Il suffit de tendre l’oreille pour s’apercevoir que la foule est très majoritairement russe. On croirait s’être trompé d’adresse. Après vérification auprès d’une femme à l’anglais plus qu’approximatif, il s’agit bien de la queue pour le spectacle du chanteur Français. À l’intérieur, les affiches en russe témoignent du public ciblé. Dans un quartier russe de Brooklyn, un parfum d’URSS, une salle de sexagénaires chantonne les grands classiques de Joe Dassin.
Pour ne pas être surpris, encore fallait-il savoir qu’il avait, côté soviétique, fait vibrer toute une génération et qu’il demeure aujourd’hui plus connu en Russie qu’en France. Le plus Français des Américains était également le plus Russe des Français. Son grand père, Russe d’Odessa immigra aux Etats-Unis pour faire fortune. Plus tard, le maccarthysme qui n’épargna pas Hollywood força son père, Jules Dassin, célèbre metteur en scène et sa famille à l’exil. Les Russes n’oublieront jamais les origines slaves de leur Français préféré, les tubes de Joe Dassin passent encore sur les ondes moscovites. Où qu’ils soient, ils connaissent ses chansons par cœur et en français. D’aucuns racontent même qu’il serait encore vivant et mènerait une vie paisible en Sibérie, loin du show business.
Non, celui que l’on appelait aussi “l’Américain des Champs Elysées” n’a pas de chansons à texte, son répertoire est populaire, un peu “cheesy”, kitch et c’est précisément ce qui fait son succès et son caractère indémodable. En revanche, revu par une troupe d’anciens de la Star Académie québécoise habillés en quasimodo, le spectacle-hommage en devient mièvre et grotesque. A-t-on voulu trop bien faire où a-t-on délibérément monté un spectacle au goût du public de l’ex-Union Soviétique? Car, malgrè quelques désertions, la salle semblait comblée.
Avec Starmania, les Québécois nous avaient habitué à des spectacles de meilleure qualité. L’absence d’orchestre est regrettable, la mise en scène à la fois pauvre et de mauvais goût n’apporte rien aux mélodies qui font date et les voix de jeunes premiers donnent un côté fleur bleue digne d’une comédie musicale de second rang. Dans “siffler sur la colline”, Joe s’adresse à une bergère, coquine certes, mais pas à une fille de saloon racoleuse… Où sont passés la simplicité, la classe et la voix chaude du grand brun aux yeux bleus? L’erreur est peut-être d’avoir cru pouvoir faire un spectacle à la hauteur du personnage.
Joe Dassin revu et mal corrigé
Joyeux ANYversaire !
Dur, dur d’être Présidente d’Accueil New York. Depuis octobre 2007, Catherine Courrier est assise dans ce siège qui peut s’avérer quelque peu inconfortable : «Je ne m’imaginais que c’était aussi difficile de gérer une association aussi importante», admet-elle volontiers. C’est encore plus difficile lorsqu’on travaille à côté. En effet, arrivée à New York il y a dix ans, elle est aujourd’hui directrice marketing chez Estée Lauder. «Je m’occupe d’Accueil la nuit […] Je dors très peu de toute manière», sourit-elle. Et d’ajouter non sans un zeste de fierté : «Je suis la première Présidente à travailler en dehors», dit-elle.
Le vent tournerait-il donc à ANY ? Créée en 1988 par deux femmes d’expatriés, Chantal Château et Ghislaine Somnolet, pour informer et accueillir les nouvelles arrivantes francophones, Accueil New York, membre de la Fédération internationale des Accueils Français et Francophones de l’Etranger (FIAFE), a longtemps été perçu comme un «club de femmes oisives», selon l’expression de Catherine Courrier. «Lorsque je me suis inscrite après mon arrivée à New York, il n’y avait que des femmes et les activités avaient lieu en journée» quand Monsieur était au travail, se souvient-elle.
