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Sexe et soleil : « La Piscine » nage dans le succès à New York

« Ça nous a un peu surpris », admet Bruce Goldstein. Programmateur du Film Forum, le fameux cinéma indépendant de New York, l’Américain parle du succès de « La Piscine », le film français dont il assure aussi la distribution aux États-Unis via sa société Rialto Pictures. « Nous avons dépassé la barre des 200 000 dollars de recettes, ce qui est excellent pour un film aussi peu montré et un petit distributeur comme nous. Nous sommes ravis ! ».

Sorti en 1969, ce thriller torride de Jacques Deray raconte l’histoire de Jean-Paul (Alain Delon) et sa conjointe Marianne (Romy Schneider), dont les vacances dans une villa de rêve sous le soleil de Saint-Tropez sont interrompues par l’arrivée inattendue de l’ex-amant de Marianne, Harry (Maurice Ronet), et de sa fille de 18 ans, Pénélope (Jane Birkin). La drague et les jalousies fusent, jusqu’à ce que Jean-Paul tue Harry en le noyant dans la piscine. Une version restaurée de ce film cultissime était à l’affiche du Film Forum depuis le 14 mai. Programmé pour une durée initiale de deux semaines, elle a terminé sa course le 16 septembre après une vingtaine de semaines d’activité pour laisser la place à d’autres films. « Au début, nous avions deux projections par jour. Nous avons dû en augmenter le nombre à cinq. Tous les jours, nous avions au moins deux ou trois séances complètement vendues », explique Bruce Goldstein.

Que s’est-il passé ? Selon le distributeur, le film a bénéficié du fait que le New York Times l’a sélectionné comme l’un de ses Critic’s Pick, une recommandation synonyme de coup de pouce non-négligeable pour les films distingués. Le quotidien new-yorkais lui a consacré un nouvel article en août, en tête de sa rubrique Style cette fois, et l’a mentionné dans un reportage sur les inondations causées par la tempête Ida début septembre. En effet, le Film Forum a été inondé lors d’une séance de « La Piscine ».

Le Times of London en a parlé aussi, suivi de quelques médias français. « Ça a eu un effet boule-de-neige, raconte Bruce Goldstein. Ce succès chez les New-Yorkais s’explique aussi par le fait que nous avons tous été confinés. Nous ne pouvions pas voyager. Le fantasme du sexe au soleil nous parlait !, s’exclame-t-il. Et puis, Alain Delon et Romy Schneider sont très beaux ! ».

Pour cet amateur de cinéma, promoteur de pépites du 7ème art hexagonal aux États-Unis (comme « L’Armée des ombres » de Jean-Pierre Melville), « La Piscine » connaît ainsi une « première vie aux États-Unis ». Car sa première sortie américaine, en 1970, était passée inaperçue. « Le distributeur de l’époque a bâclé la promotion. On ne savait pas comment vendre des films étrangers aux Américains. De plus, Alain Delon et Romy Schneider n’étaient pas connus ici », poursuit Bruce Goldstein. Cinquante-et-un an plus tard, son succès new-yorkais lui permet d’être distribué dans tout le pays.

French Fashion Corner : l’artisanat français s’expose (en ligne) au marché américain

« Les États-Unis sont à la fois un projet professionnel et de vie. Nous espérons que notre collection de bijoux va plaire à New York », confie Albane Veyrard, co-fondatrice de la marque Adepte avec son mari Bertrand. Depuis 2016, le couple crée des bijoux élégants et modernes à des prix accessibles dans son atelier de Toulouse. C’est lors d’un voyage dans la Big Apple en février 2020 que les deux entrepreneurs ont eu l’idée d’exporter leurs créations. « On a déjà une boutique qui fonctionne bien à Toulouse. En se baladant un jour à Nolita au milieu des boutiques françaises, et on s’est dit : pourquoi pas nous ? »

De retour dans le sud de la France, le couple se renseigne en ligne et découvre les services de Business France, l’organisme d’Etat en charge du développement international des entreprises. « Nous avons échangé avec Quitterie Pagniez qui travaille pour le bureau de Business France à New York. Elle nous a proposé de participer au French Fashion Corner afin de tester notre offre sur le marché nord-américain », raconte Albane Veyrard.

Créé en 2019, le French Fashion Corner profite chaque année de la Fashion Week pour mettre en valeur une sélection de petites marques françaises qui souhaiteraient s’implanter aux États-Unis. Une vingtaine d’artisans de mode et accessoires hommes, femmes et enfants sont présentés en ce moment et jusqu’à fin octobre auprès de concept stores/département stores et boutiques indépendantes américaines. Parmi elles, A. POIL, marque de vêtements en cachemire et yak basée à Angers, Maison Resonance qui fabrique des foulards en soie dans son atelier de Lyon, et les bijoux Adepte dont les bagues, bracelets, colliers et boucles d’oreille veulent « sublimer la femme libre, moderne, indépendante qui s’assume fièrement et revendique son statut », décrit Albane Veyrard.

« La sélection des marques du French Fashion Corner est faite par nos équipes entre la France et les Etats-Unis, en fonction de plusieurs critères : avoir des références en France, posséder un site internet en anglais et être déjà présent ou prêt à l’export à l’international », explique Quitterie Pagniez à New York. Des frais de dossier de 1950 € (2300 $) sont également nécessaires pour participer. « 50% des frais d’inscription sont pris en charge par les Chèques Relance Export, des sommes mises à disposition par le gouvernement français pour aider les entreprises dans leur développement à l’international, ajoute-t-elle. Nous sommes subventionnés par la région Occitanie à près de 50%, et l’autre moitié sera effectivement financée par le chèque export », détaille Albane Veyrard.

