Au printemps dernier, à la Maison Française de NYU où je vais souvent écouter des écrivains de passage et où se produisait exceptionnellement une chanteuse française vivant à New York, j’ai passé un moment de grâce nostalgique. Le spectacle de Nicole Renaud, Couleurs, allie la poésie de Prévert aux mélodies des vieilles chansons françaises et aux accents d’une voix que The New Yorker et The New York Times ont tous deux qualifiée d’”éthérée” et qui m’a rappelé Barbara. Elle le présente cette semaine au Theater Lab près de Union Square.
Troisième de quatre enfants, fille d’un ingénieur et d’une professeur de lettres qui ont senti le besoin de s’expatrier à la fin des années 60, Nicole, née en 1967, garde de son enfance algérienne au bord de la mer dans la ville d’Annaba un souvenir solaire. En 1975 sa famille rentre en France et s’installe à Jouy en Josas, une banlieue verte, puis déménage en 78 à Évreux, en Normandie. De ses années d’adolescence dans une province à l’esprit étriqué date son désir de partir. À Los Angeles où ses parents l’envoient dans un échange l’été de ses seize ans, elle découvre une légèreté, une liberté contrastant avec la lourdeur et le pessimisme français qui coupent les ailes du désir. En France on pense à l’avenir. En Californie on étudie ce qui fait plaisir. Bonne élève, elle passe son bac C en 1984 et, malgré son goût pour le théâtre, cède à la pression parentale: elle s’inscrit dans une fac de gestion, Dauphine, où des études à mi-temps lui permettent de suivre aussi des cours de théâtre.
Pendant plusieurs années elle s’assied sur les bancs du Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, qui a formé la voix de chanteurs comme Françoise Hardy et Alain Souchon. Très timide, Nicole écoute les gens chanter. Quand elle commence elle-même à chanter des reprises– Jane Birkin, Brigitte Bardot–Mireille décrète qu’elle a peu de voix mais du caractère. Nicole Renaud prend des cours de chant d’opéra au Centre du Marais et persévère.
En 1989 elle débarque à New York grâce à une bourse d’échange entre Dauphine et Baruch College. Elle partage un studio sur la septième rue et l’avenue A dans East Village, dont elle appris en arrivant que c’était le quartier où il fallait vivre. À l’époque East Village est peuplé de drogués, mais aussi de musiciens. Il y a une vraie vie de quartier. Nicole y partage de nombreux appartements avant de trouver en 1995 l’appartement rent-controlled où elle habite encore aujourd’hui.
Après un retour à Paris et un stage de fin d’études dans une boîte de production de disques, elle repart à New York à l’été 91, sans plan précis, sachant seulement que la gestion n’est pas pour elle. Elle y reste. Elle étudie le chant avec une cantatrice québeccoise qui croit en elle, suit des cours de yoga Jivamukti quatre fois par semaine et, pour survivre, travaille comme serveuse trois soirs par semaine dans un restaurant suisse de la septième rue. C’est une vraie vie d’East Village, dans un New York défoncé où l’on peut s’en sortir avec peu de moyens. Un accordéoniste qui joue avec un groupe le dimanche au Roettele AG découvre que Nicole chante et lui propose de les accompagner. Elle apprend le vieux répertoire: Jane Birkin, Edith Piaf, Charles Trénet, Barbara… Un Français qui dîne un soir au restaurant l’entend chanter et l’embauche bientôt comme serveuse et chanteuse dans le restaurant qu’il vient d’ouvrir sur Saint-Mark Place, Jules. Chez Jules, elle rencontre un excellent accordéoniste russe avec qui elle s’associe. À force d’entendre des accordéonistes, hommes et femmes, elle se dit qu’il serait bien d’être indépendante. Un ami financier qui loge souvent chez elle à New York veut la remercier en lui offrant un piano. Nicole répond: un accordéon.
En 1998 elle part au Japon avec deux amis qui ont obtenu un travail pour un trio et qui lui demandent de se joindre à eux alors qu’elle ne sait pas encore jouer de l’accordéon! Elle apprend vite. Au retour du Japon, elle décide d’arrêter de travailler comme serveuse. Depuis cette époque, elle fait de la musique à temps plein. Elle chante pour des mariages avec des groupes de jazz, pour des soirées, dans des cafés, des restaurants: Luncheonette, Ciel Rouge, le Bar Russe, le café “Pick me up.”
