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Exposition à NY : Rencontre avec l’académicien Dany Laferrière, un cœur nomade

« On lit aussi avec le corps », sourit l’auteur et membre de l’Académie française Dany Laferrière. L’écrivain est à New York pour l’exposition « Un cœur nomade » qui retrace ses 35 ans de vie et d’écriture.

Écrit et illustré à la main : l’enfance dans l’art

C’est une invitation au voyage, une exposition composée de grands panneaux couverts des œuvres autobiographiques de Dany Laferrière, manuscrites et illustrées de sa main. Le visiteur lit en effet avec son corps :  il marche dans un livre. Il parcourt en musique l’univers joyeux et l’histoire singulière de l’écrivain canado-haïtien. Les mots espiègles et les couleurs racontent une enfance heureuse à Haïti en dépit de la dictature Duvalier, son exil précipité vers Montréal où il est devenu écrivain, un passage par Miami, et enfin Paris où l’Académie française l’a rendu immortel.

Ses dessins naïfs, minutieux, évoquent avec douceur et parfois même humour le sujet de l’exil. Ils sont un nouveau genre littéraire qui souligne la liberté de l’écrivain et son amour pour l’enfance. « Je dessine comme les enfants, explique-t-il, j’ai appris en les regardant faire dans les aéroports. La main est en danger avec la technologie et je trouve magnifique de savoir faire les choses à la main. Écrire, c’est dessiner. La lettre A est un dessin avant tout. »

Pas de nostalgie donc chez Dany Laferrière, mais un respect infini pour la sagesse, l’intuition et la créativité des enfants, souvent perdue ensuite : « On a fixé le lecteur comme quelqu’un de calme et tranquille. Les enfants ne font pas ça. Ils lisent beaucoup avec le reste du corps qui s’ennuie autrement, car ils ne vivent pas seulement dans leur tête. Les enfants sont maîtres en toute choses qui a trait au langage donc je me suis inspiré d’eux. »

Un « chez soi » après l’exil ?  

Le lecteur de ces lignes est probablement un expatrié, quelqu’un pour qui la notion de « chez soi » est complexe, et celle de « voyage » paradoxale. L’expatriation est souvent choisie, mais l’exil non. Pourtant, l’exil a du bon, il « vaut le voyage », pour reprendre le titre de l’un des romans graphiques de Dany Laferrière qui inspire cette exposition.

Il a fui une dictature, lui et ses livres ont voyagé partout et il a posé ses valises, et son cœur nomade, de part et d’autre d’un océan. Lorsqu’on l’interroge sur son rapport au « chez soi », « home sweet home », Dany Laferrière répond qu’il n’a jamais voulu être « chez lui », et que c’est là tout le sujet : « Je suis chez moi avec moi. Je peux puiser dans mes souvenirs au fur et à mesure, par accumulation je créé un espace où je me tiens ». Il n’est pas propriétaire, il loue. Il passe.

Pour se sentir chez lui, Dany Laferrière n’a besoin que de ce qui est déjà là : « Tout est donné. Il suffit de ne pas vouloir que les choses soient à vous pour que tout soit prêt à s’offrir à vous. Les saisons, les autres, le parc. Si je possédais le parc dans lequel nous sommes, je devrais le surveiller, l’entretenir alors que là, il est à moi, ou je suis à lui. » Une philosophie du bonheur et de la liberté à crier sur tous les toits.

Une invitation à voyager autrement

Lui qui a voyagé partout il ne conçoit pas que le déplacement d’un endroit à un autre soit la seule manière de découvrir le monde. « Nous voyageons dans le temps, d’où notre gout pour la lecture. Nous voyageons sans cesse, en regardant. » Il cite un proverbe Haïtien, « Partir ne veux pas dire que vous êtes arrivés » et ajoute : « C’est nous qui avons inventé ce mythe de l’aventurier, du héros toujours en mouvement comme si c’était nécessaire. Si vous vous déplacez avec l’idée de voir des choses insolites c’est que vous n’avez pas regardé ce qu’il y autour de vous. L’idée d’apprendre par le voyage est une idée fausse. On apprend parce qu’on est passionné, ardant, curieux. Parce qu’on veut découvrir toutes sortes de mondes. »

Quant à New York, et ce que représente pour lui la ville de naissance de sa fille ainée, ville d’exilés, d’immigrants, d’expatriés et de nomades en tous genres, il concède que c’est un symbole de grandeur a l’imaginaire puissant. Néanmoins lui y voit quelque chose de plus subtil : « New York est secrète. On s’en fait depuis l’étranger une idée immense qui occupe l’imaginaire. Mais il y a beaucoup de choses toutes petites à New-York, pas seulement des grands signes. C’est plein de petits villages secrets et c’est ça qui étonne les gens. Un immense gâteau, mais plein de passages dérobés. »

Un autre passage dérobé sans doute, l’exposition Un Cœur Nomade offre une immersion dans l’univers tendre et riche de Dany Laferrière, et une réflexion bienvenue sur le voyage, la patrie, l’appartenance, et la liberté.

Législative Amérique du Nord : le débat d’entre-deux-tours à Montréal le 9 juin

French Morning et Maudits Français se mobilisent à nouveau pour organiser le débat d’entre-deux-tours de l’élection législative en Amérique du Nord. En partenariat avec l’Union des Français de Montréal, cet échange de 90 minutes sera réalisé en public depuis Montréal, le jeudi 9 juin, et à suivre en streaming à partir de 7pm EST/4pm PST sur Facebook et YouTube live. 

