Au royaume des branchés tout est possible. Il y a quelques semaines, un bar sur le Southside de Williamsburg à Brooklyn, le coeur de la hipster nation. Entre raretés soul, beats de funk et groovy psyche rock, le DJ balance un Johnny Halliday! Choc. Le chanteur helvético-franco-belge a la hargne. “J’ai tout cassé” harangue-t-il sur un rythme de rock. Puis le DJ enchaîne : une comptine psyché pop de Sylvie Vartan, France Gall chante “Homme tout petit”, Sheila et Francoise Hardy jouent les yéyés… Marie Laforêt s’essaie à une reprise de “Paint it black” des Stones, “Marie-douceur, Marie-colère”. Dutronc of course. Un détour par… Catherine Ribeiro pour finir en beauté avec Jean Ferrat. La guerre est déclarée!
L’homme responsable de cet enchaînement musical qui bouscule les tréfonds de mon âme française est Peter Gunn, 28 ans, DJ new-yorkais originaire de Boston. Collectionneur de musique, Peter Campbell -de son vrai nom- se passionne pour les musiques des 60’s et 70’s option “artistes francais” : “La France a cette sensualité latente et vous pouvez l’entendre dans la musique”.
FRENCH EXOTICA
Pour Peter Gunn tout a commencé avec l’inévitable Gainsbourg. “Melody Nelson” entendu lors d’une soirée, la célèbre Vampire Lesbos party de DJ Franco dans East Village. Les musiques yéyés et 60’s y étaient à l’honneur pendant que des gogo dancers rendaient l’évènement encore plus…. attractif. Là, sur le podium!
“Ce disque a éveillé ma curiosité et plus je m’aventurais dans cette {french exotica, plus je me rendais compte qu’il y avait peu de choses disponibles sur le net”}. Nous parlons de l’ère pré-Ebay ou trouver LE vinyle demandait du mérite. Nous parlons de vinyles ici. “Je me suis donc senti comme dans des contrées inexplorées”. La collectionnite frappe Peter Gunn; la quête de la galette commence. Une connexion familiale au Québec et le DJ découvre les magasins de disques montréalais qui regorgent de trésors. “Il y avait tellement de magasins et de noms que je ne connaissais pas, je me suis dit il doit bien y avoir quelque chose de bon” explique Peter.
La visite de son studio achève de me convaincre. Peter extrait les disques un à un : un pressage français sur Barclay de Robert Charlebois, le 45 tours de “Mao et moa” de Nino Ferrer de 1967 avec “Manu Dibango qui joue du saxophone”; l’album de Catherine Ribeiro avec le groupe Alpes, un 45 tours de notre Dick national, le Rivers, “Viens me faire oublier”; une autre messe électronique concept de Pierre Henry, la très psychédélique “Ceremony”. “Ces disques sont connus auprès de niches de collectionneurs comme des ovnis musicaux. Donc un tout petit groupe les cherchent avec passion” affirme Peter Gunn.
Les disques pleuvent. La très glamoureuse Marie Laforêt pose sur ses pochettes de disques; puis disparaît pendant deux décennies. Que les garçons de 40 ans lèvent le doigt si ils se rappellent du film et de la… pochette de l’album. 1977. Francis Lai et Peter Hamilton font un carton avec un navet! Bilitis, la BO! “C’est assez disco, j’aime bien Francis Lai”, avec l’accent.
Car Peter Gunn s’intéresse aussi aux compositeurs et arrangeurs. Ses favoris sont les inévitables de sa période de prédilection : Alain Goraguer qui a beaucoup travaille avec Jacques Brel et Serge Gainsbourg. Ou encore Jean-Claude Vannier célèbre pour son travail sur les cordes des albums du Gainsbarre de 1970. On les retrouve plus tard sur les enregistrements de Johnny Halliday ou encore Jean Ferrat.
Les yéyés des 60’s séduisent moins Peter. “La plupart de ces morceaux ont mal vieilli” précise le DJ. Sylvie Vartan incarne avec d’autres la Motown francaise selon lui. Une seule différence et de taille : “Ses morceaux sont plus sexuels que la plupart de la musique pop américaine qui est très standardisée. La culture est différente.”
SOEUR SOURIRE, 1963
Le DJ avance à l’aveugle dans une culture dont il ne connaît pas les codes : “La clé c’est que parce que je ne suis pas Français et que ce n’est pas ma culture, je n’ai pas d’idées préconçues. Je regarde la pochette, les détails et si la chanson fonctionne alors même que je ne comprends pas le texte ou l’histoire de l’artiste, c’est bon!”.
En nerdy collectionneur qu’il est Peter Gunn cherche la perle rare et à pas cher : “Maxi 6 dollars pour un 45 tours, 10 pour un album. Le plus que j’ai payé c’était pour un album de Johnny Hallyday. Car en studio pour cet enregistrement il avait comme groupe les Small Faces, le premier groupe de Rod Stewart”. 12 doll’ pour une pièce de patrimoine national!
Mais Peter ne perd pas la boule avec Johnny et a même la dent dure pour notre rocker national : “Pour les Francais, Johnny veut dire rock’n’roll mais il me rappelle Ricky Nelson ici que l’on appelait the artificial Elvis. Il est un peu ringard…..”. Oops! Dutronc en revanche a ses faveurs : “Ses debuts de la fin des 60’s est ce que j’ai entendu de meilleur! Il sonne comme le Rolling Stones francais et il comprend le rock’n’roll comme peu de Français”.
Et Soeur Sourire dans tout ca? Vous savez cette soeur franciscaine française qui inonda les radios de la planète entière en entonnant sur un air de folk naïf et à la gratte sèche. “Dominique nique nique…”. “Un immense hit aux Etats-Unis! Mais c’était en 1963… La vérité c’est que l’Américain moyen ne pourrait pas aujourd’hui citer un seul musicien français” conclut Peter Gunn. “It’s all subculture”.
