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MOMO à l'Invisible Dog

Difficile d’étiqueter le travail de Maurice Maréchal, alias MOMO. Cet artiste de 40 ans, graphiste et directeur artistique à l’agence Bronx dont il est l’un des piliers depuis sa création, expose ses oeuvres fascinantes à la galerie Invisible Dog jusqu’au 27 juin.
The Invisible Dog Gallery, 51 Bergen street, Brooklyn
Entrée gratuite, plus d’infos ICI

Les folies vertes d'Alain Resnais

L’ébouriffante Sabine Azéma et le tonitruant André Dussolier forment dans ce dernier film d’Alain Resnais un duo à la fois touchant et incongru. On regrette presque qu’ils finissent par se trouver tant la phase de doutes, d’appréhension et de maladresse qui précède la rencontre est irrésistiblement comique et émouvante. Les dialogues sont drôles, incisifs, les seconds rôles tragiques (Anne Consigny est la femme d’André Dussolier) ou cocasse (Mathieu Amalric en flic décalé), le tout est fantasque, touchant et insensé: un ovni.

Lincoln Plaza Cinemas, Broadway entre 62nd et 63rd, (212) 757-2280
Quad Cinema 34 W. 13th St, (212) 255-8800

Spring Lake, NJ.

Belle journée en prespective ! Départ de la maison à 8h45. Métro presque tout de suite, ce qui est rare sur la ligne C , vous savez, celle que l’on conseille à tous ses amis pour avoir une idée de la modernité du métro new yorkais …
Arrivée à Penn Station à 9h15, direction le distributeur de billets de la NJ Transit, destination Spring Lake, sur la côte Atlantique du New Jersey. Un café latte vite avalé au milieu d’une foule de gens pressés et me voilà installé dans le wagon de queue du train numéro 3231 quand … une bonne douzaine d’adolescentes déjà en tenue de plage, déboule avec fracas dans mon wagon. Cela dit, mea culpa. J’aurai jamais dû m’asseoir dans le dernier wagon. Vous avez remarqué, c‘est toujours dans celui-là que les groupes d’adolescentes décident de faire le voyage. Ou alors c’est moi qui suis parano ! Bref, au bout de vingt minutes, toujours un peu plongé dans un semi-brouillard dont ni le vacarme de la ligne C, ni le café latte à l’américaine n’ont réussi à dissiper (il faut dire que la veille, j’avais un peu fait la fête avec l’équipe de France A de rugby en tournée sur la côte est), je craque et décide de changer de voiture. Et là, et je n’invente rien, je vais avoir pendant tout le trajet, un grand poète en débardeur, ben oui il fait déjà chaud, qui va nous faire cadeau de l’ensemble de son répertoire de chansons d’amour, sans que les annonces automatiques de la dame qui dit de faire attention à la marche ne perturbent à aucun moment son récital. Un vrai bonheur, bienvenu dans les transports en commun !
Ceci mis à part, trajet sans histoire. Ni panne, ni retard. Arrivée à Spring Lake, dans le New Jersey, à 11h50 car le train s’arrête partout.
Alors commence la découverte d’une jolie petite ville avec comme première vision, après avoir franchi la voie ferrée, de vastes pelouses, au milieu un kiosque à musique tout blanc et de superbes villas entre des arbres au moins centenaires.
Deux mamies, comme moi tout juste descendues du train, me demandent la direction de la plage. Plan en main, je leur indique que l’océan doit être à dix minutes à pied. Le front de mer, c’est toute la richesse de Spring Lake. C’est pour lui que l’on vient ici. Deux miles de plage très propres et sans aucune clôture, pas de building disgracieux, un « boardwalk » parfaitement aménagé et sans aucune baraque à frites sur toute la longueur de la plage. Deux pavillons permettent de se restaurer ou de se rafraîchir car il est interdit d’emporter de la nourriture sur la plage. Pas de chiens non plus sur le sable. En clair, un très bel environnement balnéaire qui plaira à tous ceux qui fuient le béton, les zones commerciales et les papiers gras.
En retrait de la plage, Spring Lake est une petite ville d’environ 3500 habitants. Trois rues commerçantes et de splendides villas Victoriennes ou de style Victorien, des villas et encore des villas toutes plus belles et imposantes les unes que les autres. Pelouses, massifs de fleurs et rues remarquablement entretenues constituent un ensemble très qualitatif et charmant. De quoi justifier un marché immobilier de haut niveau.
Cela dit, il ne faut pas venir ici en espérant trouver une animation estivale débordante. Les restaurants sont peu nombreux, les bars encore plus rares. Il est évident que tout se passe dans les maisons et qu’on cherche ici à préserver le calme et la tranquillité. L’objet de votre séjour devra donc être la plage et surtout la plage. Pour plus de fun et une qualité environnementale identique, il faut aller un peu plus bas sur la côte du New Jersey, jusqu’à Cape May que nous avons présenté l’an dernier dans cette rubrique (voir les archives).
Néanmoins, il faut reconnaîre qu’il est très agréable de passer une journée ou deux au bord de l’océan dans un tel environnement. Visiblement, autorités locales et habitants ont conscience depuis des années qu’il convient de préserver cette qualité de vie. Tant mieux car la différence y est flagrante avec d’autres cités côtières.
Comment se rendre à Spring Lake ?
Par le train, nous l’avons dit, c’est deux heures de trajet au départ de Penn Station avec suffisamment de liaisons quotidiennes pour que ce soit facile. Comptez 31,50 $ l’aller-retour depuis Manhattan avec la NJ Transit. Changement à Long Branch puis quinze minutes de train local. Depuis la gare, on rejoint le front de mer ou les hébergements à pied sans problème.
Par la route, avec des conditions de circulation normales, le trajet sera plus court. Comptez 1h30 pour 105 kilomètres.
Au départ de New York, Garden State Parcway jusqu’à la sortie 98 puis route 34 south et enfin route 524 east jusqu’à Spring Lake.
Où dormir ?
Certains font l’aller-retour dans la journée. D’autres préfèrent rester sur place le temps, par exemple, d’un week-end.
Trois adresses fort recommandables :
– L’hôtel Spring Lake Inn : chambres très confortables et bien décorées.
www.springlakeinn.com
– Le Ashling Cottage : un Bed & Breakfast très sympa, joli et bien placé
www.ashlingcottage.com
– Le Normandy Inn : dans une vieille demeure historique, des chambres aménagées à l’ancienne
www.normandyinn.com
Où se restaurer ?
Une pizza, vite fait ? Dans la rue principale, la 3e avenue, la Spring Lake Pizzeria
Un vrai restaurant ? Le Black Trumpet sur Ocean Avenue
Un deli italien avant de prendre le train ? Chez Joseph, face à la gare
Que faire à Spring Lake ?
Plage, plage et toujours plage.
L’accès est payant. Daily Pass à 7$
Mais aussi balades à vélo dans les rues de la ville pour admirer les villas et sur le front de mer.
Un dernier conseil ?
Si vous souhaitez vraiment décompresser en séjournant à Spring Lake, laissez tomber la voiture. Tout peut se faire à pied ou à vélo.

