Le personnage de fiction français, créé début 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, est centenaire cette année. D’abord littéraire, l’œuvre est adaptée en 1913 au cinéma par Louis Feuillade, le maître du serial français, et devient mondialement célèbre. Pas moins de trente-deux romans et cinq films et été écrits et réalisés sur le personnage.
La société des amis des Fantômas incluait Cocteau, Max Jacob, Picasso, Apollinaire et Colette. Magritte et Juan Gris l’ont peint et Kurt Weill lui a composé une musique.
Pour célébrer les 100 ans du méchant masqué Fantômas, le musée Hammer à Los Angeles, organise ce jeudi 13 janvier à 19h, une projection du film muet Le Mort Qui Tue, de Louis Feuillade (sorti en 1913). C’est le troisième film (sur cinq) de la série « Fantômas ». Fantômas assassine Jacques Doillon, il arrache à son cadavre la peau des mains et s’en fait des gants qui laissent après ses crimes l’empreinte du disparu.
La projection sera suivie d’un débat, puis d’une fête d’anniversaire dans la cour du musée.
Fantômas Centenaire
Quand : Jeudi 13 janvier 2011, à 19h
Où : Hammer Museum – 10899 Wilshire Blvd, Westwood Blvd @ Wilshire, Los Angeles
Gratuit, mais tickets exigés. Vous pouvez vous les procurer au Billy Wilder Theater Box Office, une heure avant le début des festivités. Les tickets sont limités à un par personne.
Possibilité de se garer dans le parking situé sous le musée. $3 après 18h.
Le super-vilain masqué célèbre ses 100 ans
Photo L.A. fête ses 20 ans
“International Los Angeles Photographic Art Exposition” : derrière ce nom se cache Photo L.A., la foire artistiques californienne à laquelle 300 galeries et professionnels de l’art ont participé en l’espace de deux décennies.
Cette année, pour fêter ses vingt ans, pas moins de 70 galeries locales, nationales et internationales se joignent à l’évènement. Pour l’occasion, leurs propriétaires ont fait le déplacement jusqu’à Santa Monica pour présenter et vendre des photos signées par des artistes réputés ou prometteurs.
Vous pourrez acquérir une des ces oeuvres d’art, mais aussi ne rien acheter et simplement admirer les photos exposées, tout en assistant aux conférences tenues par les collectionneurs, artistes et éditeurs présents.
Où ? Santa Monica Civic Auditorium, 1855 Main Street, Santa Monica, CA 90401-3209 ; 310.458.8551
Quand ? Du jeudi 13 au lundi 17 Janvier. Vernissage jeudi 13 de 18h à 21h.
Combien ? $20 le pass 1 jour, $30 le pass 3 jours, $10-$80 pour les conférences et séminaires. En vente ici
Programme complet ici
Auguste Rodin et Camille Claudel, une relation passionnelle
Céline Glon tiendra une conférence consacrée à la relation entre Camille Claudel, soeur de l’académicien Paul Claudel, et Auguste Rodin, de vingt-quatre ans son aîné. Disciple, modèle, assistante et amante de Rodin, Camille Claudel a aussi influencé le sculpteur en tant qu’artiste. Une relation tumultueuse qui n’empêchera pas de faire sombrer la sculptrice dans la folie…
Une Galette des Rois sera servie après la conférence.
Où ? Inn at Woodbridge, 11 Osborn, Irvine, CA 92604
Quand ? Vendredi 21 Janvier de 19h à 21h
Combien ? $5 pour les membres, $10 pour les non-membres. RSVP avant le 19 Janvier au 949 251-1610 ou à [email protected]
Le monde en stéréo de Vanessa Atlan
Un numéro de Rolling Stones, les Beatles en photo, trois guitares sur leur trépied, et un piano : nous sommes à Hollywood, dans le salon de Vanessa Atlan, artiste de profession. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le musicien, c’est son mari. Son dada à elle, c’est la photographie, l’écriture, et le dessin. « J’ai commencé toute jeune, vers 12-13 ans, avec ma grand-mère, peintre», nous explique-t-elle. « Je faisais des dessins, que j’illustrais avec de la poésie. » La photographie, elle l’a découverte peu après, en partie grâce à son père, photographe, et sa mère styliste : « Je suis d’une famille d’artistes », nous dit elle en souriant.
