En costume-cravate, Thomas Gayno, jeune patron de start-up, reconnait que le Consulat n’est pas tout à fait un endroit “cool”. A mille lieues de son univers d’entrepreneur, de son gilet à capuche et de son espace de co-working à Williamsburg.
“Quand je vais revenir au bureau, on va me lancer des boulettes de papier”, sourit-il. “Mais j’aime beaucoup venir ici. Je trouve que c’est une très bonne idée, ces réunions entre entrepreneurs français du numérique. Chaque fois, je me fais des contacts intéressants, et c’est une bonne vitrine”, affirme le fondateur de Cord.
Depuis le mois de mai, le Consulat de France à New York organise des rencontres mensuelles entre entrepreneurs français, afin de renforcer cette communauté grandissante – ses services recensent, dans la ville, 200 Français ayant créé une start-up.
Et ce lundi 22 septembre, le “Club de la French Tech à New York” ne recevait pas n’importe qui : Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères a fait de la “diplomatie économique” sa priorité. “Tout ce qu’on peut faire pour vous appuyer, on doit le faire”, a-t-il déclaré à une quarantaine d’entrepreneurs français, à l’occasion d’un déjeuner arrosé au chablis, avec saumon et mousse au chocolat-framboise.
Face à lui, ces derniers ne tenaient pas de discours négatif sur l’hexagone. “La chance de la France, c’est la qualité de sa technologie. Les ingénieurs en France ne sont pas chers, ils sont bien formés, loyaux et créatifs. Ici, nous n’arrivons pas à recruter des ingénieurs, ou alors il faut proposer des plans de stocks-options très ambitieux”, regrette l’entrepreneur Frédéric Montagnon.
Mathieu Nouzareth, fondateur de la start-up de jeux vidéos FreshPlanet, s’est inquiété de l’image de la France auprès de ses partenaires. “Je voudrais créer une filiale en France, car les ingénieurs y sont meilleurs, et entre 30 et 50% moins chers qu’ici. Et puis, contrairement à ce qu’on peut penser, fiscalement, Paris est plus avantageux que New York. Le problème, c’est que mes investisseurs chinois et américains ont une énorme barrière psychologique vis-à-vis de la France. Le manque de flexibilité du travail est perçu comme un frein”, a-t-il lancé devant la salle.
Pour Emmanuel Schalit, le patron de Dashlane, une entreprise de gestion de mots de passe avec trois millions d’utilisateurs, ce n’est pas seulement une question d’image. “Pour rendre la France plus attractive, il faut changer la législation pour les petites entreprises. Entre le CAC 40 et les start-ups, les questions de droit du travail ne sont absolument pas les mêmes.”
D’autres ont insisté sur les problématiques liées au capital-risque. Thomas Gayno a raconté les réticences qu’il avait rencontré lorsqu’il est allé voir des investisseurs français, afin qu’ils mettent de l’argent dans sa société, aux cotés d’Américains. “Ce serait bien de créer des relais pour les entreprises basées à l’étranger, afin qu’elles puissent lever plus facilement des fonds en France”, a-t-il proposé.
Autre sujet de débat : l’immigration. Plusieurs voix ont imploré le ministre d’œuvrer à l’assouplissement des conditions de délivrance des visas de travail pour les Français. Une source de blocages et de frustrations pour ces patrons. “Même pour faire venir des stagiaires, c’est très compliqué”, regrette Benjamin Bernet, fondateur de Doobop, une e-shop de produits de beauté.
Laurent Fabius a enfin évoqué la possibilité de monter New York un incubateur “French Tech Hub”, soutenu par l’Etat, comme à San Francisco. L’idée était soumise au débat. Mais certains sont déjà dubitatifs, comme Luc Hardy, à la tête de Sagax, un fonds d’investissement : “La problématique des entreprises, c’est de se développer et de se mélanger à leur environnement. Je ne suis pas certain qu’un building bleu-blanc-rouge soit vraiment un besoin.”
A New York, Fabius déjeune avec la "French Tech"
32 différences entre le Français des US et le Français de France
Les Français des Etats-Unis s’en rendent compte quand ils rentrent en France: ils ne sont pas pareils que leurs amis français de France. Voici pourquoi nous sommes des ET.
