Pour vous aider à faire votre choix en vue de l’élection législative (2 et 16 juin) en Amérique du Nord, French Morning continue sa promenade de campagne dans Bryant Park, cette fois avec Corinne Narassiguin, la candidate du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie Les Verts. Elle parle de la division de la droite qui la favorise, de son expérience de banquière socialiste, et de l’engagement du PS à ne pas changer la fiscalité des Français de l’étranger.
"Days of Gray", le cinéma sans repères
A 20 et 23 ans seulement, Alice Bloch, productrice, et Ani Simon-Kennedy, réalisatrice, se sont lancées dans un projet « fou » : la production d’un long métrage qui sera tourné en Islande cet été, Days of Gray. Le film s’inscrit ni dans le temps ni dans l’espace, et raconte l’histoire d’un jeune garçon qui quitte sa famille pour partir dans des contrées interdites. Lors de son voyage, il rencontre une jeune fille avec laquelle il part à la découverte d’un monde post apocalyptique. Dans cet univers peuplé de mutants, ces enfants se découvrent. Pour couronner le tout, il n’y a aucun dialogue dans le film.
C’est à Prague, en se retrouvant « par hasard » à un concert du groupe islandais, Hjaltalín, qui assure la musique du film, que l’idée émerge dans la tête d’Ani Simon-Kennedy. Née à New York mais élevée à Paris dans un foyer bilingue, la jeune réalisatrice jouit d’un bagage solide pour son âge. Elle a travaillé sur les “sets” de films de renom tels que « The Tempest », « Morning Glory », « Midnight in Paris » ou encore « Fantastic Mr Fox » au côté de Wes Anderson. Son court métrage « Sea Full of Hooks » a été sélectionné au Corner du Festival de Cannes 2011. La même année, elle crée sa propre boite de production, Bicephaly Pictures.
« Ma rencontre avec Ani fut une révélation », avoue Alice Bloch, étudiante à Sciences Po Paris en échange en troisième année à New York. C’est à la projection de Sea Full of Hooks en janvier 2012 que les deux cinéphiles se rencontrent. « Ce fut un véritable coup de foudre. J’ai été profondément touchée par le court métrage d’Ani, que j’ai trouvé complètement différent de ce que j’ai l’habitude de voir (…) Lorsque Ani m’a parlé de son projet de film, j’ai été tout de suite emballée. Je fais entièrement confiance à son art ». Alice Bloch, aussi, s’y connaît en cinéma. Père réalisateur et directeur d’une boite de distribution en France, mère chercheuse dans le cinéma, elle est tombée dans le 7e art toute petite. Pas de télé à la maison, que des films. En 2010, elle effectue un stage au sein de l’entreprise de Video On Demand Le Meilleur du Cinéma et en septembre 2011 à l’Independent Filmmaker Project à New York, une association à but non lucratif qui soutient les projets de films indépendants.
« J’avais l’idée de réaliser ce film depuis longtemps, mais c’est Alice qui a permis au projet de se faire, explique Ani Simon-Kennedy. L’une des caractéristiques de ce film est l’universalité. Ni temps, ni lieu ». « C’est un film qui peut toucher tout le monde, il n’y a pas d’ancrage culturel », ajoute Alice Bloch. Autre particularité : l’équipe du film est presque intégralement féminine. « Les femmes dans le cinéma, c’est un sujet qui nous tient à cœur », disent-elles. « Lorsque je vois que parmi la sélection officielle de Cannes 2012, il n’y a que deux réalisatrices, je suis choquée », souligne Alice Bloch. « Le film est aussi une manière de prouver que la femme a sa place dans la réalisation. »
Le projet a déjà récolté une partie des fonds nécessaires à sa réalisation grâce à des donateurs privés, l’Independent Filmmaker Project et Kickstarter, un site qui permet à tout projet créatif sélectionné de lever des fonds grâce au soutien des internautes (voir la vidéo du projet ci-dessous). La date butoir pour les donations sur ce dernier site est prévue pour le 3 juin. Le film bénéficie déjà du soutien d’une boite de production islandaise. Les deux cinéphiles ont l’intention de négocier les droits de distribution DVD et VOD au Festival de Cannes. Et veulent organiser, pour son lancement, des projections accompagnées en live par le groupe qui a assuré la musique du film. Comme autrefois. “Nous voulons retrouver le côte sacré et festif du cinéma d’antan, où la sortie du film était un véritable événement“.
