Faciliter l'impatriation: mes idées pour le futur député d'Amérique du Nord

Faciliter l'impatriation: mes idées pour le futur député d'Amérique du Nord

Par Alexis Buisson / Le 10 juin 2017 / Actualité

La mobilité d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’expatriation d’hier. D’une expérience unique et finie dans le temps, la mobilité s’est faite mode de vie aux multiples aller – retour tout au long de la vie. Ni véritable immigration, ni tout à fait voyage, plus vraiment expatriation, toujours un peu des trois à la fois, cette nouvelle manière de bouger concerne trois millions de Français dans le monde, dont environ 200.000 confrontés chaque année à un retour en France (provisoire ou définitif).

Lorsque j’ai fondé le site retourenfrance.fr et écrit le Guide du retour en France, en tant que simple citoyenne engagée après mon propre retour en 2014, j’étais loin de me douter de l’ampleur des dysfonctionnements administratifs liés à la mobilité en France. Chaque citoyen qui sort des frontières perd tout ou presque, disparaît aux yeux de chaque administration auprès desquelles il doit tout recommencer comme un nouvel arrivant lors de son retour. Des blocages et absurdités mis en lumière dans le rapport de la sénatrice Conway-Mouret de 2015 sur “Le retour des Français en France”.

Les personnes qui reviennent, quelle que soit leur situation familiale et professionnelle, passent en moyenne 8 à 15 mois pour effectuer l’ensemble des formalités nécessaires à leur réintégration. Certains repartent avant d’avoir réussi. Des délais ubuesques quand on sait que la durée moyenne des séjours à l’étranger est de 3 à 6 ans aujourd’hui, et que chaque personne partie une fois va cumuler entre deux et cinq expériences à l’étranger après son premier retour.

Il ne faut pas oublier non plus les difficultés d’accès aux services de l’Etat pour les Français qui vivent à l’étranger : numéros injoignables, agents qui raccrochent au nez, non envoi de documents hors de France, pièces justificatives refusées… Les douze travaux d’Astérix sont encore la réalité de milliers de Français vivant à l’étranger.

Il est urgent et nécessaire, pour maintenir notre pays au rang des nations qui favorisent et encouragent la mobilité de leurs citoyens (une population très diplômée qui contribue grandement à l’essor de la France partout dans le monde), de fluidifier et renforcer l’accompagnement de cette mobilité par des outils innovants et adaptés.

Pour résoudre ces problèmes de fluidité au moment du départ et du retour, des solutions simples et peu coûteuses existent :

  • Parmi elles, le compte mobilité ou guichet unique numérique qui permettrait à tous les citoyens de s’inscrire au moment du premier départ sur une plateforme dédiée (pourquoi pas utiliser une API de service-public.fr ?) et de communiquer avec les principales administrations à distance (messagerie, tchatbot, compte personnel, prise de RDV via Skype avec un conseiller, etc….).
  • Il est urgent de former un pourcentage des agents administratifs à la problématique du suivi à l’étranger, et du retour au prorata de la population nationale (environ 3 % de la population française vit à l’étranger). La plupart ne connaissent pas les droits auxquels peuvent prétendre les Français qui reviennent, et/ou ne sont pas compétents pour les accompagner vers les bonnes procédures aussi bien à l’étranger qu’au moment du retour.
  • Créer une entité d’Etat (secrétariat d’Etat par exemple) qui aurait le mandat et l’expertise pour intervenir sur la mobilité des Français. Il n’existe actuellement aucune entité d’État responsable de la mobilité. Seul le Ministère des Affaires Étrangères est en charge des “Français de l’étranger”, ce qui n’est pas la même chose que la mobilité des Français. Il ne s’agit pas de “gérer ceux qui ne sont pas là”, mais bien de considérer que tout citoyen est une personne potentiellement mobile, et donc de mettre en place une démarche et des outils en ce sens, centralisés en France, qui puissent couvrir départs, séjours et retours de l’étranger pour l’ensemble de la population française.

Cher futur député, les citoyens français vivant à l’étranger sont une force de proposition extraordinaire. Je reçois régulièrement des projets en vue de simplifier la mobilité (plateformes collaboratives, applications mobiles, propositions pour start-up d’Etat…). Tous vont dans le même sens : celui de fluidifier, moderniser, simplifier, maintenir un lien de qualité avec la France tout au long de l’expérience de mobilité. Il est urgent que nous trouvions une écoute politique pour enfin pouvoir agir concrètement sur le destin de millions de nos concitoyens.

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