*Top 5 Peter Gunn
1. Jean Ferrat – “L’adresse du bonheur”.
2. Sheila – “L’agent secret”.
3. Eddy Mitchell – “Superstition”.
4. Johnny Hallyday – “Voyage au pays des vivants”.
5. Marie Laforet – “Marie-douceur, Marie-colère”.
*Peter Gunn anime un blog dédié a sa passion a www.tetecarre.blogspot.com
Le DJ qui aimait Johnny
Le Labo : De Grasse à Nolita
Avec ses profonds fauteuils en cuirs brocantés, son percolateur, son grand comptoir-bar, son grand réfrigérateur vintage, et Serge Gainsbourg en musique de fond, le Labo fait plus penser à un café cozy qu’à un laboratoire scientifique. Niché en plein cœur de Nolita, dans la tranquille Elizabeth street, le Labo est une boutique de parfums créé par Fabrice Penot et Edouard Roschi, deux anciens « l’Oréaliens », épris de parfums rares et tombés amoureux de New York.
Depuis son ouverture début 2006, le Labo a vu défiler les personnalités les plus en vue : Kirsten Dunst, le chanteur du groupe REM Michael Stipe, tous deux fans du « lab » (prononcé à l’américaine), ou encore l’hôtelier et designer Ian Schrager qui a semé, tel le petit poucet, les bougies d’ambiance du Labo Cade 26 dans son très chic Gramercy Park Hotel. Les stars qui séjournent à l’hôtel peuvent même commander un parfum à leurs noms, et être livrées en trois heures top chrono, un must du luxe.
Raffinement
Chaque fragrance est concoctée sur place et sur mesure par les bons soins de la douce Bo Jade Rich, le nez du Labo, au moment de la commande. Elle extrait du frigidaire des matières premières, aux origines nobles comme le vétiver d’Afrique, la rose d’Egypte, rempli les pipettes,
qu’elle manipule avec dextérité, et verse le précieux élixir dans un fiole cylindrée qu’elle estampille du prénom de la cliente. «Comme la nourriture, vous préférez qu’elle soit préparée le jour même », lance-t-elle avec malice.
Cette quête pour les essences les plus raffinées a commencé à Paris, quand Fabrice Penot, travaillait pour les parfums Giorgio Armani (une marque qui appartient au groupe L’Oréal). Rodé au marketing par une école de commerce et un passage en agence de publicité à Londres, il reçoit une formation à Grasse, le berceau de la parfumerie traditionnelle : une révélation.
Edouard Roschi, travaillait quant à lui, pour Emporio Armani. Dans les couloirs de la firme et dans les avions entre Paris et Milan, où ils se rendent régulièrement pour le travail, les deux jeunes cadres se découvrent une passion commune pour la belle parfumerie « et un dégoût prononcé pour le port de la cravate », se plaisent-ils à mentionner sur le site Internet du Labo.
Ils fulminent, lassés des parfums aseptisés et qui se ressemblent tous, écœurés par les logiques industrielles des grands groupes « soap makers », les deux compères fomentent leur révolution olfactive : un univers libéré de toutes les conventions, loin des senteurs monolithiques. « Le nez est comme un muscle, il a besoin d’être stimulé » explique Fabrice, aux cheveux blonds et au visage d’ange. Avec les plus célèbres « nez » du monde, ils composent les parfums, quintessence du raffinement, comme le surprenant parfum pour homme Rose 31, composé de 31 matières premières. « La rose est nettoyée de son côté lychee, girly et séchée par des matières boisées avec des notes viriles de cumin et de cèdre», dit-il. Les hommes le portent aussi bien que les femmes « Le genre en parfum n’existe pas, le genre est une invention du marketing ».
Aux antipodes des grandes marques de cosmétiques, Le Labo s’est imposé en quelques mois à côté des grands noms de la parfumerie chic comme Serges Lutens, Frédéric Mahle ou Annick Goutal. Depuis cet automne, la marque a un « corner » dans le grand magasin sélectif Barneys, sur le même modèle que la boutique de Nolita. Les flacons y sont aussi fabriqués sur place. L’ouverture d’une boutique à Paris est prévue fin 2007. Quand à l’emplacement : «cela dépendra des opportunités : on va éviter « boboland » tout de même », plaisante-t-il.
L’une des dernières créations de la marque est la Tubéreuse 40, qui marie la sensualité de la tubéreuse à des notes de bergamote, de néroli, de bois de santal, de romarin, et de cèdre. Crée pour Kirsten Dunst à l’origine, ce parfum est celui qu’elle portait lors du tournage du film de Sofia Coppola Marie-Antoinette : une véritable potion pour aider l’actrice à se mettre dans le rôle de la reine. L’histoire raconte en effet que Madame de La Vallière, maîtresse de Louis XIV, faisait mettre dans sa chambre des bouquets de tubéreuses. La plante passait pour incommoder les femmes enceintes, et elle voulait ainsi prouver à la reine qu’elle n’était pas enceinte.
Tubéreuse 40 est aussi la première d’une série de parfums exclusifs à une ville puisqu’elle est uniquement disponible à New York. Depuis, le Labo a lancé une deuxième fragrance spécifique, en exclusivité dans la boutique Barneys de Dallas. Impossible de biaiser : on ne peut pas commander ces deux parfums sur Internet ni par téléphone. « On ne veut pas être le Starbucks de la parfumerie! On en a assez de trouver les mêmes boutiques partout, sur Madison Avenue et à Los Angeles. Avant quand on allait à NY, on pouvait ramener quelque chose de spécial» dit-il. Bien qu’il affirme qu’il n’y a aucune logique économique derrière, permettons nous d’être un peu sceptique : le flacon de Tubéreuse 40 vendu à $90 pour 15ml est deux fois plus cher que les dix autres fragrances de la gamme.
Avec passion, finesse et dynamisme, les fondateurs du Labo continuent leurs affaires sans se prendre au sérieux. « Un peu plus de trente ans sur le passeport, ils ont la connaissance d’un siècle de parfumerie dans le nez mais seulement douze ans d’âge mental, ce qui leur donne une longueur d’avance », raconte le site Internet. Une fraîcheur qui n’a d’égale que les senteurs de leurs parfums et qui ferait oublier les grands noms Dior, Chanel et Guerlain.
