Stéphane Hessel est à New York pour quelques jours à l’occasion de la sortie de son livre “Indignez-vous” aux Etats-Unis, traduit “Time for Outrage”. Sorti en France en octobre 2010, ce petit livre aux allures de pamphlet s’est déjà vendu à 4 millions d’exemplaires dans le monde entier, dont 2 millions en France. Comme son nom l’indique, le livre exhorte ses lecteurs à s’engager pour changer les choses et retrouver les valeurs qui étaient celles de la France résistante et celle des Nations-Unies. Pour French Morning, Stéphane Hessel livre sa vision de l’Amérique et des Américains.
Dans votre livre “Indignez-vous”, vous dites que les valeurs de la Résistance française ont disparu et qu’il faut s’indigner pour les retrouver. Mais les Etats-Unis qui n’ont pas connu cette période peuvent-ils se révolter de la même manière?
Les Etats-Unis n’ont peut-être pas connu la Résistance, c’est vrai, mais ils ont connu ce qu’on appelle le New Deal: dans les années 30, pour pallier la crise économique, Roosevelt décide que l’Etat doit intervenir dans l’économie. C’est un programme merveilleux et tout à fait à gauche. Depuis, ces valeurs ont été détruites par Georges W. Bush Jr. Barack Obama a bien essayé de les réveiller, mais sans succès. C’est au nom de ces valeurs bafouées que les Américains doivent s’indigner.
En France, les raisons de s’engager dont vous parlez sont, entre autres, les traitements faits aux sans-papiers et aux Roms. Quelles sont les raisons de s’indigner aux Etats-Unis?
En regardant autour d’eux, les Américains verront qu’il y a des raisons de s’indigner partout. Pour ma part, il y a de nombreuses choses qui me révoltent aux Etats-Unis. La première, c’est leur position sur la question isralëo-palestinienne. Obama a bien essayé de changer les choses quand il est arrivé, mais il s’est fait avoir par Benjamin Netanyahu, le premier ministre d’Israël. La dernière prise de position d’Obama, qui a dit que l’ONU ne pouvait pas imposer la paix au Moyen-Orient et qu’il fallait laisser les deux pays se débrouiller, équivaut à faire des ronds dans l’eau. Une autre raison de s’indigner: les efforts insuffisants d’Obama pour mettre en place la sécurité sociale aux Etats-Unis.
Vous insistez beaucoup sur la sécurité sociale dans votre livre. Que vous inspire le fait que les Etats-Unis n’aient pas de réelle sécurité sociale pour tous?
La sécurité sociale est une condition essentielle de la démocratie. Pour moi, la définition de la démocratie, c’est un système qui se soucie du peuple, de ceux qui ne sont pas privilégiés. Au contraire, un système qui s’occupe uniquement de ceux qui ont des privilèges, c’est ce qu’on appelle une oligarchie. Au niveau institutionnel, les Etats-Unis sont une démocratie. Mais leur fonctionnement n’est pas démocratique, il est totalement oligarchique. Le fait que les lobbies soient si puissants ici n’est pas non plus démocratique. Aux Etats-Unis, il y en a deux types: le lobby financier et le lobby juif. Ils ont beaucoup d’argent et exercent une pression sur le gouvernement, qui défend alors leur intérêt au lieu de défendre celui de tous. Ici, quand un parlementaire veut changer quelque chose, il rencontre beaucoup d’obstacles car les lobbies font pression. Les lobbies existent en France et aux Etats-Unis, mais pas de la même façon. Ici, c’est un système connu et accepté. En France, ce n’est pas aussi bien organisé.
Vous dites qu’il faut lutter contre ce qui nous indigne aux Etat-Unis, mais quel moyen préconisez-vous?
Le problème des Etats-Unis, c’est qu’il n’existe pas d’opposition politique sur laquelle on puisse compter. Evidemment, je désire qu’Obama soit réélu. Mais même si c’est le cas, je ne suis pas convaincu qu’il aura assez d’audace pour faire bouger les choses. Cela n’empêche pas qu’il faille s’indigner et combattre. Je suis très content de voir que des gens s’indignent en ce moment même devant Wall Street et j’espère qu’ils iront loin. Aujourd’hui, les gens ont la chance d’avoir des moyens de contestation très efficaces: les nouveaux médias. Il faut qu’ils en profitent pour se mettre en réseau, avec Facebook et internet. Un autre moyen de lutte, c’est la formation d’associations nationales et internationales qui apportent leur soutien à certaines causes. Ce n’est pas facile, mais avec de la confiance et du courage, on peut y arriver. Enfin, les Nations Unies ont aussi un rôle à jouer. Il faudrait qu’on leur accorde la puissance nécessaire pour changer les choses. Pour cela, quelques réformes sont indispensables, comme l’explique le New Yorkais Michael Doyle. Il demande la suppression du droit de véto et l’instauration d’un conseil pour les problèmes économiques et sociaux.
