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Tunisiens de NY: le rêve du retour au pays

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«Trabelsi voleurs ! Trabelsi, c’est fini ! » Un homme s’époumone à l’angle de la 1e Avenue et de la 47e rue, devant l’immeuble des Nations Unies. Une petite foule de Tunisiens reprend joyeusement les slogans contre la belle-famille du président Ben Ali dont les membres se sont accaparés le pays pendant vingt-trois ans. Les mots sont restés en travers leur gorge pendant trop longtemps pour résister à l’envie de les crier. Tunisiens expatriés à New York, ils sont banquiers, ingénieurs ou étudiants et ont fui un pays placé en coupe réglée par un clan vorace.
Moez Hababou, gestionnaire de risque chez Barclay, a choisi le Canada, puis les Etats-Unis, parce que la Tunisie de Ben Ali ne lui offrait rien. « J’aurais voulu monter ma propre entreprise, mais c’était prendre le risque de se la voir confisquer par un membre de la famille Trabelsi », explique-t-il, persuadé que désormais les investisseurs échaudés par ce « racket financier » vont revenir en Tunisie.
«Pour ouvrir un business, la règle était simple : il fallait en donner la moitié au clan du président », renchérit Hajer Hyari, une jeune architecte. Comme elle, de nombreux cadres et diplômés sont venus grossir les rangs de la diaspora tunisienne à l’étranger. La chute de ce régime suffocant où l’accès au réseau Internet était filtré et la presse sévèrement contrôlée ouvre la voie du retour. « L’idée commence à me titiller. Je me dis que je pourrais construire quelque chose. Ce n’est plus un rêve », témoigne Sofiène Khadhar, trésorier dans une banque française de New York. « Ces cinq dernières années, la corruption était devenue obscène, ajoute-t-il. Tous les jours, je me réveille et vais immédiatement sur FaceBook pour vérifier que c’est vraiment arrivé. Franchement, j’ai encore du mal à y croire. »
Aziz Haj Romdhane vient tout juste de terminer ses études d’ingénieur, en France. New York devait marquer le début de sa carrière. Les événements lui donnent maintenant de sérieuses raisons de songer à rentre en Tunisie. « Toutes mes perspectives d’avenir sont bouleversées. La famille du président contrôlait 50% de l’économie tunisienne et toutes ces entreprises vont revenir à l’Etat pour être progressivement privatisées. Il y aura beaucoup à faire », prédit le jeune homme. A ses côtés, Alia Farrah, diplômée en management international, reprend fièrement l’hymne national tunisien entonné par la foule. « Jusqu’ici, rentrer en Tunisie me semblait inenvisageable, mais maintenant cela fait partie des possibilités. Cela nous donne un espoir fou ! », se réjouit la jeune femme, impatiente, dit-elle « de parler librement de politique dans un café de Tunis sans avoir à baisser la voix ». Quelques manifestants jettent des portraits de Ben Ali sur le sol avant de les piétiner rageusement. « Il nous a marché dessus pendant des décennies, sourit Alia. On peut bien lui marcher sur la tête maintenant. »
(Photo: Sur Union Square).

Ces artistes inspirés par le Brooklyn Bridge

En parallèle de l’exposition “Glorious Sky: Herbert Katzman’s New York”, présentée dans ses locaux jusqu’au 21 Février, le Museum of the City of New York organise une conférence sur le Brooklyn Bridge… et l’art.

Inauguré en 1883, considéré à l’époque comme la huitième Merveille du Monde et désormais un symbole de la ville, le Pont a en effet souvent inspiré les artistes, notamment new-yorkais.

Bascove, peintre et auteur de “Stone and Steel: Paintings & Writings Celebrating the Bridges of New York City” (David R. Godine, 1998) et Jonathan Smith, photographe récompensé par le Design Trust for Public Space pour son “Bridge Project” (voir photo), seront présents mercredi pour parler de cette muse bien particulière.

Richard Haw, auteur de “Art of the Brooklyn Bridge: A Visual History” (2008) mènera la discussion, tandis que Sean Corcoran, conservateur de la section photographie du musée, présentera des images issues de ses archives.
Où ? Museum of the City of New York · 1220 Fifth Avenue, NY, NY 10029 · 212.534.1672
Quand ? Mercredi 26 Janvier à 18h30
Combien ? $12, $8 pour les seniors et les étudiants, $6.00 pour les membres. $2 de supplément le jour même.
En vente sur le site du musée
Pour plus d’infos : 917-492-3395