Le Labo, Ouvert du lundi au dimanche de 11h à 19h, 233 Elizabeth Street, New York, NY, 10012 ; tél.:001 212 219 2230 et www.lelabofragrances.com.
Barneys, 660 Madison Avenue, New York, NY 10021; tél. : 001 212 826 8900.
Avis d'expats
Le journaliste Pascal Riché (Libération) et l’économiste Etienne Wasmer (OFCE) engagent une étude sur les expatriés français. Si vous êtes d’accord pour participer à cette recherche, leur apporter votre témoignage personnel, répondre à leurs questions, vous pouvez leur envoyer un email à l’adresse suivante: [email protected]. Dans ce message, il serait intéressant de préciser:
– succintement, la ou les raisons qui vous ont motivés pour partir et en particulier si vous êtes partis à l’étranger en étant rattachés à une entreprise basée en France ou une administration (cas de figure numéro 1) ; si vous êtes partis avec vos propres ressources pour vivre et/ou travailler à l’étranger (cas de figure numéro 2).
– les raisons qui vous feraient rester à l’étranger ou au contraire rentrer en France.
– si vous êtes rentrés après une expérience à l’étranger (cas de figure numéro 3), vos réflexions et sentiments lors du retour.
Ce premier message n’a pas besoin d’être très long (un ou deux courts paragraphes suffisent) mais permettra de développer un échange par la suite. Merci d’avance pour votre témoignage.
Le gaffeur de l'Elysée, la gaffeuse qui veut y aller et les champs du même nom
D’abord bien sûr, l’interview de Jacques Chirac dans le New York Times (avec l’Herald Tribune et l’Obs). Elle devait porter sur l’environnement. « Quand il a parlé du changement de climat, il a lu des notes imprimées en gros et passées au stabilo rose et jaune ». Une chose en amenant une autre, on est venu à parler d’Iran. Le porte-parole a passé un petit mot. « Il me dit qu’il faut que je revienne à l’environnement » a dit Chirac à voix haute, avant de dire que les Shiites ne pensent pas comme les Européens ou les Sunnites. Quand ils ont reçu la retranscription de l’interview, les journalistes se sont aperçus qu’il manquait des phrases. La correspondante du New York Times en a fait la première phrase de son article « le président Jacques Chirac a dit cette semaine que si l’Iran avait une ou deux armes nucléaires, cela ne poserait pas un grand danger, et que si l’Iran devait lancer une arme nucléaire contre un pays comme Israël, cela conduirait à la destruction immédiate de Téhéran. »
La retranscription de l’entretien sur 19 pages était « largement corrigée ». En plus des remarques retirées, y avait été ajoutée une phrase que Chirac n’avait pas prononcée : « je ne vois pas quel type de scénario justifierait un recours par l’Iran à la bombe atomique ». Le New York Times note que « la tentative par l’Elysée de changer les remarques du président dans un texte formel n’est pas inhabituelle. C’est une longue tradition dans le journalisme français que d’accorder aux sujets d’interviews – du président aux figures des affaires ou de la culture – l’opportunité de revoir et d’éditer les textes de questions-réponses avant leur publication. »
Les journalistes ont été rappelés le lendemain. Le président croyait que c’était off, a-t-il expliqué, « j’aurai dû faire attention à ce que je disais. » Il ne se souvenait pas avoir parlé d’Israël. Autre piste d’explication : « M. Chirac, qui a 74 ans et à quelques mois de la fin de son second mandat de président, a souffert d’un accident cérébral en 2005 et certains responsables français disent qu’il est moins précis dans la conversation.»
L’ambassadeur français aux Etats-Unis Jean David Levitte a rencontré la rédaction du Washington Times. C’est un « homme heureux », rapporte le quotidien conservateur, « parce que les deux pays ont des positions similaires sur la plupart des sujets clés ».
Le Washington Times s’est rendu compte que « ses commentaires sur la crise politique au Liban, sur le comportement de la Syrie, sur le programme nucléaire de l’Iran et son rôle au Proche-Orient étaient presque identiques aux positions du gouvernement Bush. » (Levitte n’a pas quasiment pas fait de commentaire sur l’Irak.) Alors que la presse américaine présente Sarkozy comme le candidat pro-américain, l’ambassadeur français leur a prédit « beaucoup de continuité » en politique étrangère quel que soit le gagnant des présidentielles. « Le général de Gaulle a un héritage qui reste l’inspiration de tous les dirigeants de la république française, quel que soit leur parti politique. » Il leur a aussi expliqué que les émeutes des banlieues « n’avaient pas grand-chose à voir avec le djihad et beaucoup avec les conditions sociales. » On y apprend aussi que l’ambassadeur a « noté avec fierté » que le « nombre de citoyens français avec au moins un parent ou un grand-parent né à l’étranger est le même que celui des Américains. »
Après la vague d’article « une femme candidate à la présidentielle en France », maintenant la vague « une gaffeuse candidate à la présidentielle en France ».
« Il n’y a pas si longtemps il semblait qu’il n’y avait rien que la candidate à la présidentielle française Ségolène Royal pouvait faire de travers, et aucune couverture de magazine qu’elle n’ait pas décorée. Maintenant, à trois mois des élections, note le Washington Times , elle semble tanguer d’une gaffe politique à l’autre », à l’avantage de Sarkozy et de Beyrou. « La récente avalanche de couverture négative est un sobre rappel de la vitesse à laquelle des hommes politiques peuvent chuter». Le Washington Post décortique aussi les malheurs de Ségolène.
