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En immersion au Crazy Horse

Si j’ai réalisé un film sur le Crazy Horse, c’est surtout parce que j’adore les femmes“. Le réalisateur Frederick Wiseman est connu pour montrer le corps humain dans tous ses états. L’octogénaire, une des géants du documentaire américain, avait montré le corps brisé dans «Welfare», critique du système de santé américain, le corps vendu dans «Model», satire du monde de la mode. Dans son dernier documentaire « Crazy Horse : Désir »,  il s’attache à montrer le corps de la femme magnifié.  “Et puis, j’adore la danse” confie-t-il dans un français parfait.

Crazy Horse est le dernier volet d’une trilogie consacrée aux institutions artistiques française – il a également filmé la Comédie Française et le ballet de l’Opéra de Paris. Loin des clichés, des corps jetés en pâture à l’imagination masculine, le Crazy Horse ré-invente la séduction et l’érotisme de manière artistique. A aucun moment, les protagonistes du film n’emploient le mot « strip-tease », préférant qualifier leur travail de “meilleure revue de nu chic au monde“.  Une revue que Frederick Wiseman filme à pattes de velours, toujours en retrait avec sa caméra, évitant les pièges des documentaires classiques, comme les interviews en face-à-face, puisque “à partir du moment où l’on interviewe quelqu’un, on lui indique déjà comment on voudrait qu’il pense“.

Avec beaucoup de retenue et une pincée d’audace, le réalisateur épie mais ne brise jamais l’intimité de ce monde où les femmes semblent avoir pris le contrôle. En s’effaçant volontairement, Frederick Wiseman se plonge dans ce cabaret quasi-hermétique au reste du monde. Paris n’apparaît d’ailleurs presque pas au cours des 2h14 du film. Le montage oscille entre scènes de vie courante (essayages, réunions, répétitions) et numéros de danse. Le réalisateur s’attache à montrer l’art universel de la sensualité qui s’exerce au Crazy Horse, même si il admet que “l’effeuillage chic et burlesque est une spécificité française“.

En habitué des sujets polémiques, Frederick Wiseman traite également dans « Crazy Horse », de manière implicite, du féminisme. Peut on vraiment faire un spectacle de nu sans tomber dans l’instrumentalisation du corps ? Pour le réalisateur, la réponse est oui: “Ce qui est étonnant au Crazy Horse, c’est qu’il n’y a aucun tableau mélangeant hommes et femmes. La femme reste maîtresse d’elle-même, même lorsqu’elle se déshabille, un peu comme si elle avait le pouvoir sur l’audience. ” Et la caméra de Frederick Wiseman ne fait que la sublimer.

Infos pratiques :

« Crazy Horse : Désir », 2h14, réalisé par Frederick Wiseman, en salle au Film Forum, 209 West Houston St.


L'homme qui voulait livrer Bryant Park aux Belges

Yves Jadot est atteint d'”entrepreneurite”. Ce Belge chevronné, arrivé à New York à l’âge de 18 ans, enchaîne les ouvertures de restaurants et de bars. Il a commencé par Petite Abeille, un établissement au concept 100% belge. La chaîne compte quatre adresses new-yorkaises et a reçu en 2011 le prix du Best Comfort Food Award par l’hebdomadaire The Village Voice. Epaulé par sa famille, il a continué avec un restaurant mexicain baptisé Vamos, un bar à cocktails dans la veine du speakeasy et un pub.

Son projet du moment est peut-être le plus ambitieux de sa vie. Jadot et son associé Anthony Coppers veulent ouvrir courant 2012 une « Belgian House » à New York, véritable temple dédié au made in Belgium, aux abords de Bryant Park. Ils ont jeté leur dévolu sur le numéro 54 de la 40ème rue, à quelques mètres d’un autre symbole de réussite belge Le Pain Quotidien. Le bâtiment est actuellement occupé par une clinique. « Certains Belges installés à New York ont tendance à dédaigner leur pays d’origine. Moi, au contraire,  j’en suis très fier et je désire le mettre en valeur, affirme Yves Jadot. Nous voulons montrer tout ce que la Belgique a de mieux à offrir en termes de design et de gastronomie».