Mais qu’on ne vienne plus parler à Catherine Courrier de cette époque révolue. Car en vingt ans la société a changé. Et Accueil New York aussi. L’émancipation professionnelle des femmes et l’accroissement de la visibilité de l’organisation sur Internet ont considérablement rajeuni et masculinisé le profil des membres. «Aujourd’hui, les femmes ne suivent plus les hommes à l’étranger. Ce sont les hommes qui suivent les femmes, dit-elle. Je ne veux pas qu’on voit ANY comme une association qui ne bouge pas car ça ne correspond pas à la réalité».
Forte aujourd’hui de 500 membres, «sans compter les conjoints et la famille», précise Catherine Courrier, ANY est le premier Accueil des Etats-Unis. Financée par les cotisations de ses membres, Accueil New York a, au cours de ses vingt années d’existence, diversifié son offre de clubs et d’activités «Styles de vie» – «Jeunes Mamans», «Working Girls» et «Réseau féminin» – qui regroupent des membres ayant des rythmes de vie communs. L’Age d’Or, un groupe de retraités qui se réunit toutes les six semaines a ainsi été lancé en 1996 grâce à un partenariat avec le restaurant «La Bonne Soupe». Signe des temps, un «Réseau Masculin» verra le jour en mars 2008. Et la nouvelle présidente n’entend pas s’arrêter là : «Nous allons lancer un club d’œnologie et travailler sur la thématique du Bien-être, souligne-t-elle. Je pense qu’il y a de vraies possibilités de développement dans ce domaine-là».
Alors qu’ANY souffle ses bougies, Catherine Courrier pense à l’avenir. En plus de vouloir créer des échanges avec les 16 autres Accueils des Etats-Unis, son souci du moment est d’arriver à capter une communauté française rendue très volatile par le durcissement des conditions d’entrée sur le territoire américain. «Les nouveaux arrivants ne s’installent pas, explique-t-elle. Ils restent deux à trois ans et repartent en France ou à l’étranger». Autre défi : arriver à fidéliser les bénévoles, une cinquantaine aujourd’hui, qui animent les clubs et activités « Styles de Vie », assurent la permanence hebdomadaire au Consulat de France, rédigent les flashs d’informations et la newsletter et jouent le rôle de responsables de quartier à Manhattan, Brooklyn et le Queens. Rien que ça. «Rien ne serait possible sans eux», dit-elle. La nuit sera décidemment courte pour la nouvelle Présidente.
Le site d’Accueil New York
Anniversaire d’ANY “Au fil du temps, au fil de l’eau” :
Dîner-croisière: Samedi 15 mars à 20 heures
150 dollars/personne pour les non membres
Les bons plans du concours Joe Dassin
Par Vitaa Guitar:
– Les radins/fauchés qui n’arrivent pas à arrêter de fumer peuvent économiser beaucoup en achetant leurs précieuses cigarettes de l’autre côte de l’Hudson River. La taxe est effectivement beaucoup moins élevée dans le New Jersey (où il est d’ailleurs permis de fumer dans les bars…).
–Poissons et fruits de mer: le samedi, vers 6PM, les marchands chinois bradent leurs derniers poissons a très bas prix.
–Livres, cd, dvd, partitions gratuits ! C’est possible ! Il suffit de les emprunter ! La carte d’inscription a la New York Public Library est gratuite: elle donne accès a toutes les annexes de la ville (idem pour la Brooklyn Public Library, et les autres boroughs). Les bibliothèques sont tres bien fournies, et proposent aussi chaque semaine des expositions, concerts, films, conférences, débats, rencontres, toujours gratuits !
–Plan concerts: tous les vendredis et samedis soir, concerts au Brooklyn Academy of Music: très bonne programmation, internationale et gratuite !
–Demandez systématiquement un Transfer Ticket quand vous montez dans un bus: contrairement à ce qui est officiellement dit, le ticket restent valable pour prendre le metro, même une heure après ou plus !
–Pas beaucoup d’argent mais envie d’aller en France
souhaiter un bon anniversaire à Grand Mère ? Il y a le fameux vol Air India New York – Bombay (escale a Paris) bien sûr, aller-retour à prix imbattable.
Et puisqu’on est dans les économies, ca fait aussi office de très bon resto (et gratuit) avec vue imprenable sur l’océan Atlantique.