32. Le Français des Etats-Unis ne comprend plus les sigles obscurs comme RSA, CFDT, CNAV, etc.
31. Et les Coca de “grande” taille en France lui paraissent minuscules
30. Il se plaint moins de la TV française
29. Du déclin de la France
28. D’ailleurs pour lui, la France ne va pas si mal
27. Cela fait longtemps qu’il ne pense plus à sa retraite française
26. Il fait moins de fautes en anglais
24. Pour lui, la Sécu, c’est un trésor
23. La baguette aussi
22. Il est plus optimiste
21. Moins ronchon
20. Il se balade en survêt’ dans la rue
19. Il répond tout de suite à ses e-mails
18. Il connait toutes les séries qui seront diffusées en France l’an prochain
17. Il n’a pas de vacances
16. Mais il s’en fiche parce qu’il vit le rêve américain
15. Il pense que les Français en France ne fichent rien
14. Il ne comprend pas qu’on puisse être contre Netflix
13. Contre Starbucks
12. Contre les entreprises
11. Il ne comprend pas l’immobilisme en France
10. La fermeture des magasins le dimanche
9. Les serveurs parisiens
8. Il est choqué quand il n’y a pas de menu végétarien au resto en France
7. Il est surpris de ne pas voir le serveur toutes les deux minutes
6. Il a perdu l’habitude d’attendre avant d’avoir l’addition
5. Il n’est pas perdu dans un aéroport
4. Il se précipite sur les filles en leur tendant la main
3.Et fait un hug aux hommes
2. Il énerve les Français en France en parlant “franglais”
1. Mais il apprécie encore plus ses amis en France quand il les retrouve
"Le Silence de la Mer" au MoMA
Pour célébrer l’automne, le MoMA renouera avec ses vieilles traditions, et proposera le 29 septembre la projection du “Silence de la Mer”, de Jean-Pierre Melville. Ce film est inspiré directement d’une nouvelle de Jean Bruller. Plus qu’une simple adaptation, il a su marquer les esprits, influençant largement le courant de la Nouvelle Vague.
Le film est réalisé en 1947, clandestinement, avec un budget dérisoire, et sans l’accord de l’auteur. Ce dernier acceptera finalement après l’avoir visionné. A sa sortie en 1949, le film ne rencontre pas un succès extraordinaire, malgré des critiques élogieuses de la presse française. Il faudra attendre des années pour que l’œuvre soit reconnue à sa juste valeur.
“Le Silence de la Mer” raconte l’histoire d’un officier allemand, que la Kommandatur envoie vivre en France pendant l’Occupation. Il habitera chez un homme âgé et sa nièce, qui s’obstinent à ne pas lui adresser la parole. L’officier est pourtant amoureux de la France, et va tout faire pour qu’un dialogue naisse entre lui et ses hôtes. Le film est un quasi-monologue, entrecoupés des réactions du vieil homme, en voix off seulement. Un huis-clos surprenant, qui reflète toute la désillusion du soldat allemand qui croyait possible une amitié avec ces Français.
Sarkozy 2, le retour
(Revue de presse) On l’avait venu venir, la presse américaine aussi. Depuis que Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature à la présidence de l’UMP, les headlines évoquent un “come-back” à la fois attendu et déterminant pour la situation politique en France.
“Nicolas Sarkozy veut reprendre son ancien job“, titre le Washington Post le jour de l’annonce, vendredi. Celui de président de l’UMP, ou de la République ? Les médias ne font montre d’aucune ambiguité, en constatant l’impopularité record de François Hollande et une situation politique “en désordre” pour le New York Times. Ce dernier cite les propos du candidat sur son compte Facebook pour justifier un retour en politique. “Ce serait une forme d’abandon que de rester spectateur de la situation.” Un come-back qui n’a cependant rien d’inattendu pour le journal, et qui s’inscrit dans la lignée de Napoléon et Jacques Chirac, dont “la carrière a connu des hauts et des bas.”
Mais pour la presse américaine, le chemin vers la présidence est parsemé d’embûches. Le Washington Post s’étonne de l’ambition de l’ancien chef de l’Etat après les coups de tonnerre judiciaires qu’il a subis. “Cela n’a pas l’air de l’empêcher de retourner sur la scène politique politique.” “M. Sarkozy nie sa récente garde à vue de 18 heures et les accusations de corruption“, ajoute le New York Times.