Contrairement à ce que les mauvais esprits pourraient croire, il y en a des choses à montrer. Sur trois étages, le visiteur pourra y trouver un corner dédié à des artisans-chocolatiers belges, un restaurant proposant des spécialités belges, un bar à cocktails à base de genièvre (le fameux« pékèt » wallon, ndlr), une terrasse proposant une centaine de bières typiquement belges ou encore une galerie d’art mettant en avant les artistes du plat pays. « Le lieu se veut représentatif de l’unité de la Belgique », explique Anthony Coppers.

Le premier “Tintin Café”

Et comme la promotion de la Belgique ne s’arrête pas là, Yves Jadot a également un autre projet sur les rails. Nom de code: “Tintin Café”, soit le premier espace aux Etats-Unis entièrement dédié au reporter dont les aventures viennent d’être portées à l’écran par Steven Spielberg. « Nous sommes actuellement en pourparlers avec la société Moulinsart qui gère les droits à l’image de Tintin. Son directeur, Nick Rodwell, semblait très enthousiaste quand nous lui avons présenté notre pré-projet», confie-t-il. L’architecte d’intérieur belge Delphine Mauroit, qui a dessiné les plans d’aménagement de l’espace présentés à la société Moulinsart, indique s’être inspirée de l’univers du Lotus Bleu et du Trésor de Rackham le Rouge. De quoi écrire un nouvel album des aventures du reporter à la houppette : Tintin à New York.

 

Les Indiens Chumash, maîtres du jeu

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Nul besoin de se rendre à Vegas pour profiter des plaisirs du Black Jack ou des machines à sous. A trois heures de route au Nord de Los Angeles, les Californiens bénéficient d’un casino à nul autre pareil.

Nichée au cœur de la vallée de Santa Ynez, célèbre pour avoir abrité le ranch de Ronald Reagan ou l’extravagant Neverland de Michael Jackson, la réserve des Indiens Chumash propose un gigantesque complexe de 14.400m2 dédié aux jeux, à l’hôtellerie et à la détente. Et petit bonus pour les amateurs de nicotine, le site n’est pas soumis à la législation californienne interdisant de fumer dans les lieux publics.

De fait, le visiteur foulant l’épaisse moquette grenat et or des immenses salles de jeux du casino est immédiatement frappé par la fumée émanant des cigares et cigarettes. Ici, rien n’est aseptisé et tout, ou presque, est autorisé. Boire de l’alcool en public ou s’adonner aux jeux de hasard ne constituent pas une violation, les réserves indiennes étant autorisées à mettre en place leur propre législation, indépendante de celles de l’Etat de Californie et du gouvernement fédéral.

A l’image de nombreux autres peuples de Native Americans à travers le pays, les Indiens Chumash ne sont pas non plus soumis à l’impôt, d’où le développement rapide de complexes de jeu. Au début des années 80, la tribu commença par organiser des bingos afin de lever des fonds. Elle est encouragée à aller plus loin lorsqu’en 1988 le Congrès autorisa les Indiens à gérer des établissements de jeux. Dès 1994 débute donc, en contrebas de la route 246, la construction d’une modeste tente, appelée à devenir le casino actuel. Difficile à croire quand on voit le complexe.

Depuis cette date, la réserve est devenue un lieu fréquenté par les Californiens, qui arrivent par le 101 Freeway ou la Route 154 de Santa Barbara et des environs. Spa, hôtel, restaurants, casino, salle de concert, combats de boxe : la clientèle trouvera son compte et les Indiens Chumash aussi. Ces derniers retirent aujourd’hui les fruits de la réussite de leur casino, après avoir longtemps subi les conséquences de l’expansion des villes, mais aussi de la migration de la Ruée vers l’or (50.000 Indiens furent massacrés lors de la deuxième moitié du XIX ème siècle). Désormais, 750 Indiens travaillent sur place et servent en moyenne 3.500 personnes chaque jour (trois fois plus le week-end).

L’activité du casino est évidemment celle qui attire le plus de monde, uniquement si l’on a plus de 18 ans. Près de 7.000 mètres carrés sont consacrés aux tables de jeux, au bingo, aux jeux vidéo, ainsi qu’aux 2.000 machines à sous. Les adeptes du poker ont droit, quant à eux, à une pièce séparée.