–J’entends déjà la remarque: “Oui, mais il faut se rendre a Newark, c’est plus cher qu’aller à JFK”…
Pas de soucis amis fauchés, on peut faire un trajet Manhattan – Newark Airport pour 2,85 $ !
-prendre le Path jusque Newark PennStation: 1,5 $
-prendre le bus 62 du NJ Transit jusque l aeroport: 1,35 $
Qui dit mieux ?
Par François Duquesne:
–Les soldes Soiffer-Haskin, 317 W 33rd Street: toutes les grandes marques de luxe soldent a -75%
Par Séverine Tarayre:
–Pour les cours gratuits pour adultes ou enfants, je vous conseille les librairies new-yorkaises
–Pour les jeunes mamans, n’hésitez pas à aller tester tous les cours de musiques, gym qui proposent quasi tous des cours d’essai gratuits.
Par Cyril Cosson:
–Pour consulter ses mails gratuitement sans payer une connection a 8$ les 20 minutes, il suffit juste de rentrer dans l`une des écoles privées d’anglais comme Zoni Language Center ou l’école d’anglais du 63ème étage de l’Empire State Building, la plupart n’ont aucun contrôle, il suffit juste de connaitre le lieu…
–Grignoter gratuitement… La floor court du Manhattan Mall à côte de Macy’s…la plupart des snacks du rez de chaussée font une dégustation d’un morceau de l’un de leur plat, il y a 3 ou 4 resto qui font cela… Vous faites deux ou trois tours, vous voila paré pour tenir votre journée un peu plus longtemps et gratuitement…
– Pour des préservatifs gratuits, certains bars en distribuent gratuitement, je pense notament au Nowhere, il suffit d’aller dans les toilettes et de remplir ses poches à rabord.
Pourquoi sommes-nous différents?
Si la journaliste du Washington Post Pamela Druckerman doit se résigner à vieillir, elle veut le faire à Paris. Et pour cause, les Françaises font l’amour plus longtemps que les Américaines. Selon les statistiques, alors que seulement 27% des Françaises de 60 ans n’ont pas fait l’amour depuis un an, le chiffre atteind près de 50% outre-Atlantique et à partir de 70 ans, la majorité des Américaines devraient porter «un écriteau “out of business”».
«Les femmes ne sont pas plus belles à Paris qu’à New York», la différence réside dans le fait qu’en France, le sexe n’est pas réservé aux «young and beautiful». L’absence de femmes “d’un certain âge” dans les films hollywoodiens est significative. Si «tout n’est pas rose dans les chambres à coucher françaises», il existe une «post-menopausal sexiness». Cet écart serait également du au fait que les Françaises sont moins exigeantes dans le choix de leur partenaire et plus disposées à des relations non-maritales et extra-maritales. Aux Etats-Unis, un «conservatisme sexuel» fait que «la désapprobation du sexe avant le mariage s’applique à tous les mariages».
Un conseil, «try not to hate them: Frenchwomen don’t get fat, and they do get lucky».
Le New York Times explore lui les charmes d’un sexagénaire de sexe masculin dans un long (7 pages) portrait de Bernard Kouchner, «a statesman without borders», qui se double d’une cinglante analyse de la politique étrangère française.
Le personnage n’est pas aussi incompatible avec son milieu qu’il y parait à première vue. Kouchner est un homme «of no little elegance himself, a fastidious and even dandyish dresser». «S’il a jeté des pots d’encre rouge sur l’ambassade des Etats-unis pour protester contre l’impérialisme américain, il était cependant trop friand de filles et de bistrots pour se soumettre à la discipline révolutionnaire». C’est un «upper-bourgeois lefty qui fait partie de ce que les Français appellent “la gauche caviar”». Enfin, notre ministre aurait un accent anglais si «personnel» qu’il serait quasiment incompréhensible. Is that true?
«Comme sa cuisine, la politique étrangère de la France doit être incontestablement française». Bernard Kouchner est, «par rapport à la norme française, vigoureusement pro-américain» et en moins d’un an, le Ministre des Affaires Etrangères et le Président Sarkozy, ont «libéré la France de sa tradition gaulliste». Selon l’hebdomadaire new-yorkais, le refus de Jacques Chirac de soutenir la guerre en Irak est apparu aux Français plus comme un signe de «rigidité cadavérique» que d’indépendance. De 2005 à 2007, «la France était sur la touche», «il était impossible de voir l’indépendance de pensé gaulliste sans un microscope». Les deux hommes aiment l’action, ils ont en commun une «métabolique intolérance envers la spéculation théorique, le sport national d’intérieure».