Dans Indignez-vous, vous affirmez que la dernière décennie a été une période de récession, et ce en partie à cause de l’intervention en Irak décidée par Bush. Pensez-vous que les Etats-Unis jouent un rôle négatif à l’échelle mondiale?
Non, pas du tout! Durant ces cinquante dernières années, c’est toujours des Etats-Unis que sont venues les impulsions majeures qui ont changé le monde. Personnellement, je suis un très grand admirateur de Roosevelt. Si Obama ressemblait un peu plus à Roosevelt, tant de choses pourraient changer! Mais le rôle des Etats-Unis reste aujourd’hui tristement décevant par rapport à sa puissance. Il faut tout de même noter que les choses ont beaucoup changé depuis la seconde guerre mondiale: les Etats-Unis doivent maintenant composer avec la Chine, l’Inde et de nombreux autres pays. Je suis convaincu que le monde ne changera que sur la base d’un accord international.
Est-ce important pour vous de venir parler de vos idées dans ce pays si puissant?
Oui, cela fait longtemps que je m’intéresse aux Etats-Unis en raison de leur poids à l’échelle mondiale. Je suis content de voir que les gens s’indignent ici aussi. Lors de la conférence que j’ai donnée à Columbia hier, j’ai été extrêmement bien accueilli et heureux de voir que les gens s’intéressaient à mes idées. J’espère que les choses vont changer, mais les indignés de Wall Street me donnent déjà de l’espoir.
Stéphane Hessel s'indigne 'in english'
Des clichés inédits des grands du cinéma français au Lincoln Center
Certains la surnomment dans le métier « The Française of New York ». Promotrice du cinéma français aux Etats-Unis depuis 32 ans, Catherine Verret Vimont a vu défilé les plus grands dans son bureau. Catherine Deneuve, Isabelle Hupert, Jeanne Moreau, Gérard Depardieu ou encore Jean Reno. Elle expose aujourd’hui 95 photos prises durant son mandat comme directrice exécutive du French Film Office UniFrance Films USA.
C’est un peu par hasard que Catherine Verret Vimont commence la photographie. « Je n’avais pas de photographe sous la main alors j’ai commencé avec mon Olympus automatique, avec un amateurisme complet mais une grande obstination » avoue-t-elle. « Tous les artistes étaient incroyablement coopératifs, patients et généreux ». Ce sont ces photos des artistes avec qui elle a pu travailler qui sont exposées aujourd’hui.
« Catherine Verret a pendant des années été l’ambassadrice du cinéma français aux Etats-Unis, elle a également été l’œil photographique de Paris à New York » commente l’artiste et cinéaste William Klein. « En voyant ses photographies, je suis frappé et un peu jaloux. Elle a non seulement capturé la plus délicieuse et pacifique invasion de grands acteurs et réalisateurs français, mais a aussi créé un album de famille essentiel avec tous ceux que l’on admire et que l’on aime ». Un témoignage essentiel de la conquête du cinéma français à New York.
« New York Mon Amour, A View of French Cinema By Catherine Verret Vimont » présentée par la Film Society of Lincoln Center en association avec le Culltural Services of the French Embassy et UniFrance Films.
Jusqu’au 4 octobre à The Furman Gallery du Film Society of Lincoln’s Center’s Walter Reade Theatre (165 W. 65th St., between Broadway & Amsterdam Ave., Plaza Level).Gratuit. De 10h00 à 17h00.
Une dernière tournée pour Grandma
Grandma fait ses adieux. L’un des clowns les plus célèbres des Etats-Unis entame son dernier hiver avec le Big Apple Circus. Barry Lubin, qui a créé le personnage il y a 29 ans, a décidé de partir sous d’autres cieux. La 34eme saison du plus européen des cirques américains a donc des allures de nostalgie, que feront vite oublier les prouesses des artistes venus du monde entier.
