Isabelle Guglielmi, pharmacienne et fondatrice du blog santé Ameriksanté, nous explique ce que l’on trouve en pharmacie aux États-Unis et le système de santé américain.
Mal au ventre ? À la gorge ? Nez qui coule ou douleur en bas du dos ? Il est toujours utile de savoir prendre en charge certains maux du quotidien, non graves, avec les médicaments que l’on trouve en vente libre dans les supermarchés, drugstores et pharmacies aux États-Unis. S’il ne faut pas en abuser, il faut aussi faire attention et ne pas prolonger l’automédication si les symptômes ne passent pas. Il est parfois plus sage de consulter pour ne pas passer à côté d’un diagnostic que seul un médecin peut réaliser.
Dans cet article, nous revenons sur 10 maux du quotidien que vous pouvez aisément prendre en charge avec des médicaments en vente libre. Il peut être intéressant, dans certains cas, de revoir aussi certaines habitudes de vie qui peuvent améliorer l’état général. S’il n’est pas possible de revoir entièrement tous les conseils judicieux ayant trait à chacun de ces maux, nous vous proposons les médicaments utiles, quelques conseils pratiques et, surtout, quand il faut consulter un médecin.
Le troubles digestifs
Si de nombreux problèmes digestifs disparaissent au bout de quelques jours, ils n’en restent pas moins désagréables et il faut rapidement s’en débarrasser. Heureusement, ils peuvent être pris en charge rapidement. Cependant, si ils durent ou ne cèdent pas aux traitements communs, il faudra alors consulter car ils peuvent révéler un dysfonctionnement plus profond.
1- L’acidité gastrique
Une acidité gastrique peut être passagère. En général, elle intervient après un repas un peu trop lourd, ou trop rapidement avalé. Pour certains, il peut y avoir une hyper acidité de l’estomac. Parfois, cette acidité peut remonter dans l’œsophage, on appellera alors cela le reflux gastro-œsophagien (RGO en français, Acid reflux en anglais). L’hyperacidité gastrique et le reflux gastro-œsophagien sont donc deux troubles différents, qui peuvent néanmoins avoir des traitements communs. Il convient dans un premier temps d’adopter des mesures hygiéno-diététiques : diminuer la consommation de café, alcool, tabac. Les fruits peuvent aussi induire une acidité et un reflux. Certains médicaments peuvent aussi augmenter l’acidité de l’estomac, comme l’ibuprofen.
Il existe des traitements médicamenteux dans les rayons américains, permettant de lutter contre l’acidité gastrique et/ou le reflux gastro-œsophagien : leur indication sera principalement : upset stomach à différencier de heartburn (brûlure) qui est plus précis. En effet, le terme upset stomach, non médical, décrit une gamme de symptômes gastro-intestinaux comme les gaz, les ballonnements, l’indigestion, les brûlures d’estomac, les nausées, les vomissements, la constipation ou la diarrhée.
Plusieurs types de médicaments en vente libre peuvent aider à soulager vos symptômes et à réduire l’acidité de votre estomac :
- Les antiacides procurent un soulagement rapide et à court terme en neutralisant l’acidité gastrique. Ils peuvent inclure des ingrédients comme le bicarbonate de sodium (baking soda), le carbonate de calcium (par exemple dans les pastilles Tums) ou des sels de magnésium. On retrouve aussi des sels d’aluminium, souvent associés à ces sels de magnésium, comme Mylanta. Maalox était une marque reconnue à la fois en France et aux États-Unis, mais il semble qu’elle ait été arrêtée.
- Les acides alginiques sont souvent associés à des antiacides pour procurer un soulagement rapide. Les antiacides aideront à neutraliser l’acidité gastrique, les acides alginiques, quant à eux, forment un film protecteur, recouvrant et protégeant les zones enflammées et diminuant les risques de reflux. On retrouve ainsi le Gaviscon (connu aussi en France).
- Les anti-H2, comme la famotidine (Pepcid) et la cimétidine, réduisent la quantité d’acide produite par l’estomac. Bien qu’il faille jusqu’à une heure pour que les anti-H2 agissent, leurs effets durent plus longtemps que les antiacides, jusqu’à 12 heures.
- Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) permettent une réduction durable, jusqu’à 24 heures, de la production d’acide gastrique. Le lansoprazole (Prevacid), l’oméprazole (Mopral, Prilosec ou Zegerid) et esomeprazole (Nexium) sont trois types d’inhibiteurs de la pompe à protons. Ils existent aussi en forme à libération prolongée.
Les signes d’alerte : Il faut consulter si les brûlures durent plus de 72h ou si, chez la personne âgée, la douleur est irradiante et remonte vers le thorax.
2- Maux de ventre
Ici point de Spasfon, donc en cas de douleurs, on pourra se tourner vers le Tylenol, à condition de savoir d’où vient la douleur. Exemple : la douleur des règles, auquel cas, on pourra aussi prendre de l’ibuprofen (Advil, Moprin). En cas de douleur aiguë, brûlures en urinant, douleurs violentes avec vomissement, il sera plus judicieux de consulter.
3- Diarrhées, vomissements, gaz
La diarrhée est souvent d’apparition brutale, en général lors d’une infection intestinale. Elle se définie ainsi lorsque l’on a plus de trois selles liquides par jour. Elle peut être prise en charge par automédication, à condition de ne pas dépasser 3 jours, et ce, en l’absence de fièvre. Dans ce cas-là, il faudra alors consulter. Chez l’enfant et la personne âgée, il faudra éviter toute déshydratation et consulter au delà de 24h.
Il existe sur le marché en libre-service, le lopéramide (Imodium). En cas de gaz, il est possible de prendre l’association, lopéramide/simethicone (ou Imodium multi symptom relief), mais attention, ne pas prendre la simethicone simultanément avec un antibiotique prescrit par le médecin, cela pourrait diminuer l’efficacité de l’antibiotique. La simethicone peut se trouver seule dans certaines spécialités et sera alors indiquée pour diminuer les gaz.
Il existe sur le marché le Peptol. Il s’agit d’un sel de salicylate de bismuth. Pour information, les sels de bismuth ont été interdits par voie orale en France. De plus la présence de salicylate contre-indique ce médicament pour les personnes sous anti-coagulants, en cas d’ulcère et chez l’enfant.
Les signes d’alerte : On consulte si la diarrhée est accompagnée de fièvre élevée, de sang dans les urines ou suite à un voyage sous les tropiques. Chez le bébé et l’enfant, il faut être très vigilant car une diarrhée peut rapidement entraîner une déshydratation.
4- Constipation
Seule la constipation occasionnelle pourra être prise en charge de façon autonome. En présence d’une constipation chronique, il sera judicieux d’en parler à un médecin. En tout état de cause, une constipation doit être accompagnée de mesures diététiques :
- Hydratation optimale : on n’oublie pas de boire et ce, dès le matin
- Augmentation de la part de fibres : fruits et légumes
- De plus, il faudra aussi penser à bouger : une marche peut souvent débloquer les choses.
Côté médicament, le marché est plutôt bien fourni. S’il existe de nombreuses possibilités, il est préférable de privilégier les poudres de fibres, telles Easyfiber ou Fiber choice, ou les laxatifs osmotiques, comme Miralax.
En cas de voyage, il peut être utile de se rabattre de façon ponctuelle (nous insistons sur « ponctuelle ») sur des options plus radicales, avec les laxatifs irritants comme le Senekot ou les bons vieux suppositoires à la glycérine Fleet.
Fièvre et coups de froid
5- Fièvre
Les médicaments contre la fièvre sont parmi les plus courants. Ils gèrent aussi bien la fièvre que les douleurs. Ces médicaments sont le plus souvent présentés sous forme de comprimés, de capsules ou alors de sirop pour les enfants. On trouve peu de suppositoires. Il existe des formes pédiatriques : se référer aux indications reportées sur la boîte. Même s’ils sont d’usage courant, il est impératif de respecter les posologies et de ne pas les prendre au delà de quelques jours.
