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Amy Sherald, Esther et Corners of France: Trois expositions à voir absolument en avril à New York


Chelsea, Soho, Upper East Side… En ce mois de la déesse Aphrodite, on arpente Manhattan dans ses grandes largeurs pour visiter trois expositions formidables. De Rembrandt à la très actuelle Amy Sherald, nous découvrons l’histoire. Une histoire intime que Sandrine Torredemer tisse au creux d’images brodées, une histoire biblique, celle d’Esther, héroïne d’un peuple, devenue au XVIIᵉ siècle le symbole de l’émancipation des provinces du Nord ou encore l’histoire d’une invisibilisation qui prend fin grâce aux portraits captivants d’une peintre afro-américaine devenue culte, en douceur.

Amy Sherald, portraits d’une Amérique invisible au Whitney Museum

Avec « American Sublime », le Whitney Museum expose, jusqu’au dimanche 10 août, plus de cinquante portraits peints par l’artiste afro-américaine Amy Sherald. Dans cette première grande retrospective, la peintre, native de Columbus en Géorgie, s’affirme dans la lignée des grands peintres réalistes américains tels Edward Hopper. C’est la rencontre avec une œuvre de Bo Bartlett, figure contemporaine du réalisme lui aussi, qui va orienter Amy Sherald, alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, vers le portrait exclusif de personnes noires. 

Bo Bartlett, « Object Permanence », 1986. ©Bo Bartlett


« Je n’avais pas conscience qu’il y avait un manque d’images de moi-même dans l’histoire de l’art, pas avant d’avoir vu une peinture sur laquelle était peint un homme noir, ce que je n’avais jamais vu auparavant, explique l’artiste. J’étais en 6ᵉ quand j’ai vu cette peinture de Bo Bartlett d’un homme noir, debout devant une maison, des outils accrochés à la ceinture. Je suis restée quelques minutes devant et j’ai réalisé que je voulais faire des peintures comme celle-ci. Je pouvais alors voir mon futur. »

Amy Sherald, « A Golden Afternoon », 2016. © Olivia Deslandes


Depuis 2007, l’artiste peint donc, à l’instar de Kehinde Wiley, le portraitiste californien de Barack Obama, des portraits d’Américains qui, jusqu’alors, étaient invisibles dans l’art. Elle fait le choix de traiter leur peau noire en grisaille, elle en atténue la valeur de réalité. Son objectif est de mettre à distance la caractéristique physique et de ne pas réduire les personnes à leur couleur de peau. Elle préfère se concentrer sur l’individualité et sur l’intériorité de ses modèles. C’est une somme de personnalités qu’elle nous fait rencontrer, des personnes qui se sont préparées à cette rencontre, en choisissant les vêtements et les accessoires qui les représentent, comme le faisaient les ancêtres d’Amy Sherald devant un photographe.

Amy Sherald, « The Rabbit in the Hat », 2008. © Olivia Deslandes


Les personnes sont peintes sur des fonds unis colorés, il s’en dégage une forme de gaité qui édulcore, dans un premier temps, le propos militant. Le visiteur fait donc connaissance avec l’œuvre de l’artiste en échangeant des regards avec ces figures représentées. La peinture est modelée mais sans ombres, sans tâches. Il semble que la lumière soit uniforme et unilatérale, comme si l’on ne cachait aucune partie obscure du sujet. Alors nous prenons notre temps et explorons les détails.

Une main tient son chapeau, une autre dévoile le lapin qui en est sorti, une troisième porte une bague de fiançailles. En poursuivant la visite, l’histoire se met en place, on croise le portrait de Michelle Obama ou encore celui de Breonna Taylor, l’assistante médicale de 26 ans tuée par un membre de la police de Louisville en 2020. C’est justement elle qui porte une bague de fiançailles, celle d’une demande en mariage que son petit ami projetait mais n’a pas eu l’occasion de lui faire. Les couleurs acidulées sont toujours présentes, mais le propos devient plus évidemment politique. 

Amy Sherald, « If You Surrendered to the Air, You Could Ride It », 2019. « A God Blessed Land (Empire of Dirt) », 2022. « Kingdom », 2022. © Olivia Deslandes

Enfin, dans les dernières salles, les œuvres les plus récentes s’élargissent. Sur de très grands formats, les personnes peintes prennent place dans un environnement, souvent extérieur. Elles s’inscrivent alors dans le décor, une barrière, un tracteur vient suggérer une géographie, celle d’une Amérique au ciel bleu. Elles s’ancrent dans le territoire. Un enfant, grimpé tout en haut d’un toboggan, un pied en avant, a des airs de conquête. Amy Sherald est passée, tout en douceur, presque sans que nous en prenions conscience, du discours intérieur au discours militant.

« Amy Sherald:  American Sublime », Whitney Museum, 99 Gansevoort Street. Jusqu’au dimanche 10 août.

Esther, héroïne biblique devenue une muse de Rembrandt

Avec « The Book of Esther in the Age of Rembrandt », le Jewish Museum propose, jusqu’au dimanche 10 août, une très riche exposition comprenant plus de 120 œuvres : des peintures, des gravures et des dessins de Rembrandt et de son cercle, tous en lien avec l’histoire d’Esther, cette héroïne biblique que les Provinces Unies ont convoquée pour célébrer leur résistance face à l’insurrection espagnole de Philippe II, roi d’Espagne et Prince des Pays-Bas. Au travers de ces œuvres, les artistes vont prendre part à la révolte qui les mènera vers l’indépendance de leur territoire en 1648.

Vue de l’exposition. © Olivia Deslandes

L’exposition offre une plongée dans l’histoire d’Esther, modèle de vertu qui fait passer le destin de son peuple avant le sien. On découvre particulièrement les raisons pour lesquelles, au XVIIᵉ siècle, cette figure biblique a pu devenir un motif de prédilection des plus grands peintres des Pays-Bas.

Les œuvres exposées manifestent leur attrait pour différents épisodes du livre, comme la toilette d’Esther, moment intime où elle se prépare avant d’aller affronter le roi, son époux, pour lui révéler sa judéité ou encore le festin qui s’ensuit, lors duquel le roi, l’ayant pardonnée, offre un banquet généreux, cérémoniel auquel les fêtes de Pourim, célébrées dans la religion juive, font référence. 

Aert de Gelder, « Esther et Mardochée », vers 1685, Rhode Island School of Design Museum of Art, Providence. ©Rhode Island School of Design Museum of Art


Outre l’attrait historique de cette exposition, la qualité des œuvres prêtées est remarquable. Les peintures de Rembrandt, de son ami Jan Lievens, de Gerrit van Honthorst, d’Aert de Gelder ou de Gabriel Metsu, sont réjouissantes par leur virtuosité et par leur richesse du détail. On y voit des femmes fortes en Esther et des hommes puissants aux accoutrements orientalisants. On note aussi les parchemins roulés de Salim Italia envahis par les dessins ciselés. Toutes ensembles, ces oeuvres forment un corpus aussi magnifique qu’instructif.