Les deux candidats en lice pour le second tour, Florence Roger (NUPES) et Roland Lescure (Ensemble!) débatteront à l’Union française de Montréal et, comme lors du débat du premier tour à New York, répondront aux questions d’Elisabeth Guédel et d’Alexis Buisson. 

L’enjeu de la campagne de ce second tour est de taille pour les deux candidats, Roland Lescure ayant recueilli 35,5% des voix et Florence Roger 33% au premier tour de scrutin, selon les résultats encore provisoires. Pour creuser l’écart, le député sortant de la majorité présidentielle et la candidate de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale devront convaincre les électeurs qui n’ont pas voté pour eux au premier tour ou qui n’ont pas voté du tout. Le taux de participation est resté faible, autour des 21%, malgré la possibilité de voter par internet cette année.

Dès à présent, vous pouvez envoyer vos questions à [email protected].

Pour le suivre en streaming, s’inscrire ici. 

Le vote pour le second tour de l’élection législative en Amérique du Nord commencera en ligne dès le lendemain du débat, le vendredi 10 juin à 6am EST/5am CST/3am PST. Le portail internet restera ouvert cinq jours, jusqu’au mercredi 15 juin à 6am EST. Le vote à l’urne se déroulera le samedi 18 juin. 

Retrouvez ici tous nos articles sur la législative 2022 en Amérique du Nord.

Législatives 2022 : les résultats du premier tour à New York

Contrairement à l’ensemble de la circonscription, où le résultat est serré, les Français de New York ont placé le député sortant Roland Lescure largement en tête, avec presque 50% des voix, contre près de 22% pour Florence Roger (NUPES). La participation est en chute libre par rapport à la présidentielle (22% contre 34% en avril), malgré la possibilité cette fois de voter par internet.

S’il fait son meilleur score de toute la circonscription à New York, le député Ensemble! souffre néanmoins d’un déficit notable tant par rapport à 2017 (il avait alors dépassé 66% à New York) que comparé au score d’Emmanuel Macron en avril (plus de 61%). Florence Roger fait elle beaucoup mieux que son leader national Jean-Luc Mélenchon, qui avait recueilli 12,5%.

Comme à l’échelle de la circonscription, la surprise est venue de l’indépendant Gérard Michon 9Union des Centristes et Écologistes), qui a fait une courte campagne très critique de Roland Lescure – tout en se positionnant au centre – et décroche la troisième place avec 11,4%. Patrick Caraco, candidat de la droite et du centre, soutenu notamment par Les Républicains, fait un peu mieux à New York (6,14%) que sa moyenne de la circonscription. Il devance Alain Ouelhadj (Reconquête!) et Franck Bondrille (indépendant).

Retrouvez tous les articles sur la législative 2022 en Amérique du Nord ici.

Leaders Series : Shane Grant, CEO North America Danone le 7 juin

C’est Shane Grant, EVP et CEO de Danone North America, qui clôturera le mardi 7 juin les Leaders Series FrenchFounders de la saison. Le patron du groupe français d’agroalimentaire en Amérique du Nord répondra aux questions de Linda Findley, PDG de Blue Apron, l’un des pionniers de l’industrie des kits de repas frais et sains aux États-Unis.

Ensemble, ils parleront alimentation et santé. Ils aborderont notamment les tendances de consommation à l’ère du Next Normal, discuteront de l’intégration de l’objectif et de la performance au sein des entreprises ainsi que de l’organisation post-pandémique.

La conférence se tiendra à partir de 6pm dans les bureaux new-yorkais de Datadog situés dans le Times Building. Pour s’inscrire, c’est ici.

Législative Amérique du Nord : Roland Lescure et Florence Roger au second tour

Les Français d’Amérique du Nord qui, comme tous les Français de l’étranger, votaient avec une semaine d”avance sur la France, ont désigné sans surprise Roland Lescure (Ensemble !), le député sortant et Florence Roger (NUPES), selon des résultats provisoires recueillis par French Morning.

Lescure loin de 2017

Roland Lescure recueille quelque 35,5% des voix contre 33% à Florence Roger. Le score du député sortant est nettement inférieur à celui d’Emmanuel Macron lors du premier tour de la présidentielle dans la circonscription en avril. Il est aussi très inférieur à son score du premier tour de 2017, où il avait recueilli plus de 58% des suffrages.

Le sortant semble pâtir notamment de l’émergence de candidats locaux qui ont basé une large part de leur campagne sur ce qu’ils qualifiaient d’absence de Roland Lescure. Le score de Gérard Michon, basé en Californie et qui se positionnait au centre mais critiquait l’action du sortant, est une surprise, avec quelque 10,5% des voix. Franck Bondrille, un autre candidat indépendant, qui promettait également de s’occuper avant tout des questions spécifiques des Français de l’étranger, recueille plus de 5% des voix.

Roland Lescure n’est pas le seul à enregistrer un score décevant : Patrick Caraco, le candidat Les Républicains, ne parvient pas à faire mieux que le score de Valerie Pécresse, malgré son ancrage local, avec 4,6%. Alain Ouelhadj, qui représentait Reconquête !, récolte 5,1 %, soit moins que son chef de file Eric Zemmour lors de la présidentielle.