Yael Barel, la "girl next door" en concert
Née à Paris mais élevée entre la capitale française et Tel Aviv, la chanteuse et actrice Yael Barel a voyagé partout dans le monde pour finalement s’installer à New York. A Paris, elle a joué dans de nombreuses comédies musicales telles que « Le bar des étoiles » en 2008, tournée à Paris et mise en scène par Maïka Cordier et Diane Duquesne. Mais aussi dans des pièces de théâtre comme Le Bourgeois Gentilhomme de Molière.
Installée à New York, elle étudie à l’école de théâtre HB Studios. Dans la Grosse pomme, elle a joué dans des pièces de théâtre telles que « The picture of Dorian Gray » sous la direction de Glory Bowen, tout en multipliant les concerts. Elle signe notamment le clip ci-dessous, “The Girl Next Door”, qui ne manque pas d’humour. Guitare à la main, mercredi au Luca Bar, elle interprètera ses propres chansons, avec son groupe.
Infos pratiques :
Yael Barrel. Mercredi 9 mai. Luca Bar. 119 St Marks Place. Gratuit. Pour plus d’informations ici.
"Cloclo" au FIAF
Le French Institute Alliance Française (FIAF) présente « Cloclo », le film de Florence Emilio Siri avec Jérémie Renier, Benoît Magimel et Monica Scattini, sorti le 14 mars dernier dans les salles françaises. Le film parle du destin tragique de Claude François, icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans. Le long métrage décrypte le « Cloclo » national dans toutes ses facettes : la star adulée, le business man et surtout l’homme qui se cache derrière la star, avec sa personnalité complexe, prêt à tout pour se faire aimer. Il sera projeté en français avec un sous-titrage en anglais.
Infos pratiques :
Mercredi 9 mai 2012 à partir de 19h. FIAF, Florence Gould Hall. 55 East 59th Street. Gratuit pour les membres, $10 pour les non-membres et $7 pour les étudiants. Pour plus d’informations ici.
Des prisons plus peuplées en France qu'aux USA
Les Américains passent plus par la case « prison » que les Français. Selon le International Center for Prison Studies, basé à Londres, 750 personnes sur 100 000 habitants sont en prison aux Etats-Unis, contre 115 en France. Des statistiques qui portent sur l’année 2011.
Si la France compte moins de prisons que les Etats-Unis (respectivement 191 et 4 575), le phénomène de surpopulation carcérale touche davantage la France: les prisons françaises sont pleines à 116% contre 106% pour les prisons américaines, si l’on en croit l’organisme.
Point commun entre les prisonniers en France et aux Etats-Unis : leur nombre augmente. En 1992, il s’élevait à 501 pour 100 000 habitants aux Etats-Unis. En France, ce même indicateur était de 84 la même année.
Corinne Narassiguin: "Nous ne changerons pas la fiscalité des Français de l'étranger"
Pour vous aider à faire votre choix en vue de l’élection législative (2 et 16 juin) en Amérique du Nord, French Morning continue sa promenade de campagne dans Bryant Park, cette fois avec Corinne Narassiguin, la candidate du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie Les Verts. Elle parle de la division de la droite qui la favorise, de son expérience de banquière socialiste, et de l’engagement du PS à ne pas changer la fiscalité des Français de l’étranger.