Imaginé par Marine François, chef du pôle Art de vivre chez Business France à New York, le French Fashion Corner s’est récemment développé au Royaume-Uni et en Asie. L’organisme français multiplie les collaborations mode. L’enseigne Saks Fifth Avenue à New York accueille en ce moment The French Touch, une sélection de 16 marques françaises jamais présentées dans son magasin, en partenariat avec BPI. « On a des projets de ce type toute l’année sur des secteurs variés, ajoute Quitterie Pagniez. On a travaillé sur la mode éco-responsable française en juin et on a lancé, le 20 septembre, le French Toy Corner, un e-salon en partenariat avec les associations de jouets en France et aux US pour permettre de faire découvrir le marché nord-américain du jouet ».

Le French Fashion Corner devrait, quant à lui, évoluer l’année prochaine. « Nous sommes restés très généralistes depuis trois ans. Nous réfléchissons à faire évoluer le concept pour les prochaines éditions, confie Quitterie Pagniez, que ce soit en termes de format ou de secteur de marques mises en avant. On pense à une édition spéciale enfants par exemple, et à un format hybride entre le présentiel et le digital ».

La Vegan Fashion Week d’Emmanuelle Rienda revient en octobre à Los Angeles

Reportée en raison du Covid-19, la troisième édition de la Vegan Fashion Week revient en trombe cet automne à Los Angeles, les vendredi 8 et samedi 9 octobre plus exactement. Après avoir ouvert un showroom, la Vegan Fashion Library, la Française Emmanuelle Rienda a remué ciel et terre pour monter l’événement sur le thème de l'”Expansion”. La Vegan Fashion Week mettra également en avant les minorités, faisant défiler des Amérindiens.

Sur le penthouse de l’USC Tower, un gratte-ciel de South Park à Los Angeles, se succéderont quatre défilés de créateurs vegan aux idées audacieuses et innovantes (Vegan Tiger de Corée du Sud, Nous Etudions d’Argentine, Fan All Flames et Pure Void de Los Angeles). Ils seront accessibles aux détenteurs du passe VIP.

En plus des défilés, les professionnels de l’industrie et les amateurs de mode sont invités à faire leurs achats au Vegan World, un marché proposant une sélection de 20 créateurs, à participer à une table ronde mettant en vedette le designer textile Desserto, ou à assister à la projection d’un film du LA Fashion Festival.

Via cet événement, Emmanuelle Rienda ambitionne de “changer l’industrie de l’intérieur et d’élever la conversation”. Le tout sans juger, ni effrayer : “Nous montrons de la beauté au lieu de la violence (contre les animaux).”

Ouverture des frontières : les compagnies aériennes dans les starting-blocks

« On n’y croyait plus, on a sabré le champagne pour fêter la nouvelle », s’exclame Anne Crespo, directrice de la communication de La Compagnie. Comme de nombreux Français, La Compagnie a célébré l’annonce de la levée prochaine du « travel ban ». La compagnie aérienne dessert des vols directs 100 % en classe affaires entre Paris et New York, mais aussi entre New York et Nice pendant la saison estivale. Le groupe avait dû suspendre l’intégralité de ses vols jusqu’en juin 2021, et mettre au chômage partiel presque l’intégralité de ses employés.

Lors de l’ouverture des frontières européennes aux Américains en juin, La Compagnie avait repris entre 4 et 5 vols par semaine, avec une moyenne de 60 % de remplissage. « Les Américains ont tout de suite recommencé à voyager, la reprise a été portée par les clients loisirs », raconte Anne Crespo. A l’annonce de l’ouverture des États-Unis en novembre prochain, les Européens n’ont pas traîné non plus. « Nous avons eu un pic de réservations, lundi après-midi, pour des voyages en novembre et décembre, il y a un vrai emballement », relate-t-elle. La Compagnie proposera 6 à 7 vols Paris-New York par semaine au prix d’appel de 1.200 euros ou 2.000 dollars et va également ouvrir une ligne New York-Paris-Tel Aviv le 5 décembre prochain, un marché avec une forte demande.

De l’autre côté du spectre, la compagnie low-cost French bee s’est, elle aussi, réjouie de la levée du « travel ban ». « Comme beaucoup de nos clients, nous étions dans l’attente de cette annonce. C’est désormais concret et French bee permet un voyage vers ces 2 villes mythiques des États-Unis, New York et San Francisco, à des tarifs très attractifs associés à une offre pointue et personnalisable », a déclaré Muriel Assouline, Directrice Générale de French bee. La compagnie avait également repris les vols Paris-New York en juillet dernier et propose un tarif d’appel à 199 dollars l’aller. Mais elle attend encore les conditions d’application de ces nouvelles règles de voyage pour relancer la ligne vers San Francisco, pour ses vols à destination de Tahiti.

Une année de flottement avant un retour à la normale

Chez le leader du marché Air France-KLM, il s’agit bien sûr d’une « nouvelle formidable », dans la mesure où « 40% de notre chiffre d’affaires provient des liaisons transatlantiques », a expliqué le directeur général, Benjamin Smith, à l’AFP. De 64 vols quotidiens au-dessus de l’Atlantique, le groupe avait « réduit ces rotations de 75 à 80% » pendant la pandémie. « Dans les prochains jours, explique-t-il, nous allons étudier ce qui peut être réaliste » en termes de déploiement des capacités. Il a assuré que tous les avions long-courriers étaient « en ordre de marche », mais que la montée en puissance dépendrait aussi du niveau de la demande. Car la pandémie a fait très mal au secteur touristique qui représente la moitié des recettes de la ville de New York. En 2020, le nombre de touristes à Big Apple a chuté de deux tiers, à 22,3 millions contre un plus haut historique de 66,6 millions en 2019.