La famille est justement l’un des sujets chers à Vanessa Atlan; cet attachement transparaît en particulier dans « la famiglia », nom donné à l’une des photos de sa toute première exposition, organisée en 2004, à Sète. Originaire de Paris, mais élevée en partie dans le Sud par sa grand-mère d’origine italienne, elle se définit comme une méditerranéenne de cœur : la plage et la mer, la famille omniprésente, l’animation des rues, le linge aux fenêtres, les rires, les engueulades que l’on oublie aussitôt… Ces souvenirs et sensations d’autrefois ont formé l’esthétique de ses premières séries photographiques, et la poussent à voyager, en Espagne et à Naples, en particulier : en 2007, elle publie un livre de photos consacré à la ville italienne et ses habitants.
Plus que tout, Vanessa est fascinée par les histoires et les secrets : dans les rues de Naples ou Paris, son œil est attiré par le mystère, et ses photos capturent des moments de vie et des personnages, réels ou imaginés. Sa série Lucie B., exposée à Barcelone en 2009, met en scène à la façon « roman-photo » le destin tragique d’une héroïne que l’on imagine actrice ou chanteuse de cabaret. Vanessa Atlan habille ses clichés et dessins de titres parfois énigmatiques, et agrémente toujours ses oeuvres d’une touche de poésie.
Arrivée à Los Angeles en 2009, elle continue de parcourir les rues, à la recherche d’histoires à capturer. La musique vient alors prendre une place prépondérante dans son art, comme si Vanessa voulait accompagner ses créations de bandes originales. Armée de son appareil photo Rolleiflex, l’artiste s’invente un univers de pochettes d’albums au style rétro que l’on pourrait croire pop-rock, soul ou électro. Ainsi naît sa série «Wonderland Stereo », nom aussi donné à sa première exposition hollywoodienne, et qui, selon Vanessa, traduit sa vision de l’Amérique et du rêve américain.
Inauguration: 20 janvier de 5:30 pm à 8:30 pm.
Pacific Design Center – 8687 Melrose Ave # G102- Blue Building, Second Floor, West Hollywood, CA 90069.
Plus d’informations sur l’expo Wonderland Stereo.
Plus d’informations sur Vanessa Atlan.
Tout ce que vous ne vouliez pas savoir sur la vie sexuelle des baby boomers
Le personnage central de cette comédie grinçante refuse d’abdiquer et va chercher à tout prix à satisfaire ses besoins sexuels « avant d’arriver à 67 ans » mais comment faire quand on est seule, entourée d’amies compatissantes mais pas du tout coopérantes ?
Elle va donc passer une petite annonce savoureuse dans un journal littéraire local et vous allez alors assister au défilé des prétendants. Inutile de vous dire que si l’approche de Jane Juska (auteur de la pièce) jouée d’une manière époustouflante par Sharon Gless, peut apparaitre un peu crue, les hommes qu’elle va rencontrer ne seront pas aussi glorieux qu’elle l’espère. La scène est divisée en 3 parties, une chambre qui sera la sienne ou une chambre d’hôtel, le café pour les premiers rendez vous, le parc où elle retrouve les fantômes de sa famille. Tous les thèmes seront évoqués, nous ramenant à la solitude de part et d’autre, aux conventions qui veulent empêcher les ainés de s’envoyer en l’air, à nos rapports avec nos parents et nos enfants. Notre héroïne trouvera le bonheur mais pas où elle l’attendait.
Les personnages masculins, campés par 3 magnifiques acteurs de composition, vous laisseront sans voix. Un spectacle à ne pas manquer quelque soit votre âge ou votre sexe. Vous y êtes ou vous y serez, alors allez y sans idées préconçues sur la vie sexuelle des “seniors”…
Gables Stage jusqu’au 30 Janvier. 1200 Anastasia Av, Coral Gables, FL.
