Michel Blazy et son équipe s’affairent autour de larges marmites dans lesquelles frémit une potion bleu vif. « Ce n’est pas de la peinture, mais de l’agar-agar (substance à base d’algues) mélangé à des pigments alimentaires, explique l’artiste monégasque. C’est une peinture vivante : avec le temps, son aspect va se modifier au gré des changements de température et du taux d’humidité »
Sculpteur de denrées périssables et de matières insolites, le plasticien crée depuis 20 ans des installations en lien avec la nature. En 2007, le public parisien découvrait ses oeuvres vivantes (fleurs de jambon, sculpture de vermicelles de soja…) lors de l’exposition “Post Patman” au Palais de Tokyo. Aujourd’hui, il est l’invité de la Nuit de la Philosophie et des Idées de Houston, un grande soirée de discussions et de performances dont la première édition se tiendra samedi 26 janvier au Moody Center for the Arts de Rice University. Le thème en sera l’écologie.
Dans la salle d’exposition aux murs recouverts de « peinture vivante », seront installées, sur un bain de charbon humide, des plantes locales et des sculptures de bois représentant des robots et des animaux. Une fois exposées, les plantes vont croitre ou dépérir, et l’œuvre continuera sa vie, sa croissance ou sa dérive indépendamment de la volonté de l’artiste.
L’odeur des matières vivantes en décomposition, la chaleur inhabituelle dans une salle d’exposition à Houston: découvrir une oeuvre de Michel Blazy est une expérience sensorielle. « Ce paysage apocalyptique, intitulé « We Were the Robots », est une sorte de vanité, explique l’artiste. Je fais le portrait du monde tel qu’il sera dans 100 ans. On pensait être moderne, s’affranchir de la nature… mais on ne maîtrise rien. »
Si Michel Blazy joue avec la fragilité des matières vivantes, il aime être surpris par la matière : « Je ne maîtrise pas le résultat, car je travaille avec des énergies extérieures. Je ne suis donc pas l’auteur de la réaction chimique, je ne fais que l’encourager. C’est vraiment cette absence de maîtrise que je souhaite mettre en avant. Quel est le pouvoir de notre action ? N’est-il pas trop tard pour agir ? »
Quel message veut-il transmettre au public de Houston, ville si peu respectueuse de l’environnement qui peine à se relever d’une catastrophe écologique ? « Je ne crois plus au message politique dans l’art contemporain. Le monde de l’art s’adresse à une population de plus en plus riche, entre-soi. Excusez mon pessimisme, mais je crois que la question n’est plus d’éviter le choc, mais de s’y préparer. » L’oeuvre sera visible jusqu’au 18 mai.
Michel Blazy, un magicien du vivant à Houston
Astérix et Obélix s'installent à San Francisco
Astérix et Obélix quittent leur petit village qui résiste à l’envahisseur pour mettre le cap sur San Francisco. L’Alliance française projettera “Astérix & Obélix : Mission Cléopatre”, le mardi 29 janvier dans ses locaux.
Cette comédie de 2002 pour petits et grands signée Alain Chabat rassemble un beau casting de stars: Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Claude Rich, Gérard Darmon, Édouard Baer, Dieudonné et Alain Chabat aux côtés de Gérard Depardieu et Christian Clavier dans les rôles respectifs d’Obélix et Astérix.
Petit rappel de l’histoire pour ceux qui n’ont pas lu la bande-dessinée depuis longtemps: la reine Cléopatre défie Jules César en lançant la construction d’un palais en plein désert pour faire reconnaitre le prestige du peuple égyptien. Elle recrute l’architecte Numérobis, qui demande de l’aide à nos deux irréductibles Gaulois. Ils devront composer avec l’architecte officiel de la reine qui, jaloux, va leur mettre des batons dans les roues.
À 40 ans, Houston Accueil regarde vers l'avenir
Houston Accueil fêtera ses 40 ans au Rice Hotel, vendredi 25 janvier, avec une soirée sur le thème des “années folles”. Dès leur mise en vente, les 300 tickets se sont envolés.