Or, outre l’appétit des touristes, les événements de grande envergure reprennent peu à peu aux États-Unis. « Nous attendons avec impatience la date du marathon de New York, nous avons 800 personnes sur liste d’attente », raconte Franck Bondrille, CEO de Contact USA, qui organise des événements et voyages professionnels de groupes Français aux États-Unis. Les entreprises commencent déjà à reprogrammer des séminaires outre-Atlantique pour 2022, et les artistes comme Florence Foresti, Francis Cabrel ou Kev Adams, qui avaient dû reporter leurs tournées, devraient annoncer prochainement de nouvelles dates.

Le problème ne viendra donc pas de la demande, mais plutôt de l’offre aérienne disponible, selon lui. Car la pandémie a coûté très cher aux compagnies aériennes: selon Statista, après avoir connu un pic de pertes à 135 milliards de dollars au deuxième trimestre 2020, elles vont encore accuser 85,3 milliards de dollars de revenus perdus au quatrième trimestre 2021. Déjà, la ligne Paris-New York a perdu deux opérateurs low-cost, Norwegian Airlines et Corsair, en quelques années. « Nous pensons qu’il y aura une année de flottement avant que le trafic revienne à la normale, estime Franck Bondrille. Nous étudions des demandes de vols ponctuels pendant les périodes d’affluence auprès des compagnies ». Une chose est sure, après 18 mois d’activité très réduite, les compagnies aériennes devraient se rattraper et faire gonfler les prix des billets sur cette ligne très prisée du Paris-New York.

Un festival français pour marquer l’automne à Astoria

Astoria enfile ses habits français pour l’automne. Le dimanche 26 septembre, le premier “Fall French Fest” du quartier se tiendra au café-marché pour animaux de compagnie Château le Woof. “La propriétaire n’est pas française mais elle adore la France. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ensemble“, résume Julie Thibault-Dury, co-fondatrice de la plateforme Closiist et instigatrice de l’événement avec son amie Marie Barbezieux Rousselle, créatrice de l’afterschool environnemental Little Ecologists. “D’autant que les événements sur le thème de la France sont essentiellement à Brooklyn et Manhattan. Il n’y a rien à Queens alors qu’il y a beaucoup de Français à Astoria et Long Island City“.

Au menu de ce rendez-vous: des exposants français ou francophiles aux produits éco-responsables évoquant la France. Les exposants comptent une marque de savon écolo, des macarons pour chiens, un vernis à ongles non toxique…

Le public pourra aussi participer à des dégustations de vin accompagnées de crêpes (entre 1-4pm) et un atelier de construction de Tour Eiffel à partir de matériaux recyclés pour les enfants de 4 à 8 ans entre 10am et midi avec Little Ecologists. Cette dernière activité est payante et sur réservation. La chanteuse Seann assurera l’ambiance musicale.

On va faire ce genre d’événements tous les mois“, précise Julie Thibault-Dury. Rendez-vous est déjà pris au même endroit pour Halloween.

Gaëtane Thiney, à New York : « je suis à la fois joueuse et en mission pour la FFF »

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En cette chaude matinée du samedi 18 septembre, les corps souffrent sur la pelouse du centre d’entraînement des New York Red Bulls, à Whippany (New Jersey). C’est ici, à une cinquantaine de kilomètres de Manhattan, que le NY Gotham FC s’entraîne depuis l’année dernière. L’équipe de NWSL (championnat féminin américain) a recruté en juin l’internationale française Gaëtane Thiney, arrivée du Paris FC en prêt jusqu’à la fin de la saison.

“J’avais déjà prévu de venir la saison dernière, mais je n’ai pas pu à cause du Covid, alors j’ai reporté à cette année”, explique la milieu de terrain qui compte 163 sélections en Équipe de France pour 58 buts. “J’ai prolongé récemment avec le Paris FC jusqu’en juin 2022, en expliquant que je suis plutôt en fin de carrière qu’au début, et que je souhaitais vivre une nouvelle expérience. C’était aussi une opportunité pour Paris de voir ce qu’il se passe de l’autre côté de l’Atlantique, et pourquoi pas de collaborer avec le club de Gotham. C’était bien pour tout le monde”. 

À bientôt 36 ans (NDLR: elle est née le 28 octobre), Gaëtane Thiney a effectué la majeure partie de sa carrière au Paris FC (anciennement FCF Juvisy), un club qui a remporté à six reprises le championnat de France de D1 Arkema. “J’ai vécu une arrivée très positive à New York puisque j’ai enchaîné les matches en tant que titulaire. J’ai même été surprise de jouer aussi rapidement et qu’il y ait autant de matches. L’équipe a joué 11 fois, entre juin et juillet, alors qu’on joue seulement 22 matches pendant toute la saison en France”. La Française née à Troyes a découvert un championnat très différent de ce qu’elle connaît, avec un niveau très resserré entre les équipes et des déplacements éreintants. “Deux semaines après mon arrivée, on allait jouer à Portland à six heures de vol de New York, trois heures de décalage horaire, sur un terrain synthétique et sous 40 degrés”, décrit-elle. “Ça fait partie des choses un peu surréalistes ici, mais que je voulais vivre”.