Surfez sur la vague de l'art contemporain
Le Museum of Contemporary Art innove : après les 70’s, les 80’s ou encore Casino Royale, sa 15e soirée annuelle a pour thème la culture de la glisse.
Musique live, cocktails, hors d’oeuvres et animations en tout genre le tout dans un décor entre Floride et Pacifique, c’est indéniablement le surf qui est mis à l’honneur par le musée en 2011. Une soirée dansante inratable avec pour but premier, ne l’oublions pas, de rassembler des fonds. Déjà plus de 800 invités sont attendus !
Une vente aux enchères silencieuse proposera entre autres des oeuvres de Raymond Pettibon, Daniel Arsham et Russell Crotty, mais aussi des cours de surf, deux nuits à la Hans Headman Surf School d’Honolulu (Hawaii), trois nuits au Ollie’s Surf Camp de Tamarindo (Costa Rica), des nuits d’hôtels en Inde et en Italie ou encore des pass VIP pour Art Basel Miami Beach. Les enchères ont déjà débutés en ligne sur www.mocanomi.org/cmarket.
Les bénéfices serviront à financer le musée, notamment ses programmes publics et sa fondation dédiée à l’acquisition d’oeuvres.
Où ? Museum of Contemporary Art (MoCA), 770 NE 125th Street, North Miami, FL 33161
Quand ? Samedi 19 Févier de 20h à minuit.
Combien ? $150 avant le 21 Janvier; $175 après. Pack de 10 tickets pour $1250. En vente au 305 893 6211 ou sur le site Internet du musée www.mocanomi.org
Dress Code : Beach Chic.
Et pour les impatients, rendez-vous sur le rooftop du Catalina Hotel & Beach Club (1732 Collins Avenue, Miami Beach) le jeudi 13 Janvier de 20h à 22h pour un avant-goût de la soirée de février.
RSVP au 305 893 6211 ou à [email protected]
Robert Huff présente « Breakdown »
« Breakdown » est la première exposition de l’artiste Robert Huff. Ses sculptures et dessins abstraits seront présentés à la galerie Carole Jazzar, à Miami, à partir du vendredi 14 janvier. Ses travaux ont été inspirés par des voyages dans les Appalaches et dans les régions minières du sud-ouest et de l’ouest de la Virginie, et de l’est du Kentucky.
L’une des oeuvres de Huff, qui illustre cet article, montre l’une des principales batailles environnementales de la Virginie. Les compagnies minières continuent en effet de creuser et de détruire les montagnes, les forêts, les ruisseaux, la faune et la flore.
Robert Huff vit et travaille à Miami depuis les années 1960. Son travail a été exposé dans différentes institutions, comme le Lowe Museum, Ft. Lauderdale Museum of Art, MOCA North Miami et le Bass Museum. Huff a longtemps été professeur à la tête du département d’art du campus Kendall à Miami Dade. Il partage désormais son temps entre Miami, la Floride et le sud-ouest de la Virginie.
« Breakdown », de Robert Huff
Quand : Du vendredi 14 janvier au au jeudi 10 mars 2011.
Où : Galerie Carol Jazzar, 158 NW 91 Street, Miami Florida 33150
Inauguration ce vendredi 14 janvier à la galerie Carol Jazzar, de 19h à 23h.
La galerie est ouverte les samedis et dimanches de 13h à 18h, et sur rendez-vous.
Une journée en famille au Adrienne Arsht Center
Cette année encore, The Adrienne Arsht Center for the Performing Arts présente son festival familial. Musique, danse, ateliers… Les activités offrent l’occasion de passer une journée en famille mais aussi de familiariser petits et grands aux spectacles vivants.
Programme :
Parker and Vann Thomson Plaza for the Arts
11h30 – Samba Academy
12h10 – Brazilian Voices
12h45 – Capoeira Luanda
Knight Concert Hall
2h00 – “Balé Folclórico da Bahia”
Une troupe brésilienne de danseurs, musiciens et chanteurs représentera un spectacle musical et dansant avec entre autres capoeira, samba et danse africaine.