En 2000, elle commence à sentir la nostalgie de l’Europe. Elle part en Italie et joue au Carnaval de Venise et à Milan avant de se faire embaucher au Capri Palace où elle joue maintenant chaque été. Elle commence aussi à travailler pour une émission expérimentale sur Arte, Die Nacht/La nuit, et en 2006, joue pour “Ça me dit l’après-midi,” une émission de France-Culture en direct d’un café parisien. Frédéric Mitterrand lui offre un emploi à plein temps dans son émission mais elle refuse: elle veut rester libre de créer ce qu’elle désire.
Car entre temps, elle a commencé à écrire ses propres chansons. En 2003, inspirée par une histoire d’amour, elle compose la musique de quatre chansons à partir de poèmes du baron Fersen qui habitait à Capri une magnifique villa, et enregistre son premier CD. En 2004 elle donne un concert à Joe’s Pub pour le lancement de l’album. En 2008 elle écrit les poèmes sur les couleurs, et compose la musique avec l’aide du pianiste allemand Uli Geissendoerfer. Plusieurs de ses chansons, dont Le Gris, sont retenues par le cinéaste Bill Plympton pour ses dessins animés long métrage. Elle développe l’idée d’un spectacle multimédia qu’elle joue au Liban, en Algérie, en Suède, à Paris. Elle le travaille en 2010 avec Jacques Perdigues, directeur artistique parisien qui lui suggère de projeter sur sa robe les couleurs des poèmes et les mots du texte. Son rêve est celui d’un spectacle à la fois beau, conceptuel et vivant.
“Les gens ont un rêve, ils le poursuivent quoi qu’il arrive, et il se trouve toujours un fou pour les aider à le réaliser: pour moi, c’est New York,” dit Nicole Renaud, qui se demande quand même s’il s’agit toujours du New York d’aujourd’hui. Mais celle que Il Mattino a nommée “une soprano à la voix d’ange” poursuit son rêve avec confiance, grâce et bonne humeur, au rythme de rencontres de hasard qui rendent possible ce qui semblait impossible. Au moment où elle rêvait d’un accordéon transparent avec des lumières dedans, trop cher à faire fabriquer, elle a rencontré un artiste qui le lui a fait faire en lui demandant simplement, en échange, de jouer dans une installation qu’il réalisait. C’est avec cet instrument unique, le lincordian, qu’elle joue son spectacle Couleurs/A love story through colors.
Elle prévoit déjà une future rencontre avec Elsa Chimanti, une Napolitaine écrivant en français qui vivait à Tanger au début du siècle dernier, et qui inspirera à Nicole son prochain projet.
Theater Lab. 137 14th Street.
Du 3 au 5 février. $15. Réservations ici.
La grâce nostalgique de Nicole Renaud
Le "Elle" américain devient… américain
Arnaud Lagardère est décidément un excellent vendeur: le prix auquel il cède les titres internationaux de son groupe de presse dépasse les estimations de la plupart des analystes. Une performance qu’il avait déjà réalisée avec d’autres cessions de l’empire qui ne ressemble plus guère à celui que créa son père Jean-Luc. Pour 651 millions d’euros (886 millions de dollars), l’éditeur américain Hearst (Cosmopolitan, Marie-Claire aus US, Bazaar, Esquire, etc) prend le contrôle de tous les magazines publiés à l’étranger par Lagardère. L’édition américaine de Elle (mais aussi les autres éditions internationales du magazine féminin) quitte donc le pavillon français.
Au total, Hearst (troisième éditeur de magazine aux Etats-Unis, derrière Time Inc et Condé Nast) récolte 102 titres publiés dans 15 pays par Lagardère qui ne garde que les magazines français (Elle, Paris Match, etc). Plus généralement, le groupe français souhaite se désengager de la presse et se concentrer sur le numérique ou encore les activités de gestion de droits sportifs.
