Les dîners de gala ne sont propices ni à l’émotion ni au recueillement. Pourtant, samedi soir au Consulat de France à New York, la réalisatrice Agnès Varda a réussi ce tour de force. Un silence lourd s’est imposé à la centaine de convives de cet évènement organisé par l’American Jewish Committee en vue de lever des fonds pour organiser cet hommage aux Justes de France à travers les Etats-Unis, à la fin de la projection. Pour l’occasion, la réalisatrice avait réalisé un condensé de l’œuvre créée pour le Panthéon, un court film de fiction, son parole ni commentaire, retraçant les actes héroïques de ces « hommes et femmes ordinaires » qui, pendant la seconde guerre mondiale, ont caché et sauvé des juifs.
Washington d’abord
Au Panthéon, l’exposition était composée de dizaines de photos de ces Justes, ou d’anonymes les représentants, entourées de quatre grands écrans où était projeté le film d’Agnès Varda, dans deux versions se répondant, l’une en noir et blanc, l’autre en couleur. Samedi, l’énergique réalisatrice a tenté, a-t-elle dit, de donner « une vague idée » de l’exposition réelle, sans la solennité du Panthéon ni la mise en scène produites par les 4 grands écrans. Mais le public américain devrait bientôt pouvoir lui aussi se recueillir devant l’œuvre originale. Le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, qui avait commandé le film à Agnès Varda pour la cérémonie du Panthéon, a confié à French Morning que « l’exposition devrait pouvoir être organisée à Washington avant la fin de l’année », avant de tourner dans le reste du pays ensuite, et sans doute très rapidement à New York.
Le ministère de la Culture français s’est associé avec l’American Jewish Committee, qui va lever des fonds, pour organiser cette tournée. David Harris, le directeur exécutif de l’AJC, avait assisté en janvier à la cérémonie du Panthéon. C’est lui qui a souhaité que l’exposition traverse l’Atlantique : « nous voulons que le public américain la voit, car elle porte un message très puissant, avec à la fois un sens historique et des implications contemporaines. Les gens doivent savoir que le monde n’est pas seulement habité par le Mal, mais aussi par l’humanité et le Bien. Les Justes procurent 3000 exemples de courage, dont nous avons le plus grand besoin. »
Faut-il, dans le choix de Washington comme destination première voir un projet politique de la France ? Une manière de combattre l’idée répandue chez les élus américains que la France a été (est encore ?) uniformément et indivisiblement anti-sémite? « L’exposition permettra de présenter une image juste et complète de notre pays, admet Renaud Donnedieu de Vabres. C’est-à-dire un pays où, pendant la Seconde Guerre Mondiale, il y a eu l’horreur, mais aussi l’honneur ». Pour autant, le gouvernement français, « propriétaire » de l’exposition, puisqu’elle celle-ci est une commande du ministère de la Culture à Agnès Varda, prend bien garde de ne pas paraître faire de la propagande, critique qui rendrait la tournée américaine contre-productive. L’association avec la communauté juive, via l’AJC, permet de désamorcer ces critiques, en insistant avant tout sur la démarche pédagogique du projet.
Les Justes de France arrivent aux Etats-Unis
La Bretagne à la conquête de Manhattan
La Kevrenn Alré, groupe de musiciens et de danseurs bretons, défilera sur la Cinquième Avenue lors de la parade de la Saint Patrick le 17 mars prochain. Au programme : chants et musique celtes, accompagnés de danse traditionnelle. Jamais aucun groupe français n’avait participé à ce défilé.
La venue de la Kevrenn Alré a été préparée avec enthousiasme par les bretons new-yorkais, et en particulier par BZH-New York, une association de « bretons et amis de la Bretagne » (BZH pour Breizh, « Bretagne » en breton). Ils se mobilisent pour promouvoir la région. « Il y a un engouement des jeunes Bretons de 25-35 ans présents à New York» estime Eric Thoby, membre de BZH.
Tout a commencé par l’invitation du Comité irlandais qui organise la parade, rencontré lors d’un festival inter celtique en France. « Les Irlandais ont voulu s’ouvrir aux Celtes. Et la Bretagne fait partie des nations celtes» explique Laurent Corbel, membre de BZH chargé d’organiser l’événement. La parade de la Saint Patrick, la fête nationale irlandaise, parcourt la Cinquième Avenue et réunit un million de spectateurs, dont Hillary Clinton et Michael Bloomberg. «La Kevrenn Alré figure en quatrième position du défilé sur les deux cents groupes» indique Laurent Corbel avec fierté.
Composé de trente-huit musiciens (joueurs de grosses-caisses et bombardes – instrument à vent) et de seize danseurs, le groupe a été consacré champion de Bretagne de bagad de première catégorie en 2005-2006.
Originaire d’Auray, dans le Golfe du Morbihan, le bagad n’en est pas à son coup d’essai aux Etats-Unis. Il a déjà donné des représentations lors de festivals folkloriques internationaux en Caroline du Nord et à Lafayette en Louisiane.
Pendant cinq jours, la Kevrenn Alré sera la vitrine de la culture bretonne aux Etats-Unis. Au programme en plus de la parade : concerts au Carnegie Hall, à Central Park, ou encore dans des bars du Lower East Side et de Brooklyn.
Laurent Corbel, Morbihannais de 34 ans, se réjouit à l’idée d’écouter ses compatriotes à Central Park. « Ça va être extraordinaire. La musique est tellement puissante qu’elle fait vibrer. Les gens vont danser, ça devrait réunir beaucoup de monde. »
Les représentations de la Kevrenn Alré – financés uniquement par une vente aux enchères et par l’association- sont l’occasion de faire connaître la culture bretonne à Manhattan. «Il s’agit aussi de donner une bonne image de la France» ajoute Eric Thoby. Plus largement, l’association cherche à promouvoir les échanges culturels et économiques entre la Bretagne et New York. Par exemple, des artistes new-yorkais pourraient participer au prochain festival de musique électronique de Rennes. Et des entrepreneurs de Côte d’Armor doivent venir rencontrer des entrepreneurs new-yorkais l’automne prochain. A terme, BZH-New York veut faciliter l’implantation d’entreprises bretonnes aux Etats-Unis.