Il fut un temps où les Champs-Elysées étaient raffinés. « Avec l’arc de triomphe à un bout et les jardins des Tuileries de l’autre, vous pouviez découvrir un groupe de jazz à minuit et avaler des huîtres et du champagne à l’aube » se souvient le New York Times dans un article publié en une. Les clubs sont partis, la moitié des cinémas ont fermé en douze ans. Comme Times Square à New York ou Oxford Street à Londres, les Champs ne sont qu un couloir de « grandes chaînes de magasins qui peuvent se permettre le loyer. » Mais note le Times, « dans un moment purement français », la mairie de Paris a « promis un plan visant à stopper la banalisation des Champs-Elysées» qui a commencé par interdire à H&M d’y ouvrir un magasin. Le distributeur suédois avait demandé à Jean Nouvel de concevoir le bâtiment. Les loyers sur les Champs, les plus chers d’Europe, sont les troisièmes les plus élevés du monde après la Cinquième avenue à New York et Causeway Bay à Hong Kong. Note de l’auteur : la Cinquième avenue a un H&M mais pas la petite robe trapèze noire en dentelles en taille 8.
Village Positif
Au fil de la plume m’est venue la phrase :« Cette semaine il a plu des catastrophes sur ma vie et sur celle de mes ami(e)s ».
Mon esprit positiviste franco-US s’est rebellé. Trop dur, trop cru. Il trouve l’expression imagéee, mais un peu excessive.
En fait, je n’ai eu personnellement qu’une seule vraie mauvaise nouvelle, et autour de moi se sont accumulés les avis d’hospitalisation, de tumeur tout juste découverte, de refus professionnels, d’attaque cérébrale, d’occlusion intestinale, d’accident de la route… très précisément ! Tout cela dans le goulet des deux derniers jours de janvier et du début de février. Prémices de la nouvelle annéee lunaire ?
N’empêche depuis ma découverte, en 2003, du livre de Danny Gregory «Every day matters. A memoir », chacun de mes jours importe réellement. Cet opuscule a eu un effet détonant sur ma paranoia vitale. Comme tout un chacun élevé en France, j’abritais une sorte de catastrophisme natif. En gros le verre était toujours à moitié vide, avant d’être à moitié plein ! Depuis la lecture de « Chaque jour compte », j’ai appris à « positiver ». Ma vie est devenue un slogan de grande surface !
Justement, 4 ans après, Danny Gregory vient faire une lecture jeudi 1er février dans notre excellente librairie de quartier « Mac Nally Robinson » sur Prince X Lafayette .
Nous découvrons cela, avec ma fille, retour de Chinatown après un long dimanche culturel au MOMA et au Musée d’Art populaire américain. Nous avions les yeux pleins des madones, cow-boys, tunnels du peintre mexicain Martin Ramirez. Sa ligne claire emporte l’enthousiasme, et efface les cloisonnements de l’ « art brut-outsider art », censés séparer les artistes autodidactes, institutionnalisés, hors système de l’art officiel.
Et voilà Danny Gregory à l’horizon, lui qui n’est pas de la bande dessinée, pas du self help, pas de la philo et tout cela à la fois !
La veille, nous avions assisté à un festival de musique et danse chinoises pour le nouvel an lunaire (18février) au Skirball Center de NYU. J’ai encore la tonalité du pipa, le luth chinois, au creux de l’oreille, 6 jours plus tard. Et, en fait, Gregory habite la porte à côté du Skirball center. Je découvre que son gamin va à la même école que le mien. Nous sommes du même Village ! Sa femme, je l’ignorais, est l’héroïne que j’évoquais dans une chronique précédente, roulant à toute vitesse dans son fauteuil électrique, rouge pimpant, oublieuse des 2 teckels en laisse qui l’accompagnaient, car en pleine conversation téléphonique cellulaire. Elle s’appelle Patti. Styliste très demandée, elle se rendait uptown en métro, lorsqu’elle est tombée sur les rails du métro 9, juste quand la rame entrait dans la station …il n’y avait pas d’ange gardien au bonnet bleu de service ce jour-là …Patti fut écrasée par 3 wagons qui lui broyèrent la colonne vertébrale, la paralysant à vie des membres inférieurs. Patti et Danny Gregory avaient « une vie normale », comme il le dit, avec un bébé de dix mois, Jack et un bon chien bâtard nommé Jack…
A ce moment de mon récit, les animaux étymologiques se glissent dans les mots … « nightmare » , évidemment , la jument des nuits … «chatoyant» qui brille comme l’œil d’un chat , valable en anglais et français…ou encore « boulimie » une faim de bœuf ( en grec , bous le bœuf ; limos , la faim )…
Danny Gregory est devant nous dix ans plus tard. Rond, chauve, plein d’humour. Derrière, se pressent les amis et Jack, devenu un grand blond au visage radieux comme celui de sa mère Patti, venue sans les teckels. Je suis fier d’être du même Village qu’eux. Partie prenante de la même communauté. Dans la salle trois dessinateurs croquent à qui mieux mieux les gestes et expressions de l’assistance. Car telle est la raison d’être de ce livre. Gregory nous y raconte comment il est sorti de sa tragédie personnelle en apprenant à dessiner. Chaque jour avec de nouvelles ambitions. Et en route il a retrouvé une autre raison de vivre, alors qu’il ne savait pas tenir un crayon au début de l’aventure. Le témoignage graphique fut ensuite publié par la prestigieuse Princeton Architecture Press. Gregory nous explique que Robert Crumb (à la NY Public Library le 14 février interviewant sa femme Aline Crumb), le héros de sa jeunesse, lui a écrit une longue lettre, pour le remercier de l’avoir aidé à retrouver foi dans le dessin, ainsi que la ferveur de sa jeunesse, qu’une pratique intensive commerciale lui faisait un peu oublier ! « Qu’à part cela sa couverture était nulle, pas professionnelle… N’utilisez qu’un seul dessin jamais plusieurs ! »
« Everyday matters » vient de sortir en poche chez Hyperion. C’est une résurrection …au fil de la plume.
Bye
PS : Crayon boiteux, j’aime l’histoire douce-amère de ces nonnes grecques qui ont dû fuir leur couvent, à cause d’une faillite de plusieurs centaines de milliers d’euros de leur entreprise de tissage. Les autorités les recherchent dans tous les monastères du voisinage. Le chanteur Moby débarque à la lecture de Gregory et achète 5 bouquins d’un coup !
.Je devrais lui proposer un concert de soutien pour les nonnes grecques.