Au Etats-Unis, outre Elle (et Elle Decor), Woman’s day (près de 4 millions d’exemplaires aux Etats-Unis), le magazine de cinéma Premiere ou encore Car and Driver et Cycle World rejoignent Hearst. La vente n’est pas une surprise. Elle était annoncée, et préparée par Lagardère. Aux Etats-Unis notamment, le groupe s’était lancé dans une cure d’amigrissement destinée à rendre la mariée plus belle: fermeture de titres, coupe claire dans les effectifs, déménagement du siège new-yorkais… Ce travail effectué, le français Alain Lemarchand nommé en 2008 à la tête de la filiale américaine avait rejoint le siège parisien en septembre dernier, laissant la place à un vétéran des magazines américain, Steve Parr.
Si aucune annonce n’a encore été faite par Hearst, on s’attend, dans les bureaux d’Hachette US à des plans d’économie. Mais, souligne un employé qui souhaite rester anonyme en cette période sensible, “Hearst semble vraiment convaincu de l’avenir des magazines écrits, ce qui est rassurant”. Le patron de Hearst, Frank Bennack Jr ne dit pas autre chose dans l’interview qu’il a accordée au Wall Street Journal: “nous sommes dans ce business pour aussi loin que l’oeil puisse voir”.
En raison de l’approbation nécessaire d’organes de régulation dans certains pays, la vente ne sera pas effective avant le deuxième moitié de 2011.
City Bakery Hot Chocolate Festival, édition 2011
Cette année encore, le Hot Chocolate Festival de City Bakery, qui ravit les amateurs de saveurs cacaotées depuis 1990, est fidèle au rendez-vous !
Et en 2011, l’institution de la 18e, soupconnée de concocter la meilleure boisson cacaotée de Manhattan, innove avec de nouvelles créations…
Caramel, gingembre, banane, tropical, cannelle ou même bière et whisky, vous aurez droit à une saveur différente chaque jour (ou presque) !
3 West 18th Street
New York, NY 10011
(212) 366-1414
Cliquez sur l’image pour voir le programme
Marions-nous, l'apocalypse est proche
Le New York Times découvre l’existence (déjà traitée abondamment par la presse internationale depuis décembre) de ce petit village en plein cœur des Corbières : Bugarach, dont l’illustration choisie par le journaliste rappelle ironiquement les premières scènes du film Borat (voir photo). On en vient très vite à se demander qu’est-ce qui « dans l’une des régions les plus pauvres et les moins peuplées de France » attire l’intérêt de ce géant de la presse américaine… Ni plus, ni moins qu’une histoire de sanctuaire sacré qui protégerait de l’apocalypse annoncée pour le 21 décembre 2012. Jonglant entre ironie et gravité, l’article fait une description précise du village languedocien en mettant l’accent sur les activités paranormales et les légendes urbaines qui circulent dans la région.
Ce « Roswell » français prend de l’épaisseur avec l’évocation par le Times des phénomènes étranges dont témoignent les habitants du village: «il leur arrive de voir des défilés de personnes, les bras croisés en forme de X, l’ascension du pic avec des figurines de la Vierge Marie dans leurs mains.» A force de vouloir trouver traces d’ésotérisme –ce lieu aurait inspiré Steven Spielberg et Dan Brown – les journalistes du New York Times semblent quelque peu ignorer les origines de Bugarach, une des étapes du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, (un des plus pratiqué en Europe) et plus anciennement une terre d’histoire chère à la région, puisque c’est le haut lieu du Catharisme.
La décision prise par le conseil constitutionnel en ce qui concerne le mariage homosexuel remue la presse américaine. Le New York Times énonce les faits sans rentrer dans la polémique « Le Conseil constitutionnel a confirmé la législation, vendredi, qui concerne l’interdiction du mariage des couples de même sexe. »
A l’inverse le journaliste de Bloomberg n’hésite pas à s’insérer dans le cœur du débat en distinguant dès le départ, la situation de la France par rapport aux autres pays Européens. « La décision met la France à contre-courant d’un groupe de pays européens – Belgique, Espagne, Portugal, Suède, Islande et Norvège – qui ont introduit le mariage gay depuis que les Pays-Bas ont effectué la première étape en 2001. »
Mieux encore, en période de préparation électorale, Bloomberg prend clairement parti pour la gauche française et reprend à plusieurs reprises les déclarations de Jean-Marc Ayrault, chef des députés socialistes au Parlement: « Le parti du président Nicolas Sarkozy, est opposé au mariage gay (…)La société évolue plus vite que l’UMP.”