Comme chaque année, le Big Apple Circus plante sa tente à côté du Lincoln Center; c’est là ausi, dans leurs caravanes, que vivront pendant trois mois les artistes menés par le Français Guillaume Dufresnoy, directeur artistique. Sous la célèbre tente bleue de fabrication italienne, le cirque promet de stimuler votre imagination et de vous faire rêver en grand. La nouvelle tournée, intitulée “Dream Big”, présente les clowns américains du International Clown Hall of Fame, les trapézistes colombiens Flying Cortes ou encore les acrobates chinois de la troupe des Shandong Acrobats. Et afin de d’offrir aux spectateurs les meilleures conditions, les organisateurs assurent qu’aucun siège ne sera à plus de 15 mètres de la piste.
Infos pratiques: Big Apple Circus Presents Dream Big. Du 20 octobre 2011 au 8 janvier 2012. Damrosch Park dans le Lincoln Center (62nd Street between Amsterdam and Columbus Avenues). Billets à partir de 15$ en vente au (888) 541-3750 ou sur www.bigapplecircus.org ou au Circus Box Office, situé en face de Big Top à partir du 18 octobre.
Jacques Besnainou, avocat de l'atome au pays de l'or noir
Jacques Besnainou n’a pas le profil d’un ingénieur classique. Le PDG de la filiale américaine d’Areva est un communicateur. Après la catastrophe de Fukushima en mars dernier, il n’a pas hésité à se rendre sur les plateaux de télévision pour défendre la sûreté des centrales du groupe français. Et quand il parle de l’industrie nucléaire, ô combien technique, il capte l’attention de son interlocuteur par son enthousiasme. « Le nucléaire, je suis tombé dedans très tôt », raconte le dirigeant parisien de 47 ans. « J’ai effectué mon premier stage des Mines à l’usine de retraitement de La Hague. Un stage passionnant, j’y ai vu le génie français dans toute sa splendeur ». C’était en 1986, l’année de la tragédie de Tchernobyl.
« Je crois à l’écologie, au respect de l’environnement et à l’énergie propre » affirme le patron d’Areva Inc. Jacques Besnainou n’a pourtant pas frappé tout de suite à la porte des entreprises du secteur nucléaire. Il avait un rêve d’enfance: partir aux États-Unis. Après Polytechnique, les Mines et ses 5 années dans l’Administration, il quitte tout en 1993 pour s’installer dans la région de Washington DC avec sa femme Isabelle, rencontrée à Math Sup. « J’avais 29 ans et je voulais vraiment découvrir ce pays, dans un esprit entrepreneurial ». Sans argent, il crée, la filiale américaine d’Ecobilan, une start-up française spécialisée dans le conseil en environnement. Les débuts sont difficiles. « Un Américain m’a dit un jour: pour réussir comme entrepreneur, il faut d’abord être très travailleur, puis avoir beaucoup de chance. Être un peu brillant aussi, mais ce n’est pas le plus important. Il avait raison! »
L’entreprise décolle sur fond de boom économique aux États-Unis. En 2000, Jacques Besnainou vend Ecobilan US à PricewaterhouseCoopers «pour assurer un toit au-dessus de la tête de mes trois enfants», puis contacte Anne Lauvergeon qu’il a connue aux Mines. Il lui raconte son parcours, elle le convainc d’entrer dans un grand groupe, la Cogema, qu’elle dirige alors. C’est le début d’une carrière au cœur de l’industrie nucléaire. Jacques Besnainou voit le rapprochement de Cogema avec Framatome en 2001 et la naissance du grand groupe Areva. Il est nommé PDG de la filiale américaine en janvier 2010.
Jacques Besnainou n’a jamais perdu son esprit d’entrepreneur, un atout dans un pays qui relance à peine sa politique nucléaire. Les États-Unis sont, de loin, la première puissance nucléaire au monde, avec le plus grand parc de réacteurs de la planète, 104, devant la France (58). Le groupe Areva a connu les débuts, présent en Amérique du Nord depuis plus de 50 ans. « Chaque site fonctionne comme un garage et nous sommes les garagistes. Nous nettoyons le moteur, changeons les pièces, ôtons le combustible usé et fournissons du neuf. » Mais c’est un parc vieillissant, rien n’a vraiment bougé depuis 30 ans. L’accident de 1979 à la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie est souvent invoqué pour expliquer le coup de frein aux nouveaux projets. Pour Jacques Besnainou, la raison est autre. « Dans un marché dérégulé comme celui des États-Unis, la concurrence avec les autres sources d’électricté est vive. Et dans les années 80, l’électricité d’origine nucléaire était trop chère ». Résultat: aujourd’hui seuls 20% de l’électricité est d’origine nucléaire aux États-Unis – elle est de 80% en France.