Réservation nécessaire, billets en vente au 305.949.6722 ou sur le site internet.
The Adrienne Arsht Center for the Performing Arts, 1300 Biscayne Boulevard, Miami, Florida 33132
Samedi 15 Janvier 2011
Whoopi Goldberg fait son show
Whoopi Goldberg est l’une des rares artistes à avoir été récompensée par un Oscar, un Tony, un Grammy, un Golden Globe et un Emmy Awards. On se souvient d’elle dans le rôle de la Mère Supérieure dans l’hilarant Sister Act (sorti en 1992), ou en voyante déjantée dans Ghost (sorti en 1990), film pour lequel elle obtiendra un Oscar, devenant la seconde afro-américaine à recevoir la fameuse statuette dorée.
A la même période, elle rejoint l’équipage du capitaine Jean-Luc Picard dans Star Trek : La nouvelle génération. Cette fois c’est seule, au centre Adrienne Arsht à Miami, que les spectateurs pourront venir applaudir la reine du divertissement, lors d’une représentation unique le samedi 15 janvier.
Whoopi Goldberg, de son vrai nom Caryn Elaine Johnson (son nom de scène, Goldberg, lui vient de la branche juive de sa famille), est connue aussi bien pour ses films que pour ses prestations scéniques (ses passages à Broadway sont mémorables). L’actrice de 55 ans possède une étoile sur la Walk of Fame, à Los Angeles, sans pour autant rentrer dans le moule hollywoodien, avec ses dreadlocks imposantes et ses lunettes de soleil noires constamment posées sur son nez.
Whoopi Goldberg
Quand : Samedi 15 janvier 2011, à 20h.
Où : Centre Adrienne Arsht, Sanford et Dolores Zifft Ballet Opera House – 1300 N. Biscayne Blvd, Miami, FL 33132
Tarifs : De $50 à $95
Réservez vos tickets ici ou en appelant le 305 – 949 – 6722.
Carlos M.Luis présente « Ici Ubu »
L’artiste cubain Carlos M. Luis expose « Ici Ubu » à l’Alliance française de Miami du 14 janvier au 7 février 2011. L’exposition rend hommage au précurseur du surréalisme et du théâtre de l’absurde, et auteur d’« Ubu Roi », Alfred Jarry.
Carlos M. Luis quitte son pays en 1962 pour s’installer ensuite à New York, puis à Miami, où il ouvre sa galerie Meeting Point Art. Pendant près de dix ans, il est professeur de lettres. Il publie différents articles sur le surréalisme et participe à des colloques sur la poésie visuelle et le surréalisme.
« Ici Ubu », de Carlos M. Luis
Quand : Du vendredi 14 janvier au lundi 7 février.
Où : Alliance française de Miami – 618 SW 8th Street – Miami , FL 33130
Inauguration le jeudi 14 janvier à 19h
Emilie Simon et l'énergie de Williamsburg
Une voix cristalline, quasi enfantine, une coiffure improbable et un look rétro, parfois gothique : Emilie Simon possède un univers bien à elle. La montpelliéraine était en concert au Joe’s Pub à New York, vendredi dernier, pour interpréter son dernier album The Big Machine. «Ce soir, on va avoir beaucoup d’électronique», annonce-t-elle. Synthétiseur, pédales, clavier et ordinateur sont prêts à être installés sur scène pour sa prestation solo. Seuls deux musiciens l’accompagnent : Darren Beckett à la batterie et Adam Chilenski à la basse.
Emilie Simon a «immédiatement adoré» le Joe’s Pub, et c’est un lieu qu’elle connaît bien, pour l’avoir pratiqué à ses débuts dans la Big Apple. Le 15 novembre 2006, la chanteuse électro-pop sortait en effet son premier album aux Etats-Unis, intitulé The Flower Book. Une compilation spécialement dédiée au marché américain, avec les meilleurs morceaux de ses trois albums français.