Harlem célèbre le jazz
Harlem et le jazz, une histoire qui dure. Pour la deuxième année consécutive, le théâtre Apollo, Harlem Stage, Jazzmobile et l’Université de Columbia présentent le Harlem Jazz Shrines Festival. Du 7 au 13 mai, ce festival célèbrera les lieux mythiques qui ont fait du quartier noir la capitale américaine du jazz dans les années 20. Plusieurs hauts-lieux du jazz, comme l’Apollo Theater et le Lenox Lounge, participent à l’opération, qui est autant un regard rétrospectif qu’une vitrine pour la nouvelle génération de jazzistes.
Parmi les événements organisés, un hommage les 8 et 9 mai au Club Harlem et au pianiste-poète Cecil Taylor, inventeur du free jazz. Pour l’occasion, les pianistes de renom Vijay Lyer, Amina Claudine Myers et Craig Taborn se produiront sur la scène du Harlem Stage Gatehouse. Le 10 mai, un hommage au Clark Monroe’s Uptown House, un club de jazz au dessus duquel vivait le célèbre Billie Holiday, sera rendu par plusieurs musiciennes. Le vendredi 11 mai, Gregory Generet et le gagnant du Tony Award Chuck Cooper (Memphis, Chicago…) interpréteront, au mythique Lenox Lounge, des chansons de Johnny Hartman et Ralph Ellison.
Infos pratiques :
Harlem Jazz Shrines Festival 2012. Du 7 au 13 mai à divers endroits. Entrée à $10 ou gratuite. Plus d’informations ici.
Ce que Obama a appris à Hollande
Le tweet est parti de Washington, dimanche soir (en anglais): “Félicitation à @FHollande: une autre victoire pour le modèle d’organisation Obama de 2008”. L’auteur est un connaisseur: Stephen Geer était l’un des responsables de la campagne Internet de Barack Obama en 2008. Et il n’a pas de doute. Le camp Hollande l’a emporté notamment grâce à “sa campagne intelligente et innovante qui a permis de mobiliser des volontaires, avec par exemple le porte-à-porte”, confie-t-il au lendemain de la victoire de François Hollande.
Avec deux autres consultants démocrates, Stephen Geer a passé une semaine en France en avril, quelques jours avant le premier tour, à rencontrer les équipes de campagne de Mrs Hollande, Sarkozy et Bayrou au cours d’un “Elysée Tour 2012” imaginé par Olivier Piton. Cet avocat français installé à Washington avait déjà mené l’opération en 2007 et a voulu la renouveler cette fois pour, dit-il “permettre à ces artisans de la révolution digitale de la campagne d’Obama de voir comment les Français se l’étaient appropriée”.
“Les équipes de Hollande nous ont expliqué qu’ils avaient fait tout ce qu’ils pouvaient pour incorporer dans leur campagne nos innovations de 2008”, raconte un autre participant au même voyage, John Del Cecato, consultant de la campagne Obama en 2008 et à nouveau cette année. Plus que la technologie, c’est “la façon dont ils ont compris l’importance d’une campagne de proximité” qui l’a frappé.
L’équipe de François Hollande elle-même n’a jamais caché qu’elle avait cherché à reproduire le succès d’Obama en 2008. Vincent Feltesse, patron de la campagne Internet du candidat PS a recruté Blue State Digital, un cabinet de consultants qui aide des candidats démocrates dans tout le pays à utiliser les nouvelles technologies. En février, plusieurs consultants de la société basée à Boston ont séjourné au QG de François Hollande. Et sont devenus d’ardents supporters: Steven Jacobs, un -forcément- jeune consultant de Blue State Digital, qui fut dépêché sur place a passé sa journée de dimanche à twitter son anxieuse attente des résultats de “son candidat”, jusqu’à la victoire libératrice, annoncée évidemment à ses “followers” bien avant l’heure légale…
Analyse d’un échec
A l’inverse des équipes de François Hollande, John Del Cecato a trouvé les dirigeants de la campagne de Nicolas Sarkozy “beaucoup moins intéressés par ces nouvelles façons de faire campagne… Sauf les gens en charge de l’Internet, mais ils n’avaient pas l’oreille des patrons”. Cet expert en communication politique se dit effaré par l’affiche de campagne du président sortant, le montrant seul devant un océan. “J’ai trouvé cela vraiment étrange! Ce qu’il fallait, c’est le montrer en interaction avec des Français de tous les jours, ce que l’équipe de Hollande a fait beaucoup mieux”.
