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Gay Marshall chante Piaf

Symbole romantique du 20e siècle par excellence, elle fait partie de ce patrimoine culturel français qui fait rêver les Américains. Et Gay Marshall, avec un groupe aux instruments de l’époque, va faire revivre une fois encore Hymne à l’amour, La vie en rose ou encore Non, Je ne regrette rien.
Quand ? Dimanche 5 et 26 juin, de 20h30 à 22h.
Où ? Au Feinstein’s at Loews Regency, 540 Park Av (61th St), New York
Combien ? $39 ou $60
Pour réserver vos places, cliquez ici.

Coin de paradis à trois heures de New York

La foule New Yorkaise vous fait horreur ? Le bruit vous insupporte ? Il vous prend à rêver que la Grosse pomme se décide enfin à dormir ? Il semblerait donc qu’il soit grand temps pour vous de profiter des beaux jours en disant adieu a votre vie citadine le temps d’un week-end.
Au cœur des Berkshire – dans le village de Lenox, MA – l’hôtel Wheatleigh fait figure de havre de paix par excellence. Situé en pleine nature à un peu plus de trois heures de route de New York, une majestueuse vue sur les collines verdoyantes de la région vous accueillera dès les premiers pas dans le hall de cet ancien hôtel particulier. Les dix-neuf chambres sont à l’image du hall où le design moderne répond à la beauté de l’ancienneté des lieux. Divines et spacieuses les suites du Wheatleigh incarnent la maison de campagne dont on rêverait.
Mais si ce qui faisait la magie du Wheatleigh c’était l’exceptionnelle qualité du service? Dès les premiers instants le client n’en est plus un et devient bel et bien un invité : l’accueil – par une équipe made in Europe – est personnalisée et chaque détail rappelle l’attention qu’on porte à l’hôte de passage. Ainsi vous vous verrez entre autres choisir la marque de vos amenities et un IPad 2 vous sera gracieusement prêté si vous aviez choisi de laisser votre ordinateur à la maison.
Très fréquenté pour le ski, la nature préservée de ce coin du Massachussetts offre pourtant des possibilités infinies de ballades pour randonneur à pied ou à cheval où il suffit de faire quelques pas pour perdre toute notion de temps.
A quelques minutes de l’hôtel le Berkshire Horseback Adventures vous proposera selon votre niveau des balades à cheval dépaysantes au cœur du Kennedy Park et de la Lenox Montain. Source d’inspiration pour beaucoup d’écrivains, les Berkshire vous offriront aussi l’occasion de visiter les demeures des figures marquantes de la littérature américaine : Hermann Melville, Edith Wharton ou encore Nathaniel Hawthorne.
La gastronomie justifierait à elle seule le déplacement. Le chef Jeffrey Thompson nous régale de sa cuisine moderne et créative dans les deux restaurants du Wheatleigh : The Dining Room et The Library.
Contact : Wheatleigh Hotel, Hawthorne Road, Lenox, MA 01240
T/ 413-637-0610, F/ 413-637-4507
http://www.wheatleigh.com/index.html
 

2 soirées Star Wars

Tout le monde connait Star Wars. Et sans être spécialement fan des films, on apprécie tout de même les musiques cultes de cette double trilogie. C’est pourquoi l’événement qui a lieu au Hollywood Bowl est impressionnant. Son orchestre interprétera la bande originale la plus connue de l’histoire du cinéma avec effets visuels et 3 extraits de Star Wars pour être totalement dans l’ambiance. Vous pourrez également profiter d’Anthony Daniels pour narrateur, qui n’est autre que la voix du robot C3PO. Ce dernier expliquera aussi la construction des musiques en fonction des situations. Car chaque séquence est un travail de titan réalisé par son auteur John Williams et ses musiciens.
Car si je vous dis « Dark Vador », une chanson vous vient immédiatement en tête. John Williams est un habitué des bandes originales qui restent gravées dans les mémoires : Les dents de la mer, Jurassik Park, La liste de Schindler, E.T, Indiana Jones ou encore Harry Potter. De tous ces films, vous connaissez la musique ou presque.
Quand ? Vendredi 3 et samedi 4 juin 2011, à 20h
Où ? Hollywood Bowl, 2301 N Highland Los Angeles, CA
Combien ? Entre $18 et $167
Pour réserver vos billets, cliquez ici.