Pour conclure son séjour, la Kevrenn Alré mettra le cap vers Philadelphie, où elle doit aussi donner une représentation. Les Bretons en profiteront pour rendre hommage à Benjamin Franklin. Ils n’hésitent pas à raconter que lorsque Franklin vint demander leur secours aux Français pendant la guerre d’Indépendance, c’est par la Bretagne – et la rivière d’Auray- qu’il est passé.
Programme :
Vendredi 16 mars – Alliance Française
19h30 : Silent Auction
21h00 : Concert-spectacle
Samedi 17 mars
11h00 : Parade sur Fifth Avenue.
20h00 : Carnegie Hall – concert avec les Chieftains
Dimanche 18 mars
12h-15h : Central Park – concert
19h00 : L’Annex (Lower East Side) concert
Lundi 19 mars
19h00 : Parade à Williamsburg et concert au Zébulon
Mardi 20 mars
19h00 : Concert au Jimmy Duffy’s
www.bzh-ny.org
2008: le candidat anti-français
Mitt Romney, un des candidats à l’investiture du parti républicain pour les présidentielles de 2008 n’aime pas la France. C’est un de ses arguments de campagne indiqué dans une présentation PowerPoint (les Alsaciens apprécieront la carte de France) résumant sa stratégie, sur laquelle le Boston Globe a mis la main.
Romney, ex gouverneur du Massachusetts, est mormon. Il est allé en mission en France quand il était jeune. C’est quand il a présidé les Jeux Olympiques de Salt Lake City, se souvient Slate, que la France a gagné son maximum de médailles en 80 ans de Jeux d’hiver.
Mais n’allez pas croire qu’il aime la France. Est-ce que c’est l’expérience de Kerry en 2004 (un autre élu du Massachusetts) qui lui fait craindre de se faire traiter lui aussi de Français ? La France est le navire amiral du socialisme européen, explique la présentation powerpoint. L’Union Européenne voudrait tirer les standards de vie américains vers le bas. « C’est là qu’Hillary et les démocrates voudraient nous emmener : Hillary = France. » CQFD. Le document « suggère que comparer la sénatrice Hillary Clinton à ce pays (la France) pourrait gagner des votes à Romney » résume le Washington Post.
L’édito du Boston Globe s’étonne de la place qu’occupe la France, « mal ultime menaçant le futur de l’Amérique » parmi les ennemis de Romney. « Avec une large majorité d’américains opposés à la guerre en Irak, est-ce que Romney croit que les Américains marchent encore dans les combines de Bush-Cheney comme de rebaptiser les « french fries » ? A une époque où la France coopère de près avec les Etats unis contre les réseaux du djihad, est-ce que Romney croit que sa meilleure manière de montrer comment il mènerait le monde est de faire imprimer des autocollants marqués « Tout sauf la France ». Un de ses consultants devrait lui parler du niveau de vie des français qu’il s’apprête à ridiculiser – et des investisseurs qui en tirent parti. »
Côté campagne française, Ségolène Royal, candidate « mère protectrice », va faire campagne dans les banlieues. Rien n’a changé dans les banlieues depuis les émeutes, observe le New York Times, mais pour la première fois les votes des maghrébins et des noirs pourrait faire la différence. A Clichy sous Bois, le nombre d’inscrits a augmenté de 25 % depuis les événements de 2005.
Le critique cinéma du New York Times (http://www.nytimes.com/2007/02/28/movies/28rend.html) est allé voir « La Vie en Rose ». Il a adoré. La vie de Piaf a ouvert le festival du film français de New York. Stephen Holden note que « tout en observant parfaitement la fragilité humaine, la majorité des films français présentés communiquent, bien plus que n’importe quel cinéma étranger, une appréciation voluptueuse du confort bourgeois et de la stabilité» relevant encore que « même si la France fait face à des embrasements urbains d’une population immigrée croissante, le cinéma français se raccroche toujours à un idéal épicurien faisant de la bonne vie la dernière défense contre le chaos. » Aucun des films présentés, note t-il, traite des tensions multiculturelles.
Erratum : dans la dernière livraison de France Made in USA, j’ai malencontreusement traduit « debonair » par « débonnaire ». Or debonair signifie « d’une élégance nonchalante », me signale un fidèle lecteur. Mea culpa. Tout le monde sait bien que Jean-David Levitte, l’ambassadeur français à Washington est d’une élégance nonchalante et non pas « bienveillant, complaisant, parfois jusqu’à l’excès » (http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/debonnaire/). Dans notre prochaine édition, nous reviendrons sur actually-actuellement et verge-verge. (n’importe quoi pour retenir des lecteurs).
Les Soldes cette semaine
28/02/2007
Anthony Nak
Maille d’or et pierres précieuses ou semi-précieuses. Bijoux soldes entre 50% et 75% de leur prix original
28/02/ et 3/03
De 11h à 16h
580 Broadway (entre Prince St. et West Houston St.)
Suite 1206
212 625 350
Luca Luca
robes de cocktail, jupes et manteaux jusqu’à – 75%. Première arrivée, première servie.
Du 28/02 au 3/03
Mercredi à vendredi de 10h à 19h
Samedi de 10h à 18h
19 W 36th St. angle 5th Ave.
212 755 2444
Intermix
Ruée sur les designers. Jusqu’à – 90%. (Robes Catherine Malandrino à $149. Kors by Michael Kors “Blitz” shoes, $69 etc.)