Des ponts et des cerveaux

L’Amérique ignore à peu près tout des penseurs français d’aujourd’hui, mais elle ne demande qu’à connaître. C’est en tout cas le pari des rencontres “Walls and Bridges”. L’initiative -et l’argent- vient du Conseil de la Création Artistique (organisme créé en 2009 par Nicolas Sarkozy et présidé par le producteur Marin Karmitz), qui a missionné une organisation lyonnaise, la Villa Gillet, pour ce faire.
Depuis 20 ans, la Villa Gillet est devenue une institution culturelle lyonnaise, capable d’attirer 1000 personnes venues entendre parler littérature contemporaine ou philosophie. Avec Walls and Bridges, son directeur, Guy Walter, entend “intensifier les rapports franco-américains dans les sciences sociales”. Le projet est ambitieux: “il ne s’agit pas de faire de la diplomatie culturelle “plate”, explique Guy Walter, c’est-à-dire simplement amener des intellectuels français ici, mais de créer des réseaux”. Il s’est donc associé avec une multitude d’institutions culturelles new-yorkaises, à commencer par la New York Public Library. Il a trouvé là un francophile acharné, Paul Holdengraber, le directeur des programmes publics de la prestigieuse bibliothèque. “Walls and Bridges” s’ouvre donc à la NYPL, les 27 et 28 janvier, par une série de débats publics entre chercheurs français et américains sur des thèmes comme “Etat et Surveillance, peur et contrôle”, ou “L’industrie du bonheur”. (Voir le programme en anglais ci-dessous)
Au total, pendant cette première série du 27 janvier au 4 février, une centaine de cerveaux vont se rencontrer, pour échanger et débattre, dans des contextes parfois inhabituels, comme la “Foire aux idées”, le dimanche 30 janvier. En plein marché aux puces de Brooklyn, écrivains, historiens, anthropologues, viendront discuter cheveux… Manière de prouver que “des sujets mineurs, s’ils sont traités correctement, peuvent ouvrir vers un large nombre de discplines”. Le public pourra avoir de courtes conversations singulières avec chacun des six intellectuels installés dans des stands au milieu des vendeurs de bric-à-brac…
Excentriques ou plus orthodoxes, ces échanges culturels ne doivent, assurent Guy Walter, avoir rien de franco-américain. “Ce ne sont pas les questions transatlantiques qui nous intéressent, mais les questions globales, traitées par des chercheurs  ou intellectuels des deux côtés de l’Atlantique”. Le seul but, dit-il “est de créer des dispositifs, de faire en sorte que les gens se parlent. La vie des idées, c’est celle de gens!”
Après cette première série de rencontres, du 27 janvier au 4 février, une autre aura lieu du 12 avril au 21 avril, traitant principalement des droits et de la liberté. La troisième et dernière, dont le programme reste à déterminer, aura lieu à l’automne 2011, du 20 au 30 octobre.
Le programme:
-Jeudi 27 janvier: NYPL, 7pm:  Art/Truth/Lies: The Perils and Pleasures of deception (avec: D. Graham Burnett (USA) / Pierre Cassou-Noguès (FR) / Jean-PierreDupuy (FR) / Carrie Lambert-Beatty (USA) / Glenn D. Lowry (USA).
-Vendredi 28 janvier, NYPL, 6 pm:  The magical side oF Celebrity (Cécile Guilbert (FR) / Laura Kipnis (USA) / Wayne Koestenbaum (USA).
8Pm:  Three Faiths in The Form of a Fugue (Salman Ahmad (Pakistan) / Reza Aslan (Iran) / Fabrice Hadjadj (FR) / Shirin Neshat (Iran) / Damien Poisblaud (FR) / Alicia Jo Rabins (USA).
-Samedi 29 janvier, NYPL: 2:30pm The end oF Privacy: The State and surveillance (Didier Bigo (FR) / Mireille Delmas-Marty (FR) / Jeffrey Rosen (USA).
5pm:  The new faces of  the enemy (Scott Atran (USA) / Grégoire Chamayou (FR) / Ariel Colonomos (FR) / Philip Gourevitch (USA).
7:30pm and the pursuit of happiness (Barbara Cassin (FR) / Maira Kalman (USA) / Daniel Handler (USA) / Sophie Wahnich (FR).
-Dimanche 30 janvier: Greenlight Bookstore, 1Pm:  From fiction To philosophy. (Pierre Cassou-Noguès (FR) / Rick Moody (USA) / Avital Ronell (USA) / Benjamen Walker (USA)
Brooklyn Flea:  2 To 6pm: Fair For knowledge: hair (Laurel Braitman (USA) / Barbara Cassin (FR) / Cécile Guilbert (FR) / Justin E. H. Smith (USA) / John Strausbaugh (USA) / Sophie Wahnich (FR).
-Lundi 31 janvier: Aperture fundation, 6:30pm: Picturing the self: a Philosopher discusses a photographer’s work (Pierre Cassou-Noguès (FR) / Jen Davis (USA).
Joe’s Pub, 9pm: Going pubic : embodying a persona (Cécile Guilbert (FR) / Cynthia Hopkins (USA) / Sarah Jones (USA).
Mardi 1er février: UnionDocs, 7pm:  Hunter Vs hunted: a philosopher discusses short media pieces (Grégoire Chamayou (FR).
Mercredi 2 février: The New School, 7pm:  Catastrophe practice (Jean-Pierre Dupuy (FR) / Jonathan Lear (USA) / Michel Lussault (FR) / Josh Neufeld (USA).
Jeudi 3 février, French Institute Alliance Francaise,  7:30pm: starting from here: every place tells a story. (Reif Larsen (USA) / Michel Lussault (FR) / Peter Turchi (USA) / Philippe Vasset (FR).
Vendredi 4 février: The New School, 6:30pm: The shapes of space—The shears of time: Why does philosophy need art to become truly experimental? (Elie During (FR) / Patrice Maniglier (FR) / McKenzie Wark (USA).
(Voir le programme complet et les adresses ici).