France’s New Anti-Hero
Newsweek s’étonne que «lorsqu’un trader véreux fait perdre un record de 7 milliards de dollars, il est vu comme une star par les Français». «L’histoire a tout d’un film hollywoodien». D’ailleurs, «lorsqu’ils ne seront plus en grève, les scénaristes devraient s’en inspirer». La France a toujours eu un rapport singulier à l’argent, «une profonde défiance envers le capitalisme», «même Balzac croyait que “Le secret des grandes fortunes sans cause apparente est un crime oublié, parce qu’il a été proprement fait” ».
«Kerviel est devenu le martyr-bouc émissaire d’une machine financière corrompue». Le journaliste parle de «glamorization» de l’affaire. Alors que Kerviel gagnait 100 000 euros par an, soit trois fois le salaire moyen, les Français ont une «étrange sympathie» pour lui.
L'euro descend downtown
«Ah enfin une Française qui vient me voir ! Vous comprenez je suis quand même à 50% Français. J’ai eu les télés américaines, les Japonais, les Italiens… Ils sont tous venus me voir, comme si j’étais Britney Spears ». Billy Leroy aime les vieux films d’Alain Delon, parle de son «tonton» Alain Figaret (cf. les chemises) et est célèbre depuis qu’il a décidé d’accepter les euros dans son magasin du Lower East Side. Un panneau dans son magasin Billy’s Antiques&Props y a suffi: EURO’S ONLY. Cigarillo en bouche et lunettes fumées, Billy qui a désormais «l’habitude de la presse» va «tout nous raconter».
L’idée d’accepter les euros lui est venue en novembre dernier lorsqu’il était à Paris pour vendre quelques bricoles aux puces. «Avec ce dollar de merde, c’était impossible d’acheter», explique-t-il. «Quand c’était le franc, j’allais tous les deux mois aux puces». A son retour, Billy a donc tout simplement décidé d’accepter les euros dans son magasin-débarras new yorkais. Il est vrai qu’avec ses 30% de clients européens, «ça facilite le job». Et puis, il faut dire la vérité : «franchement je serais con de ne pas prendre les euros». En contre partie, il peut utiliser ces euros quand il va à Paris sans avoir à faire le change.
Une jeune femme interrompt Billy pour payer. «You don’t have euros?» lui demande-t-il. «I wish» répond-t-elle d’un air mi-dépité mi rêveur. Après tout, le panneau indique EURO’S ONLY… «C’était juste pour m’amuser, provoquer un peu. Je n’ai pas le droit de ne pas accepter le dollar. Mais, ça reste sérieux, je prends les euros». D’ailleurs Billy accepte aussi le dollar canadien, la livre sterling et l’or.
Et vis-à-vis de la loi ? «Ah j’adore ceux qui viennent me faire chier avec la loi. C’est pas au noir ce que je fais, sur mon carnet de compte j’écris la conversion et j’ajoute la TVA ».
Les nombreux reportages ont aussi apporté leur lot de déconvenues puisque Billy a reçu des emails accusant son business d’être «unamerican». «Mais ils n’ont rien compris ces gens-là, c’est justement ça être américain, ajuster, détendre, s’adapter quoi ».
Billy’s Antiques&Props n’est pas le seul magasin à prendre les euros. Imran Ahmed de l’East Village wines assure accepter les euros depuis 2001, à cause du «neighborhood». Il avait voulu rendre la vente plus «convenient» pour ses nombreux clients européens. Derrière cette initiative: «no political reasons, just fun, peace and love». «Dans deux ans, assure Imran, un grand nombre de commerces se diront « euro welcome » et accepteront les monnaies étrangères».
Billy’s Antique&Props, 76 E. Houston Street.
East Village wines, 138 1st Avenue.