LA : ville des Sept Péchés Capitaux

Les différentes pièces ne sont pas poussées à l’extrême et ne tomberont pas dans la caricature… A la fois dramatique et comique, il s’agit plutôt d’un regard poétique et philosophique de ces péchés dans la société d’aujourd’hui. Attendez-vous à vous reconnaître.
Quand ? Vendredi 3 et samedi 4 juin, à 19h30
Où ? Au Théâtre Raymond Kabbaz, 10361 West Pico Blvd. Los Angeles, CA 90064
Combien ? $15. $10 pour les étudiants
Pour plus d’informations, cliquez ici, ou téléphonez au 310 286 0553
Pour réserver vos billets, cliquez ici.

Musique et danse mexicaine

L’UCR Mexican Folkloric Ensemble, Danse of Mexico et le URC Studio for Mexican Music and Danse vous propose d’assister à une performance artistique avec une forte collaboration entre danseurs et musiciens afin de rendre le spectacle toujours plus beau.
Quand ? Jeudi 2 juin, de 20h à 21h30
Où ? University Theatre de l’URC (cliquez ici pour voir le plan précis), à l’Université de Californie Riverside, 900 University Ave. Riverside, CA 92521
Combien ? $10, $8pour les étudiants et seniors, $6 pour les enfants
Pour plus d’informations, appelez au 951 827-3245

Si j'avais un marteau…

Installé depuis 18 ans à Santa Barbara, Laurent Colasse est l’exemple même du parcours réussi. Ancien laveur de voitures et serveur occasionnel pour un traiteur français, l’intéressé est aujourd’hui à la tête de sa propre société, «Nov8», fondée en 1998. Composée d’une petite équipe de 5 personnes, l’entreprise est leader mondial dans son domaine, à savoir la commercialisation d’un outil de survie automobile innovant, baptisé «ResQMe». Présenté sous la forme d’un porte-clés, il se compose d’une pointe en acier qui, en cas d’accident, vient briser les vitres du véhicule, ainsi que d’une lame inoxydable qui permet de couper nette une ceinture bloquée.
«J’ai eu cette idée fin 2001», explique ce Nantais d’origine. «A l’époque je travaillais pour la société néerlandaise Lifehammer, proposant des marteaux de secours, dont j’étais le distributeur sous licence aux Etats Unis. J’ai commencé à développer mon projet de porte-clés et je leur ai soumis l’idée, car je pensais qu’il était fondamental de faire une version réduite et pratique de cet outil de sauvetage. Mais Lifehammer n’y a pas cru.»
Déçu, Laurent Colasse range donc son projet dans un tiroir, jusqu’à ce qu’une société japonaise n’entre en contact avec lui au cours de l’année 2003 : «Cette entreprise m’a demandé si nous proposions un petit modèle de notre marteau, car elle voulait l’offrir à ses employés, suite au décès de trois salariés dont la voiture était tombée dans une rivière. Je leur ai parlé de mon projet, mais tout en leur indiquant que je ne pouvais leur fournir.»
Le Nantais voit donc s’éloigner ce client potentiel, mais découvre quelques mois plus tard, sur un salon professionnel, qu’une société de l’Indiana a développé le produit. «Il s’agissait d’une entreprise de fabrication de lances à incendie qui avait été contactée par le client japonais à qui j’avais parlé de l’idée.» Si Laurent Colasse comprend qu’il a été «court-circuité», il n’en prend toutefois pas ombrage, mais souligne tout de même au fabricant qu’il est à l’origine du concept.
Bien lui en prend, puisque le développeur du porte-clés, Bob Steingass, et l’entreprise de l’Indiana, n’entendent pas en assurer la commercialisation. «Ils ont apprécié nos échanges et ont reconnu qu’il s’agissait de mon idée. Nous avons donc conclu un accord. J’ai obtenu l’exclusivité mondiale sur le produit, mais en échange je devais les garder comme sous-traitants exclusifs et payer le dépôt des brevets.»
Les débuts ne sont toutefois pas faciles. Les difficultés, liées à la concurrence chinoise, mettent en péril son entreprise au cours de l’année 2004. Même s’il doit fermer les bureaux qu’il venait d’ouvrir en Floride, Laurent Colasse s’accroche. Son produit obtient ensuite plusieurs prix dans les salons mondiaux et commence à intéresser des clients prestigieux : «Les chaînes de magasins d’outillage et d’auto aux Etats Unis et au Canada ont passé des commandes de plus en plus importantes. J’ai même décroché un contrat en direct avec l’US Navy.»
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, début 2010 tous les brevets du ResQMe ont été transférés à son nom. Et 7 ans après le lancement de ce porte-clés révolutionnaire, «Nov8» écoule 350 000 unités du porte-clés chaque année à travers le monde (2 millions depuis le lancement), principalement en Amérique du Nord et dans les pays scandinaves : «C’est une solution de sécurité qui a du sens. Je ne comprends pas pourquoi les constructeurs automobiles n’ont pas encore pensé à en équiper les voitures. En effet, aux Etats Unis, 500 personnes meurent chaque année, prisonnières de leur véhicule.»
Le Nantais envisage même d’interpeller les législateurs américains sur cette solution de sécurité : «Il ne faut pas attendre un drame pour réagir. Ce porte-clés est une assurance-vie. Il aura du sens lorsqu’il sera obligatoire. Le but de ResQMe est d’aider la communauté. C’est ce qui me plaît dans cette aventure : être au service de la vie et de la protection des gens.»
Un discours qui séduit déjà le gouvernement, comme en témoigne l’intérêt de l’ambassadeur des Etats Unis aux Pays Bas. «En septembre prochain, il me remettra officiellement un certificat pour récompenser la qualité d’un produit réalisé par une entreprise américaine. Il s’agit d’une opportunité et d’une promotion commerciale, mais aussi d’une avancée pour la sécurité.»
En attendant cette cérémonie, le Nantais poursuit le développement de «Nov8» qu’il vient de doter de nouveaux locaux de 260 m2 au cœur de Santa Barbara. Et outre ResQMe, Laurent Colasse continue de vendre le traditionnel marteau de sécurité Lifehammer, ce qui lui permet d’afficher un chiffre d’affaires de 2,5 millions dollars par an.

