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Quand deux Français réinventent la radio

Si vous entrez dans la chambre d’un adolescent d’aujourd’hui, vous constaterez l’absence de chaîne hi-fi et l’omniprésence de l’ordinateur, de la console de jeu et, bien sûr, du téléphone portable, devenu objet à tout faire, notamment, nouveau support d’écoute de la musique. Le phénomène n’a pas échappé à Roberto Ciurleo alors qu’il est encore Directeur de l’antenne et des programmes de la radio FM NRJ à Paris.« C’était il y a trois ans. Avec mon associé Emmanuel Jayr, on a réalisé que l’écoute de la radio était en train de changer radicalement chez les jeunes. C’est ce qui nous a donné l’idée de créer un nouveau media radio qui soit totalement lié au numérique et à l’adresse IP. À l’époque, inutile de vous dire que c’était de la pure science-fiction ! »
Le temps de mûrir le projet, de lever quelques millions d’Euros et le portail Goom radio apparaît sur le Net, il y a un peu plus d’un an.
« Notre objectif était clair : combler le retard qui existait entre ce que les jeunes écoutaient sur Internet et ce que diffusaient les radios traditionnelles, même les plus récentes. Autre idée essentielle : l’auditeur doit pouvoir composer sa propre radio en virant tout ce qui ne lui plaît pas.»
Et ça marche, très fort et très vite… Goom radio, en France, totalise actuellement 9 millions de players par mois, alors que le site n’a pas deux ans.
Grand fan de Madonna, Roberto Ciurleo propose rapidement à la star d’avoir sa radio, puis ses équipes développent des radios pour des marques. Le Crédit Mutuel, l’opérateur téléphonique SFR et pour la dernière en date la SNCF qui a demandé à Goom radio de créer 22 radios régionales chargées d’informer les voyageurs de toute difficulté survenant pendant le trajet, parfois avant même le contrôleur du train.
Musique et informations arrivent, tout à fait naturellement, sur les mobiles et les ordinateurs des passagers.
Autre phénomène n’ayant pas échappé à Roberto Ciurleo, la provenance, pour 70% de ce qui est écouté par les jeunes Français, des Etats-Unis. Autrement dit, ce sont toujours les US qui alimentent très largement la production musicale.
Mais plutôt que de subir ce déferlement, sans pouvoir le canaliser, Roberto et son associé décident de venir à la source.
«  Nous nous sommes installés à l’été 2009, dans les studios d’une ancienne radio, à Jersey City, en ayant l’ambition de créer du contenu pour la France en sélectionnant la musique à sa source. Et c’est en constant que le marché de la radio, ici aux Etats-Unis, a encore plus vieilli qu’en France et semble définitivement figé, que nous décidons d’ouvrir un Goom radio US ! »
Et là aussi ça marche, très fort et très vite…
« Tous les jours aux Etats-Unis, 50 millions d’auditeurs écoutent la radio sur Internet ! À nous de jouer. »
Mais rien n’étant jamais simple, le parcours s’avère plus difficile que prévu et la difficulté pas là où Roberto Ciurleo l’attendait.
Rien d’insurmontable sur le plan technique, l’audience visiblement est elle aussi au rendez-vous, alors, où est-ce que çà coince ?
« Ok, gérer une équipe de chaque côté de l’Atlantique, ce n’est pas simple. Mais là où j’ai été très surpris ici, c’est de me trouver en face de collaborateurs très compétents dans leur domaine, mais incapables de sortir de leur feuille de route. Je n’avais absolument pas anticipé le fait que ces gens-là ne sont visiblement pas préparés à faire, même ponctuellement, autre chose que ce pourquoi ils ont été embauchés. »
« En fait, il ne faut surtout pas s’entourer de gens qui ne sont pas prêts à vivre une expérience de start up, sinon, c’est l’échec. »

Et c’est ce qui a conduit les deux associés de Goom radio à faire un grand ménage parmi l’équipe recrutée à New York pour le lancement.
« D’excellents connaisseurs du type de musique qui est leur spécialité mais sans la volonté de jouer les pionniers, or, on se sent complètement l’âme de pionniers car, dans les medias et notamment en radio, ici des start up, il n’y en a pas eu depuis longtemps ! »
Visiblement, l’expérience américaine est riche en enseignements. Roberto Ciurleo et son associé s’accrochent, persévèrent, convaincus que «l’association entre la sensibilité française et les méthodes américaines fait toujours un carton ».
C’est bien parti, en tout cas et les bonnes vieilles radios traditionnelles ont du souci à se faire, ici comme en France. Ils ont tout compris les Goom radio’s boys.