On y voit souvent le modèle d’Esther dépasser sa portée religieuse, s’ériger en motif profane au travers  d’un portrait, d’une scène de genre ou d’une nature morte. L’environnement culturel et intellectuel des Provinces Unies s’imprègne de l’histoire biblique et y plaque ses découvertes exotiques, les étoffes ne viennent pas toutes de Perse, où se situe le récit original, mais d’un Orient fantasmé. Finalement, il est le véhicule d’un récit universel où les artistes font dialoguer les cultures découvertes grâce au commerce de cette puissance coloniale alors dominante.

Rembrandt van Rijn, « Une héroïne juive [Esther?] issue de la Bible hébraïque », 1632-1633, National Gallery of Canada, Ottawa. ©Jewish Museum New York – Jan Lievens, vers 1625, « Le Festin d’Esther », North Carolina Museum of Art, Raleigh. ©Purchased with funds from the State of North Carolina

« The Book of Esther in the Age of Rembrandt », The Jewish Museum, 1109 5th Ave at 92nd St. Jusqu’au dimanche 10 août.


« La Filature, Corners of France » : tisser le paysage, réparer l’âme


La galerie Amélie Maison d’Art expose pour la première fois à New York les œuvres tissées de La Filature avec l’exposition Corners of France. Jusqu’au samedi 19 avril, presqu’une quarantaine de paysages, silhouettes ou lettrages, s’affichent telles de petites poésie sur les murs de la galerie de Soho. Paris, Perpignan, St Jean de Luz mais aussi Los Angeles avec le château Marmont ou Palm Springs, les paysages tracés au fil et à l’aiguille déclinent des souvenirs qu’il est si aisé de s’accaparer. Un bord de mer sur lequel marche un surfeur, la fontaine d’un parc parisien, une montagne enneigée au-dessus de toits rouges : une sorte de mémoire commune nous attendrit en parcourant ces saynètes.

Vue de l’exposition « Corners of France ». ©Galerie Amélie du Chalard


Au fil de la discussion avec l’artiste, Sandrine Torredemer, nous comprenons que l’histoire n’est pas aussi idéale que ces images brodées peuvent le laisser paraître. Les épreuves ont jalonné sa vie, la broderie est devenue son échappatoire, le moyen d’oublier les pensées sombres, de passer le temps et finalement de se réparer puis de se réinventer. Comme une révélation, après avoir « cherché la perfection » au travers de ses ouvrages, elle a un déclic en acceptant le lâcher-prise, l’imperfection.

Commence alors la quête des draps raccommodés, des tissus de récupération, des vielles bobines, « des vieilles choses » mais aussi des matières qu’on jette trop vite comme les charlottes protectrices d’hôpital, qui feront un ciel parfait. Tout est réinvesti dans ces petites peintures de brodeuse. Car ce ne sont pas des points sophistiqués, ni une prouesse d’un montage invisible, que nous promet la Française, mais au contraire la trace des passages répétés, la mollesse d’une fibre éreintée par le temps, la déchirure d’un organza qui, se superposant sur un autre, va agiter et faire briller les flots bleus d’une calanque à Cassis.

Sandrine Torredemer. ©O. Deslandes – « Le Canigou par dessus les toits (Perpignan)», 2024. ©Galerie Amélie du Chalard


Les images se construisent donc au gré d’un effilochement, d’un entrelacement de tissus et de fils, toujours à la main et sans colle. La magie opère, nous voici devant une œuvre qui a toute les qualités d’une aquarelle : modeste, nostalgique, attendrissante. Sauf que l’aquarelliste peut peindre en un instant ce que Sandrine Torredemer peut broder en un temps infini. Cela n’a pas d’importance pour elle. Elle ne compte même plus le temps qu’elle passe sur ses projets. Elle choisit plutôt de transmettre aux autres cet art du temps pour soi et du lâcher prise lors d’ateliers qu’elle anime. Arrivent des femmes, pour la plupart, charriant des « autocritiques dévastatrices » sur leur capacités techniques, que Sandrine Torredemer aime à guider dans la réalisation de petites merveilles d’imperfection.

« La Filature: « La Filature, Corners of France », Galerie Amélie du Chalard, 85 – 87 Mercer St. Jusqu’au samedi 19 avril.

Trump : une nouvelle théorie politique est née, le libéralisme égocentrique

Je lis avec beaucoup d’intérêt comme vous, les discours évanescents de tant de commentateurs TV et radio en France comme aux USA. Les commentaires très empreints de vision politique, surtout victimes du court terme et de courte vue, nous parlent d’Armageddon. Ces mêmes commentateurs nous avaient dit après la crise de 2008 que « le monde ne serait plus jamais comme avant », ou, à chaque baisse de 20% du bitcoin, que les cryptos n’étaient « rien d’autre qu’une arnaque pour cyber terroriste ou ado attardé ». 

Je pense que pour la plupart, en toute humilité, ils passent totalement à côté du sujet. Ils s’attardent sur le court terme, sans aucun intérêt pour le potentiel succès des mesures prises par Trump en cas de succès et surtout, analysent chaque mesure, au quotidien, sans prendre la peine de les connecter ensemble et de voir à quel plan global et stratégie elles obéissent.

Tout d’abord, les commentateurs relèvent que Trump remet en cause l’ordre actuel. Ce qui signifie l’ordre établi. Et on n’a pas le droit de remettre l’ordre établi, car c’est ainsi, et personne n’aurait le droit de le contester. Ils ajoutent, que nous revenons à 1930, voire encore plus loin en arrière, et que tout ce qui a fait la gloire du monde va voler en éclat, nous entraîner dans une crise sans fin, à laquelle ceux qui ont survécu au Covid vont succomber. Cela en dit long sur la courte vue de ce monde qui n’a pas compris que le court terme était toujours mauvais conseiller. Que le manque de recul rendait presbyte et myope à la fois.

Cela signifie que tout ce qui a été érigé en dogme, ne devrait jamais être remis en cause. Que le changement et l’innovation devraient disparaître du dictionnaire. Et cela signifie également que chaque théorie économique, pensée politique serait « parquée » dans un corpus de règles homogènes, qui ne devraient souffrir d’aucune déviance, ou pire, interpénétration. Horreur, imaginez, prendre le meilleur de chaque église pour en construire une nouvelle, ma brave dame, vous n’y pensez pas ! Et c’est exactement ce que fait Trump, pour le meilleur ou le pire, mais seul l’avenir, pas le court terme, nous le dira. Il propose aujourd’hui une nouvelle doctrine politico-économique, le LIBERALISME EGOCENTRIQUE. Explication ?

On nous dit chaque jour dans chaque magazine, interview, débat : « Trump ce n’est pas bien, car il remet en cause ce « multilatéralisme » qui a fait le bonheur du monde et le remplace par un protectionnisme d’un autre temps ». C’est vrai que tout marche si bien dans le monde depuis que l’on a fait du multilatéralisme et de la globalisation la théorie du bonheur des peuples. 