Stéphane Cugnier

Théâtre court pour long plaisir

Le Summer Short Festival dure un mois et vous montrera toutes les facettes du théâtre sans vous ennuyer. Pas de longues tirades ou de temps mort, le rythme sera de rigueur pour divertir le public au maximum. Vous assisterez à des pièces très diverses, pour découvrir le plus de genre et de talents différents.
Quand ? Du 2 au 26 juin et du 30 juin au 3 juillet
Où ? The Adrienne Arsht Center (du 2 au 26 juin), 1444 Biscayne Boulevard, Miami, FL 33132-1430
The Broward Center (du 30 juin au 3 juillet), 201 SW 5th Ave, Fort Lauderdale, Florida
Combien ? $45
Pour plus d’informations et réserver vos places, cliquez ici.

Courez (ou marchez) pour Haïti

Enfilez vos baskets et préparez-vous à courir ou à marcher, selon votre envie, pour les amputées d’Haïti. L’important est d’être présent pour montrer son soutien et son engagement. Ensuite, un festival (Power of Unity) est organisé, réunissant  une multitude d’artistes.
Les coureurs seront les plus courageux car le départ est à 7h30 du matin. Pour les marcheurs, le départ est à 11h. Le Power of Unity Festival permettra ensuite à toute la famille de profiter du week-end dans un cadre joyeux tout en réalisant une bonne action. Les dons serviront à venir en aide aux invalides dû au tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Quand ? Samedi 4 juin, de 7h à 18h
Où ? North Miami Athletic Stadium, 2155 NE 151 St., North Miami, FL, 33162
Combien? $25
Pour plus d’informations, téléphonez au 305 3038835 ou cliquez ici.
Pour vous enregistrer, cliquez ici.