À gauche, la stratégie d’union est une réussite dans la circonscription. En 2017, la représentante de La France Insoumise plafonnait à 9% des voix. Sa successeure fait carton plein avec 33%, et surpasse le score de Jean-Luc Mélenchon partout. À Montréal, habituel bastion de la gauche dans cette circonscription, elle frôle les 50%, contre 34% pour son chef de file national en avril dernier.

Avec quelque 21%, le taux de participation à cette élection est plus faible que pour la présidentielle (elle était de 34% aux États-Unis). Elle est légèrement plus élevé qu’en 2017 (18%), mais le vote par internet introduit cette année n’aura pas fait de miracle quant à la participation.

Le report des voix de droite et du centre, enjeu du 2ème tour

Avec seulement deux points d’avance sur son adversaire, Roland Lescure devra compter sur un bon report de voix des candidats indépendants et centristes pour espérer l’emporter au second tour. Mais de son côté, Florence Roger semble avoir déjà fait le plein des voix de gauche. Les quelques candidats de gauche qui se présentaient ont recueilli de très faibles scores.

Le second tour à l’urne de l’élection législative en Amérique du Nord aura lieu le samedi 18 juin. Le vote par internet se déroulera lui du vendredi 10 juin à 6am EST jusqu’au mercredi 15 juin à 6am EST.

Législatives 2022 : les résultats du vote à l’urne pour le premier tour à Miami

Les Français des États-Unis et du Canada, dont la majorité a déjà pu voter en ligne, étaient appelés aux urnes ce samedi 4 juin pour le premier tour de l’élection législative en Amérique du Nord. Voici les résultats du vote à l’urne, donc très partiels car ils ne concernent pas le vote par Internet qui représentera la très grande majorité des voix, dans la circonscription consulaire de Miami, en attendant qu’ils soient officiellement proclamés.

Le député sortant Roland Lescure s’impose dans les urnes de cette circonscription consulaire, qui couvre la Floride, Porto Rico, les îles Turques et Caïques, les îles Caïmans ainsi que les îles vierges américaines. Le candidat de la majorité présidentielle Renaissance (anciennement La République en marche), obtient 89 voix (31,67%).

Remportant plus d’un quart des suffrages exprimés, Franck Bondrille, qui se présente sans étiquette, se place au deuxième rang. Briguant pour la première fois le mandat de député, ce candidat soutenu par l’Alliance solidaire des Français de l’étranger (ASFE) est suivi par Alain Ouelhadj, le candidat Reconquête! d’Éric Zemmour qui a rassemblé plus de 15% des voix.

Arrive ensuite la candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) Florence Roger, créditée de près de 9% des voix, juste devant Patrick Caraco, le candidat de la Droite, du Centre et des Indépendants, et Gérard Michon, le candidat de l’Union des Centristes et Écologistes, qui remportent tous deux près de 5% des suffrages exprimés dans la circonscription consulaire de Miami.

Les autres candidats réunissent les scores suivants : 2,49% des voix pour James Regis, le candidat Patriote, tout comme Jennifer Adam, la candidate Rassemblement National (RN), 1,42% pour Emmanuel Itier, qui a reçu l’investiture du parti de Jean Lassalle, Résistons !, et enfin Isabelle Amaglio-Terisse, la candidate Les Radicaux de Gauche (LRDG), Laisely Parat-Edom, la candidate Parti Radical de Gauche, ainsi que Yann Reminiac, le candidat Parti Breton, n’ont quant à eux obtenu aucune voix.

Avec 281 votants sur un total de 9886 inscrits sur les listes électorales consulaires, la participation à l’urne atteint près de 3% seulement dans cette circonscription consulaire. Il y a eu par ailleurs 2 votes nuls et aucun vote blanc. Pour rappel, à l’échelle de la circonscription le taux de participation par Internet -qui s’est clôt mercredi- a atteint quelque 21%. Les résultats de ce vote par Internet -et donc ceux de l’élection- seront annoncés dimanche soir.

Le second tour à l’urne de l’élection législative en Amérique du Nord aura lieu le samedi 18 juin. Le portail pour voter par Internet s’ouvrira de son côté le vendredi 10 juin à 6am EST. Il restera ouvert cinq jours, jusqu’au mercredi 15 juin à 6am EST.

« Sold out tous les jours » : L’Appartement 4F ouvre sa boulangerie à Brooklyn Heights

Gautier Coiffard n’en revient toujours pas. Depuis l’ouverture de L’Appartement 4F, la boulangerie que le Français et sa femme américaine Ashley Breest ont ouvert en mai à Brooklyn Heights, les produits partent comme des petits pains. « Nous sommes sold out tous les jours, explique-t-il un vendredi après-midi, alors que trois personnes s’affairent en cuisine pour préparer la fournée du lendemain. « On ouvre le matin à 8 heures, mais on a une file d’attente qui se forme dès 7h15. Il y a même des disputes car certains essaient de doubler ! »

D’ingénieur à boulanger

Il le reconnaît, ce succès le prend de court. « On pensait que ça allait marcher, mais pas autant ». D’autant qu’il y a trois ans, il était loin de se douter qu’il aurait sa propre boulangerie. Avant le début de la pandémie, il était ingénieur en informatique. Il a décidé de lancer dans le pain par curiosité fin 2019. Puis, la crise sanitaire est arrivée. Avec les posts d’Ashley sur Instagram, et l’aide de quelques influenceurs, le bouche-à-oreille fait son chemin et les commandes affluent. Au point où le couple franco-américain transforme son appartement de Cobble Hill – le fameux appartement 4F – en véritable cuisine et espace de stockage.