Danielle Loufrani au Fiaf

Danielle Loufrani vit et travaille à Paris. Cette artiste peint avec une totale liberté. Son style est unique et  différent,  il exprime sa propre vérité.  Ses portraits des Beatles et des Rolling Stones lui ont permis de remporter la première place en 1966 du Prix de New York.  Aujourd’hui Danielle Loufrani a peint plus de quatre cents tableaux présents dans des collections privées à travers les Etats-Unis et l’Europe.
L ‘exposition présentera ses oeuvres les plus contemporaines abordant des thèmes divers comme les femmes, Sarajevo, les sept péchés capitaux, ou encore les quatre saisons.
A la Gallerie Carré Rouge. De 2.00pm à 6.00pm
Adresse : 618 SW 8 St Miami – FL 33130 – USA
Plus d’infos: http://www.afmiami.org/EventListing0210.htm

Colloque mondial des Caraïbes

Le colloque portera sur la crise en Haïti et plus généralement dans la région des Caraïbes. Une crise culturelle notamment, avec la perte des éducateurs, des écrivains, peintres et cinéastes qui font partie intégrante de la préservation et le développement des traditions culturelles de cette île. La conférence rassemble plus de 50 écrivains, artistes, conservateurs et universitaires à participer à un dialogue de trois jours, non seulement sur Haïti, mais aussi sur les Caraïbes et la diaspora.
Plus d’infos sur: www.miami.edu

Quand Glenn Beck fait la promo d'anarchistes français

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rue89_logo« Coming Insurrection », traduction anglaise de l’ouvrage dont Julien Coupat a été présenté comme l’un des auteurs, est présent depuis deux semaines dans le top 100 des meilleures ventes du site Amazon.
Cet ouvrage (disponible sur le site de l’éditeur) a été publié en 2007 en France, sous le titre « L’Insurrection qui vient ». Signé par un mystérieux « comité invisible », il a été saisi lors de l’arrestation de Julien Coupat, suspecté du sabotage de voies ferrées en novembre 2008 dans le cadre de l’affaire de Tarnac.
Il nie être l’auteur de cet essai politique, qui expose la nécessité d’une insurrection populaire. Cet exposé a été perçu très différemment des deux côtés de l’Atlantique. En France, on a souvent évoqué la naïveté de son postulat de départ -l’organisation face à la « misère affective » et la « terreur politique » nées du triomphe de la civilisation. Mais en reconnaissant une certaine lucidité à ce constat désabusé, comme le fait Elsa Vigoureux dans le Nouvel Observateur, qui invoque la nécessité de « ne plus s’enfoncer dans le désert ».
Mais vu des Etats-Unis, cet ouvrage est ni plus ni moins un appel aux armes. Une tentative d’exportation de la violence observée lors des émeutes dans les banlieues françaises, ou plus récemment en Grèce ou au Japon.
Dans un pays où le terme de « socialiste » est synonyme de fauteur de troubles potentiel, l’arrivée sur le marché de ce texte rédigé par une mouvance d’extrême gauche, qui plus est française, et qui cautionne la défense de ses idées par la force est un signe alarmant… Pour les ultraconservateurs, les Rouges sont aux portes.
Une publicité assurée par Fox News
« Une des choses les plus diaboliques que j’ai pu lire… » Les éditions de la Fabrique peuvent remercier l’ultraconservateur Glenn Beck pour cette phrase prononcée lors de sa chronique, enregistrée sur Fox News un mois avant la sortie américaine de l’ouvrage.
Sur fond d’images de banlieues françaises en flammes, il dénonçait alors la sortie d’un livre « dangereux », véritable « appel aux armes ». (Voir la vidéo)
[dailymotion x9rfkv_fox-news-fait-de-la-pub-pour-l-insu_news]
L’écho de cette « Coming insurrection » aux Etats-Unis s’inscrit dans la suite des critiques de la politique supposée « marxiste » de Barack Obama : Glenn Beck, figure emblématique du conservatisme populiste aux Etats-Unis ne cesse de brandir la menace d’un soulèvement « socialiste » sur le territoire américain.
Nicolas Gauduin, rue 89
Retrouvez l’article original sur Rue89

Canouan, aux Grenadines : le bonheur total !

