On peut être un écrivain à succès en France depuis plus de dix ans, avoir publié huit romans chez Gallimard et vendu 100.000 exemplaires de l’un d’eux… et repartir de zéro aux Etats-Unis. C’est ce qui arrive Antoine Bello.
Malgré diverses tentatives, l’auteur des Falsificateurs, qui vit aux Etats-Unis depuis 14 ans, n’a pas trouvé d’éditeur dans son pays d’adoption. Il est loin d’être le seul écrivain français dans cette situation, mais il est l’un des rares à avoir voulu tenter sa chance coûte que coûte.
Il a ainsi négocié la reprise de ses droits anglo-saxons à Gallimard, et entrepris lui-même de démarcher des éditeurs américains. Cela ne l’a pas empêché de faire chou blanc : pour le moment, aucun agent littéraire – le mur à franchir pour contacter les maisons d’éditions – n’a mordu à l’hameçon.
A New York, de bonnes ventes en France ou le prix France Culture-Télérama (qu’il a décroché pour Les Eclaireurs) ne servent absolument à rien.“Le message que j’ai eu, c’est qu’on s’en fiche que vous ayez eu du succès en France. Les maisons d’éditions reçoivent tellement de manuscrits, elles n’ont aucune envie de se compliquer la vie avec l’aléa d’une traduction. Alors qu’elles ont plein de bons livres américains qui arrivent tous les jours”, explique-t-il, rationnel et calme.
Méthodique, Antoine Bello est alors passé à l’étape suivante : il a fait traduire lui-même cinq de ses romans, qu’il a envoyé à des agents – afin qu’ils aient la même réception que n’importe quel manuscrit américain. “J’ai envoyé un e-mail selon les codes de la profession, avec un petit pitch, à une vingtaine d’agents. Que des refus. Et quand j’ai eu un feed-back, on m’a dit que c’était trop intello, ou pas assez tourné vers l’action, bref, pas des best-sellers.”
Antoine Bello n’a pourtant pas baissé les bras : en ce mois de mai, il va publier cinq de ses romans traduits en anglais sur Amazon, sans maison d’édition. Avec le risque de se trouver complètement perdu dans la masse – son succès dépendra beaucoup des ventes et des commentaires de lecteurs sur le site.
Il insinue que ce travail de promotion n’a rien d’une partie de plaisir. “Honnêtement, ce n’est pas ce qui m’emballe, je préfère cent fois écrire”, confie-t-il. Pour ce père de quatre enfants, qui vit avec sa femme au nord de New York, il s’agit surtout d’une quête de reconnaissance. Et de cohérence avec l’endroit où il vit et où il construit sa vie. “Je veux pouvoir dire à des amis américains ou des gens que je rencontre ici qu’ils peuvent me lire en anglais, et mettre un pied dans le marché.”
Bref, pas du tout une question de porte-monnaie. De ce côté, Antoine Bello laisse entendre que tout va bien. A 46 ans, il continue de récolter les fruits de sa vie précédente : celle de patron d’une start-up de 400 personnes, rachetée à “un très bon prix” par un fonds de private equity en 2007.
Ecrivain-entrepreneur, ce n’est pas un pedigree commun. Même si son entreprise avait tout à voir avec l’écriture. Ubiqus, la société qu’il a créée au début des années 90 alors qu’il était étudiant à HEC, proposait des services de transcriptions écrites de réunions, séminaires ou conférences à des entreprises. C’est au travers d’Ubiqus qu’Antoine Bello est venu s’installer à New York en 2002, peu après que sa société y a ouvert un bureau.
Cette vie d’entrepreneur n’est pas complètement derrière lui. Elle imprègne toujours ses romans, tandis qu’Antoine Bello s’est mué en business angel, investissant dans des start-ups, individuellement et via des fonds d’entrepreneurs. Il a des parts dans une douzaine de sociétés, la moitié en France, l’autre aux Etats-Unis. “J’aime beaucoup cela, c’est assez grisant. Mais je ne veux pas non plus que cela me prenne trop de temps”, commente-t-il.