Du 28/02 au 2/03
De 9h à 20h
The Altman Building, 135 W 18th St. (entre 6th Ave. et 7th Ave.)
212 741 5075 ext. 232
Paul Smith
75% et davantage sur les fringues hommes et femmes et les accessoires
Du 1/03 au 3/03
Jeudi et vendredi de 11h à 19h
Samedi de 11h à 16h
75 9th Ave. angle 16th St.
212 274 8272
Laila Rowe
Tout à 5 dollars (sacs, bracelets, colliers, etc.)
Du 26/02 au 2/03
De 11h à 19h
35 W 36th St. (entre 5th et 6th Ave.)
212 629 6615
The Art Of Shopping – Designer Denim Sale
Un jean se marie avec tout surtout quand il s’appelle 7 For All Mankind, Earnest Sewn ou Rock & Republic et qu’il nous fait des fesses de déesses.
Du 28/02 au 4/03
Mercredi à samedi de 11h à 19h
Dimanche de midi à 17h
72 Greene St. (entre Spring St. & Broome St.)
Mode de paiement : Cash / Carte de crédit
Back Fashion Cult – Spring ’07 Sample Sale
De Milan à Paris en passant par New York et ses designers branchés. Rebelles rocks et chics
Du 23/02 au 3/03
Lundi à vendredi de 11h30 à 19h
Samedi de 11h30 à 17h
320 W 37th St. (entre 8th & 9th Ave.)
Suite #9C ou Buzzer #22
212 563 8383
Mode de paiement : Cash / Carte de crédit
Liz Lange, Belly Basics
On y va pour les cache-cœurs cachemire et soie étirables à $40
Du 27/02 au 2/03
Mardi de 10h à 19h
Mercredi à vendredi de 10h à 18h
261 W 36th St. (entre 7th Ave. & 8th Ave.)
2e étage
212 947 8748
Helen Yarmak
Fourrures jusqu’à – 75%. Au cas où nos efforts viennent à bout du global warming
Du 26/02 au 3/03
De 11h à 5h
730 5th Ave. (entre 56th St. & 57th St.)
23e étage
212 245 0777
Eileen Fisher
Pour renouveler nos basiques
Le 3/03
De 10h à 19h
314 E 9th St. (entre1st. & 2nd Ave.)
212 529 5715
Designer Exposure
Enfin le site Web se fait showroom : 2000 articles à la vente, neufs et d’occasion, Prada, Gucci, Chanel, Missoni, Dolce & Gabbana, Tuleh, Manolo, Jimmy Choo. Les prix commencent à $10.
Du 2/03 au 3/03
Vendredi de 11h à 19h
Samedi de10h à 18h
39 Lispenard St
(entre Broadway & Church St)
2e étage
212 343 0107
Mode de paiement : Cash / Carte de crédit / pas d’AMEX
Gérard Mortier à la tête du City Opera
Les audaces de ce Belge né à Gand en ont fait l’un des plus réputés -et des plus controversés- directeurs d’Opéra du monde. Gérard Mortier quittera l’Opéra National de Paris en 2009 pour prendre la direction du New York City Opéra, une institution beaucoup plus petite et qui vit dans l’ombre de son voisin du Lincoln Center, le Metropolitan Opera.
Gérard Mortier sera atteint en 2008 par la limite d’âge de 65 ans et devra donc quitter la Bastille. Il rejoindra alors New York à temps plein. D’ici là, il partagera son temps entre Paris et New York, où il passera une semaine par mois.
Pour le City Opera, qui cherche à renforcer son image d’innovateur, l’arrivée de Mortier est un joli “coup” qui est né au printemps dernier, pendant un dîner au consulat de France à New York. Susan Baker, présidente du conseil d’administration du New York City Opera (NYCO) et Gérard Mortier ont fait connaissance. “Nous cherchions quelqu’un capable de mettre en place un programme innovant (…) qui nous permette de nous distinguer de ce qui se fait de l’autre côté de la place…”, commente Susan Baker. “Son expérience est adaptée à notre tradition avec des productions novatrices d’œuvres classiques ou contemporaines”.
Pour une institution qui veut faire parler d’elle, Gérard Mortier était sans doute le candidat idéal. Du Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en tre 1981 et 1991 au festival de Salzburg où il a succédé à Herbert Von Karrayan, il s’est fait une habitude de secouer les conservatismes du monde de l’opéra. En 2001, sa dernière production à Salzburg, Die Fledermaus de Johann Strauss impliquait un dealer de drogue, un nazi et des enfants incestueux d’Einstein…
“Le choix du NYCO est la bonne décision au bon moment de ma carrière, estime Mortier dans un communiqué publié mardi. Tout a changé depuis le 11 septembre et les institutions d’opéra doivent également penser leur propre nécessité dans un nouveau monde globalisé. Dans ce sens, j’espère servir la communauté new-yorkaise grâce à ma conviction que l’opéra est une forme d’art qui ré-hausse les émotions et peut donc rester populaire plutôt que devenir populiste”.
Le premier acte de Gérard Mortier sera de mettre fin à la quête immobilière du NYCO qui se cherche une nouvelle salle depuis des années. Lui a décidé de rester au Lincoln Center, tout en prévoyant des spectacles dans d’autres salles de la ville. “J’aime travailler avec ce que j’ai” explique-t-il au NY Times.
Mais le même New York Times l’avertit aussi des challenges: de ce côté ci de l’Atlantique, il devra aussi faire ses preuves comme fund raiser, une activité qu’il ne connaît pas à la tête de l’Opéra de Paris, qui tire les deux tiers de son budget de subventions publiques.