Annie Cohen Solal, la guerrière

Quand je la retrouve au restaurant Docks de Midtown, non loin de chez elle, Annie Cohen-Solal me demande d’emblée si ma fille est inscrite au Lycée français de New York et s’indigne énergiquement de ma réponse négative. Tout son discours pour la remise de la légion d’honneur, me dit-elle, a été un éloge du Lycée français, où son fils fut élève avant d’entrer à l’université Johns Hopkins: dans le secondaire, l’éducation française est la meilleure qui soit, et dans le monde d’aujourd’hui, l’appartenance à deux cultures est la plus grande richesse possible, qu’il serait un crime de ne pas cultiver. J’écoute et hoche la tête, un peu honteuse (même si ma fille est parfaitement bilingue). À n’en pas douter, Annie Cohen-Solal est une militante.
Son attachement au lycée français a une autre cause, plus anecdotique et personnelle. Quand son fils Archibald y était élève, Annie, prise un samedi d’un violent mal de dents, est allée consulter dans l’urgence un autre parent d’élève, un dentiste égyptien. En bavardant avec lui, elle a découvert que sa femme venait d’Algérie et faisait partie de la grande famille des Bengana: elle avait été mise au monde par le propre père d’Annie, le chirurgien Georges Cohen-Solal, professeur d’histologie, collectionneur et sculpteur, véritable homme de la Renaissance. Les familles Bengana, musulmane, et Cohen-Solal, juive et installée en Algérie depuis des générations, étaient amies. Cinquante ans après, elles se retrouvent à New York grâce au Lycée français. Le hasard de cette rencontre a suscité en elle le désir très fort de renouer avec ses origines algériennes: ce pourrait être le sujet de son prochain livre.
Cette petite cousine de Jacques Derrida est née à Alger où elle a fréquenté le lycée Fromentin jusqu’à quatorze ans avant de partir pour la France en 1962 avec sa famille, son père, sa mère, sa soeur Lynne aujourd’hui maire-adjoint de Paris, son frère Jean-Martin, devenu médecin et en charge de la santé publique, tous deux militants socialistes. À l’arrivée en France, son père a dit: “L’Algérie c’est fini. On n’en parlera plus.” Ils n’en ont plus parlé, jamais. Et l’Algérie est restée congelée en eux.
Annie a fréquenté le lycée Molière, où elle a également fait une khâgne et une hypokhâgne, avant de s’inscrire en lettres à Nanterre, où elle a dirigé le club de musique classique et milité avec Cohn-Bendit en 1968. Deux lectures ont joué un rôle décisif: la préface de Sartre à Aden Arabie de Paul Nizan, que lui avait recommandée Nicolas Grimaldi, son professeur de philosophie en khâgne à Molière, et qui a déterminé son sujet de maîtrise. Et celle des textes de Frantz Fanon, où elle a découvert l’histoire du décret Crémieux qui, en accordant la nationalité française aux juifs algériens, les a séparés de la population musulmane–décret brutalement abrogé en 1941… Cette lecture a entraîné une interrogation profonde sur son identité de juive française d’Algérie. Enfant, elle adorait l’école française. Son pays, c’était l’Algérie. Pourquoi ne parlait-on pas l’arabe à la maison? Pourquoi n’y avait-il pas de carte de l’Algérie, mais une carte du Massif Central, sur le mur de sa classe à Alger? Pourquoi apprenait-elle l’histoire des rois de France et pas l’histoire locale?
Annie Cohen-Solal a fait une maîtrise puis une thèse sur Paul Nizan, sous la direction de l’historienne Annie Kriegel. Dans le cadre de son travail de maîtrise, elle a rencontré Sartre à vingt ans et l’a interviewé. En 1969, elle est allée vivre dans un Kibbutz en Israël parce qu’elle voulait faire l’expérience d’une démocratie directe avec des militants d’extrême-gauche. En 1972 elle est partie comme lectrice à l’université de Berlin, et y est restée cinq ans. Elle y a appris le yiddish, elle est devenue une fan de Rosa Luxembourg. En 1977, grâce à un billet gratuit que lui a donné une amie, elle a passé un weekend à New York et est tombée amoureuse de la ville. Puis elle est retournée en Israël, où elle a enseigné à l’université de Jerusalem pendant deux ans. Elle s’est intéressée à la Kahina, une guerrière berbère du VIIème siècle qui avait unifié le Magreb et s’était opposée aux Arabes. Au cours de ces années, elle a appris l’allemand, l’hébreu, et l’arabe.
À quoi tient une carrière scientifique? Dans le cas d’Annie Cohen-Solal, le hasard semble avoir joué un rôle déterminant. En 1980 sa thèse, Paul Nizan, communiste impossible, a été publiée par Grasset, et elle s’est retrouvée sur le plateau d’Apostrophes, invitée par Bernard Pivot. Elle a été remarquée par l’éditeur américain André Schiffrin, qui, avec une audace tout américaine, il a proposé à la jeune femme d’à peine trente ans, inconnue dans les milieux intellectuels et universitaires, d’écrire la biographie de Sartre qui venait de mourir. En France une telle biographie aurait été commandée à une grosse pointure comme Jean Lacouture ou Pierre-Jean Remy. De toute façon personne en France ne s’intéressait alors à la biographie de Sartre. Shiffrin n’a réussi à convaincre aucun éditeur d’acheter le livre pas encore écrit.