Il dit largement préférer écrire des livres, et passe de longues heures à se documenter sur ses sujets de recherches – en ce moment : la finance, l’intelligence artificielle – en particulier sur Wikipedia. Une encyclopédie qui le fascine, et qui l’inspire dans ses livres.
“On peut y absorber tout le savoir humain de manière mesurée, nuancée, raisonnable. Alors que sur Internet, c’est si facile de verser dans l’extrémisme et l’insulte. Wikipedia tourne avec 200 salariés, qui font un travail formidable. Ils ont une mission, un projet universel et méritent d’être encouragés”, dit Antoine Bello, qui contribue ou corrige régulièrement des pages.
En 2015, il a fait un don de 50.000 dollars à la fondation Wikimedia, l’équivalent d’une année de ses droits d’auteurs. Dommage que Wikipedia ne soit pas une maison d’édition.
Antoine Bello, écrivain à succès en France, sans éditeur aux US
La vie et la mort d'Anne de Bretagne mises en musique à New York
Ce n’est pas tous les jours qu’un hommage à Anne de Bretagne est rendu à New York. C’est pourtant ce qui vous attend le 17 mai à la Holy Trinity Lutheran Church (Upper West Side).
“The Body Untied” – le nom du concert – s’inspire de la vie et des funérailles en grande pompe de l’épouse de Charles VIII et Louis XII en 1514 à Paris. La partition jouée pendant la soirée est composée par Simon Frisch, un jeune virtuose qui vit entre New York et la Bretagne. Il est à l’origine du Festival Daniou, un programme de résidence pour musiciens internationaux en Bretagne. Des solistes issus du programme participeront à la représentation. L’événement, co-présenté par Festival Daniou et l’association des Bretons de New York BZH, s’inscrit dans le cadre de la Fête de la Bretagne 2016.
Anne Herzog réveille les volcans islandais à New York
Artiste française aux multiples facettes, Anne Herzog dévoile “L’île Infernale“, sa nouvelle exposition de peinture au Studio Vendôme, jusqu’au jeudi 20 juin. Le thème de son exposition : le volcan endormi de Snæfellsnes en Islande.
À la fois peintre, dessinatrice et productrice de documentaires, Anne Herzog a une âme d’exploratrice. En effet, l’artiste âgée de 29 ans voue un culte quasi-mystique pour l’Islande. Dans ses oeuvres, l’artiste utilise de la cire, du métal ou encore de la peinture acrylique et de l’encre sur toile. Ces peintures abstraites sont constituées de nuances de rouge, d’ocre et de noir. Pour ses création, l’artiste est allée puiser son inspiration dans la péninsule de Snæfell, située dans l’ouest de l’Islande.
Diplômée en 2010 d’un Master Cinema Panthéon Sorbonne, Anne Herzog s’inscrit dans le courant du “Land Art”, une démarche artistique où art et paysage se confondent.
Racheté par Comcast, StickyAds poursuit sa conquête américaine
“J’ai la voix cassée, car hier, on a beaucoup fait la fête. Il faisait beau, et Montpellier est une ville très… festive”, prévient Hervé Brunet, le patron de StickyAds, une start-up qui a créé une plateforme permettant aux médias de vendre de la publicité pour leurs vidéos en ligne.
Si toute son équipe d’ingénieurs levait le coude, c’était pour célébrer le rachat de sa société, StickyAds, par le géant américain des télécommunications Comcast.
Le montant évoqué par Business Insider est “d’au moins 100 millions de dollars”. “Je ne peux pas commenter. Il y a ce montant qui a circulé, mais d’autres sources disent plus…”, répond le patron de StickyAds, qui emploie 110 personnes, principalement en France (à Paris et Montpellier), mais aussi à New York et dans quelques villes d’Europe. Lancée en 2009, la start-up compte 7 000 clients.
Pour Hervé Brunet, qui a déménagé à New York en août 2015 avec sa femme et ses deux enfants pour développer StickyAds aux Etats-Unis, se faire racheter était la meilleure suite possible.“Il y a un gros mouvement de consolidation dans l’ad-tech, avec des acteurs gigantesques. Il fallait nous adosser pour réussir sur ce marché. Comcast, c’est un acteur énorme, leur chiffre d’affaires est équivalent à celui de Google !”