Des nageurs à Soho
L’allée de la galerie est étroite mais les photos sont grandes, spacieuses, presque luxueuses. Les portraits vous observent par-dessus votre épaule, à droite, à gauche, ces grands visages vous fixent et sourient sur votre passage. Sommes-nous sur les rives de la mer noire, au bord des datchas, à photographier des apparatchiks ? Le ciel est gris et bleu, la lumière argentée, il est 6 heures du matin en Australie
Comme ces nageurs (russes ?) paraissent âgés !
Celle-ci avec son ventre bedonnant et son maillot démodé, celui-là l’édenté, plus loin ce couple : chacun prend la largeur d’un cadre étriqué. Ce couple si ridé, si marqué par le temps, la souffrance, tout s’accumule sur ces tronches caverneuses.
Et pourtant… Bonté, bonheur, sourires, générosité, fraîcheur ! Ces portraits pris si près, ces images accrochées si proches, tout respire le courage la volonté, et l’humour.
Humanisme hyperréaliste
La série “Icebergs” a été réalisée entre 2003 et 2004 en Australie. Les photos exposées ont été sélectionnées par Sous Les Etoiles au sein de la collection personnelle de l’artiste pour sa première exposition « solo » à New York.
A l’aube, dès 6 heures du matin, l’artiste a traqué le regard de nageurs matinaux, et les a immortalisés dans la lumière argentée du lever du soleil. « Après une discussion amicale, je leur ai demandé de me regarder droit dans les yeux, et de ne penser à rien» dit-il, toujours souriant, disponible…presque timide. Matt a souhaité faire ressortir le caractère singulier du visage des nageurs (imperfections, rides, dents manquantes) pour les rendre magnifiques, tels des paysages. Il illumine les visages et travaille avec une palette de couleurs, de tons et de contrastes en harmonie avec le sujet. La profondeur des regards capte les spectateurs, l’émotion est transmise. Tout comme Doisneau ou Ronis, Matt porte un regard optimiste, plein d’empathie sur le genre humain. Ambiance polaire à Soho : vous ne regarderez plus les nageurs comme avant, vous regarderez l’avenir.
De la publicité à la photo d’art.
Californien de naissance, installé depuis l’âge de 18 ans en Australie, Matt Hoyle a commencé sa carrière comme directeur artistique dans des agences de publicité. Il a pris goût à la photographie lorsqu’il travaillait pour Mc Cann-Erickson en 1999. Matt s’est d’abord saisi de l’appareil pour lui-même traduire ses visions créatives. Il travaille désormais pour la publicité et les magazines entre l’Australie et New York, de Publicis à Saatchi, Rolling Stones ou New York magazine. Sa carrière de photographe s’est définitivement révélée à la remise du prix du Cannes Gold Lion en 2005 et celui du Photographe du l’Année en Australie en 2006. Entre temps Matt a exposé à la galerie Farmani à Los Angeles, à la Thomas Werner Gallery à NY, à la National Portrait Gallery à Londres, et à la Art Gallery de New Sout Wales in Australia.
Sa photo est désormais reconnue pour son caractère riche et narratif ainsi que pour le traitement particulier qu’il leur donne à chaque tirage. Il prépare actuellement, à New York, une série de portraits des grands musiciens du Jazz.
Sous les Etoiles, 560 Broadway, New York, entre Prince et Spring, jusqu’au 15 mars.
Le messie selon Hermès.
27/02/2007
Chères, oh chères pintades,
Roulements de tambour, demain, une grande journée s’annonce. C’est jour de soldes très attendu. Non non, pas Barneys, Les soldes Barneys, c’est so last week (cela dit c’est aussi maintenant et c’est le moment où le grand magasin commence à vraiment casser les prix!).
Demain, c’est soldes Hermès. Ça arrive une fois par an et c’est généralement un secret très bien gardé. Cette année, ils vont durer 4 jours. C’est signe de gros inventaire.
Alors, à vos marques, près, shoppez.
Le Birkin de vos rêves est peut-être à portée de carte de crédit.
Hermès Sample Sale
Mercredi, 28/02/2007
De 14h à 20h
Jeudi 1/03/2007
De 10h à 20h
Vendredi 2/03/2007
De 10h à 18h
Samedi 3/03/2007
De 10h à 16h
Metropolitan Pavilion Gallery
123 West 18th Street – Gallery – 4e étage.
(entre 6th et 7th Ave.)
Rendez-Vous with French Cinema
A New York, ce sont les Françaises qui ont la cote à l’écran : Marie-Antoinette de Sofia Coppola clôturait le New York Film Festival en Octobre dernier et c’est Edith Piaf qui ouvre le bal pour la douzième édition de Rendez-Vous with French Cinema, avec La Vie En Rose, d’Olivier Dahan.
Du 28 février au 11 mars, au Lincoln Center et à IFC, la Film Society du Lincoln Center et UniFrance USA présentent une sélection de 16 films récents produits dans l’hexagone.
C’est au programmateur, Richard Pena, que revient la tache ingrate de représenter un panorama du cinéma français contemporain : à l’image de ce même cinéma, le cru 2007 s’annonce disparate, associant comédies à succès et films d’auteurs. L’éclectisme de la programmation dissimule mal son aspect consensuel et réunit à la fois Gérard Depardieu, Zabou Breitman, Jean-Marc Barr, Philippe Lioret et Xavier Giannoli.
L’ouverture du festival sur un mélo populaire, avec Marion Cotillard incarnant l’âge d’or de la chanson française, comme sa clôture sur la comédie de Francis Veber, La doublure (avec Daniel Auteuil) consacrent l’image d’un cinéma français nostalgique et sans surprises.
Mais la cinéphilie new-yorkaise trouve aussi des raisons de se réjouir dans le film controversé de Brunot Dumont, Flandres, Grand Prix au festival de Cannes 2006. Le cinéaste Benoît Jacquot livre également un portrait intime de la gracile Isild Le Besco, dans L’Intouchable, où une jeune actrice parisienne part en Inde à la recherché d’un père inconnu . Avec Dans Paris, le film attendu et rétro de Christophe Honoré (Ma Mere), une famille au bord de la crise de nerfs (Guy Marchand, Marie-France Pisier, Louis Garrel) est aux prises avec un fils dépressif (Romain Duris).