Les exploits des handballeurs font ricaner USA today: « la France a FINALEMENT de quoi se réjouir après que leur équipe de handball soit devenue la première équipe nationale à remporter quatre titres consécutifs ».
C’est de notoriété publique, la dernière coupe du monde de football fut un « fiasco » et le journaliste n’hésite pas à rappeler les conséquences des actes inconsidérés des joueurs de l’équipe de France. Une tonalité qui ne désamplifie pas tout au long de l’article et qui prive les véritables gagnants du sports français actuels d’un article de fond sur leur réussite, ces” joueurs de handball qui ont remporté le championnat du monde, dimanche, avec une victoire 37-35 sur le Danemark .”
Personne ne dira le contraire, en France, comme aux Etats-Unis il est grand temps de tourner la page du mondial 2010…
La philosophie des salles obscures
Si les penseurs ne nient pas l’intérêt philosophique du cinéma, ils considèrent encore souvent les films comme de simples illustrations d’idées déjà préexistantes. Des philosophes français du XXe siècle, comme Gilles Deleuze, Jacques Rancière ou Alain Badiou, ont cependant utilisé le cinema pour inventer et mettre en pratique de nouvelles idées.
Les universitaires Elie During et Patrice Maniglier examineront les idées de ces philosophes révolutionnaire et exploreront les enjeux qu’elles soulèvent : comment le cinéma nous fait reconsidérer l’essence même du temps du passe ? Comment cet art appréhende la relation entre le passé et le présent ? La conférence tentera notamment de répondre à ces questions.
Où ? East Gallery, Buell Hall – Maison Française de Columbia, 515 West 116th Street, New York, NY 10027 ; Tél : 212-854-4482
Quand ? Mercredi 2 Février de 18 à 20h
Combien ? Gratuit
Sylvie Weil raconte «l’esprit Weil»
Sylvie Weil n’est pas seulement la fille de l’illustre mathématicien André Weil (1906-1996) et la nièce de la philosophe Simone Weil (1909-1943). Elle est écrivain. Elle a publié des nouvelles, des romans (le Jardin de Dima, les Vendanges de Rachi), des ouvrages pour la jeunesse, et enseigné la littérature française dans des universités américaines. Née aux Etats-Unis, elle a grandi à Paris, et reçu son premier prix, au concours général, à 17 ans, des mains du général de Gaulle.
Sylvie Weil présentera, le mercredi 10 février à l’Alliance française, son dernier ouvrage At Home with André and Simone Weil, portrait croisé de deux personnalités exceptionnelles qui ont joué un rôle déterminant dans l’histoire des idées au XXème siècle.
Sylvie Weil parle de son dernier ouvrage « At Home with André and Simone Weil »
Quand : Mercredi 10 février, à 19h
Où : French Institute / Le Skyroom, 22 East 60th Street, New York, NY 10022
Tarif : $10 pour les membres de la FIAF (French Institute Alliance Française) / $15 pour les non membres.
Réservez vos tickets ici, par téléphone (1 800 982 2787) ou sur le site de la Fiaf.
Conférence en anglais.
At Home With André and Simone Weil (Northwestern University Press, octobre 2010), 192 pages, 18,36 €
Trois soirées à la Maison Française de NYU
Mardi 1er Février à 19h
« Long cours & pieds de mouche »- Eugène Nicole
Professeur de français à NYU et spécialiste de poésie contemporaine et de Proust, Eugène Nicole est l’auteur de L’Oeuvre des mers, qui comprend cinq ouvrages. La première partie a été publiée en 1988, et les deux dernières, Un adieu au long cours et A coups de pied-de-mouche, dont l’écrivain lira des extraits mardi, sont parues en 2011
Mercredi 2 Février à 19h
« Being French: The Four Pillars of a Nationality » – Patrick Weil
Dans le cadre du colloque de l’Institute of French Studies, l’historien et chercheur au CNRS Patrick Weil reviendra sur le débat controversé de l’identité nationale française. Il s’appuiera notamment sur son essai sorti en janvier 2011, Etre français: les quatre piliers de la nationalité (photo).