Le retour de Clo-Clo

Les Bee Gees, Jackson 5, Donna Summer… La prochaine soirée de l’Afterworks ravira à coup sûr tous les nostalgiques des 70’s.

Une coupe de Champagne sera offerte aux 40 premières invitées. De 19h à minuit, la coupe de Champagne est à seulement $12.

Et à 20h, ne manquez pas la performance live de “Cloclo” et ses trois Clodettes !

Où ? Nikki Midtown, 151 East 50th Street, New york 10022

Quand ? Jeudi 3 Février à partir de 19h

Combien ? Gratuit

Vous pouvez confirmer votre présence sur l’évènement Facebook dédié

Pourquoi les mères françaises sont supérieures…

Je me souviens parfaitement du jour où j’ai compris qu’en tant que Française, j’étais une mère différente. C’était peu de temps après notre arrivée à New York, au supermarché de notre très bobo quartier de Park Slope à Brooklyn. Le caddy plein, je m’approche des caisses où sont disposés, à nez d’enfant, bonbons et barres chocolatées. Sans surprise, mon fils aîné, alors âgé de 4 ans, me réclame une sucrerie. Suite à mon refus, il se met à hurler et s’écroule à terre. Ses cris s’éternisant, je finis, exaspérée, par lâcher, haut et fort, un franc « NON et ça suffit! ».
Soudain, le temps s’est arrêté. Tous les visages se sont tournés vers moi, les critiques indignées ont sifflé, les “poor little boy” ont bourdonné de toute part et, ultime humiliation, la caissière m’a brutalement signifié qu’elle prenait sa pause en apposant, d’un geste ferme, la pancarte “closed” sur son tapis roulant. Je n’oublierai jamais, ni son regard plein de mépris, ni celui de mon fils, mi-supris mi… satisfait.
En 7 ans de vie aux États-Unis, j’ai connu de nombreux moments de solitude comme celui-là. Des drôles et des moins drôles. Toujours avec cette sensation d’être une mère différente car française. Sommes-nous plus sévères? Oui je pense, quant à la conduite à tenir vis à vis des adultes notamment. Sommes-nous plus relaxes? Certainement aussi, quand nous privilégions le savoir-vivre – ce que j’appelle le savoir-profiter français. Sans prétention aucune (le titre provocateur de cet article n’est qu’un clin d’oeil à l’article du Wall Street Journal “Pourquoi les mères chinoises sont supérieures“) et avec une grande tendresse pour toutes les mères américaines, plus diverses que je ne le laisse entendre ici, je vais tenter de décrire “l’éducation à la française” en terre américaine, telle que je la vis au quotidien avec mes 3 enfants âgés de 10, 8 et 4 ans (et avec mon mari, évidemment pleinement impliqué dans l’éducation, comme le sont beaucoup de pères aujourd’hui. Ils ne sont exclus de cet article que par commodité d’écriture, et par imitation du principe adopté par Amy Chua qui a lancé la polémique).
Peerenting” vs “parenting
A la manière d’Amy Chua, l’auteure du livre controversé “The Battle Hymn of the Tiger Mother” et de l’article du Wall Street Journal qui a tout déclenché, voici la liste de ce que mes enfants n’ont pas le droit de faire:
-manquer de respect,
-sortir de table au bout de 5 minutes,
-lors d’un playdate chez les voisins, ouvrir le réfrigérateur sans y être invité sous prétexte d’avoir faim,
-sauter sur le lit des parents (surtout sur celui des voisins),
-se plaindre de l’abondance des devoirs et contredire son professeur, sauf quand il a tort,
-penser que gagner et perdre, c’est pareil, et, du coup, réclamer une récompense quand on a perdu.
Mon amie Liz, mère américaine de 4 enfants, trouve les petits Français plus polis et plus calmes car, analyse-t-elle, ils savent vivre très tôt avec les adultes. On leur apprend, dès leur plus jeune âge, à s’asseoir et à bien se tenir à la table des grands, à se servir d’une fourchette et d’un couteau. J’ai rarement vu un jeune américain attablé plus de 5 minutes, même à l’adolescence. Un paradoxe dans un pays où le dîner de Thanksgiving est tant respecté. Les repas sont souvent pris sur le pouce, debout, et les enfants, entre 2 snacks, apprennent vite à faire leurs sandwiches. Chez les autres, même chose: plus d’une fois j’ai retrouvé, dans ma cuisine, un petit invité le nez fourré dans un placard ou dans le réfrigérateur, m’expliquant « I am hungryyyy ».
Les enfants français apprennent donc tôt à vivre avec les adultes, mais aussi à reconnaître et respecter les espaces de chacun. Combien d’appartements et de maisons d’amis américains sont transformés en vaste playroom, les jouets traînant partout, du salon à la cuisine en passant par la chambre des parents! J’ai surpris un jour ma petite voisine (8 ans, plus si petite que cela) en train de sauter sur notre lit conjugal. Elle ne s’est même pas arrêtée à mon arrivée.
Poser des limites est difficile pour les mères américaines. Elles reconnaissent ne pas avoir été élevées ainsi mais s’estiment “meilleures” que leurs parents car plus à l’écoute. Heurter la sensibilité de leurs enfants est leur hantise. A toute tentative, elles s’entendent dire «you hurt my feelings!» et le processus de culpabilité est aussitôt enclenché. Elles se perdent en explications, argumentations et négociations. J’admire leur patience! Les mères françaises ont beaucoup moins de scrupules. On a toutes lu Dolto, on discute volontiers mais quand l’heure du “non” a sonné, l’explication de texte est terminée.
Qu’on ne s’y trompe pas: les Américaines sont lucides. Par un jeu de mots phonique, elles dénoncent le “peerenting” (le fait de faire copain-copain avec son enfant) comme substitut du “parenting”. Des séries télévisées comme Parenthood le décrivent avec humour. Il y a une réelle prise de conscience et c’est, je pense, l’une des raisons de l’incroyable ampleur de la polémique suscitée par le livre d’Amy Chua.
“Good job” vs “peut mieux faire”