Dia:Beacon, l’art contemporain sur mesure
Oubliée des guides touristiques, plus spectaculaire que le MoMA et plus accessible pour les non-initiés que les galeries de Chelsea, la Fondation Dia:Beacon présente une collection exceptionnelle d’oeuvres des années 1960 à aujourd’hui.
La première salle, consacrée à Andy Warhol, est un choc pour le visiteur. Elle a été construite exprès aux dimensions de l’œuvre. Shadow, trente-six toiles à fond noir, alignées sur 100 mètres de murs blancs de chaque côté de la pièce, donne la mesure de l’endroit.
Située sur la rive est de l’Hudson River, entourée de collines et de forêt, l’ancienne imprimerie en brique est ouverte au public depuis 2003. Dia –à travers en grec- a été conçue pour permettre aux artistes de réaliser des projets hors du commun et pour repousser les limites du musée classique. Pari réussi pour cet espace de plus de 22 000 mètres carrés (plus grand que quatre terrains de football).
Chaque galerie est consacrée à un artiste. Les murs entièrement blancs et le sol en parquet clair ou en béton foncé se laissent oublier pour mieux mettre les œuvres en valeur. Nombre d’entre elles ont été spécialement conçues pour le site. La Fondation et les artistes travaillent en étroite collaboration. Par exemple, pour l’installation de ses six miroirs gris de 4 mètres carrés, Gerhard Richter a veillé à l’orientation de la lumière et à l’emplacement des portes. Les néons blancs de Dan Flavin ont été exposé sur des panneaux en accordéon, conformément aux plans qu’il avait dessiné avant de mourir.
Loin de Manhattan, Dia:Beacon bénéficie non seulement d’espace, mais aussi d’une grande luminosité, qu’aucune construction alentour ne vient bloquer. C’est cette luminosité qui a attiré l’oeil de l’ancien directeur de la fondation, alors qu’il survolait l’Hudson avec son avion. La lumière douce, favorisée par l’exposition nord, entre par les vitres du plafond, se reflète sur les miroirs et les oeuvres en verre, et donne vie aux installations. D’ailleurs, les visites n’ont lieu que lorsqu’il fait jour.
La collection fait la part belle à l’art minimal et conceptuel, avec les séries géométriques de Blinky Palermo et d’Agnès Martin, la série de boîtes de Donald Judd ou la suite de carrés et de cercles en acier à plat sur le sol de Walter de Maria. Plus largement, c’est toute une génération qui est représentée avec les installations de Louise Bourgeois, Sol Le Witt, Joseph Beuys, On Kawara, Bruce Nauman,…
Conçue pour les oeuvres de grande ampleur, Dia:Beacon joue de l’espace : l’ouverture sur chaque salle est l’occasion de découvrir une nouvelle perspective sur l’enfilade des galeries. Richard Serra investit le sous-sol avec Torqued Ellipses, monumentales feuilles de métal pliées et roulées, à l’intérieur desquelles le visiteur peut marcher.
Dia:Beacon propose également des conférences, des rencontres, et même des concerts. A venir en avril prochain, une rétrospective du travail d’Agnès Martin, des années 1990 à aujourd’hui.
www.diabeacon.org
Dia:Beacon – Riggio Galleries
3 Beekman Street
Beacon, NY 12508
845.440.0100
Horaires d’hiver (17/11-16/04)
11h-16h du vendredi au lundi
Y aller :
– en train : prendre le Metro North à Grand Central jusqu’ à Beacon (1h30mn et 5mn à pied)
(demander Dia package : achat en une fois à prix réduit des billets de train et du ticket pour Dia)
– en voiture : en direction du New Jersey, prendre Palisades Parkway North puis 6 East/202 (1h20mn)
SUPER BORE SUNDAY
Ce dimanche, l’Amérique va communier dans un rare moment d’unité nationale, pas de discours sur la guerre en Irak, ni de Weapons of Mass Destruction, pas de Nancy Pelosi, ni de bipartisan bill, pas d’encens, ni de sermon. Une vraie union sacrée : Juste une pizza et une Bud Light. Dimanche, c’est Super Bowl Sunday.
Je ne sais pas si vous avez remarqué cette propension qu’ont les Américains à organiser des événements sportifs d’ampleur intergalactique dans lesquels ils sont seuls à jouer. Prenez les World Series. Qui y a-t-il dans les World Series ? Certainement pas the World. Uhm, à moins que ce ne soit la conception du monde selon l’Amérique : « Nous, les Cubains et les Dominicains ».
Enfin, toujours est-il que dimanche, c’est Super Bowl Sunday, le programme de télé le plus regardé aux Etats-Unis (90 million de téléspectateurs). Les écrans publicitaires de 30 secondes se vendent à 2,6 millions de dollars. So what ?
Imaginons que vous êtes soumise à une pression extrême et que vous devez regarder le match. Très probablement, votre boyfriend est américain, le plus vraisemblablement de Chicago. Ca fait déjà 2 mois qu’il ne parle plus que des Bears. Vous avez fini par comprendre qu’il n’était pas devenu ursidophile après avoir vu le documentaire d’Al Gore. Il est simplement un supporter de l’équipe finaliste, les Bears of Chicago. Pour lui prouver votre amour, vous vous devez de communier avec lui (et ses potes).
Voila quelques suggestions pour survivre. Well, je ne sais pas par où commencer, car franchement, je ne vois pas quoi que ce soit d’excitant, ni d’intéressant dans le processus.
D’abord, c’est pas du football. Ca se joue avec les mains, duh !
Les pub ? Yawn ! A moins d’avoir une passion pour les grandes pin-up blondes carossées comme des Corvettes de Coors, l’esprit potache de Budweiser ; vous vous rappelez de Whazzup ? What a bore.
Parfois, il y a de l’action pendant le Super Bowl Sunday. Le téton de Janet Jackson, vous vous souvenez ? C’était il y a trois ans. Cette année, c’est Prince qui va chanter et s’il a une wardrobe malfunction, je préfère ne pas regarder !