On retrouve :
- L’acetaminophen que l’on retrouve dans l’Excedrin (qui est un mélange d’acetaminophen et d’aspirine), le Tylenol
- L’aspirine
- L’ibuprofen (Advil) qui est un anti-inflammatoire non stéroïdien
- Le Naproxen retrouvé dans Aleve.
Il ne faudra pas prendre ces médicaments sur le long terme. On peut les alterner en cas de fièvre, tout en respectant un intervalle de temps de 4 heures. Il est de même important de vérifier les dosages, notamment pour l’acetaminophen que l’on retrouve dans de nombreuses autres spécialités. Un surdosage est vite arrivé.
En cas de fièvre prolongée (plus de 48h), il est impératif de consulter un médecin.
6- Maux de gorge
Ne pensez-pas retrouver votre Strepsil. On a malgré tout le choix entre différentes pastilles :
- Les pastilles à base de menthol, grand vainqueur de ce marché car il est anti-inflammatoire et légèrement anesthésique. Vous trouverez les Ricola qui se déclinent sous différents parfums avec toujours le menthol en ingrédient principal
- Certaines pastilles (Cephadol, Vicks) se veulent un peu plus médicamenteuses mais elles renferment souvent des anesthésiques locaux tellement dosés que l’on a l’impression de sortir de chez le dentiste après chaque prise
- Côté collutoire, le marché est très pauvre, si ce n’est inexistant. Les rares collutoires sont aussi très forts en benzocaïne, un anesthésique local. À noter les pastilles Mucinex à base de hexylresorcinol qui est à la fois un anesthésique et un antiseptique.
Les signes d’alerte : Consulter en cas de douleur importante voire insupportable accompagnée d’une fièvre, surtout si cela persiste plus de 48h. il est alors impératif de poser un diagnostique afin de ne pas passer à côté d’une angine à streptocoque qui, si elle n’est pas soignée, peut entraîner des complications ultérieures.
7- La toux
Concernant la toux, il faudra dissocier la toux grasse de la toux sèche. Le marché des médicaments américains anti-tussifs est assez simple mais assez restreint.
On retrouve pour la toux sèche, les spécialités à base de l’antitussif, dextrometorphan et de menthol. Les principaux médicaments se retrouvent sous les noms de marque : Delsym, Dimetapp, Mucinex et Robutissin.
Pour la toux grasse, il faudra se rabattre sur un expectorant, et il n’y aura que l’option de la guafenesin que l’on retrouve dans les spécialités telles que Mucinex (encore) et Robutissin.
Les marques se déclinent à l’infini et il est donc toujours nécessaire de regarder de plus près les indications et les ingrédients. Attention, dans le cas d’une toux productrice grasse, il ne faut pas tenter de calmer la toux qui est en fait là comme un réflexe pour évacuer ce surplus de mucus.
Les signes d’alerte : ils seront multiples. Il faudra consulter en cas :
- de fièvre élevée,
- d’une toux rauque (surtout chez l’enfant),
- chez une personne âgée,
- lors d’une toux sèche avec une gêne respiratoire.
8- Le rhume
Les médicaments ne manquent pas. Les spécialités se déclinent à l’infini et regroupent souvent plusieurs ingrédients. Des décongestionnants (phenylephrine et pseudoephedrine) se retrouvent associés à un antihistaminique qui aura tendance à faire dormir. L’acetaminophen est aussi rajouté dans ces formules. Il existe alors des formules jour/nuit qui peuvent être une bonne option.
On retrouve des noms de marques qui déclinent des associations d’ingrédients comme : Tylenol Cold and Flu, Theraflu, DayQuil et NyQUil, Avil, Sudafed.
Il n’est pas possible de les citer tous mais, armez-vous de patience pour trouver la combinaison qui vous conviendra : cold, flu, couch, congestion. Il est alors nécessaire de ne pas cumuler plusieurs médicaments et d’être vigilant à ce qu’ils contiennent. Il peut être utile de soigner le rhume localement en utilisant des lavages de nez aussi. une bonne fumigation de nos grand-mères avec une goutte d’huile essentielle d’eucalyptus peut aussi aider de façon très efficace.