Jugez un peu. Jamais les écarts de richesse dans le monde n’ont été aussi importants. Jamais la classe moyenne n’a été attaquée à un point qui devient inquiétant pour nos économies occidentales, qui sont politiquement définies par leur existence même. Jamais les travailleurs n’ont été aussi pauvres, au point, pour nombre d’entre eux de ne pouvoir, en milieu urbain, manger des fruits, poisson et légumes plus d’une fois par semaine. La plupart des émergents n’ont toujours pas émergés, maintenus dans une fonction de servage uniquement liée à l’exploitation de leur travail à bas prix. Jamais la situation politique de nos pays n’a été aussi polarisée (du fait de Trump d’ailleurs aux USA), voire nauséabonde (le plus fort taux d’inflation actuelle n’est pas alimentaire, c’est la croissance de l’antisémitisme). 

Les chances d’un homme ou d’une femme sur cette terre en 1970 de pouvoir élever le niveau social de la génération qui l’avait précédé était de 90%. Il est aujourd’hui de 50%, on pense qu’il sera de 30% en 2040. Muriel Pénicaud (ancienne ministre du travail) me rappelait qu’une étude de l’OCDE montrait que pour construire le même patrimoine que la génération des boomers, il faudrait vraisemblablement en moyenne 6 générations à un nouveau-né en Europe !! La grande distribution et la légende du pouvoir d’achat, ont poussé tous nos emplois industriels dans les pays à bas coût, pour finalement exploiter des pauvres afin de nous permettre de le devenir à notre tour. Beau résultat. Pensez au textile. Même G.Plassat quand il dirigeait Carrefour, ou en privé certains Mulliez, avouaient qu’ils avaient participé à un « génocide » contre nos PME-PMI.

Alors faire du multilatéralisme et du total libre-échange un étalon de mesure du succès de notre planète depuis 1930, me semble un peu ambitieux. Donc pourquoi ne pas revenir, justement, ou en arrière, ou de l’adapter ? Je dis donc, que Trump et son équipe, cessent d’ériger les dogmes « main stream » au rang de parole divine et les agressent. Bon ou mauvais ? Je ne sais pas. Seul l’avenir le dira. Mais ne rien changer au prétexte que c’est ainsi, démontre une paresse intellectuelle qui explique certainement que la dette qui représentait 34% du PIB en 1974 (USA) est désormais à 124%. (Sauf en Irlande, au Portugal, en excédent budgétaire pour avoir échappé à la doxa fiscale, ou l’Argentine, dont le président était aussi traité de Clown il y a encore peu). Donc aucune admiration pour Trump, mais je dirais « wait and see ». 

Quand j’entends que Trump nous ramène un siècle en arrière, à un temps tellement obscur, alors que tout a été si glorieux depuis, je me permets de prendre un peu de recul. Vraiment si bien ? 

Trump n’est ni un intellectuel, ni un historien, c’est un pragmatique, qui a été élu, y compris par de nombreux démocrates, pour faire une chose, ramener la puissance et les emplois dans son pays. Seuls les USA l’intéresse, c’est le côté EGOCENTRIQUE de son projet politique et économique. « USA FIRST ». C’est en partie ce qui échappe aux commentateurs, peu habitués à des présidents qui font ce pour quoi ils ont été élus. Il promet une puissance éternelle et montre des dents très blanches qui tranchent sur une peau très orange, pour obtenir ce qu’il veut pour les USA. Doit-on le blâmer ? Le critiquer ? Je dis « wait and see ».

Le libéralisme maintenant. Nombre de brillants commentaires disent à quel point cet entrepreneur capitaliste trahirait les codes du libéralisme et donc les siens. Bien. Quelle tristesse intellectuelle !! On pourrait avoir un libéralisme social, mais pas un « libéralisme réaliste et protectionniste des siens » ? On ne pourrait « mixer » les « religions » économiques. Trump brise les frontières. Cela fait mal au cerveau à ceux qui aiment le statuquo. Moi, cela m’intéresse au sens de « pourquoi pas ? » et « si jamais » ? Je suis entrepreneur, et un entrepreneur voit dans le monde l’opportunité de faire du changement et de la disruption une raison du succès. Les gouvernements, les politiques et les grands groupes détestent cela. Et comme ils tiennent le pouvoir, le monde ne change pas, et génère les injustices que je citais plus haut, mais les cache en achetant la paix sociale par la dette. 120% du PIB en France (20% en 1974).

Les théories économiques datent d’un temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître. On est Keynésien, Friedman ou Hayek, à tendance palo alto ou à poil dru. Toutes ces théories sont les enfants d’un temps où la mesure du temps était l’année, où nous avions 2 superpuissances, où le monde abritait 5 milliards de personnes. Désormais le trading est à haute fréquence, piloté par la machine, les réseaux sociaux ont un effet ricochet mondial en quelques minutes et nous sommes 9 milliards. Croyez-vous (à part quelques constantes) que ces théories ne méritent pas d’être mixées et revisitées ? 

Trump le fait. Et si ce n’est lui directement, on sent derrière que des cerveaux, éduqués, sont en train de faire un mélange de libéralisme et de protectionnisme, de réalisme et de dogme. Ils tentent (Vance, Musk, Thiel et tant d’autres), de définir une nouvelle donne, adaptée aux temps, mélange de réassurance nationaliste et populiste, de libéralisme et de régulations/dérégulations. Un mix jamais vu auparavant, c’est vrai. Mais le monde est-il le même ?

Enfin les USA ne sont pas le temple du capitalisme mais du monopole. La Chine est plus capitaliste au niveau économique. Il y a 10 baidu, shein, alibaba, temu.. pour 1 google, 1 amazon, 1 microsoft. La façon dont se construit le pouvoir ici est par la force de sociétés puissantes et monopolistiques, et non par un libéralisme décomplexé. Trump ne trahit donc pas une tradition libérale Américaine.

Enfin, tout le monde crie à la panique, à une nouvelle inflation qui va nous emporter tel un Ebola économique, que l’effet boomerang va être terrible et se manifeste déjà. L’arroseur sera arrosé, tout le monde a vu le dessin représentant Trump urinant devant un ventilateur qui renvoie tout sur son costume. Vraiment ?

La politique de menace a déjà ramené au bas mot 1000 000 milliards d’investissement aux USA, notamment sous forme d’usines rapatriées ici, par des sociétés américaines et étrangères. Total, CGA CGM côté Français notamment. Softbank côté Japon. Les Taiwanais. Mais aussi Apple etc..

La politique énergétique a fait chuter le cours du pétrole à 65$. On prévoit une possible baisse à 30$. Quel budget pèse le plus sur les américains qui vont prendre le métro avec leur voiture ? L’énergie. Cela aura un effet bénéfique sur l’inflation. Les taux ne se détendent pas, ce qui est une autre bonne nouvelle pour l’inflation. Donc là aussi, les pythies de l’inflation dévastatrice, pourraient, je dis bien au conditionnel, en être pour leurs frais. Là aussi, réalisme. Trump obtiendra des concessions, elles sont en cours, et passera à autre chose. Donc tout cela va rentrer dans l’ordre. C’est l’avantage de la puissance et de la décision sur l’impuissance et le compromis.