Quatre décennies après sa fondation, l’association d’accueil des nouveaux Français et francophones de Houston reste donc très populaire. Mais cela n’empêche pas Elodie Ricolfi, présidente de l’association depuis le 1er février 2018, de regarder vers l’avenir. « Les familles expatriées ont changé, et Houston Accueil évolue avec elles », explique cette jeune mère de famille qui a quitté son activité de podologue en France pour suivre son mari au Texas. « Mon objectif : attirer les nouvelles familles expatriées, et notamment les conjoints d’expats, souvent aussi diplômé-e-s que leurs époux ou épouses et qui souhaitent exercer une activité professionnelle. »
Avec son équipe d’une soixantaine de bénévoles, cette association apolitique et non-confessionnelle est affiliée à la Fédération Internationale des Accueils Français et Francophones d’Expatriés (FIAFE), une association loi 1901 qui regroupe 220 accueils répartis sur les cinq continents. Yoga, tango, cours de cuisine, visites de musées: l’association propose près de 25 activités par semaine et consacre chaque année une journée d’accueil aux nouveaux arrivants. « Notre mission, c’est accueillir, informer et accompagner », explique Elodie Ricolfi.
Nouveau site internet, guide d’accueil disponible en version électronique, forte présence sur les réseaux sociaux : « Pour moderniser l’association, j’ai changé certains postes du bureau, fait évoluer les activités…mais j’ai surtout modifié notre façon de communiquer : les attentes ne sont plus les mêmes, et la plupart des familles souhaitent une communication dématérialisée. »
Houston Accueil édite également un guide de bienvenue, mis à jour chaque année par les bénévoles, et qui recense tout ce qu’il faut savoir de la vie quotidienne américaine avant de s’installer à Houston : éducation, santé, savoir-vivre, démarches administratives, tourisme… « Certes, se sont des informations que l’on peut trouver autrement, mais notre objectif est de simplifier la vie des nouveaux adhérents et de leur fournir des informations fiables et pertinentes», précise Elodie Ricolfi.
Les boulangeries Marie Blachère à la conquête des Etats-Unis
“C’est le début d’une grande aventure internationale“, souligne Christophe Besnard. Le responsable du développement international chez Marie Blachère est actuellement à New York pour superviser le lancement de la première boulangerie du groupe français aux Etats-Unis. Cet établissement inaugural ouvrira le 12 février dans la ville de Great Neck sur Long Island.
Et la chaine, qui dispose de 500 points de vente en France, entend aller bien plus loin. Une deuxième boulangerie doit voir le jour sur Long Island dans l’année. Trente points de vente sont prévus dans les cinq ans. “Nous avons la structure d’un grand groupe derrière. On a la capacité financière de se développer. On ne veut pas faire une ou deux unités. Au contraire. Nous avons un projet de densification de nos boulangeries“, explique Christophe Besnard.
Fondé en 2004 en Provence par Bernard Blachère, maraîcher d’origine, le groupe est peu présent à l’international – elle ne compte qu’un seul établissement, en Belgique. Cela fait quatre ans que l’entreprise travaille sur ce développement américain. “S’il y a bien un pays avec un vrai potentiel, ce sont les Etats-Unis. C’est un pays-continent très dynamique économiquement. La population est friande de produits français. Il y a beaucoup d’atouts de développement“.
Marie Blachère continue aux Etats-Unis la recette qui a fait son succès en France: viser la périphérie des grandes villes et proposer des produits boulangers de qualité, faits sur place, à des prix abordables. Great Neck, ville aisée à l’est de New York, semblait rassembler les critères recherchés. “New York est un Etat mythique, fortement peuplé et à fort pouvoir d’achat. Avec sa proximité de la ville de New York et sa forte densité, Long Island est une zone à fort potentiel“, veut croire le responsable.
Si l’impératif de préparation des produits sur place nécessite des espaces importants, plus faciles à trouver en banlieue, cela ne veut pas dire que Marie Blachère boude les grandes villes. Christophe Besnard indique qu’un point de vente moins volumineux, type café, doit ouvrir dans Manhattan à la mi-mars.
L’établissement de Great Neck proposera, lui, des pains artisanaux, des pâtisseries traditionnelles, des sandwiches, des salades mais aussi des produits américains (donuts, burgers, pizzas…). L’espace, sur deux niveaux, comprendra 80 places assises (40 au rez-de-chaussée et 40 sur un rooftop qui ouvrira au printemps). “En France, il y a les segments premium, low cost et best value for money. Nous sommes sur ce dernier créneau”, résume Christophe Besnard, qui rappelle que la marque est connue pour ses offres promotionnelles permanentes similaires au “buy one get one free” pratiqué aux Etats-Unis. “On veut d’abord faire nos preuves dans l’Etat de New York avant de pouvoir envisager une stratégie plus éloignée sur d’autres Etats“.