Au sein de l’UMP, rien n’est pour autant gagné, précise le quotidien. L’ex-président “doit faire face à de nombreux problèmes“, parmi lesquels la dette du parti et les divisions internes. Sans oublier la récente candidature d’Alain Juppé, “accusé une fois de corruption, mais qui fait maintenant partie des politiciens les plus populaires en France“, glisse le Washington Post. Le New York Times reprend même le commentaire d’un internaute qui compare Nicolas Sarkozy à Silvio Berlusconi: “Notre Berlusconi national est de retour !”
Oublier les freedom fries
Le 22 septembre, le Huffington Post titre “La France est aux côtés des Américains pour frapper l’Irak“. La veille, François Hollande avait annoncé le soutien aérien de la France aux forces irakiennes contre l’Etat islamique. Une décision saluée par Barack Obama, “dix ans après avoir rejeté la guerre du président George W. Bush contre Saddam Hussein“, rappelle le site d’information.
Plus tôt dans la semaine, le Washington Post avait affirmé dans un article sur les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la France que “les Français sont devenus les nouveaux faucons de l’Europe.” Le journaliste fait alors référence aux “Freedo, Fries“, appellation attribuée aux French fries par les membres de la Chambre des Représentants en mars 2003, pour souligner le mécontentement des Etats-Unis face à la décision de leur “soi-disant alliée” à cette époque. La patrie des droits de l’homme s’imposant désormais comme le premier pays à se joindre aux forces américaines, il est temps, selon le site d’information, “d’oublier ces frites de la liberté.”
Yves Saint-Laurent s’invite aux Oscars 2015
Cocorico ! Le Hollywood Reporter a annoncé le 22 septembre que le film de Bertrand Bonello “Saint-Laurent” avait été choisi pour représenter la France à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, en 2015.
La seule fois où la France a gagné un Oscar, rappelle le site, remonte à 1992, avec le film de Régis Warnier “Indochine”. En 2013, “Intouchables” d’Olivier Nakache et Eric Toledano, pourtant favori, n’était pas parvenu à séduire la prestigieuse académie.
Une conférence sur Coco Chanel la New-Yorkaise
Rhonda Garelick n’est seulement professeure d’anglais, c’est aussi une auteure, passionnée par Coco Chanel. Elle a d’ailleurs consacré un livre, Mademoiselle Coco Chanel and the Pulse of History, à celle qui a marqué la haute couture française.
Dans cette biographie, Rhonda Garelick raconte le retour de Coco Chanel à ses 70 ans, à New York, après avoir été victime de sévères critiques par la presse française. Bafouée dans l’Hexagone, la créatrice se verra offrir de l’autre côté de l’Atlantique une seconde chance. Rhonda Garelick en parlera avec Judith Thurman, journaliste au New Yorker lors du lancement du livre, le jeudi 30 septembre, au Museum of the City of New York. L’auteure se prêtera aussi au jeu des autographes, dès 18h30.
Pourquoi le personnel médical aux US porte la blouse dans la rue?
Impossible de passer à côté: aux Etats-Unis, le personnel médical se balade en blouse dans la rue. Pas très hygiénique tout ça. Pourquoi cette drôle de pratique ? C’est la question bête de la semaine.
Les blouses, ou “scrubs”, sont très communs aux Etats-Unis. Avant leur apparition, au XXe siècle, seules les infirmières devaient porter un uniforme – une robe blanche. Les chirurgiens, eux, n’avaient aucune consigne particulière en la matière. Dans les années cinquante, les médecins et leurs assistants portaient une blouse uniquement dans le bloc opératoire, et avaient un vestiaire pour se changer.
Pour Elaine Schattner, médecin et professeur au Weill Cornell Medical College à New York, la raison principale pour laquelle le personnel et les médecins ne se changent pas est le manque de temps. “Quand vous n’avez que 30 minutes pour manger, vous choisissez la solution de facilité.“
Pourtant, les questions vont bon train. Y-a-t-il risque de contamination ? Dans un article du New York Times datant de 2008, une étude du New York Hospital Medical Center du Queens confirmait que près de 50% des cravates des médecins sont des réservoirs à microbes. Selon The Atlantic, sur 135 médecins et infirmières, huit sont susceptibles de transmettre le staphylocoque doré (ou MRSA en anglais) à travers leur blouse (statistiques de 2012).
“Au-delà des chiffres, je trouve que garder sa blouse en dehors de l’hôpital reste une très mauvaise idée, affirme Elaine Schattner. La procédure – et le bon sens ! – veut qu’on se lave les mains et change de vêtements tous les jours. Non seulement pour éviter tout risque de contamination à l’extérieur, mais aussi pour éviter de ramener des bactéries à la maison.”