De l’exploitation minière dans le Saskatchewan, dans l’ouest du Canada (pays premier producteur mondial d’uranium) à l’entretien des réacteurs, en passant par le recyclage du plutonium militaire issu de la Guerre Froide, Areva est le 1er acteur industriel nucléaire en Amérique du nord. Les États-Unis constituent son plus gros marché après l’Héxagone, avec un chiffre d’affaires de $2,2 milliards l’an dernier (un peu moins de 20% du CA global du groupe), 5000 employés aux États-Unis et un millier au Canada.
La catastrophe de Fukushima n’a pas remis en cause la relance du programme nucléaire américain initié par George Bush en 2005 et poursuivi par Barak Obama. L’actuel président a réaffirmé sa volonté de développer cette source d’électricité. « Les Américains sont pragmatiques et sensibles à ce qui se passe dans leur porte-monnaie. L’énergie nucléaire est devenue peu coûteuse aux États-Unis, en raison de l’ancienneté des centrales: $20 à $25 le Megawatt-heure (énergie consommée), contre 50 € en Europe! »
Il y a tout juste 2 semaines, Areva Inc. a été choisie pour finir la construction de la centrale de Bellefonte 1, dans l’Alabama. Les travaux ont été interrompus il y a … 23 ans, avec la chute de la demande en électricité. Une fois mise en service, en 2020, cette centrale devrait alimenter 750.000 foyers. Un projet de $5 milliards dont $1 milliard pour Areva. Et l’avenir est prometteur puisque la majorité des centrales arriveront en fin de vie (60 ans) en 2025. Il faut prévoir le relais. Les projets de construction de nouveaux réacteurs ressortent des cartons, comme celui des EPR développés par Areva, réacteurs de 3e génération. Une construction est envisagée dans le Maryland.
La concurrence du Japonais Toshiba, propriétaire de Westinghouse Electric, et de l’Américain General Electric est rude sur ce marché « mais nous sommes tous dans le même bateau ». Jacques Besnainou dit espérer la réussite du groupe nippon qui a décroché le contrat de construction de la première centrale nucléaire de ces dernières décennies sur le site de Vogtle, en Georgie. Le patron d’Areva Inc est optimiste car, selon lui, les États-Unis ne peuvent plus faire marche arrière. Et les élections présidentielles de l’an prochain ne changeront rien: il y a désormais un consensus politique entre Républicains et Démocrates. « Contrairement à ce qui va se passer en Europe, le nucléaire civil ne sera pas un thème de campagne électorale ».
Reste deux dossiers sur lequel travaille activement Jacques Besnainou: tout d’abord la question du recyclage. Les Américains n’ont toujours pas d’usine de retraitement des combustibles usés. Ils campent sur leur position adoptée dans les années 70 dans le cadre de la non prolifération des armes nucléaires – le plutonium extrait lors du retraitement pouvant servir à la fabrication de bombes atomiques. « 60.000 tonnes de combustibles usés sont stockées aux États-Unis, soit l’équivalent de 8 années de consommation d’énergie! » Des chiffres qui donnent le tournis. Aucune solution n’a été encore trouvée, le gouvernement peinant à trouver un site d’enfouissement définitif des déchets. Jacques Besnainou n’a pas lâché son bâton de pèlerin. « Je prône la solution française, la construction d’une usine comme La Hague ici. Ou bien l’acheminement des combustibles usés vers la Hague. Mais le transport, ça coûte très cher. » Le pragmatisme américain a ses limites.
Enfin, dernier cheval de bataille: la lutte contre les gaz à effet de serre. Loin des débats, virulents outre-Atlantique, entre ceux qui croient aux changements climatiques et ceux qui n’y croient pas, Jacques Besnainou est un fervent défenseur de la lutte contre les émissions de carbone. « Il est incontestable qu’il faut lutter contre le réchauffement de la planète. Ne pas essayer d’apporter une réponse à ce problème est, pour moi, inacceptable. Il faut le faire pour nos enfants ». Un plaidoyer en faveur de l’énergie nucléaire, à neuf mois de la Conférence des Nations Unies pour le Développement Durable.
Rendez-vous avec le burlesque pendant quatre jours
Extravagance et froufrou seront les deux mots pour résumer ce festival. Durant quatre nuits, une dizaine d’artistes reconnus proposeront des spectacles dansants dans différents lieux de New York. Habillées de plumes et de paillettes, les danseuses présenteront des performances scéniques fidèles au mouvement artistique « new-burlesque ». Une façon de rendre hommage aux cabarets parisiens du XIXème siècle et à l’âge d’or du burlesque des années 1940 et 1950. Avec le succès que rencontre de plus en plus cette forme de cabaret, en partie grâce à la célèbre Dita Von Teese et, en France, au film Tournée de Mathieu Amalric, le public devrait être au rendez-vous pour cette neuvième édition du New York Burlesque Festival.