Lorsque l’avion de la Liat, la compagnie caribéenne qui fait le laitier d’île en île, a survolé Canouan avant d’atterir sur son aéroport de poche, j’ai tout de suite su que c’était gagné et que je tenais là un endroit à recommander vivement.
Alors, si l’envie vous vient d’oublier l’hiver, de vous retrouver sur une île minuscule (5,5 kms de long et 2 kms de large) et de séjourner dans un hôtel-resort de grande qualité, choisissez l’île de Canouan, entre la Barbade et Grenade, descendez au Raffles Canouan et profitez largement des nombreux privilèges que nous allons ici détailler.
Membre de « Leading hotels of the world », le Raffles Canouan appartient au prestigieux groupe singapourien, synonyme de prestations très haut de gamme.
Les 88 chambres et suites sont réparties autour d’un splendide golf 18 trous. La plus petite chambre ne fait pas moins de 52 m2, les suites installées dans les villas possèdent une piscine privée. A chaque chambre ou suite est attribuée une voiture de golf électrique, ce qui permet d’être parfaitement autonome pendant toute la durée du séjour et c’est essentiel car le domaine du resort couvre les deux tiers de l’île, compte pas moins de quatre plages, toutes superbes, et offre de nombreuses possibilités de balades en allant d’un trou à l’autre avec des panoramas de rêve sur le lagon et les autres îles des Grenadines toutes proches.
Pas moins de cinq restaurants proposent une cuisine qui va de la haute gastronomie avec un chef quebequois talentueux, aux spécialités italiennes, asiatiques, au snack au bord de la piscine ou encore aux saveurs caraïbes dégustées les pieds dans le sable, directement sur la plage. Ca aussi c’est un privilège !
Quelques mots à propos de l’Amrita Spa du Raffles Canouan. Que ce soit dans l’un des bungalows construits sur pilotis à fleur de lagon ou dans l’une des cabines de soins aménagées sur la colline, avec vue sur l’océan à 180°, les soins sont prodigués par des asiatiques avec la qualité de la marque la plus répandue et la plus prestigieuse en Asie.
Enfin, outre l’exceptionnel parcours de golf sur lequel nous revenons plus loin, il faut souligner la beauté et la diversité des quatre plages du resort. Autre privilège que celui de pouvoir choisir sa plage et de s’y retrouver seul ou presque. A mon sens, le véritable luxe.
Et les points négatifs me direz-vous, car, comme chacun le sait, la perfection n’existe pas ? Eh bien oui, il y en a deux ou trois mais ils n’enlèvent pratiquement rien à la note de satisfaction globale. A peine si l’on doit souligner un temps d’attente entre les plats un peu long dans deux des cinq restaurants du resort, des tarifs élevés pour le barbecue du samedi soir, ceci étant compensé par la possibilité de choisir une formule pension complète, valable dans tous les restaurants, et enfin, un accueil à l’aéroport de La Barbade très en deçà de la qualité de service assurée dans le resort.
Voilà, c’est tout. Pour le reste, vous l’avez compris, le séjour à Canouan est une addition de privilèges qui font de cette île et de ce resort un véritable must, que l’on soit golfeur ou non.
Comment y aller ?
Vols directs entre New York et La Barbade puis correspondance, soit par avion privé (environ 1000 $ US/personne l’AR), soit par un vol régulier de la Liat, la compagnie régulière, en 50 minutes (environ 300 $US/ personne l’AR).
Quelle formule de séjour ?
La pension complète, proposée à 98 dollars par jour et par personne offre le meilleur rapport prestations/prix, compte tenu que tous les repas sont pris dans le resort.
A partir du 12 avril, les tarifs des chambres sont pratiquement divisés par deux. Ils passent, par exemple, pour une chambre standart, de 850$ à 495$
A faire absolument
– le parcours de golf, bien sûr. Dessiné par Jim Fazio, c’est un splendide 18 trous, par 72, qui longe ou surplombe la mer des Caraïbes. Extraordinaire.
– Un soin dans l’un des bungalows sur pilotis du spa, avec plancher en verre pour voir l’eau et les poissons du lagon.
– Le coucher du soleil depuis le trou n°13 du golf.. Accès en voiture de golf.
– Si vous êtes un peu plus courageux, en fin de journée, marche jusqu’au sommet du Mont Royal, juste au dessus du resort. A l’arrivée, panorama absolument exceptionnel à 360° sur l’île, l’océan Atlantique, la mer des Caraïbes et les îles Moustique et Béquia
– un bain sur la plage de Mahault, la plus sauvage. On y est seul au monde, sans aucune construction visible sur les colinnes qui la bordent.
– un tour de Canouan afin de prendre la mesure de l’île et du cadre de vie des quelques 900 habitants qui peuplent Canouan. Trente minutes suffisent.
– la sortie en catamaran jusqu’aux Tobagos Cays. Une demi-journée géniale pendant laquelle vous pouvez nager avec les tortues de mer et les raies. Snorkling magique.
– Se faire conduire dans la journée à la villa Monte Carlo qui abrite le restaurant La Varenne  et le casino, toujours pour la vue. Y retourner dîner sur la terrasse un soir de pleine lune et prolonger la soirée au casino.
A voir absolument
Justement, les Tobagos Cays, mondialement connus. Tous les marins qui naviguent dans les Caraïbes s’y arrêtent. Certaines scènes de « Pirate des Caraïbes » y furent tournées.
C’est la carte postale absolue, mais ce serait fort dommage de ne pas avoir vu cet endroit des Caraïbes.
Un dernier conseil ?
Déjeuner ou dîner carrément sur la plage, les pieds dans le sable, au Godhl’s Beach Bar & Grill. De surcroît, le tartare de thon y est parfait !

La lingerie française s'invite sur Times Square

CurvePhotoParce qu’ils avaient senti “une niche”, Jean-Luc et Laurence Teinturier, deux professionnels de la mode, installés aux Etats-Unis depuis vingt ans, ont lancé en 2007 CURVE, salon américain de la lingerie fine. Depuis, malgré la crise, ils tiennent et, à Las Vegas et New York, prouvent que la “French lingerie” est plus qu’un fantasme américain, un solide business. La part que les Américaines consacrent à la lingerie ne cesse de progresser et le “haut-de-gamme” gagne du terrain au pays de Victoria’s Secret.
Pendant 3 jours, du 21 au 23 janvier, les professionnels, créateurs comme acheteurs, sont réunis au Jacob K. Javits  Center de New York pour découvrir les collections été automne 2010. Les 225 marques présentes viennent du monde entier, mais les françaises étaient à l’honneur, avec un défilé inédit sur Times Square. French Morning était là aussi. Reportage vidéo.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=XtfkxOmN9y0]