La Nuit de la Philosophie et des Idées à Houston parle écologie
C’est une grande première à Houston. La Nuit de la Philosophie et des Idées est programmée de 7pm à 1am dans la nuit du samedi 26 janvier au dimanche 27 au Moody Center for the Arts à Rice University. Le thème: l’écologie.
Plusieurs philosophes, auteurs, artistes, chercheurs et militants seront présents pour débattre lors de conférences organisées tout au long de la soirée. Parmi eux, on retrouve le philosophe et professeur Timothy Morton, qui ouvrira cette fête nocturne de la pensée, ou encore la célèbre musicienne et compositrice Laurie Anderson, connue pour sa chanson “O Superman”. Josh Willis, océanographe à la NASA, et Jae Rhim Lee, directeur d’Infinity Burial Project, une initiative pour enterrer les morts de manière respectueuse de l’environnement, font partie des invités.
Plusieurs Français participeront au marathon de discussions et aux événements culturels prévus pendant la soirée. Michel Blazy, connu pour ses travaux sur le vivant et la transformation de la matière, inaugurera une nouvelle exposition. Guillaume Bagnolini, spécialiste en éthique environnementale et fondateur de l’agence de vulgarisation scientifique Cosciences, sera aussi de la partie. Présentée par l’Institut Français, La Nuit des Idées est organisée dans 100 villes du monde entier en janvier, dont cinq aux Etats-Unis.
La comédie musicale "Rent" arrive à San Antonio
C’est l’une des comédies musicales les plus populaires de l’Histoire. Et non, désolé, ce n’est pas “Les Misérables”. “Rent” arrive au Public Theater of San Antonio le jeudi 24 janvier pour des représentations quasi-quotidiennes jusqu’au 17 février.
Le pitch de ce show conçu par le jeune compositeur Jonathan Larson: un groupe d’amis et artistes tente de vivre et d’aimer à New York, entre pauvreté et menace du Sida. Ce musical inspiré de “La Bohème” de Puccini a reçu un Tony Award en 1996, année de sa sortie à New York, et un Pulitzer.
Immobilier: acheter à Brooklyn
L’agence immobilière new-yorkaise Corcoran vient de publier son rapport sur le marché de l’immobilier à Brooklyn dévoilant les chiffres du 4ème trimestre 2018. Ceux-ci attestent d’importants changements… On le résume pour vous.
Les prix
Le prix de l’immobilier recule à Brooklyn. Pour le cinquième trimestre consécutif, le prix médian chute pour arriver au niveau de $658 000, soit une baisse de 3%. Le prix moyen quant à lui baisse de 2% pour arriver à $800 000, du jamais vu depuis 2016.
Paradoxalement, ce trimestre a également vu Brooklyn enregistrer la vente de l’appartement le plus cher de son histoire : The Standish à Brooklyn Heights, vendu pour plus de 16 million de dollars.
L’inventaire
Après deux ans consécutifs de déclin, l’inventaire immobilier de Brooklyn a augmenté de 16% sur ce dernier trimestre 2018, avec un total de 1.952 biens sur le marché. La raison : des reventes plus lentes, et de très nombreux bâtiments fraîchement construits ou en construction, en particulier dans le sud.
South Brooklyn continue d’ailleurs sa croissance, avec une hausse des ventes de 13% par rapport à l’année dernière. Cette zone réunit 44% des ventes immobilières effectuées à Brooklyn sur ce dernier trimestre 2018.
L’affaire L-Train
La prétendue fermeture de la ligne L reliant les quartiers de Williamsburg et Greenpoint à Manhattan a causé une baisse des ventes dans ces deux zones. Elles ont ainsi diminué de 50% pour les biens neufs, et l’inventaire total a baissé de 16% dans cette zone.
Voir le rapport complet de Corcoran
Pour en savoir plus, contacter Patrick Ben Hayoun, agent immobilier
(917) 214-6888
PBenhayoun@corcoran.com
————————
Note: les “articles partenaires” ne sont pas des articles de la rédaction de French Morning. Ils sont fournis par ou écrits sur commande d’un annonceur qui en détermine le contenu.