The New York Burlesque Festival, du 29 septembre au 2 octobre. A The Bell House, le jeudi 29 septembre à 20h00. Au Brooklyn Bowl, le vendredi 30 septembre à 21h00. Au B.B. King Blues Club & Grill, le samedi 1er octobre à 19h30. Au Highline Ballroom, dimanche 2 octobre à 20h00.
(718) 643-6510 thenewyorkburlesquefestival.com – $10–$35
Nuits de Flamenco avec Soledad Barrio
Depuis 1993, Soledad Barrio et sa compagnie Noche Flamenca font découvrir au grand public le Flamenco authentique. On en retrouve d’ailleurs tous les éléments: la musique au son de la guitare flamenca, le chant, les “palmas” (claquements des mains), les “zapateados” (claquements des chaussures cloutées sur le sol) et bien sûr la danse.
Du 27 septembre au 2 octobre, vous pourrez assister à un spectacle éblouissant au Joyce Theater. Pour le New York Times, “il n’y a pas de danseuse connue dans le Monde aussi merveilleuse ” que Soledad Barrio, “elle respire le Flamenco”. Cette madrilène et son mari (et chorégraphe) Martin Santangelo vous feront passer une nuit flamenca dans la pure tradition.
Soledad Barrio & Noche Flamenca au Joyce Theater, 175 8th Ave, NY NY. Mardi et Mercredi à 19h30, Jeudi et vendredi à 20h, Samedi à 14h et 20h et Dimanche à 14h. Réservations ici.
Radiohead fait une surprise aux New Yorkais
Annoncé il y a seulement dix jours, Radiohead joue à l’invité surprise en se produisant les 28 et 29 septembre au Roseland Ballroom. Le groupe interprétera son dernier album “The King of Limbs” sortit début 2011. C’est la première fois que les cinq musiciens présentent ce disque aux Etats-Unis. Les fans espèrent qu’ils chanteront aussi certains de leurs plus grands succès comme “Creep”, “Karma Police” ou “No surprises”. Un évènement à ne pas manquer si vous êtes un adepte du genre.
Radiohead au Roseland Ballroom, mercredi 28 et jeudi 29 septembre à 18h30, 239 W 52nd St, Ny NY. (212) 307-7171. Place à $65 à réserver ici.
Sarkozy tacle Obama; le rugby français se fait chambrer
Les deux chefs d’Etat ont parlé quelques dizaines de minutes l’un après l’autre, mais leurs positions ont rarement été aussi éloignées. A l’ONU la semaine passée, Barack Obama s’est distingué par ses positions résolument pro-israélienne, pendant que Nicolas Sarkozy tentait d’emprunter une voie du milieu. Pour le journaliste Colum Lynch, du Washington Post et Foreign Policy, Sarkozy “vole la vedette” à Obama avec ce discours. La proposition de Sarkozy est “en tout point identique à celle discutée par Catherine Ashton, la représentante de l’Union Européenne aux affaires étrangères, et Tony Blair, le porte-parole du Quartet sur le moyen Orient (ndlr: le groupe constitué de la Russie, des Etats-Unis, Union Européenne et ONU qui tente de relancer le dialogue entre les deux parties).“ Le journaliste ajoute, un brin sarcatisque: “Il semble que Sarkozy l’ait emprunté sans demander la permission”.
Le New York Times remarque lui aussi cette division: “Nicolas Sarkozy est allé à l’encontre des tentatives des Etats-Unis et d’autres pays de l’Union Européenne qui s’opposaient à la volonté de la Palestine d’être reconnue en tant qu’Etat”, écrit le journaliste Neil MacFarquhar. Il note que cette opposition s’est d’autant plus fait ressentir que Sarkozy a pris la parole seulement une heure après Obama, et au même endroit que ce dernier. “Le président français a aussi dit qu’il était temps de changer de méthode pour ramener la paix au Moyen-Orient” indique le New York Times. Pour le journaliste, Sarkozy fait ainsi une critique indirecte des Etats-Unis en insinuant que leurs efforts n’ont jusqu’ici servi à rien. On l’aura compris, il y a de l’eau dans le gaz entre la France et les Etats-Unis à propos de la question palestinienne.