De l’avis de ces experts américains qui ont rencontré les deux camps, les conseillers de Nicolas Sarkozy ont trop compté sur la parole du chef et fait une campagne trop “pyramidale“. “Du coup, dit John Del Cecato, cela devient forcément une élection pour ou contre lui, alors que même pour une candidat sortant il y a des moyens de montrer que c’est le peuple qui est au coeur de la campagne, qui fait la campagne”. En bref, le message de Nicolas Sarkozy n’aurait pas dû être “je vous promets j’ai changé” mais “ensemble nous allons changer les choses”.
Justice contre austérité
Les consultants le soulignent: tactiques et stratégies de campagne ne font pas une victoire. Mais elles y contribuent. “Certes, concède Stephen Geer, beaucoup des électeurs de François Hollande ont d’abord voté contre Nicolas Sarkozy, mais s’ils avaient été seulement mécontents et étaient restés chez eux, ça n’aurait pas aidé la campagne de Hollande!”. L’expert a été impressionné par l’objectif ambitieux fixé par les responsables de la campagne de porte-à-porte du candidat socialiste. “Ils comptaient frapper à cinq millions de portes. C’est énorme!” Et quand la différence de voix est d’un million au terme de l’élection, ça compte.
Cornell Belcher, le sondeur attitré de la campagne Obama, également du voyage à Paris, insiste lui sur le fond de la campagne de François Hollande. En constatant que le candidat socialiste a voulu faire de la justice (fairness) le thème central de sa campagne, il se dit “frappé par la similitude avec notre campagne de novembre prochain: ici aussi ce sera sur la justice, la juste contribution des plus riches à l’effort, etc”. Cornell Belcher admet certes des nuances de style (“vous ne verrez jamais un candidat américain dire qu’il n’aime pas les riches…”), mais le rejet de ce qu’il appelle “l’idéologie de l’austérité” sera aussi, assure-t-il, un thème central de la campagne de Barack Obama pour sa réélection.
Pour autant, l’échec d’un président sortant, confronté à une sévère crise économique a forcément fait réfléchir ces supporters de Barack Obama, qui vient de se lancer à son tour dans une campagne difficile pour sa réélection. De leur voyage, ils assurent avoir tiré des leçons qu’ils tenteront de faire appliquer de ce côté-ci de l’Atlantique. Lesquelles? “Je vous le dirai si ça marche” sourit John Del Cecato…
En Californie, la bataille du foie gras fait rage
La restauration californienne est en ébullition. Dans très exactement deux mois, l’usage du foie gras sera totalement banni des cuisines de l’Etat et les contrevenants à cette règle seront passibles d’une amende de 1 000 dollars par jour.
A l’origine de cette interdiction, une loi signée en 2004 par Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de Californie, sur la base de travaux législatifs menés par le Sénat de l’Etat. John Burton, à l’époque président démocrate de cette instance, avait répondu à l’appel de plusieurs organisations de protection des animaux dénonçant l’utilisation de la force pour gaver les oies et des canards.
L’Etat avait alors donné près de 8 ans aux restaurateurs pour se conformer à la nouvelle législation et modifier leurs menus, fixant l’entrée en vigueur de l’interdiction au 1er juillet 2012.
A l’approche de cette date, nombre de cuisines californiennes se mettent à gronder, le foie gras étant un mets incontournable de leur carte, et prisé par la clientèle. Une pétition a même été lancée ces derniers mois par un groupe de 100 chefs, pour demander à ce que la vente reste légale.
Dans les rangs des restaurateurs et cuisiniers français installés en Californie, l’incompréhension est de mise, comme l’indique Denis Rion, chef du «Cigale Café», à Westlake aux portes de Los Angeles : «Je ne comprends pas bien cette loi. Pour être honnête, je la trouve ridicule et surtout très hypocrite, surtout lorsque l’on voit la manière dont les Américains traitent et engraissent leurs bovins.»