Le rachat n’est pas réalisé directement par Comcast, mais par FreeWheel, une start-up californienne acquise par le cablo-opérateur en 2014 pour 350 millions de dollars. “Avec FreeWheel, on avait signé un partenariat en septembre 2015, explique Hervé Brunet. Cela nous a donné l’occasion de mieux se connaitre et de voir qu’on avait des synergies fortes.”
Dans les faits, FreeWheel et StickyAds font à peu près la même choses, sauf que StickyAds permet aux médias de vendre leurs espaces de manière programmatique (automatique), “aux enchères, en temps réel, en créant une place de marché”, décrypte Hervé Brunet. “L’idée, c’est qu’à termes, nos deux technologies soient intégrées. A nous deux, on couvre l’ensemble des besoins de nos clients.” Des clients qui ne sont pas les mêmes : StickyAds est surtout implanté en Europe, avec des bureaux à Hambourg, Madrid, Amsterdam ou Milan, tandis FreeWheel opère essentiellement aux Etats-Unis.
“On est content d’avoir réussi, car ce n’est pas facile pour des Américains de racheter une boite francaise. Il y a des différences de législations, les documents sont en français, il faut des avocats des deux côtés de l’Atlantique…. Mais c’est faisable pour des start-ups qui ont une bonne traction et de la valeur ajoutée”, estime Hervé Brunet. “Je ne sais pas si nous sommes précurseur d’une tendance, en tout cas, j’espère que l’on va dépasser le traumatisme de l’échec du rachat de Dailymotion par Yahoo !”
Dans tous les cas, Hervé Brunet gardera ses équipes en France – tandis que le nombre de ses salariés à New York devrait passer de six actuellement à une vingtaine d’ici la fin 2016.
A Wanted Design, Sarah Lavoine veut incarner le chic parisien
“Mon rêve, ce serait de faire un hôtel à New York. J’adorerais ça”, dit Sarah Lavoine en regardant l’Hudson River derrière ses lunettes de soleil, sur la terrasse du Standard High Line, où elle loge pour quelques jours.
“New York, c’est ma seconde ville après Paris. J’y ai vécu un an dans une école de théâtre après mon bac, et j’y viens tout le temps, parfois même pour un ou deux jours. Je m’y sens chez moi”, poursuit-elle, resplendissante dans son style “effortless” chic : baskets noires, pantalon kaki, t-shirt blanc, et cheveux légèrement en bataille.
Décoratrice d’intérieur, designeuse de ses collections d’objets pour la maison, Sarah Lavoine est devenue une petite vedette à Paris. La femme de Marc Lavoine, avec qui elle a eu trois enfants, est la coqueluche d’Elle Décoration, Madame Figaro et de Marie-Claire Maison, incarnant un style moderne bobo, très “chic parisien” et intemporel.
Sarah Lavoine est à New York pour tester sa potentielle clientèle américaine au salon Wanted Design, où elle aura un stand jusqu’au lundi 16 mai (le salon est ouvert au grand public les samedi 14 et dimanche 15 mai).
“On arrive sur la pointe des pieds, et on va voir comment ça se passe”, commente Edouard Renevier, le directeur de la Maison Sarah Lavoine. “C’est la première fois qu’on participe à un salon. Même en France, on ne le fait pas, on n’en a jamais eu le besoin”, poursuit Sarah Lavoine.
Car la Maison Sarah Lavoine tourne déjà très bien. Elle emploie 20 personnes dans son agence basée dans le 1er arrondissement, a ouvert deux boutiques à Paris. Les hits de ses collections : les appliques en forme de bulbe en verre ou encore les miroirs aux formes courbées.
Ce printemps, la designeuse de 43 ans, qui est par ailleurs la fille d’un ancien directeur de Vogue, a fait une collection d’objets pour Monoprix. Elle lancera un parfum avec Atelier Cologne à la rentrée, et vient de terminer la décoration d’un hôtel, rue Saint-Roch, et la décoration du siège de L’Oréal Luxe à Levallois.