Sarkozy à New York et Washington

La dernière visite de Nicolas Sarkozy à la Maison Blanche date de novembre 2007. Elle était alors occupée par George Bush. Depuis, les efforts considérables déployés par le locataire de l’Elysée pour montrer sa complicité avec son homologue américain avaient plutôt étaient boudés, notamment lors du voyage d’Obama le 6 juin dernier en France. Entre temps, la plupart des leaders européens avaient été reçus par le président américain. Pas Nicolas Sarkozy.
L’affront, si c’en était un, sera réparé le 30 mars prochain. Après un entretien de travail, Sarkozy et Obama tiendront une conférence de presse conjointe puis le coupe Sarkozy sera reçu pour un dîner privé par le couple Obama. Auparavant, Nicolas Sarkozy sera passé par New York pour “y rencontrer des représentants des milieux financiers et de la presse américaine” précise un communiqué de presse de l’Elysée.
Le Président de la République se réjouit tout particulièrement de cette prochaine visite officielle, qui sera la première dans un cadre bilatéral depuis la visite d’État qu’il y a faite au mois de novembre 2007″ conclut le même communiqué.

Barbara Cassin à la NYU

Barbara Cassin, philosophe et philologue française, est directrice de recherche au CNRS. Grande figure de la philosophie contemporaine, elle est également spécialiste de la pensée grecque et de la sophistique.
Elle sera à la Maison Française de la NYU le 24 février pour une conférence: “Homme, Femme, Philosophie” à 7:00pm
Maison Française, NYU, 16 Washington Mews

Ripailles gasconnes sous le Queensboro Bridge

Peu importe que l’on soit originaire du Sud-ouest ou non. Lundi soir, ces sonorités gasconnes qui ont résonné sous l’incroyable architecture du Queensboro bridge,à Manhattan, ont fendu les visages de sourires ou ont tiré la petite larme. Ou les deux à la fois. Une espèce de samba hexagonale au coeur de la Grosse pomme, chez Guastavinos, apportée là par Ariane Daguin pour fêter les 25 de “D’Artagnan”, son entreprise de produits culinaires.
Pour célébrer ce quart de siècle de gastronomie française à New York, de grands chefs français étaient présents. On a pu croiser Daniel Boulud ou Jean-Georges Vongerichten. L’international français de Rugby Francis N’tamack et quelques complices d’Ovalie ont aussi participé à la soirée. La veille, ils aplatissaient a Central Park, contre une équipe de New-Yorkais. “Les Français ont gagne… Ex-aequo !” s’est exclamée Ariane Daguin.
Les festivités avaient debuté quelques jours plus tôt, dans différents restaurants de la ville. Avant que les quelque 200 Gascons – qui avaient spécialement fait le déplacement pour l’anniversaire – ne regagnent la France, il fallait bien conclure une semaine de fête et de ripaille. Ce fut le cas. Grimés en rouge et blanc – dress code en l’honneur de d’Artagnan – , en chapeau a plume, en diable, en Belles des années 30… les 1500 invités  s’en sont donnés a cœur joie sous les immenses voutes de la salle de bal.
D’abord au buffet, bien sur ! On n’en attendait pas moins. Inévitable cassoulet, pilons de cailles aux pruneaux, travers de porcs caramélisés… Entre autres foie gras aux truffes et quelques patés de campagne. Sans oublier les vins du Sud-ouest et l’Armagnac !
Mais le spectacle n’était pas que dans les assiettes. Dans une ambiance très “troisième mi-temps”, sous les applaudissements d’une foule particulièrement dense, des concurrents ont du gober des pruneaux baignant dans une flaque d’armagnac, au fond d’un saladier. C’est un américain qui l’a emporté, coiffant au poteau les Français. Un vrai banquet !

Paquito chocolatero

Puis sur les tambours et les cuivres du D’Artagnan Big Band, rassemblant exceptionnellement des musiciens de Broadway pour la soirée, une trentaine d’invites se sont assis par terre et se sont balancés pour un joyeux Paquito chocolatero. Quelques courageux, dont Daniel Boulud, se sont élancés pour se faire porter a bout de bras d’un bout a l’autre de la chenille. C’est Basque, pensez-vous ? Oui mais pas que : “Les Gascons et les Basques ont des cultures très proches !”, explique Bernard Thore, le chef d’orchestre.
Abandonnant le piano pour des guitares et des batteries, un groupe rock de chef a fait vibrer les poutrelles du Queensboro bridge et  le public sur un “Ça plane pour moi”. Un morceau parfait pour Ariane Daguin qui s’est dite satisfaite de la soirée et de la semaine. Il est vrai que tenir ainsi, contre vents et marées, pendant un quart de siecle a New York, il y a de quoi se réjouir. Loin de se laisser aplatir, elle a su transformer l’essai. A l’instar de d’Artagnan, Ariane Daguin doit cacher quelques bottes secrètes. Des secrets que l’on ne trouve que dans le Sud-ouest.