Serge Bonnet, patron du «Café Provençal» à Thousand Oaks, va dans le même sens : «Les poulets élevés ici ne sont pas mieux traités. C’est vraiment idiot. C’est un combat politique qui a pour conséquence de détruire notre culture culinaire. Nous allons tous nous mettre en conformité avec la loi, mais il ne faudra pas s’étonner si un marché noir se développe en parallèle pour répondre à la demande de certains clients ou pour élaborer les menus lors de soirées privées. Je trouve assez tentant cette illégalité. Après tout, les lois sont faites pour être coutournées…»
A la tête du «California Canteen», restaurant français de Los Angeles à deux pas des studios Universal, Yannick Laborde est quant à lui perplexe : «C’est un coup très dur porté à la restauration. Cela va déjà très mal dans ce secteur, où nombre de restaurants français ont fermé. Priver les cuisines de foie gras, c’est une manière d’empêcher la clientèle de venir chez nous. Et nous n’avons pas le choix, il faudra se plier à la règle, car le foie gras est déjà très cher à l’achat, mais si en plus il faut payer des pénalités, cela va devenir invivable.»
Hervé Nedellec, chef au restaurant «Epicure» près de Santa Barbara, se montre moins inquiet : «Je travaillais à Chicago il y a 6-7 ans et une tentative avait été faite pour bannir le foie gras. Finalement, les restaurants ont continué à le servir discrètement et l’interdiction n’a pas tenu 2 ans. Nous ferons pareil ici. Moi le premier…»
Propriétaire et cuisinier du «Petit Café Bakery», situé dans la marina de Ventura, Jean-Luc Guionnet est un adepte du foie gras importé de France, qu’il sert accompagné d’une réduction de cerises. L’interdiction ne le laisse donc pas indifférent : «Je suis originaire du Sud Ouest, le foie gras c’est ma culture. Je trouve donc cette législation imbécile, mais pour l’instant je n’ai pas eu de mise en garde. Même mon importateur ne m’en a pas parlé. Je vais donc continuer comme je le fais, et s’il le faut je demanderais une dérogation puisque ma cuisine est française. Je trouverais bien un moyen de contester. Ceux qui nous pondent les lois feraient mieux d’aller voir comment on élève les canards en Dordogne : ils verraient que les animaux sont mieux traités et plus heureux que les habitants de Los Angeles ! J’ai l’intention de résister, comme je le fais pour les fromages pasteurisés ou non…»
En dépit de ces réticences, la loi s’appliquera dans quelques semaines. A moins que la proposition du chef Thomas Keller de mettre en place une nouvelle charte pour un élevage «moins barbare» des oies et des canards, ne vienne infléchir la décision prise par le législateur californien.
"Au Nom d'Anton", des enchères pour une bonne cause
Le lieu est prestigieux : Christie’s, Rockefeller Plaza, à New York. La maîtresse de cérémonie, célèbre : Christiane Amanpour, star d’ABC News et présentatrice de l’émission éponyme sur CNN International. Et la vente, rare : des dizaines de tirages numérotés et signés des plus grands noms de la photographie contemporaine. “C’est unique. Habituellement, les enchères portent sur des photographies anciennes ou vintage”, explique le photographe franco-britannique David Brabyn, co-organisateur de l’évènement.
Mais plus exceptionnel encore : le bénévolat de tous ces participants, des “friends of Anton”. Car à l’origine de cette glittering night, une histoire simple, quasi ordinaire : la mort par balle d’un reporter de guerre. Anton Hammerl était un photojournaliste sud-africain de 41 ans. Le 5 avril 2011, alors qu’il couvre en Libye, avec trois autres journalistes, le conflit opposant les pro-Kadhafi aux rebelles, il s’approche près, trop près, de la ligne de front. Les troupes du dictateur libyen tirent sur le groupe, Anton Hammerl est tué, ses confrères capturés et retenus en otage durant 44 jours. “ Les Libyens ont fait croire à la famille d’Anton que ce dernier était vivant. Or nous, les otages, nous savions qu’il était mort. Nous l’avions vu mourir sous nos yeux”, raconte le l’Américain James Foley, l’un des trois ex-otages. “Nous n’avons eu droit qu’à un seul coup de téléphone et nous n’avons rien dit. Nous pensions que c’était le mieux pour notre propre sécurité”.