Mais pour l’auteur d’un chirurgien à la retraite, auteur anonyme d’un blog appelé Skeptical Scalpel, le risque de contamination est omniprésent dès lors que l’on travaille dans un hôpital, “scrub” ou non. “En réalité, il n’y a pas vraiment de danger, explique-t-il. Il n’existe pas de preuve que quelqu’un puisse attraper une bactérie de cette façon. Ce qui est ennuyeux, ce sont les réactions que ce comportement suscite. On lit des dizaines d’articles, de journaux qui s’indignent des ‘scrubs’ et cela renvoie une mauvaise image des hôpitaux.”
Difficile pour autant de faire évoluer les mentalités. “Il y a plus de 500 hôpitaux aux Etats-Unis, et la plupart n’ont pas les moyens d’acheter une machine à laver ou un vestiaire“, raconte l’ex-chirurgien. Le New York Times ajoute que certains hôpitaux ne peuvent même pas fournir de blouses ou de chaussures au personnel, faute de budget.
Aznavour, jusqu'à l'ivresse
“J’aime le passé… mais l’avenir aussi” Le rendez-vous est pris. Hier, Charles Aznavour a prouvé aux 5600 spectateurs du Madison Square Garden qu’à 90 ans, il n’était pas prêt de raccrocher.
C’est sur le ton de la confidence que le chanteur s’adresse à un public plus que conquis. “La première fois que je suis arrivé à New York, c’était en 1948. J’avais 19 ans.” Exit la nostalgie, Charles Aznavour se moque volontiers des “défauts” de son âge. “On voit moins bien, on entend moins bien… D’ailleurs, j’ai un prompteur !” Tout en ponctuant chacune de ses chansons d’un “allez, on continue” enthousiaste.
“Charles” – comme l’appelle son public américain – chante “Paris au mois d’août”, “Mourir d’aimer” ou “Sa jeunesse” avec une petite voix d’abord, avant de gagner en intensité sur des titres comme “Je voyage” avec sa fille Katia. La relève est assurée. Même si aux yeux brillants de Marguerite, une admiratrice de longue date, les chansons sont “intemporelles” et que l’homme lui-même reste “très charismatique“.
Avec classe et humour, Aznavour enchaîne les classiques, sans manquer d’exécuter un pas de danse. Le “French crooner” s’autorise même quelques piques à l’adresse du monde du spectacle – “Mon ami, mon Judas” – et à l’homophobie avec une anecdote sur la chanson “Comme ils disent”.
Si la salle exulte au début de “La Bohème”, “Jamais plus” ou “Emmenez-moi”, chantées en anglais, certains spectateurs – américains d’ailleurs – auraient préféré entendre les versions originales. Dont un jeune homme qui apprend le français grâce à ses chansons et “les connaît par coeur” !
C’est que “Charles” aime les Etats-Unis et les Américains le lui rendent bien. Depuis le début de sa tournée mondiale, il a chanté dans pas moins de sept pays, de son Arménie natale à l’Italie en passant par le Royaume-Uni. On a donc un peu de mal à le croire quand il confie, avec humilité, que sa voix est aussi “brisée” que son anglais.
Stromae enflamme New York
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On ne vous présente plus Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver. Ce Belge, qui ne comprend pas pourquoi on dit « French fries » et non « Belgium Fries » a percé en 2009, avec son titre « Alors on danse ». Depuis, il enchaîne les succès, affole le compteur des ventes et rafle les prix musicaux.
De l’électro ponctuée de textes d’une incroyable justesse, le pari était audacieux mais en fin de compte plus que réussi… En seulement deux albums, Cheese et Racine Carrée, le maestro est devenu une véritable icône. Durant le concert, nous croisons un jeune belge qui a « réservé sa place l’an dernier pour aller voir Stromae le mois prochain à Bruxelles ». Les salles de concert se remplissent, les places s’arrachent. Et il suffit d’assister à l’un de ses concerts pour comprendre cet engouement.
