Chère Viviane,
Il me semble que dans la culture Américaine, les enfants courent, courent et n’ont jamais le temps de tout simplement “chill” comme ils disent pourtant si fréquemment. Pourquoi? Déjà je trouve que l’enfance de nos enfants passe si vite alors pourquoi ce besoin d’activité à tout moment ? Je remarque la grande importance du sport collectif mais je ne comprends pas bien ce courant électrique. Mes enfants qui ont 8, 10 et 12ans me disent que si je ne leur permets pas de participer, ils ne vont jamais se faire de vrais copains. C’est vrai ?
Céline de Mamaroneck
Chère Céline,
Alors là vous touchez sans doute au débat de différence de cultures, de perception du temps, du concept du loisir et du plaisir. Il s’agit de la définition de ce qui constitue l’équilibre de la vie d’un enfant.
Depuis toujours, enfin certainement depuis la deuxième guerre mondiale, les écoles primaires et secondaires et bien évidemment les collèges (les universités) ont compris que la mémoire et l’attention bénéficient d’activités purement physiques, ce qui permet de meilleures performances intellectuelles. De ce fait, nous voyons une intégration quasi journalière du sport pendant la journée et après la sortie, l’école offre et soutient du sport « à la carte », variant suivant les saisons. Garçons et filles forment séparément des équipes par sélection de goût et d’habilité passant au moins deux heures par jour et souvent le samedi à s’entraîner rigoureusement.
Mais certain parents, comme vous, se posent des questions : si mon enfant fait tant de sport ne va-t-il pas rentrer affamé, extenué, au point qu’il ne pourra plus se concentrer méticuleusement sur ses devoirs ? Aura-t-il l’énergie demandée pour apprendre les dictées, les récitations, écrire ses dissertations, et aussi lire afin de maintenir le niveau élevé de sa classe ? Sans parler du manque de sommeil et les réveils difficiles !
Et la vie de famille? Notre enfant rentre tard, prend à peine le temps de dire bonjour, court se doucher, avale son repas à triple vitesse pour s’enfermer ensuite dans sa chambre. Pas très agréable pour les autres; plus de conversation de « rattrapage » autour de la table, plus d’échanges culturels qui stimulent l’esprit et une distance qui se crée avec ce manque d’intimité. Notre famille n’est plus au complet.
Eh oui! parents. si votre enfant fait parti d’une équipe, elle aura besoin de sa participation régulière. Ce choix je sais n’est guère facile mais acceptez aussi que d’apprendre à jouer en équipe peut représenter un outil d’apprentissage pour leur vie d’adulte. Pensez travail d’équipe, sens de la responsabilité et aussi soutien envers et au travers des autres. Sachez que je comprends aisément vos haussements d’épaules.
Souvenez-vous qu’en tant que parents notre souhait le plus profond est le bonheur et l’harmonie de nos enfants. Céline, vos enfants ont peur de manquer le « coche » de ne pas avoir d’amis, il faut prêter attention à leur appel. Le stress causé par le manque d’amitié est prouvé à tous les ages. Chez nos enfants il y a de plus un besoin d’acceptation au sein du cercle de leurs pairs. Cela pèse lourd sur leur estime de soi et ceci depuis même la maternelle. Rare est l’enfant qui préfère rester seul, sans la présence d’un copain du même âge. Si c’est le cas, il faut creuser pour en trouver la source. Les pré-adolescents et les jeunes gens vivent dans ce qu’appelle le psychologue Ron Taffel « The Second Family ». La bande de copains et l’importance de l’amitié même compétitive, permettent d’établir leur propre identité et centre d’intérêts.
Je ne peux couvrir d’avantage dans cette chronique mais à mon avis les Américains on compris un concept fondamental du bonheur : le bonheur n’est pas linéaire. Le bonheur n’est pas qu’atteint par l’intelligence intellectuelle. Le bonheur n’est pas le sacrifice de nos besoins. Le bonheur est plutôt un concept global et profondément émotif, au demeurant tout aussi exigeant car il demande la capacité de négociation et de respecter la connivence entre « body and mind ». Loin de moi l’idée de faire fi de la culture, de l’enrichissement des voyages et des échanges polémiques. Avouez cependant Céline, que le charme de l’enfance est aussi de pouvoir toucher un peu à tout pour le simple plaisir et sans peur des conséquences. Comme vous le dites si bien, ce moment émerveillé de la trajectoire de l’enfance passe si vite alors pourquoi hésiter à y incorporer les joies du sport qui permettent de « s’éclater » sainement.
Pour poser vos questions à Viviane
La suractivité imposée aux enfants
Invasion française
Sujet déjà abordé dans les pages de French Morning mais on pardonne au Daily News: Caroll Gardens devient une “French town”, attirant de plus en plus de Français grâce à la qualité de vie et aux programmes en français proposés par la PS58. Ni «french ghetto», ni «French Club Med». Dans cet ancien quartier italien, le patron de l’épicerie fine italienne a dû se mettre à la page et au milieu du prosciutto et la mozarella ont surgi « d‘obscurs fromages français ». Et en plus, ils se font remarquer: «quand ils commandent du fromage, ils le prononcent bien. Ils mangent vraiment beaucoup de fromages ».
« Une France ça suffit! » prévient Roger Cohen dans le New York Times, paraphrasant Mauriac à propos de l’Allemagne « J’adore la France, mais je ne veux pas en voir deux, surtout si l’une des deux est aux Etats Unis ». L’éditorialiste craint cependant la «touche d’étatisme» présente dans les réformes d’Obama. «Punissez le capital et il vous punira en retour en vous disant Hasta La Vista, c’est ce qu’a compris l’ancien président François Mitterrand». « On a conscience de ses possibilités quand on peut les embrasser. C’est l’essence de l’identité américaine pour un immigré: les perspectives infinies de ses horizons face aux frontières étriquées des Etats Européens et l’attention étouffante de l’Etat nounou, dans lequel il est souvent plus facile de ne pas travailler. Le taux de chômage élevé en France n’a jamais été un mystère ».
Michelle Obama est cover girl dans le numéro de mars du Vogue US. Et tour du monde des First Lady oblige, le magazine consacre un large portrait plus qu’élogieux à Carla Bruni-Sarkozy: « jamais auparavant une femme de président n’aura amené à la fonction autant de beauté, d’intelligence, de talents, de culture, de style, une fortune gagnée par elle même, un fils illégitime, un passé sulfureux et des photos nues ». Après un long portrait retraçant l’intégralité de sa carrière, et de ses amours, le journaliste reçu à l’Elysée n’hésite plus, suite à son mariage et à la sortie de son album « elle est devenue immensément populaire, vraiment amoureuse de son mari, agissant de manière irréprochable dans ses fonctions officielles tout en restant fidèle à sa propre personnalité».