Dans cette salle, inutile de chercher la lumière du jour. Celle-ci ne pénètre jamais. L’objectif est double : ne pas perturber les clients et surtout leur faire perdre la notion du temps. Le bruit des pièces insérées dans les machines ou le son de la musique diffusée par les haut-parleurs agressent les oreilles, mais incitent les visiteurs à chercher une place libre face au bandit manchot. Dès lors, rien ne va plus.

Infos pratiques:

Pour s’y rendre depuis Los Angeles : Emprunter la 101 North et prendre la sortie 140A. Suivre ensuite la 246 en direction de Santa Ynez. Le Chumash Casino se trouve à 7 miles sur la gauche de la route. Pour les plus fortunés, la petite ville de Santa Ynez possède un aéroport assurant des liaisons avec tous les aéroports municipaux de Californie.

Renseignements et directions sur le site web : www.chumashcasino.com

 

Corinne Narassiguin: une socialiste chez les banquiers

Pour la première fois, les Français de l’étranger vont élire des députés lors des élections législatives des 2 et 16 juin 2012. Les Français des Etats-Unis et du Canada, regroupés au sein d’une unique circonscription, sont très courtisés: huit candidats se sont déclarés. French Morning suivra de près cette campagne électorale inédite et ira notamment à la rencontre de tous les candidats. Début de cette série aujourd’hui avec la candidate du Parti Socialiste Corinne Narassiguin.

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Vous vous imaginez expliquant à des banquiers new-yorkais que vous êtes “socialiste”? C’est le quotidien de Corinne Narassiguin qui doit en plus raconter comment une New-yorkaise d’adoption a décidé de devenir députée à l’Assemblée Nationale française. “En fait, ça se passe très bien, assure-t-elle. Les collègues me soutiennent beaucoup. Les Américains sont dans beaucoup dans le ‘give back to the community’. Ils trouvent cela très bien de s’impliquer”.

Ingénieure systèmes à Citi Group, Corinne Narassiguin, 37 ans, est la candidate du Parti Socialiste pour les législatives de juin prochain dans la circonscription d’Amérique du Nord. Si elle était élue, son profil dénoterait à coup sûr au sein du groupe socialiste: cadre de banque, à New York. Sans compter, dit-elle, qu’elle “n’aime pas trop les écuries, les courants“. Née à la Réunion, dans une famille d’enseignants militants de gauche, elle ne s’est pourtant engagée dans la politique française qu’en 2000, une fois arrivée aux Etats-Unis. “J’ai rejoint le PS à New York justement parce qu’on y faisait de la politique autrement (…) Nous ne sommes pas dans des courses d’élection permanentes. On est dans une mécanique très différente”. Une fois élue, elle assure qu’elle tentera de ne pas entrer dans le jeu des courants. “On verra si c’est possible ou pas”, dit-elle.

Mais il faudra d’abord gagner dans une circonscription où elle est loin d’être favorite: les Français des États-Unis votent d’ordinaire plutôt à droite et avaient choisi Nicolas Sarkozy à plus de 60% en 2007. Pour tenter de renverser l’équilibre, le Parti Socialiste est parti très tôt.  Dès décembre 2010, les militants locaux ont tenu leur primaire et désigné Corinne Narassiguin qui depuis arpente la circonscription. Et croit à ses chances: “Au total, les Français d’Amérique du Nord ne penchent pas tant à droite. Au Québec notamment, où ils sont plus nombreux que dans toutes les autres circonscriptions consulaires, ils avaient voté en majorité pour Ségolène Royal en 2007.”

Comme à l’échelle nationale, PS et Verts ont fait alliance dès le premier tour. Corinne Narassiguin aura donc comme suppléant un représentant d’Europe écologie – les Verts, Cyrille Giraud, installé à Montréal. En l’absence pour le moment de candidat du Front de Gauche,  la gauche ira donc unie au premier tour face à une droite pour l’instant divisée. Face à Frédéric Lefèvre, le candidat investi par l’UMP, les candidatures divers droite se multiplient. “C’est évidemment un avantage pour moi, d’autant que Frédéric Lefèvre est un vrai parachuté”.

