Sous les gratte-ciel du Financial District et le long de l’Embarcadero sommeille une flotte fantôme insoupçonnée. Une armada de navires marchands abandonnés repose dans les entrailles de la ville, échouée là depuis la ruée vers l’or. Prisonnières du bitume, ces reliques racontent l’histoire méconnue d’un quartier, et d’une ville bâtie sur les vestiges ensevelis de ses rêves de fortune.
L’odyssée de la ruée vers l’or

1849. Le paisible village de Yerba Buena, futur San Francisco, devient, en quelques mois, l’épicentre du monde. Enfiévrés par la promesse de l’or, des milliers d’aventuriers affluent sur la côte californienne. Portés par le cri de ralliement « Go West! », ils abandonnent aussitôt les navires à peine amarrés. Certaines de ces embarcations, envoyées pour un ultime voyage, arrivaient déjà à bout de souffle; d’autres furent désertées par des équipages happés par la fièvre de l’or.
« Il y avait une telle frénésie que tout le monde abandonnait le navire une fois à quai, pour se précipiter vers la grande veine aurifère, la mythique Mother Lode. Cela signifie que non seulement les passagers débarquaient, mais aussi tout l’équipage — du matelot au capitaine ! », explique Franç...