyear.
Le Drawing Center est reconnu par ses nombreux partenaires comme une institution d’une exceptionnelle expertise. Ses expositions ont voyagé dans les plus grands musées d’Europe et d’Amérique du Nord. Il a réussi à fidéliser un vrai public réalisant pas moins de 55.000 entrées par an.
Un espace à voir et à revoir pour ses expositions d’une très grande qualité, son engagement exemplaire pour un médium mal compris, son espace d’une grande humanité et un accueil particulièrement chaleureux.