L’Anglophone The Big Machine, quatrième album studio d’Emilie Simon, a été créé et enregistré à New York, où elle réside depuis trois ans. Une installation non planifiée. En vacances à Montréal, elle fait un tour à New York, tombe amoureuse de la ville et dans la foulée décide de s’y installer. Son premier appartement new yorkais est situé en plein Chinatown. «Très old school, tout en bois, avec le parquet abîmé», décrit la musicienne. Cela donnera matière à la chanson « Chinatown », quatrième titre de l’album.
Arrivée à New York avec seulement son ordinateur et un enregistreur vocal, l’artiste aux triples Victoires de la musique, s’interdit d’utiliser l’ordinateur pour se concentrer sur les mélodies piano-voix, puis laisse évoluer les mélodies et les arrangements jusqu’à trouver leur structure définitive. Une façon de composer radicalement différente, pour celle qui est issue d’une formation musicale classique, et qui s’imposait. « J’aime changer de contexte pour absorber de nouvelles choses », explique Emilie Simon. A l’image de la pieuvre qui l’entoure, sur la jaquette de The Big Machine. « La pieuvre est multi fonctions, elle change de texture, elle a plusieurs cerveaux. La symbolique est intéressante », affirme l’artiste, qui est elle-même auteur, compositeur et interprète. Pour réaliser cet album, elle s’est entourée de musiciens et de collaborateurs américains, comme Jeremy Galla ou Kelly Pratt (membres d’Arcade Fire), Mark Plati (producteur pour Bashung, Bowie, The Cure, Louise Attaque), Teitur ou l’écrivain anglais Graham Joyce, qui a co-écrit 4 des 12 chansons de l’album.
A New York, la jeune femme a donc trouvé l’énergie et la créativité nécessaires à la réalisation de The Big Machine (sorti en France en 2009) qui apparaît comme un véritable virage dans sa carrière. «Les gens sont très curieux, ils ont une énergie positive, déclare Emilie Simon. Surtout à Williamsburg (où elle habite), qui est un quartier très actif d’un point de vue artistique.» Celle qui aime explorer les salles de New York et découvrir notamment des artistes underground comme Team B, a donné en 2008 l’un de ses premiers concerts new yorkais au Cutting Room (24e rue, entre Broadway et la 6e Avenue).
New York nourrit aussi une culture de la mode vintage. Une aubaine pour la musicienne aux tenues de scène toujours très travaillées. Ce soir là, elle porte une robe à jupons Mandy Coon. Un tube blanc est glissé comme un diadème dans ses cheveux relevés. « C’est ma mère, en visite pour quelques jours, qui m’a coiffée. Elle est très créative. » Elle aussi.
Album : The Big Machine (Barclay/Universal)
Retrouvez les dates des prochains concerts d’Emilie Simon sur son site internet : http://www.emiliesimonmusic.com/
Plus d’infos sur son label Le Plan Music, à New York, ici : http://leplanmusic.com/
Cutting Room
Divisés à New York comme à Abidjan
La scène se passe le mercredi 5 janvier dans le bâtiment de la 2nd Avenue qui abrite la Mission permanente de la Côte d’Ivoire à l’ONU. Youssouf Bamba vient d’être désigné ambassadeur auprès de l’organisation internationale par Alassane Ouattara, le vainqueur de l’élection reconnu par la communauté internationale. Mais il a un problème: l’ascenseur « ne peut pas desservir le cinquième étage » où se trouve la Mission. Simple panne ? En réalité, l’ambassadeur ivoirien à Washington, un fidèle du président sortant Laurent Gbagbo, a demandé de bloquer la machine.
L’épisode peut prêter à sourire, mais il illustre la difficulté des deux camps à s’entendre alors que leurs favoris respectifs se disputent la présidence de la Côte d’Ivoire depuis plus d’un mois. Une série d’entretiens avec des ressortissants ivoiriens à New York révèle une communauté partagée entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara, guettant via internet, la télévision et dans les conversations avec des proches restés au pays le moindre signe de sortie de crise. «On suit de près ce qui se passe en Côte d’Ivoire, indique Kadi Dosso, secrétaire générale de l’antenne du RDR, le parti d’Alassane Ouattara, dans le Bronx. On ne dort pas car nos amis et nos familles sont sur place. On se réveille à 5h du matin pour voir s’il y a du nouveau.»