J’ai toujours aimé le positivisme des Américains, leur façon d’encourager, de valoriser l’effort. Mais les “good try”, “good job” et autre “good work” à tout bout de champ, ça n’a plus de sens. Je fus surprise dernièrement de lire un “You did it! en commentaire d’une note B sur la copie de ma fille (3rd grade, équivalent CE2) ou encore un “excellent” accolé aux 90% du test de mon fils aîné (5th grade, équivalent CM2). Sans perdre une seconde, j’ai expliqué à mes enfants qu’un professeur n’avait pas toujours raison et que seuls A+ et 100% étaient excellents, pas les notes inférieures. Sans hurler pour un A- comme le ferait une mère chinoise, je réserve mes félicitations à l’obtention de la meilleure note. Et dire que je détestais les “peut mieux faire’” sur les bulletins scolaires de mon enfance!
Sur l’ensemble des mères américaines que j’ai eu l’occasion de rencontrer, j’estime à 70% le nombre d’entre-elles qui se sont plaintes de l’abondance des devoirs de leurs enfants. Je n’ai que très rarement entendu une Française en parler. Avoir beaucoup de devoirs nous semble “normal”. Pourtant, les mères américaines sont très préoccupées, voire stressées par les résultats scolaires de leurs enfants et, ce, dès leur entrée en crèche. Un ami new-yorkais, plein d’humour et père attentif de 2 garçons, m’a dit un jour: « avec vous les Français, il faut toujours que les enfants en bavent un peu. Il y a toujours cette idée que, pour y arriver, pour apprendre, il faut souffrir. » Ce doit être notre côté chinois…
Le Dieu Sport
Le sport est, je pense, LE sujet qui marque le fossé culturel entre Français et Américains. Tout le monde le sait, le sport est au coeur de la vie américaine, il est omniprésent, 7 jours sur 7, à l’école comme en dehors. En suburb, il est même déifié: Dieu baseball dans le Connecticut, Dieu Lacrosse à Long Island et dans le New-Jesey. Les mères s’épuisent à conduire leurs enfants aux multiples practices et games. Elles les encouragent d’un “have fun!” mais scrutent de près les résultats. Dans l’esprit “good job”, des médailles sont distribuées même aux perdants. Mais les mères rêvent toutes de la victoire. Elles peuvent en perdre leur sang-froid, fait rarissime chez les Américaines. Une amie de Long Island déplorait s’être fâchée avec la moitié de son quartier après avoir reçu des critiques acerbes sur la façon dont son mari (bénévole) coachait l’équipe de football, ladite équipe venant d’essuyer une défaite. La première fois que j’ai inscrit l’un de mes fils à la ligue de baseball de notre ville, je n’ai pas cru ce que je lisais: des pages entières consacrées au fairplay destinées, non aux enfants, mais aux parents! En avril dernier, je me suis arraché les cheveux à tenter d’organiser les 10 ans de mon aîné, de réunir ses plus proches amis. J’ai dû changer maintes fois la date et l’horaire en raison des différentes activités sportives de chacun. Toutes les mères américaines, avec sincérité, m’ont expliqué combien la présence de leur enfant à tel ou tel match était indispensable: « tu comprends, l’équipe compte sur lui/elle. Sans lui/elle ils risquent de perdre! » C’est là que le savoir-vivre français se distingue, cette touche “à la cool” relevant d’un certain savoir-profiter du bon temps: aucune compatriote n’a décliné l’invitation, car, dans l’esprit français, rien ne vaut un bon verre de vin entre amis pendant que les enfants improvisent… une partie de foot!
Le cas de la fessée
Je ne suis pas une grande adepte de la fessée. J’avoue l’avoir déjà donnée, mais ce fut un fiasco: ça faisait rigoler mon fils aîné. Beaucoup de Françaises expatriées me disent avoir recours à la fessée – en cas extrême. J’en ai même rencontré une qui, une fois la correction donnée, enfermait sa fille dans le placard pour mieux la calmer. Aucune Américaine  ne m’a avoué avoir un jour levé la main sur leur enfant. Sûrement par conviction de l’inutilité de ce genre de punition. Mais un peu aussi par crainte d’éventuelles représailles. Judiciaires j’entends. Je l’ai compris lors de ma 2e visite aux urgences de l’hôpital Methodist de New York.
Notre fils, grand cascadeur devant l’éternel, s’était blessé au menton, à peine 2 semaines après s’être ouvert le front. Rien de méchant – quelques points de suture – mais 2 blessures en 15 jours justifiaient un interrogatoire plus serré qu’à ma première visite. Les questions de l’assistante médicale portaient non seulement sur la manière dont mon fils s’était fait mal, mais aussi sur l’environnement familial et la nature des relations entre mon mari et moi. Le temps que je réponde, une femme s’était approchée de mon fils pour l’interroger à son tour. Il ne s’agissait ni d’un médecin ni d’une nurse mais… d’une avocate! Elle n’a heureusement pas insisté quand je l’ai violemment congédiée.
S’il est absolument nécessaire de protéger les enfants et de dénoncer la maltraitance, il est certain que ce climat de suspicion permanente rend les parents américains paranoïaques. J’ai d’ailleurs pensé à ma mésaventure quand j’ai lu la tribune d’Amy Chua dans le Wall Street Journal. Je me suis demandée si l’auteure ne risquait pas de voir débarquer chez elle les services sociaux.
Je suis loin d’être une mère modèle et mes enfants des exemples de sagesse. Contrairement à Amy Chua, dont la fille jouait au Carnegie Hall à l’âge de 15 ans, mes enfants ne montrent pas (encore!) de prouesse particulière qui serait due à l’éducation que je leur prodigue. Mais il y a définitivement un style d’éducation à la française, qui, je pense, profite à mes enfants, ces petits Frenchies « so polite and well behaved » qu’on invite toujours avec le sourire!