La bourse me direz-vous ? Vous croyez vraiment que la bourse perd ? C’est comme au casino, le casino gagne toujours. Les prix bas d’aujourd’hui sont une promesse d’immense plus-value pour demain. Comme Jamie Dimon disait récemment. « Je n’aime pas Trump, je ne vote pas Trump, mais nous allons gagner un argent fou ». Donc n’ayez aucune inquiétude pour nos traders, ils auront une prime à plus de 6 chiffres encore en 2025 ou 26. La bourse n’est pas le reflet de l’économie réelle, mais un outil de spéculation, qui pourtant se moquait longtemps des cryptos. Amusant.

Je pense donc que nous assistons à la naissance d’une théorie politico-économique mixte, qui emprunte à plusieurs courants, et ne craint pas la disruption. Étant donné l’état du monde, tout mérite d’être tenté, cela évite de se retrouver comme en France, avec une extrême gauche nauséabonde, dangereuse et une extrême droite dotée d’un « programme économique » proche du communisme. Cette théorie est beaucoup plus réfléchie que la plupart des obsédés du court-terme et du bon mot, ne le pensent. Il y a des théoriciens brillants derrière Trump. Et surtout, et j’aurais dû l’ajouter dès le départ, Trump est un entrepreneur, il s’adapte. Sa théorie politico-économique serait Libéralisme Egocentrique et Réaliste. Ainsi tous ceux qui disent qu’il vire, change d’avis, en avant puis en arrière, ne comprenne pas notre vie d’entrepreneurs. L’adaptation au changement est une condition de survie et la clé de la réussite. Se conformer aux dogmes vous mène à la faillite. Trump est un réaliste. Vrai un jour, faux le lendemain. La plupart du temps ce n’est pas une réaction épidermique ou de l’inconsistance, c’est Darwinien. Seuls ceux qui s’adaptent survivent et il faut pouvoir pivoter à tout moment. Menacer, voir ce qui se passe, prendre ce qu’il y a à prendre, abandonner si cela ne fait pas de sens et essayer autre chose. Tous ceux qui étudient le modèle d’Amazon, (ou Google) savent qu’ils testent en permanence, des projets et leur donnent 4 à 6 mois pour réussir. Mauvais, je jette. Bon, je garde. Trump en fait de même.

Conclusion. Est-ce que la guerre des tarifs douaniers est une hérésie catastrophique ? Je ne sais pas. Ce ne sont pas nos commentaires qui doivent en décider, mais l’avenir. Est-ce non réfléchi et purement reptilien ? Je ne pense pas. C’est très construit. Ils sont préparés, depuis un long moment, contrairement au premier mandat. Comme disait mark Twain « the past doesn’t repeat itself, it rhymes”. Cette nouvelle pratique est une rime nouvelle.

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement et PDG-fondateur de Top Cream.

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Les tribunes de French Morning sont écrites par des personnes extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte (600 à 1200 mots), merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Déborah Laurent (vidéo) : À la découverte du French Comedy Club à Los Angeles

Le week-end du 26 avril se tiendra le French Comedy Club, un festival de cinéma qui met la lumière sur les meilleures comédies françaises du moment, des films qu’on n’a pas l’habitude de voir sur grand écran à Los Angeles.

Organisé par Olivier Albou & Laurence Schonberg, qui ont produit le carton Un p’tit truc en plus, l’événement se veut rassembleur, familial et évidemment drôle. Si vous avez envie de vous payer une bonne tranche de rire, prenez vos billets sur thefrenchcomedyclub.com

Partez à la rencontre des deux deux fondateurs avec Deborah Laurent et découvrez la programmation de l’édition 2025.

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Investir dans l’immobilier en France pour préparer votre retour

REPLAY: Retrouvez l’enregistrement de cette webconférence ici

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Le salon en ligne “Retour en France”, organisé par French Morning Media Group, est de retour en 2025 pour répondre à tous vos questionnements concernant l’impatriation -le retour au pays après une expatriation.

Trois jours, quatre webconférences, une dizaine d’experts seront présents en ligne et en direct pour vous aider à préparer votre retour en France le plus sereinement possible.

[Inscription gratuite au salon en ligne Retour en France]

Nous vous proposerons notamment une session dédiée à l’investissement immobilier en France, qui aura lieu mercredi 7 mai à 12pm ET · 11am CT · 9am PT · 18h en France. En effet, la préparation d’un retour après une expatriation peut être le moment idéal pour se lancer dans un projet immobilier en France.

Au programme:
👉 Comment capitaliser sur vos années d’expatriation pour constituer un patrimoine et anticiper un éventuel retour en France
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👉 Les stratégies d’investissement performantes pour sécuriser et rentabiliser ses acquisitions
👉 Conseils sur la planification et le bon déroulement d’un projet immobilier à distance
👉 L’investissement clé en main et la délégation complète pour un projet sans contraintes
👉 Revue des conditions d’emprunt pour les expatriés / non-résidents
👉 Les dispositifs fiscaux et leviers financiers à exploiter pour optimiser son rendement, notamment la différence entre le régime micro bic et le régime réel

Avec:
🎙 Manuel Ravier, co-fondateur d’Investissement Locatif
🎙Thomas Nivert, courtier en prêt immobilier pour les expatriés chez Société 2 Courtage
🎙️ Romain Levrini, co-fondateur de Nopillo

Retour en France : dispositions pour votre patrimoine et fiscalité

Le salon en ligne “Retour en France”, organisé par French Morning Media Group, est de retour en 2025 pour répondre à tous vos questionnements concernant l’impatriation -le retour au pays après une expatriation.

Trois jours, quatre webconférences, une dizaine d’experts présents en ligne et en direct pour vous aider à préparer votre retour en France le plus sereinement possible.

[Retrouvez le replay de la webconférence ici]

Nous vous proposions notamment une session dédiée au patrimoine et à la fiscalité au retour des États-Unis, qui a eu lieu lundi 5 mai à 12pm ET · 11am CT · 9am PT · 18h en France.

Au programme de cette webconférence:
👉 Resterez-vous contribuable américain(e) à votre retour ?
👉 Quels revenus déclarer aux US alors que vous êtes rentré(e) en France ?
👉 Qu’en est-il de l’exit tax ?
👉 Quelles options de placements et investissements en France ?