Après un bon début de saison, le Gotham FC est classé huitième sur dix et reste sur une série de cinq matches sans victoire qui pourrait l’éloigner des playoffs prévus les 6 et 7 novembre. “J’apprends beaucoup mais le jeu est très différent de la France. Aux US, c’est très physique, athlétique et porté vers l’attaque à tout prix. Parfois trop. Moi je suis de formation française où l’on apprend à conserver la balle et faire plus de passes”. Une analyse vérifiée lors d’une opposition à 11 contre 11 pendant notre venue à l’entraînement où Gaëtane Thiney, positionnée entre les lignes en milieu offensive, ne touchera que peu de bons ballons. “Le club cherchait une joueuse de mon profil parce que j’apporte autre chose. Mais c’est dur de mettre tout ça en place en si peu de temps, et je ne peux pas non plus tout révolutionner”.

Malgré quelques difficultés d’adaptation, l’internationale française prend du plaisir dans sa nouvelle équipe et aux États-Unis où la mentalité est, elle aussi, très différente. “Ce sont de grandes professionnelles qui mettent une énergie folle dans tout ce qu’elles font. Ce positivisme peut être une force, que ce soit dans le football ou dans la société américaine en général”. En revanche, Gaëtane Thiney remarque des lacunes dans la façon de faire, de l’autre côté de l’Atlantique. “Les filles sont toutes très sympas, mais quand on sort de l’entraînement, on ne se voit plus. Il y a moins la volonté de fédérer et de créer de la convivialité autour de l’équipe”.

Si la Française s’intéresse autant à l’aspect culturel du foot aux États-Unis, c’est qu’elle n’est pas venue à New York uniquement dans la peau d’une joueuse. “Je suis conseillère technique nationale pour la DTN depuis 2012 (NDLR: direction technique nationale de la Fédération française de football). J’ai réalisé beaucoup de missions depuis neuf ans, en aidant au développement du foot à l’école par exemple, et en travaillant sur la pratique des jeunes footballeurs et footballeuses avec la création d’outils pédagogiques et didactiques pour les éducateurs”. À New York, son objectif est de “formaliser une vision du foot féminin et masculin aux US, que ce soit aussi bien chez les pros qu’au niveau des académies”, explique-t-elle. “Je fais des rapports réguliers à la FFF sur comment est construit le football ici et sur ce qui pourrait nous intéresser. Je découvre le système universitaire, les clubs professionnels, le scouting aux Red Bulls, et je suis de l’intérieur le fonctionnement de la NWSL”.

Gaëtane Thiney a également visité récemment l’académie new-yorkaise lancée par la FFF en 2019, qui vient d’annoncer l’ouverture de deux nouvelles structures à Santa Cruz (Californie) et Montréal (Canada). “L’objectif de la FFF est de développer l’image de l’Equipe de France masculine en Amérique du Nord qui accueillera avec le Mexique la Coupe du monde en 2026. On a besoin pour cela d’ouvrir et de développer un réseau sur place, par rapport à tout ce qu’on veut faire”, expose-t-elle. “L’idée est aussi de savoir comment la FFF pourrait aider au développement du foot aux US. Nous avons des grandes forces comme la formation des coaches, la qualité des entraînements et la tactique”.

À la fin de son prêt à New York, Gaëtane Thiney sera “heureuse” de retrouver son pays et le Paris FC, avec qui elle pourra rejouer à partir de janvier 2022. “Le Gotham FC est un club qui cherche encore son identité. Il a d’abord changé de nom en mai (NDLR: anciennement Sky Blue FC), puis de directrice générale en juillet et ensuite d’entraîneur fin août… Tout le monde est un peu à la recherche de sa place, même les joueuses”, raconte-t-elle. “À l’inverse, j’ai un tel ancrage à Paris depuis longtemps, que c’est un moteur pour moi. Et puis j’ai passé un contrat oral avec mes coéquipières en leur promettant de revenir jouer avec elles”, ajoute la milieu de terrain, un large sourire au visage.

Avec 163 sélections, Gaëtane Thiney est la sixième joueuse la plus capée de l’histoire de l’Équipe de France. Si elle a participé à la Coupe du monde en France en 2019, où les Bleues se sont inclinées face aux États-Unis en quart de finale, elle n’a jamais été rappelée depuis par la sélectionneuse Corinne Diacre. “Est-ce que j’ai fait une croix sur l’Équipe de France? Non, j’ai fait une croix sur la logique de Diacre”, lâche-t-elle. “J’ai une position délicate car je bosse à la FFF et je ne peux pas dire tout ce que je pense… Mais il n’y a aucune logique dans ce qui est fait depuis longtemps. Moi, j’ai vécu l’Equipe de France que j’avais envie de vivre, et elle était extraordinaire. Celle qui se fait maintenant fait plus de mal qu’autre chose”. 

En poste depuis 2017, Corinne Diacre a été très critiquée ces derniers mois par ses propres joueuses pour ses choix et son management autoritaire. Elle s’est mise à dos plusieurs cadres du vestiaire comme la gardienne Sarah Bouhaddi (149 sélections), qui s’est mise en retrait des Bleues depuis juillet 2020, la milieu de terrain Amandine Henry (93 sélections), non sélectionnée le 9 septembre pour les qualifications à la Coupe du Monde 2023, au même titre qu’Eugénie Le Sommer (175 sélections), attaquante historique de la sélection. “Corinne Diacre a également retiré le brassard à Wendy (Renard) avant de lui remettre ces jours-ci… Non vraiment, si quelqu’un peut m’expliquer car je ne comprends plus rien. Enfin si, ce que je comprends, c’est qu’il y a maintenant beaucoup d’argent dans le foot féminin et probablement des salaires très confortables à se faire. Il s’agit donc de tout faire pour garder sa place, coûte que coûte, le plus longtemps possible et peu importe les moyens”. L’intéressée appréciera.