La culpabilité ne quittera jamais James Foley et ses deux co-détenus, l’Américaine Clare Gillis et l’Espagnol Manu Brabo. Culpabilité d’avoir menti par omission. “Ensemble, on a voulu faire quelque chose pour Penny, la femme d’Anton, et leurs trois enfants”, âgés de 1 à 11 ans. Penny Hammerl recherche toujours le corps de son mari quelque part dans le désert libyen, personne ne le lui a rendu.
Les anciens otages et David Brabyn ont constitué une association, “Friends of Anton”, et lancé un appel à la générosité de la profession. De grands noms y ont répondu : Platon, mondialement connu pour ses portraits de chefs d’État (il a même photographié Mouhammar Kadhafi), a offert un portrait noir et blanc de Michelle Obama; Sebastião Salgado, Alec Soth, David Burnet, Bruno Stevens, ou encore Giles Duley (photo) photographe qui a perdu trois membres en Afghanistan. Des Français également : Gilles Peress, Franck Fournier et Mani, le photographe qui a revélé au monde entier les massacres syriens de Homs. “Je suis très heureux et honoré de participer à ces enchères. C’est important que la profession soit solidaire. On prend tellement de risques quand on est freelance! On est seul sur place, mais on sait qu’on doit être là pour informer de ce qui se passe.” Avant de repartir à Homs, Mani a offert la photographie d’une fillette syrienne dans une manifestation. “Elle était sur les épaules de son père. Elle savait très bien pourquoi elle était là, dans le défilé. Elle chantait avec les autres avec une telle ferveur, portait tant d’espoir de liberté!“
“Pas question de proposer des photos dures de guerre”, précise David Brabyn. “Ce n’est pas le lieu, ce serait déplacé”. Pas de voyeurisme donc, mais des témoignages d’une exceptionnelle qualité sur notre monde contemporain. Les enchères commenceront à 500 dollars, et devraient grimper très vite pour les tirages des plus grandes signatures. L’ensemble des fonds iront à la famille d’Anton Hammerl. A terme, David Brabyn et les Amis d’Anton souhaitent créer une structure permanente et annualiser ce genre d’évènement. “Car il y a de vrais besoins”, déplore le photographe. “Des Anton, il y en aura d’autres…”
Infos pratiques :
Enchères chez Christie’s, 20 Rockefeller Plaza, New York : 15 mai 2012 à 18h30. Entrée : suggestion de don minimal de $75.
Photo: © Giles Duley, et la légende: First Day of School, Angola – 2008
Les muses d'Edouard Vuillard au Jewish Museum
Derrière tout grand artiste, il y a au moins une muse. Le peintre français Edouard Vuillard n’échappait à la règle. L’artiste, membre du mouvement postimpressionniste d’avant garde nabi, nabi, né à la fin du XIXe siècle, a peint des portraits et des natures mortes. Il était aussi dessinateur, gaveur, et décorateur (au théâtre). Jusqu’au 23 septembre, l’exposition du Jewish Museum propose aux visiteurs de découvrir celles et ceux qui, dans l’entourage du peintre, l’ont inspiré. Dotée d’une cinquantaine d’œuvres dont « Femme dans une robe à rayures » (1895), « Madame Louis Kapferer » (1918), ou encore, « Madame Jean Bloch et ses enfants » (1927-9), elle est divisée en six périodes, allant de 1890 à 1940, symbolisant six différents aspects de la vie créative de l’artiste.