Jeudi 3 Février à 19h
« An Errant Eye: Poetry and Topography in Early Modern France » – Tom Conley
Professeur à Harvard, Tom Conley est auteur de Cartographic Cinema; The Self-Made Map et plus récemment de An Errant Eye. C’est cet ouvrage, consacré au développement de la topographie sous l’Ancien Régime (notamment à travers la littérature, la poésie et la cartographie), qui fera l’objet de sa conférence.
La Maison Française – New York University
16 Washington Mews, New York, NY 10003
212 – 998 – 8750
"Le parallèle entre la vieille Europe et la jeune Amérique est un enseignement quotidien"
Vous voilà honorée par le Lycée Français de New York. Pourquoi vous ont-ils choisie?
Stephan Haimo [président du board du Lycée] fait partie de l’association de développement de Sciences Po, que je préside aux Etats-Unis. Il m’a fait l’amitié de me demander de parler quelques minutes lors du dîner. Christine Lagarde m’avait précédée. Je n’avais aucune raison de ne pas accepter même si je connais mal le Lycée Français de New York car j’ai fait toutes mes études en France. Je pense qu’il voudrait entendre le point de vue d’une Française, journaliste, sur la vie américaine, la façon dont je vois la société américaine en y vivant. Je ne connaissais l’Amérique qu’en y venant de temps en temps.
En quoi votre regard a-t-il changé depuis que vous y vivez?
Ce qu’on voit outre-Altlantique du fonctionnement de la vie publique, politique et de la presse américaine n’est pas toujours exact. Je pense notamment aux pouvoirs relatifs entre le Président et le Congrès. C’est quelque chose que théoriquement, on sait difficile. A l’usage, nous voyons que c’est plus que cela : un équilibre permanent à la fois intéressant pour la démocratie et en même temps difficile pour gouverner.
Vous êtes toujours accro à l’actualité ?
Je suis journaliste dans l’âme et on ne se refait pas. Je lis les journaux français et américains tous les jours. Je suis l’actualité au plus près et j’en traite dans mon blog: la visite d’Hu Jintao à Washington, le discours sur l’Etat de l’Union… J’avais envie de créer ce blog pour des Francais intéressés par ce qui se passe aux Etats-Unis. Je l’avais commencé pendant la campagne présidentielle que j’ai suivie avec passion. Je trouve que le parallèle entre la vieille Europe et la jeune Amérique est un enseignement quotidien.
Vous contribuez à d’autres médias ?
J’ai suivi la campagne présidentielle pour Canal Plus et Le Journal du Dimanche où je donnais les impressions d’une expatriée. Plus maintenant. Il m’est difficile d’avoir des contributions très régulières car je voyage beaucoup avec mon mari à travers la planète. C’est pour cela que j’ai fait ce blog : pour rester en contact avec l’actualité et avec les gens. Par ailleurs, j’ai des travaux d’écriture personnels : un livre en chantier qui est un peu personnel et un livre en projet. Il correspond à ce que je suis, les rapports entre la politique et la presse, aux Etats-Unis et en France. J’y réfléchis en ce moment, je n’en suis pas à l’écriture.
En quoi votre regard sur la politique française a-t-il changé?
Je ne m’exprime pas là-dessus.
Barack Obama a-t-il encore une marge de manœuvre ?
Il subit les effets de la crise, du temps qui passe, de la déception forcément de l’action politique, de l’obligation de négocier avec le Congrès et de compromettre. Je trouve l’atmosphère violente politiquement; sans parler de la tuerie de l’Arizona de l’autre jour; la première décision des républicains est d’abroger la loi sur le système de santé… La popularité de Barack Obama a baissé mais il avait encore en novembre 47% d’opinion favorable, ce qui aurait fait rêver beaucoup de monde. Aujourd’hui, en ce mois de janvier, il est à 50%. Il ne se débrouille pas si mal ! Il n’a pas vraiment d’adversaire, d’autant que les républicains sont divisés notamment à cause du Tea Party. Je pense qu’il a toutes ses chances pour la prochaine échéance. J’ai été très impressionnée par ce président. Je forme des vœux pour qu’il puisse inscrire son action dans la durée.