Cette édition 2007 verra aussi les débuts de Julie Gavras (fille du cinéaste Costa-Gavras) avec son premier long-métrage, La faute a Fidel, qui décrit la conversion exaltée d’une famille bourgeoise au communisme, vue par les yeux d’une petite fille.
Coté grand public, drames et films noirs sont à l’honneur : Meurtrières de Patrick Grandperret, La tourneuse de pages de Denis Dercourt et le thriller réalisé par Guillaume Canet, Tell No One, avec Francois Cluzet, adapté de l’écrivain américain Harlan Coban.
Une discussion est prévue en présence des metteurs en scènes après chaque séance.
IFC Center, 323 Sixth Ave. et West 3rd Street. (212) 924-7771.
The Walter Reade Theater, 165 West 65th Street. (212) 875-5600
Tickets : $12 (en moyenne)
Programme :
Alice Tully Hall
Mercredi 28 février à 8:00 pm: La Vie en Rose
Walter Reade Theater
Jeudi 1er mars:
1:00 pm The Singer
3:45 pm Dans Paris
6:15 pm The Singer
9:00 pm Dans Paris
Vendredi 1er mars
1:00 pm The Page Turner
3:15 pm Tell No One
6:15 pm The Page Turner
8:30 pm Countdown & Humbert Balsan: Rebel Producer
Samedi 3 mars
1:30 pm The Singer
4:00 pm The Man of My Life
6:45 pm Tell No One
9:30 pm Ambitious
Dimanche 4 mars
1:30 pm Tell No One
4:15 pm Ambitious
6:30 pm Flanders
9:00 pm The Page Turner
Lundi 5 mars
1:30 pm The Man of My Life
3:45 pm Flanders
6:15 pm The Man of My Life
9:00 pm Flanders
Mardi 6 mars
1:00 pm Ambitious
3:15 pm Countdown & Humbert Balsan: Rebel Producer
6:15 pm Dans Paris
8:45 pm Countdown & Humbert Balsan: Rebel Producer
Mercredi 7 mars
1:30 pm One to Another
4:00 pm Blame It on Fidel
6:30 pm One to Another
9:00 pm Blame It on Fidel
Jeudi 8 mars
2:00 pm The Untouchable
4:15 pm Don’t Worry, I’m Fine
6:30 pm The Untouchable
9:00 pm Don’t Worry, I’m Fine
Vendredi 9 mars
1:30 pm Murderers
4:00 pm I Do!
6:30 pm Murderers
9:10 pm I Do!
Samedi 10 mars
1:30 pm The Untouchable
4:00 pm One to Another
6:30 pm The Valet
9:00 pm Blame It on Fidel
Dimanche 11 mars
1:30 pm The Valet
4:00 pm I Do!
6:30 pm Don’t Worry, I’m Fine
8:45 pm Murderers
IFC Center
Vendredi 2 mars
6:45 pm The Singer
9:30 pm The Singer
Samedi 3 mars
12:00 noon Countdown
2:00 pm Dans Paris
4:00 pm The Page Turner
6:00 pm Flanders
8:15 pm The Page Turner
10:15 pm Dans Paris
Dimanche 4 mars
2:45 pm Countdown
4:45 pm The Man of My Life
7:15 pm Blame It on Fidel
9:15 pm The Man of My Life
Lundi 5 mars
7:00 pm Ambitious
9:30 pm Ambitious
Mardi 6 mars
7:00 pm Flanders
9:30 pm Blame It on Fidel
Mercredi 7 mars
7:00 pm The Untouchable
9:15 pm The Untouchable
Jeudi 8 mars
7:00 pm One to Another
9:30 pm One to Another
Vendredi 9 mars
7:00 pm Don’t Worry, I’m Fine
9:15 pm Don’t Worry, I’m Fine
Samedi 10 mars
2:30 pm I Do!
4:45 pm Murderers
7:15 pm I Do!
9:30 pm Murderers
Dimanche 11 mars
2:45 pm Tell No One
5:15 pm The Valet
7:15 pm The Valet
9:30 pm Tell No One
Scrotum
Pour dix dollars de courses au supermarché voisin , j’ai droit à un Daily News gratuit . Le quotidien liquide ses invendus comme il peut . La caissière centraméricaine me le tend sans joie aucune . Une photo pleine page de Britney Spears chauve , en short , un parapluie à la main , attelée à casser les vitres du véhicule de son ex-mari donne l’ampleur de la déroute “ Infotainment”. Tous médias confondus , l’information est dévorée toute crue par le divertissement . Les people règnent en maîtres (esses).
Nous sommes encore englués dans dans le vide tragique du non-événement Anna Nicole Smith que débarque la cantatrice chauve. Ses tribulations d’un centre de désintoxication à l’autre, d’une boite de nuit à une boutique de tatouage, vont remplir, des jours durant, les pages des journaux et les minutes de télévision et faire monter les enchères publicitaires. Pendant ce temps, les enturbannés d’Al Qaeda renforcent leurs sanctuaires dans les zones tribales de la frontière du Pakistan. Pendant ce temps, les insurgés d’Irak changent de stratégie et utilisent de la chlorine dans leurs attaques à la bombe. Pendant ce temps Bush montre l’Iran du doigt avec une insistance suspecte …
La caissière me fait une moue dubitative et s’en retourne au client suivant. A quelques rues de là des étudiants républicains de NYU ont improvisé un petit jeu « Trouvez l’immigré illégal ». Ils ont d’ailleurs du reste été accueillis par une manifestation spontanée de 300 étudiants violemment opposés à ce «pseudo lynchage».
