Aurélie Jean ou le code pour toutes

Aurélie Jean ou le code pour toutes

Par Céline Bruneau / Le 12 mai 2017 / Actualité

« Avec le code, on a le pouvoir de changer les choses. Quand on code, on a le moyen de travailler dans tous les domaines! » Au milieu des écrans de contrôles de Bloomberg à New York où elle travaille, Aurélie Jean partage son enthousiasme. A 34 ans, la jeune femme milite pour sa discipline et pour les femmes.
Dans son équipe chez Bloomberg Equities, la moitié de l’équipe est féminine. Une rareté dans ce milieu. « Les chiffres sont catastrophiques. Dans le monde de la tech on parle souvent de 28 à 30 % de femmes mais quand on enlève celles qui travaillent dans le service juridique, dans le marketing ou la communication, on descend à 13%. Et si on s’intéresse aux postes à responsabilités, on passe sous les 5%« .
C’est ce constat sans appel qui a poussé Aurélie Jean à créer en août 2016 l’association In Silico Veritas. « L’objectif est de rendre les femmes visibles, explique-t-elle. Je me suis rendue compte de l’importance des modèles et de la capacité à se projeter, pour que les filles ne se mettent pas elles-mêmes de limites« .
Avec In Silico Veritas, Aurélie Jean participe bénévolement à des conférences pour parler de son expérience et du code. « C’est un mot qui fait peur, un peu obscur. Mais c’est simple: le code, c’est écrire dans un langage informatique un texte qui va être interprété par l’ordinateur pour effectuer une tache« . Sur scène, la timide scientifique se métamorphose et encense son auditoire. « Le fait de dire: voilà je m’appelle Aurélie Jean, je suis codeuse, je suis senior software developer à Bloomberg, je code depuis 12 ans, ça marque les esprits« .
La jeune ambassadrice de la tech a tout ce qu’il faut pour être « role model ». « Mon grand-père, féministe, m’a toujours dit de foncer et de ne pas penser en fonction de mon sexe ou de ma condition sociale. C’est ce message que je veux transmettre à mon tour« .
Ses interventions ont surtout lieu en France, où, estime la jeune femme, la situation est encore plus compliquée. « Aux Etats-Unis, il y a moins de préjugés même s’il reste beaucoup de choses à régler. Ici on pense que la diversité est un plus pour les affaires. En France, le monde de l’entreprise n’en est pas encore convaincu« .  
Aux femmes, son message est clair: le code n’est pas uniquement pour les geeks. Féminine, bien dans sa peau et dans son époque, Aurélie Jean en est la preuve. « Les femmes doivent réaliser qu’avec le code, on peut travailler chez soi, on gère son temps, on peut très bien gagner sa vie et surtout notre travail a un impact sur la société en développant des outils du futur« .
A seulement 34 ans, la codeuse a un parcours impressionnant: math-physiques à la fac puis mécanique à Normal Sup Cachan et une thèse aux Mines en sciences des matériaux et mécanique numérique. En 2009, elle rejoint le prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Boston où elle travaille dans le biomédical avant de rejoindre Bloomberg à New York. Elle y développe des outils mathématiques et numériques pour rendre la finance plus transparente.
Si elle admet que son CV pourrait faire peur à certaines, Aurélie Jean se veut rassurante. Pour coder, il faut certes se débrouiller en maths mais il existe plusieurs niveaux. « On apprend le français sans pour autant espérer devenir un grand écrivain. C’est pareil pour le code« .
 

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