En quoi l’atmosphère a-t-elle changé à Washington depuis son arrivée?
J’ai vu le soulagement. Washington vote à 92% pour les démocrates et il y a certainement un magnétisme qui se dégage de ce couple. Bien que les choses quotidiennes reprennent le dessus, l’atmosphère est plus légère.
Vous les avez rencontrés ?
Je les ai rencontrés de manière officielle lors du G20 qui a eu lieu à Londres il y a un an et demi mais n’ayant pas de fonction de journaliste réelle, je n’ai pas de demande d’interviews à formuler. En plus, pour connaître des anciens confrères correspondants français, je sais bien la difficulté de décrocher une interview pour une presse française qui intéresse peu ici.
Quel est votre rapport à New York ?
Je suis née à New York et je suis retournée en France à deux ans. Je suis revenue très régulièrement car mes grands-parents y vivaient. J’adore New York. Pour moi, la ville est synonyme de fête. Enfant, j’y venais au moment de Noel passer 15 jours. Pour une enfant dans les années 1960, c’était enchanteur : les pères Noel devant Saks, la neige à Central Park… J’ai gardé cette image très enchanteresse. En vieillissant, j’aime bien venir trois jours à New York et j’adore retrouver Washington, qui est plus paisible et plus vivable quand on n’a plus vingt ans. Nous avons six enfants à nous deux et quatre sur six ont fait leurs études de troisième cycle à New York. Etre étudiant à New York ou à Columbia est une chance inouïe. Je les envie.
Le blog d’Anne Sinclair: Deux ou trois choses vues d’Amérique
Un spectacle à faire soi-même
Vous aimez les comédies avec beaucoup d’acteurs, le nouveau spectacle en anglais du New Theatre à Coral Gables est original en ce sens que plus personne n’ose monter un spectacle avec 35 protagonistes sans risquer la faillite de son théâtre.
Comment Ricky Martinez le talentueux metteur en scène a réussi ce tour de force dans ces temps difficiles : la réponse dans « High Dive » la pièce de Leslie Ayvazian.
L’histoire est simple à suivre : Une femme raconte ses vacances catastrophiques à travers le monde, les situations rocambolesques dans lesquelles elle s’est trouvée, aidée par les 34 comédiens qui lui donnent la réplique. Mais, où cela devient très original c’est que c’est vous-même qui allez interpréter un des 34 rôles. Ne vous inquiétez pas, si nous n’avez pas envie, vous n’y serez pas obligé.
Le spectacle commence a 20h, mais si vous arrivez a 19h30, vous aurez la chance d’être choisi au « casting » et vous transformerez en père, mère, belle mère, touriste, ami(e) ou ennemi(e) de l’héroïne magnifiquement interprétée par Barbara Sloan. Muni de votre page de script et de votre numéro d’acteur, au fur et à mesure de l’action, un tableau vous indique que votre tour arrive. Pas de panique, vous n’aurez pas plus que quelques lignes à échanger avec l’actrice. Il y a même des rôles pour nous francophones: je fus choisi pour être un Belge dans une rencontre en haute montagne.
Ce qui est surprenant, c’est que ca marche, peut-être parce que nous sommes en Amérique ou parce que un acteur dort en chacun de nous.
Même si vous n’avez pas un scenario sur vos genoux vous allez passer une soirée originale. Ne manquez donc pas cette occasion.
Où? New Theatre, 4120 Laguna Street. Coral Gables, Florida 33146. Tel 305 443-5909; www.new-theatre.org.
Quand? Jusqu’au 13 février 2011.