Hasard, peut-être: mais encore faut-il savoir saisir l’occasion aux cheveux. Laissant tomber son projet de livre sur la Kahina, Annie Cohen-Solal a tenté l’aventure et n’a pas démérité de la confiance que lui témoignait Schiffrin: elle a mis trois ans et demi à écrire le manuscrit pour lequel il lui avait accordé quatre ans, et le résultat était si convaincant qu’en 1985 vingt-cinq éditeurs français ont souhaité acheter le manuscrit achevé. Les enchères ont monté. Pour un million de francs, Gallimard l’a emporté, et c’est avec ce manuscrit que la maison Gallimard a commencé sa collection “Biographie.” Le livre a été presque aussitôt vendu dans une vingtaine de pays et Annie Cohen-Solal a commencé une tournée dans le monde entier, qui a duré quatre ans et provoqué dans certains pays une “Annie mania,” tant l’auteur a séduit les media.
En 1989, le hasard a à nouveau joué un rôle décisif dans la vie et la carrière d’Annie Cohen-Solal. Invitée à une émission de télévision en Allemagne, elle a refusé de répondre à la question sexiste du présentateur qui lui demandait si elle aurait pu tomber amoureuse de Sartre. L’échange a réjoui le Chancelier Kohl, qui regardait le débat et pour une fois ne s’ennuyait pas devant le petit écran. Il a envoyé une lettre cérémonieuse à Annie Cohen-Solal et l’a fait inviter à l’Elysée lors d’un passage à Paris, signalant au Président François Mitterrand que l’auteur de la biographie de Sartre était excellente à la télévision. Deux mois plus tard Cohen-Solal, qui habitait alors un petit studio à Maine-Montparnasse, était nommée conseiller culturel à New York, alors qu’elle n’avait jamais fait de diplomatie et jamais occupé de poste dans l’administration. Créatrice, elle s’est retrouvée bureaucrate. Déjà connue de toute la presse américaine, elle avait l’habitude des media et s’est découvert une grande aisance pour le fundraising. Elle a invité Ariane Mnouchkine pour Les Atrides en 1992; elle a fait mettre un minitel dans la café du MoMa lors de l’exposition Matisse, obtenant ainsi que les Américains parlent enfin de la technologie française; elle a facilité le retour des Arts florissants et reçu un BAM award; elle a créé les Centres d’excellence universitaires.
Une rencontre lors d’un dîner en 1989, peu après son arrivée à New York, a déterminé un nouveau tournant dans sa carrière: celle du galeriste et marchand d’art Leo Castelli, alors âgé de quatre-vingt un ans. Marié à une Française, Castelli a pris sous son aile la jeune conseillère culturelle française dont il a tout de suite senti le tempérament guerrier: «Vous allez prendre la ville d’assaut, avec votre jupe orange et vos gants longs!» Alors qu’elle voulait écrire un livre sur les relations entre intellectuels français et américains après la seconde guerre mondiale, il lui a suggéré de travailler plutôt sur l’art américain. Elle l’a écouté, se détournant une deuxième fois de son désir propre et de son domaine de connaissances pour saisir l’occasion et sauter dans l’inconnu. Son poste de conseiller culturel lui a permis d’observer le monde de l’art newyorkais, auquel Castelli l’a initiée. Années riches, passionnantes, pendant lesquelles est également né son fils Archibald, dont le père est grand mécène américain. En 2000 elle a publié Un jour ils auront des peintres, retraçant l’histoire de la peinture américaine de 1867, date de l’exposition universelle à Paris, à 1948, date de la première biennale de Venise après la guerre.
Quand son contrat de conseiller culturel s’est achevé en 1993 et qu’elle a dû redescendre des faîtes de la brillance mondaine et du pouvoir culturel, Annie Cohen-Solal a connu une période difficile à cause de la maladie. Pendant une dizaine d’années elle a vécu avec son fils entre Paris et New York, d’abord visiting professor à NYU, puis rentrant en France en 1997 où elle est devenue professeur d’études américaines à l’Université de Caen et a enseigné à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. En 2005 elle est retournée vivre à New York, ayant obtenu la bourse de la Fondation Pollock, et enseigne depuis 2005 à la Tish School of the Arts de NYU comme visiting art professor, se spécialisant dans une discipline originale qu’elle a créée elle-même entre le l’histoire culturelle et la sociologie de l’art.
Après avoir signé un contrat avec Knopf pour la biographie de Leo Castelli, elle a fait son propre fundraising auprès de trois fondations américaines pour financer l’écriture du livre. Pourquoi Castelli? Comme Sartre, il est un passeur. Il a changé la culture de l’art aux États-Unis et dans le monde. Il n’est pas courant de voir une Française livrer aux Américains le portrait d’une de leurs grandes figures, et le faire avec une exactitude, une minutie et une exhaustivité qui ont pu irriter l’auteur du récent article de cinq pages dans The New Yorker sur le livre de Cohen-Solal, “Leo the Lion.” Sa lecture achevée, Peter Schjeldahl avoue être retourné lire les cent première pages sur le contexte historique, l’Italie de la Renaissance, Trieste et la famille, et les avoir trouvées passionnantes pour l’éclairage qu’elles apportaient sur l’origine d’un phénomène tel que Leo Castelli.
Le long article du New Yorker, et même la réticence initiale de son auteur, prouvent qu’Annie Cohen-Solal, Française juive d’Algérie, passeuse de savoir de l’ancien monde au nouveau, guerrière en jupe orange, a su conquérir l’Amérique par son sérieux scientifique. Quand elle était jeune étudiante et militante d’extrême-gauche à Nanterre en 1968, rien ne laissait prévoir un tournant américain dans sa vie. Il est clair aujourd’hui qu’une carrière comme la sienne, parsemée de brillants hasards et refusant le carcan d’une discipline et d’une spécialité, la destinait à vivre aux États-Unis.