Sur scène, Stromae ne chante pas seulement. C’est un véritable spectacle qui se déroule sous nos yeux. Entre vidéos, danse, blagues et a cappella, Stromae jongle avec nos émotions, faisant passer le public du rire aux larmes en quelques secondes. Public qui sait d’ailleurs le remercier : dans la salle du Terminal 5, vendredi, l’ambiance est électrique. Américains, Français et Belges chantent ensemble les paroles, dansent sans retenue. A la fin du concert, les applaudissements semblent ne jamais plus pouvoir s’arrêter. Et à l’extérieur, tous sont unanimes : Stromae, il est « Fooooormidaaaable ».
Après ses concerts new-yorkais, l’artiste est parti pour Boston. Il gagnera le Canada, avant de revenir pour plusieurs dates aux Etats-Unis, puis en Europe.
La High Line s’agrandit !
Les New-yorkais peuvent désormais profiter de la troisième section de la High Line. Quelques années de travaux ont été nécessaires pour réhabiliter l’ancienne voie de chemin de fer de la 30ème jusqu’à la 34ème rue.
Cette section ne dérogera pas à la règle : chacune doit avoir « son identité propre » nous confie Jérôme Barth,un Français, directeur des opérations sur le chantier. « Cette fois, nous avons misé sur des éléments propices aux jeux des enfants par exemple » nous dit-t-il. Il y aura aussi un pont plus en hauteur encore que la High Line, avec une vue imprenable sur la onzième avenue. Jérôme Barth nous conseille aussi d’y admirer « la section ouest, encore temporaire, dont les jardins sont restés naturels ».
Enfin, cette troisième partie tiendra sa véritable originalité du fait que l’on puisse marcher sur l’herbe autour des rails, ce qui n’était pas le cas avec les deux premières. Cette idée a été insufflée, puis largement plébiscitée par les New-yorkais, qui rêvaient de pouvoir profiter pleinement de ce petit bout de verdure.
Ces mêmes New-yorkais étaient pourtant plutôt inquiets de ces travaux, craignant un afflux de touristes venus de Times Square. Jérôme Barth nous l’assure pourtant, cela semble peu probable : « Times Square reste encore un peu éloigné, et en plus, ce n’est pas notre ambition. La High Line est faite avant tout pour les New-yorkais, qui y sont très attachés ». Il existe, dit-il, une réelle « affection du public » pour cet endroit, et il ne serait pas envisageable de le dénaturer en faisant venir des hordes de touristes. Le projet a besoin du public, et surtout, de l’approbation de ces New-yorkais qui s’impliquent parfois même directement dans le projet, par le biais du bénévolat. Selon Jérôme Barth, ce système marcherait d’ailleurs « extrêmement bien ».
Les Français de Placemeter lèvent 6 millions de dollars
Jeudi 18 septembre, c’était champagne à Placemeter. La start-up qui mesure la durée des files d’attente et la densité du trafic piétonnier a levé 6 millions de dollars auprès d’investisseurs américains – parmi eux, New Enterprise Associate, Qualcomm Ventures, Collaborative Fund…
Nous vous avions déjà parlé de Placemeter, une petite entreprise créée à New York il y a deux ans par les Français Florent Peyre et Alexandre Winter. Deux associés qui ont eu l’idée de transformer les images de caméras en données, et de les exploiter pour produire de l’information sur le nombre de personnes qui passent devant un magasin, traversent une rue, ou font la queue sur un trottoir.
Ils étaient deux il y a deux ans. Ils sont désormais neuf, réunis dans des locaux de l’incubateur Techstars. “L‘objectif c’est d’arriver à 15 d’ici la fin de l’année, et une petite quarantaine en 2015″, calcule Florent Peyre, qui souhaite renforcer en priorité l’équipe technique.
“Nous avons onze clients pour le moment”, poursuit-il. Des cafés, des boutiques, des agences qui veulent mesurer le nombre de personnes qui passent devant ou poussent la porte de leur magasin.
La mairie de New York est aussi l’un de leurs partenaires. “On travaille avec des business improvement districts. On les aide à mesurer le flux de piétons. Cela leur permet d’avoir des chiffres pour leur argumentaire, afin de faire venir des commerces dans des zones qui veulent se développer”, raconte Florent Peyre.
Pour amasser de la donnée sur l’espace public, Placemeter fait aussi appel à des particuliers, qui installent le capteur à leur fenêtre contre une petite rémunération. Les données (des chiffres, pas des images) seront à terme exploitables par tous (la start-up en reste toutefois propriétaire). “A New York, 750 personnes se sont portées volontaires. Il y a plein d’applications civiques potentielles. Par exemple, produire de la donnée sur la vitesse des voitures à un carrefour, et aider des habitants qui voudraient mettre en place un système de limitation de vitesse.”