Dîner autour du sénateur Damien Regnard à Miami
Mise à jour: Damien Regnard ne participe plus au dîner. Seul Clément Leclerc sera présent
Un repas qui rimera avec débat. Les Français de Floride sont invités à un dîner à Miami le jeudi 31 janvier au Miami Shores Country Club.
Organisé par plusieurs associations françaises de Floride (Chambre de Commerce Franco-Américaine de Floride, FIPA, les Conseillers du commerce extérieur de la France, Miami Accueil, UFE et l’Alliance française Miami Metro), ce dîner aura pour invité le sénateur des Français hors de France Damien Regnard. Le consul de Miami Clément Leclerc y participera aussi.
La soirée débutera à 7pm par un cocktail et se poursuivra à 8pm par le dîner.
Le tarif du cocktail-dîner est de 62$.
Michel Ocelot: "Je montre des hommes qui humilient des femmes"
Une oeuvre de Michel Ocelot, auteur et réalisateur français de films d’animation, est toujours une plongée dans un monde de couleurs, de rencontres et de découvertes.
Depuis vingt ans, il met en scène des contes qui sont autant d’invitations au voyage aux quatre coins du monde : en Afrique noire (“Kirikou et la Sorcière”, dont le succès retentissant a lancé sa carrière), au Tibet, dans les Antilles ou encore au coeur d’une civilisation aztèque (“Les Contes de la nuit”), au Japon et en Egypte (“Princes et princesses”) pour ne citer qu’eux.
Dans “Dilili à Paris”, son dernier long métrage qui sortira aux Etats-Unis au printemps 2019, c’est pour une fois en France, dans un Paris de la Belle Epoque aussi somptueux que sombre, que le facétieux réalisateur nous transporte. À cette occasion, il sera l’invité d’honneur du rendez-vous du film d’animation Animation First Festival, du 25 au 27 janvier au FIAF, pour une rétrospective de sa carrière.
“Le sujet de ‘Dilili à Paris’, c’est la lutte contre les hommes qui font du mal aux femmes et aux filles”, raconte Michel Ocelot, 75 ans. A travers une fascinante aventure menée tambour battant par Dilili, petite fille kanake, et ses amis, on s’engouffre dans les rues et salons parisiens truffés de génies et d’artistes de renom – Sarah Bernhardt, Auguste Rodin, Camille Claudel, Picasso, etc. – à la recherche de fillettes ayant été kidnappées.
Une façon de mettre en lumière les violences faites aux femmes partout dans le monde. “Je montre des hommes qui humilient des femmes, explique l’auteur. C’est un sujet épouvantable et très sérieux dont il faut s’occuper et dont on ne s’occupe pas. Il y a plus de morts en femmes tuées ordinairement que dans les guerres.”
“Une ode à la civilisation”
Malgré la gravité du propos, “Dilili à Paris” reste un conte de fée et Michel Ocelot pointe le problème en même temps qu’il nous tend le remède. “Mon film est une ode à la civilisation car c’est l’antidote à ces horreurs. Et je dis aux petites filles: ne vous laissez pas faire.”
Chez Michel Ocelot, les enfants sont en effet déterminés et combatifs. À l’image de Dilili, de la jeune princesse Chamsous Sabah dans le film “Azur et Asmar” qui brille par sa sagesse et son assurance. Ou encore, bien sûr, de Kirikou, petit garçon qui, sitôt sorti du ventre de sa mère, entreprend de résoudre les problèmes de son village.
© 1998 Kirikou
“Mettre en scène un enfant qui prend les choses en main et qui y arrive sans avoir un pouvoir particulier, cela touche les gens”, dit Michel Ocelot, pour qui le conte est comme un “cheval de Troie”. “Les adultes ne se méfient pas et je les fais pleurer. Les enfants, eux, comprennent tout, même ce qui est compliqué.”
Gourmandise
Cet insatiable curieux porte surtout un message simple : l’amour de la diversité. “Je vais dans de très nombreux pays et je n’imaginerais pas me limiter à un seul dans mon travail”, dit-il. Son prochain projet, “La princesse des roses et le prince des beignets”, se déroulera à Istanbul au XVIIIè siècle.
“Je suis intéressé par tout, j’aime que cela soit varié, je veux manger de tout, explique-t-il, en somme je suis gourmand”. Michel Ocelot prend d’ailleurs le pari que sa gourmandise est contagieuse : “L’enfant assimile ce qu’on lui présente. Si on lui propose des choses riches et diverses, cela deviendra sa nourriture normale.”