Un pont entre deux rives, de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin

Comme chaque semaine, plongez-vous dans le monde du cinéma en compagnie d’acteurs et de réalisateurs qui ont marqué l’histoire du cinéma français. Et cette semaine c’est le film Un pont entre deux rives de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin avec Gérard Depardieu, Carole Bouquet et Charles Berling qui sera projeté (avec sous-titres en anglais) à l’Alliance française de Miami.
Une petite ville de province française, dans les années 1960. Mina, jeune fille romantique et sentimentale, a épousé Georges, un homme qui la fascinait par sa vitalité. Quinze ans après la naissance de leur fils Tommy, les rêves de Mina se sont envolés. Elle est aujourd’hui disponible pour l’aventure que lui offre Mathias, un bel ingénieur qui parcourt le monde pour construire des ponts.
Le mardi 29 juin à 19h
Participation de 5$
Alliance Française
South Florida

618 SW 8 St
Miami – FL 33130 – USA
Tel: 305.859.8760
Fax:305.856.9398
[email protected]

Le Zouk de Kassav à Miami Beach

“Galette de manioc”, c’est ce que signifie “kassav” en créole. C’est aussi le nom de ce groupe, origianire de Guadeloupe et Martinique, formé à la fin des années 1970 par Freddy Marshall et Pierre-Edouard Décimus. Considéré par beaucoup comme le créateur de la musique Zouk, Kassav est aujourd’hui composé de six membres, parmi lesquels Jean-Claude Naimro, arrangeur de Barry White dans les années 1970 et Jacob Desvarieux, qui a notamment chanté avec le rappeur Passi et sa formation Bisso Na Bisso sur le titre “Laisse parler les gens”.
Le samedi 10 juillet à 20h
Jackie Gleason Theater, 1700 Washington Avenue, Miami Beach
Réservations ICI

