Pascale Marthine Tayou au FIAF: «J’espère qu’à New York, on arrive à cerner mon âme»

Pascale Marthine Tayou au FIAF: «J’espère qu’à New York, on arrive à cerner mon âme»

Par Elisabeth Guédel / Le 20 novembre 2023 / Culture

Nichées dans les alcôves de la Grand Ballroom du Plaza Hotel, elles attiraient instantanément le regard des convives qui rejoignaient leurs tables. Ce mercredi 15 novembre, au gala du Trophée des Arts du FIAF, ces six statuettes de 50 à 70 centimètres de haut auraient presque volé la vedette à l’actrice Carole Bouquet, l’invitée d’honneur de la soirée. Les sculptures « Poupées » en verre de Morano, plumes, tissus, chocolat… sont signées Pascale Marthine Tayou. Par le mélange de matériaux à la fois improbable et harmonieux, ces œuvres racontent la vision du plasticien camerounais : la superposition de cultures révélatrice de la complexité de la question d’identité, individuelle ou nationale. Quatre de ces sculptures ont depuis intégré l’exposition « Look at yourself in the mirror » que le FIAF consacre à Pascale Marthine Tayou jusqu’au jeudi 30 mai 2024.

La présidente du FIAF Tatyana Franck lors du gala du Trophée des Arts, entre les sculptures Poupées de Pascale Marthine Tayou, le 15 novembre 2023 au Plaza Hotel à New York. © Rebecca Greenfield

« Cette exposition n’est pas qu’un travail personnel, c’est un travail collectif », explique le « faiseur » africain qui rejette le mot d’artiste devenu « produit dérivé » selon lui. « Les organisateurs ont dû trouver dans mon travail une forme d’ouverture, de rencontre. Et aussi une forme de vérité ». Pascale Marthine Tayou, qui vit essentiellement à Gand en Belgique quand il ne sillonne pas le monde, connaît bien New York, ville qui le fascine par son énergie mais qui peut repreesenter également le « centre de l’hypocrisie et du mensonge », selon son expression. « Ici, tout le monde sourit. Mais il y a le sourire froid et le sourire chaud. Sourire peut être une forme d’hypocrisie. Pas que les gens sont hypocrites, précise-t-il, mais parce qu’on n’arrive plus à discerner le vrai du faux. J’espère avoir réussi, à New York, à dire la vérité et qu’on arrive à cerner mon âme ».

Trois des Poupées Pascales, de Pascale Marthine Tayou, exposées au FIAF jusqu’au 30 mai 2024. © Elisabeth Guédel

Ce n’est pas la première fois que l’artiste de 57 ans expose à Manhattan. À la fin des années 1990 – à l’époque il venait d’ajouter une terminaison féminine à son nom – il y présentait « Crazy Nomad ». Il a également exposé en 2019 à la galerie Richard Taittinger, ainsi qu’à Miami, au Japon et dans plusieurs villes européennes – sa dernière exposition, « Petits riens », vient de s’achever à Avignon.

Vestiges, 2016, Pascale Marthine Tayou. © Manuela Lourenço

Ces œuvres, assemblées « comme une partition » parlent de l’Afrique bien sûr, mais Pascale Marthine Toyou se défend d’être « représentatif d’une certaine africanité ». Il veut avant tout parler « de l’humain », de ce « village global » comme il le nomme, en associant des matériaux non conventionnels à des objets ancestraux. Néon, bois, craie, fil et peinture contribuent à proposer une nouvelle culture visuelle, et à travers ces superpositions, à aborder l’identité individuelle. « Ici à New York, j’essaie d’éliminer la surcharge, tout le superflu – ces lumières qui cachent la lumière – pour me montrer tel que je suis », dit encore l’artiste dans son obsession de vérité. C’est un peu comme ça que je fais quand je vais quelque part. »

La présidente du FIAF, Tatyana Franck et le plasticien Pascale Marthine Tayou, au gala du Trophée des Arts, le 15 novembre 2023. © Leila Abazine

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