Cela se passait jeudi sur le campus de Greenwich Village, la patrie d’Edgar Poe, Bob Dylan, Dylan Thomas ou Jane Jacobs !
Dehors, les moineaux sautillent tristement sur les blocs de neige sale compactée. Le jardin de quartier a résisté comme il a pu au blizzard de la Saint Valentin. Le temps est aux coups de froid !
Bien evidemment l’enterrement de Anna Nicole Smith aux Bahamas est bien plus divertissant qu’un gros plan sur les camps d’entrainement au Waziristan. La nuit des Oscars plus sexy que les entorses à l’Habeas corpus. Le temps de passage à l’antenne (« air time » ) en est l’indicateur. L’air du temps, lu , veut du « Fun ». Se divertir à mort ! Entre Paris Hilton, Britney Spears (« Les filles qui se tiennent mal »comme le titre Newsweek) Zawahri et Bin Laden , il n’y a pas photo !
«Personne ne sait vraiment quoi faire au sujet de l’Irak ou d’Al Qaeda, écrit Bob Herbert dans un édito du 22 Février. Un grand centre culturel comme la Nouvelle Orleans a été balayé et personne ne sait comment rebâtir sur les ruines
». La calotte glaciaire est en train de fondre, mais cela n’attire pas encore suffisamment l’attention des foules. Pas assez marrant, pas assez entertaining ! Un commentaire du Federal Way School Board interdit la projection du film d’Al Gore « An inconvenient Truth » dans les écoles sans un point de vue contradictoire. Comme s’il s’agissait d’une opinion ou, pire, de l’agenda politique des démocrates !
Dans le même ordre d’idée, la présence d’un simple mot : « Scrotum » dans une livre pour enfants « The Higher Power of Lucky » de Susan Patron, couronné par la Newberry Medal, a mis le feu aux esprits et fait bannir l’ouvrage des bibliothèques du pays ! Où commence la science, où finit la religion, ou bien encore le divertissement et l’information.
Ces temps-ci ce «pays en guerre», puritain, patauge en pleine confusion rhétorique. Comme si ses dirigeants voulaient que le public ignorât la vérité. La vérité la plus proche du réel, prouvée, recoupée par l’expérimentation scientifique.
Un scrotum, après tout, est tout simplement «l’enveloppe cutanée des testicules». L’endroit où un serpent vient mordre le héros du « Higher Power of Lucky », un chien !
« Est-ce l’Amérique ? » demande Nat Hentoff dans le Village Voice, ce pays qui kidnappe un citoyen canadien, Maher Arar, le fait torturer en Syrie, puis le garde sur la “terror list” de la CIA, alors que le Canada, dont les services secrets ont dans un premier temps permis l’arrestation, lui présente des excuses officielles.
Des vigilantes dans le Village. Un moment George W. Bush ou on ne doit surtout plus appeler un chat un chat. Il est temps, Crayon boiteux, de reprendre la route quelques temps. Dans les vallées et les montagnes, les kasbahs, les déserts ocres aux forteresses de terre d’un pays lointain. J’y croiserai peut-être la noctule géante (Nyctalus lasiopterus ), une chauve-souris de 45 cm de diamètre, dont on vient de découvrir qu’en automne elle se nourrit exclusivement d’oiseaux migrateurs. Elle part gober les rouges-gorges ou les pouillots siffleurs, parfois jusqu’à deux mille mètres au-dessus du sol.
Ou peut-être un pêcheur sortira un calamar géant du fond des eaux, au large d’Essaouira.
Que des animaux sans scrotum, très présentables. Ils ont une intégrité que n’ont plus les clowns tristes que notre société du spectacle achève un par un, l’un après l’autre , pour les besoins de son Audimat.
Bye
"L'influence de l'Islam en France est un fantasme américain"
Deux chercheurs, un Français et un Américain ont choisi de se pencher sur la question de l’Islam de France et ont tiré de cette plongée un livre “modérément optimiste”, pour la France comme pour l’Islam. Dans « Integrating Islam », Justin Vaisse et Jonathan Laurence montrent des Musulmans français beaucoup plus respectueux des valeurs républicaines que ne les décrivent les clichés qui ont court de ce côté de l’Atlantique, et une laïcité bien plus apte à intégrer l’Islam qu’on ne le pense généralement, y compris en France. Vaisse, historien et spécialiste des Etats-Unis et Laurence, qui a consacré sa thèse à l’Islam en Europe, tous deux affiliés à la Brookings Institution, défont un à un ces clichés.
French Morning : Une idée désormais commune aux Etats-Unis est que la politique étrangère de la France est pro-arabe (et donc anti-israelienne) en raison du poids de la minorité musulmane dans le pays. Ce n’est pas votre thèse…
Justin Vaisse : Cette idée reparaît en ce moment par exemple avec le livre de David Pryce-Jones (Betrayal : France, the Arabs and the Jews). C’est toujours la même francophobie traditionnelle, qui nous vaut des livres de ce genre à intervalles réguliers. Le problème, c’est que
ces auteurs n’expliquent pas par quel miracle une politique qui est constante depuis 40 ans a pu être influencée par une communauté qui, à l’époque était inexistante. En réalité, ce raisonnement montre une profonde méconnaissance de la façon dont se fait la politique étrangère en France. Le processus de décisions est très peu influencé par la société civile, le lobbying, etc., contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis. En France, c’est l’Elysée qui décide.
Il pourrait certes y avoir une influence électorale de cette minorité musulmane. Le problème, là encore, c’est que cette minorité vote peu. Au maximum, il y a 1 à 1,5 millions d’électeurs identifiables comme musulmans. Surtout, ils ne votent pas en bloc et encore moins sur une base de politique étrangère. Dans les sondages, on s’aperçoit que les questions sur lesquelles ils décident leur vote sont l’emploi, le logement, les discriminations… La politique internationale n’arrive qu’à la douzième place.
