Le tapis rouge était installé, le champagne débouché, les célébrités s’étaient déplacées. Mais l’ambiance n’était pas euphorique lundi 27 février lors de la réception post-Oscars du Consulat de France à Los Angeles.
Il faut dire que tout le monde y a cru. Dans la course à l’Oscar de la meilleure actrice, Isabelle Huppert a tout donné, enchaînant les interviews et les plateaux télévisés à un rythme effréné. Le lendemain de la sentence, l’actrice reste élégante, se pliant au jeu des photos brièvement, mais pas des interviews. Elle refuse de revenir sur son échec, à deux doigts de la victoire.
Fatiguées, nombre d’équipes des films sont rentrées bredouilles de la cérémonie, mais ont pu relâcher la pression lors du mythique « bal du gouverneur ». « Ce n’est pas une fête latine, mais une fête américaine qui finit à 2 heures« , s’amuse à dire Sélim Azzazi, le réalisateur d' »Ennemis intérieurs » (« Enemies Within »), qui concourrait dans la catégorie court-métrage de fiction.
Gardant le sourire au lendemain des festivités, l’équipe franco-suisse de « Ma vie de courgette » (My Life As A Zucchini », nommé dans la catégorie film d’animation) refuse de céder à l’apitoiement. « Les Oscars sont un moment très spécial, on porte le film depuis un an. C’est déjà un honneur d’être nominé« , assure Claude Barras, son réalisateur, qui a essayé de garder la tête froide. « On se doutait de l’issue car on était à 1 contre 80 sur les sites de paris. Mais les gens de DreamWorks et même quelques-uns de Disney -des votants des Oscars- nous ont apporté leur soutien. On y a quand même cru un petit peu. »
Mais cela n’aura pas suffi et « Zootopia » a remporté la statuette. « Il faut travailler chez Disney pour gagner« , regrette Claude Barras. « L’animation est une sous-catégorie et les votants ne regardent que les Disney sélectionnés« .
Une reconnaissance internationale
Ravie de cette « soirée bon esprit » malgré un « final étrange et déstabilisant« , la costumière du film « Jackie » Madeline Fontaine se réjouit de « cette reconnaissance internationale qui fait la différence« , même si après avoir obtenu un Cesar, elle s’était retrouvée sans travail pendant 6 mois. « Il y a une légitimation du travail de costumier aux Etats-Unis, alors que ce n’est pas forcément le cas chez nous« , décrit Madeline Fontaine, qui a apprécié le fair-play entre les nominés de sa catégorie.
Outre la magie du moment, cette nomination ouvre de nouvelles perspectives. L’équipe de « Ma vie de Courgette » a notamment sympathisé avec celle de « The Red Turtle » (« La tortue rouge »). « On va visiter leur studio au Japon« , relate Claude Barras.
Sélim Azzazi, le réalisateur de « Ennemis intérieur », abonde. « La nomination ouvre des portes pendant un laps de temps. Vous n’êtres plus M. Tartempion, vous êtes M. Tartempion nommé aux Oscars. La semaine dernière, j’ai enchaîné les rendez-vous et les prises de contact. »
La diffusion d’un message à l’international est l’un des débouchés des Oscars. « On a amené l’île de Lampedusa et l’arrivée des migrants à Hollywood« , se réjouit le réalisateur du documentaire franco-italien « Fire &Sea », Gianfranco Rossi. « C’est la première fois que les documentaires ont autant d’importance. » Constat similaire pour « Ennemis intérieurs » : « c’est incroyable qu’un film très verbal qui parle de l’histoire franco-algérienne soit mis en avant. C’est totalement surréaliste de vivre ça. »

D’autres n’y étaient pas pour défendre leur bébé cinématographique. C’est le cas de l’humoriste Jérôme Commandeur, qui fut maître de cérémonie lors des César et a accosté les stars sur le tapis rouge des Oscars. « On était dans un tourbillon, admet-il. J’ai rencontré le réalisateur Denis Villeneuve dont je suis un grand fan, mais aussi Nicole Kidman, Viggo Mortensen… C’est génial cette foire d’empoigne sur tapis rouge. »