Le Meatpacking avé l'assent
L’histoire de Bagatelle commence quand Aymeric Clemente apprend par Time Out qu’il y a de l’eau dans le gaz entre le talentueux chef de Bobo Nicolas Cantrel et les investisseurs du restaurant. Clemente appelle Cantrel, et lui demande d’être chef. Le lendemain, Cantrel s’attelait à l’ouverture de Bagatelle. Une histoire new yorkaise…
Ameyric Clemente, 34 ans, la dégaine d’acteur et les cheveux gominés, est à New York depuis 12 ans. Après son diplôme de l’ESC Marseille, il vient pour tenter sa chance. Il travaille comme serveur dans les restaurants français de l’Upper East Side (La Goulue, Le Charlot), il devient manager du lounge Le Colonial, et de The Deck au Pier 59 studios. Il est ensuite embauché pour une mission d’ «hôte, VIP, manager» pour l’ouverture de Mix in New York, le restaurant d’Alain Ducasse où il fait la connaissance de Nicolas Cantrel, désormais chef de Bagatelle. Avec Bagatelle/Kiss and Fly, il a décidé de franchir le pas et se mettre à son compte.
Au printemps, Aymeric Clemente et son associé Remi Laba ouvriront un lounge de 150 places en dessous du restaurant. Ils souhaitent faire un concept de lounge parisien, entre « Chez Castel » et le « Mathis bar ». Le nom ? Coco Deville, «cela racontera l’histoire d’une aristocrate parisienne», explique Aymeric Clemente. Les deux compères sont habitués à créer des thèmes pour divertir les oiseaux de nuit new yorkais : avec leur société de marketing promotionnel In the Buzz , il ont orchestré des soirées dans les clubs branchés comme le Pink Elephant et un événement pour le lancement américain du parfum Cartier, le Baiser du Dragon. Les deux amis ont aussi ouvert un club Kiss and Fly, adossé au restaurant il y a quelques semaines, dans l’ancien espace du club AER. Ils entendent “ramener les clubbers dans le Meatpacking”.
Le soir de l’ouverture de Bagatelle, tandis qu’Aymeric Clemente fait le “papillon social” en salle, Nicolas Cantrel en cuisine a des poches sous les yeux. Et pour cause. Il y a quelques jours seulement, Cantrel quittait Bobo pour s’atteler à l’ouverture de Bagatelle. Bagatelle sert une cuisine de bistro, dans l’esprit de «Balthazar», selon Nicolas Cantrel. On retrouve les signatures du chef comme le savoureux risotto aux champignons ($16), et le ravioli de poireaux truffé ($18). Touche marseillaise oblige, le vendredi, c’est bouillabaisse ($34).
Les photos de Bagatelle ne sont pas disponibles à ce jour car le photographe s’est fait voler son appareil après la séance photo. Une histoire marseillaise.
Bagatelle
409 West 13th Street
New York, NY 10014,
212-675-2400
Une expédition au New York Hall of Science
Les visages sont souriants, les mines réjouies. Quatre bouilles rondes échangent des confiseries sur la banquette du métro de la ligne 7 qui les conduit de Grand Central Station vers le Queens. Leurs mères sont un peu anxieuses mais tellement ravies de sortir de la grosse pomme pour une promenade à la fois pédagogique et sûrement en dehors des sentiers battus (la ligne 7 est parfois surnommée “International Express” en raison de la diversité ethnique des quartiers traversés).
Tout a commencé lorsque Miss Rock, professeur de Sciences, a évoqué à ses “second graders”, ce fabuleux musée, le plus beau de New York pour les sciences en général, les mathématiques, biologie, chimie, physique, génétique, en particulier. Depuis ce jour, Jules, 7 ans, n’a eu de cesse de me rappeler l’existence de cet eldorado de l’apprentissage scientifique dont la seule évocation me remémorait des souvenirs douloureux, en dépit, ou à cause d’un bac scientifique. Un peu étonnée par mon ignorance et blessée dans mon amour propre de mère new-yorkaise (comment une activité, ou un musée pour enfant que je ne connais pas ?), j’ai fini par céder à l’appel de l’aventure et voilà comment nous nous retrouvons à deux familles dans le train qui nous amène dans ce quartier du Queens, près du mythique Shea Stadium.