We are going to the World Cup

Leur rêve était de retourner en Afrique, leur passion le football, leur but créer leur “dream team”, composée de joueurs africains. La Coupe du monde de football, organisée en Afrique du Sud en juin, leur en a fourni l’occasion en même temps que l’idée, à mi-chemin entre documentaire et télé-réalité. Jean-Sébastien Brettes et Edouardo Fontan vont parcourir en voiture plus de 8000 km en 4 mois, du Nord de l’Algérie jusqu’à l’Afrique du Sud pour la finale, en passant par le Nigeria, le Gabon, l’Angola, la Namibie… Ils voyageront pendant ces quatre mois avec Mélissa Gundlach, qui sera derrière la caméra.
Au fil des jours, ils produiront “We are Going To The World Cup”, une  “web-série” de 30 mini-reportages hebdomadaires de 2 à 3min diffusés sur Internet sur Youtube et Dailymotion. Chaque épisode fera découvrir un pays et entrera dans l’intimité d’un joueur à travers ses amis, sa famille, ses voisins, son école, ses plats préférés et ses habitudes, ils exploreront son environnement, à la fois physique et social. Avant le début de l’expédition, ils sélectionneront les joueurs de leur «Dream Team» parmi les six pays africains participant à la Coupe du monde: Algérie, Côte-d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun et Afrique du Sud. Ils ne vont pas seulement choisir les joueurs les plus célèbres comme Drogba, Eto’o ou Essien, il veulent aussi prêter attention à ceux qui aident leur pays comme Rafik Halliche, Carlos Idriss Kameni.
“L’ itinéraire est inhabituel, les gens traversent l’ Afrique par l’Est moins dangereux et plus touristique, mais c ‘est là notre différence, notre originalité” explique Jean-Sébastien Brettes, producteur audiovisuel à New York. L’Afrique, il l’a connue à quatre ans quand lui et sa famille ont atterri en Côte d’Ivoire. “Je suis le Blanc nourri par l’Afrique” dit-il, décrivant son compagnon de voyage, Eduardo Fontan, comme “le Noir nourri par l’Europe”. Restaurateur à New York, Edouardo est né au Gabon, mais a dû quitter son pays très tôt. Complémentaires, les deux amateurs de foot aiment tout les deux l’Afrique et même s’ ils ont évolué dans deux mondes différents, ils l’ ont dans le coeur.
A travers cette série, ils veulent montrer l’Afrique de leur enfance, de l’entraide, du partage, d’une façon candide. Il y aura une véritable interaction entre eux et les Africains grâce à leurs racines mais aussi à leur passion commune, le football qui arrive à réunir les populations du monde entier. Ils ne vous cacheront rien même leurs petites disputes qui risquent d’arriver après de nombreuses années d’amitié, et vous demanderont votre avis sur par exemple une route à prendre.  En plus des mini-reportages de nombreuses séquences de 20-30 secondes s’ajouteront pour partager les moments forts de la journée.
Le projet leur trotte dans la tête depuis le mois de Mai grâce à leur persévérance et leur passion commune, le départ est prévu fin Mars. “We are going to the World Cup” vous offrira de l’aventure, des rencontres exceptionnelles ainsi qu’un regard neuf et audacieux sur le football et ses joueurs.
A découvrir dès maintenant le Teaser: Ici
Site internet: http://www.wearegoingtotheworldcup.com/
Si vous souhaitez  sponsoriser l’aventure, contactez Jean- Sébastien Brettes: [email protected]
Photo prise par: Steve Benisty