French Morning : Il y aurait une autre manière d’influer la politique étrangère, c’est le risque pour la paix civile. Selon ces mêmes auteurs, l’Elysée est anti-isarélien de peur de mettre le feu aux banlieues.
Justin Vaisse : Là encore, l’histoire récente montre que c’est faux. La France s’est engagée en Bosnie, en Afghanistan et au Liban sans provoquer le moindre mouvement. Certes, il y a parfois des porosités entre les évènements du Proche-Orient et ce qui se passe en France, on l’a vu entre 2000 et 2003 avec les incidents anti-sémites qui étaient liés à la deuxième Intifada. Mais c’est un lien diffus et on a vu par exemple l’été dernier lors de la guerre au Liban qu’il n’y a eu aucun écho en France.
French Morning : Une autre perception américaine fréquente est que l’intégration échoue en raison du poids des musulmans…
Justin Vaisse : Les deux questions n’ont rien à voir. Oui, l’intégration est un problème ne France et un échec flagrant, que les émeutes de 2005 ont souligné. On a échoué à se débarrasser de ces zones de relégation sociale, ces phénomènes de ghetto, avec chômage, échec scolaire, etc. Mais la dimension religieuse ne joue pas. La police, les Renseignements Généraux l’ont souligné, l’islamisme n’est pas un facteur dans ces émeutes. La preuve, quand les organisations religieuses, comme l’UOIF (l’Union des organisations islamiques de France) ont tenté de faire stopper les violences, elles ont échoué. L’UOIF a publié un fatwa et cela n’a eu absolument aucune conséquence sur le nombre de voitures brûlées.
French Morning : Pourtant, il y a bien un mouvement de réislamisation de la part de beaucoup de Français d’origine musulmane…
Justin Vaisse: Oui, mais ce ne sont pas les mêmes. Ceux qui brûlent les voitures sont « en dessous du radar », ils n’ont simplement pas la culture suffisante. Ceux qui au contraire se « réislamisent » sont éduqués et socialement intégrés. D’ailleurs, cette réislamisation conduit très peu à l’islamisme, à la radicalisation. L’affaire des caricatures de Mahomet n’a donné lieu à aucun incident en France. Plus que tout, le foulard islamique a montré que les musulmans de France respectaient la loi. C’est un sacrifice pour certains d’entre eux, pour qui le foulard est important, mais avant tout ils respectent la loi.
French Morning : Est-ce que cet exemple du foulard montre que le modèle français de laïcité est finalement compatible avec l’Islam ?
Justin Vaisse: Ce qui est sûr, c’est que le modèle républicain français a des avantages considérables. Il fournit un logiciel d’intégration très puissant. La revendication d’égalité, de justice sociale peut se faire à l’intérieur du système, un peu comme les Noirs aux Etats-Unis se sont appuyés sur les principes du modèle américain qui n’étaient pas appliqués. D’ailleurs on voit bien que d’autres pays, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, regardent désormais vers le système français, parce qu’il sont allés trop loin vers le multiculturalisme.
Nous pensons que la France avec la laïcité peut offrir un nouveau terrain d’expérimentation de rencontre de l’Islam avec la modernité. Cela transformera l’Islam, mais aussi évidemment la France.
Integrating Islam : political and religious challenges in contemporary France est publié aux Brookings Institution Press.
Paraît en France le 22 mars chez Odlie Jacob.
En oubliant Gordon
Chers lecteurs, désolée pour ce retard. J’ai eu un sérieux problème cette semaine pour ma chronique. Je ne me souvenais plus de ce dont j’avais prévu de parler. Ça m’a pris 3 jours pour m’en souvenir. C’est en lisant un papier dans New York Magazine que ça m’est revenu à l’esprit. Ahh, oui, je dois faire la critique du restaurant Gordon Ramsay. Vous savez, le nouveau restaurant, le premier à New York, du chef anglais réputé pour ses excellents restaus londoniens et ses légendaires coups de gueules. Il jure mieux qu’une harengère sur le port de Marseille, notre Gordon ! (C’est lui qui a inauguré le reality-tv show Hell’s Kitchen au cours duquel il insultait copieusement tous les participants)
Alors, pour servir mes lectrices chéries, j’ai fait une réservation, j’ai dû attendre 2 mois pour avoir une table. Je suis allée dîner, et puis, c’est très simple, j’ai tout oublié.
Non pas qu’il se soit passé des choses fantastiques et extraordinaires dans ma vie, non, j’ai tout simplement oublié l’expérience, le décor, le service, les vins, la bouffe. Rien ne m’a marquée.
J’ai relu mes notes, et même là, j’ai eu du mal à me souvenir. Ah, si des langoustines, servies avec trois petits morceaux de poulet, insipides, le poulet trop cuit, et puis, qui a envie de manger du poulet quand on a commandé des langoustines. Je ne me souviens plus du plat principal, et je devais tellement m’ennuyer que je ne l’ai même pas noté. Le dessert, le soufflé à l’abricot était presque mémorable. Je me souviens simplement que le dîner n’était pas désagréable.
Le vin était pas mal, et le champagne plutôt bon. La déco de la salle de restaurant sans fenêtre, située tout au fond, derrière d’épaisses doubles portes est terne, beige, feutrée, dans le genre blafard.
Tout autour, des tables occupées par des business people en célébration boursière, des Japonais perdus et des couples baillant poliment. Mêmes les clients avaient l’air chiants. Rien n’était mauvais, le service était bon, la sélection de pain comme il faut, « madam, tonight, we have ciabatta rolls, baguette or 7 grains organic, blah blah » Bref, tout ce qu’il faut pour un établissement de ce genre y était. Le porc venait du Berkshire, les épinards organics de New Jersey, et les œufs ont été pondus par des poules heureuses qui ont couru sur leurs deux petites pattes et qui ont gratté le sol pour y dénicher des vers (c’est ça la signification de organic eggs). Tout était insipide.