La Française qui plaît aux Américains: Christine Lagarde
Cette semaine, Christine Lagarde vit son heure de gloire dans la presse américaine. Le Washington Post et le New York Times dressent tous les deux des portraits plutôt flatteurs de l’avocate devenue économiste. Dans le Post, Howard Schneider souligne que la première femme à diriger le FMI peut dans un même élan donner des conseils d’austérité fiscale au magazine Forbes… et des conseils vestimentaires aux lecteurs de Vogue! Un grand écart que n’auraient pas pu faire les précédents directeurs.
Plus sérieusement, le même Post souligne que Lagarde affronte ses responsabilités: “Elle est la première directrice du FMI qui fait face à une crise financière dont elle assume partiellement la faute” écrit le journaliste: Christine Lagarde a en effet déclaré qu’en tant que ministre française de l’économie, elle a eu de nombreux mois durant lesquels elle aurait pu remédier à la faiblesse des banques européennes. Howard Scheinder liste les qualités de la directrice du FMI, et se demande, sur un ton qui semble être celui de l’espoir, si elle réussira à changer le système actuel: “Elle essaie de réduire la crise sans affecter l’économie. Elle a accepté les critiques. Pourra-t-elle nous aider à aller de l’avant?”
Le portrait du New York Times est lui plus contrasté. “Christine Lagarde bouscule les habitudes” titre le New York Times. Pour la journaliste Liz Alderman, le fait que la directrice du FMI reconnaisse la faiblesse des banques françaises joue en sa faveur. “Christine Lagarde apparaît comme une Européenne qui veut parler ouvertement des problèmes européens”, écrit la journaliste, qui décrit l’hostilité que lui témoignent désormais les dirigeants du vieux continent. Elle nuance cependant: “Il n’est pas sûr que que madame Lagarde puisse faire beaucoup pour contenir la crise”. La journaliste rappelle qu’en août, les actions de la Société Générale ont beaucoup chuté après que Christine Lagarde a évoqué leur “urgent besoin de capital”.
Malgré tout, pour Liz Alderman, Christine Lagarde apporte un réel changement à la politique du FMI: alors que les précédents directeurs demandaient toujours une réduction des budgets, elle encourage les pays à faire fonctionner leur économie, même si cela provoque une inflation. Le portrait que trace la journaliste est toujours à double tranchant, alternant entre louanges et critiques: si Christine Lagarde fait du bon travail, c’est aussi parce qu’elle doit faire pardonner les fautes qu’elle a commises quand elle était ministre en France. “Elle a planté la graine qui a destabilisé l’économie européenne” affirme Liz Alderman, qui ajoute qu’heureusement, “elle a appris de ses erreurs”.
La journaliste assure qu’au FMI, “la page est définitivement tournée depuis DSK”: les gens considèrent Christine Lagarde comme leur chef et ont confiance en elle. “Madame Lagarde a un long chemin à parcourir” conclut la journaliste, qui termine sur une note positive: la directrice du FMI sait qu’elle a du travail et à fournir, puisque dans un de ses discours elle a assuré que le FMI pourrait lutter contre la crise en “redoublant d’effort”.
Le rubgy français connaît moins d’engouement
La presse américaine n’est pas aussi enthousiaste vis-à-vis des rugbymen français. Connaîtront-t-ils le même désastre que notre équipe de football durant la dernière coupe du monde? C’est ce que suggère un article du New York Times paru jeudi dernier, le 22 septembre. “Il semble qu’une coupe du monde n’est pas complète si les sportifs français ne se chamaillent pas entre eux” écrit la journaliste Emma Stoney. Dans son article, elle commence par remémorer la dernière coupe du monde de football, peu glorieuse pour notre pays: “l’année dernière, l’équipe nationale a explosé quand les joueurs (…) ont refusé de se présenter à une séance d’entraînement après l’exclusion de Nicolas Anelka qui avait insulté leur entraîneur”.
Pour la journaliste, le même cas pourrait se reproduire avec la coupe du monde de rugby au vu de la mésentente entre l’entraîneur Marc Lièvremont et son équipe. Ce malaise a commencé, entre autres, avec les critiques de l’entraîneur, qui a publiquement traité ses joueurs de lâches après une défaite contre l’Italie. “Samedi (24 septembre), la France va jouer son match le plus important du tournoi contre la Nouvelle-Zélande, et le coach continue à critiquer ses joueurs” écrit la journaliste. Sous-entendu: c’est un match à ne pas rater même pour ceux qui n’aiment pas le sport, car il se pourrait bien qu’une dispute éclate comme lors de la dernière coupe du monde.