Un monde d'images à l'ICP

Wang Qingsong: When Worlds Collide
Premier musée à acquérir des travaux de Wang Qingsong pour sa collection permanente en 2001, l’ICP inaugure la plus importante exposition américaine jamais consacrée à cet artiste chinois. Un des artistes contemporains les plus novateurs de son pays, Wang Qingsong passe de la peinture à la photographie à la fin des années 90. Basé à Beijing, Wang Qingsong apporte un regard ironique et critique sur son pays et ses excès, ou plutôt sur ce qu’il appelle sa “splendeur superficielle”.
La rétrospective présente trois vidéos et une douzaine de photographies aux couleurs saturées, souvent monumentales (certaines mesurent plus de 6 mètres de long) et shootées en studio, mettant en scène des dizaines de modèles. Dans le collimateur de l’artiste, la consommation de masse à l’occidentale, et sa confrontation récente avec la culture et l’histoire chinoise, à laquelle les travaux font très souvent référence. Partagé entre l’attachement profond à son pays et la consternation face aux excès du XXIe siècle, l’artiste met en lumière les enjeux auxquels fait face la Chine d’aujourd’hui, comme le bouleversement des valeurs ou encore tensions sociales dues aux flux massifs de travailleurs immigrants dans les villes.
Jasper Texas : The Community Photographs of Alonzo Jordan
En 1998, la petite bourgade texane de Jasper est bouleversée par l’assassinat barbare d’un Afro-Américain de quarante-neuf ans, James Byrd Jr. Les médias internationaux qui ont couvert l’évènement ont rarement révélés l’histoire et la complexité de la vie sociale de cette communauté. Peu d’intérêt a notamment été porté à Alonzo Jordan (1903–1984), qui avait notamment réalisé le portrait de Byrd le jour de sa remise de diplôme. Pendant plus de quatre décennies, ce leader local a immortalisé les évènements civiques et autres rituels sociaux (mariages, enterrements, parades, remises de diplômes, cérémonies…) de la communauté Afro-Américaine de Jasper et de sa campagne environnante. Ses photographies, véritable chronique de la vie quotidienne de cette partie du Texas marquée par la ségrégation, révèlent le talent de “photographe communautaire” d’Alonzo Jordan.
Take me to water : Photographs of River Baptisms
Aux Etats-Unis, les
 rituels religieux se déroulent rarement en public. Une exception, la tradition des baptêmes par immersion dans une rivière. « Take me to water » regroupe une quarantaine de cartes postales de ces rites communautaires en plein air qui prolifèrent dans le Sud et le Middle West entre 1880 et 1930. Manifestations publiques de foi pratiquées par des centaines de Protestants et dont étaient témoin les communautés locales, ces baptêmes sont en effet devenus l’objet d’images d’Epinal, surtout durant l’âge d’or de la carte postale – de la fin des années 1890 au début des années 1920. Comme en témoignent les textes rédigés dans leur dos, les cartes postales présentées regroupent cependant des correspondance bien différentes. D’un côté, les photographies originales, qui se destinaient à la famille ou aux amis des membres de la communauté qui avaient participé ou assisté au baptême. De l’autre, les reproductions fabriquées en masse, stéréotypées et sarcastiques, et achetées par les touristes (souvent du Nord des Etats-Unis) qui ne manquaient pas de tourner en ridicule ces pratiques “exotiques” et “primitives”…
The Mexican Suitcase
Enfin, un passage par le premier étage de l’espace avec « The Mexican Suitcase ». Pour la première fois de son histoire, l’ICP prolonge une de ses expositions. Ouverte en Septembre dernier, elle dévoile une centaine de négatifs, fragment d’une collection de pas moins de 4,500 négatifs considérés comme perdus depuis 1939 et retrouvés il y a peu. Dedans, des travaux de Robert Capa, Chim (David Seymour) et Gerda Taro sur la Guerre Civile Espagnole, autant d’oeuvres nouvelles de ces trois photographes cultes du XXe siècle. En immortalisant aussi bien des scènes de batailles que les effets de la guerre sur les civils, ces trois jeunes photographes intrépides et audacieux offrent un panorama détaillé et complet de cette guerre qui a changé le destin de l’histoire européenne. Des coupures de presse de publications internationales, notamment des magazines français Regards et Vu, replacent quant à elle le conflit dans son contexte historique. Républicains engagés dans la cause anti-fasciste qui ont risqué leurs vies pour témoigner du conflit, Capa, Chim, et Taro posent les bases de la photographie de guerre et du photojournalisme, toujours d’actualité au XXIe siècle. Ne manquez pas non plus les portraits de Capa et Taro par Fred Stein, ainsi que ceux jusqu’alors inconnus d’Ernest Hemingway, Federico Garcia Lorca et Dolores Ibarruri (“La Pasionaria”).