Avec:
🎙️ Alexandre Quantin, MBA, RICP®, Wealth Management Advisor & Partner chez USAFrance Financials. Avec plus de 10 ans d’expérience en gestion patrimoniale pour les Français aux États-Unis, Alexandre Quantin fait partie de la liste Forbes des meilleurs professionnels de la finance en 2023.
👉 Prendre rendez-vous ici
🎙️ Jean-Christophe Boidin, conseiller en gestion de patrimoine depuis plus de 30 ans, associé du Groupe Sarro
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🎙️ Jean-Philippe Saurat, expert-comptable et CPA reconnu au Canada et aux États-Unis, au sein du cabinet MSGL
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Le San Diego French Film Festival placé sous le signe de l’amour, du 4 au 7 mai, à La Jolla

Le San Diego French Film Festival revient, du dimanche 4 au mercredi 7 mai, au cinéma La Jolla, à San Diego. Après avoir fait vibrer plus de 750 cinéphiles l’année dernière, un millier de personnes sont attendues pour la 5ᵉ édition, selon Julie Ripoll, directrice de l’Alliance française de San Diego, à l’origine de l’événement. Au programme : quatre jours de projections de courts et longs-métrages francophones – réunis sous le thème de « l’Amour sous toutes ses formes » – et des rencontres uniques.

Le festival débutera dimanche 4 mai à 4pm sur le tapis rouge du traditionnel gala d’ouverture. Celui-ci mettra en vedette le film « En Fanfare », d’Emmanuel Courcol, qui a remporté 7 nominations aux Césars 2025. La projection sera suivie d’une soirée chic avec hors-d’œuvres gastronomiques, desserts, champagne et spectacles, suivis d’une soirée dansante animée par DJ GreGTraXx.

Questions-réponses avec l’équipe de « Neuilly-Poissy »

Lundi 5 mai, la projection de la comédie « Neuilly-Poissy » sera suivie d’une séance de questions-réponses avec l’équipe du film, dont Grégory Boutboul, le réalisateur et Max Boublil, qui incarne le personnage principal, Daniel. Ils viendront spécialement de France pour la première du film aux États-Unis, qui sera ensuite projeté à Los Angeles, San Francisco et Palo Alto en mai.

Mardi 6 mai, les spectateurs pourront découvrir, au choix, « Moto Taxi », dirigé par le Camerounais Narcisse Wandji ou « Quelques Jours Pas Plus », réalisé par Julie Navarro et mettant à l’écran Camille Cottin aux côtés de Benjamin Biolay. Mercredi 7 mai, le festival se conclura avec le drame « Ru », du Québécois Charles-Olivier Michaud. Un vrai bain d’émotions, de réflexion et de culture francophone au cœur de la Californie. Par ici pour découvrir l’ensemble du programme et acheter vos billets.

Sous Trump, la « paranoïa » du passage de l’immigration

Thierry (prénom changé) ne se voit pas comme une cible des services d’immigration. Titulaire d’une carte verte, ce Français de New York, modeste travailleur indépendant, est arrivé aux États-Unis en toute légalité, il y a près de vingt ans, et n’a jamais connu de démêlés avec la justice. 

Mais avec le retour au pouvoir de Donald Trump, il se pose des questions auxquelles il ne songeait pas il y a encore quelques mois : a-t-il pris un risque en se rendant aux manifestations anti-Trump de samedi dernier ? L’administration peut-elle lui chercher des noises pour ses activités de bénévole au chevet de migrants africains ? Peut-il être inquiété s’il se rend à une réunion de sa coopérative alimentaire sur le boycott de produits israéliens ? « Je ne suis pas en première ligne des gens qui risquent d’être réprimés. Cela dit, il y a cette petite musique de tristesse et d’angoisse qu’il est difficile de ne pas ressentir tous les jours » décrit-il.

Ce sentiment est partagé si l’on en croit la multiplication des articles sur les droits des voyageurs étrangers dans les médias américains et sur les sites d’associations de défense des libertés. Le durcissement de la politique migratoire sous le président républicain a soulevé de nouvelles angoisses – pour ne pas dire une certaine paranoïa – chez de nombreux Français, y compris des titulaires de cartes vertes qui se sentaient protégés jusqu’à présent. Celles-ci s’expriment notamment dans les groupes d’immigrés aux États-Unis.

« La peur s’installe dans les populations étrangères »

Dans l’un deux, une utilisatrice en visa O-1 (artistes) a demandé ce qu’elle risquait à quitter le territoire pour assister à un anniversaire au Salvador. Des dizaines de commentaires sont tombés, les uns lui recommandant de rester aux États-Unis, d’autres faisant valoir que l’entrée sur le territoire n’a jamais été automatique et qu’elle n’avait pas de souci à se faire si elle n’avait pas eu de problèmes avec les services migratoires dans le passé. 

« Les policiers aux frontières sont beaucoup plus agressifs qu’avant car l’administration Trump leur a donné carte blanche. La peur s’installe dans les populations étrangères. C’est d’ailleurs l’objectif du gouvernement, explique Sophie Raven, avocate d’immigration franco-américaine. J’ai des clients français qui ne veulent pas sortir des États-Unis car ils ont peur de ne pas pouvoir revenir, même s’ils sont en situation régulière. Je connais aussi des personnes non-blanches ayant des cartes vertes qui craignent d’être ramassées à cause du profilage racial de la police migratoire. »

Cette peur est alimentée par plusieurs cas de refoulement ou de mises en détention très médiatisés. Comme Fabian Schmidt, un Allemand installé aux États-Unis depuis 2007 et titulaire d’une carte verte. Il aurait été « violemment interrogé », selon sa mère, après son atterrissage à l’aéroport de Boston – ce que le gouvernement dément. Son interpellation serait due à un délit commis en 2015 (possession de cannabis).

Des activites pro-palestiniens et des chercheurs visés

Autre cas marquant : celui de Jasmine Mooney. Recrutée par une start-up californienne, elle voulait obtenir un visa de travail réservé aux citoyens du Canada (comme elle) et du Mexique en se rendant dans un bureau d’immigration à la frontière mexicaine. Elle s’attendait à des difficultés étant donné qu’un de ses anciens visas avait été révoqué en raison d’erreurs administratives. Mais pas à être détenue sans raison apparente pendant douze jours en Californie et en Arizona dans des conditions qu’elle a qualifiées d’« inhumaines » (elle a été enchaînée, a dormi sur un tapis dans une cellule, sous une simple couverture thermique…). 

Et puis, il y a l’histoire du chercheur français du CNRS remis dans un avion vingt-quatre heures après son arrivée à Houston, début mars. Selon le ministre français de la recherche, Philippe Baptiste, il aurait été renvoyé parce que des communications personnelles hostiles aux politiques de Donald Trump sur la recherche avaient été retrouvées lors d’une fouille de ses appareils électroniques. Mais le Département de la Sécurité intérieure, responsable notamment de la protection des frontières et des services de douane, a démenti.