Bien sur soi et chez soi
Du jeudi 27 janvier au mercredi 2 février, la marque l’Effrontée fait sa braderie avant de se déplacer dans son nouveau magasin. Elle offre notamment des réductions sur les articles dédiés à son espace pop-up: accessoires géniaux soldés, y compris les bottes Camilla Skovgaard pour 215 $ (prix de base 520 $); lunettes de soleil « Linda Farrow » réduites de 495 $ à 200 $, et les merveilleuses boucles d’oreilles Iosselliani passent de 220 $ à 87 $. Où ? 181 Mott Street, entre Broome et Kenmare Sts (917-826-1105) leffrontee.com
La maison D. Porthault Posh ferme ses portes et affiche des soldes records avec 80% de réductions sur certains articles du magasin… Sur l’ensemble de la literie Queen, les prix passent de 1.600 $ à 960 $. Les fameuses serviettes Matisse, de 360 $ à 216 $. De plus de linge de maison sera réduit de moitié prix (de 350 $ – 550 $). Où ? 470, avenue du Parc à St 58e (212-688-1660) dporthaultparis.com. Lun-mer, ven, sam 10 heures-18 heures. Du jeudi 27 janvier au 5 février.
Daryl K Dublin designer de la marque haut de gamme Daryl Kerrigan propose des vêtements pour femmes avec des réductions allant jusqu’à 60 %. Les vestes en tricot affichent des réductions de 295 $ à 149 $. Les corsets de soie sont aussi soldés de 288 $ à 188 $. Enfin, les robes asymétriques seront accessibles à 285 $ (au lieu de 335 $). Où ? Entre St Bowery et Lafayette St (212-529-8790, darylk.com Quand ? Lun-mer, ven, sam 11 heures-19 heures; dim midi-18 heures. Du vendredi 28 janvier au 3 février.
French Connection, le label streetwear britannique casse ses prix ! Nous ne pouvons plus attendre pour nous approvisionner en robes de soirée à la mode, des chandails et des vestes qui font la réputation de la marque. Les gars peuvent s’offrir des hoodies avec des boutons pour 45 $ (à l’origine $ 138), tandis que filles profitent des robes en crêpes, soigneusement taillées de 168 $ à 75 $, et de sublimes les robes en soie, pour 125 $ (au lieu de 288 $). Où? 435 West Broadway à Prince St (212-219-1197) frenchconnection.com. Quand ? De 10 h à 20h du lundi au vendredi, samedi 11 h-20 h et dimanche de 11h à 19 h. Du jeudi 27 au 28 février.
Et aussi…
Le 30 janvier, faites un arrêt à la boutique Fjällräven, spécialiste de vêtements de plein air et profitez de 30 à 50 % de réduction. Où? 262 Saint-Mott, Saint-Prince nr (212-226-7846).
Le 31 janvier, les canapés de BoConcept sont soldés jusqu’à 25 % dans le cadre de la vente d’hiver du magasin. Où ? 69 Saint-Greene, nr. Broome St. (212-966-8188). Du lundi au vendredi de 10h à 19h. Du samedi au dimanche de 12h à 18h.
Le 2 février, les vêtements pour hommes et femmes et des chaussures des marques VPL, Lorick, Timo Weiland, sont soldés de 30 à 50 % de réduction. Où? 4186 Saint-Grand, nr. Bedford Avenue, Williamsburg (347-689-9143). Du lundi au samedi de 12h à 20h et le dimanche de 12h à 18h.
Du 7 au 13 février, laissez-vous séduire par la vente en sous-sol avec jusqu’à 70 % de démarque sur les vêtements de grandes marques comme Dries Van Noten, Martin Margiela, et Comme Des Garcons. Où? 94 rue Grand, nr. Mercer St. (212-334-4964); Du mardi au samedi de 11h à 19h. Dimanche: 12h à 18h30.
Du 2 au 28 février , arrêtez vous chez BookBook et profitez de -20 % pour tout achat dans le cadre de la vente anniversaire du magasin. Où? 266, rue Bleecker, nr. Cornelia St. (212-807-0180). Du lundi au jeudi de 11h à 22h. Du vendredi au samedi de 11hà 23h et le dimanche de 11h à 22h
Kaboom, le délire apocalyptique de Gregg Araki
Si son nom ne vous dit surement rien, Gregg Araki est pourtant une icône pour les adeptes du cinéma indépendant américain, et ce depuis déjà plusieurs années. Sa désormais culte Teenage Apocalypse Trilogy (Totally F***ed Up, The Doom Generation, Nowhere) ou encore les plus récents Mysterious Skin et Smiley Face lui ont valu une réputation de provocateur assumé.