Alors qu’ils envisagent de s’installer dans une cuisine commerciale, un ami-client dans la finance regarde leurs chiffres de vente et les convainc d’ouvrir un espace à eux. Au même moment, la Brooklyn Heights Association, une association de riverains du quartier historique du Brooklyn Heights, les contacte pour les inviter à s’installer sur Montague Street, une artère frappée de plein fouet par la crise sanitaire et que le groupe cherche à revitaliser.

Déjà dix employés

Baguettes, croissants, pains au chocolat, sandwiches, miels, cookies : le menu de L’Appartement 4F est simple et efficace. L’espace est composé d’un étage supérieur avec une vingtaine de places assises. Des présentoirs et une petite cuisine se trouvent au rez-de-chaussée. Le patron a initié une demande de licence d’alcool. « Les clients viennent de partout. Même du Connecticut », explique Gautier Coiffard. Son business a touché une enveloppe de 15 000 dollars à dépenser dans des publicités sur les chaînes câblées de Spectrum.

Un mois après l’ouverture, le Français emploie dix personnes, mais il prévoit de recruter pour accroître la production… et souffler un peu. « Je ne dors pas beaucoup ! »

Rendez-vous, le podcast qui célèbre la culture et la langue françaises

Apprendre le français tout en s’amusant, c’est le credo du nouveau podcast Rendez-vous. Lancé en mars 2022, ce dernier totalise déjà entre 3 000 et 5 000 écoutes par épisode sur Spotify et cumule plus de 10 millions de vues sur les différents réseaux sociaux. « C’est un super début, on est très contents. Et on espère poursuivre sur cette lancée parce que l’on vise les 10 000 écoutes par épisode ! » explique Alexandre Durand, co-créateur du podcast. 

L’idée de ce nouveau format : « aider les gens à comprendre les différences culturelles entre la France et les États-Unis tout en leur enseignant le français ». Les épisodes hebdomadaires durent de 25 à 45 minutes et se découpent de la même manière. Une présentation de l’invité, suivie d’une discussion en tête-à-tête sur les chocs culturels et les différences entre les pays. « À la fin, l’invité apprend la langue. Un Américain s’essaye au français ou un Français se met à l’anglais » précise Alexandre Durand. Et d’ajouter : « pour y participer, il faut avoir un lien avec la France, s’y intéresser, l’aimer ou vouloir apprendre la langue. » 

Invités de marque 

Les épisodes ont pour le moment donné la parole à des personnalités publiques reconnues. Parmi elles, Romain Bonnet, acteur dans la série Netflix Selling Sunset, Pierre Abena, mannequin, Tommy Winkler, critique gastronomique, ou Philippe Étienne, l’Ambassadeur de France aux États-Unis. Alexandre Durand ne cache pas son ambition d’inviter de plus en plus de personnalités prestigieuses. « On aimerait devenir une référence internationale du podcast sur la culture française et avoir des invités aussi célèbres que David Guetta, Kylian Mbappé, Marion Cotillard ou Emmanuel Macron ! »

Rendez-vous, un podcast qui célèbre la culture française

« La cible principale est américaine, mais on a déjà eu des invités sur Londres et si ça fonctionne bien, on ciblera aussi le Royaume-Uni » annonce t-il. L’étudiant en business international et marketing est arrivé aux États-Unis à l’âge de 17 ans pour jouer au football dans une université américaine. Après deux ans en Ohio, deux dans le Wisconsin et un passage de quelques mois par Los Angeles, il s’apprête à rejoindre une université en Virginie, où il sera en MBA. 

Promouvoir la France auprès des jeunes

Depuis son arrivée sur le sol américain, Alexandre Durand est un ambassadeur de la culture française. En juin 2020, il fonde ainsi avec un ami étudiant la plateforme Atfrenchies qui offre des formules pour apprendre le français. Leur maxime ? Let’s teach French to the world. Leurs méthodes ? L’humour sur les réseaux sociaux. Une recette qui fonctionne avec des vidéos touchant rapidement deux millions d’abonnés sur le réseau Tik Tok.  

C’est comme ça que Tim Curtey, vidéographe et pilote, découvre le travail d’Alexandre et lui propose de créer Rendez-vous. Le duo profite de la large audience acquise avec la plateforme Atfrenchies pour se lancer. Actuellement produits dans un studio spécialisé de Los Angeles, les deux Français envisagent maintenant de s’équiper pour réaliser eux-mêmes les épisodes. Une première étape vers de nombreux projets à venir. 