International Center of Photography, 1133 Avenue of the Americas (& 43rd Street)

Jusqu’au 8 Mai

Be Chic, Cool and Sexy

Du 24 janvier au 27 janvier venez profiter des remises de la collection d’automne 2010 chez Miguelina’s . La gamme de prix est de 50 $ à 300 $ à l’origine, mais il faut absolument profiter des réductions de 50 $ à 150 $. Les robes sont à partir de 100 $ jusqu’à 300 $. Les jupes à partir de $ 60 jusqu’à $ 150, et les vestes à partir de 80 $ jusqu’à 150 $. Où? St. 336 W. 37e, nr. Huitième Avenue. (212-290-2996). Du lundi au jeudi de 9 h à 17h.
G-Lish. Ce label, lancé par le designer Gabrielle Hoffman. Elle s’inspire des grandes tendances de la mode et de ce qu’elle ressent pour le plus grand plaisir de ses clients. Gabrielle a été  designer pour Valentino, Roberto Cavalli, et Escada… Ajoutez un peu de faste à votre garde-robe en forme de robes fringy, à partir de 250 $ à 130 $; des tops ornés de perles et paillettes, à partir de 150 $ à 70 $, et chandails en cachemire glam pour seulement $ 50 (été 85 $).
Jusqu’au dimanche 30 Janvier Où? 110 W 40th St Entre Broadway et Sixième Avenue, suite 602, Tél: 212-278-8002, g-lish.com
Le style dandy chic est au rendez-vous chez Sean Store : pantalons en velour côtelé, chandail avec ou sans capuches, écharpes en laine, Parka en Nylon…Cette chaîne de bon goût va fait plaisir à nos hommes avec ses 25 % de réduction sur tous les articles. Vestes en laine et en coton sont réduits de 425 $ à 320 $, pantalons sont à 145 $ (au lieu de 195$), les gilets de laine finement coupés sont à partir de 148 $ à 88 $, et les chemises en popeline à carreaux button-down sont réduites à 96 $ (au lieu de $ 128).
Réductions jusqu’au lundi 31 Janvier. Où ? 199, rue Prince Entre MacDougal et Sullivan Sts, Tél: 212-598-5980, seanstore.com.
Kaori’s Closet est une boutique de lingerie du centre-ville  qui vous offre tout charme le du Japon avec des collections glamours et sexys. Vous y trouverez beaucoup de choix avec des marques de renom comme Elle Macpherson, Amulette et Belabumbum.  Profitez jusqu’à 70 % de réduction, comme les soutiens-gorge La Vie à Deux  et leurs bikinis assortis,  à partir de 110 $ à 88 $ et soutiens-gorge Stella McCartney assortis au bikini à 108 $ (au lieu de $ 135).
Jusqu’au lundi 31 Janvier Où? 71 W Houston St Entre West Broadway et Wooster St, Tél: 212-387-7788, kaoriscloset.com