«Jamais les impôts d’un Etat n’auront autant révélé sur la realpolitik qu’une loi récente votée à l’Assemblée Nationale française» annonce Newsweek sur une loi exemptant d’impôt les émirs Qatariis ayant acheté l’Hotêl de Lambert, dans l’Île de la Cité. « Bien que se présentant comme le meilleur ami des Etats Unis sur le vieux continent, la sollicitude de Nicolas Sarkozy pour les pays du Golfe est un héritage de son prédécesseur Jacques Chirac ». But affiché : «compléter la politique américaine dans la région». Cultivant les liens avec la famille régnante du Qatar, Nicolas Sarkozy a connu «plusieurs succès : la libération des infirmières bulgares […] la stabilisation du Liban ». Ce cadeau fait aux Qatariis est subtil «au rique de mener un jeu dangereux, mais maintenant que la France marche aux côtés des Etats Unis […], le but de stabiliser le Moyen Orient pourrait être atteint. »
C’est un long article que consacre le prestigieux New York Times à Plus Belle La Vie, la série quotidienne de France 3. « Loyaux » malgré le changement d’horaire, les français goûtent donc leur dose quotidienne de drame où les histoires mêlent des diffèrents personnages de la série « accroche les Français et les éduque, un tout petit peu, sur les diffèrences culturelles, les problèmes sociaux comme le racisme, la drogue, la grossesse des adolescents, l’Islam, l’homosexualité, même dans la police ». On parle même de révolution sociologique. Tentative d’explication : « La France avait peur qu’on lui montre sa noirceur. La France est le pays des Lumières, et la lumière n’aime pas l’obscurité ».
Un petit village bourgignon qui lutte contre l’implantation d’un incinérateur d’ordures et c’est tout le paradoxe de la France qui s’exprime dans le Washington Post : « La France a du mal à préserver le style de vie qui l’a rendue célèbre, symbolisé par le déjeuner de trois heures, arrosé de bon vins, tout en affrontant les impératifs d’une économie moderne. […] ce qui implique la tête claire au bureau et des endroits pour traiter les déchets toxiques des hôpitaux et des usines aux alentours comme tout pays de 64 millions d’habitants ». L’incarnation du dilemme des viticulteurs français : Nicolas Sarkozy « Un leader inconoclaste qui marqué les esprits en déclarant ne pas boire de vin et élu sur la formule « travailler plus pour gagner plus » ».
Le New York Times tente de perçer les mystères des guerres de mémoire à la française. A travers la construction du musée des Pieds Noirs en Algérie, le journal revient sur cette période douloureuse de l’histoire de France : «mars 1962, un million de pieds noirs ont quitté l’Algérie laissant tout derrière eux. D’autres sont restés et ont été massacrés comme à Oran. D’autres encore ont disparus ». Les musées et les mémorials réclamés par la communauté pieds noirs sont les véritables champs de bataille sur lesquels se livrent les guerres mémorielles : « tout comme la résurgence de la négritude chez les jeunes français noirs, exemple de plus de ce nouvel esprit, changement dans la culture identitaire des minorités, qui comme les pieds noirs, s’inquiètent de leurs racines plutôt que de s’inquièter d’être français » .
Le Dîner et Tintin Chez Les Américains
Le coup d’envoi a été donné à la production du remake américain du film mythique de François Weber, le Dîner de Cons, qui avait attiré plus de 9 millions de spectateurs dans les salles obscures.
Le projet avait été longtemps retardé pour cause des dissensions entre Paramount et son ancien partenaire DreamWorks quand à la détention des droits du film. Au final, la Paramount financera la plus grosse partie du film.
C’est Jay Roach, qui a été choisi pour mettre en scène ce Dinner For Schmucks. Le réalisateur est notamment connu pour être l’auteur de la trilogie Austin Power et de Mon Beau-Père, mes parents et moi.
Côté casting, le nom de Sacha Baron Cohen, le célèbre interprète de Borat, avait été cité pour reprendre le costume de François Pignon, mais c’est au final Steve Carell qui s’est imposé. Le Jacques Brochamps, Thierry Lhermitte, américain sera quant à lui interprété par Paul Rudd.
Les remakes américains de films français alimentent les rumeurs, même si peu se concrétisent. Steven Spielberg aurait été interressé par Ma Femme Est Une Actrice d’Yvan Attal. On avait aussi évoqué un Tangy à l’américaine qui reposerait sur les épaules de Jimmy Fallon, aujourd’hui remplaçant de Conan O’Brien à la tête du Late Night Show de NBC.
Plus récemment, Ne Le Dis A Personne, le film césarisé de Guillaume Canet aurait été sur le point d’être vendu à deux studios américains, Bienvenue Chez Les Cht’is serait rebaptisé Welcome To The Sticks et Will Smith prendrait part à la co-production.
Plus concret: la mise en chantier du Tintin de Steven Spielberg. Un rêve vieux de plus de trente ans pour le réalisateur. La Trilogie serait centrée sur la quête du Trésor de Rackham le Rouge et correspondrait donc aux tomes Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham Le Rouge. Le premier volume sera réalisé par Steven Spielberg, le deuxième par Peter Jackson, réalisateur du Seigneur des Anneaux, et enfin le troisième volume par les deux réalisateurs.
Le casting serait quasiment complet. En janvier, Variety affirmait que Daniel Craig tiendrait le rôle du pirate sanguinaire. Jamie Bell, vu dans Billy Elliott, et plus recemment à l’affiche de Jumper, serait lui le reporter à la mèche. Gad Elmaleh rejoindrait lui aussi le casting pour un rôle qui reste à déterminer. Le Professeur Tournesol?
"Les réalisateurs comme moi sont devenus marginalisés"
Le dernier film de Jacques Doillon, Le Premier Venu (2008), s’ouvre sur une scène étrange. Sous le seil du nord, Camille, une belle et très jeune fille à la dégaine mystérieuse, court après une petite frappe, Costa, un voyou des campagnes, d’une dizaine d’années de son ainé et étonnemment bien plus petit qu’elle. Elle lui demande de s’excuser, il lui demande de partir. On ne sait pas pourquoi. Petit à petit, le drame se met en place, un triangle amoureux ou Camille, Costa et un policier nommé Cyril, se fuient et se suivent.
La caméra intime et attentive de Jacques Doillon filme les personnages dans les recoins de leurs âmes, avec pudeur, mais sans jamais rien épargner de leurs noirceures ou de leurs lâchetés. Comme pour chacun de ses films, Le Premier Venu repose, dit Jacques Doillon sur “la grâce des acteurs” et des scènes tournées à l’instinct. Le réalisateur français filme sans répétition préalable, dans la continuité de l’histoire, pour permettre aux acteurs de construire leurs personnages. Les scènes sont souvent trounées 15 à 20 fois, pour obtenir “cette chose de l’instant incroyable“, car “une scène de cinéma, ce n’est pas juste que du bon boulot“.
Sorti en France en avril 2008, le film n’a pas encore trouvé de distributeur américain. C’est donc en avant-première que le French Institute Alliance Française, le FIAF, a diffusé le film début mars, en présence de Jacques Doillon lui-même. Depuis début février, il est l’objet d’une importante rétrospective, avec un de ses films diffusé chaque mardi au Florence Gould Hall. Jusqu’au 31 mars, vous pouvez ainsi assister à la projection de La Drôlesse (1979) le 10 mars, Les Doigts dans la Tête (1974) le 17 mars, La Femme qui Pleure (1979) le 24 mars, et enfin, Raja (2003) le 31 mars à 12.30pm, 4pm et 7.30pm.