“L’as des as” avec Jean-Paul Belmondo au TLF ce vendredi

Le 6 septembre dernier, Jean-Paul Belmondo tirait sa dernière révérence, après plus de soixante ans de carrière. Le Théâtre du Lycée français de San Francisco rendra hommage à Bébel en diffusant un de ses plus gros succès, “L’as des as”, au théâtre Erick Moreau, le vendredi 24 septembre à 7pm. Le film sera uniquement en français, sans sous-titres.

Le film de Gérard Oury, sorti en 1982, raconte l’histoire de Jo Cavalier, entraîneur de l’équipe de France de boxe aux Jeux olympiques de Berlin de 1936, et qui se trouve mêlé à la grande Histoire lorsqu’il entreprend de sauver un orphelin juif.

Plus de cinq millions de spectateurs ont vu “L’as des as” en salle à sa sortie, plaçant le film en deuxième place du box-office de Jean-Paul Belmondo, son film le plus populaire restant “Le cerveau” avec Bourvil. Belmondo avait accepté de faire le film avant que le scénario soit écrit, séduit par la perspective d’utiliser son expérience de boxeur pour ce tournage.

“L’as des as” est le premier film d’une série de projections organisée par le Lycée français de San Francisco. Au programme, des classiques comme “Les tontons flingeurs” et des films plus récents comme “Antoinette dans les Cévennes” ou les courts-métrages du Festival des Champs-Elysées.

Say Très Good : la chaîne YouTube qui déniche les pépites culinaires de la Bay Area

Un side-car, une caméra et une envie de faire découvrir des petits restos méconnus de la région de San Francisco. C’est la formule gagnante derrière Say Très Good, une nouvelle chaîne Youtube lancée par trois bons vivants français : Jérôme Ribeiro, cuisinier originaire d’Alsace et créateur des tours en side-car Rides by Me, Pierre Bee, créateur de L’Apéro, et Matthieu Meynier, vidéaste. “Inspirés par la journaliste Emmanuelle Jarry, qui réalise les pastilles web “C’est meilleur quand c’est bon”, on veut faire découvrir des petits restos qui sortent des sentiers battus“, résume Pierre Bee.

Sur sa moto, Jérôme sillonne les rues de San Francisco, Daly City, ou Berkeley, avec Pierre comme passager dans son side-car. “Pierre et Matthieu étaient prêts à se lancer dans l’aventure Say Très Good, et cherchaient un moyen de locomotion. Je leur ai proposé d’utiliser mon side-car qui nous donne une identité visuelle forte car facilement reconnaissable. Leurs yeux se sont mis à briller, et on a scellé notre affaire autour d’un verre“, relate en souriant Jérôme Ribeiro. Les vidéos de Say Très Good sont courtes, entre quatre et six minutes, et montrent Jérôme Ribeiro et Pierre Bee dans leurs pérégrinations culinaires. Les vidéos sont en anglais, afin de toucher un large public, mais le côté franchouillard est bien présent : “On met nos marinières, on entend bien notre accent, et on part entre potes à la découverte d’endroits où on ne boude pas notre plaisir.

Pierre Bee chez All Good Pizza, dans Bayview

L’idée derrière Say Très Good est née de la pandémie qui a frappé de plein fouet le secteur de la restauration. “Avec la fermeture des restaurants et l’arrêt d’événements, comme L’Apéro qui rassemblaient la communauté francophone et francophile, on a voulu recréer ce lien, cette convivialité tout en donnant un coup de pouce aux endroits que l’on met en lumière“, explique Pierre Bee. “Souvent, les propriétaires des restaurants qu’on visite sont surpris par notre démarche, d’autant qu’elle est totalement gratuite.” Les trois partenaires se sont fixés quelques principes : ils paient tous leurs repas et ne boivent jamais sur les tournages (“mais parfois après”, nous confie Pierre Bee !).

Pierre Bee et Jérôme Ribeiro à Mi Guadalajara

Parmi les endroits visités, on en trouve pour tous les goûts : de la viande fumée et la poutine d’Augie’s Montreal Deli à Berkeley, au taco coréen de Tacorea dans le Financial District de San Francisco, les empanadas d’El Sur dans Potrero Hill ou encore les glaces de la Copa Loca dans la Mission. “On part à la recherche des gens authentiques, sympathiques et conviviaux. Par exemple, Ramon, qui tient Mi Guadalaraja à Daly City, fait tout seul la cuisine, le service, la vaisselle, toujours avec le sourire, et ses tacos et tortas sont délicieux. Christine, qui tient une pizzeria dans Bayview, œuvre beaucoup pour le renouveau du quartier”, explique Jérôme Ribeiro.

Say Très Good a déjà publié huit vidéos sur sa chaîne Youtube et publiera une deuxième saison début 2022.

 

 

Valérie Baraban : “J’ai choisi Houston où l’avenir se joue”

Depuis le 1er septembre, le Texas, l’Arkansas et l’Oklahoma se sont dotés d’un nouveau consul de France. Une consule en l’occurence, et ce, pour la première fois. Valérie Baraban est en effet la première femme à prendre les rênes de la diplomatie française dans le sud des États-Unis.

Pour elle, il s’agit d’un retour aux Etats-Unis, justifié par l’envie de participer au développement de la France de l’autre côté de l’Atlantique. « J’ai enseigné pendant deux ans à l’Université de Californie à Berkeley et je voulais retrouver ce contact avec les Américains », explique-t-elle. C’est un premier poste de consule pour cette ancienne conseillère diplomatique que rien, pourtant, ne prédestinait à ce rôle.

Enseignante pendant dix ans, cette agrégée de philosophie mène ses recherches de doctorat sur l’histoire de la philosophie esthétique, ce qui la conduit à travailler avec des artistes et des photographes. En parallèle, elle se lance dans des études scientifiques et apprend le chinois. Cette palette d’expériences acquises l’amène ainsi à diriger la coopération et l’action culturelle à l’ambassade de France à Pékin où elle officie, durant quatre ans, à la tête de 180 personnes, avant de rejoindre les bancs de l’Otan.