Elle travaille aussi sur une ouverture de boutique à Londres. New York, c’est le rêve d’après. Elle ne part pas de rien : depuis deux ans, Barney’s vend certains de ses objets à New York. “Ils nous disent que ça marche bien, donc tant mieux.”
Ses projets new-yorkais passeront par l’ouverture d’une boutique. “On est en train de réfléchir à l’endroit.” SoHo, le West village… “Les espaces ici sont dingues. Mais c’est une étape difficile, et beaucoup nous disent que ce n’est pas évident sans partenaire américain.” Egalement dans les cartons : la décoration d’un futur restaurant français à New York, la distribution de ses objets dans certains magasins…
A l’automne, son livre Ainsi soit style, les secrets du chic parisien, sorti fin 2015 en France chez Fayard, sera publié en anglais aux Etats-Unis. Un livre où elle partage ses “astuces déco, adresses préférées, recettes de cuisine simplissimes, trucs mode et beauté faciles pour avoir du style du soir au matin”, nous promet la description.
Une dose de people, un peu de mode et de chic parisien : le cocktail a tout pour réussir en Amérique, et mettre Sarah Lavoine sur orbite.
Vendée Globe: montez à bord du bateau StMichel-Virbac à New York
Le Vendée Globe ne commencera que le 6 novembre, mais les participants à la compétition de légende se retrouveront à New York pour une course préliminaire qui s’élancera le 29 mai au pied de la Statue de la Liberté pour se terminer aux Sables-d’Olonne.
Pour l’occasion, le biscuitier Saint-Michel propose à cinq lecteurs de French Morning de monter à bord du monocoque StMichel-Virbac et de rencontrer le skipper Jean-Pierre Dick. Rendez-vous le vendredi 20 mai 3pm à la North Cove Marina de Manhattan près de Battery Park City. Une distribution de produits Saint-Michel aura lieu jusqu’à 4pm.
Remplissez le formulaire ci-dessous pour participer au tirage au sort:
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Loi El Khomri: ce texte "modeste" qui achèvera Hollande selon la presse US
Revue de presse. Aux Etats-Unis, il n’y a pas que Frank Underwood qui réagit à la loi El Khomri (ou “Loi travail”). La presse aussi s’y intéresse.
Plusieurs titres américains rapportent les difficultés du gouvernement de Manuel Valls à faire passer cette loi controversée, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale jeudi après le recours à l’article 49.3. Pour l’Associated Press, la réforme est la “plus audacieuse qu’un gouvernement français, de droite ou de gauche, a tentée depuis des années et a causé des manifestations parfois violentes dans les vignobles comme dans les banlieues” . L’agence souligne cependant que le texte “est relativement modeste, surtout depuis que le gouvernement l’a allégé pour répondre aux demandes des syndicats.”
Un texte modifié certes, mais qui “coûte beaucoup au président français sur le plan politique” selon le Wall Street Journal, pour lequel l’usage du 49.3 a “accru la division du parti socialiste à un an de l’élection présidentielle. ” Le Washington Post va dans le même sens. Comparant les manifestations anti-Loi travail aux “révoltes étudiantes de mai 68” , le quotidien américain décrit l’opposition de certains députés socialistes comme “le désaveu public d’un gouvernement de plus en plus impopulaire, vu comme politiquement impuissant et en décalage par rapport aux intérêts de ses propres supporters.”
Le New York Times a déjà scellé le sort de François Hollande. “Si les sondages cités dans les médias français sont crédibles, les électeurs l’ont abandonné depuis longtemps, lui et son sourire rassurant qui semblait synonyme d’un nouveau départ pour la France il y a quatre ans. A l’image du chat Cheshire (personnage d’Alice au pays des merveilles, ndr), son sourire pourrait bien être la seule chose qui restera de lui.”