Duo classique pour performance artistique

Nadine Serra fait partie des sopranos américaines les plus prometteuses. Avec elle, une nouvelle génération de chanteuses latino entre à l’opéra et le bouleverse pour le meilleur.
Quand ? Samedi 4 juin, à 7h30
Où ? Au Gusman Concert Hall, University of Miami, 1314 Miller Drive, Coral Gables, FL 33124
Combien? $35, $30 pour les seniors, $10 pour les étudiants.

Les Bahamas à la fête

Avec ce festival, Grand Avenue devient les Bahamas. Vous aurez l’impression d’y être. Cet événement est devenu au fil des ans le rendez-vous incontournable de la communauté Bahaméene. De nombreuses activités pour les enfants seront disponibles comme écouter des histoires du pays ou réaliser des costumes typiques. Une parade colorée et énergique vous donnera envie de danser au rythme des tambours, des clochettes et des sifflets tandis que différents commerçants vous proposeront des repas typiques des Caraïbes. Une journée entre culture et joie de vivre !
Quand ? Du jeudi 2 au dimanche 5 juin 2011
Où ? Au Coconut Grove, Grand Avenue, Miami Floride
Combien ? Gratuit
Pour plus d’informations, cliquez ici.

Déferlante de son frenchie à New York

Les Déferlantes, c’est d’abord un festival d’Argeles sur Mer, petite ville méditerranéenne près de la frontière espagnole. Il rassemble durant trois jours de nombreux artistes aux styles très variés : Patrice, ZZ Top, Arcade Fire, Cali, Lily Wood and the Prick, Foals, Zazie, Aza, Two Door Cinema Club et bien d’autres. Mais avec Les déferlantes Export, les organisateurs souhaitent aller plus loin.

Le Festival veut devenir un pont musical entre les USA et la France. La programmation new yorkaise se veut d’ailleurs éclectique car mélange la pop envoutante d’AaRON aux rythmes gitans de Balbino Medellin. The TWO sera également du voyage avec sa fraicheur acoustique.

AaRON est sans doute le groupe le plus connu de ce concert. En tournée depuis la sortie de leur deuxième album (Birds in the Storm) en octobre dernier, le duo rencontre un vif succès et fait salle comble avec des concerts impressionnants et très travaillés visuellement. New York est pour eux une expérience excitante : « Le public est plus anglo-saxons même s’il y aura beaucoup de Français explique Olivier Coursier, le musicien du duo. Nous avions déjà joué à Londres et ça s’était très bien passé ».

The Two est d’abord une rencontre entre deux artistes, l’un magicien l’autre peintre, qui se retrouvent autour de la musique et créent un duo. Leur tournée rencontre son public sans difficulté, David et Ara passent du sud au nord de la France au gré des festivals et ils s’en réjouissent. L’idée d’exporter la musique française est selon eux une bonne démarche et ils apprécient ce festival à l’écoute. L’occasion pour le duo de faire découvrir son style propre en jouant ses compositions ainsi que des nouvelles, une autre palette des artistes.

Balbino Medellin est un chanteur parisien mais fortement influencé par ses origines catalanes. Son style gitan est très différent des autres groupes, et c’est justement ce qui fait la beauté du festival. « En chantant en français, je serai le plus exotique du concert» explique Balbino en riant, assurant ne pas montrer la France des cartes postales, mais plutôt « celle cachée, de la rue ». Il compte jouer plusieurs titres de son prochain album « Evangiles sauvages », aux accents plus rock mais toujours avec un discours et des paroles propre à la culture de la chanson française.

Chacun voit cette opportunité de jouer à New York comme un grand moment. La ville est très symbolique pour eux : terre musicale forte et de naissance de nombreux grands musiciens de la scène pop, rock ou folk américaine. La plupart y sont allés en touriste et ont apprécié la ville. Ara y a vécu 2 ans dans un atelier à Downtown, et si elle connaît très bien la Grosse Pomme, elle pense la redécouvrir: «Avant, j’y étais pour peindre et là ce sera pour la musique donc l’ambiance sera sans doute différente explique-t-elle. J’ai hâte de redécouvrir New York ! ». Pour Balbino, Ce concert sera une première à New York, et il a hâte de se mêler aux cultures de la ville : « Elle a la réputation d’être ouverte, j’aime ça ».