Cocorico, le compositeur Alexandre Desplat nommé aux Oscars 2019
Une fois n’est pas coutume, Alexandre Desplat apporte encore beaucoup de fierté aux Français.
Déjà récompensé par une statuette pour la musique du film “The Shape of Water” de Guillermo Del Toro en 2018, le compositeur fait partie de la “short list” de la 91e cérémonie des Oscars qui aura lieue le 24 février à 5pm à Hollywood. Il sera en lice dans la catégorie de la meilleure bande originale pour “L’Ile aux chiens” (“Isle of Dogs”) de Wes Anderson, face à “Black Panther”, “BlacKkKlansman”, “If Beale Street Could Talk” et “Mary Poppins Returns”.
L’hexagone est également représenté via des co-productions nommées dans la catégorie “Meilleur film en langue étrangère” : “Capharnaüm” de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki et “Cold War” du polonais Paweł Pawlikowski.
Les Oscars devraient cette année récompenser les films “Roma” d’Alfonso Cuaron et “La Favorite” de Yorgos Lanthimos qui partent en tête de la course avec dix nominations chacun.
Deux médaillés du judo français retrouvent le tatami à Los Angeles
Comment se réorienter après une carrière dans le judo ? C’est la grande question qui a traversé l’esprit des médaillés français Ugo Legrand et Adrien Bourguignon. Les deux hommes, expatriés depuis 2014 à Los Angeles pour suivre leurs femmes, ont finalement décidé de proposer des cours de judo (pour les adultes et les enfants -de 5 à 13 ans) au studio Meraki à Sawtelle.
Ce retour sur le tatami n’a pas été si évident. “On sait que l’après compétition est difficile pour les athlètes de haut niveau”, assure Adrien Bourguignon, 27 ans. Les deux amis, qui se sont rencontrés lors des stages et compétitions avec l’équipe de France, ont arrêté leurs carrières précipitamment pour des raisons diverses. Médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres (2012) –“un rêve de gosse”- Ugo Legrand a été stoppé net à 26 ans par une blessure à l’épaule, juste avant les JO de Rio. “Je n’avais plus l’envie après”, se souvient ce presque trentenaire, “et ma femme, maquilleuse, voulait partir à Los Angeles.”
La transition d’Adrien Bourguignon fut moins douce. En effet, le jeune judoka – médaille d’or en France et en Europe – a été suspendu en raison “d’une blague potache” après les championnats du monde de 2014. Cette maladresse fut alors de montrer ses fesses à la fenêtre d’un bus alors que des fans prenaient la pose avec Teddy Riner devant. Ces images ont été immortalisées par la télévision russe, créant un scandale et entraînant sa suspension pendant trois mois. “Ma saison avant les championnats d’Europe était finie”, se désole-t-il. Un coup supplémentaire va le mettre K.O : la fédération de judo va l’empêcher de diffuser son reportage sur quatre athlètes de l’équipe de France, qu’il produisait pour L’Equipe 21.“Blacklisté par la fédé“, il sent qu’il a “un point rouge sur le front”. A 24 ans, il décide alors d’abandonner son rêve de devenir champion du monde pour rejoindre sa petite-amie, une ancienne nageuse synchronisée, qui évolue avec le Cirque du Soleil à Las Vegas.
“Nous n’avions pas le rêve américain, résume Ugo Legrand. Ce sont plutôt nos femmes qui ont cette ambition.”
D’une application à l’enseignement
Tous deux expatriés dans l’ouest des Etats-Unis, ils ont d’abord l’idée de créer une application de fitness nommée Yogowo. Elle permet de connecter les utilisateurs pour participer à une séance collective de sport en extérieur, encadrée par un coach diplômé. Ils choisissent de la lancer à Paris, où ils ont “davantage de connexions”. Trois ans plus tard, Yogowo prend fin. “On a brûlé beaucoup de cash, avoue le Marseillais Adrien Bourguignon. Nous n’avions pas les moyens de nos ambitions”.
Une rencontre va alors les réorienter vers l’enseignement du judo. “Jason Hunt -le propriétaire de Meraki, qui propose des cours de Jiu-jitsu brésilien – m’a parlé de son projet lors d’un séminaire de judo à San Francisco, explique Ugo Legrand, mais à l’époque, on était déjà sur l’app”. Quand cette dernière n’a plus tenu la distance, ils sont revenus sur leurs pas. “Faire partie de cette structure existante nous donnait moins de pression, il y avait déjà 200 adhérents.”