Faux scoop, faux pinot et faux départ

Il y a quelques jours, le parisien titrait en une : “Exclusif : quand les appelés du contingent servaient de cobayes…”. Un « scoop » qui date en réalité de 1998, mais repris tout de même cette semaine dans le New York Times alors que le décret d’application de la loi sur l’indemnisation des vétérans est en cours de rédaction. Le NY Times rappelle les faits, le secret autour de ce « rapport accablant » qui arrive « comme une bombe ». «La France a réalisé 210 essais d’armes nucléaires dans le Sahara algérien et en Polynésie française entre 1960 et 1996. Le ministère de la Défense a estimé qu’un total de 150.000 militaires et civils aurait subi les conséquences néfastes de ces essais. »
La société française Sieur d’Arques, qui a commercialisé du faux pinot aux Etats-Unis, et le courtier de la maison Ducasse ont été condamnés mercredi pour tromperie sur la marchandise par le tribunal correctionnel de Carcassonne. Pour le San Francisco Chronicles, l’affaire « Pinotgate 2010 » est le résultat d’une demande trop importante. « L’industrie du vin répondait à une énorme demande pour une version bon marché d’un vin qui ne devrait probablement pas être bon marché, (…) on nous a vendu le vin que nous méritons. (…) Il ya une solution simple: Arrêtez de boire du Pinot bon marché. » commente Jon Bonné, spécialiste du vin pour le journal. Pour beaucoup, l’entreprise Gallo ayant reçu les faux pinots est également responsable : « Comment ne savaient-ils pas que ce n’était pas du Pinot? Personne ne goûte les vins? »
La Bibliothèque nationale de France était ravie d’annoncer jeudi dernier l’acquisition des mémoires manuscrites de Giacomo Girolamo Casanova, le « plus grand amant du monde ». L’Histoire de ma vie est l’œuvre maîtresse de Casanova, écrite en langue française et d’une longueur de trois fois celle du Seigneur des anneaux. Selon le Financial Times il s’agit du manuscrit le plus cher jamais acquis par la BNF, salué comme un acquis culturel majeur par le gouvernement. « Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture qui a suscité la controverse avec les comptes publiés de ses propres aventures sexuelles, a acquis le manuscrit pour la France lors d’une cérémonie officielle» commente le quotidien.
Devenue une star du net avec sa chute au bout de quatre secondes de descente olympique, Marion Rolland est l’Antistar de ces jeux d’hiver. Si en France « Il ne fait pas bon s’appeler Marion Rolland » d’après la principale intéressée, pour la chaine américaine Ski Channel, ce sont les dieux de l’Olympe les véritables responsables. « Nous vous aimons et connaissons votre talent sur les pistes », malheureusement,  « tant de variables entrent en jeu et peuvent modifier une performance d’un jour à l’autre.» Malheureusement, il ne fait apparemment pas bon s’appeler Marion Rolland outre-Atlantique non plus. En effet, les plus grands blogs US ont également posté la vidéo de sa chute, sûrement « la plus mauvaise tentative de descente olympique de ski de tous les temps » selon The Big Lead.