Normalienne, Valérie Baraban a surtout fait une carrière diplomatique dans les affaires stratégiques. Elle fut en poste à Bruxelles pour suivre les dossiers relatifs aux opérations militaires. Elle y est également en charge de la réforme de la gouvernance du renseignement.

Sortir des clichés du Texas et de la France

Sa carrière la porte, en 2017, à l’Élysée où elle devient conseillère diplomatique, toujours dans ce domaine ultra-sensible. « J’ai souhaité repartir et retrouver mon métier de diplomate. Loin de mon parcours, j’ai choisi les États-Unis et surtout Houston où l’avenir se joue. Effectivement, les États du sud reprennent une certaine vigueur, notamment le Texas, État puissant ayant des atouts économiques, financiers mais caricaturé par les Européens alors qu’il y a tout un potentiel de richesses inexploitées, y compris en termes culturel et social. Il y a des dynamiques démographiques, technologiques et de diversification commerciales qui s’opèrent ici », explique la nouvelle consule.

La transition énergétique au pays des pétroliers, mais aussi le nouveau chapitre du spatial avec la présence d’Elon Musk dans la circonscription, sont aussi des arguments pour justifier sa présence. Elle n’en reste pas moins dédiée aux autres missions de sa fonction, parmi lesquelles la diplomatie d’influence qui consiste à mieux faire connaître le Texas, dans sa diversité et sa complexité, aux Français. Elle vise également à véhiculer une autre image de notre pays, un peu trop caricaturée dans ce sud des États-Unis. « Cette attractivité dans les deux sens me semble extrêmement intéressante à développer ».

Valérie Baraban souhaite aussi vitaliser les investissements, étendre la couverture industrielle française, saisir les opportunités et le faire savoir auprès des acteurs français. Faire en sorte que les échanges de talents et les financements prospèrent dans cette région.

Sans oublier la culture qui occupera une partie de son agenda et qu’elle veut développer en s’appuyant sur le lancement des villas Albertine aux États-Unis. Dans cette nouvelle dynamique, Valérie Baraban aspire à aider les artistes français, à favoriser les expositions et veut entreprendre la circulation des œuvres mais aussi la création et les investissements dans l’art.

 

 

 

 

 

Biden et Macron se parlent; l’ambassadeur revient à Washington

Tempête diplomatique, acte 2. Comme attendu, la « grosse colère » française déclenchée après l’affaire des sous-marins australiens est entrée ce mercredi dans la phase de la réconciliation, avec un coup de fil entre Joe Biden et Emmanuel Macron.

Dans un communiqué commun, la Maison Blanche et l’Elysée ont assuré que les deux hommes avaient convenu d’ouvrir « un processus de consultations approfondies, visant à créer les conditions de la confiance ». Ils se rencontreront notamment en octobre, probablement à l’occasion du G20 prévu en Italie.

Par ailleurs, l’ambassadeur de France Philippe Etienne, rappelé la semaine dernière pour consultations -une première dans les relations franco-américaines- va retourner à Washington la semaine prochaine « et commencera alors d’intenses consultations avec des représentants américains » poursuit le communiqué.

Pas d’excuses mais…

Le contenu du communiqué, comme c’est en général le cas, reste extrêmement vague et général, mais le language choisi vise à montrer que le président Biden a pris en compte la mauvaise humeur française. « Les deux leaders se sont mis d’accord sur le fait que la situation aurait bénéficié de consultations ouvertes entre alliés sur ces questions stratégiques pour la France et les partenaires européens (des Etats-Unis). Le président Biden a transmis son engagement constant à cet égard » relève le communiqué commun. D’un point de vue américain, c’est sans doute le maximum de ce qu’il était possible de faire en matière d’excuses. Surtout, Joe Biden a reconnu « l’importance stratégique de l’engagement de la France et de l’Europe dans la région indo-pacifique » ainsi que l’importance « d’une défense européenne plus forte, qui contribue positivement à la sécurité transatlantique et mondiale, et est complémentaire de l’OTAN ». Deux points qui avaient été cités par l’entourage de la présidence française comme des “attentes françaises” avant l’entretien.

Levée du travel ban aux États-Unis : de la joie et encore des questions

Lundi 20 septembre, jour à marquer d’une pierre blanche dans le calendrier d’Alicia Souilly, gérante de l’entreprise 1 Day in Las Vegas. Avec la levée du travel ban annoncée ce jour-là par la Maison Blanche pour le mois de novembre, cette Française en visa E-2 va enfin pouvoir aller-et-venir comme elle le souhaite entre la France et les États-Unis.

Sa petite entreprise d’organisation de mariages va aussi en profiter, après une année difficile marquée par une disette de couples internationaux. « Je suis ravie de cette annonce car j’avais plus d’une vingtaine de couples qui n’avaient pas pu se marier en 2020. Ils attendaient impatiemment de pouvoir reprogrammer une nouvelle date et certains n’y croyaient même plus, explique-t-elle. Dès l’annonce de la fin du travel ban, il y a eu une effervescence toute la journée avec de nouvelles demandes de couples et des agences qui ont repris contact concernant des dossiers en attente. Cela fait un bien fou et surtout cela remonte le moral. »

Elle n’est pas la seule Française des États-Unis à se réjouir de cette nouvelle très attendue. Depuis dix-huit mois, l’entrée sur le territoire américain était réservée aux seuls citoyens américains, aux titulaires de carte verte et à certaines catégories de visas bénéficiant d’un régime d’exemption. Les autres étaient bloqués de part et d’autre de l’Atlantique, faute de pouvoir entrer ou retourner sur le sol américain, à moins de passer par un pays non visé par les restrictions de voyage, comme le Mexique. Ces restrictions ont donné lieu à des cas de familles séparées ou de personnes obligées de renoncer à un voyage en France pour voir un proche mourant par peur de ne pas pouvoir revenir.