French Morning: Vous insistez souvent sur l’importance des acteurs dans vos films, et la confiance que vous leur accordez. Est-ce difficile de trouver les acteurs qui conviennent à vos personnages?
Jacques Doillon: Ce qui m’intéresse avant tout, c’est la personnalité de l’acteur. Je ne peux pas travailler avec une personne qui ne m’intéresse pas. L’aspect professionnel, la virtuosité, c’est important, mais ça ne compte pas plus que ça. C’est ce qui explique que je tourne beaucoup avec de gens qui ne sont pas des professionnels. Dans Le Premier Venu, Clémentine (ndlr: Beaugrand, qui joue le rôle principal, Camille) n’en est pas une, celui qui joue le policier non plus (ndlr: Guillaume Saurel). Tout est une question de confiance. Il s’agit d’arriver à stimuler le désir des acteurs: à la fois le désir de jouer entre eux et le désir de jouer avec moi. Contrairement à beaucoup de réalisateurs, je n’ai pas peur de tourner avec des enfants, au contraire. Dans un de mes derniers films, Ponette (1996), l’actrice principale a 4 ans. (ndlr: Victoire Thivisol, qui a reçu le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise alors qu’elle n’avait que 5 ans) . A partir du moment où je crois en mes acteurs, rien n’est difficile.
Clémentine Beaugrand, qui joue Camille, est la révélation du film. Est-ce qu’elle a été une évidence pour ce rôle?
Avant même de l’auditionner, il m’avait déjà semblé que c’était elle qu’il fallait pour le rôle. Je l’avais rencontrée, on avait un peu parlé et elle m’avait plu. C’est sûr que l’on peut se tromper dans le choix des acteurs, mais il faut aussi se faire confiance. Je suis uniquement certain de deux choses: je ne veux pas tourner avec des gens avec qui je n’ai pas envie de rester cinq semaines, et dont je n’ai pas envie de faire une espèce de portrait. Un film, c’est non seulement de la fiction, mais c’est aussi une sorte de documentaire.
Dans {Le Premier Venu, le paysage est extrêmement présent, comme un quatrième personnage. C’était voulu?}
En fait, je ne prévois jamais rien à l’avance. J’essaie le plus possible d’oublier la scène; par exemple, je ne la relis jamais la veille. Souvent, le choix du lieu ne compte pour rien: cela va être en fonction des subventions que je reçois de telle ou telle région. Pour ce film précisément, Le Premier Venu, j’étais allé me promener en Baie de Somme effectuer une sorte de repérage, et j’ai trouvé que c’était un lieu formidable, d’une grande force. Tout d’un coup, je ne savais pas encore comment j’allais tourner, ni quels plans j’allais faire, mais je savais que cela allait être là.
Comment se décide ensuite la mise en scène?
Je place la caméra en fonction de mon humeur, de ce que je ressens chez les acteurs, et de choses aussi simples que l’heure de la journée, le temps dehors…Je m’adapte complètement, ce qui me permet d’être beaucoup plus libre. Pour Le Premier Venu, nous avons eu la chance de tourner à une saison formidable, la fin de l’hiver, avec une lumière magnifique.
Le personnage de Camille est le pilier central du film. Quelle a été votre inspiration pour ce rôle?
Elle pourrait être un personnage d’un roman russe, Dostoïevski par exemple. J’avais l’idée d’un personnage, jeune, qui se lasse de ne pas réussir à s’ouvrir aux autres, et d’être juste dans la séduction immédiate. Cette fille, elle a le désir d’aimer vraiment, et pas forcément la personne la plus méritante ou la plus attirante. Elle se dit que si elle agit comme tout le monde, en étant peu curieuse, elle risque de rater une personne qui, au premier abord, ne parait pas bien formidable. Alors elle décide de prendre le temps et le soin pour regarder vraiment cette personne, pour lui rendre sa part d’humanité. Voilà, j’avais envie d’un personnage comme Camille, qui parait peu réaliste, ou du moins, très singulier. Cela fait écho à ma propre vie. Je peux aujourd’hui, plus qu’autrefois, regarder avec un peu plus d’amour des gens qui ne paraissent pas valeur le coup au premier coup d’œil. Je suis un cinéaste plus attentif.
Lorsque vous revoyez les films de vos débuts…
Je ne revois jamais mes films! J’aurais trop peur de m’agacer! J’aimerais que toutes les scènes fonctionnent admirablement, ce qui n’est pas le cas. Je suis amoureux des films des autres, mais pas des miens.
Est-ce que des films comme les vôtres ont encore leur place dans le cinéma français?
Ils devraient avoir leur place. Mais dans cette société de loisirs et de divertissement, les réalisateurs comme moi sont devenus hors-champs et totalement marginalisés. C’est à cause de la mauvaise éducation de cette mauvaise télévision. Pourtant, ce ne serait pas très compliqué de rendre les gens un peu plus curieux, mais la télévision est aujourd’hui entre les mains d’annonceurs qui ne veulent qu’une chose: que les gens continuent à sommeiller devant leurs écrans. Il y a vingt ans, il y avait des salles pour ce genre de cinéma (ndlr: le sien), maintenant il n’y a plus de salles, donc il n’y a plus de public. Les distributeurs ne proposent plus que des films d’action et de divertissement, il n’y a plus que ça, alors forcément, les gens ne sont plus très critiques, ni très curieux. Ce qui fait la production de films comme Le Premier Venu, est devenue très délicate.
Very well, start dancing now !
«Je n’ai pas commencé la danse de manière sérieuse», confesse-t-il, pourtant c’est à 7 ans qu’Alexandre Hammoudi se lance dans la danse classique, sous la direction de Max Bozzoni du Ballet de l’Opéra de Paris. Son brevet en poche, il part à Londres à l’âge de 16 ans. Direction l’English National Ballet School in London et il y reste 3 mois « Ca ne me correspondait pas ». Cap donc sur Cuba pour un an et demi au Ballet National. Sa bougeotte le reprend : «Il fallait que ça change». Et là son vieux rêve d’enfant de l’American Ballet, ressurgit: « La compagnie numéro 1 aux Etats-Unis. Déjà enfant je regardais les video de Barichnikov ou de Carlos Acosta. Je me suis éduqué sur Le Don QuiChotte de Julio Bocca. Quand l’American Ballet est passé aux Champs Elysées, evidemment j’y étais. Je ne pensais pas y arriver un jour ». Il se présente une première fois. Refusé. Il se retrouve seul à New York et vit donc de petits boulots, les poches vides : «Il faut pousser, persévérer».
Il devient finalement apprenti en 2003, puis membre du corps de ballet en 2004, année de sa première saison au Metropolitan. «Un vrai rêve»: travailler dans les studios de Barichnikov. Il a fallu du temps pour obtenir des rôles de solistes « Tout est une question d’opportunités, je me suis rendu compte en prenant du recul, qu’il fallait que je gagne en maturité ». Il a notamment interprété le geôlier dans Manon et le Rajah dans La Bayadère.