Un peu paumés à la sortie du métro (en fait du bus, car la ligne subissait des travaux ce jour là), nous apercevons l’entrée du site grâce aux silhouettes des fusées installées dans le “Rocket Park” devant le Musée. Plusieurs navettes, des répliques et des originaux restaurés de modèles Titan et Atlas ont en effet pris position à l’extérieur ainsi qu’une capsule Mercury, que les enfants peuvent visiter à l’intérieur du bâtiment cette fois-ci.
Dotée de plus de 400 espaces interactifs, la visite dépasse très largement les espèrances de nos chères têtes blondes pourtant malheureusement assez vite blasées. La collection permanente est diversifiée, du monde des microbes (visibles en réel à partir de plusieurs microscopes), aux molécules, jusqu’au monde des nombres, la première exposition interactive sur les mathématiques crée par les célèbres designers américains Charles et Ray Eames. Le Hall of Sciences a en effet été aménagé en 1964 dans les bâtiments de l’exposition universelle située dans le quartier de Flushing Meadows-Corona Park. Le bâtiment ainsi que les expositions ont été restaurés à plusieurs reprises, avec l’aide de fonds privés de grosses sociétés comme Pfizer.
Comme dans la plupart des musées de ce type, les bornes sont interactives et les découvertes basées sur l’expérience individuelle. Peu d’instructions à lire avant de démarrer les experiences, et la présence de jeunes volontaires à certains endroits permettent aux enfants de réaliser complètement leurs propres parcours.
Pour les plus petits, l’aile nord est entièrement dédiée aux “preschoolers”. Au sein du bâtiment central dédié aux plus grands, les jeux sur la lumière et la vision de l’exposition “seeing the light”, le palais des glaces, suffisent à ravir les très jeunes. Le très vaste science playground situé à l’extérieur est également ouvert à tous les âges, à partir du mois de mars.
Finalement, après deux heures de visite, un goûter et quelques pauses pipi plus tard, nous avons visité la moitié de la collection permanente, raté le spectacle de marionnettes qui clôt la journée, nos chères têtes blondes étaient épuisées mais ravies. “Je peux faire mon “birthday party” au Hall of sciences ? “ a demandé Jonas, à sa mère, mi figue-mi raisin, et encore sous le choc des deux heures de trajet retour.
Où : New York Hall of Science, 47-01 111th Street, Queens, NY 11368
Comment : en voiture ou en métro (ligne 7 au départ de Grand central). Des travaux sont en cours sur la ligne et des navettes de remplacement sont mises en place, ce qui peut allonger considéralement le temps de trajet, l’itinéraire du bus étant particulièrement chargé. Penser à verifier sur le site du MTA les changements d’itinéraires.
Durée de la visite : 2h30 à 3heures pour les plus résistants.
Quand la rose rencontre l'âne
«Bon, Théo, tu vas voter?» s’impatiente Michèle. Il est 19h30 à Harlem et Théo Chino s’apprête à emmener Michèle et Aymeric voir comment se déroule les élections. Aymeric Brehier, un des plus jeunes candidats PS aux dernières élections législatives et Michèle Sabban, membre du bureau national du PS, ont contacté Théo via le blog de la section de New York du parti socialiste. Arrivés vendredi à New York, ils sont là «pour comprendre comment ça se passe». «C’est pour nous un moment de curiosité et d’intérêt politique. Ce n’est pas tant pour les résultats mais plus pour savoir comment ça va se dérouler», explique Michèle Sabban. Aymeric Brehier se réjouit d’être aux premières loges pour cet évènement que «le monde entier regarde». A choisir, tous les deux penchent pour Hillary, «parce que c’est une femme d’expérience».
«On a l’impression qu’aux Etats-Unis, la vie d’un parti politique et l’action du militant ne s’expriment que tous les 4 ans. En France, il y a des élections pratiquement tous les ans», s’étonne Michèle Sabban. Théo lui apprend que « le militantisme est très différent ici, il passe par les conseils de quartiers et s’exprime à un plus petit niveau qu’à l’échelle nationale». Aymeric, lui, note qu’il y a aux Etats-Unis «une vraie culture de la primaire» : «elle ne créé pas de fossé entre les camps à l’intérieur d’un même parti. La compétition ne s’arrête pas là».