« Le chercheur était en possession d’informations confidentielles sur son appareil électronique provenant du Laboratoire national de Los Alamos (berceau de la bombe atomique au Nouveau Mexique, ndr), en violation d’un accord de confidentialité. Il a admis les avoir récupérées sans autorisation et a tenté de les dissimuler, a indiqué un porte-parole du ministère. Toute affirmation selon laquelle son renvoi était motivé par des convictions politiques est manifestement fausse. »

Des activistes pro-palestiniens titulaires d’une carte verte et des scientifiques étrangers sous visa ont également été ciblés. Dans le Rhode Island (nord-est), Rasha Alawieh, docteure spécialisée dans la greffe de rein et professeure adjointe à l’université Brown, a été arrêtée à l’aéroport de Boston et mise dans un avion pour Paris malgré une autorisation de travail en bonne et due forme et l’ordre d’un juge de ne pas l’expulser immédiatement. La police aux frontières avait découvert des images du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah dans le téléphone de la Libanaise. À la suite de cet épisode, Brown a conseillé à ses étudiants et enseignants internationaux de ne pas sortir du territoire.

Voyages reportés sous l’effet de la « paranoïa »

Comme le nombre d’expulsions de sans-papiers sous Donald Trump reste inférieur à ce qu’il était sous Joe Biden au même moment l’an dernier, les détracteurs du républicain le soupçonnent de prendre pour cible les étrangers en situation régulière pour gonfler les chiffres. Si les détenteurs de carte verte sont, en théorie, mieux protégés contre les renvois, ce n’est pas le cas des individus sous ESTA ou sous visa. Ils peuvent être refoulés sans appel par l’agent de l’USCIS (U.S. Citizenship and Immigration Services) qui vérifie leurs passeports à l’arrivée.

« Si les visiteurs sont particulièrement nerveux, parlent de visiter des conjoints/amants américains, ou donnent l’impression qu’ils vont rester aux États-Unis au-delà de leur séjour autorisé ou travailler sans autorisation, ils peuvent être remis dans un avion », note Sophie Raven. Elle conseille de « toujours dire la vérité » et de ne rien avancer « qui pourrait contredire les informations qui se trouvent sur leur téléphone ».

Fanny, une Française de New York qui n’a pas souhaité donner son nom, fait partie de ceux qui ont décidé de reporter un voyage à l’étranger au vu du contexte. Titulaire d’une carte verte, elle attend de recevoir la citoyenneté, ce qui devrait intervenir dans les mois qui viennent. « Je ne me sens plus en sécurité avec une carte verte. Je préfère ne pas prendre de risques », dit-elle, tout en admettant se sentir « coupable » de succomber à la « paranoïa ». « On a l’impression que tout peut arriver avec Trump. » 

Cécile Viarouge : 20 ans de vie nomade, de Bergerac à Shanghai, en passant par le Wisconsin et l’Australie

« Si on n’était pas partis, peut-être qu’on ne serait même pas restés ensemble. » Cette phrase, pleine de sincérité, Cécile Viarouge la prononce sans détour. Elle résume avec simplicité le fil rouge de sa vie depuis plus de 20 ans : bouger, ensemble, avec Simon son compagnon devenu mari, leurs deux enfants… et depuis peu, leur chien.

Quand on écoute Cécile raconter son histoire dans le podcast French Expat, c’est un véritable roman de vie qui défile. Tout commence à Bergerac, dans le sud-ouest de la France, là où elle grandit. À 17 ans, elle croise la route de Simon. Dix ans plus tard, il lui passe enfin la bague au doigt — mais entre-temps, ils auront surtout construit une vie à deux fondée sur l’amour du voyage et de l’aventure.

Quitter la routine, direction l’inconnu

Le grand saut ? Il se fait presque sur un coup de tête. Lassés de leur quotidien, ils s’envolent pour l’Australie, sac à dos sur le dos, après un détour de quelques semaines en Asie du Sud-Est. Cécile se souvient encore, hilare, de leur premier van vide qu’ils ont bricolé eux-mêmes, au fin fond des Blue Mountains dans la région de Sydney. « C’était peut-être prémonitoire, cette vie de minimalisme nomade. »

Mais c’est à Shanghai que les choses prennent une autre ampleur. Simon décroche un VIE (Volontariat International en Entreprise) et Cécile tombe enceinte peu après leur arrivée. Choc culturel, barrière de la langue, système médical déroutant… rien ne les arrête. « En Chine, je suis devenue maman. » Sept années passées à apprivoiser une nouvelle culture, à apprendre le mandarin, à se déplacer en tuk-tuk et à partager leur quotidien avec une « ayi » devenue membre de la famille. Leur fille y naît, puis leur fils, et Cécile s’épanouit dans ce rôle de mère expatriée, aussi curieuse qu’engagée dans sa vie locale.

Des enfants citoyens du monde

Quand vient le temps de changer d’air, c’est une nouvelle aventure qui s’offre à eux : direction le Wisconsin aux Etats-Unis. Une région méconnue, entre Chicago et Milwaukee, dans laquelle ils posent leurs valises et achètent leur première maison. Pour la première fois, ils se projettent vraiment dans le futur et veulent y poser leurs bagages pour quelques temps. « On investit ici, les enfants sont à l’école, on se dit que peut-être, c’est là qu’on va rester. »

La transition n’est pas toujours facile — surtout l’hiver, glacial — mais les enfants, eux, s’adaptent à une vitesse folle. Cécile reste fascinée par leur capacité à se faire des amis, à jouer, sans parler un mot d’anglais au départ. « Le jeu, c’est un langage universel. Eux n’ont pas peur d’aller vers les autres. »

Se construire en mouvement

Ce que Cécile partage avec tant de générosité dans cet épisode, ce sont surtout les petites choses comme l’hôpital mystérieux qui l’accueille en Chine, les toilettes sans porte à Pékin, les soirées karaoké jusqu’à l’aube, la difficulté d’être loin de sa sœur après la perte brutale de leur mère, ou encore le bonheur simple de faire des dumpings maison pour le Nouvel An chinois avec ses enfants. Son histoire est celle d’une résilience tranquille, d’une vie de couple forte et tendre, d’une maternité nomade, d’une hypersensibilité assumée, et d’une ouverture constante à l’autre et à l’ailleurs.

Aujourd’hui en attente de sa green card, Cécile ne sait pas de quoi demain sera fait. Mais elle sait qu’elle est prête : « Je me sens chez moi, mais si demain une opportunité se présente, on repart. »

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Madame Arthur : le plus vieux cabaret travesti parisien à la conquête de New York

Le cabaret historique de Pigalle, Madame Arthur, vient se produire à New York pour la troisième fois, le samedi 19 avril, au Poisson Rouge. Au programme de ce drag show : un tour de chant burlesque, pour la première fois en anglais. Les « créatures », Diamanda Callas, Lola Dragoness von Flame et Tony Blanquette, toutes bilingues, s’accaparent les grands classiques de la chanson française, dans des traductions anglaises drôles et fantasques. L’énergie de la performance, toute en paillettes, et l’interaction entre les artistes et le public, garantissent un spectacle désopilant au charme très français.

Lola Dragoness Von Flame. ©Ondine S-B – Tony Blanquette. ©Félix Glutton – Diamanda Callas. ©Felix Glutton / Madame Arthur.

Depuis 1946, Madame Arthur est la première salle à avoir programmé du cabaret travesti. Elle est toujours la référence en la matière, portant haut la culture LGBTQ+. Pionnière dans l’âme, elle développe aussi une offre en ligne : Madame Arthur Experience, qui donne accès aux spectacles du cabaret pour 8€ par mois.