«Cette compagnie, ce studio, ils sentent le passé tout en restant très moderne». A l’American Ballet, il retrouve un côté « américain, métissé ». La troupe compte notammant 5 Russes, 4 Cubains. Tous partageant la même passion et le même sens de la rigueur. Le métier de danseurs est donc fait d’opportunités à saisir et de frustration. «C’est ce qu’on apprend dans cette compagnie ». Alexandre est entre les deux : corps de ballet et soliste. Dans La Belle au Bois Dormant, il a été tour à tour le Prince Espagnol et un chevalier. Il lui arrive de devoir apprendre plusieurs rôles pour une même production, multipliant sa masse de travail.
Trois quart d’entretien et il doit repartir en répétition. Il a été séléctionné pour jouer dans le Allegro Brillante, «un rôle passionant et technique avec des sauts, des pirouettes !» Il sourit : « En plus on y compte à peine 4 garçons !». Il travaille également sur Gisele et le Lac des Cygnes, pas vraiment une nouveauté. Il jouera le Lac pour la 6ème année consécutive. Sa grande fierté est d’avoir été pris dans Roméo et Juliette : «Un véritable drame, une pièce avec un vrai sens théâtral». Il y jouera Tybalt. « C’est un morceau de bravoure de la part de l’American Ballet de monter Roméo Juliette avec le poids historique que porte cette pièce ». Un poids perceptible «quand on enfile le costume ».
A la fin de la saison en novembre, Alexandre a travaillé avec Benjamin Millepied, le chorégraphe et danseur au New York City Ballet, et a intégré la troupe des Danses Concertantes. Une tournée en France est prévue l’année prochaine.
Jusqu’à mai, l’American Ballet est en tournée : Washington DC, le Canada, Detroit, Londres, Abu Dhabi et la Californie. Puis c’est l’ouverture de la saison en mai, au MET : 8 ballets en 8 semaines, à raison de 9 représentations par semaine. Alexandre rêve un jour de monter sur une scène parisienne avec sa troupe : «La plus belle consécration pour un danseur de l’American Ballet c’est de danser dans son pays».
Les bons plans shopping de la semaine
Pour des boutiques branchées Dowtown East:
– Skunkfunk: de passage dans le Lower East Side, n’oublier pas de faire un petit détour à Skunkfunk, une boutique colorée et branchée, qui offre jusqu’à moins 50% sur l’ensemble de sa collection. Jusqu’au 31 mars, vendredi et samedi de 10am à 9pm, du dimanche au jeudi, de 10am à 8pm, fermé le lundi. @ 181 Orchard St., près de Stanton St. (646-478-7785).
– Poppet: les mauvaises nouvelles pour les propriétaires sont souvent des bonnes nouvelles pour le consommateurs, et pour ne pas déroger à cette règle, ce magasin vintage de l’East Village ferme et liquide son stock avec des discounts allants jusqu’à moins 75%. Jusqu’au 8 mars. Vendredi et samedi de midi à 7pm et le dimanche de midi à 6pm. @ 350 E. 9th St., près de First Ave. (212-924-3190).
Pour du business/casual Midtown:
–Brooks Brothers: direction Madison avenue pour les soldes d’hiver de la marque qui a habillé plus de 37 présidents américains. Les vestes de sports comment à $99, les pantalons sont à $69 et retrouvez des manteaux autour de $200. Jusqu’au 9 mars, le samedi de 9am à 7pm, dimanche de 11am à 7pm, et lundi de 8am à 8am. @ . @ 346 Madison Ave., croisement 44th St., au 4ème étage (212-682-8800).
Pour les fashionistas pointues de Tribeca:
– Issey Miyake: jusqu’à moins 40% sur les vêtements avant-gardistes du célèbre créateur japonais, concus pour “une société moderne et mobile”. Les parkas sont désormais à $252 (au lieu de de $420), et les vestes en laine à $477 au lieu de $795. Jusqu’au 13 mars. @119 Hudson St, croisement avec North Moore St, Tribeca (212-226-0100).
Les bons plans du Fashion District:
– White + Warren: les pulls en cachemire, et autres vestes, sont moitié-prix pour cette sample casual-chic. Les cardigans sont désormais à $85 au lieu de $220. Du 12 au14 mars. @ 80 W. 40th, entre 5ème et 6ème avenue, (212.298.3295).
– Tusk: profitez de discounts entre 40 et 75% sur la ligne Homme/Femme de sacs et d’accessoires en cuir de la marque Tusk. Du 13 au 21 mars, de 11am à 7pm, fermé le dimanche. @ 242 W. 26th, entre 7ème et 8ème avenue, (212.242.8485).
David Foenkinos, ou la frénésie d'écrire
David Foenkinos était un des onze écrivains invités par la New York University et les Services Culturels de l’Ambassade à venir débattre de l’actualité et du futur de la littérature française dans le cadre du Festival of New French Writing. Samedi après-midi, pendant l’heure de conversation qui lui était réservée avec son homologue Stefan Merrill Block, il a su tour à tour piquer l’attention, faire rire ou émouvoir une audience conquise par son naturel.
Il est en tête-à-tête aussi pétillant et chaleureux qu’en public. La trentaine sémillante, il se confie volontiers. Il adore Jerry Seinfeld, les Beatles, Womanizer, le dernier tube de Britney Spears qu’il joue à la guitare pour son fils de six ans. Curieux de tout, il pose autant de questions qu’il en écoute, s’enthousiasme de son voyage, de New York, des endroits qu’il a visités et des gens qu’il a rencontrés.
En France, David Foenkinos est un écrivain à succès. Son troisième roman, Le potentiel érotique de ma femme(2004), a fait un tabac grâce à un sens de l’humour décalé et fantaisiste, le sixième (Qui se souvient de David Foenkinos?) a reçu le prix Giono en 2007, et son septième et petit dernier (Nos séparations), paru en 2008, a été adapté au théâtre avec Catherine Jacob dans le rôle principal. Depuis 2001, il aura donc publié sept romans -le huitième est en préparation pour la rentrée prochaine. Insatiable, il travaille également sur deux pièces de théâtre et le reconnaît lui-même “Je ne sais pas m’arrêter!”
Pour French Morning, il s’est arrêté une petite heure, le temps d’un café et d’une interview.
French Morning:Es-tu fier d’avoir représenté la littérature française à New York le temps du festival?
David Foenkinos:”Fier” est un mot bizarre…Non, je suis plutôt très heureux. C’était un honneur de faire partie de cette sélection prestigieuse d’écrivains français et d’être à la NYU. Je voyage beaucoup avec mes livres, et quand on m’a proposé de venir à New York, j’étais fou de joie. C’était presque un rêve.
Comment s’est passée la rencontre avec Stefan Merrill Block, l’écrivain américain avec lequel tu as été “couplé”?
Très enrichissante, autant au niveau humain que littéraire. J’ai adoré cet homme et j’ai adoré son livre (ndlr: The story of forgetting, 2008). Il est très représentatif du nouveau roman américain, et à cet égard, je trouve que je suis très bien tombé avec lui. C’était un véritable échange.
Est-ce que tu te reconnais dans les dix autres écrivains qui sont venus avec toi à New York?