“Un système défaillant”
Dans une chronique, l’Américaine vivant en France Pamela Druckerman affirme que “la loi, affaiblie après de longues négociations, ne changera pas le système” et se demande ouvertement: “Pourquoi les Français sont-ils tellement attachés à un système défaillant” . Son explication: ils “pensent que l’emploi est un droit fondamental, garanti dans le préambule de la Constitution – et que faciliter le licenciement est un affront à ce principe. Sans CDI, vous êtes considéré comme nu face aux forces indifférentes du capitalisme.” Aussi, “les débats économiques sont souvent présentés comme des luttes politiques” , où les faits économiques s’effacent devant les personnalités.
Cette résistance au changement se produit alors que les Français sont malheureux au travail selon la chroniqueuse, qui utilise l’exemple d’un ami en CDI mis au placard et les accusations d’harcèlement et d’agressions sexuelles contre le Vert Denis Baupin. Elle va jusqu’à qualifier de “misérable” le quotidien des employés français. “Quelle que soit l’action du gouvernement, l’emploi est de moins en moins sûr” estime-t-elle. “Je ne veux pas affronter le capitalisme désarmée non plus, mais il doit y avoir un juste milieu entre la rue et le placard.” La France le cherche mais ne l’a pas trouvé.
Loi travail: Frank Underwood titille Manuel Valls sur twitter
Frank Underwood a un avis sur tout, y compris Manuel Valls et son recours au 49-3 pour faire passer la controversée Loi El Khomri (dite “Loi travail”).
Les gestionnaires du compte twitter de la série “House of cards” dont Underwood est le personnage principal ont envoyé, mercredi, une petite pique au premier ministre français, en première ligne pour faire passer le texte adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. “La démocratie est tellement surfaite” , peut-on lire, sous un gif du président américain machiavélique, joué avec brio par Kevin Spacey.
@manuelvalls Democracy is so overrated. #LoiTravail #49al3 pic.twitter.com/yadC6ODoVO
— House of Cards (@HouseofCards) May 11, 2016
Si Frank Underwood a tout à coup un avis sur cette loi française, c’est aussi parce que la saison 4 de la série est disponible en France depuis mars, sur Netflix.
Bon joueur, Manuel Valls a répondu par un tweet, en citant Churchill:
.@HouseOfCards Dear Frank, Democracy is the worst form of Government, except for all others 😉 Never forget! pic.twitter.com/d2pDA5dnsg
— Manuel Valls (@manuelvalls) May 11, 2016
Les twittos ont ensuite ressorti quelques gifs et images rigolotes du premier ministre français, dont celle-ci:
Well then, @HouseofCards : let's mix them ! 😉 #CroisonsLes #LoiTravail@manuelvalls pic.twitter.com/7O0ompOgs4
— GuillaumeTC (@GuillaumeTC) May 11, 2016
La "Bretagne Tech" s'affiche à New York
Paris a de belles start-ups, mais la Bretagne aussi. Trois jeunes pousses bretonnes ont participé jeudi à une soirée de pitches organisée par l’accélérateur international Venture Out NY, aux côtés d’onze start-ups italiennes. Leur nom: B.Sensory (fabricant du sex-toy connecté Little Bird), Klaxoon (solution pour rendre les formations plus interactives) et NDMAC Systems (bars connectés autonomes).
“On a fait un très beau CES (Consumer Electronics Show, ndr) à Las Vegas, où nous avons gagné un Innovation Award. On voulait revenir aux Etats-Unis pour rester dans une logique internationale, prendre le temps de rencontrer des avocats, apprendre à faire une levée de fonds, s’informer sur les visas. C’est un processus qui se prépare en amont. Nous ne voulons pas venir aux Etats-Unis avant 2017” , explique Christel Le Coq, fondatrice de B.Sensory.
Les trois start-ups ont été sélectionnées par un jury de professionnels de la tech bretons et américains au terme d’un concours organisé par l’association bretonne-américaine Breizh Amerika. “En Bretagne, je rencontrais souvent des entrepreneurs qui me disaient qu’ils voulaient venir aux Etats-Unis, mais qu’ils n’avaient pas de contacts à Paris. Je leur répondais: pour faire du business aux Etats-Unis, pas besoin de connaître quelqu’un à Paris. Il faut avoir un contact à New York, comme moi, explique Charles Kergaravat, le fondateur américain d’origine bretonne de Breizh America. On nous disait que personne ne participerait au concours. Mais en six semaines, on a eu 46 dossiers. Des super dossiers.”