Je ne sais pas quel est l’équivalent culinaire de F–k you, mais il faudrait que Gordon Ramsay épice sa cuisine autant qu’il épice son langage.
Le business de la sieste
Les nuits des new-yorkais sont courtes et leur sommeil précieux. Si bien que certains ont misé sur un business de la sieste, en pleine expansion. Yelo, un salon qui a ouvert ses portes en janvier, à deux pas du Time Warner Center dans l’Upper West Side, au coin de Central Park, propose à ses clients de faire une petite sieste baptisée « powernap » (sieste régénératrice) pour $12 la demi-heure. Dans la ruche urbaine, les cabines jaunes en forme d’alvéoles sont « de véritables cocons », selon le fondateur Nicolas Ronco, un français installé à New York depuis 18 ans et un ancien de Time Warner.
Mode d’emploi: le site Internet de Yelo (heloyelo.com) et un écran dans la vitrine du salon indiquent le temps d’attente pour avoir accès à l’une des sept « Yelocabs » (cabines de sieste). Lorsque l’une d’entre elles se libère, le client paie pour une plage horaire et est escorté jusqu’à sa cabine de 5m2. Confortablement installé, il règle, à l’aide d’une télécommande, le degré d’inclinaison du dossier du siège (le propriétaire des lieux recommande de monter les pieds plus haut que la tête, afin de ralentir le rythme cardiaque). Lumière tamisée, musique de fond aux pouvoirs soporifiques, et couverture en cashmere du Népal, le « siesteur » peut s’abandonner aux bras de morphée et « recharger les batteries ».
Une fois le temps écoulé (entre vingt et quarante minutes), les lumières se rallument graduellement, imitant l’aube. La sieste peut s’accompagner d’un soin de « réflexologie », c’est-à-dire de massages sur certains points névralgiques des pieds, des mains, et des oreilles, « un traitement proche de l’acuponcture », explique Nicolas Ronco. Pour cela, il faudra débourser $65 pour la demi-heure.
Le projet de Nicolas Ronco, qui est en négociation avec de grandes compagnies, est d’installer des cabines au sein même des entreprises. Avec la bénédiction des directions des ressources humaines des entreprises qui verraient là un moyen d’ajouter la sieste au nombre des avantages « maison » offerts aux salariés. Les entreprises espèrent ainsi adoucir la vie des troupes, améliorer le moral et la motivation et in fine les inciter à garder leur poste. En outre, les entreprises ne perdent pas de vue qu’une sieste de quinze minutes après le déjeuner améliore de manière significative la productivité durant l’après-midi. Elles ont donc tout intérêt à inciter leurs employés à faire un petit somme, selon le fondateur de Yelo.
Une autre clientèle potentielle de Yelo, selon Nicolas Ronco: les trois millions et demi de navetteurs qui n’habitent pas directement Manhattan et qui font le trajet chaque jour de Long Island ou du New Jersey par exemple. Ceux-ci n’ont pas le temps de repasser chez eux avant un dîner d’affaires et ont parfois besoin de « récupérer » avant de passer à l’apéro. Ou encore, les « oiseaux de nuit » qui veulent se reposer avant de sortir pour tenir le coup et profiter de la nuit new-yorkaise.
« C’est un “spa” express pour les gens pressés, avec une clientèle autant masculine que féminine », explique Nicolas Ronco. Il estime que le chiffre d’affaires de Yelo atteindra 1.9 million de dollars pour la première année d’activité, pour le seul centre de l’Upper West Side. Il projette d’en ouvrir un deuxième à Wall-Street avant la fin de l’année, et une trentaine d’ici cinq ans à New York, Chicago et Londres.
Les lounges d’aéroports, surtout dans les aéroports internationaux où les voyageurs ont parfois de longues haltes, représentent également un potentiel de développement pour Yelo, selon Nicolas Ronco. Si les compagnies aériennes proposent de plus en plus des sièges convertibles en lit en classe affaire, les entreprises sont aussi de plus en plus réticentes à payer un billet plein tarif à leurs employés et les incitent à voyager économique. Les voyageurs qui ont des heures de vol derrière eux ont désespérément envie de faire une sieste. Payer pour faire la sieste peut sembler incongru, mais une sieste à l’aéroport est toujours moins onéreuse qu’une chambre d’hôtel.
Yelo n’est pas le premier centre de relaxation à Manhattan: MetroNaps propose également à l’animal urbain de se lover dans un siège « pod » (cosse). Celui-ci est digne du film de Stanley Kubrick 2001, Odyssée de l’espace, avec son capot sphérique noir, qui recouvre le haut du corps du cyborg-dormeur. Le premier MetroNaps a ouvert en 2004 au 24ème étage de l’Empire State building et facture $14 pour vingt minutes de sieste. En prime, un kit de réveil avec un spray pour le visage et des bonbons à la menthe pour se rafraîchir.
Et puis, si le sommeil en cabine n’est pas garanti à 100%, on peut supposer que payer fait partie de la thérapie: on se relaxe mieux dépensant beaucoup, c’est bien connu. Dans ce cas, le client en a pour son argent : une sieste à $77 (avec réflexologie à Yelo) est forcément régénératrice.
Yelo, 315 West 57th Street (entre 8e et 9e Avenues). New York, NY 10019. 212.245.8235
MetroNaps, Empire State Building, Suite 2210.350 Fifth Avenue (entre 33e et 34e Streets). New York, NY 10118. 212.239.3344 et 120 Nassau Street. New York, NY 10038. 212.346.7549