Ouattara officiellement vainqueur aux Etats-Unis
Il est difficile de dire combien de supporters comptent Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara dans la communauté de près de 10.000 Ivoiriens établis aux Etats-Unis. Cependant, les résultats proclamés par la commission électorale indépendante (CEI) donnent Mr. Ouattara vainqueur aux Etats-Unis avec 1630 voix (contre 726 à son rival). Mais les partisans de Laurent Gbagbo à New York interrogés par French Morning remettent en cause ces chiffres, arguant d’irrégularités et de difficultés d’inscription sur les listes électorales pour cause de changements de procédure – ce qui pourrait en outre contribuer à expliquer le faible nombre d’inscrits sur les listes, à peine 3200 personnes, disent-ils. « Si tout le monde s’était aligné pour voter, Alassane n’aurait pas été élu » assène l’un d’eux.
Certains rencontrés à l’Eglise évangélique Rehoboth dans le Bronx ont expliqué les raisons de leur soutien à Laurent Gbagbo. Le Pasteur Pierre Isaac Zaté, qui organisait avant les élections des prières pour la Paix, indique que celles-ci ne sont plus à l’ordre du jour : «On a prié pour la paix malheureusement il y en a qui se sont levés contre la paix, accuse-t-il. Aujourd’hui, nous prions pour que Dieu fortifie celui à qui le droit, à savoir la Cour constitutionnelle, a donné la victoire : Laurent Gbagbo». Et même à 8000 kms d’Abidjan, on reprend les arguments anti-Ouattara, accusé de ne pas être suffisamment ivoirien. Paulin Owen, Ivoirien du Bronx pointe vers le «Directory of Fellows» de l’African Graduate Fellowship Program, un livre officiel qui dresse la liste des étudiants boursiers africains qui ont étudié aux Etats-Unis : Mr. Ouattara y est listé comme ressortissant du Burkina Faso, un pays voisin de la Côte d’Ivoire. «Même si on demande à Gbagbo de quitter le pouvoir, aucun ivoirien ne peut accepter Ouattara comme président», juge-t-il.
La France critiquée
Dans ce contexte, le soutien massif de la communauté internationale à Mr. Ouattara – la France, les Etats-Unis, l’UE et l’ONU en tête – est mal vécu par ces Ivoiriens. Elle est accusée pèle-mêle de méconnaitre la situation, de vouloir placer à la tête de la Côte d’Ivoire un Président « docile » qui laisserait “les occidentaux” disposer des richesses de leur pays. « La communauté veut imposer un président à la Côte d’Ivoire. Elle doit écouter les deux parties en conflit avant de prendre position. Ce qu’elle n’a pas fait », prétend Ferdinand Toutoukpeu, un ressortissant ivoirien qui a manifesté devant l’ONU et CNN en décembre.
Les arguments contre Laurent Gbagbo sont tout aussi tranchés : « Il a perdu ces élections, affirme Etienne Kouakou, professeur de langues. A partir du moment où Mr Ouattara est autorisé à se présenter à une élection dont les résultats ont été certifiés par la communauté internationale, on ne peut pas lui reprocher de la remporter ».
Alors que la paralysie continue là-bas, les discussions passionnées se poursuivent ici. Dimanche dernier, les pro Gbagbo se réunissaient à l’Eglise Rehoboth tandis que le RDR américain organisait une marche de femmes à Washington en soutien à Mr Ouattara. Les Ivoiriens interrogés s’accordent au moins sur une chose : ces dissensions ne sont que passagères. Esther Amiri, Présidente d’Eliv-USA New York, un réseau d’intellectuels ivoiriens établis aux Etats-Unis, l’affirme: « Nous avons la foi et la confiance que la Côte d’Ivoire sortira de la crise plus forte et plus riche de cet épisode. »