Le 20 septembre, Jeff Zients, coordinateur de la lutte contre la pandémie à la Maison Blanche, a indiqué que les frontières seront rouvertes aux voyageurs européens vaccinés. Ils devront montrer à l’embarquement la preuve qu’ils sont totalement vaccinés, ainsi qu’un test Covid négatif datant de moins de 72 heures.

« Soulagement » 

Pour tous les Français aux États-Unis qui n’ont pas pu voir leurs proches depuis plus de 18 mois, l’heure est à l’euphorie. « Nous sommes vraiment très heureuses de savoir que nos parents qui habitent en France -et sont vaccinés- vont pouvoir venir nous voir et surtout rencontrer leurs petits-enfants! Nous avons beaucoup souffert d’être éloignés d’eux depuis maintenant près de deux ans », souligne Marie, une maman de San Francisco qui a accouché de jumeaux fin août. « Savoir que mes parents ne pouvaient venir être proches de nous dans ces moments exceptionnels que ce soit la grossesse, la naissance ou les premiers mois de vie de nos enfants nous a brisé le cœur. La nouvelle de la levée du travel ban est véritablement un soulagement et un espoir ! »

« C’est un véritable soulagement pour moi de savoir que nous pourrons voyager sans quarantaine et passer Noël en France en famille, nous sommes comblés », explique pour sa part Laure-Ellyn Charier, une Française de New York qui a dû passer deux semaines au Canada lors de son dernier voyage en Europe.

Au-delà de la joie personnelle, la levée du travel ban offre aussi un bol d’air aux entrepreneurs français dont le business dépend en grande partie des visiteurs internationaux. Alexandre Reza, gérant du bar Tipsy Robot sur le Strip de Vegas, en fait partie. « Jusqu’à présent, nous avons vu venir de nombreux visiteurs à Las Vegas. Il s’agissait d’une clientèle nationale qui a beaucoup dépensé grâce aux aides publiques. Mais depuis la fin août, c’est plus calme. Le retour d’une clientèle étrangère va certainement redonner un coup d’accélérateur à l’économie locale. Nous espérons que cela générera la même euphorie qu’avec les Américains », explique-t-il.

Même son de cloche chez Élise Goujon, fondatrice de la société de guides touristiques en français Off Road à New York, Miami et Los Angeles. « Dès l’annonce, les gens ont été très réactifs et enthousiastes, on a senti qu’ils attendaient ça depuis 18 mois, se réjouit-elle. Ils ont encore des questions, comme sur les conditions de voyage et de sécurité ou encore les obligations de vaccins pour les enfants de moins de 12 ans, mais le sentiment est très positif ». Déjà, les réservations de visites pour Noël se remplissent.

Des questions subsistent

Béatrice Leydier ressent également un « soulagement », mais aussi une certaine surprise. Conseillère des Français de l’étranger à Washington, à l’origine d’une pétition réclamant la fin du travel ban qui a recueilli près de 7 500 signatures, elle ne pensait pas qu’il serait levé aussi rapidement. Certaines sources laissaient entendre, il y a encore quelques jours, qu’il durerait jusqu’en 2022. Mais la crise des sous-marins entre Paris et Washington a certainement précipité le calendrier. « Il y a eu un effort important de la part des diplomates, des journalistes et des politiques pour maintenir ce dossier dans les conversations. Quand les États-Unis ont dû trouver quelque chose pour faire un geste envers l’Europe, ils ont pris cela », avance-t-elle. Les autorités américaines le nient: elles assurent que les décisions relatives au travel ban ont toujours été guidées par la science. Béatrice Leydier ne doute pas de la solidité de l’annonce américaine, mais « garde des réserves sur plusieurs éléments » : les « délais qui restent très longs pour les visas à l’Ambassade, pour les EAD (autorisations de travail), fait-elle valoir. On ne connaît pas encore la date exacte de la levée ni quels vaccins seront acceptés par les autorités américaines ». Autre question en suspens, le cas des enfants de moins de 12 ans, non-éligibles à la vaccination.

Les pays pauvres, lésés 

Chercheuse à la Brookings Institution, un think tank à Washington, Célia Belin a les mêmes doutes. Cette Française, qui avait alerté l’opinion sur le cas des ressortissants européens bloqués dans une tribune remarquée sur le blog du think tank, estime qu’il y a un besoin de clarification sur les modalités. « Comme nous avons un mois et demi, on pourra discuter de tous les vaccins non-reconnus, comme l’AstraZeneca et les vaccins du reste du monde. Il faut avoir cette conversation transatlantique importante maintenant », dit-elle. Les délais extrêmement longs pour les prises de rendez-vous pour les visas au consulat américain à Paris sont également un « point d’interrogation. Il ne faudrait pas que les touristes puissent voyager alors que ceux qui attendent des visas depuis longtemps restent bloqués. »

Surtout, elle rappelle que cette nouvelle qui fait le bonheur des Européens vaccinés fait le malheur des pays les plus pauvres, où les vaccins ne sont pas facilement disponibles. « Comme la vaccination devient obligatoire pour entrer aux États-Unis, la porte de l’Amérique s’est ouverte pour des millions de gens, mais elle se referme pour beaucoup d’autres », observe-t-elle. Les pays membres de l’Union européenne ont eux aussi serré la vis des restrictions contre les voyageurs non-vaccinés. « Ce régime va favoriser les pays riches, développés. Les ressortissants de pays pauvres vont être encore limités que d’habitude dans leur capacité à voyager », poursuit la chercheuse. Et de plaider pour que cette obligation vaccinale soit « temporaire » ou pour « s’assurer d’avoir une campagne de vaccination efficace” dans les pays pauvres. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. « Nous, Européens, avons vécu cette annonce comme une libération, mais pour d’autres, ce sont de nouvelles restrictions à l’entrée aux États-Unis ».