Non, j’ai très peu de points communs avec tous, sauf peut être avec Jean-Philippe Toussaint et Emmanuel Carrère pour son humour dans le roman La Moustache. Nous formions un groupe très disparate, l’idée étant d’avoir un panel d’auteurs chacun représentatif à leur manière de la littérature française aujourd’hui. En revanche, c’était tous des écrivains que j’aime bien et que j’admire.
Et est-ce que tu sens appartenir à une génération littéraire en particulier?
Je me sens proche de certains écrivains, mais je pense pas qu’il y ait de phénomène de génération. Les carrières sont beaucoup plus individuelles maintenant.
Tu as été traduit dans une quinzaine de langues. Ce sont des bonnes ou des mauvaises surprises lorsque tu découvres ces traductions?
Quand je relis mes anciens livres, il y a certains passage que je ne comprend même plus moi-même (rires), alors si un traducteur n’est pas rentré en contact avec moi, il y a peu de chance qu’il comprenne le texte! (rires). En fait, je ne suis pas très exigeant, je n’ai pas un souci de contrôle absolu sur mes textes. C’est comme pour les adaptions cinématographiques de mes livres, je laisse les scénaristes libres de faire leur boulot.
Justement, peux-tu nous en dire un peu plus sur ces adaptations au cinéma qui se préparent?
Il y en avait quatre en projet, mais deux ont été abandonnées. Finalement, c’est En cas de bonheur et Nos séparations qui finiront sur grand écran. Je suis très exigeant sur le choix du producteur et du réalisateur, mais une fois que j’ai donné mon accord, je m’efface. Et puis je suis toujours en mouvement, toujours sur de nouveaux projets. Je dois apprendre à me stabiliser (grand éclat de rire)!
Être toujours en mouvement, est-ce ce dont tu parles quand tu dis que tu n’as pas l’angoisse de la page blanche, mais celle de la “page noire“?
Oui, j’ai des nouvelles idées tout le temps, j’ai toujours des projets en cours, c’est presque épuisant (rires)! J’ai besoin de m’arrêter! J’ai la culpabilité du vide. Et puis la création, c’est de la boulimie affective, enfin ça c’est un autre sujet (grand sourire et geste de la main dans le vide)….Je publie un roman par an, et c’est déjà beaucoup pour le milieu littéraire. Il y a une sorte de prime à l’absence, comme si le temps pouvait prouver la densité de quelqu’un. Moi je ne donne pas de valeur au temps. Je pourrais publier deux romans par an, mais je me freine. Le problème, c’est que je n’arrive pas à rester sans écrire. Même quand je n’écris pas, j’écris.
Tu as publié une fausse autobiographie de toi-même, Qui se souvient de David Foenkinos?, ou justement le héros, ce faux double de toi-même, n’avait plus d’inspiration. C’était une façon d’exorciser?
Oui, certainement…le héros n’arrive plus à écrire, et un jour, il lui vient une idée subite pour un nouveau roman. Et il l’oublie. Le roman le suit dans sa quête pour faire resurgir cette idée.
Parlons de ton premier roman, Le potentiel érotique de ma femme, qui a eu beaucoup de succès. N’as-tu pas peur qu’il te catalogue dans un certain genre?
Non…c’est déjà bien d’avoir un romain qui a du succès (rires)!
Lors de ta conférence à la NYU, tu as dit que tu écrivais désormais des choses plus sombres. C’est une question de maturité?
Oui c’est vrai. Je travaille plus sur la mélancolie, la nostalgie et la sensualité maintenant. Il y a plus de gravité dans mon écriture. Mais ça ne m’empêche pas de faire de l’humour. Dans Nos séparations (ndlr: son dernier et septième roman), je suis resté dans la fantaisie, mais j’ai essayé aussi d’aborder les difficultés d’être à deux, le rapport à la sexualité dans le couple. C’est plus dense que mes précédents livres.
Tu as aussi beaucoup parlé du rapport entre ta réalité et tes romans. Tu as peur que l’on te prenne pour ce que tu n’es pas?
Oui je voulais rétablir un peu la vérité (rires)! Mais c’est vrai que tu mets tellement de toi dans la fiction que tu troubles ta propre identité.
Être un écrivain à succès, c’est un soulagement ou beaucoup plus de pression pour les ventes?
Non, je n’ai pas la pression de la réussite. J’ai la pression de faire mon livre (rires).
Maintenant que ton séjour aux États-Unis s’achève, est-ce que tu trouves que la littérature française a des choses à envier à la littérature américaine?
Je ne peux pas faire de généralités sur ce genre de sujet. Il y a des romans français formidables, il y a des romans américains formidables et j’admire beaucoup d’auteurs américains. Beaucoup ont un talent extraordinaire pour raconter. Si il y a quelque chose de très fort dans la littérature américaine, c’est ce souffle exceptionnel dans la narration.
New York et l’Amérique c’est une potentielle source d’inspiration pour toi?
Ça l’est depuis toujours! J’ai un humour qui s’inspire beaucoup de l’humour américain. Jerry Seinfeld est mon idole (rire)! Vraiment, il est génial! Et Woody Allen aussi…Pour Nos séparations, je décris une situation qui rappelle le film “Quand Harry rencontre Sally“. Voilà, je crois qu’il n’y a pas besoin d’être à New York pour être influencé par New York!
Retrouvez tous les romans de David Foenkinos:
– Inversion de l’idiotie: de l’influence de deux Polonais,Gallimard, 2001.Prix François Mauriac.
– Entre les oreilles, Gallimard, 2002.
– Le Potentiel érotique de ma femme, Gallimard, 2004, prix Roger-Nimier.
– En cas de bonheur, Flammarion, 2005.
– Les cœurs autonomes, Grasset, 2006.
– Qui se souvient de David Foenkinos?, Gallimard, sortie le 30 août 2007. Prix Giono.
– Nos séparations, Gallimard, 2008.
Paris sera toujours Paris
La presse américaine revient unanimement sur la vente aux enchères historique de la collection de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent. Organisée par Christie’s au Grand Palais, elle a rapporté 264 millions de dollars, tous destinés à des œuvres de charité. Il n’en faut pas moins pour que les bloggeurs du NY mag s’interrogent sur ces riches qui ne connaissent pas la crise, et probablement, “se mouchent avec leur argent“. Pourtant, dans un article intitulé “The Last Collection“, publié dans le New York Times, nous apprenons que les bénéfices attendus étaient de 400 millions de dollars. Le journaliste, Guy Trebay, se souvient de sa visite en octobre 2008 de l’appartement d’Yves Saint-Laurent dans le 7ème arrondissement de Paris, et décrit les trésors accumulés le long de toute une vie. Pour Steven Erlanger, également dans le New York Times, cette vente au enchère a hérité du caractère sacré de la personne d’Yves Saint-Laurent: pour de nombreux Français, il évoque l’époque faste et révolue ou personne, ni aucun pays, ne pouvait rivaliser avec la suprématie de l’élégance à la française.