A New York, VentureOut leur a monté une série de rendez-vous avec des VCs et des ateliers thématiques destinés à faciliter leur éventuelle traversée de l’Atlantique. “Il y a beaucoup d’entreprises françaises qui viennent aux Etats-Unis, mais qui restent entre Français. Ici, ils sont dans un environnement américain, où ils peuvent pratiquer leur anglais” , poursuit Charles Kergaravat, qui regrette que les start ups bretonnes soient sous-représentées dans les programmes d’accélération ciblant la French Tech.
Dans le trio breton, certains entrepreneurs ont déjà un pied aux Etats-Unis. NDMAC Systems, la société de Pluguffan (Finistère), a déjà installé un de ses bars connectés, où chaque client peut se servir une mousse à l’aide d’un bracelet électronique, dans le Milwaukee.
Klaxoon, qui peut aussi s’enorgueillir d’avoir décroché un Innovation Award au CES de Las Vegas en janvier, a profité de son passage à New York pour former trois nouveaux clients à son outil destiné à rendre plus stimulantes les réunions et les formations en entreprise. “Il y a 500.000 utilisateurs de Powerpoint. On pense qu’on peut faire mieux, souligne Matthieu Beucher, fondateur de la société qui dispose d’une équipe de trente personnes à Rennes. Les Etats-Unis ont un écho particulier pour nous. C’est un pays extraordinaire pour changer les méthodes de travail.”
Thierry Daupin, un rugbyman globe-trotteur à Austin
Au rugby, la forme ovale du ballon fait qu’on ne se sait jamais où il va rebondir. La même loi s’applique à Thierry Daupin… Et c’est probablement lié à sa passion viscérale pour ce sport.
Au terme d’un parcours qui l’a mené de France à Hawaï puis au Texas, ce Nîmois de 37 ans est depuis un an le “general manager” (mais aussi demi d’ouverture) d’une des deux équipes de rugby d’Austin, les Huns, dont la saison vient de s’achever.
Après des études de sport, il débute comme joueur pro (top 14 + équipe de France espoirs) avant qu’une grave blessure ne mette fin à sa carrière. Il décide alors de vivre sa passion du sport à travers la communication. Chassé par Oxbow, il se passionne pour la glisse et s’occupe des relations avec les athlètes sur les évènements autour du monde.
A force de voyager à Hawaï, il y rencontre sa femme et s’y installe en 2009. Il y crée une agence de marketing sportif mais surtout, et contre toute attente, redécouvre le rugby, ce sport qui lui avait permis, adolescent, de rester dans le droit chemin en lui inculquant les valeurs de « respect des règles, des autres, l’esprit d’équipe, fraternité…».
Quand, à l’autre bout du monde, il s’aperçoit que le rugby est un sport majeur, il retombe dedans. « En partant à Hawaï je pensais faire du surf tous les jours et voilà que je me rends compte que c’est aussi une terre de rugby. » En effet, l’archipel situé au milieu du Pacifique est peuplé de Polynésiens (Samoans, Fidjiens…) Il rejoint donc une des dix équipes de l’île mais, en bon numéro 10, il aime bien distribuer le jeu. Il dirige le développement des structures locales et crée un buzz autour de l’équipe à l’aide de vidéos YouTube et de relations-presse auprès des 2.500 clubs de rugby aux Etats-Unis. Développer des projets de zéro, « en particulier ceux dont personne ne sait par où s’y prendre » , plaît à cet homme de défis.
Il faut un sacré goût du challenge pour pousser un amoureux du rugby à venir s’installer au Texas, patrie du football américain. Faire passer les valeurs collectives de l’ovalie au pays de l’individualisme n’est pas chose aisée. Mais l’homme sait aussi très bien où il met les pieds. Il intègre un projet ambitieux: Les Austin Huns seront professionnels en septembre. Troisième plus gros club du pays en nombre de licenciés, le club est en train de se doter des infrastructures et de l’encadrement d’une véritable franchise (ancien coach des Springboks, complexe de 15 ha, académie pour la formation…) L’équipe, qui a terminé la saison à la quatrième place (sur 7) de sa division, a certainement une marge de progression. « Le rugby est là où le soccer était il y a 10 ans. C’est le sport collectif avec la plus forte croissance de licenciés aux US.»