«On a de la chance c’est à deux pas. Ici, les bureaux de vote sont aménagés dans des garages, dans des commerces, dans des lieux où les gens ont l’habitude d’aller», leur explique Théo, qui prend très à cœur son rôle de « guide » et qui va même jusqu’à leur montrer comment fonctionne la machine pour voter. Sur le chemin à la vue de tous les immeubles, les deux militants PS en campagnes pour les municipales, plaisantent : «Ici pour faire du porte à porte il faut au moins consacrer trois mois à chaque immeuble“.
Les comparaisons vont bon train. Michèle Sabban remarque que ces élections se déroulent un jour de semaine. Elle constate aussi que le bureau de vote est «bruyant et animé»: «En France c’est silence complet, tu fais tomber un stylo et tout le monde te fusille du regard».
Pour Michèle et Aymeric, la campagne américaine, comme la campagne italienne, seront source d’inspiration pour les futures présidentielles. «S’inspirer de la règle pour mener le combat» s’exclame Aymeric. «Les méthodes de campagnes américaines ont toujours inspiré la France, mais toujours avec trois décennies de retard, le meilleur exemple est celui de l’utilisation des sondages ».
Just Married
«L’affaire is fini. La «ooh-la-la romance» entre le Président français à peine divorcé et l’ex-mannequin Carla Bruni est maintenant légale». Soulagement donc au New York Daily news. Le New York Times se félicite aussi de ce mariage qui met fin au «cauchemar protocolaire» que connaissaient les deux amoureux.
Richard Valeriani du Huffington Post estime que le Président français «peut maintenant retourner à d’autres affaires, comme les affaires d’Etat». Avant d’ajouter : «Bien que les Italiens aient appris aux Français à cuisiner, on peut douter que Carla passe beaucoup de temps dans la cuisine».
Le Washington Times espère quant à lui que la nouvelle union va permettre d’enrayer la chute du Président Français dans les sondages. Mais comme le rappelle le Washington Post : «depuis Hélène de Troie, il est de notoriété publique qu’il peut être dangereux d’apporter une belle femme dans un château». De la même manière, “trop d’amour nuit à un homme d’action“.
Philip Kennicott, dans son essai «Ooh-la-la Lyrics», publié dans le Washington Post, avoue aimer «écouter la voix voilée de la première dame de la France », car « Nobody sings sexy better than Bruni». «Cela serait trop rapide et condescendant de ne la considérer que comme une “super model”. Elle est également une incontestable chanteuse, un compositeur de talent et une étonnante experte en roucoulements qui rendent les chansons françaises si érotiques et intimes ».
Après avoir analysé les paroles de «Raphaël», la chanson de Carla Bruni destinée à son ancien mari, le journaliste écrit : «si Sarkozy a fait ses recherches, il devrait connaître la merveilleuse capacité de sa femme à transformer les drames de sa vie sexuelle en art. Aimez Carla et vous risquez de finir en parole de chanson».
Philip Kennicott conclue: «Bruni est apparue dans le théâtre de la vie politique française pas seulement comme une “gourmandise présidentielle”. Elle et Sarkozy sont désormais quasiment des figures allégoriques, comme le thème du conflit entre l’Amour et la Gloire, privilégié dans les opéras à Versailles. A la différence près que Bruni n’est pas seulement l’incarnation de l’Amour, elle est aussi l’auteur et le compositeur de cette petite pièce».
Wikipédia aurait également annoncé la bonne nouvelle du mariage des deux tourteraux : sur la page consacrée à Carla Bruni, on pouvait lire : «Première Première Dame de France à avoir posé nue» nous rapporte le Washington Post.
Life coach, un métier d’avenir ?