Et tous bien sûr adoreraient réaliser une tournée aux USA. « Forcément, nous voulons faire voyager notre musique, d’autant que nous avons  des influences anglo-saxonnes fortes raconte Olivier Coursier. Donc si on peut, on le fera ». Balbino Medellin, qui chante en français et est pour le coup loin du style anglo-saxon, pourrait bien avoir du succès aux USA au vu de la forte communauté hispanique. Il le sait et se ferait un plaisir d’y jouer en chantant espagnol, ce qu’il a déjà fait en tournant en Amérique Centrale. Pour The Two, ce concert peut être également l’endroit pour réaliser des rencontres : « il y aura certainement des gens importants dans le public et comme nous ne sommes pas attaché aux frontières, nous voulons nous ouvrir à toutes les opportunités » explique David.

Quand ? Le lundi 6 juin 2011, à 19h.

Où ? Le Poisson Rouge, 158 Bleecker Street, New York, NY 10012-1408

Combien ? Gratuit

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Cyrille Aimée: la passion du jazz

Quand je l’ai retrouvée pour l’interviewer au Café Café sur Greene Street, je n’avais pas beaucoup de temps. Ce ne sera pas long, me suis-je dit: elle est jeune, elle n’aura pas grand chose à raconter. Je me trompais. Cyrille Aimée a de la passion et des histoires à revendre. Et je serais bien restée à les écouter toute la nuit, plus longtemps encore si elle s’était mise à chanter… Si vous voulez l’entendre, vous avez cette semaine une rare opportunité: elle chantera avec le guitariste Diego Figueiredo, qui vient spécialement du Brésil pour l’occasion, au Dizzy’s Club de Lincoln Center, du 31 mai au 4 juin à 23h. Et si vous la manquez, vous pourrez vous rattraper à l’automne, mais sans Diego: Cyrille Aimée chante le samedi soir au Cupping Room de Soho.
Cyrille-Aimée Daudel, née en 1984, a grandi à Samois-sur-Seine, dans une maison juste en face de celle où avait vécu Django Reinhardt et où il était mort en 1954, trente ans avant sa naissance. Son père, un businessman français, et sa mère dominicaine se sont rencontrés à Saint-Domingue d’où sa mère est originaire, quand celle-ci avait dix-huit ans. À deux semaines Cyrille est partie au Cameroun, où son père a été en poste pendant trois ans. Après le Cameroun, New York, où son père travaillait pour Hermès dans le marketing. C’est là qu’est née sa soeur. La famille est retournée en France en 1990, avec un intermède de deux ans à Larchmont en 94. En dépit de tous ces déplacements, Cyrille-Aimée n’a pas une hésitation: le lieu dont elle garde la nostalgie la plus forte, son chez-elle, c’est Samois-sur Seine, vrai village typique à une heure de Paris. Typique, mais aussi singulier: chaque été il y avait à Samois-sur-Seine un festival Django Reinhardt attirant les manouches de toute l’Europe, qui venaient rendre hommage au grand musicien. Le festival avait lieu sur une petite île en face de chez Cyrille. Il y avait de la musique partout, dans le village et dans les champs. Les manouches parlaient à l’adolescente, ils admiraient son beau vélo rouge, ils montaient dessus à cinq. Elle était fascinée par leur manière de vivre, leur musique, leur liberté, leur naturel que l’école n’avait pas formatté. Elle a commencé à les suivre et à les filmer. Elle s’est mise à parler manouche avec eux. Les gens du village ont averti ses parents: “Attention, votre fille traîne avec les manouches!” Ses parents lui ont interdit de sortir avec eux. Elle a fait le mur. Elle a appris à lire et à écrire à son meilleur pote, Lumpi. Il lui a appris à jouer de la guitare. Elle remplissait les feuilles de sécurité sociale des manouches; elle passait ses nuits à jouer de la guitare autour du feu avec eux. Les voisins l’ont dénoncée, et elle s’est rebellée contre ses parents: “Vous n’avez pas le droit de m’en empêcher!” Ils ont eu l’intelligence de comprendre que c’était la musique qui l’attirait, et ils ont fait confiance à leur fille.