Et le match de samedi dernier a donné raison à la journaliste: non seulement la France a perdu, mais en plus le joueur Damien Traille s’en est pris à Marc Lièvremont après avoir été expulsé du terrain, accusant son entraîneur d’un manque de communication. Le média Sports Illustrated affirme ainsi que “Marc Lièvremont est sous haute pression depuis la défaite de samedi contre la Nouvelle Zélande, avec une différence de plus de 20 points entre les deux équipes“ . Le journal ajoute que Marc Lièvremont s’en est pris à des journalistes deux fois depuis ce match et titre: “l’accès de fureur de Lièvremont révèle des tensions dans le camp français“ . Pour la France, la coupe du monde de rugby pourrait en effet bien ressembler à la dernière coupe du monde de football…
Grandes dégustations organisées pour le Wine & Food Festival
Les places sont limitées et partent comme des petits pains. Les new-yorkais semblent apprécier le concept du New York City Wine & Food Festival qui réitère l’expérience cette année encore. Prenant place principalement dans le Meatpacking District, le NYCWFF propose des démonstrations culinaires faites par des chefs, des stars du petit écran (Jacques Pépin, Paula Deen, Duff Goldman) et des dégustations organisées dans de nombreux établissements. Moyennant une somme (aux alentours de 100$), les amateurs de mets pourront gouter des échantillons des meilleurs restaurants de la ville.
Un des rendez-vous phares de ce festival sera The Grand Tasting qui aura lieu le 2 octobre. Démonstrations, verres de vin et nourriture de 11h00 à 18h00, moyennant tout de même 195$. Moins couteux mais tout aussi intéressant : le Meatpacking Uncorked. Annoncé comme le plus important happy hour de la ville, l’évènement prendra place non pas dans un endroit mais dans plus d’une trentaine, tous dans le Meatpacking ce vendredi 30 septembre.
La liste des lieux et évènements est encore longue, vous pouvez retrouver la totalité des festivités sur http://nycwineandfoodfestival.com/. Les bénéfices du festival iront à la Food Bank For New York City et à l’association Share Our Strength. Ces deux organismes récoltent des fonds pour lutter contre la faim aux Etats-Unis, notamment chez les enfants. En 2010, le festival a récolté plus de 1,2 millions de dollars.
Du 29 septembre au 2 octobre. Tous les détails sur http://nycwineandfoodfestival.com/.
Les adieux d'Anne Poulet à la Frick Collection
«Tout va me manquer!» Anne Poulet balaie du regard les murs de son bureau, ses yeux clairs s’attardent sur les trois paysages hollandais réunis par Henry Clay Frick et s’arrêtent sur le portrait du violoniste italien Bruni, peint par Césarine Davin-Mirvault, élève de Jacques-Louis David, et acquis par la fille du collectionneur. Le tableau du musicien, accroché au-dessus de sa table de travail, illumine toute la pièce. Dans quelques jours, le 30 septembre, Anne Poulet quittera les lieux qu’elle occupait depuis 8 ans. «Sans regret», car c’est elle qui a choisi de partir. Elle l’avait annoncé l’an dernier. «À 69 ans, j’estime qu’il est temps de me retirer. J’ai envie de faire encore beaucoup de choses – poursuivre des recherches, écrire, voyager notamment en France – et quand on dirige un tel musée, il est très difficile, voire impossible, de faire cela».
En octobre 2003, quand elle fut choisie pour diriger la Frick Collection, Anne Poulet fut la première surprise. Aucune femme n’avait encore occupé ce poste depuis la création du musée, en 1935. «C’était un grand risque pour la Frick car, en plus, je n’avais jamais été Directeur ». Elle possédait toutefois une solide expérience d’administrateur, après avoir été, durant 19 ans, Conservateur en chef du département de la Sculpture et des Arts Décoratifs au musée des Beaux Arts de Boston. Et au moment où le musée new-yorkais cherchait un nouveau directeur, elle venait d’être confirmée dans son expertise de Jean-Antoine Houdon, suite au succès de son exposition sur le sculpteur français à la National Gallery of Art de Washington, au Getty Museum de Los Angeles et au Château de Versailles.
«Je suis 100% Américaine et francophile», assure Anne Poulet dans un français impeccable. Originaire du petit village de Washington en Pennsylvanie, elle s’est orientée très tôt , «par éducation et par goût», vers l’histoire de l’art européen. Elle étudie à l’École du Louvre à Paris et à New York, épouse un Français «qui n’a jamais souhaité adopter la citoyenneté américaine», et, baignée dans la double culture, devient spécialiste du sculpteur français Clodion (contemporain de Houdon), sujet de sa thèse de doctorat. C’est à cette occasion qu’elle fréquente assidûment la bibliothèque de la Frick Collection. Elle connaissait donc bien le musée quand elle a pris son poste.