Quoiqu’il en soit, explique la jeune femme, la clef de cette campagne sera la participation. La présidentielle de 2007 avait plafonné à 45 % de participation, très en dessous de l’Hexagone. Pis, aux élections à l’Assemblée des Français de l’étranger (un organe consultatif dont Corinne Narassaguin est membre depuis deux ans) la participation ne dépasse pas 10%. Du coup, dit-elle, “c’est notre capacité à mobiliser notre électorat qui fera la différence”, grâce, espère-t-elle, à une campagne de proximité où elle part à la rencontre de “ces Français d’Amérique du Nord qui sont plus divers qu’on ne le pense,” socialement et politiquement. Comme les autres candidats, elle met en avant les questions censées être particulièrement importantes pour les Français expatriés: assurance santé, retraite, mobilité, éducation. Et c’est sans doute sur cette dernière que la candidate du Parti Socialiste marquera le plus nettement sa différence: elle est la seule des principaux candidats déclarés à se dire opposée à la prise en charge des frais de scolarité.

Cette mesure promise par Nicolas Sarkozy en 2007 était censée offrir la gratuité de la scolarité aux élèves français dans les établissements reconnus (type Lycée Français). Pour l’instant, seuls les classes de Seconde, Première et Terminale sont concernées. “ C’est une erreur terrible. Dès le début, nous savions que c’était une promesse intenable, même avant la crise. Cette mesure coûte beaucoup trop cher et on pourrait objecter qu’elle a été mise en place sans contrôle des frais de scolarité remboursés, qui ont augmenté depuis 2007”. Soulignant que les familles bénéficiant de cette gratuité sont celles qui auront pu payer jusqu’à la Troisième, elle préfère prôner “l’utilisation plus intelligente des bourses” et promouvoir des alternatives au Lycée Français. Position politiquement risquée? “Je ne peux pas défendre en bonne conscience une mesure comme celle-là, dit-elle. Et je constate que, même dans les Lycées Français, beaucoup de parents voient les injustices de ce système!”

De conférences en ligne en “banquets républicains”, la candidate socialiste poursuit son marathon électoral pour convaincre les Français d’Amérique. Avec une conviction: malgré sa campagne  “high-tech et créative”, l’essentiel se jouera sans doute ailleurs, et notamment lors de l’élection présidentielle.  «On a de fortes chances si François Hollande gagne».

Propos recueillis par Alexis Buisson et Emmanuel Saint-Martin

Le sushi "made in France" à la conquête de New York

Il faut travailler vite, bien. “A l’américaine”. Bruno Calvo, président et  associé du groupe Sushi Shop aux Etats-Unis, s’affaire dans l’endroit qui deviendra dans «la première quinzaine de février» le premier restaurant de l’incontournable chaîne française aux USA. Il supervise les travaux du lieu, toujours en chantier à quelques semaines de l’ouverture officielle, répond aux coups de fil et enchaîne les rendez-vous.

Ancien avocat en droit des affaires, créateur de deux agences de communication sur Internet (Planète interactive et Web Contents) Mr Calvo est un touche-à-tout. La rencontre avec les propriétaires de Sushi Shop s’est faite par accident: le « numéro un » européen du sushi voulant refaire son site web, un appel d’offre a été lancé et c’est  Planète Interactive qui a été choisie. Séduite par le personnage, l’entreprise décide de lui confier les rênes de l’expansion de Sushi Shop au marché américain. “Le courant est passé tout de suite, et nos projets concordaient. Ils avaient envie d’exporter la société à l’international, et je rêvais depuis longtemps de venir vivre aux Etats-Unis“,  explique Bruno Calvo.

Dix ans après l’ouverture du premier restaurant français, Sushi Shop est le leader du marché européen dans la restauration japonaise. Avec ses 85 magasins disséminés un peu partout sur le Vieux Continent, la chaîne réalise chaque année un chiffre d’affaire d’un peu plus de 110 millions d’euros. L’ouverture d’un restaurant sur Madison Avenue s’apparente donc à une consécration : pas moins d’un million de dollars ont été déboursés pour ce petit bijou.