Un jour le grand-père de Lumpi lui a demandé de déchiffrer les paroles en anglais d’un enregistrement de Django et de le leur chanter. Une révélation: elle a adoré chanter. Après elle n’a plus cessé.
Bonne élève, elle a obtenu son bac avec mention Bien, mais elle était différente de ses condisciples: la seule à écouter du jazz. Elle a pris des cours de guitare avec le guitariste manouche Romane, qui lui a demandé de chanter en classe. Elle a enregistré deux titres avec lui. L’été de ses seize ans, elle est montée sur scène au festival Django devant trois-mille personnes avec l’orchestre de Romane. Ses parents étaient là. Ils ont compris: ils sont devenus amis avec les manouches et leur ont ouvert leur maison pour qu’ils puissent prendre des douches. Le petit-fils de Django, David Reinhardt, est devenu l’un de ses meilleurs amis. Après avoir chanté trois morceaux d’un concert à seize ans sur la scène du festival Django, Cyrille a su ce qu’elle voulait faire de sa vie.
Quand ses parents ont déménagé à Singapour avec sa soeur, elle est restée à Paris et s’est inscrite à l’American School of Modern Music. L’été de ses dix-huit ans, après des vacances dans sa famille maternelle à Saint-Domingue où elle a rencontré un pianiste de jazz avec qui, juste avant de prendre son avion pour Paris, elle a enregistré dix titres en une heure, elle a posé sa candidature à la Star Academy, pour rire. Elle a enregistré une vidéo avec une amie et s’est bien amusée. Au terme de plusieurs semaines d’auditions, elle est retenue comme une des seize qui vont entrer dans le château. Seize, sur cent-cinquante mille au départ. Elle se retrouve sur la pochette de Télé7jours, elle film le clip d’entrée, et TF1 lui présente le contrat de téléréalité: il ne reste plus qu’à signer.
Cyrille-Aimée se rappelle précisément le moment qui a décidé de sa vie: elle se trouvait au Caveau des Oubliettes à Paris, en train de filmer un clip avec une équipe de TF1. Les musiciens de jazz qui mangeaient un morceau avant leur numéro qui commencerait plus tard la regardaient d’un air sceptique s’agiter sur la scène et chanter de la musique pop. Elle a soudain pensé qu’elle avait envie d’être avec eux, de chanter avec eux, et pas de se retrouver dans une émission de téléréalité ni liée à TF1 pour dix ans. Le lendemain matin, elle s’est enfuie. Sans rien dire à personne, elle a pris l’avion pour Saint-Domingue et s’est réfugiée chez le pianiste de jazz qu’elle avait rencontré pendant ses vacances. TF1 l’a cherchée partout et a même tracé des appels de son père pour la retrouver. Ils voulaient lui envoyer un avion militaire. Ils l’ont suppliée. Mais elle n’avait aucun doute.
À Saint-Domingue, les choses ne se sont pas si bien passées. Le pianiste chez qui elle s’était réfugiée, père de trois filles de son âge, ne voulait ni la laisser sortir le soir, ni l’autoriser à chanter avec un jeune pianiste qu’elle souhaitait aider. Cyrille a bravé l’interdit et s’est retrouvée à la porte. Elle a été recueillie par une tante, et s’est mise à chanter avec le jeune pianiste. Au bout d’un mois elle gagnait sa vie sans problème: elle était appelée partout et donnait sept concerts par semaine. Elle était la meilleure. Elle se sentait bien à Saint-Domingue, mais un peu seule aussi. C’était trop facile. Au bout d’un moment l’ennui l’a gagnée. Elle a pensé à New York.