Au programme : un tour des consulats majeurs « pour rencontrer un maximum de personnes potentiellement intéressées par ce que l’on propose », « un road-trip qui passe par les Villas Albertine » ou encore « une collaboration avec l’ambassade de France à Washington ». Alexandre Durand espère capter une audience plus jeune et inspirer de nombreuses personnes à tenter l’aventure de l’expatriation comme il l’a fait. Ce qu’il espère ? « Donner le goût de l’Amérique aux Français et le goût de la France aux Américains ! » 

L’application Yubo mise en cause dans la fusillade d’Uvalde au Texas

Il y a six mois, le réseau social de la GenZ Yubo, en pleine expansion, annonçait l’ouverture de son bureau à New York. Mais aujourd’hui, le Français se retrouve au milieu d’une actualité beaucoup plus difficile, celle de la fusillade d’Uvalde au Texas. Selon les informations disponibles à cette heure, l’auteur des faits, un jeune homme de 18 ans appelé Salvador Ramos, était un utilisateur de Yubo et aurait professé des menaces sur le réseau social, qui auraient été rapportées par d’autres utilisateurs, sans conséquence.

Menaces de viol et d’attaque sur une école

CNN rapporte que le jeune homme est entré en contact avec des jeunes filles et, à plusieurs reprises, les a menacées de les violer, a envoyé une photo de son arme qui a servi à la fusillade ainsi que le reçu de 2.000 dollars de son achat en ligne auprès d’un fabricant en Géorgie. Hannah, une jeune fille de 18 ans basée en Ontario au Canada, rapporte qu’au cours d’un échange vidéo, Salvador Ramos aurait montré brièvement son arme avec sa caméra. Il aurait aussi indiqué ses projets d’attaquer une école élémentaire sur le réseau social.

Un profil signalé à trois reprises

Au moins trois utilisateurs auraient signalé ces commentaires à Yubo, mais après une interdiction temporaire, ce dernier serait revenu sur la plateforme. Une Allemande de 15 ans rapporte que ses échanges avec le jeune homme ont continué par SMS et Facetime, et selon les dernières captures d’écran, ce dernier aurait dit qu’il avait tiré sur sa grand-mère dans la tête et allait faire une fusillade dans une école élémentaire. L’heure d’envoi correspond à une quinzaine de minutes avant le début des coups de feu signalés à la police.

L’enquête du FBI est en cours et, de son côté, Yubo a indiqué ne pas pouvoir donner de détails : « Nous collaborons pleinement avec les forces de l’ordre. Afin de ne pas entraver les efforts déployés durant l’enquête en cours, nous gardons les informations sur les données personnelles et les activités de nos utilisateurs confidentielles. » Le réseau social français, qui compte 60 millions d’utilisateurs dans le monde dont plus de 20 millions aux États-Unis, assure bannir les commentaires haineux, les menaces et agressions sexuelles et surveille toutes les discussions vidéos en direct, via l’intelligence artificielle et un dispositif humain.

Yubo avait déjà subi la controverse ces dernières années lorsque des hommes majeurs ont utilisé la plateforme pour entrer en contact avec des mineures et leur demander des photos et messages explicites, voire une rencontre. Selon CNN, plusieurs hommes ont été arrêtés au Kentucky, dans le New Jersey et en Floride. Le mois dernier, la police de l’Indiana a sollicité des informations sur un utilisateur de Yubo au sujet du meurtre de deux adolescentes.

Nouvelles mesures d’identification

Une semaine seulement avant cette attaque, Yubo a annoncé de nouvelles mesures d’identification, où les utilisateurs doivent envoyer leur photo et leur âge, une étape vérifiée par une intelligence artificielle. « Nous adoptons une approche proactive pour perfectionner et développer des mesures de protection pour nos utilisateurs lorsqu’ils sont sur l’application et donnons avant tout la priorité à l’innovation en matière de sécurité, explique l’entreprise. Ces mesures incluent un système de signalement accessible, la vérification de l’âge et de l’identité, ainsi qu’une combinaison d’outils de détection IA et de modération humaine. Ces filtres d’IA avancés surveillent au quotidien non seulement les discussions dans le chat et les messages privés, mais aussi les vidéos partagées durant les lives en faisant des captures d’écran seconde par seconde et en signalant en temps réel les contenus suspects aux modérateurs humains. »

Et après cette terrible actualité, le groupe compte aller plus loin et annoncer « dans les prochains jours, des informations détaillées sur les nouvelles initiatives entreprises afin de renforcer encore plus ces mesures ».

Louis Perez, footballeur professionnel aux États-Unis avec 2250$ par mois

French Morning relance sa série « Porte-money », dans laquelle des expatriés français nous parlent de leur métier et décortiquent leur budget pour vivre aux États-Unis. Le témoignage de cette semaine est celui de Louis Perez, footballeur professionnel au FC Tucson dans l’Arizona (3ème division nationale). Le Parisien de 24 ans a accepté de parler de ses finances pour « montrer la réalité et l’envers du décor d’un métier fantasmé ».

Recettes 

Non conservé par le centre de formation du Paris Saint-Germain puis de Troyes (ESTAC), Louis Perez a rejoint les États-Unis et l’université de Central Florida en 2017 pour s’offrir un double cursus d’études et de football. Après l’obtention de son diplôme en communication interpersonnelle, le milieu de terrain a signé un premier contrat professionnel de footballeur avec les Riverhounds de Pittsburgh l’année dernière (2ème division nationale). Il a connu une saison faite de hauts et de bas où il n’a pas toujours été titulaire, et s’est engagé ensuite au FC Tucson en janvier, dans le sud de l’Arizona. « J’ai signé un contrat d’un an avec une année en option ensuite. C’est assez similaire à ce qui se fait ailleurs dans la ligue », explique le jeune homme. « Je touche 2250$ net par mois garantis pendant un an ».