Sushi Shop entend adapter le sushi et la cuisine japonaise à la culture locale. Car “on ne mange pas les mêmes sushis à Paris, Genève ou New York“, explique Bruno Calvo. Un choix marketing qui n’est pas sans rappeler la stratégie d’un autre géant de la restauration rapide : MacDonald’s. Autre atout de la marque: ses collaborateurs. Le chef Cyril Lignac a concocté un menu spécial pour la carte française. Kenzo a conçu des écrins pour mettre en valeur les produits. Son “ambassadeur américain” n’est autre que le chanteur Lenny Kravitz, qui vient de dessiner une “box” spéciale pour les sushis. L’entreprise française, “rock star” dans le monde du sushi, semble être bien partie pour conquérir le monde.

Infos pratiques :

Sushi Shop, ouverture prévue début février, 536 Madison Avenue (entre la 54ème et la 55ème rue)

 

Jours fériés: match (presque) nul

Vous cherchez une manière de répondre à vos collégues américains qui vous disent que “les Français sont toujours en vacances“. Parlez-leur des jours fériés (et ajoutez un peu de mauvaise foi): les “National holidays” sont le seul domaine en la matière où les Américains rivalisent avec les Français.

Explication: le calendrier officiel affiche certes 12 jours fériés en France, contre 10 aux Etats-Unis. Mais sur une année moyenne, c’est match nul: la France a des dates fixes, qui certaines années tombent donc un dimanche, alors que côté américain, la plupart des “National Holidays” sont ajustés chaque année pour tomber un jour de la semaine (Noël un dimanche donne par exemple lieu à un jour férié le lundi suivant). En 2012, où quatre jours fériés tombent un dimanche, la France n’aura donc que huit “vrais” jours fériés, contre dix aux Etats-Unis.

Mais mieux vaut arrêter ici votre conversation avec vos collégues. Pour le reste, ni la France ni aucun autre pays développé ne peut rivaliser avec le stakhanovisme américain. Les Etats-Unis sont le seul pays parmi les membres de l’OCDE à n’imposer aucun jour chômé aux employeurs. Les congés payés, comme les jours fériés, ne sont donc attribués que par les bonnes grâces des employeurs. A des employés qui en profitent… pour ne pas les prendre: 57% seulement des travailleurs américains utilisent tous les jours que leur attribuent leur employeur, contre  89% en France.

Même sans "triple A" la France fait rêver

Dégradés. La France et d’autres pays européens ont vu leur note abaissée par l’agence de notation Standard & Poor’s en fin de semaine dernière. Depuis, la presse américaine n’en finit pas d’analyser les conséquences de cette décision, en particulier pour la France, qui passe d’un « AAA » à un « AA+ ». La nouvelle plonge Nicolas Sarkozy dans l’embarras. «Sarkozy a évité directement des commentaires sur la dégradation», note le site d’information économique Bloomberg. Pour le Huffington Post rien d’étonnant, puisqu’au cours des cinq années de «sa présidence haute en couleur, la dette du pays est passée de 1.100 à 1.700 milliards d’euros.» Le Washington Post acquiesce et souligne que la nouvelle «a miné la campagne de Sarkozy». Seul Time Magazine tempère la dégradation de la France. Cela «aurait pu être pire» selon le magazine, qui rappelle que la perte du « triple A » français était annoncée.

France qui rit, France qui pleure

La nouvelle a en tout cas suscité, dans les colonnes du New York Times, un débat entre les admirateurs du modèle français et ses détracteurs. Dans un article du 15 janvier,  le correspondant du quotidien à Paris, Steven Erlanger, dresse un tableau particulièrement noir de l’état économique du pays. La France «est le pays d’Europe le plus centralisé, l’économie la plus étatique, et est profondément investie dans son opposition à ce que les Français disent des économies anglo-saxonnes de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, dont l’approche ‘laissez-faire ‘ est blâmée pour la crise» écrit-il, donnant la parole à Nicolas Baverez, un économiste et essayiste que ses opposants décrivent comme « décliniste ». « La France a du mal à rivaliser avec l’ensemble de l’économie allemande, qui est plus souple, moins conflictuelle dans ses relations avec les employés et plus solidement construite sur l’industrie et les exportations », poursuit le quotidien.

