Le premier matin, Benjamin Muller a pris en photo le bus jaune. Vous savez, celui qui grince dans les films, celui qu’on croit inventé pour E.T. ou Les Goonies. Il a envoyé la photo à ses parents, à ses amis, avec un smiley un peu ému. Parce que c’était vrai, tout était là : la lumière californienne, les palmiers, les enfants au sac trop grand.
Deux mois plus tard, il ne le regarde presque plus. Le bus passe, et il est jaune, comme une habitude. C’est souvent comme ça, les débuts à l’étranger : on commence émerveillé, on finit pressé. Sauf que Benjamin, lui, prend des notes. Pour ne pas oublier.
Le pays du Good job !
Benjamin Muller s'est installé dans la région de Los Angeles avec sa femme et leurs enfants, un peu pour l’aventure, et beaucoup pour l’Amérique. Mais pas l’Amérique des gratte-ciel : celle du Good job ! Vous savez, cette bienveillance collective qui s’adresse aux enfants comme à des promesses en construction. On félicite, on encourage, on donne confiance.
Il y découvre que le cliché est souvent vrai : les profs sourient, les parents et les enseignants marchent main dans la main, les petits repartent de la classe gonflés d’estime d’eux-mêmes. Mais l'ancien chroniqueur...