Le trio français du design moderne

C’est sur internet qu’ils se sont rencontrés, en 2004, avec l’idée commune de monter un partenariat et de travailler dans l’immobilier. Peu de temps après, Yonel et Nathanel font la connaissance de Steven et ensemble ils décident de fonder Modani. Après l’ouverture en septembre 2007 de leur boutique dans le Design District, ils décident de s’attaquer à New York. Là aussi le succès est immédiat, puisqu’en en seulement 4 mois, la boutique de New York a déjà rattrapé le chiffre d’affaire de Miami. « L’ouverture à New York était un pari. Nos objectifs étaient un peu plus conservateurs que ceux que nous avons obtenus » nous explique Nathanael. « Cela s’est tout de suite bien passé ».
Afin de combiner modernité et prix abordables Yonel, Nathanael et Steven s’impliquent dans tous les domaines de la distribution afin d’éviter les intermédiaires. Très rapidement, Modani est devenu le détaillant de mobilier le moins cher du marché du meuble moderne. Leur petit ménage à trois fonctionne parfaitement : Nathanael s’intéresse plus particulièrement au domaine financier, Yonel à la force de vente et Steven est spécialiste du design. « Nous sommes tous les trois complémentaires » explique Nathanael. « Ambitieux, mais également prudents » : Leur objectif pour le moment est d’ouvrir une boutique dans chaque grande ville des Etats-Unis, San Fransisco étant l’étape suivante après l’ouverture de la boutique à Los Angeles dans quelques semaines.
La collection Modani présente quatre tendances principales : minimaliste, néobaroque, zen et éclectique. Chaque meuble est présenté dans un environnement, suggérant au client un moyen d’utiliser sa nouvelle acquisition, le tout dans un espace très épuré. Modani propose également une ligne d’accessoires, et d’éléments décoratifs comme des stickers muraux.
A 30 ans, Steven, Nathanel et Yonel se sont bien trouvés aux Etats-Unis : « Nous avons tous les trois adoré les Etats-Unis. Il y a peut-être plus d’opportunités entrepeunariales ici qu’en France». Pour autant, ils reconnaissent que le fait d’être français les a aidé dans leur projet. « Notre goût européen a beaucoup joué, notamment dans la cohérence du design ».
http://www.modani.com/

Toulouse Lautrec’s Paris

Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901), figure du post-impressionnisme est un des plus célèbres peintres et lithographes français de la fin du 19e siècle. La plupart de ses œuvres dépeignent la vie parisienne du Moulin Rouge, des cabarets et maisons closes que l’artiste fréquente. Ses problèmes de santé depuis son enfance l’empêchent de grandir et les moqueries le rendent alcoolique. Il meurt à la suite de complications dues à l’alcoolisme et la syphilis. La collection Baldwin vous invite à découvrir Toulouse Lautrec au travers de plus de 100 œuvres exceptionnelles.
Quand : 10 juillet au 12 décembre 2010.
Où : San Diego Museum of Art, 1450 El Prado, Balboa Park, San Diego, CA 92101. tel :619-232 7931
Tarifs : Entrée : au 800-745 3000 ou sur http://www.ticketmaster.com/. Adulte $12, retraité $9, étudiant $8, enfant de 7 à 17 ans $4.50
Plus d’infos : http://www.sdmart.org/

« L’Amour en Soi » de Pol Serge Kakon

Homme du monde avant tout, Pol Serge Kakon bouillonne d’idées nouvelles. Ses aventures, ses souvenirs, ses images et expériences se retrouvent sans cesse dans ses poèmes ou ses chansons. Cette exaltation des choses de la vie réside également dans l’oeuvre du peintre parisien, sa peinture comme sa céramique.
La galerie Backdoor Art présente 16 peintures à l’huile d’un style naïf aux couleurs chatoyantes.
Quand : jusqu’au 17 juillet 2010
Où : Backdoor Art Gallery, 287 South Robertson, Beverly Hills, CA 90211, tel : 310-948 5500 (Hôte : Bob Ore)
Tarifs : Entrée seulement sur réservation jusqu’au 17 juillet 2010

Shakespeare au Old Globe à San Diego

Trois pièces de Shakespeare sont actuellement jouées au Old Globe de San Diego, copie du merveilleux Old Globe Theatre de Londres : King Lear, The Taming of the Shrew, and The Madness of George III. Ces représentations auront lieu de nuit sur la scène extérieure.
King Lear: du 12 juin au 23 septembre 2010.
Cette tragédie raconte un drame de famille. Un vieux roi décide de partager sa fortune entre ses trois filles d’après l’amour qu’elles lui portent. La série de drames qui s’ensuivent plongera le roi dans l’abîme.
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The Taming of the Shrew : du 16 juin au 26 septembre 2010.
Cette comédie résume l’essentiel d’une bataille entre les deux sexes. Baptiste, riche marchand de Padoue, doit marier ses deux filles, l’aînée en premier. Le jeune Petrucchio accepte d’épouser Katerina malgré son mauvais caractère. Petruchio parviendra-t-il avec docilité à la marier ? Réussira-t-il à ménager sa mégère de femme ?
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The Madness of George III : du 19 juin au 24 septembre 2010.
Cette intrigue royale prend place dans les cours majestueuses d’Angleterre du roi George III. Histoire véridique qui raconte la folie du roi et son obstination à garder son trône et sa puissance politique.
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Où : Lowell Davies Festival Theatre, Old Globe, 1363 Old Globe Way, San Diego, CA 92101, tel :619-234 5623
Plus d’infos : http://www.theoldglobe.org/
Tarifs : à partir de $29

Eva Longoria, amoureuse de la France

Il existe des rumeurs qui disent que vous songez à vivre en France, comme d’autres stars hollywoodiennes d’ailleurs, est-ce exact ?
Oui, nous allons sans doute s’y installer quand Tony aura fini sa carrière ici. Il a joué dans l’équipe d’Asvel, à Lyon. On s’installera donc sûrement dans cette region. J’adore la France. A vrai dire, je suis tombée amoureuse du pays avant même de rencontrer mon mari ! Je veux que mes enfants parlent le francais et l’espagnol.