Mais pour l’éditorialiste Nicholas Kristof  du  New York Times, la France et le Vieux Continent ont tout de même du bon. Dans un édito, le journaliste bat en brèche les préjugés de ses compatriotes sur l’Europe. Certes, elle «est dans un désordre économique» mais ce serait même une «erreur dangereuse de la percevoir seulement comme tel», souligne-t-il. Si l’éditorial est centré sur l’Europe, Nicholas Kristof s’appuie à plusieurs reprises sur la France pour étayer son propos. Le lecteur en vient même à se demander si le journaliste ne livre pas indirectement un plaidoyer pro-français. Il évoque notamment les 35 heures, les croissants trempés dans le café au lait et l’assurance santé universelle pour vanter les bienfaits du mode de vie à l’européenne. De même, les réussites européennes dans les domaines économiques, scolaires et sociétales semblent avant tout être des réussites françaises. «Le PNB par habitant en France en 1960 représentait 64% de celui des Etats-UnisIl a augmenté à 73% en 2010» écrit-il, ajoutant non sans provocation: «Les socialistes nous rattrapent ». Il rappelle également que l’espérance de vie des Français dépasse désormais de trois ans celle des Américains. Ainsi, « embrasser une caricature de l’Europe comme un échec révèle de notre propre ignorance et chauvinisme » conclut-il.

Ah, l’Éloquence!

Quand tout va mal, on peut compter sur la « Reine Christine » pour redorer le blason de la Gaule auprès des Américains. Dans une tribune parue dans le New York Times, la journaliste Christine Ockrent évoque l’usage des mots dans la politique française. Selon la journaliste, « les Français sont amoureux des mots ». Tellement amoureux que « leurs écoles d’élite leur font croire que dès lors qu’ils arrivent à forger une formulation intéressante, le problème est à moitié résolu ». La France est donc une nation de lettrés pour laquelle l’écrit compte: « Les hommes politiques se sentent obligés d’écrire un livre s’ils veulent être pris au sérieux ». Grâce à Christine Ockrent, le stéréotype du Français intello et raffiné a de beaux jours devant lui.

Brodinski, le jeune talent de la "French Touch", à New York

Depuis un an, le Webster Hall, se transforme en boite de nuit géante lors des soirées “Girls and Boys”. Ce vendredi, la salle de concert new-yorkaise accueille le prodige de la musique électronique française, Brodinski.

Issu du phénomène “fluo kid” et maintenant DJ phare de la nouvelle génération “French Touch”, ses sets sont un mélange d’électro minimale, musique “dance” et hip hop. Originaire de Reims, Brodinski est produit par le DJ Yuksek et jouera accompagné des DJs Gesaffelstein et Destructo.

Infos pratiques :

Girls & Boys avec Brodinski, le vendredi 20 janvier à 10h au Webster Hall, 125 E 11th st, entrée à $15, pré-ventes disponible ici.

 

"Leo", le théâtre en apesanteur

Défier la gravité et faire rire en même temps ? C’est l’ambition de Leo, le nouveau spectacle de la compagnie de théâtre allemande Circle of Eleven. Spécialiste des performances artistiques innovantes, mélangeant plusieurs genres (photographie, vidéo, comédie…) dans des spectacles uniques, le metteur en scène Daniel Briere fait évoluer son héros – Tobias Werner, co-auteur et unique acteur du spectacle, dans une pièce où la gravité terrestre ne fait plus effet.

Pour surmonter la difficulté technique de la trame de l’histoire, la scène est divisée en deux parties. Sur une moitié de la scène, Tobias Wegner joue « en direct », utilisant sa force et ses aptitudes acrobatiques pour simuler l’apesanteur. Un large écran, où une vidéo live de Wegner est projetée à l’envers, occupe l’autre moitié, donnant l’impression au spectateur que l’acteur marche sur les murs. Ce spectacle au concept original, qui a déjà séduit au Festival d’Edimbourg, ravira très certainement le public new-yorkais.