Bon, les festivités avant match sont assurées par le Cirque du Soleil, ça renouvelle le genre des pom-pom girls. Je suis sûre que certains des joueurs sont agréables à regarder, mais vêtus à la mode cosmonaute, c’est difficile d’en apprécier la grâce. Pour vous réjouir, il vous reste la bière, la pizza, le hero, non, pas comme dans Alexandre le Grand, comme dans un sandwich de 2 mètres de long, les chicken wings, les cheese dips, les chips. Comme l’explique Donna Pilato, la entertainment guru du site About.com, c’est l’occasion de manger de la pizza bien grasse, sans se sentir coupable. Si Donna le dit…
Si vous trouvez toute cette ambiance charmante et exotique, vous pouvez même vous rendre dans un des nombreux sports bars de New York. Zappez ESPN, à Time Square, allez plutôt à Proof, un bar qui est girls friendly, ou encore à Scruffy Duffy’s, ambiance bruyante et bonshommes vociférant garanti, pour une ambiance plus laid back, allez à Toast, un bar local de Columbia.
Ca y est, j’ai trouvé une raisons d’aimer Super Bowl Sunday : vous pouvez enfin aller au cinéma ou à Bed Bath and Beyond un dimanche sans faire 45 minutes de queue. Priceless !
Proof
239 Third Ave., New York, NY 10003
entre 19th et 20th Sts.
212-228-4200
Scruffy Duffy’s
743 Eighth Ave., New York, NY 10036
@ 46th St.
212-245-9126
Toast
3157 Broadway, New York, NY 10027
entre La Salle St. et Tiemann Pl.
212-662-1144
Le Sarko show chez Charlie Rose
Le nombre des électeurs français inscrits à l’étranger (sur les listes consulaires) a plus que doublé depuis 2002, passant de 350 000 à 800 000 pour 2007. Et cela n’a visiblement pas échappé à Nicolas Sarkozy. Après sa visite à Londres hier, où il a “appelé les Français de l’étranger à rentrer en France” s’il était élu, le candidat de l’UMP a enregistré le célèbre talk show
de Charlie Rose, diffusé mercredi soir sur PBS.
Parlant en français (il ne s’essaie plus à l’anglais en public depuis que son épouse lui a fait remarquer qu’il n’avait pas le niveau), le ministre-candidat recevait l’animateur au coin du feu, dans les salons du logement du ministère.
S’adressant autant aux électeurs français installés aux Etats-Unis qu’aux Américains, il est revenu sur ses principales promesses de campagne, notamment celles qui, pense-t-il, touchent plus particulièrement les Français expatriés: la baisse des impôts, la promesse de pouvoir “travailler plus librement”, etc. Côté politique intérieure, il a exprimé son opposition à la privatisation d’EDF et, répondant aux critiques “d’ultralibéralisme”, s’est défendu d’être un “ennemi de l’Etat”. “Un grand pays, a-t-il dit, a besoin d’un Etat. Je crois que l’Etat peut jouer un rôle central mais qu’on doit réduire les dépenses de l’Etat (…) Je ne suis pas un idéologue, je suis un pragmatique.” “Je crois dans le capitalisme, je crois dans l’économie de marché, je crois dans la concurrence”, a ajouté le président de l’UMP. “Mais je veux un capitalisme avec une éthique, je veux une concurrence loyale.”
Ll’exercice était aussi l’occasion de tenter de corriger l’image jugée excessivement pro-américaine laissée par sa visite aux Etats-Unis en septembre dernier. Le ministre de l’Intérieur avait alors critiqué, depuis Washington, le politique française, ce qui lui avait valu d’être qualifié de “caniche de Bush” par certains opposants. Cette fois, tout en répétant qu’il est “un ami des Etats-Unis”, il a pris soin de critiquer Washington pour avroi refusé de ratifier le protocole de Kyoto. Il a aussi critiqué les interventions américaines pour pousser l’Europe à accepter la Turquie dans l’Union. “Est-ce que le Mexique est dans les Etats-Unis?” a-t-il répliqué.
Extraits (en anglais) de l’interview: International Herald Tribune.
NYC-JFK en 8mns
Time is money. Surtout à New York . Qui n’a jamais rêvé d’échapper au trafic en direction de l’aéroport, et de quitter Manhattan le plus tard possible?
Le rêve est à portée de main depuis près d’un an. US Helicopter propose une navette entre l’héliport de Wall Street, et Kennedy ou Newark. Durée du trajet : six à huit minutes. Prix : 164 dollars.
La compagnie a fait le pari que les hommes d’affaires voyageant fréquemment, et les chefs d’entreprise pressés, seraient séduits par la perspective d’éviter les embouteillages et les interminables contrôle de sécurité, leur laissant ainsi le temps de conclure un dernier deal avant de quitter Manhattan.
Au bout du Pier 6 sur East River, près du ferry vers Staten Island, au milieu d’une piste de quelques dizaines de mètres, un hélicoptère bleu avec une silhouette d’aigle blanc sur le côté fait tourner ses hélices en attendant ses passagers. A l’intérieur de l’héliport, à un quart d’heure du décollage, deux hommes en costume, Blackberry à la main, passent les mêmes contrôles de sécurité que dans n’importe quel aéroport – la file d’attente en moins. Une hôtesse explique ensuite brièvement des consignes de sécurité basiques. Puis nous marchons le long de pointillés jaunes jusqu’à l’appareil. Embarquement.
A l’avant, deux pilotes font les derniers réglages. Derrière eux, deux rangées de deux places, et une de quatre au fond. Même sans tablette, les sièges, façon cuir, sont plus confortables que ceux de classe éco en avion. « Enjoy your flight ! » lance l’hôtesse avant de fermer la porte.
Rien à voir avec le décollage d’un 747, l’hélicoptère se soulève en douceur à l’horizontale et s’élève de quelques mètres au-dessus d’East River -sujets aux vertiges s’abstenir. Puis il prend doucement de la hauteur, et passe à côté de la Statue de la Liberté. La skyline de Manhattan s’éloigne progressivement. C’est l’occasion pour les passagers, le nez rivé aux fenêtres, de profiter de la vue. Les buildings de Wall Street, le Chrysler et la tour de verre de l’ONU se profilent, baignés de cette lumière qui tire vers le rose, unique à Manhattan. L’hélicoptère survole ensuite les maisons du Queens et les routes chargées qui mènent à JFK.