Les décongestionnants utilisés sont au nombre de deux : la phenylephrin et la pseudoephedrine. Ces deux médicaments ont fait la une, respetivement aux USA, par la FDA, et en France par l’ANSES. Tout deux semblent présenter une balance bénéfices risques défavorable. Ils sont peu efficaces et présentent des effets indésirables non négligeables. Dans la mesure du possible, évitez-les et préferez des méthodes plus naturelles, comme le lavage du nez au sérum physiologique, ou respirez des huiles essentielles.
En cas de fièvre, vérifier que vous ne prenez pas une double dose d’acetaminophen. Pour en savoir plus, reportez-vous à la fiche de AmerikSanté, sur le sujet.
Douleurs
9- Douleurs musculaires
Un mouvement brusque, une torsion et hop, vous voilà avec une entorse, une foulure ou simplement une douleur. Si une prise de médicament par voie orale peut aider, il peut être utile de soulager localement. L’utilisation du chaud ou du froid peut aider dans un premier temps en fonction la nature de la douleur :
- chaud pour les contractures, courbatures, torticolis, lumbagos etc,
- froid pour les bleus et contusions.
Les crèmes à base de menthol peuvent soulager la douleur et le gonflement, si il y a lieu. Bengay est une crème de choix, à base de menthol, de camphre et de salicylate de méthyl (anti-inflammatoire). Attention, ne pas utiliser chez l’enfant.
Il y a peu, le gel Voltaren, anti-inflammatoire, a fait son apparition sur le marché des médicaments en vente libre. Cela permet d’élargir le nombre de médicaments dans cette indication. Il aura de plus une action plus marquée sur les problèmes comme tendinite, entorse, douleurs musculaires ou articulaires. À noter, l’Arnica est aussi toujours là pour aider à résorber les bleus.
10- Maux de tête
Près de la moitié de la population a au moins un mal de tête par an. On distingue plusieurs types de maux de tête :
- Les céphalées : le plus souvent les maux de tête sont répartis sur les deux côtés du crâne
- Les migraines ont comme caractéristiques de ne toucher qu’un côté de la tête et peuvent être précédées d’un aura, c’est-à-dire de nausées ou de troubles visuels. Elles peuvent être chroniques et devront alors être suivies par un médecin.
Des changements de style de vie ont montré des effets favorables en diminuant l’intensité et la fréquence des maux de tête :
- un sommeil de qualité d’une durée de 7 à 8 heures,
- une bonne hydratation : boire tout au long de la journée,
- une alimentation équilibrée,
- manager son stress,
- penser à aérer son intérieur.
Pour traiter un mal de tête, il existe différents médicaments, ici aux États-Unis, qui rejoignent ceux utilisés pour la fièvre.
- le paracétamol, connu ici par un autre nom, l’acétaminophen, avec le plus connu des médicaments, le Tylenol. Attention, le Tylenol ne doit pas être utilisé sur une trop longue période et il est impératif de respecter la posologie. Trop prendre d’acetaminofen peut rapidement endommager le foie
- L’ibuprofen (Advil) qui est un anti-inflammatoire non stéroïdien
- L’Excedrin est un mélange d’acetaminophen et d’aspirine qui a montré son efficacité.
On peut aussi ajouter une prise sur plusieurs jours de suppléments alimentaires à base de magnésium pour diminuer la fréquence des migraines, comme recommandé par l’American Migraine Foundation.
Les signes d’alerte : Attention, il est impératif de consulter un médecin si les maux de tête sont très violents et ne cèdent pas aux anti-douleurs ou s’ils sont trop fréquents.
Voilà 10 maux qui peuvent être pris en charge en automédication aux États-Unis. Il faut cependant garder en tête que si les symptômes ne disparaissent pas rapidement, une visite chez le médecin s’impose, surtout si les symptômes sont multiples, s’ils sont accompagnés de fièvre ou si vous êtes en présence d’une personne à la santé plus fragile, c’est-à-dire un enfant ou une personne âgée.