Premier pas vers une reconnaissance grand public, Kaboom, son dernier long métrage, faisait partie de la sélection officielle à Cannes l’année dernière. Figure du cinéma gay, Araki y a remporté la première Queer Palm de l’histoire du Festival. Un « honneur », auquel il ne s’attendait pas, mais qu’il accepte volontiers, surtout si cela peut permettre à son oeuvre de sortir de la confidentialité.
Un campus californien, un casting de jeunes acteurs prometteurs (dont la française Roxane Mesquida), une bonne dose de surnaturel et une pointe d’érotisme, c’est la recette de ce film iconoclaste mêlant science-fiction, horreur et comédie. En l’espace d’une nuit, tout va basculer pour Smith, le héros, et ses acolytes, tous aussi déjantés les uns que les autres. Victime d’un complot, cet ado en quête de son identité va se retrouver embarqué dans un délire paranoïaque mêlant rêve et réalité, et dont personne ne sortira indemne.
Avec son esthétique colorée et ses dialogues absurdes et incisifs, le monde de Kaboom s’affirme comme une échappatoire à notre réalité trop conformiste. Dans cet univers fantasmé de toute pièce par le réalisateur, la sexualité, plus que suggérée, « y est présenté comme une force positive, sans conséquence, grâce auquel les protagonistes apprennent énormément sur eux-mêmes ». Critique sociale acerbe ou utopie fantasque ? Araki ne tient pas à donner d’interprétation de son oeuvre, car comme il l’a appris en école de cinéma, il tient à chaque spectateur de voir ce qu’il veut y voir…
Et si pour les connaisseurs Kaboom rappelle indéniablement les premiers films d’Araki, ce n’est pas un hasard. C’est le pape de la provoc John Waters qui a soufflé à son ami l’idée de ce retour aux sources. Un résultat dans le plus pur style Araki, mais moins sombre, plus léger et surtout plus mature artistiquement que ses travaux précédents.
Un film « old school » qui enchantera les fans de la première heure, mais aussi les non-initiés. Plus accessible que le reste de la filmographie d’Araki, Kaboom s’avère idéal pour se familiariser à ce réalisateur incontournable du cinéma contemporain.
IFC Center, 323 Avenue of the Americas, New York, NY
Plus d’informations sur les horaires ici
Grégoire Chamayou et la chasse à l’homme
L’idéologie de la chasse à l’homme, c’est tout l’objet du dernier ouvrage Les Chasses à l’homme, du philosophe français Grégoire Chamayou, qui en offre une lecture inédite mardi prochain, au Union Docs.
Chasse aux esclaves fugitifs, aux Peaux-Rouges, aux peaux noires, chasse aux pauvres, aux exilés, aux apatrides, aux juifs, aux sans-papiers : l’histoire des chasses à l’homme est une grille de lecture de la longue histoire de la violence des dominants. Ces chasses ne se résument pas à des techniques de traque et de capture : elles nécessitent de tracer des lignes de démarcation parmi les êtres humains pour savoir qui est chassable et qui ne l’est pas. Si la chasse à l’homme remonte à la nuit des temps, c’est avec l’expansion du capitalisme qu’elle s’étend et se rationalise, raconte Grégoire Chamayou dans son livre.
Agrégé de philosophie et chercheur à l’Institut Max-Planck à Berlin, il a récemment publié Les Corps vils – Expérimenter les êtres humains aux XVIIIe et XIXe siècles (La Découverte), et s’occupe de la maison d’édition Zones, centrée sur la contre-culture, l’activisme et ses nouvelles formes de contestation.
Grégoire Chamayou débattra de l’histoire de la domination, avec la lecture de certains passages de son livre, des clips de films, des courts métrages. Un débat aura lieu avec la conceptrice de jeux vidéos Katie Salen, qui a notamment enseigné au MIT (Massachussetts Institute of Technology), et avec le réalisateur et conservateur de musée Jamie Hook.
Grégoire Chamayou : Hunter vs Hunted
Cette rencontre est organisée dans le cadre de l’événement « Walls and Bridges : Transatlantic Insights, Season 1 ».
Quand : Mardi 1er février, à 19h
Où : Union Docs– 322 Union Avenue, Brooklyn, NY 11211
Tarif : $9
Les Chasses à l’homme (La Fabrique éditions), 247 pages, 13 €