L’appareil se pose huit minutes plus tard, sur le terminal d’American Airlines (terminal 9) à Kennedy. A Newark, il atterrit sur le terminal de Continental Airlines (terminal C). Les passagers, qui auraient sans doute bien volé quelques minutes de plus, débarquent immédiatement. Un agent de sécurité, tel un bodyguard, les attend sur le tarmac. Il les escorte au salon d’embarquement, en passant par un escalier sécurisé.
Seul bémol, les passagers qui ne volent pas sur une des deux compagnies doivent prendre la navette entre les terminaux, et repasser par la voie classique d’enregistrement et de sécurité. Ce service très V.I.P n’est pas non plus conçu pour les retours en France en famille : les bagages sont limités : un petit bagage en cabine (sac à main, attaché-case, ordinateur) et une valise enregistrée (22 kg maximum).
Pour Jerry Murphy, président de la compagnie et ancien de Pan American Airways, les maîtres mots d’US Helicopter sont « commodité » et « fiabilité ». Il estime à 35 millions le nombre de voyageurs qui font le trajet entre Manhattan et les aéroports. Selon lui, la moitié sont susceptibles de choisir l’hélicoptère. En voiture, il faut compter entre une demi-heure et une heure environ, et 60 dollars pour un taxi, ou 100 dollars pour une limousine. US Helicopter, qui dispose de quatre appareils, vise 60% de remplissage d’ici fin 2007.
L’hélicoptère fait un aller et retour par heure, de 7 heures à 19 heures, du lundi au vendredi. La liaison à partir de Wall Street fonctionne depuis près d’un an. A partir du 5 février prochain, le même service opèrera à partir d’un deuxième héliport situé E 34th Street. Une navette vers La Guardia est prévue en juin 2007, et l’ouverture d’un troisième héliport, dans le west side, sur 30th Street, fin 2007.
Pour l’instant, New York est la seule ville des Etats-Unis où ce type de navette existe. Mais selon Murphy, ce service pourrait se développer. « Aux Etats-Unis, il y a dix villes où les conditions sont réunies : trafic, volume d’affaires et clientèle potentielle » explique-t-il. Avant d’ajouter qu’il en va de même pour une demi-douzaine de métropoles internationales – dont Paris.
flyush.com
L'autre combat de Simone Veil
C’est, depuis les accusations d’antisémitisme portées contre la France ces dernières années, le passage quasi-obligé des personnalités politiques françaises en visite à New York : la rencontre avec les représentants de la communauté juive. Lundi midi, Simone Veil a déjeuné avec les responsables de plusieurs associations, dont l’American Jewish Committee. Une rencontre en partie consacrée à l’antisémitisme français et au cours de laquelle la rescapée d’Auschwitz a tenu un discours pas toujours bien vu par une communauté juive américaine majoritairement suspicieuse vis-à-vis de la France. « Ils n’aiment pas que je leur dise ça, mais ils ont un regard très injuste sur notre pays » confiait-elle après l’entrevue.
« Comme je le fais à chaque fois, je leur ai parlé de l’antisémitisme ici, aux Etats-Unis. Il y a quand même, quand je lis les journaux, une propension à voir chez nous ce qu’ils se refusent à voir chez eux ! Evidemment, ils n’aiment que je leur dise ça, mais ils finissent par me connaître!». A presque 80 ans, infatigable témoin, Simone Veil continue de courir les écoles françaises, invitée partout, « y compris, dit-elle, dans les banlieues les plus difficiles, et je constate que ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas parler de la Shoah dans les écoles françaises. Au contraire, il y a un formidable effort de l’Education Nationale. On en parle partout. Et les enfants, même très jeunes, s’y intéressent, ils veulent savoir, comprendre. »
Son combat opiniâtre pour la mémoire, Simone Veil le veut complet. D’où son intérêt pour les « enfants cachés », ces juifs qui ont échappés à la déportation grâce aux complicités de familles, de villages entiers parfois. « Nous, les déportés, dit-elle, nous avons vécu l’horreur, nous l’avons vue, on a assumé cela et rentrer était d’une certaine manière une victoire sur les Nazis. Mais pour les enfants cachés, c’était différent, eux ont cru que leurs parents allaient rentrer ». Dans son discours au Nations Unies, l’ancienne ministre a souligné que, pour les déportés « il n’y a pas un jour où nous ne nous pensions pas à le Shoah ». Et soixante années de témoignage inlassable n’ont pas altéré l’émotion quand, par exemple, elle parle d’une de ses cousines, cachée pendant la guerre et qui « a toujours refusé d’accepter que sa mère a été tuée dès son arrivée au camp ».
C’est Simone Veil qui a suggéré, l’an dernier, à Jacques Chirac, d’organiser la cérémonie qui s’est tenue la semaine dernière, au Panthéon, en hommage aux Justes, « des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d’extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité dit la plaque apposée dans la crypte du Panthéon. « C’était important aussi pour moi que ce soit Chirac, car c’est lui qui a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation. Et d’une certaine manière ces deux séquences permettent de rendre plus justement compte de ce qu’ont été le comportement de la France et des Français ».
A ses interlocuteurs Américains, Simone Veil a, insiste-t-elle, « répété que beaucoup plus de juifs ont été sauvés en France que partout ailleurs. Sur 300 000 juifs Français, 76 000 ont été déportés. La proportion est bien inférieure à tous les autres pays ». Et elle a bien l’intention de faire en sorte que cette autre réalité française soit mieux connue aux Etats-Unis. La fondation pour la Mémoire de la Shoah qu’elle préside va tenter d’obtenir la présentation ici de l’exposition et du film conçus par Agnès Varda autour des 2600 portraits de Justes de France, présentés la semaine dernière au Panthéon. « Des gens, dit-elle, dont la plupart des Américains ne connaissent même pas l’existence ».