Du 15 au 28 février, le chic français à ne pas rater! Classique, sobre mais toujours dans l’air du temps, la célèbre marque parisienne Comptoir des cotonniers solde ses plus belles collections.
Chandails d’inspiration militaire réduits de 135 $ à 68 $, robes imprimées en mousseline et soie réduites de 225 $ à 158 $, et des trenchs en coton pour 148 $ (au lieu de 295 $).
Où ? 155 Spring Street, entre West Broadway et Wooster St (212-274-0830). Lun-sam 11 heures-20 heures, dim. de midi à 19 heures
• 184 Columbus Ave entre les saints 68e et 69e (212-874-0983). Lun-sam 10 heures-20 heures, dim. de midi à 18 heures. • comptoirdescotonniers.com.
Mais encore…Le 31 janvier :
1) Venez créer votre carte de visite grâce à des réductions allant de 40 à 80%40 Dempsey & Carroll.
Où? 1049, avenue Lexington., nr. 74e Saint; 212-570-4800; M-W (10-6); Th (10-7); F (10-6); S (11-6).
2) Profitez des réductions chez Alexis Bittar : bracelets, bagues, boucles d’oreilles, colliers et sont à moitié-prix .Divers horaires et des lieux.
3) Profitez des 20 à 60 % de réduction  sur tout Charles Nolan lors de la vente d’hiver du magasin. 30 rue Gansevoort, nr. Hudson St. (212-924-4888); M-W (11 heures 30-07h30), Th-S (11:30-8), Su (midi-6).

La campagne d'Upstate New York en photos

Ils sont dix-neuf photographes à s’être inspirés de la campagne typique du nord de l’Etat de New York, pour l’exposition « Upstate Memory », organisée le lundi 24 janvier par le collectif Spacer, créé par trois Français.
L’exposition aura lieu dans la très chic, cozy et sophistiquée Villa Pacri, en plein cœur de Meat Packing District. Elle sera accompagnée d’une projection, au rez-de-chaussée, de « I Love NY », une vidéo montage de publicités des années 1980, avec le partenariat des archives de l’Etat de New York.
On trouvera de nombreux artistes internationaux parmi les artistes exposés, et notamment le Français Laurent Nivalle, directeur artistique, designer et photographe basé à Paris qui a travaillé pendant dix ans pour la société française Citroën.
«  Upstate Memory »
Quand : Lundi 24 janvier, de 19h à minuit.
Où : Villa Pacri – 55 Gansevoort St (entre Greenwich et Washington Street), New York, NY  10014
Tel : 212 – 924 – 5559
Les photos seront vendues sur place et peuvent être achetées sur le site spacerspacer.com.
Programme :
19h : Ouverture des portes
19h à 22h : Open Bar
A 19h30, 21h et 22h : Projection de “ I Love NY ”
De 20h à minuit : Musique avec les DJ Dominique Keegan (Plant Records) et Blacky II (L.I.E.S. INC)

Milan Kundera inspire les artistes

L’écrivain tchèque Milan Kundera, naturalisé français en 1981, inspire les artistes. Sa nouvelle L’insoutenable légèreté de l’être (The Unbbearable Lightness of Being, publiée en 1984), donne lieu à une exposition, présentée à partir de jeudi 20 janvier et pendant près d’un mois à la Galerie Yvon Lambert, à New York et à Paris.
L’exposition regroupe le travail de plusieurs artistes comme Saâdane Afif, Christian Boltanski, Louise Bourgeois, Mircea Cantor et Bertrand Lavier. Ils explorent différents aspects de la condition humaine, comme l’amour, la joie, le désir, la solitude et le désespoir.
Exposition L’insoutenable légèreté de l’être
Quand : Du jeudi 20 janvier au samedi 19 février. Ouvert du mardi au samedi, de 10h à 18h
Où : Galerie Yvon Lambert à New York – 550 West 21st Street, New York / Galerie Yvon Lambert à Paris – 108 rue Vieille -du-Temple, 75003 Paris.

Anka Muhlstein à la Maison Française de NYU [EDIT : DÉCALÉ AU 10 MARS]

Installée à New York depuis 35 ans, Anka Muhlstein est l’auteure de nombreux ouvrages qui mèlent histoire et littérature : Napoléon à Moscou ; A Passion for Freedom: The Life of Astolphe de Custine ; Elisabeth d’Angleterre et Marie Stuart ou les périls du mariage ; et récemment Garçon, un cent d’huitres. Balzac et la table auquel French Morning a consacré un article en Novembre dernier (voir ici).

Elle sera à la Maison Française de NYU la semaine prochaine, où elle tiendra une conférence sur Palamède de Guermantes, baron de Charlus, le très complexe personnage d’À la recherche du temps perdu, et son lien avec l’auteur de l’ouvrage, Marcel Proust, ainsi qu’avec Saint-Simon ou encore Honoré de Balzac.