À cela s’ajoute « le logement gratuit, fourni par le club ». La majorité de l’équipe vit dans une résidence à 15 minutes du centre d’entraînement, dans des colocations de deux ou quatre chambres. « Nous sommes quatre dans notre appartement, mais c’est très spacieux, chacun à son coin privé. La résidence dispose également d’une piscine », détaille Louis Perez.

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Au salaire fixe s’ajoute aussi des primes de match selon la régularité, les performances individuelles et collectives. « Je touche 25$ à chaque fois que je fais partie du groupe pour un match, 50$ pour chaque victoire et 25$ si je suis titulaire. Il y a aussi des primes de but, je crois, raconte le Parisien. À raison de trois à quatre matches par mois, ça peut faire un complément de salaire intéressant ». Les repas du matin et du midi sont également fournis par le club, reste donc seulement les dîners à payer de sa poche. Pour son assurance santé, notre sportif de haut niveau avoue « ne pas savoir précisément comment elle fonctionne. Tout ce que je sais, c’est que je suis couvert à 100% quand je suis sur le terrain ». 

Dépenses

Avec tous les avantages dont il bénéficie, Louis Perez explique que son salaire fait surtout figure d’argent de poche dans une région où la vie est peu chère. « Je ne suis pas dépensier, je ne sors pas la semaine, mon quotidien c’est entraînement, repas, sieste, puis jeux vidéo et coup de téléphone à mes parents ». Le sportif de haut niveau ne dispose en revanche pas de voiture, mais il est conduit par ses coéquipiers tous les jours à l’entraînement. « J’arrive à mettre 1500$ par mois de côté dans le but de m’acheter une Volkswagen Jetta d’occasion. Je m’achète un ou deux vêtements avec le reste ».

S’il souhaite absolument s’acheter un véhicule, c’est parce que Louis Perez pourrait s’en servir pour compléter ses revenus. « Il y a énormément d’opportunités de coaching pour les enfants aux US. Il y a un mec de mon équipe qui a gagné 500$ le mois dernier pour dix séances avec un jeune. Notre statut de joueur professionnel nous amène une crédibilité, et la pratique sportive ici est entièrement aux frais des parents. »

https://www.instagram.com/p/CbpLHWaO9TA/

À 24 ans, Louis Perez est encore jeune dans le milieu du football. Il s’accommode pour l’instant parfaitement de ses conditions de travail même s’il espère grimper les échelons à l’avenir. « Je suis passé très près de jouer en MLS (première division) après l’université. Beaucoup d’équipes s’intéressaient à moi, mais je ne dispose pas d’un statut de joueur local (les ligues professionnelles limitent le nombre de joueurs internationaux par équipe). J’y crois encore, et pourquoi pas jouer en Europe également un jour. C’est mon objectif. »

À la différence de nombreux joueurs en France, Louis Perez a pu décrocher un master en communication tout en continuant à jouer au foot aux États-Unis. Une garantie de ne pas se retrouver sans rien à la fin de sa carrière. « Je pense de plus en plus au métier d’entraîneur pour la suite. Le football est en plein développement aux US, et les opportunités sont partout. Globalement, j’ai vraiment pris du plomb dans la cervelle depuis mon arrivée. J’étais encore un enfant en France, et je suis devenu un homme ici ». 

La Sandwicherie Williamsburg rouvre après un incendie

Plus de peur que de mal. La Sandwicherie, le « food cart » de sandwiches lancé par les Français Laurent d’Antonio et Massire Diawara à Williamsburg (Brooklyn), a rouvert ses portes vendredi 3 juin après avoir été touché par un incendie la semaine d’avant.

Laurent d’Antonio était seul dans l’engin au moment où les flammes sont apparues. « Grâce à Dieu, il n’y a pas eu de blessés, que ce soit moi ou les personnes autour », a-t-il dit. 

Restaurateur niçois à qui l’on doit notamment Pates et Traditions, l’entrepreneur a monté La Sandwicherie l’an dernier. Lui et son associé se sont stationnés au coin de Lorimer Street et Nassau Avenue. Après l’incendie, probablement causé par une fuite de gaz, ils sont parvenus à faire réparer le chariot pour environ 5 000 dollars.

Une semaine de travail perdu

La somme a été en grande partie remboursée par les fonds levés sur la plateforme de financement participatif GoFundMe. Quelque 4 300 dollars sur les 5 200 demandés ont ainsi été récoltés. Laurent d’Antonio est touché par ce soutien, qui témoigne de la clientèle fidèle que la petite entreprise, spécialisée dans les sandwiches haut-de-gamme, s’est bâtie en moins d’un an. « Tous les gens qui nous suivent ont été d’une efficacité incroyable ! Ils ont été très actifs. »

L’incendie a frappé au plus mauvais moment pour les deux commerçants. « Nous avions passé l’hiver. C’est la période la plus dure car il fait froid. On a passé des journées à se les geler. Les beaux jours sont l’occasion de faire de l’argent. Avec cette situation, nous avons perdu une semaine de boulot, explique Laurent d’Antonio. Je suis très content de pouvoir rouvrir. Je suis sûr que les clients seront au rendez-vous ».