De la haute couture à la publicité en France, il est toujours question de “sensuality, style and poetry“. Selon un article du New York Times, qui revient sur l’exposition au Musée des Arts Décoratifs “40 ans de pub à la télé”, les publicités du petit écran sont aussi révélatrices de la culture française que sa littérature ou sa musique. Moins accrocheuses et vulgairement commerciales que leurs consœurs américaines, ces dernières cherchent à atteindre d’abord le cœur du consommateur, avant de s’attaquer à son porte-monnaie. A l’appui de sa thèse, le journaliste, Michael Kimmelman, rappelle que les Français ont toujours eu un rapport pudique et coupables à l’argent. A l’inverse, il note un “focus on sex” plus qu’explicite dans nombres de publicités, puisque “le sexe est partie intégrante de la culture française“. Ironiquement, il souligne également que cette exposition coïncide avec l’interdiction de la publicité sur les chaines publiques, qui, tout en recueillant les clameurs du politiquement correct, a soulevé quelques remous. Pourquoi? parce que, selon le journaliste, les Français adorent leurs pubs à la télé, mais sont bien trop gênés pour l’admettre.
Dans le Time, Bruce Crumley livre sa version du Grand Paris: “The Greater Paris“. Avec l’horizon économique qui s’obscurcit, Paris est plus que jamais dépendante des revenus du tourisme. Pourtant, malgré la crise, ce n’est pas le manque de visiteurs qui menace la ville: comme le rappelle judicieusement le journaliste, tant que la tour Eiffel et le Louvre seront toujours là, Paris sera toujours Paris, c’est-à-dire la première destination touristique au monde. Le défi pour la capitale de la France est davantage d’améliorer, et surtout d’accroitre, ses infrastructures pour accueillir les hordes de vacanciers. La solution retenue par le Time Magazine: reconnecter Paris à sa banlieue, et les différents projets du Grand Paris sont détaillés tout au long des quatre pages de l’article. De son coté, le Chigago Tribune applaudit plus brièvement deux autres initiatives françaises: des cafés sans fumée et musées gratuits, et titre sur une France “plus amicale“.
Restons avec le Chigago Tribune pour un article publié le 22 février sur Nicolas Sarkozy. Dans ce portrait global et élogieux du président français, la journaliste, Laurie Goening, reprend un discours déjà très lu dans la presse américaine: volontaire, infatigable, omniprésent…Comme beaucoup de ses collègues, elle applaudit le président de la France qui bouge. Et son admiration va très loin: “Le monde est certes entrain d’attendre de Barack Obama qu’il résolve tous les problèmes, mais [Nicolas Sarkozy], le président le plus dynamique de ces dernières années, est déjà à la tache“. Elle interprète les derniers sondages parus en France comme étant très favorables au président (46% d’opinions positives). Une popularité exceptionnelle, qu’elle attribue à la virtuosité de Sarkozy de savoir alimenter la fierté chauvine des Français, en ayant fait clair que sa mission était de remettre le pays au premier rang des nations. Seul ombre au tableau pour le président: le climat économique qui plombe la cohésion sociale, et l’article finit à ce propos sur une note lyrique: avec la crise qui attend la France, qui sait si une nouvelle révolution ne va pas éclater…
Les bons plans shopping de la semaine.
Pour faire des bonnes affaires sur les grands noms de la mode:
– Intermix warehouse sale: Jusqu’à -70% sur les vêtements, accessoires et chaussures des stylistes Stella McCartney, Chloé, et Elizabeth and James. Jusqu’au 1er mars, samedi de 9am à 8pm et dimanche de 10am à 6pm. @ Metropolitan Pavilion, 125 W. 18th St., près de Sixth Ave.
– Barneys Warehouse Sale: attention, ce sont les derniers jours pour profiter des grandes soldes d’hiver de Barneys! Pour économiser de -50% à -75% sur des marques comme Lanvin, Christian Louboutin, et Prada, c’est maintenant ou jamais. Jusqu’au 1er mars, de 10am à 7pm. @ 255 W. 17th St., près de Seventh Ave. (212-450-8400).
– Salvatore Ferragamo sale: la collection du designer italien est à -80% dans la boutique Soiffer Haskin. Retrouvez des chaussures pour femme à $99 au lieu de $400, des sacs à main pour $99, alors qu’ils étaient auparavant à $1000, et des chaussures pour homme à $139 au lieu de $500. Du 1er au 4 mars, du dimanche au mardi de 9am à 6.30pm et le mercredi de 9am à 5pm. @ 317 W 33rd St, entre Eighth et Ninth Aves, (718-747-1656).
Pour celles qui aiment des créateurs pointus:
– YaYa Aflalo et Love YaYa: -70% sur ces deux lignes de créateurs. Une robe en soie est désormais à $75 au lieu de $379, un trench coat à $100 au lieu de $425 et une blouse imprimée à $65 au lieu de $295. Jusqu’au 1er mars, de midi à 8pm. @ 143 Ludlow St., près de Stanton Street.
– Opening Ceremony: de -60% à -75% sur les collections automne/hiver 2008 des lignes Vloss Blomme, Marios Schwab, et Opening Ceremony. Economisez également 30% sur Fifth Avenue Shoe Repair et la collection resort/été 2008. En continu, jusqu’à épuisement du stock, du lundi au samedi de 11am à 8pm et le dimanche de midi à 7pm. @ 35 Howard St., près de Broadway.
– Hus: ce magasin suédois va fermer en ce début de mars, et liquide l’ensemble de son stock. Les longues vestes en coton de Filippa K sont désormais à $280 au lieu de $699, les sacs en cuir de Tiger of Sweden sont à $263 (anciennement $525), et la collection d’habits de Ole Henriksen est également entre -50 et -75%. Jusqu’au 1er mars, de midi à 7pm. @ 11 Christopher St, croisement avec la Sixth Avenue.
Des bons basiques pour aller au bureau:
–Kenneth Cole: ce n’est pas un des créateur les plus branché du moment, mais il a le mérite de dessiner des ensembles classiques et chics, parfaits pour une journée de travail. Les prix des petites robes noires fluides sont passées de $129 à $65 et ceux des pulls col-V pour hommes de $88 à $44. Du 2 au 6 mars, lundi, mardi et jeudi de 10am à 7pm; et mercredi et vendredi de 10am à 6pm. @ 261 W 36th St; entre Seventh et Eighth Aves, au 2ème étage, (212-947-8748).
Des marques jeunes et modes à moins de $30, c’est ici:
– Misorena: un prix unique sur toute la boutique? c’est possible avec Misorena, qui descend les prix de tous ces articles en magasin à $29.99, ou moins. Tout est à -95%, des vestes Miss Sixty (normalement $359), aux pulls en cachemire Energie (normalement $150), en passant par des mocassins en cuirs, anciennement à $200. Du 6 au 8 mars, de 9am à 7pm. @ 260 Fifth Ave, entre 28th et 29th Sts, (212-725-5400).