Où ? La Maison Française of NYU, 16 Washington Mews, New York, NY 10003 ; 212-998-8750
Quand ? JEUDI 10 MARS
Combien ? Gratuit et ouvert au public

Epicerie pour nostalgiques

Cassoulet, choucroute, tapenade, cèpes, piment d’Espelette, crème de marrons de l’Ardèche, pain d’épices, calissons d’Aix, sirop à l’anis ou à l’orgeat, Palmito, chocos BN et autres Ricoré ou Haribos au réglisse… On se croirait dans une épicerie du Sud. Nous sommes pourtant en plein Upper East Side, le quartier chic de Manhattan, au Marché du Sud, ouvert en novembre dernier.
En plus d’une épicerie fine, à l’entrée de l’établissement, un coin boulangerie propose du pain frais, des pains au chocolat, croissants et pains aux raisins, ou des chocolats Suchard et des Carambars. Parfait pour le goûter, « et pour les américains qui aiment la nourriture française et veulent cuisiner chez eux avec des produits qu’ils ne trouvent pas dans le commerce », déclare Adil Fawzi, l’un des trois propriétaires, avec Anthony Raggiri (à gauche sur la photo) et Jon Goldstein. Un régal pour les expatriés en mal de saveurs françaises.
Tout y est : des sets provençaux jusqu’à la gamme complète des « Savons de Marseille », en passant par la fameuse bouillabaisse ($27). Mais leur spécialité, c’est la tarte flambée. Authentique (crème fraiche, petits lardons, oignons et gruyère), aux champignons frais, parmentière, campagnarde et même marocaine, clin d’œil aux origines d’Adil, la tarte flambée ou « french thin bread dough » rencontre un franc succès.
Le Marché du Sud est le premier établissement à proposer une épicerie fine, ainsi qu’un coin boulangerie, charcuterie et fromagerie. Les pâtés, le foie gras et les merguez sont faits maison. La cuisine ouverte donne sur une partie restaurant, et sur un bar à vin. Sans oublier la terrasse chauffée.
Adil Fawzi, trentenaire installé à New York depuis sept ans, partage son temps entre le Marché du Sud et Bistro 61, ouvert en novembre 2004. Il a investi entre 700 000 et 1,5 millions de dollars dans ce nouveau projet. « C’est plus facile de faire du business ici, aux Etats-Unis », affirme l’ancien apprenti du chef étoilé Franck Charpentier. La clé de la réussite ? « Etre tout le temps présent. Car les places sont chères et la roue peut tourner. »
Restaurant Le Marché du Sud
Où : 1136 First Avenue, entre la 62e et la 63e rue.
Tel : 212 – 207 – 4900
Ouvert tous les jours de 7h à 23h.
Livraisons à domicile.
Petit-déjeuner, brunch, déjeuner et dîner.

Aveuglante absence de Thierry Dreyfus

Ce n’est pas qu’il n’aime pas parler, Thierry Dreyfus, mais il n’aime pas expliquer. Et surtout pas expliquer son art. “Quand j’ai fait l’éclairage de Notre Dame à Paris (ndlr: lors des dernières Nuits Blanches en octobre 2010), on n’a pas donné un mot d’explication. il y avait seulement la musique, et 50 000 personnes qui regardaient cette cathédrale complètement dans le noir, tout à coup éclairée de l’intérieur. Ils étaient sur le cul…”
Et impressionner, il aime ça. “Sculpteur de lumière”, connu en France pour avoir allumé le Grand Palais, Versailles ou, donc Notre Dame, Thierry Dreyfus a traversé pour la première fois l’Atlantique pour une création originale présentée à l’Invisible Dog, à Brooklyn. Dans une des parties de l’installation, une pièce construite pour l’occasion, entièrement noire, le spectateur entend un battement de coeur, crescendo, puis la lumière survient qui éclaire un mannequin de résine. La lumière devient si forte qu’elle finit par faire disparaître la sculpture. Gifle visuelle et interrogation du spectateur.
“C’est ça que je cherche: que le type qui regarde ça s’interroge. C’est à lui de chercher, pas à moi de lui dire” dit Dreyfus. La quête se poursuit avec l’installation de miroirs entre lesquels circule le spectateur. Des miroirs artificiellement vieillis dans lesquels on distingue des formes: un fusain de Seurat, un paysage, qui se mêlent à l’image du spectateur. Illusion…
Au sous-sol, la visite se poursuit avec une exposition de photos géantes. Une première pour Dreyfus: “je fais des photos depuis 25 ans, mais je n’expose que maintenant. C’est un long processus…” Dans chaque photo, des fragments de miroirs que l’artiste a placé dans le paysage qu’il allait photographier. Jeux de lumières, encore. Et de nouveau refus d’explication: chaque photo ne porte que ses coordonnées géographiques. “Les gens n’ont qu’à chercher”. Il ne donnera qu’une région (l’Europe de l’Est), mais très vite on comprend quels lieux, chargés de l’horreur de l’histoire, ont été photographiés. “Mais si je le dis , la compréhension change complètement. Passer par les mots, c’est manipuler” assène l’artiste. Qui se marre quand on lui suggère qu’avec sa lumière et ses miroirs il n’a guère besoin de mots pour nous manipuler.

Où ? The Invisible Dog Art Center, 51 Bergen Street, Brooklyn, NY 11201 ; (347) 560-3641

Quand ? Jusqu’au dimanche 20 Février

Combien ? Gratuit et ouvert au public

(PHOTO: Simon Courchel for The Invisible Dog).