Infos pratiques :

Leo, jusqu’au 5 février, au Clurman Theatre, 410 w 42nd St, entrée à $48.25. Tickets ici

 

Les French Culture Nights reviennent

Pour leur première édition de 2012, les French Culture Nights reviennent au Taj Lounge, à Chelsea. Ces soirées mensuelles pour francophones et francophiles de New York mettent à l’honneur un ou des artistes français, francophones ou francophiles dans un bar ou lounge élégant de New York.

Pour cette première soirée de l’année, les travaux des photographes et peintres français Baldapo et Jeremy Taburchi, créateur du personnage du chat rose, seront exposés. Jeremy Tarbuchi a notamment figuré dans la Biennale 2010 de l’Union de la Méditerranée pour l’Art Moderne (UMAM), une association co-fondée en 1946 par Henri Matisse. Pour animer le dance floor, DJ Jean-Michel sera aux platines.

L’événement étant sponsorisé par Ricard, un apéro sera servi de 18h30 à 19h30 par la célèbre marque de pastis.

Infos pratiques :

French Culture Nights avec Baldapo et Jeremy Tarbuchi, le mercredi 18 janvier de 18h30 à 1h au Taj Lounge, 48 w 21 st, entrée gratuite sur réservation avant le 18 janvier à 16h sur le site des French Culture Nights ou $10 à la porte.

 

"The Artist" triomphe aux Golden Globes

Un vrai travail d’artiste. Jean Dujardin a remporté dimanche soir à Los Angeles le Golden Globe du meilleur acteur comique pour son rôle dans « The Artist ». L’acteur français de 39 ans a devancé plusieurs stars du cinéma américain, dont Ryan Gosling (« Crazy, Stupid, Love ») et Owen Wilson (« Midnight in Paris »). Le dernier Français à avoir obtenu cette récompense était Gérard Depardieu en 1991 pour son rôle dans “Green Card”.

Le film a également reçu le prix de la meilleure comédie et celui de la meilleure musique originale. Une moisson qui fait du film français le plus récompensé de la soirée, qui a rassemblé le tout-Hollywood.

« Quand j’ai débuté… ils m’ont dit : ‘Tu ne feras jamais de films. Ton visage est trop expressif. Trop grand. Ce n’est pas de ma faute. Mes sourcils sont indépendants, a déclaré Jean Dujardin au moment de recevoir la récompense. Sérieusement, j’ai toujours suivi mes instincts… et me suis battu pour mes rêves. »

Signé Michel Hazanavicius, « The Artist » raconte l’histoire de la chute d’une star du cinéma muet, George Valentin (Jean Dujardin), dans le Hollywood des années 20, et l’ascension de l’actrice Peppy Miller, jouée par Bérénice Bejo, au moment de l’arrivée du cinéma parlant. Sorti aux Etats-Unis fin novembre, il avait suscité l’enthousiasme de la critique américaine.

La récolte des Golden Globes, trois prix sur six nominations, s’annonce de bonne augure pour les Oscars qui auront lieu le 26 février prochain.

Mitt Romney attaqué parce qu'il parle français

Décidemment, Mitt Romney n’aurait jamais dû apprendre le français. Une nouvelle vidéo signée de la campagne de Newt Gingrich, son adversaire dans la course à l’investiture républicaine à la présidentielle, fait allusion au fait que l’ancien gouverneur du Massachusetts parle la langue de Molière pour le décrédibiliser.

Dans la vidéo (la voir ci-dessous), intitulée « The French Connection » et reprise sur plusieurs sites d’information, le narrateur ironise sur le fait que Mitt Romney s’est lui-même décrit comme un « indépendant » dans le passé, a soutenu des mesures de gauche et, cerise sur le gâteau, parle français tout comme le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry. « Mitt Romney dira tout pour l’emporter, tout… Et comme John Kerry, il parle français » insiste la voix-off.

Ce n’est pas la première fois que le français de Mitt Romney lui joue des tours. Une précédente vidéo, où l’on voyait le républicain s’exprimer en français dans un clip de promotion des Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002, avec des sous- titres réécrits pour lui attribuer des idées démocrates, avait fait surface début décembre.