Et pour finir, un bon plan pour prendre soin de son corps, de son intérieur et de son mental:
– Lafco Warehouse Store: tous les vendredis, ce magasin de produits de beauté pour le corps et la maison, décide de faire plaisir à ses clientes. Tous les savons, les soins du corps, ou encore les bougies parfumées voient leurs prix réduits de 75%. Désormais, plus rien n’excède les $40! Les parfums d’intérieur sont à $8 au lieu de $40, les bougies à la vanille à $13 au lieu de $32, et les savons aux senteurs fleuris à seulement $3. Chaque vendredi de 10am à 6pm. @ 161 Sixth Ave (between Spring and Van Dam Sts).
Un petit goût de France à Harlem
Chez Lucienne, pas question de tricher sur la marchandise: ici, on parle français, on mange des escargots, et on se régale d’un bœuf bourguignon. Mais sans jamais en faire trop. Si l’identité française est fièrement revendiquée, l’ambiance reste simple et évite avec naturel le cliché du trop-franchouillard. Des carreaux de métro parisien d’un coté, un mur de brique new-yorkais de l’autre encadrent une salle joliment décorée et bien éclairée. Des nappes blanches, des bougies, quelques rideaux, du papier peint fleuri, et le tour est joué. Les serveurs sont habillés en garçon de café, mais sont réellement français, ou alors essaient avec toute la bonne volonté du monde de bredouiller quelques mots dans la langue de Molière. Coup de chapeau au service qui est d’ailleurs impeccable.
Coté carte, du très classique: soupe à l’oignon, foie gras et pâté de campagne fait maison en entrée, saumon au beurre blanc, poulet fermier ou bavette à l’échalote en plat de résistance, et pour finir en beauté, un fondant au chocolat tellement fondant qu’on regrette qu’il disparaisse si vite de l’assiette. Et coté prix, une bonne surprise: les entrées sont comprises entre $7 et $ 9 avec une pointe à $15 pour le foie gras, les plats entre $19 (les poissons) et $15 (les viandes), et les desserts entre $7 et $8. Sans être particulièrement innovante, car ce n’est ici pas le but, la carte ne sombre néanmoins pas dans l’ennui: toutes les viandes et les poissons sont dignement représentés, des coquilles saint-Jacques au canard deux façon, soit au total une quinzaine de propositions différentes. Certains plats se démarquent enfin par une pointe d’originalité, souvent d’inspiration méditerranéenne: Thon au pistou, croquettes de bar, ou fenouil à l’orange.
Pour Jérôme Bougherdani, le propriétaire et manager du restaurant, la stratégie est toute trouvée: une gamme de prix abordable, et pour cette gamme de prix, une nourriture simple et de qualité. Un cadre agréable, une jolie présentation, des produits frais, c’est élémentaire, mon cher Watson. Conséquence, il se montre confiant dans l’avenir, “les gens auront toujours besoin de venir manger dans ce genre d’endroit“. Et pourquoi ce choix de s’implanter à Harlem? par intérêt personnel d’abord, parce que c’est un quartier en pleine expansion qui s’embourgeoise rapidement, et surtout parce que la compétition est encore quasiment inexistante. Or comme le rappelle Jérôme: “nous sommes d’abord et avant tout un restaurant de quartier“.
En cuisine, le chef s’appelle Thomas Obaton. Originaire de Lyon, il a fait ses preuves dans des deux et trois étoiles parisiens avant de venir rouler sa bosse à Long Island à partir de 2005. Avec Chez Lucienne, il fait d’une pierre deux coups: première expérience new-yorkaise et première fois avec le tablier de Chef. Il le reconnait: “pour l’instant, l’important n’est pas faire du profit, mais de survivre“. Surtout qu’avec l’arrivée des beaux jours, Thomas et Jérôme ont des projets de développement en plein air: une terrasse de 50 couverts sur l’avenue Malcolm X, bordée d’un stand de crêpes. Pour le moment, il fait encore froid, et les clients se réchauffent en jouant le jeu du bon diner à la française: entrée, plat, dessert, sans oublier le fromage et le vin rouge.
Schwar-kozy et la Guerre des Camemberts
Les conservateurs ont la France dans le colimateur, qu’on se le dise! Le Wall Street Journal prévient, la Californie ressemble de plus en plus à la France. Et sous la plume de Matthew Kaminski c’est loin d’être un compliment. La Californie lui rappelle «son ancienne maison », la France où il fut basé entre 2005 et 2008. « Ce qui est drôle c’est de constater que la France comme la Californie sont gouvernés par des immigrés bling bling, mariés à des femmes splendides et élus pour faire bouger le status quo».
Plus sérieusement, l’excès de dépense de l’Etat Californien, «dans des proportions européennes» a amené l’Etat le plus riche des Etats-Unis au bord de la cessation de paiements. Vous vous posez des questions sur l’accroissement involontaire des dépenses étatiques? «Demandez aux Français ! (…) Une croissance au ralenti, des impôts élevés, une climat d’affaire loin d’être compétitif et un chômage élevé. Telle est l’histoire de la France depuis des décennies […] » Californie et France, même combat ! « Même dilemme : elles ne peuvent plus se permettre de supporter l’Etat Providence mais sont incapables de se réformer. »
La France s’apprête à rentrer pleinement dans l’OTAN. A l’aube des 60 ans de l’alliance, Nicolas Sarkozy s’est engagé à revenir dans le commandement intrégré, rompant avec la politique du Général de Gaulle. Le Times pointe les diffèrences qui continuent à séparer les deux pays, sur la guerre en Irak, la crise financière ou même la protection de l’environnement. Dans tous les cas, en matière de stratégies militaires les deux pays partagent les mêmes visions. Apparemment le come-back n’amènera pas le changement, la France n’a cessé de participer aux activités de l’OTAN . Alors pourquoi revenir s’interroge le Times? Un plus grand rôle symbolique en accord avec la participation militaire dans l’Alliance, avancent certains. Plus vraisemblablement une « manière de rassurer les alliés qui voient dans le projet de défense européenne un désir d’affaiblir l’Otan »
«Apprendre aux Français à prendre des risques en affaire » titre NewsWeek : « une des économies les plus puissantes du monde qui a lutté pour imposer une culture de la prise de risques ». «Une idée lumineuse »: la loi votée le 1er janvier permettant à chacun de devenir son propre patron en 15 minutes sur Internet, «sans payer une somme fixe de charges sociales». Même si les chiffres de création d’entreprises sont en hausse, «il reste du travail: le pessisme économique reste la marque de fabrique des français ». Les raisons : « la plupart des politiciens français n’ont finalement aucune expérience du monde de l’entreprise et légifèrent en conséquence ». La faute aussi aux cours d ‘économie, « souvent enseignés avec une idéologie insidieuse ».
Buisnessweek plonge de son côté, via une enquête menée par Die Spiegel, dans la Guerre des Camemberts. Tout commence quand Lactalis, entreprise de produits laitiers annonce la réduction de la production de camembert au lait cru, raisons avancées : risque hygiénique et coûts de production. «Les journaux et les magazines dans un premier temps, y ont prêté autant d’attention qu’une attaque terroriste sur Paris ». Lactalis qui se défend de menacer la culture française : « Nous, monsieur, sommes les plus grands producteurs de fromages traditionnels ». La guerre est donc déclarée entre les gardiens de la tradition et les petits producteurs, entre le géant agro alimentaire et tradition du terroir, voyage dans le village de Camembert à l’appui. Un combat acharné fait de coups bas, de tests d’hygiène et de bactéries. Pour au final, la victoire de David contre Goliath car « ici, c’est la culture qui est en jeux, pas l’argent ».