Malgré cette réalité, elle se dit « très heureuse » pour toutes les personnes touchées par l’interdiction de voyage avec qui elle a correspondu ces derniers mois : « des couples séparés, des gens rencontrant des difficultés professionnelles, ou confrontés à des choix impossibles entre leur carrière et l’enterrement d’un proche. Ces histoires m’ont brisé le cœur à titre personnel, raconte Célia Belin. Ils n’avaient aucun horizon depuis mars 2020. Cela nous manquait. Au moins, nous en avons un maintenant. »

Avec Sophia Qadiri (San Francisco), Anne-Laure Mondoulet (New York) et Laurent Garrigues (Las Vegas)

Longtemps attendu, le plus grand musée du cinéma ouvre à LA

Attendue depuis 2017, puis reportée en 2020 en raison de la crise sanitaire, l’ouverture de l’Academy Museum of Motion Pictures ou « Musée des Oscars » est annoncée pour le 30 septembre. Invités à découvrir les lieux en avant-première, 400 journalistes et photographes (dont l’équipe de French Morning) foulaient le tapis rouge d’un véritable monument de béton surplombé d’une immense sphère de verre, signé de l’architecte Renzo Piano (ndlr, c’est à lui que l’on doit le Centre Pompidou à Paris) et qui couvre aujourd’hui le Geffen Theater et ses 1000 fauteuils rouge écarlate.

« Ne l’appelez pas l’Etoile de la mort comme dans Star Wars, ne parlez pas non plus de bulle qui risquerait d’exploser, mais considérez plutôt cette sphère comme inspirée d’un ballon dirigeable, un zeppelin, voire un vaisseau spatial prêt à décoller » résumait l’architecte italien au micro. « On pourrait même parler de plus grande lanterne magique du monde », enchérissait Tom Hanks, invité d’honneur et membre du conseil d’administration de l’Academy Museum, désormais le plus grand musée du cinéma en Amérique du nord.

Au programme de ce musée tant désiré, 3 étages de galeries installées dans un décor brut de brut. Pas de folklore décoratif mais des scénographies lisibles et parfaitement orchestrées, quelques espaces interactifs, des éclairages dignes des meilleures productions hollywoodiennes et une collection riche d’une dizaine de milliers d’articles allant des films aux photographies, costumes, posters, perruques ou scripts.

Début de la visite avec « Stories of cinema », une exposition appelée à se renouveler en permanence qui décrypte en images et en objets les films culte du cinéma. Parmi eux, les standards de Bruce Lee armé de son authentique nunchaku. Les scènes cultes du Magicien d’Oz et ses pièces originales, dont la paire de souliers rouges étincelants que portait Judy Garland. Suit la salle aux statuettes qui fait revivre, sur grands écrans, les remises de trophées les plus marquantes des Oscars, des sourires les plus beaux d’Hollywood (Meryl Streep), aux instants émouvants (Steven Spielberg et la « Liste de Schindler ») et crises de larmes (Halle Berry).

Temps fort de l’exposition, la galerie des costumes va d’une robe de soie verte de 1934 portée par Claudette Colbert dans « Cléopâtre » à la robe de soirée rouge de Marilyn Monroe dans « Les Hommes préfèrent les blondes ». La sélection évite le piège nostalgique et surprend avec l’original de la robe May Queen du film « Midsommar » et ses 10.000 fleurs de soie, fait revivre les concerts d’Elton John en costume à plumes dans « Rocketman ». A ne pas manquer non plus, la galerie consacrée à Spike Lee, le dernier Président du Festival de Cannes, qui raconte les inspirations du cinéaste.

Au deuxième étage, en passant sous un requin des « Dents de la mer » nageant dans les airs, « Stories of cinema 2 » dévoile les extraits les plus célèbres des films signés Pedro Almodovar. Le visiteur découvre aussi les secrets des films d’animation et part à la rencontre des héros des plus grandes sagas. Au choix : le vrai E.T tout en résine, r2d2 le robot de Star Wars, le monstre amphibien du film « The Shape of Water », la tête de Terminator… Séance particulièrement réussie, la chambre d’immersion sonore à 180° intitulée Behold invite à partir pendant 26 minutes à la rencontre des aliens, robots et machines du futur sortis des grands films de science-fiction.

Au troisième étage du musée, l’exposition consacrée au réalisateur Hayaho Miyazaki plonge dans l’univers onirique du film d’animation japonais, fait traverser une forêt enchantée et découvrir la centaine d’estampes nécessaires à la fabrication du film. Le point final fait s’aventurer dans la salle de « The Oscars, Experience », où chacun peut venir s’offrir son quart d’heure de gloire dans la peau d’un(e) oscarisé(e).

L’Academy Museum of Motion Pictures complètera son programme au fil des prochaines semaines autour du Shirley Temple Education Studio qui dispensera cours de cinéma, activités en famille et accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le restaurant Fanny’s ouvrira également ses portes le 30 septembre, date officielle de l’ouverture du musée au public, avec, en chef exécutif, le français Raphaël François (déjà à l’origine du restaurant Tesse sur Sunset Boulevard).