La panne de Ségolène, l'Amérique de Sarko
Où est passée la magie de Ségolène Royal ? se demande le magazine Time.
Elle avait « l’air d’avoir un gilet pare-balles à l’automne dernier ». Depuis « Sarkozy l’a doublée dans les sondages et ses conseillers socialistes se chipotent pour savoir comment lui remettre du vent dans les voiles ». Depuis que « sa candidature improbable » a pris de la vitesse, « Royal a montré un penchant pour ne quasiment rien dire sur les sujets de campagne traditionnelle, mais pour lancer des missiles d’iconoclasme là où on ne les attendait pas ». Comme son soutien à la « liberté et souveraineté du Québec ». Ce n’est pas sa première boulette, note Time. « Le mois dernier, elle est restée tranquillement assise quand le gouvernement israélien a été comparé aux nazis, puis a eu l’air d’approuver la construction du mur par Israël. » L’hebdomadaire note encore sa position « unique dans le monde » quant à l’interdiction du nucléaire civil en Iran et ses louanges de la rapidité de la justice chinoise. « La diplomatie n’est pas son fort. » On apprend que dans une interview à Time pendant l’été 2006, Ségolène Royal avait dit qu’elle aimerait rencontrer Hillary Clinton, « même si elle a des positions très à droite ». Le magazine suppose que « ses faux pas sont amplifiés parce qu’elle ne parle pas de la substance de sa campagne ». Elle compte continuer à « écouter » jusqu’au 11 février, « Sarkozy est plus que ravi de prendre tout l’oxygène d’ici là » avec des propositions politiques.
«Aussi improbable que cela puisse sembler aujourd’hui, quand le président Bush terminera son dernier mandate, son allié européen le plus proche pourrait être le président français», estime le Chicago Tribune.
L’argent, la réussite et l’idée de travailler dur ne posent pas de problème à Nicolas Sarkozy, explique son conseiller David Martinon. En plus il aime l’idée de « deuxième chance » aux Etats-Unis. « En France si vous échouez une fois, vous êtes mort » continue David Martinon qui n’a pas dû bien suivre les carrières des deux derniers présidents français.
–p–
Moins d’un tiers des habitants de 25 pays estiment que les Etats-Unis ont une influence positive dans le monde. Magré cela McDonalds vient d’annoncer ses meilleurs résultats en 30 ans. Un chroniqueur du Washington Post fait valoir que même si José Bové est devenu un héros de l’anti-mondialisation en saccageant des McDo en France, les bénéfices qu’y réalise McDonalds sont les deuxièmes de l’entreprise dans le monde, après les Etats-Unis.
Mia Farrow a adoré aller tourner « Arthur and the Invisibles » en France, dit-elle à Newsweek. Rien que pour ce qu’elle a mangé « le Camembert, les baguettes, le poisson frais, du vin incroyable au déjeuner… » et pour le plaisir de regarder Luc Besson. « Je pourrai le regarder se brosser les dents. »
Le magasin anti "junk food"
Ca commence dès l’entrée : la mini-porte taille enfants, à coté de la grande. Forcément, ils adorent. A l’intérieur, tout est à l’avenant : mini-chariots, bar à glaces, sandwiches aux formes rigolotes… Pour une idée née dans un coin de cuisine, le concept Kidfresh est pour le moins abouti. C’est en préparant la lunch box de ses enfants (2 et 5 ans) par un matin blême, (« ma femme n’est pas du matin » assure-t-il) que Mathias Cohen a eu l’inspiration : il fallait un Whole Food pour enfants. Un endroit où se rencontreraient l’obsession new-yorkaise pour tout ce qui est « healthy », et la réticence américaine à se mettre derrière les fourneaux. Le tout agrémenté d’une propension à dépenser beaucoup pour le bien être des chères têtes blondes.
Mathias Cohen, 39 ans, venu du consulting, s’est associé avec un autre Français, Gilles Deloux, (venu lui de Danone) et à une spécialiste du
marketing pour enfants (Samira Samii Mahboubian) pour créer et lancer Kidfresh. Ambition : une chaîne nationale de magasins, où les parents attentifs pourront trouver de la nourriture qui soit à la fois saine (le plus souvent organic) et plaise aux enfants difficiles. Après deux ans d’efforts pour affiner le concept, lever les capitaux, développer le marketing, mettre au point les menus avec diététicien et cuisinier, le premier magasin test vient d’ouvrir début janvier dans l’Upper Eat Side (84ème rue et 2nde Avenue). « Un quartier idéal : à la fois familial et à revenus élevés ».
Le magasin, tout en couleurs vives, est un mélange d’épicerie et de deli pour petits. Produit vedette, les lunch boxes sont préparées sur place, à base de produits frais. La mini salle de restaurant, où l’on peut s’installer sur des mini-chaises autour de mini-tables pour manger sa pas-si-mini portion, permet d’admirer à travers une vitre le chef Joe Brancaccio (venu d’Agata & Valentina) s’affairant à couper des sandwiches en forme d’étoile ou de main ou à mélanger des salades de pâtes. Pas sophistiqués les plats ? « Ce n’est pas le but du jeu, commente Mathias Cohen. Il faut des plats que les enfants aient envie de manger ». Donc des plats amusants, et surtout proches de ce qu’ils connaissent. C’est la règle pour espérer séduire la tranche d’âge visée (2 à 10 ans).
Mais la vraie différence est dans la « balance nutritionnelle » : pas de junk food ici. Les menus sont diététiquement étudiés. Le ressort marketing est
évidemment la culpabilité des mères, honteuses de ce qu’elles (ou la nannie) laissent leurs enfants ingurgiter, alliée à la convenience : fini les luttes matutinales pour tenter d’égayer les deux tranches de pains blancs que le petit avalera à l’école. Kidfresh a l’ambition de livrer la solution clef en main (boîte –en carton recyclé- comprise). D’ici peu, le site internet permettra même de se faire livrer chez soi le menu de la semaine, « Fresh direct-like »…
Kidfresh
1628 2nd Avenue, entre 84th and 85th streets.
Tel: 212 861-1141