Restaurants Recherchent Clients
Nous sommes vendredi soir dans le jeune quartier branché de Williamsburg. Les rues sont animées, comme chaque veille de week-end, les bars illuminés, les taxis énervés, et les restaurants… à moitié-vides. Direction le Juliette, une brasserie française au coin de Bedford Avenue, réputée pour son atmosphère conviviale, sa carte des vins abordables, et des plats aux proportions généreuses. Il est désormais neuf heures du soir, mais seules quelques tables sont occupées à l’arrière du restaurant. “Peut-on s’asseoir dans la seconde salle, sous la verrière?” Le serveur nous répond embarrassé que le “jardin d’hiver” est fermé depuis quelques semaines, faute de fréquentation. Même le week-end? Oui, même le week-end. Il semble bien loin le temps où le moindre restaurant new-yorkais imposait vingt minutes d’attente à ses clients à partir du jeudi soir, si par chance le serveur n’avait pas déjà aboyé qu’il fallait réserver comme tout le monde. Maintenant, il n’est plus question que de sollicitude et d’efforts affables à l’égard des quelques (rares) bon vivants encore prêts à dépenser leur salaire dans une assiette bien garnie. Cela n’aura échappé à personne: plus les salles se vident, plus les promotions et autres offres spéciales se multiplient au niveau des menus. Trois plats pour le prix d’un? C’est désormais possible le dimanche soir chez Paradou[[Paradou, 8 Little West 12th Street]], bistrot provençal du West Village. Mais jusqu’où les restaurateurs sont-ils prêts à aller pour limiter la casse?
“Très loin” selon Vadim Ponorovsky de Paradou justement, pour qui “le pire est encore à venir“. Pourtant, la situation semble déjà bien assez catastrophique. Les fermetures se sont enchainées à un rythme alarmant ces derniers mois, le chômage dans la restauration a atteint 7% en décembre 2008, soit son niveau le plus haut depuis janvier 1993[[au niveau national, source: Nation’s Restaurant News]], et les chutes de fréquentation dans certains restaurants atteignent facilement de 40 à 50%. Le chef nantais Cyril Renaud, propriétaire de Fleur de Sel, qu’il vient de fermer, reconnait avoir fait des nuits à 0 couverts, “du jamais vu dans la restauration“. Pour sauver les meubles, il ne reste plus qu’un seul mot d’ordre: séduire le consommateur, par tous les moyens et surtout, à tous les prix. Une leçon qu’à bien enregistré le restaurant français l’Absinthe [[l’Absinthe, 227 E 67th st]]: “Il faut montrer aux gens qu’on fait des efforts” explique son chef Jean-Michel Bergougnoux, qui propose une nouvelle formule à $30.09 le soir pour trois plats (à la carte, un diner entrée, plat, dessert revient davantage autour de $50 par personne, sans boisson). Pour beaucoup de professionnels, la problématique est désormais très simple: jouer le jeu de la crise ou mourir.
Pour survivre, la première étape est de réduire drastiquement ses coûts. La totalité des restaurateurs interrogés ont dû licencier une partie de leur personnel. Certains chefs n’ont également pas hésité à revoir leur carte pour proposer des plats plus simples. Arianne Daguin, dont l’enseigne D’Artagnan fournit les restaurants, expliquait au Wall Street Journal[ [Restaurants adapt to Downturn ]] du 12 janvier, que certains de ses clients préféraient désormais des pièces de bœuf ordinaire, et non de bœuf de Kobé, beaucoup plus chères. La deuxième étape de la survie se nomme “offre promotionnelle”. Quelques restaurants n’y vont pas par quatre chemins: Paradou propose des soirées ou le vin est gratuit tant que le Dow Jones n’aura pas remonté au-dessus de 12 000 point, et Picholine[ [Picholine, 35 W 64th st]], un restaurant gourmet de l’Upper West Side offre des “Menus d’économies”: une moitié de plat principal, accompagné de plusieurs portions de dégustation pour moins de $20. Pour Vadim Ponorovsky, il ne fait aucun doute: si son restaurant Paradou s’en sort mieux que ses voisins du MeatPacking, c’est grâce à ses talents en marketing.
Personne n’est épargné par la crise. Même les grands restaurants gastronomiques, que l’on croyait intouchables, ont cédé à l’appel du prix fixe. Daniel propose jusqu’en mars un menu dégustation à $98, et Le Cirque, après voir vendu une partie de sa cave à l’automne 2008, étend jusqu’à fin février les formules de la Restaurant Week, soit $20 le midi et $35 le soir. Mais jusqu’à présent, les plus grands perdants sont les restaurants moyen-haut de gamme. Fonctionnant avec des marges déjà très réduites, la frontière est mince entre être solvable et perdre de l’argent -toute idée de profit a depuis longtemps été écartée. Pour beaucoup de ces établissements, le coup fatal est venu de la perte d’une importante clientèle d’affaire. Dans un quartier comme le Flatiron, les déjeuners entre collègues représentaient près de 50% de la clientèle de Cyril Renaud le midi à Fleur de Sel. Une clientèle qui s’est envolée quand les entreprises ont décidé de supprimer les bonus et contrôler les notes de frais. Si le Café des Artistes[ [Café des Artistes, 1 W 67th st]] a également été déserté par ces professionnels, le restaurant s’estime sain et sauf grâce à ses clients fidèles: “Nous existons depuis 1970, et nous avons une solide réputation. Le plus dur en ce moment, c’est pour les restaurants récents. Les clients sont devenus plus frileux, et ne veulent plus courir le risque d’être déçus par la nouveauté” explique la manager Jennifer Lang.
Les seuls qui semblent tirer leur épingle du jeu sont les petits restaurants. Pour Robert Arbor, propriétaire des cafés/crêperies Le Gamin[ [Le Gamin]], la raison est simple: “c’est notre mode de fonctionnement d’avoir un budget réduit, donc la crise n’y change pas grand chose“. C’est sur les crêpes ou les pizzas, qui demandent des ingrédients de base et un coût de main d’œuvre minime, que les possibilités de profits ont toujours été les plus grandes. “Et puis si les gens ne peuvent même plus se payer un plat à $10, les choses vont commencer à devenir grave…” ajoute Robert Arbor, qui enchaîne sur le succès de son camion de snacks à manger sur le pouce. Mais pour tous les restaurants qui défendent un certain standing, la question n’est plus de faire du profit mais payer ses factures, et seules exceptions à la crise, ces factures ne diminuent pas. Entre rester fidèles à leur réputation, ou revoir leur carte, les chefs doivent aujourd’hui faire un choix douloureux, d’autant plus que les résultats sont plus qu’incertains. Si les offres promotionnelles aident, beaucoup se révèlent inutiles après quelque temps, menant les restaurants à une impasse. La solution? Pour le moment, la plupart d’entre eux se reposent encore sur une clientèle d’habitués. Pour le reste, personne n’a de réponses, que des soupirs.