Roland Flexner, le puriste

Il y a chez lui quelque chose qui impose le respect: sans doute ce regard, vif, incisif, empreint de dérision. L’intelligence a quelque chose d’intimidant–et de désirable aussi. Je lui expose brièvement la raison de ma présence: “J’espère ne pas vous avoir induit en erreur: je ne suis pas critique d’art. Je fais des portraits biographiques d’artistes, d’écrivains, de créateurs francophones afin de comprendre comment leur venue à New York il y a longtemps a influencé leur travail.–Biographiques, reprend-il avec un petit sourire.–Oui, biographiques. J’ai l’impression que cela ne vous intéresse guère, car j’ai cherché des informations sur vous hier, et n’en ai pas trouvé. –Le biographique, c’est anecdotique, reprend-il. Ce qui compte c’est le travail, non? Je suis blanchotien. Je crois à la mort de l’auteur.”
Je suis fondamentalement d’accord avec Roland Flexner. Quand j’étais en khâgne, autrefois, je me suis passionnée pour Blanchot. Quelle importance, le détail d’une vie, face à l’oeuvre? Nul besoin de la première pour expliquer la seconde. Elles sont sur deux plans séparés. Je défends toutefois mon projet. “C’est anecdotique, mais intéressant! Cela permet de comprendre le trajet d’un artiste. –Il n’y a pas de chronologie possible, rétorque Flexner. Pas de progression: le récit qu’on s’en fait est une fiction. –Soit, mais on a besoin de fiction! Du moins je l’espère, puisque je suis romancière. Le fait que vous travaillez à Paris ou à New York, ce n’est pas pareil. Il y a bien une raison pour laquelle vous êtes venu ici?” Petit sourire en coin. Il ne se laisse pas prendre au hameçon. Ce serait trop facile.
Nous sommes chez lui, dans son loft de Soho, de ce qui est aujourd’hui Soho mais fut longtemps considéré seulement comme le quartier mal famé du Bowery, qui connaît depuis peu, sans doute grâce à la création du New Museum, une spectaculaire transformation. Loft d’artiste au plancher clair, en angle avec de grandes fenêtres tout autour, quelques piliers blancs au milieu du vaste espace, peu de meubles, lumière et sérénité. Dans la cuisine Roland prépare un café à l’une de ces machines à expresso perfectionnées qui deviennent la mascotte de leurs propriétaires. Le plateau de petites capsules multicolores, où les différentes couleurs indiquent les diverses origines géographiques des cafés, ressemble à une palette de peintre. Il les achète chez Bloomingdale’s, me dit-il. Il me sert un thé, je lui demande s’il a du sucre, il en cherche, ou du miel? Il sort du placard un petit pot métallique de miel de Tasmanie si extraordinairement parfumé que je suis honteuse d’en masquer le goût en le mettant dans mon thé. Du miel de gourmet. Roland Flexner sait évidemment où trouver le meilleur. Par le café et le miel, je me suis sans doute approchée plus près de son intimité que je n’y réussirai par les mots.
Je le suis dans le salon, où il me montre les petits paysages d’encre qui seront exposés à la biennale du Whitney à partir du 23 février, consécration qu’il ne dénie pas mais qui semble, là encore, relever de l’anecdotique.
Ces paysages tout en noir et en gris, d’un dessin extrêmement fin et aux variations subtiles, ont un air japonais. Roland Flexner se rend souvent au Japon, en effet, depuis qu’il a passé quatre mois à la Villa Kujoyama en 2004 afin d’étudier l’encre Sumi à Nara et dans le sud du Kansaï. Il a travaillé avec les quelques familles qui restent, quatre ou cinq seulement, spécialisées dans les techniques manuelles de l’encre–car maintenant, tout est mécanisé.
Avant les paysages qui seront exposés au Whitney, il a commencé par faire des bulles. Ce sont ces petits tableaux que j’avais remarqués à la galerie D’Amelio Terras, à Chelsea, qui représente aujourd’hui Flexner à New York, et qui travaille en collaboration avec plusieurs de ses autres galeries dans le monde, Nathalie Obadia à Paris, Massimo Decarlo à Milan. On y voit une bulle d’encre, à la forme parfaite, dans laquelle se dessine un paysage ou des formes abstraites. Flexner m’explique comment il a obtenu ce résultat–l’histoire de ce travail, contée par lui, est tout aussi passionnante que celle d’une vie. Il a eu l’idée, tout simplement (si l’on peut dire), de souffler une bulle d’encre et de savon, au bout d’une paille, en rotation. Il projette la bulle sur une feuille de papier recouvert d’une couche d’argile, très lisse. Parce que la bulle est petite, elle explose sur la feuille de papier en trois secondes à peu près, avant que la pesanteur n’ait le temps de saper les effets de sa forme. C’est, pour ainsi dire, magique: personne ne comprend comment c’est possible. J’ai moi-même du mal à imaginer comment la bulle, en explosant, peut produire une forme cylindrique aussi parfaite: “Vous êtes en quelque sorte le Madoff de l’art,” lui dis-je. Il rit et confesse que sa fille, qui a aujourd’hui vingt ans, parle du “greatest scam” qu’elle ait jamais vu puisque ces oeuvres d’art sont réalisées en exactement trois secondes. C’est justement de sa fille que l’idée lui est venue: quand elle avait six ans, il faisait des bulles pour elle, et il s’est rendu compte du potentiel de la méthode. Flexner est un expérimentateur ludique: un jour il a ajouté une goutte d’alcool à son mélange de savon et d’encre. Il me montre le résultat: autour de la bulle à la forme parfaite, il y a un couronnement de minuscules gouttes d’encre. Ce sont les “drunken bubbles.”
Il m’emmène dans son atelier, juste en face de son appartement, pour me montrer comment sont fabriqués les paysages exposés au Whitney. J’en profite pour lui poser quelques questions, auxquelles il répond du bout des lèvres, mais de bonne grâce. Oui, il est né, un jour. Tombé comme une bulle sur cette terre, en décembre 1944, “après la bagarre,” à Nice. Son père était dans la résistance, sa mère Italienne immigrée. Il est resté à Nice jusqu’à trente ans. Après le bac, il a fait les Beaux-Arts, puis étudié la typographie. “La typographie? Pourquoi? –Pour devenir ouvrier typographe, ou correcteur. –Mais pourquoi?” Métier étrange, qui me donne soudain l’impression de me retrouver chez Balzac, en pleines Illusions perdues. “Mon grand-père était compositeur typographe à Paris, au Petit-Parisien, m’explique-t-il. J’ai obtenu ma licence de typographe linéotypiste illustrateur. Mon père avait des connections à Nice-Matin. Je suis allé passer un entretien, je suis rentré et j’ai dit à mon père: ‘Papa jamais je ne travaillerai pour soixante centimes de l’heure.’ Fin de ma carrière de typographe. J’étais déjà artiste à l’époque. J’habitais dans le quartier où avait vécu Matisse, puis Yves Klein, Martial Raysse, les nouveaux-réalistes.”