Et si, à New York, les boitiers Placemeter posent quelques questions quant au respect des libertés individuelles, ils auront au moins un mérite : mettre à jour l’absurdité de certaines files d’attente…
Les 24h du Mans inspirent le Texas
C’est comme les 24h du Mans, mais en moins de temps. La course Lone Star Le Mans est de retour les 19 et 20 septembre au nouveau circuit de Formule 1 d’Austin.
La première édition des 6h du Circuit des Amériques était passée un peu inaperçue l’année dernière. Mais avec un total de 180 véhicules cette année, la deuxième édition devrait fairele plein, pour le Français du Texas amateur de voitures Xavier Borkowski. « Si je me fie à ce que j’entends dans les différents clubs automobiles auxquels j’appartiens, il devrait y avoir du monde cette fois. Les gens se sont organisés pour s’y rendre en groupe, car de nombreuses écuries ont répondu ‘présent’ et les six heures seront courues d’affilée dans le cadre de cette deuxième édition, plutôt que deux par deux comme l’année dernière. Cela a attiré l’attention des amateurs. »
Les anciennes American Le Mans Series ont de plus fusionné avec le Tudor United SportsCar Championship, qui organisera une épreuve en parallèle des 6h du Circuit des Amériques, vendredi et samedi. Comme le Grand Prix de Formule 1, la combinaison des deux courses est susceptible d’attirer un public latino-américain.
Le meilleur des deux mondes
Mais avec cette course, c’est bien « l’esprit du Mans et la plus compétitive des courses automobiles d’Amérique du Nord » qu’il s’agit de combiner, pour le président du Circuit des Amériques, Jason Dial.
« Fidèles à nos racines, nous incluerons des éléments authentiquement austinites comme de la musique live dans notre salle de concert Austin360. » En préliminaire et en parallèle de la course sanctionnée par la FIA samedi, de 17h à 23h, pas moins de quatre groupes de rock, soul, country et funk sont ainsi programmés, tandis que des food trucks proposeront leurs spécialités en plus du service de restauration assuré par le français Sodexho. « Mais nous savons que les amateurs de sports automobiles apprécieront surtout d’avoir accès aux voitures et aux pilotes », reconnaît le PDG du Circuit des Amériques.
Les Français seront présents à tous les niveaux. D’une part, des membres du Heart of Texas Pétanque Club enseigneront cette discipline bien franchouillarde vendredi de 10h à 17h, ainsi que samedi de midi à 19h. Et d’autre part, le French American Business Council of Austin inauguré au mois de juin propose, vendredi, à partir de midi, une visite des stands de ravitaillement des équipes de Houston Krohn Racing et Risi Competizione (cette dernière ayant gagné les 24h du Mans en 2008 et 2009), à la rencontre des pilotes, et samedi, de 15h à 16h, une visite des paddocks guidée par le président de l’Austin Cobra Club et fondateur de l’association Gearheads 4 Good, Ken Walker.
Nombreux pilotes français
Enfin, détail qui a son importance : la France sera le pays le mieux représenté par les 83 pilotes de vingt nationalités que réunira la course. Parmi eux, Nicolas Prost, de l’équipe Rebellion Racing sur Toyota, et Julien Canal, de G-Drive Racing sur Morgan Nissan, figurent actuellement aux premières places des classements.
Les 6h du Circuit des Amériques sont la quatrième épreuve d’un championnat entamé au printemps au Royaume-Uni et qui se conclura fin novembre au Brésil.
Anne Sinclair: "Je me suis réconciliée avec New York"
“Cette ville enchanteresse était devenue comme une prison“. Anne Sinclair parle facilement de l’affaire qui l’a placée, malgré elle, sous les feux médiatiques, à New York un certain mois de mai 2011, après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn. New York, sa ville natale, qu’elle associait à des souvenirs d’enfance délicieux – “Noël“, “la luge à Central Park“, “le chocolat chaud“, “les jouets de FAO Schwartz” – et où elle apparut comme la femme trahie, aux côtés de son homme dans la tempête. Mais, “cette petite histoire“, comme elle l’appelle pudiquement aujourd’hui, est “derrière moi“.