Sur ce tatami de 250 m2, ils veulent transmettre ensemble un enseignement à la française, basé sur les valeurs de tolérance, respect et amitié. Mélanger les âges et les niveaux est au programme. “On veut en faire un lieu chaleureux, où les ceintures noires viennent s’amuser, d’autres travailler leurs techniques, quand certains veulent juste s’initier”.
Tous deux ont pourtant reçu des enseignements opposés. A Marseille, Adrien Bourguignon a suivi la méthode traditionnelle et rigoureuse “à coups de bâtons de bambou” dans un petit club très compétitif. De son côté, Ugo Legrand est issu d’une famille de judokas, son grand-père étant l’un des pionniers de la discipline en Normandie. Un apprentissage familial basé “sur le plaisir, l’amusement”. Leurs divergences semblent pourtant faire leur force. Dès la première semaine, ils comptent une vingtaine d’inscrits.
L’enseigner à Los Angeles s’annonce pourtant comme un défi. Bien que le judo soit une discipline olympique, les Etats-Unis comptent peu de licenciés (35.000 contre plus de 500.000 en France), et ne disposent pas d’un centre unique de formation olympique.
Mais pour ces athlètes, le challenge est une motivation. D’ailleurs, en parallèle, ils multiplient les projets personnels : la création de meubles pour Ugo Legrand et la production de films pour Adrien Bourguignon. Malgré tous ces plans d’attaque, la compétition est de l’histoire ancienne.
À TheArtpark à Miami, tout est en mouvement
Patrice Meignan passe la vitesse supérieure. Après avoir créé en 2015 TheArsenale, un marché en ligne consacré aux véhicules d’exception et à la mobilité en général, le Français, fraîchement installé à Miami, vient d’inaugurer TheArtpark, le premier showroom de la marque, en plein coeur du quartier de Design District.
Sur plus de 1.000 mètres carrés, TheArtpark a vocation à mettre en lumière des véhicules d’exception, atypiques et parfois innovants de constructeurs qui sont le plus souvent indépendants. « Ils sont moins formatés que les grands industriels qui restent plutôt traditionnels, indique Patrice Meignan. Les indépendants, eux, peuvent s’affranchir de certains codes ce qui leur permet d’innover rapidement et de créer des designs originaux et débridés ».
« La mobilité est un sujet atemporel qui se retrouve intensifiée dans le monde actuel où chacun est en mouvement. Les moyens de déplacement sur terre, sur l’eau ou encore dans les airs sont de plus en plus nombreux et génèrent à chaque fois une certaine frénésie », poursuit le quadragénaire passionné qui a souhaité se frotter au bitume de Miami pour y implanter son premier concept store. « Miami est une ville démesurée par nature et tous les ingrédients sont réunis afin d’accueillir l’exubérance et le côté hors-norme des créations que je représente, souligne-t-il. Il y a une certaine image luxueuse, de belles routes ainsi qu’une culture des voitures et des bateaux qui est omniprésente ».
En plus d’être un concept store, TheArtpark est aussi une véritable galerie d’art. Un projet qui est né de la rencontre de l’entrepreneur français et du galeriste parisien Philippe Combres. « Nous avons souhaité apporter une autre dimension à cet espace et surtout offrir une proposition visuelle différente, insiste Philippe Combres. Nous jouons ainsi sur la frontière entre l’art et la mobilité qui est poreuse, ce qui implique parfois de se demander s’il s’agit d’une oeuvre d’artiste ou d’une pièce de constructeur ».
Ainsi, au milieu des voitures d’exception et des motos de sport se côtoient des oeuvres axées sur le mouvement réalisées par des artistes contemporains aussi variés que Luka Sabbat, Noah Dillon, le chanteur américain Pharrell Williams, qui en plus de cultiver la passion de la gastronomie s’est découvert une vocation de designer, ou encore Frances Wilks. « Le monde de l’art et celui de la mobilité sont intimement liés depuis de nombreuses années, mais bien souvent les plasticiens et les designers ne se connaissent pas, précise Patrice Meignan. Nous avons donc voulu créer un véritable terrain d’échange et d’innovation pour que chacun puisse s’exprimer afin de faire naître de nouvelles créations originales ».