Madame Arthur fait cap sur New York, depuis 2024, toujours au Poisson Rouge, où l’établissement se produit régulièrement dans le but d’exporter la tradition de ses shows de drag queens. Les deux séances du samedi 19 avril, à 6pm et 8:45pm, devraient, comme les fois précédentes, rencontrer un public très varié mêlant la communauté LGBTQ+ de Greenwich Village à un public français ou francophile large, avide de glamour provocant. Hello New York !

Madame Arthur se produit à New York depuis un an. © Madame Arthur

Où acheter des chocolats pour Pâques à Los Angeles ?

À l’approche de la fête de Pâques, qui sera célébrée le dimanche 20 avril, à Los Angeles, les vitrines de vos boulangeries et chocolateries préférées s’emplissent d’œufs, de lapins ou d’autres créations plus inattendues. French Morning vous indique les adresses (la plupart françaises) où trouver des gourmandises à cacher dans le jardin ou à offrir le jour de Pâques.

Pitchoun Bakery à Downtown LA

Pour découvrir l’étendue de la palette de gourmandises proposées par Pitchoun Bakery pour Pâques, allez sur leur site Internet : une farandole de gâteaux colorés et appétissants, de mini-desserts chocolatés, d’oeufs et de lapins en chocolat de toutes sortes vous y attendent… Des gourmandises à offrir ou à cacher dans le jardin le jour de Pâques. Au milieu des boîtes de truffes en chocolat et des cookies au glaçage délicat, il y a même des sachets de minuscules œufs au sucre aux couleurs pastel de notre enfance. Pour être sûrs de trouver votre bonheur, il est conseillé de passer commande à l’avance. 

Pitchoun Downtown 545 S Olive St.Los Angeles, CA  90013 Tel: 213.689.3240 [email protected] 

Sweet Lily Bakery à Studio City

Le 26 mars dernier, le patron de Sweet Lily Bakery a été victime d’un violent braquage, dans sa boulangerie-pâtisserie de Studio City, comme le rapportait French Morning. Alors si à l’approche de Pâques, Thibault Leymarie et Marine Le Faucheur n’avaient pas vraiment le cœur à la fête, ils se sont tout de même lancés dans la confection de spécialités en chocolat pour régaler leurs clients. Les années précédentes, Thibault Leymarie avait remporté un franc succès avec ses escarpins chocolatés. Venez découvrir leurs créations en boutique, et en profiter pour glisser aux Français un petit mot d’encouragement !

Sweet Lily Bakery, 3315 Cahuenga Blvd Los Angeles, CA 90068 323.499.1888. [email protected]

Ladurée à Beverly Hills

Chaque année, Ladurée revient avec une collection spéciale. © Ladurée

Chez Ladurée, pour Pâques, macarons et chocolats s’alignent dans de jolies boîtes ornées de mimosa. Des douceurs à offrir (ou s’offrir), comme ces traditionnels lapins de Pâques au chocolat au lait, chocolat noir, ou chocolat blanc coloré en rose (en deux tailles). La maison propose (assez cher) toutes sortes d’assortiments et de coffrets, vendus aux côtés de boîtes de thé, de cakes au citron, de tote bags roses ou vert d’eau estampillés Ladurée ou de livres de pâtisserie… Pour les nostalgiques de la France. 

Ladurée, 311 N Beverly Drive Beverly Hills CA CA 90210 ; (310) 623-1100 [email protected] 

Francium Chocolate à Tustin (Comté d’Orange)

Chez Francium Chocolate, la chocolaterie du meilleur ouvrier de France Stéphane Tréand, l’air embaume le chocolat toute l’année, mais plus particulièrement en cette période de Pâques… Dans ses vitrines, les classiques bonbons au chocolat à la réalisation impeccable (à la fleur de sel, au thé Earl Grey ou à la feuillantine noisette) trônent aux côtés de barres chocolatées innovantes, à l’enrobage craquant et au cœur coulant. Ces temps-ci, Francium Chocolate décline en effet la décadente « Dubai chocolate bar » en de nombreux parfums (cannelle, cardamome, matcha, s’more, noisette…) Des gourmandises allégées en sucre et sans additifs, qui ont fait le bonheur de l’influenceuse @keilanieeat, comme elle le raconte dans sa vidéo Instagram.

Francium Chocolate, 3057 Edinger Ave., Tustin, CA 92780. (714) 440-3038. [email protected]

ID Eclair à Old Pasadena

Les « kushyflakes » d’ID Eclair, à Old Pasadena. © DR

Si vous rêvez de chocolats végans, vous trouverez certainement votre bonheur chez ID Eclair, la nouvelle boulangerie-pâtisserie du chef français Romuald Guiot, à Old Pasadena, dont French Morning vous parlait il y a peu. Vous pouvez découvrir sur son site ses douceurs chocolatées 100% « plant-based » (sans œufs, ni produits laitiers, ni miel) comme l’ensemble de ses créations sucrées et salées vendues en boutique. Flocons croustillants de beurre de cacahuète enrobés de chocolat noir et de matcha ; truffes au chocolat blanc ou au chocolat noir, mais aussi cannelés, cookies, éclairs, «⁠⁠⁠ desserts en jarre » et paniers de gourmandises à offrir… De quoi régaler tout le monde autour de la table le jour de Pâques. 

ID-Eclair, 169 West Green Street, Pasadena, California 91105. 718-964-8485

Milla Chocolates à Culver City

À Culver City, dans sa boutique au design minimaliste, Milla Chocolates propose une vaste de gamme de chocolats artisanaux réalisés avec  « les ingrédients de la plus haute qualité à travers le globe.» Bonbons au caramel au sésame noir, barres de praliné aux noisettes, amandes caramélisées enrobées de chocolat aromatisé à la framboise ou au sel rose de l’Himalaya et autres merveilles côtoient des Easter bunnies aux formes géométriques, et des œufs de Pâques dorés, vendus en plusieurs formats et saveurs dans d’élégants coffrets. 

Milla Chocolates, 9414 Venice Blv, Culver City, CA 90232. 310-876-1021.

Rachat d’un cinéma historique à New York : le pari réussi d’Adeline Monzier

Pour Adeline Monzier, c’est un rêve qui devient réalité. La Française et le distributeur new-yorkais Ira Deutchman ont obtenu les sept millions de dollars nécessaires à l’acquisition du Metro Theater, un cinéma historique de l’Upper West Side fermé depuis 2005. L’annonce a été faite dimanche 6 avril lors d’une conférence de presse devant l’édifice, en présence de plusieurs élus locaux qui ont soutenu le projet.

« On a presque du mal à y croire nous-mêmes, mais quand on s’est lancé dans l’aventure, on s’est toujours dit qu’on arriverait à convaincre les gens que c’était une bonne idée », se félicite Adeline Monzier, qui fût la représentante d’Unifrance aux États-Unis dans une autre vie.