Parlez-vous vous-même français ?
Un petit peu (en francais, ndlr)…

Y a-t-il un lien entre votre amour pour ce pays et celui pour la cuisine ?

Oui, j’ai créé deux restaurants, l’un à Hollywood, l’autre à Las Vegas, car j’adore cuisiner, j’adore manger, cela va ensemble. Ouvrir un restaurant était comme une extension de ma cuisine et de ma salle à manger. Je cuisine tous les jours pour ma famille, mes amis… Donc pourquoi ne pas amener mes recettes à un plus large niveau ? Je fais de la cuisine mexicaine et internationale, car depuis que je vis avec Tony, j’ai appris l’art des sauces à la francaise.

Votre famille a elle-meme immigré, du Mexique vers les Etats-Unis. A quand cela remonte-t-il ?
C’était en 1610. On est la 11ème generation. Mais il reste une forte influence de la culture mexicaine chez moi.

Vous avez recemment repris des études universitaires sur les latinos, pourquoi ?
Parce que je suis une avocate de la cause des latinos, des droits civiques. Je me posais beaucoup de questions sur la persistance des injustices. La seule facon de comprendre cela, et pour savoir où aller, est de savoir d’où l’on vient, en tant que communauté. Je voulais en savoir davantage sur l’histoire des Latinos en Amérique.
Qu’y apprenez-vous exactement ?
Vous savez, l’histoire des chicanos est essentiellement celle de la lutte mexicano-américaine, de la civilisation précolombienne à l’ère moderne. Donc cela couvre toute la période des Toltèques et des Aztèques et à celles  de la première et de la seconde guerre mondiale, de la guerre du Vietnam, de la guerre de Corée, de l’Alena (Accord de libre echange nord americain, ndlr) et evidemment la question de l’immigration contemporaine.
Quelle est votre opinion sur cette loi controversée visant les immigrés, votée en Arizona et applicable dès cet été, qui incite les autorités à faire des contrôles d’identité au faciès ?
J’y suis tout à fait opposée. Son seul intérêt est de remettre la question à l’ordre du jour.  Mais cela va cibler de nombreux Américains d’origine mexicaine, des gens comme mon père qui ont la peau marron mais vivent là depuis des générations ! Cela va créer une sorte de chasse basée sur la race, la couleur de peau. Quelque chose doit être fait, certes, mais ce n’est pas la bonne solution. Par ailleurs, c’est une question qui doit être reglée au niveau fédéral, au risque de provoquer des migrations inter-Etats : les migrants vont se diriger vers les Etats les plus accueillants, et ceux-ci vont se trouver face à des flux incontrôlables. Et puis l’Arizona, c’était jadis le Mexique. Ce n’est pas les gens qui ont traversé la frontière mais la frontière qui les a traversés.
Dans vos films en cours de production, vous jouez justement des personnages de latina, loin de la femme inactive et insatisfaite que vous incarnez dans Desperate Housewives, pouvez-vous en parler ?
L’un s’appelle Cristiada, c’est un film sur les cristeros, un mouvement de rébellion des catholiques contre le gouvernement anti-clérical pendant les années 1920 au Mexique. Je joue aux côtés d’Andy Garcia, son épouse. En ce moment, je poursuis avec un film intitulé A Town Without Men, tiré d’un livre colombien et réalisé par l’Argentine Gabriela Tagliavini. J’incarne la maire d’une ville fictive d’Amerique du sud, où les hommes sont partis à la guerre. Ce film s’intéresse à la vie des femmes et la façon dont elles se sont organisées pour vivre sans les hommes. C’est une « dramédie » noire.

Vous êtes aussi productrice executive de Harvest, un documentaire sur les travailleurs dans les champs…
Oui, il doit sortir en août normalement. C’est un documentaire sur les enfants que l’Amérique exploite, aujourd’hui, et dont personne ne sait rien. J’ai rencontre Dolores Huerta il y a plusieurs années, la dernière icône vivante en matiere de droits civiques, elle m’a ouvert les yeux sur ce problème. Un quart de la nourriture que nous mangeons aux Etats-Unis est produite par le travail d’un enfant. Il y a beaucoup, beaucoup d’enfants dans les champs… Des jeunes qui vont au lit parfois affamés, alors qu’ils nourrissent la plus riche nation du monde.