Elle a été acceptée avec une bourse à l’école de musique de SUNY Purchase, et a découvert les classiques du jazz qu’elle ignorait, Miles Davis, John Coltrane, ainsi que les instruments que les manouches ne jouaient pas: la trompette, la contrebasse… Elle était la seule fille de la classe et la seule chanteuse. Elle avait vingt-et-un ans. Pendant l’été elle a emmené cinq de ses copains musiciens, Américains qui n’avaient jamais quitté leur pays, dans une grande tournée des festivals de jazz en Europe. Ils dormaient dehors et jouaient dans la rue. À l’Umbria Jazz Festival de Perugia, ils ont eu tant de succès lors de la jam session que le patron du restaurant les a invités à venir jouer tous les soirs en les nourrissant et en les logeant dans une chambre où il y avait un seul lit que les cinq garçons laissaient à leur princesse, Cyrille.
L’été suivant, ils sont tous retournés en Europe, et Cyrille a quitté son groupe quelques jours pour aller participer à la compétition de jazz vocal à Montreux, où elle a obtenu le premier prix et le prix du public. Elle y a gagné de l’argent, et l’enregistrement d’un disque, son premier album, tourné au printemps suivant dans un magnifique chalet suisse où elle a emmené ses cinq copains: Cyrille Aimée and the Surreal Band. David Reinhardt est venu de Paris enregistrer deux ou trois morceaux. C’est à Montreux qu’elle a également rencontré le guitariste brésilien Diego Figueireda.
De retour à New York, elle a obtenu de chanter tous les samedis soirs au Cupping Room, un restaurant de Soho, sur West Broadway et Broome. À l’école, elle a appris à utiliser la Loop Peda, petite machine où elle enregistrait sa voix et la superposait. Sur Myspace elle a été contactée par le groupe électro-swing Caravan Palace avec qui elle est partie en tournée dans quinze pays pendant l’été et a chanté dans des festivals devant dix mille personnes. Le guitariste brésilien rencontré à Montreux l’a contactée, également sur Myspace, et l’a invitée à Sao Paolo pour enregistrer un CD, Smile. De retour à New York, elle fait la promotion du CD et obtient une semaine au fameux Dizzy’s Club de Lincoln Center. Un producteur japonais les entend et, dix jours plus tard, fait revenir Diego du Brésil pour enregistrer un nouveau disque avec Cyrille, Juste the Two fo Us.
Elle avait fini l’école, elle habitait Brooklyn avec ses six potes dans un appartement où ils étaient serrés comme des sardines. En 2010 elle a posé sa candidature à la compétition Thélonius Monk à Washington DC. Les juges étaient des noms célèbres du jazz, Al Jarreau, Deedee Bridgewater, Diane Reeves, Kurt Elling, Patty Austin… Cyrille a  passé les deux premières sélections et a été retenue parmi les trois finalistes. À sa déception–elle s’était habituée à gagner!–elle a obtenu le troisième prix et l’explique en disant que le jury ne favorisait pas l’improvisation, qui fait sa force. Mais elle s’est consolée: l’important, c’était d’être une des finalistes. En septembre 2010 elle a enregistré son quatrième CD, Cyrille Aimée + Friends Live at Smalls, avec Roy Hargrove, un trompettiste connu.
Cyrille Aimée fait de plus en plus de concerts hors de New York. Elle est invitée à chanter à Chicago, Detroit, Cleveland, San Francisco. En juillet elle sera à Montreal et chantera avec le Cirque du Soleil. Depuis un mois elle a un agent–l’agent du groupe Hot Club of Detroit.
New York, pour elle, c’est la musique. À peine entre-t-elle dans un club qu’un nouveau musicien lui cloue le bec. Il n’y a pas d’autre endroit au monde où sa présence serait plus cohérente. Pour l’instant. Car Cyrille sait aussi qu’elle retournera en France le jour où elle aura un bébé. Elle ne veut pas que son enfant grandisse à New York, mais dans un village comme Samois, dans les arbres, dans la forêt de Fontainebleau, avec la liberté qui est celle des manouches. Ce sera un chagrin de quitter New York et la musique, mais elle sait déjà qu’elle sera mère à cent pour cent et vivra pour le bébé. Une telle énergie, une telle passion émanent d’elle qu’on la croit. Ce n’est pas pour demain. Elle n’a que vingt-sept ans, et se donne encore au moins dix ans à New York.