L’objectif : transformer cet endroit légendaire en un cinéma d’art et d’essai de cinq salles, avec un café-restaurant. Le projet a reçu le soutien d’une belle brochette de stars (Martin Scorsese, Ethan Hawke, Frances McDormand…), mais il doit son salut à Steven Spielberg, dont la fondation a apporté la moitié des fonds nécessaires au rachat du bâtiment par l’Upper West Side Cinema Center (UWSCC), l’association à but non-lucratif créée par Adeline Monzier et Ira Deutchman. 

La ville et l’État de New York ont mis la main à la poche

La participation du réalisateur de renom et les bienfaits économiques et culturels attendus de cette revitalisation ont convaincu l’État de New York de mettre la main à la poche. Le Sénat de l’État et la gouverneure démocrate, Kathy Hochul, ont respectivement donné 500 000 et 3,5 millions de dollars pour permettre l’acquisition. 

Depuis sa fondation, le Midtown Theater (son nom initial) est passé entre plusieurs mains, devenant même un cinéma X dans les années 1970. La chaîne de salles de sport Planet Fitness et les ciné-restos Alamo Drafthouse se sont montrés intéressés par la location du bâtiment classé, mais les démarches n’ont pas abouti. 

Quand Adeline Monzier et Ira Deutchman, qui cherchaient à monter un cinéma d’art et d’essai, ont appris, en avril 2024, que le Metro Theater était en vente, ils ont sauté sur l’occasion. Tout en entamant des discussions avec les propriétaires – la famille de l’ex-développeur immobilier Albert Bialek -, ils ont obtenu le soutien des New Friends of the Metro Theater, une association locale qui milite pour la réouverture du lieu, et un non moins précieux article dans le New York Times en juillet.

« Il y a un vrai enthousiasme de la part du quartier »

Le coup d’accélérateur décisif s’est produit en décembre dernier, alors qu’une deadline imposée par les propriétaires approchait pour la vente. « On avait effectué des petits fundraisers divers, rencontré beaucoup de gens… On avait le sentiment d’arriver au bout de ce qu’on avait imaginé pouvoir faire, mais c’est à ce moment-là que les politiques ont pris le relais», se félicite Adeline Monzier.

La récolte de fonds n’est pas terminée pour autant. Ils doivent à présent trouver autour de vingt millions de dollars pour la rénovation du bâtiment, avec l’espoir d’une participation de la Ville de New York. « Nous entrons dans le dur, résume la Française. En ayant annoncé des grands noms comme Steven Spielberg et complété ce rachat malgré le scepticisme et le calendrier resserré, nous espérons qu’il y aura plus de confiance et qu’il sera plus facile de convaincre les gens. »

Son organisation lancera une série de dix projections au printemps et à l’été autour du thème de l’amour du cinéma, en partenariat avec des groupes de l’Upper East, l’Upper West Side et Harlem (Maysles Cinema, Symphony Space…). Objectif : fidéliser un public pendant les travaux qui devraient durer deux ans et demi. Adeline Monzier l’a constaté à l’occasion de l’annonce de la reprise, qui a eu lieu lors d’une foire de rue sur Broadway : « Il y a un vrai enthousiasme de la part du quartier, assure-t-elle. Au-delà de combler un manque en termes de cinéma d’art et d’essai dans cette partie de la ville, nous répondons, aujourd’hui plus que jamais au vu de la détérioration du climat politique, à un besoin de positivité et de communauté. »

Disparition de Francis Layrle , pilier de la gastronomie française à Washington 

C’est une bien triste nouvelle qui secoue la communauté francophone et le monde de la gastronomie à Washington D.C. : Francis Layrle, chef emblématique du restaurant La Piquette, s’est éteint le 20 mars dernier à l’âge de 73 ans, des suites d’un cancer des voies biliaires. Sa disparition laisse un grand vide chez les amoureux de la bonne cuisine, ceux pour qui un repas est avant tout une affaire de cœur, de mémoire et de partage. Diagnostiqué il y a quelques mois seulement, il avait dû se retirer des fourneaux, un univers qu’il n’avait jamais vraiment quitté depuis son enfance en Gascogne. La cuisine était chez lui une passion autant qu’un héritage familial.

Un pilier de la gastronomie tricolore aux États-Unis 

Arrivé aux États-Unis en 1973, il intègre les cuisines de l’ambassade de France à Washington, d’abord comme assistant, avant de devenir chef exécutif. Pendant 3 décennies, il servira 7 ambassadeurs, incarnant avec humilité l’excellence à la française.  

En 2013, il rejoint La Piquette, un petit bistrot parisien situé sur Macomb Street NW, ouvert par Cyrille Brenac et Bruno Fortin, déjà à l’origine du Bistro Lepic, une autre adresse incontournable pour la communauté française de la capitale. Nichée au cœur de Cleveland Park, La Piquette, un nom clin d’œil, est vite devenue un repère pour les gastronomes américains, les nostalgiques des bistrots français et les gourmets en quête d’authenticité. À sa tête, Francis Layrle y distillait « son amour des bons produits, de la cuisine simple, sincère et généreuse » enracinée dans ses souvenirs d’enfance et ses racines gasconnes, comme en témoigne son épouse Catherine, sa partenaire depuis plus de 30 ans.

Le chef Francis Layrle partageait dans son restaurant La Piquette son amour des bons produits et de la cuisine simple, sincère et généreuse. © Catherine Layrle

Un héritage toujours vivant

Le restaurant continue de faire vivre son esprit grâce aux équipes en place et aux deux sous-chefs qu’il a lui-même formés. Malgré le vide laissé par la disparition du chef, « ils mettent un point d’honneur à poursuivre son travail », assure Cyrille Brenac, contacté par téléphone. Aucun changement n’est prévu pour l’instant : la carte, toujours signée par Francis Layrle, conserve ses plats emblématiques, comme le gâteau à l’orange, une recette familiale devenue culte auprès des habitués. Le chef Claudio Pirollo, du restaurant belge Et Voilà, se souvient avec émotion de son mentor, qui lui a transmis l’amour de la cuisine et le respect des bons produits. Plus qu’un confrère, « un ami qu’il n’oubliera jamais » nous a-t-il assuré. 

En attendant la « celebration of life » qui réunira ses proches et ses collègues dans un cadre privé le lundi 12 mai prochain, Cyrille Brenac nous a indiqué qu’un hommage discret lui a déjà été rendu au sein du restaurant : une plaque a été apposée à la table où le chef, souvent de noir vêtu, aimait s’asseoir en salle, observant avec bienveillance le service et saluant les habitués. Son esprit habite encore ces lieux, auxquels il avait su insuffler une véritable âme au cours de ces 12 dernières années. 

Une cagnotte en ligne, lancée par Bruno Fortin et Cyrille Brenac en soutien à la famille Layrle, a déjà récolté de nombreux témoignages de soutien de la part de ses proches, amis, clients et anonymes. Elle devrait rester ouverte jusqu’au 12 mai prochain.