Annie Cohen Solal, la guerrière

Quand je la retrouve au restaurant Docks de Midtown, non loin de chez elle, Annie Cohen-Solal me demande d’emblée si ma fille est inscrite au Lycée français de New York et s’indigne énergiquement de ma réponse négative. Tout son discours pour la remise de la légion d’honneur, me dit-elle, a été un éloge du Lycée français, où son fils fut élève avant d’entrer à l’université Johns Hopkins: dans le secondaire, l’éducation française est la meilleure qui soit, et dans le monde d’aujourd’hui, l’appartenance à deux cultures est la plus grande richesse possible, qu’il serait un crime de ne pas cultiver. J’écoute et hoche la tête, un peu honteuse (même si ma fille est parfaitement bilingue). À n’en pas douter, Annie Cohen-Solal est une militante.
Son attachement au lycée français a une autre cause, plus anecdotique et personnelle. Quand son fils Archibald y était élève, Annie, prise un samedi d’un violent mal de dents, est allée consulter dans l’urgence un autre parent d’élève, un dentiste égyptien. En bavardant avec lui, elle a découvert que sa femme venait d’Algérie et faisait partie de la grande famille des Bengana: elle avait été mise au monde par le propre père d’Annie, le chirurgien Georges Cohen-Solal, professeur d’histologie, collectionneur et sculpteur, véritable homme de la Renaissance. Les familles Bengana, musulmane, et Cohen-Solal, juive et installée en Algérie depuis des générations, étaient amies. Cinquante ans après, elles se retrouvent à New York grâce au Lycée français. Le hasard de cette rencontre a suscité en elle le désir très fort de renouer avec ses origines algériennes: ce pourrait être le sujet de son prochain livre.
Cette petite cousine de Jacques Derrida est née à Alger où elle a fréquenté le lycée Fromentin jusqu’à quatorze ans avant de partir pour la France en 1962 avec sa famille, son père, sa mère, sa soeur Lynne aujourd’hui maire-adjoint de Paris, son frère Jean-Martin, devenu médecin et en charge de la santé publique, tous deux militants socialistes. À l’arrivée en France, son père a dit: “L’Algérie c’est fini. On n’en parlera plus.” Ils n’en ont plus parlé, jamais. Et l’Algérie est restée congelée en eux.
Annie a fréquenté le lycée Molière, où elle a également fait une khâgne et une hypokhâgne, avant de s’inscrire en lettres à Nanterre, où elle a dirigé le club de musique classique et milité avec Cohn-Bendit en 1968. Deux lectures ont joué un rôle décisif: la préface de Sartre à Aden Arabie de Paul Nizan, que lui avait recommandée Nicolas Grimaldi, son professeur de philosophie en khâgne à Molière, et qui a déterminé son sujet de maîtrise. Et celle des textes de Frantz Fanon, où elle a découvert l’histoire du décret Crémieux qui, en accordant la nationalité française aux juifs algériens, les a séparés de la population musulmane–décret brutalement abrogé en 1941… Cette lecture a entraîné une interrogation profonde sur son identité de juive française d’Algérie. Enfant, elle adorait l’école française. Son pays, c’était l’Algérie. Pourquoi ne parlait-on pas l’arabe à la maison? Pourquoi n’y avait-il pas de carte de l’Algérie, mais une carte du Massif Central, sur le mur de sa classe à Alger? Pourquoi apprenait-elle l’histoire des rois de France et pas l’histoire locale?
Annie Cohen-Solal a fait une maîtrise puis une thèse sur Paul Nizan, sous la direction de l’historienne Annie Kriegel. Dans le cadre de son travail de maîtrise, elle a rencontré Sartre à vingt ans et l’a interviewé. En 1969, elle est allée vivre dans un Kibbutz en Israël parce qu’elle voulait faire l’expérience d’une démocratie directe avec des militants d’extrême-gauche. En 1972 elle est partie comme lectrice à l’université de Berlin, et y est restée cinq ans. Elle y a appris le yiddish, elle est devenue une fan de Rosa Luxembourg. En 1977, grâce à un billet gratuit que lui a donné une amie, elle a passé un weekend à New York et est tombée amoureuse de la ville. Puis elle est retournée en Israël, où elle a enseigné à l’université de Jerusalem pendant deux ans. Elle s’est intéressée à la Kahina, une guerrière berbère du VIIème siècle qui avait unifié le Magreb et s’était opposée aux Arabes. Au cours de ces années, elle a appris l’allemand, l’hébreu, et l’arabe.
À quoi tient une carrière scientifique? Dans le cas d’Annie Cohen-Solal, le hasard semble avoir joué un rôle déterminant. En 1980 sa thèse, Paul Nizan, communiste impossible, a été publiée par Grasset, et elle s’est retrouvée sur le plateau d’Apostrophes, invitée par Bernard Pivot. Elle a été remarquée par l’éditeur américain André Schiffrin, qui, avec une audace tout américaine, il a proposé à la jeune femme d’à peine trente ans, inconnue dans les milieux intellectuels et universitaires, d’écrire la biographie de Sartre qui venait de mourir. En France une telle biographie aurait été commandée à une grosse pointure comme Jean Lacouture ou Pierre-Jean Remy. De toute façon personne en France ne s’intéressait alors à la biographie de Sartre. Shiffrin n’a réussi à convaincre aucun éditeur d’acheter le livre pas encore écrit.