À la fin des années soixante, un axe d’avant-garde reliait Nice à Paris, autour du mouvement Supports/Surfaces, de Philippe Sollers, et de Tel Quel. Flexner se sentait proche de leurs idées. Au début des années soixante-dix, il lisait Marx avec ses copains, et Foucault, Barthes, Baudrillard, Deleuze, Lyotard. Il y avait à l’époque une seule idéologie en France: on en faisait partie ou non. Flexner a baigné dedans et a été stimulé, en tant qu’artiste, par le mouvement conceptuel de la déconstruction. Une de ses premières oeuvres majeures, exposée au Musée d’art national de Paris puis achetée dans sa totalité par les célèbres collectionneurs Philippe et Denise Durand-Ruel, était une série de reproductions d’un paquet de cigarettes Camel, fixé à toutes les étapes de sa fabrication. À Nice il vivait de peu, vendant de temps en temps son travail aux Italiens et aux Parisiens de passage.
Pour des raisons personnelles, Flexner est parti en 1976 en Angleterre, où il a passé cinq ans, pendant lesquels il a fait de nombreux séjours en Italie, dans un village de Ligurie où était installée la fondation Jeanneret. En Angleterre, le milieu de l’art n’était pas très excitant; en France les centres d’art qui comptaient étaient réduits: on en avait vite fait le tour. En 1981 Flexner a franchi le pas avec sa compagne anglaise: ils sont venus vivre aux États-Unis, grâce à une bourse de la Villa Medicis hors les murs. Cette bourse a permis à Flexner d’avoir un atelier à PS1 pendant un an. À l’époque, on trouvait des lofts pour rien à Manhattan, dans les immeubles industriels du bas de la ville, Soho et ses quartiers adjacents. Les loyers étaient très bas, et du moment qu’on payait, on n’entendait pas parler du propriétaire. Flexner a ensuite bénéficié de la loi du loft-board passée en 1986, garantissant les droits des milliers d’artistes logés dans les lofts de façon parfois insalubre et illégale et protégeant leurs loyers. Il a même eu la possibilité d’acheter tout son immeuble, mais les amis collectionneurs auxquels il voulait s’associer lui ont ri au nez: dans ce quartier pourri du Bowery, ce no man’s land plein de clochards, qui ne changerait jamais! Il est donc resté locataire mais ne le regrette pas.
À l’époque, dans les années quatre-vingt, le milieu de l’art était encore petit. Les galeries se concentraient sur West Broadway, dans Soho, autour de la galerie Castelli-Sonnabend. Il était facile de rencontrer critiques, artistes et collectionneurs en venant aux vernissages. En écoutant Flexner–comme en écoutant Alain Kirili, venu à New York à la même époque–on a l’impression d’entendre les récits d’un âge d’or des artistes européens immigrés aux États-Unis. Aujourd’hui ce monde de l’art est si tentaculaire, et la reconnaissance, si dure à obtenir!
Flexner s’est senti parfaitement à l’aise à New York, ville qui ne l’a guère surpris car il lui trouvait une qualité méditerranéenne–la même lumière qu’à Nice–et européenne. Il s’est adapté à un système où les artistes ne dépendaient pas des institutions et ne pouvaient attendre d’aide du gouvernement, mais où tout était privatisé. Il a appris à séduire, à promouvoir son travail, et a rencontré toutes sortes de gens qui le lui ont acheté. Deux expositions personnelles, l’une, de dessins, au Aldrich Museum of Contemporary Art de Ridgefield, CT, et l’autre, de peintures (les vanités) au Cleveland Center for Contemporary Art, Ohio, en 1997, ont opéré un tournant dans sa carrière, en lui permettant de trouver une bonne galerie à New York. Un article de Roberta Smith dans The New York Times en 2002, suivi d’articles dans Art Forum et Art in America, l’ont introduit dans le panthéon des artistes qui comptent.
Je sens que Roland Flexner se fatigue de cette vaine chronologie. Il a fait suffisemment de concessions à la biographie. Il est temps de revenir à l’essentiel. Il pointe du doigt une petite boîte en verre contenant une poudre noire: c’est, m’explique-t-il, de l’encre japonaise, obtenue à partir de l’huile de sésame brülée, dont il récolte la suie. Il pétrit ensuite cette suie en la mélangeant avec de la gélatine animale, dont il me montre un fragment transluçide, afin d’obtenir une pâte, qu’il met ensuite dans une petite bassine avec de l’eau. Le pigment se mélange mal et affleure à la surface du liquide, formant des dessins, qu’il modifie en y trempant de petits bouts de bois et en bougeant le liquide. Quand leur apparence lui plaît–quand elle se rapproche le plus possible de la représentation d’un paysage–il la saisit en appliquant une feuille de papier. Il a ensuite dix secondes pour agir en tenant la feuille de papier dans ses mains.   Avec l’ongle, il peut créer une lune; en soufflant sur une paille, une comète; en passant sur le dessin pas encore sec une feuille de papier, il peut produire un effet qui ressemble à une chute d’eau.
Le souffle est important dans son travail: il poursuit aujourd’hui avec la fumée ce qu’il a commencé avec la paille, tout en retrouvant un thème qui lui est cher, celui des vanités. Il place une petite tête de mort sur une table et souffle la fumée d’un cigare qu’il exhale rapidement (puis d’une cigarette légère, car il s’est avisé que tous ces cigares cubains fumés à toute allure étaient gâchés, et peut-être pas très bons pour ses poumons). À la seconde où le dessin de la fumée lui plaît, il prend une photo.
Très étranges images, toujours en noir et blanc. Roland Flexer n’a pas fini d’essayer, de tenter, d’inventer. Il va de l’avant et ne se répète pas, même si toutes les oeuvres de la série des paysages exposés au Whitney et toutes les bulles montrées chez D’Amelio Terras et chez son galleriste italien ont été achetées par des musées et des collectionneurs le lendemain du jour où l’annonce de sa participation à la biennale du Whitney a été rendue publique, et que ses galleristes lui en ont donc tout de suite réclamé d’autres. Il conçoit son travail comme un événement, une performance–une gestualité. Ce qui l’intéresse, c’est d’expérimenter avec de nouveaux media et de s’amuser. Flexner est un artiste heureux: sans inquiétude. Il ne pense pas en termes d’une “oeuvre” à accomplir: ce qui l’anime, c’est le désir de faire apparaître pour la première fois dans le monde quelque chose qui n’est pas de l’ordre de la représentation. Le succès arrive, un peu par hasard, ou déterminé par la perfection du geste, comme les bulles d’encre et de savon. Ce qui importe à Flexner, c’est juste le geste très physique de la création.
Au Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue at 75th Street
Plus d’infos: http://whitney.org/