Infos pratiques :
Edouard Vuillard : un peintre et ses muses, 1890-1940. Jewish Museum. 1109 5ème avenue. Du 4 mai au 23 septembre. Pour plus d’informations ici.
Robert Delpire conquiert New York
Après Arles et Paris, l’exposition Delpire & Co gagne la Grosse Pomme du 10 mai au 19 juillet. Elle retrace la vie et la carrière de Robert Delpire, éditeur visionnaire, publicitaire, rédacteur-en-chef et amoureux de photographie.
Robert Delpire est un touche à tout. Fondateur du magazine d’art Neuf et directeur artistique de la revue L’Oeil, il devient galeriste avant de créer une agence de publicité. Il a également produit des films tels “Qui êtes-vous Polly Maggoo ?” de William Klein. En 1982, il fonde le Centre national de la photographie, où il lance la collection Photo Poche, qui connaît un immense succès. Robert Delpire a souvent travaillé en collaboration avec des musées en France et à l’étranger afin d’organiser des expositions de ses photographes favoris, tels qu’Henri Cartier-Bresson en 1955 aux Arts décoratifs, et Jacques-Henri Lartigue en 1975 au Grand Palais. A la tête du Centre national de la photographie, il présente plus de 150 expositions thématiques ou monographiques et des rétrospectives (Celle de Henri Cartier-Bresson en 1980) qui circulent à travers le monde. Il a également travaillé avec Robert Doisneau et George Brassaï. Son nom demeure associé à celui de ces illustres photographes.
Il fallait bien plusieurs lieux pour accueillir une telle rétrospective:
Dès le 10 mai, une exposition à l’Aperture Gallery présentera le travail de photographes tels que Henri Cartier-Bresson, William Klein, Robert Frank ou Josef Koudelka que Delpire a soutenus. Certains projets journalistiques et publicitaires de Robert Delpire y seront également visibles. Aperture Gallery. 547 West 27th St, 4ème étage. Du 10 mai au 10 juillet. La galerie est ouverte de 10h à 18h. La réception d’ouverture a lieu le 9 mai de 18h à 20h.
A partir du 11 mai, The Gallery at Hermès Foundation exposera des œuvres de photographes contemporains comme Harry Gruyaert, Jehsong Baak, Raymond Depardon ou encore Robert Doisneau. The Gallery at Hermès Fondation. 691 Madison Avenue. Du 11 mai au 19 juillet. La galerie est ouverte du lundi au samedi de 10h à 18h. Sauf les mardis de 10h à 19h.
Dès le 11 mai également, le Service culturel de l’Ambassade de France présentera les livres d’enfants publiés par Robert Delpire, qui divertissent les jeunes générations depuis les années 50. Les éditions originales des livres Where the Wild Things de Maurice Sendak et Crocodile Tears d’André François seront accessibles. Service culturel de l’ambassade de France. 972 Fifth Avenue. Du 11 mai au 8 juillet. L’exposition est ouverte du lundi au vendredi de 14h à 18h.
A partir du 21, la Maison Française de New York University (NYU) présentera la série Poche Illustrateur, célébrant des illustrateurs connus comme Roman Cieslewicz, Honoré Daumier ou encore Saul Steinberg. La Maison Française of New York University. 16 Washington Mews. Du 21 mai au 19 juillet. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 17h. La réception d’ouverture se tiendra le 18 mai de 18h à 20h.
Pour finir, les photographies de Robert Frank, Josef Koudelka, Duane Michals ou encore Alfred Stieglitz seront exposées au Howard Grennberg Gallery et la Pace/MacGill Galler. Howard Greenberg Gallery. 41 East 57th Street. Du 11 mai au 23 juin. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h. Une réception d’ouverture se tiendra le 10 mai de 18h à 20h. Pace/MacGill Gallery. 32 East 57th Street. 9ème étage. Du 10 mai au 16 juin. Ouvert du mardi au vendredi de 9h30 à 17h30 et le samedi de 10h à 18h. Une réception d’ouverture se tiendra le 10 mai de 18h à 20h.