Depuis “ce moment violent“, Anne Sinclair est revenue souvent à New York – discrètement. Sa tante, Elaine qui, à 93 ans, “a toujours bon pied bon œil” et deux cousines franco-américaines y résident toujours. Ses fonctions à la tête du Huffington Post français la conduisent ici aussi.
Elle revient ce mardi 23 septembre, à la New York University, comme auteure pour parler de son grand-père, Paul Rosenberg. La biographie qu’elle lui consacre, 21, rue La Boétie, l’adresse de la galerie qu’il possédait à Paris avant la Deuxième Guerre mondiale, sort aux Etats-Unis sous le nom de My Grandfather’s Gallery:A Family Memoir of Art.
“Reconnaissant envers les Etats-Unis”
“Ce n’est pas un livre d’histoire, ou un livre d’art. C’est un hommage à mon grand-père. C’était un personnage suffisamment discret tout au long de sa vie pour ne pas faire sa propre promo. J’avais envie de le faire connaître auprès des Américains.” Au début du XXème siècle, Paul Rosenberg était l’un des collectionneurs d’art les plus réputés de France et le plus grand promoteur de l’art moderne. Sa galerie réunissait des titans comme Braque, Matisse et Picasso, dont le galeriste était très proche. Anne Sinclair raconte dans son livre que les deux hommes, qui étaient voisins, s’apostrophaient à travers les fenêtres de leurs appartements, qui donnaient sur la même cour. Picasso allait jusqu’à montrer ses œuvres par la fenêtre pour avoir l’avis de “Paul“.
La guerre a brisé cette douce vie parisienne. L’Institut des Etudes des Questions Juives (IEQJ), un organisme de propagande anti-juive, s’est installé en lieu et place de la galerie de la rue La Boétie. Mis sur liste noire parce qu’il est juif, Paul Rosenberg doit quitter Paris. Direction New York, comme d’autres exilés, via l’Espagne puis le Portugal. “Mes grands-parents étaient éternellement reconnaissants aux Américains de leur avoir donné la vie sauve, d’avoir permis à mon grand-père de redémarrer une carrière. Ma mère était assez éblouie par la facilité des choses, la différence culturelle avec l’Europe.“
Là, dans la frénésie du New York, les joies se mêlent aux douleurs pour les Rosenberg. Celle par exemple de se voir retirer la nationalité française par le gouvernement de Vichy – “une blessure terrible“. La joie, c’est celle de pouvoir rouvrir une galerie, sur la 59eme rue – “Il y a un grand magasin Nike maintenant“, indique Anne Sinclair – puis une autre sur la 79eme rue, dans un bâtiment qui est resté dans la famille.
Paul Rosenberg n’arrive pas à New York en terrain inconnu. Il était l’ami d’Alfred Barr, le légendaire directeur du MoMA, avec lequel il organise la première rétrospective américaine sur Pablo Picasso en 1939, avec des tableaux donnés au musée new-yorkais pour que les nazis ne s’en saisissent pas. Et il avait fait la promotion de l’art moderne à Chicago, New York “et même Kansas City” dans les années 20. Pour constater que les Américains n’étaient pas prêts pour ce genre d’art. “Mais il n’a pas baissé les bras. Il a compris très tôt qu’il était important de faire connaitre cette peinture aux Américains.“
“Enchantée”
Anne Sinclair a plongé dans le passé de ce “défricheur de l’art moderne” qu’elle connaissait si peu – elle avait 11 ans quand il est mort. Après le décès de sa mère, elle a retrouvé des correspondances entre Paul Rosenberg et ses peintres, exhumé des “papiers de famille“, interrogé des proches et retourné sur les traces de sa famille.
Elle se rendait à New York quand elle habitait à Washington DC avec Dominique Strauss-Kahn, pour faire ses recherches, et a fini d’écrire le livre dans l’appartement de TriBeCa, où elle était enfermée avec son ex-mari sous l’œil de journalistes du monde entier. “Quand est venue la soixantaine, ma mère a disparu, il y a eu le déclic de la loi sur l’identité nationale, ça a remué des souvenirs. On est fait de plusieurs morceaux et il n’y aucune raison de ne pas mieux connaitre ce grand-père que j’avais mal connu, avec un talent et un œil infaillibles.” Un morceau d’elle qu’elle partage pour la première fois avec le peuple qui a accueilli Paul Rosenberg “à bras ouvert” en septembre 1940, il y a 74 ans quasiment jour pour jour. “Je suis enchantée de revenir.“