Législative 2022 en Amérique du Nord : les certitudes et les inconnues du 1er tour

La campagne pour le premier tour de l’élection législative en Amérique du Nord touche à son terme. Les électeurs français des États-Unis et du Canada qui n’ont pas participé au vote par Internet pourront se prononcer dans le secret de l’isoloir ce samedi 4 juin (et non le 12 comme en métropole). L’adresse de votre bureau a dû vous être communiquée par courrier ou e-mail. French Morning fait le bilan de ce que l’on sait et de ce que l’on ne sait pas de ce premier tour.

Qui va se hisser au 2nd tour ?

Si l’on en croit les résultats de l’élection présidentielle, Roland Lescure (Ensemble!) et Florence Roger (NUPÉS) sont les mieux placés. Leurs candidats respectifs, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, sont arrivés en tête des suffrages des Français d’Amérique du Nord au premier tour en avril.

Bonne nouvelle supplémentaire pour Roland Lescure : dans les scrutins législatifs passés, ces derniers ont aussi porté au Palais Bourbon le ou la candidat.e du parti du président élu un mois plus tôt. En effet, la socialiste Corinne Narassiguin (dont l’élection a été invalidée pour cause d’irrégularités liées à son compte de campagne) et le député d’En Marche! ont bénéficié respectivement des victoires de François Hollande et d’Emmanuel Macron en 2012 et 2017.

Mais pour certains candidats à la législative actuelle, le match est loin d’être plié. « C’est une élection différente de la présidentielle pour plusieurs raisons », veut croire Alain Ouelhadj, le candidat du parti d’Eric Zemmour, Reconquête!. « D’abord, le député Lescure a brillé par son absence pendant son mandat. Ça a été mal ressenti. Il y a aussi de nouvelles formations politiques, comme la NUPÉS (union des partis et mouvements de gauche, ndr) et Reconquête!. D’autres, comme Les Républicains, se sont affaiblis. Il y a aura une redistribution des cartes ». « Lors des dernières régionales, le parti présidentiel a été largement battu, mais Emmanuel Macron s’est imposé au second tour de la course à l’Élysée. Chaque élection est une histoire différente », observe pour sa part Laisely Parat-Edom, la candidate du Parti Radical de Gauche (PRG).

Patrick Caraco, candidat de la droite, du centre et des Indépendants, assure lui aussi que l’élection législative sera plus « ouverte». « La présidentielle, c’est la présidentielle. Il y a eu un vote qui n’était pas nécessairement un soutien au président, mais une opposition aux extrêmes. »

Roland Lescure se garde de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Quand on lui demande si la course sera plus disputée qu’il y a cinq ans, le député répond qu’il n’en a « aucune idée ». « En 2017, il y avait eu un gros intérêt pour la présidentielle. Les électeurs voulaient donner une majorité à Emmanuel Macron et rencontrer son représentant sur le terrain. En 2022, la participation à la présidentielle était en recul en Amérique du Nord et les électeurs me connaissent mieux », concède-t-il. 

La question de la participation

Une chose est certaine : pour Patrick Caraco, conseiller des Français de l’étranger à Los Angeles, l’intérêt pour la campagne est « mitigé». « Ces élections ne vont pas déplacer les foules. Ça c’est sûr ! Ce n’est pas la présidentielle. Et beaucoup de personnes ne comprennent pas l’enjeu des législatives. »

Cette forte abstention anticipée n’est pas une surprise. La participation à l’élection des députés représentant les Français hors de France est restée basse depuis la création de la fonction en 2012. En 2017, sur 200 205 votants, 37 309 sont allés aux urnes – le vote par Internet n’étant pas encore proposé – soit une participation de 18,6%… Les chiffres du vote en ligne pour cette année laissent entrevoir une forte abstention. Seuls 21,8% des électeurs inscrits pour utiliser ce mode de scrutin (parce qu’ils avaient fourni adresse e-mail et numéro de téléphone à leur consulat) ont glissé un bulletin dans l’urne virtuelle. Ce sont 40 525 électeurs sur 186 081.

Les bugs constatés à l’ouverture de la plateforme de vote par Internet n’ont pas aidé. Ces dysfonctionnements, qui se sont produits malgré l’organisation de tests grandeur nature préalables, sont d’autant plus regrettables que ce mode de scrutin sera certainement le plus utilisé par les électeurs français hors de France. En effet, lors des élections consulaires de 2021, neuf électeurs d’Amérique du Nord sur dix avaient voté par Internet. « Trois-quart de mes interlocuteurs sont désabusés, déprimés, résignés. Ils ont jeté l’éponge de la politique. Ils ont abdiqué », regrette Emmanuel Itier, le candidat de Résistons!, le parti de Jean Lassalle.

Il redoute que la faible mobilisation ne profite aux grandes écuries politiques. « Au final, ça sera une histoire d’étiquette. On ne nous juge pas assez comme individus. On regarde trop les partis et leurs leaders alors qu’il faudrait élire des députés en mesure de résister à leur propre formation politique », estime-t-il.

L’histoire lui donne raison : lors des trois élections législatives précédentes, aucun candidat ne s’est hissé au second tour sans le soutien d’un parti politique d’envergure nationale. « Toute la schizophrénie des élections législatives, c’est qu’on élit localement quelqu’un qui va représenter la France au niveau national. C’est d’ailleurs assez peu lisible pour les électeurs, souligne Florence Roger. Cette campagne, c’est dix pour cent du job. Les électeurs dans l’isoloir physique ou électronique vont voir le parti de chaque candidat et voter en fonction de ça ».