«J’ai un don, je lis à travers les gens» affirme Nicolas Serres-Cousiné. Après cinq ans chez M6 en tant que publicitaire, il quitte Paris pour New York où il devient agent de photographes. Ses amis l’ont toujours considéré comme «un mentor, un guide». Un jour, Nicolas se documente sur internet et découvre le métier de life coach. La réaction est immédiate, «c’est moi». Ses débuts n’ont pas été faciles. Etant lui-même homosexuel, Nicolas décide dans un premier temps de cibler une clientèle gay. Il arpente les «bars PD» de New York («pourtant pas du tout mon truc») et poste des petites annonces dans les journaux homo pour se faire connaitre. C’était il y a quatre ans. Il est aujourd’hui installé en tant que life coach ou «coach de vie», traduction «moins bandante» selon lui.
Life coach, c’est quoi? Une nounou pour “grown up”? Un ange gardien? Un grand frère? Non, Nicolas est catégorique, «je ne suis pas une “baby-sitter”». Un life coach s’apparenterait plutôt à une sorte de conseiller d’orientation pour adulte. La distinction entre un life coach et un psychologue est floue. Le coaching n’est pas une “thérapie”, le client n’est pas “malade”, mais plutôt “paumé”. Contrairement à la psychanalyse qui s’intéresse au passé et à ses blessures, le life coaching est tourné vers l’avenir et se concentre sur les points forts du coaché. Une sorte d’introspection qui permetrait de révèler les véritables aspirations. Ainsi, lorsque l’on est banquier, pas facile de s’avouer et d’avouer que l’on a toujours été bistrotier de coeur. On s’en serait douté, le life coach ne possède pas la formule magique du bonheur, “afin que la relation soit une réussite, le client doit être réellement motivé et investi”.
Lorsqu’on lui demande en quoi consiste son travail, voilà ce que Nicolas répond: «Qu’est-ce qu’un coach sportif ?», «Le coach d’Andy Roddick tape-t-il dans la balle ?», «A-t-il besoin de savoir jouer au tennis ?». On l’aura compris, la méthode consiste à répondre à une question par une question.
Même si Nicolas affirme «souvent tout comprendre très vite», il préfère ne pas donner la solution mais rebondir, faire miroir. «C’est tellement plus fort» lorsque le client découvre par lui-même. Le déclic est à la fois beau et douloureux, «comme un accouchement sans péridurale».
Recourir à un life coach est plutôt honteux et la majorité le cache à leurs proches. Ce n’est qu’une fois la relation terminée et le coaché satisfait -car Nicolas affirme fièrement avoir «toujours réussi», que le client vante les mérites du life coaching. La relation prend fin lorsque le client est capable de se coacher lui-même. La séparation s’apparente à un «break up amoureux», la légendaire phrase «il faut que l’on parle» en guise de prélude. À la différence près que Nicolas est fier d’être “plaqué” car cela signifie qu’il a rempli sa mission.
Le client type de Nicolas est un businessman homosexuel «super successful» en pleine crise de milieu de vie. Français ou Américains, ils souffrent de manque de «self-confidence» et souhaitent faire le bilan. Le life coach est un ami qui coûte cher, en moyenne 150$ la séance sachant qu’une “relation” type dure entre quatre et six mois. Pour ce prix, Nicolas se déplace au bureau ou au domicile du client dans 80% des cas et envoie après chaque «rencart» un compte-rendu par email. Un certain nombre des clients de Nicolas ont d’abord consulté un psychologue, sans succès. Selon lui, “la plupart des gens qui vont voir “quelqu’un” ont en réalité besoin d’un bon life coach et, d’ici cinq ans, les life coach auront supplanté les psy”. À voir.
La profession n’étant pas réglementée, aucun diplôme n’est requis et quiconque peut s’installer comme life coach. Il faut donc être vigilant quant au choix de celui-ci. D’autant que les dégâts qu’un mauvais life coach peut faire sont loin d’être négligeables.
L’International Coach Federation est l’unique organisme délivrant une accréditation gage d’un certain “professionnalisme”. Le bouche-à-oreille est ensuite le meilleur des indicateurs. La majorité des life coach sont des femmes d’un certain âge ayant le désir d’aider, ce à quoi Nicolas répond «bullshit». Il avoue que contrairement à l’altruisme de certains life coach, sa démarche est «égoïste», «je fais quelque chose qui me botte» et la cerise sur le gâteau, «je fais du bien aux gens». «J’ai du bol».