La Direction exige toutefois d’autres qualités. «La difficulté pour un directeur, surtout s’il a été conservateur, c’est de ne pas se mêler de la collection justement. Un directeur doit établir les principes et les grandes lignes de l’organisation, choisir les meilleures personnes pour les postes et les laisser travailler». Pour autant, la responsabilité des acquisitions et des donations lui revient. Un tiers de la collection de la Frick a été acquis après la mort du fondateur, en 1919. «Dans son testament, Frick a donné son feu vert à l’enrichissement de sa collection. Seules contraintes: les œuvres devaient être de la même qualité et de la même époque chronologique et géographique» que celles léguées par l’industriel américain. Le champ est large: si Henry Clay Frick commenca par réunir des peintures du 19e français – Corot, École de Barbizon – il rassembla en 40 ans des centaines de tableaux, sculptures, céramiques et porcelaines des 16e au 19e siècles. «Frick a toujours voulu un Poussin ou un Rubens, nous continuons à chercher dans ce sens » s’enthousiasme Anne Poulet.
Les actions dont elle tire le plus de fierté? «J’en retiens cinq», déclare-t-elle après un moment de réflexion. «J’ai entretenu un rapport merveilleux avec le conseil d’administration», ajoutant 11 membres aux 7 existant à son arrivée; elle aida à moderniser la bibliothèque, devenue un centre de recherche très documenté pour les conservateurs mais aussi, «et c’est plus rare», pour les chercheurs et spécialistes de l’histoire des collections; Anne Poulet entama également un ambitieux programme de rénovation: toutes les pièces, exceptée la salle à manger, ont été refaites. Enfin une nouvelle galerie donnant sur la Fifth Avenue, le Portico, a été construite, première création depuis 1977 qui sera inaugurée à la fin de l’année.
Mais la plus grande fierté d’Anne Poulet, c’est certainement la bonne situation financière du musée. Le budget, de $180 millions à son arrivée en 2003, s’élève auourd’hui à $220 millions (chiffres de la Frick Collection) et, ce, malgré la crise économique. «Nous n’avons licencié personne des 220 employés, et avons maintenu toutes nos expositions». Récolter l’argent constitue le plus gros travail des directeurs de musée aux États-Unis. Contrairement au Metropolitan Museum (Met), construit sur un terrain de la ville, la Frick Collection est un musée totalement privé, aucune subvention n’est à espérer, même en cas de coup dur. Les recettes des entrées variant peu (environ 300.000 visiteurs par an), le fundraising est donc primordial. Anne Poulet a créé le Director’s Circle, sorte de club de bienfaiteurs composé de 45 membres «qui donnent $30.000 par an, quoi qu’il arrive». Ces généreux donateurs garantissent ainsi plus d’un million de dollars, annuellement, au musée. « Avec l’effort incroyable de chaque département à réduire ses dépenses pendant 2 ans – moins de voyages pour les recherches, moins de frais de réception -, la Frick a ainsi gardé son personnel durant la crise de 2008-2010», voire a réussi à pérenniser des postes créés par Anne Poulet, comme celui du Conservateur des Arts Décoratifs occupé par la française Charlotte Vignon. Plusieurs acquisitions ont été réalisées également, dont La Danse du temps: 3 nymphes portant une horloge signée Lepaute de 1788, placée sur la cheminée de la Fragonard Room.
Anne Poulet avoue avoir passé la plus grande partie de son temps à cultiver ses relations avec les donateurs et les collectionneurs. Elle a ainsi obtenu l’assurance de l’un de ses amis, Henry Arnhold, de léguer à la Frick 230 œuvres – dont des Porcelaines 18e de Meissen – « qui s’intègreront parfaitement à la collection». Elle pourra donc partir sereinement, avec le sentiment du travail accompli.
Le 3 octobre, son successeur Ian Wardropper, actuel Directeur du département de la Sculpture et des Arts Décoratifs européens du Met, prendra le relais. «Je lui souhaite autant de joie que j’en ai éprouvée ici», murmure Anne Poulet avec émotion en achevant l’entretien. Elle se lève et, avant d’ouvrir la porte de son bureau, se tourne vers le tableau accroché derrière son fauteuil. Dernier regard complice vers le violoniste italien qui, durant 8 années, l’a accompagnée de sa petite mélodie.