La prime aux réseaux

Avec des correspondants dans toutes les circonscriptions consulaires, Roland Lescure peut compter sur une toile de militants et d’élus pour le porter au second tour. « Il y a cinq ans, nous n’avions pas d’élus consulaires. Maintenant, c’est le cas », observe-t-il. Florence Roger, elle, bénéficie du réseau nord-américain des partis et mouvements qui constituent la NUPÉS (Nouvelle Union populaire écologique et sociale). « Je suis passée d’une équipe de quinze Insoumis super motivés à cinquante personnes, dont des conseillers consulaires, des élus des Français de l’étranger… On fait des Zooms avec des personnes à Halifax au Canada ou sur la Côte ouest des États-Unis qui me font remonter les problématiques. Les membres d’Europe Ecologie Les Verts et du Parti socialiste, qui sont mieux implantés que La France Insoumise dans la circonscription, me font aussi part de leurs retours d’expérience», explique la candidate.

De son côté, Alain Ouelhadj met en avant les « 1 300 adhérents » de Reconquête! en Amérique du Nord pour justifier son optimisme. Il a également embauché Nicolas Druet, le candidat… du MoDem lors de la législative partielle de 2013, pour bénéficier de son expérience.

« Les candidats qui ne sont pas établis depuis longtemps dans la circonscription auront plus de problèmes », fait valoir Patrick Caraco, qui mise sur le réseau des Républicains et son ancrage d’élu local pour faire la différence. À l’image d’un autre conseiller des Français de l’étranger, le candidat indépendant de Floride, Franck Bondrille, il a fait le pari d’axer sa campagne sur les sujets qui touchent les Français de l’étranger (fiscalité, éducation, d’accès à la santé, retraites… ) plutôt que les thèmes nationaux (pouvoir d’achat, sécurité…), estimant que le député Lescure les a délaissés. « Il faut faire comprendre aux électeurs que, même si le député est un élu de la nation, c’est aussi un élu de terrain qui doit connaître les dossiers qui posent problème dans la circonscription », dit-il.

Une campagne difficile

Tous les candidats qui se présentent aux législatives des Français hors de France, quelle que soit leur couleur politique, vous le diront : ce n’est pas une campagne facile, et la Covid n’a pas arrangé les choses. Ils doivent couvrir un territoire gigantesque, qui regroupe 240 000 électeurs, soit beaucoup plus que les circonscriptions électorales de métropole.

Chacun s’en remet donc à l’envoi de messages de campagne sur la LEC (Liste électorale consulaire), quitte à se faire insulter par des électeurs mécontents d’être ainsi « spammés », ou de posts sur les réseaux sociaux. C’est encore le moyen le moins coûteux pour permettre aux petits candidats, qui font campagne en partie sur leurs fonds personnels sans savoir s’ils seront remboursés, de se faire entendre. Franck Bondrille indique, par exemple, avoir déboursé 30 000 dollars de sa poche. « J’ai fait campagne avec une équipe de cinq personnes soit dix fois moins que la candidates NUPÉS, qui s’est vantée d avoir une équipe de cinquante personnes », raconte-t-il. 

Il est vrai que rencontres virtuelles sont plus ou moins bien fréquentées. French Morning s’est parfois retrouvé dans des rendez-vous Zoom seul avec le candidat organisateur ou, dans le meilleur des cas, en compagnie de dizaines d’autres personnes. Un rendez-vous virtuel avec le sortant Roland Lescure a ainsi rassemblé quelque 140 personnes (dont quelques-uns de ses adversaires), mardi 24 mai.

Alain Ouelhadj assure, lui, avoir fait des réunions virtuelles en présence de « cinquante personnes » au début de la campagne. « L’intérêt va-t-il se traduire dans les urnes ? On verra ». D’autres encore se sont affichés avec des soutiens connus : l’économiste Gaël Giraud et les sénateurs Yan Chantrel et Mélanie Vogel pour Florence Roger, l’ancien ministre de la défense Hervé Morin pour Patrick Caraco… (La remplaçante de ce dernier, Séverine Picquet, a participé à un Zoom avec l’ex-ministre Michel Barnier et le sénateur Ronan Le Gleut).

Les candidats qui ont mis le plus de moyens se sont déplacés dans des villes avec une forte présence française, là encore avec des résultats de fréquentation très variables. Pour sa seconde campagne, Roland Lescure a ainsi choisi d’aller dans des recoins « plus reculés » de la circonscription et de « localiser » au maximum ses messages électroniques aux électeurs. « On a travaillé nos e-mails de manière assez intensive. Par exemple, quand on a lancé notre appel au vote par Internet, on a envoyé un message différent par État ou province. Les taux d’ouverture sont plus élevés ainsi, dit-il. Nous avons mené une campagne ‘glocale’ ».

Malgré le défi financier, Franck Bondrille a décidé pour sa part d’organiser des « permanences de deux heures », en présentiel, dans différentes villes de la circonscription, et de rencontrer des acteurs des communautés françaises locales (associations, chambres de commerce…) pour « faire passer mes messages », raconte le conseiller des Français de l’étranger. « J’aurais pu dépenser beaucoup moins en ne faisant que des Zooms et des e-mails. Mais faire des Zooms sans personnes derrière l’écran, c’est se moquer des électeurs et faire croire que l’on fait campagne ».

Revoir le débat organisé par French Morning avec les principaux candidats:

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