Le Marais Bakery contraint de fermer sa boulangerie de la Marina

Le Marais Bakery contraint de fermer sa boulangerie de la Marina

Par Hélène Labriet-Gross / Le 16 septembre 2021 / Actualité

La nouvelle est tombée comme un couperet. Le Marais Bakery fermera sa boulangerie de Chestnut street fin octobre, s’ajoutant à la longue liste des petits commerces qui ont mis la clef sous la porte dans le quartier. Patrick Ascaso, qui a ouvert le Marais dans la Marina en 2012, avant d’essaimer dans le Castro, le Tendernob et Mill Valley, a pris cette décision difficile face à une augmentation de loyer impossible à honorer. « Le bâtiment a été vendu à une société d’investissements, il y a trois ans. Cette vente a généré une augmentation des taxes et le nouveau propriétaire peut nous en faire porter la responsabilité financière« , explique Patrick Ascaso. « Cette augmentation s’élève à 1000%, et, malheureusement, notre bail ne prévoyait pas de plafond à ces variations. Nous n’avons pas augmenté les prix de nos pâtisseries alors que le prix de la main d’oeuvre a augmenté, et le loyer que nous payons actuellement est déjà au dessus du prix du marché. A cela s’ajoutent les sommes conséquentes que nous avons investies dans l’aménagement des locaux et que nous ne récupèrerons pas. A un moment, il faut se rendre à la raison et ne pas franchir la ligne rouge. »

Deux ans de négociations et une pandémie plus tard n’auront abouti à aucun accord entre Le Marais et le propriétaire des murs, qui reste sourd aux arguments avancés par l’équipe de la boulangerie pour mettre en avant leur attachement au quartier. « Notre présence a permis la création d’une communauté qui n’existait pas auparavant dans ce quartier, rappelle Patrick Ascaso. Et même si, aujourd’hui, Chestnut street est devenue une destination à la mode, notre présence bénéficie aux autres commerces : les gens qui viennent au Marais visitent également les autres commerces de la rue. Je ne comprends vraiment pas quel bénéfice notre fermeture aura pour le quartier. »

Patrick Ascaso espère désormais que le soutien que lui témoigne un grand nombre de ses clients infléchira la position de leur bailleur. Une pétition, lancée il y a une semaine, a déjà récolté plus de 600 signatures pour appeler la maire London Breed à intervenir afin de soutenir un petit commerce comme le Marais. « Cette pétition a été lancée par une cliente et nous avons reçu de nombreux messages de sympathie et d’encouragements grâce à cette initiative et sur les réseaux sociaux. Cela fait vraiment chaud au cœur. »

Pour les clients du Marais, l’annonce de la fermeture a fait l’effet d’une bombe. « Je ne m’y attendais pas du tout, d’autant que depuis la Covid, la boulangerie était toujours assez pleine« , confirme Matthieu Soulé, qui habite dans le quartier. Jihane Lahbabi-Berrada, une jeune maman qui aime flâner sur Chestnut street et prendre son café au Marais, a appris avec stupéfaction la nouvelle par ses amies et par ses voisins américains désolés de voir ce petit bout de France menacé de fermeture. « Cette nouvelle m’a beaucoup attristée car il y a peu de petits cafés dans le quartier. Et aller chez Starbucks ou Peet’s ne m’intéresse pas, confie-t-elle. Je recherche de la convivialité. Au Marais, le personnel nous connaît, les pâtisseries sont bonnes, et ça rappelle vraiment Paris. »

Les autres boulangeries du Marais, situées dans le Castro, sur Sutter street et à Mill Valley, restent ouvertes mais, pour les habitants de la Marina, elles sont toutes trop loin. « Ce que j’aime dans la Marina, c’est qu’on peut tout faire à pied« , explique Jihane Lahbabi-Berrada. Je cherche un petit café qui pourrait remplacer le Marais mais ce ne sera pas pareil. » Installé dans le quartier depuis 2015, Matthieu Soulé a pu constater le turnover qui affecte les petits commerces. « L’équation économique dans ce quartier, quand on est indépendant, est vraiment difficile, déplore-t-il. Si le Marais ferme, je ne sais pas vraiment où aller. Peut-être sur Fillmore street, mais ce ne sera pas à 15 minutes de chez moi comme le Marais. »

Mercredi 15 septembre, Patrick Ascaso a partagé sur le compte Instagram du Marais la lettre qu’il a envoyée à son bailleur, espérant que le soutien de sa clientèle aura assez de poids pour trouver un terrain d’entente. Une dernière bouteille à la mer avant la fermeture.

 

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