Hasard, peut-être: mais encore faut-il savoir saisir l’occasion aux cheveux. Laissant tomber son projet de livre sur la Kahina, Annie Cohen-Solal a tenté l’aventure et n’a pas démérité de la confiance que lui témoignait Schiffrin: elle a mis trois ans et demi à écrire le manuscrit pour lequel il lui avait accordé quatre ans, et le résultat était si convaincant qu’en 1985 vingt-cinq éditeurs français ont souhaité acheter le manuscrit achevé. Les enchères ont monté. Pour un million de francs, Gallimard l’a emporté, et c’est avec ce manuscrit que la maison Gallimard a commencé sa collection “Biographie.” Le livre a été presque aussitôt vendu dans une vingtaine de pays et Annie Cohen-Solal a commencé une tournée dans le monde entier, qui a duré quatre ans et provoqué dans certains pays une “Annie mania,” tant l’auteur a séduit les media.
En 1989, le hasard a à nouveau joué un rôle décisif dans la vie et la carrière d’Annie Cohen-Solal. Invitée à une émission de télévision en Allemagne, elle a refusé de répondre à la question sexiste du présentateur qui lui demandait si elle aurait pu tomber amoureuse de Sartre. L’échange a réjoui le Chancelier Kohl, qui regardait le débat et pour une fois ne s’ennuyait pas devant le petit écran. Il a envoyé une lettre cérémonieuse à Annie Cohen-Solal et l’a fait inviter à l’Elysée lors d’un passage à Paris, signalant au Président François Mitterrand que l’auteur de la biographie de Sartre était excellente à la télévision. Deux mois plus tard Cohen-Solal, qui habitait alors un petit studio à Maine-Montparnasse, était nommée conseiller culturel à New York, alors qu’elle n’avait jamais fait de diplomatie et jamais occupé de poste dans l’administration. Créatrice, elle s’est retrouvée bureaucrate. Déjà connue de toute la presse américaine, elle avait l’habitude des media et s’est découvert une grande aisance pour le fundraising. Elle a invité Ariane Mnouchkine pour Les Atrides en 1992; elle a fait mettre un minitel dans la café du MoMa lors de l’exposition Matisse, obtenant ainsi que les Américains parlent enfin de la technologie française; elle a facilité le retour des Arts florissants et reçu un BAM award; elle a créé les Centres d’excellence universitaires.
Une rencontre lors d’un dîner en 1989, peu après son arrivée à New York, a déterminé un nouveau tournant dans sa carrière: celle du galeriste et marchand d’art Leo Castelli, alors âgé de quatre-vingt un ans. Marié à une Française, Castelli a pris sous son aile la jeune conseillère culturelle française dont il a tout de suite senti le tempérament guerrier: «Vous allez prendre la ville d’assaut, avec votre jupe orange et vos gants longs!» Alors qu’elle voulait écrire un livre sur les relations entre intellectuels français et américains après la seconde guerre mondiale, il lui a suggéré de travailler plutôt sur l’art américain. Elle l’a écouté, se détournant une deuxième fois de son désir propre et de son domaine de connaissances pour saisir l’occasion et sauter dans l’inconnu. Son poste de conseiller culturel lui a permis d’observer le monde de l’art newyorkais, auquel Castelli l’a initiée. Années riches, passionnantes, pendant lesquelles est également né son fils Archibald, dont le père est grand mécène américain. En 2000 elle a publié Un jour ils auront des peintres, retraçant l’histoire de la peinture américaine de 1867, date de l’exposition universelle à Paris, à 1948, date de la première biennale de Venise après la guerre.
Quand son contrat de conseiller culturel s’est achevé en 1993 et qu’elle a dû redescendre des faîtes de la brillance mondaine et du pouvoir culturel, Annie Cohen-Solal a connu une période difficile à cause de la maladie. Pendant une dizaine d’années elle a vécu avec son fils entre Paris et New York, d’abord visiting professor à NYU, puis rentrant en France en 1997 où elle est devenue professeur d’études américaines à l’Université de Caen et a enseigné à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. En 2005 elle est retournée vivre à New York, ayant obtenu la bourse de la Fondation Pollock, et enseigne depuis 2005 à la Tish School of the Arts de NYU comme visiting art professor, se spécialisant dans une discipline originale qu’elle a créée elle-même entre le l’histoire culturelle et la sociologie de l’art.
Après avoir signé un contrat avec Knopf pour la biographie de Leo Castelli, elle a fait son propre fundraising auprès de trois fondations américaines pour financer l’écriture du livre. Pourquoi Castelli? Comme Sartre, il est un passeur. Il a changé la culture de l’art aux États-Unis et dans le monde. Il n’est pas courant de voir une Française livrer aux Américains le portrait d’une de leurs grandes figures, et le faire avec une exactitude, une minutie et une exhaustivité qui ont pu irriter l’auteur du récent article de cinq pages dans The New Yorker sur le livre de Cohen-Solal, “Leo the Lion.” Sa lecture achevée, Peter Schjeldahl avoue être retourné lire les cent première pages sur le contexte historique, l’Italie de la Renaissance, Trieste et la famille, et les avoir trouvées passionnantes pour l’éclairage qu’elles apportaient sur l’origine d’un phénomène tel que Leo Castelli.
Le long article du New Yorker, et même la réticence initiale de son auteur, prouvent qu’Annie Cohen-Solal, Française juive d’Algérie, passeuse de savoir de l’ancien monde au nouveau, guerrière en jupe orange, a su conquérir l’Amérique par son sérieux scientifique. Quand elle était jeune étudiante et militante d’extrême-gauche à Nanterre en 1968, rien ne laissait prévoir un tournant américain dans sa vie. Il est clair aujourd’hui qu’une carrière comme la sienne, parsemée de brillants hasards et refusant le carcan d’une discipline et d’une spécialité, la destinait à vivre aux États-Unis.