Alors dans un environnement où tout est à construire, Thierry Dupin est dans son élément et se plaît dans un rôle d’ambassadeur du rugby. Pas certain donc qu’il rebondisse ailleurs tout de suite.
A L'Appart, la cuisine est presque comme à la maison
En ouvrant les portes de L’Appart, Le District apporte à sa halle française son ultime pièce, et sans doute sa pièce maîtresse: un restaurant transformé en appartement pour dîner chez un chef français.
A L’Appart, vous êtes invité à manger chez un ami. Mais pas n’importe lequel puisque le chef français Nicolas Abello, qui a fait ses armes chez Gérard Vié, Pierre Gagnaire et Daniel Boulud, se trouve derrière les fourneaux. Passées les portes de cet appartement aménagé au coeur du District, vous êtes accueilli par le maître d’hôtel George Thomas et son cocktail à l’hibiscus en guise d’apéritif. Avant de rejoindre votre table, il vous invite à saluer le chef à travers sa cuisine ouverte sur la salle à manger. Tournées vers le plan de travail, les tables vous permettent de suivre la danse de la brigade -composée de seulement trois personnes- tout au long de votre repas. Nicolas Abello, lui, multiplie les coups d’oeil vers la salle pour saisir la réaction de vos papilles.
Banquettes et coussins, tapis, étagères décorées de cadres et de vases, tableaux, plantes vertes et armoire remplie de vaisselle, la décoration laisse penser qu’on se trouve dans la salle à manger d’un appartement chic. Pour un service personnalisé, L’Appart ne sert que 28 convives par soir. Mieux qu’à la maison, si vous êtes végétarien, pescétarien ou si tout simplement un plat du menu ne vous inspire pas, indiquez-le à votre hôte et le chef improvisera une autre recette. Et pour cela, il ne manque pas de provisions. Implanté dans Le District, il peut piocher à l’envie dans tous les produits que la halle française a à offrir.
Atmosphère détendue
“On répond aux besoins de chaque client mais sans pour autant être pompeux, affirme George Thomas. On ne veut pas être snob ou prétentieux, l’atmosphère ici est détendue.” Dans la salle à manger, les conversations entre amis vont bon train. Au risque, pour certains, de passer à côté de ce concept de cuisine ouverte qui vous invite à vous déplacer et à échanger avec le chef. A la fin du service, celui-ci prendra le temps de s’adresser à ses convives et de s’installer à une table pour faire connaissance.
Si l’atmosphère n’est pas guindée, l’exigence, la rigueur et le travail se retrouvent néanmoins dans les assiettes pour nous offrir une cuisine d’excellence. Asperges vertes et vinaigrette saupoudrée, devant nous, de copeaux de truffe fraîche, turbot fumé accompagné de fenouil confit ou encore crème et glace au citron sur un biscuit chocolat. Le pain lui, sorti du four “au moment où vous passez la porte de l’établissement“, est servi encore chaud accompagné d’un beurre du Vermont et d’un sel à la truffe. Délicats et savoureux, les mets sont sublimés par des accompagnements à la fois originaux et percutants.
Un menu différent chaque semaine
“Je pars sur ce que j’ai envie de cuisiner et en fonction des produits de saison, explique Nicolas Abello. Je n’aime pas quand il y a trop de goûts en même temps. Je choisis un produit et je le décline selon différentes textures.” Chaque semaine, des changements sont apportés au menu pour coller au mieux aux produits de saison et proposer des plats différents aux clients qui reviennent. Le menu dégustation, présenté dans un carnet griffonné des recettes et dessins du chef, se décline en trois formules, de six à douze plats. Chef de son premier restaurant, on ne serait surpris de voir Nicolas Abello bientôt décoré d’une étoile Michelin.
Mais ne dîtes pas au maître d’hôtel qu’il s’agit d’un restaurant français! Si le chef est français, il est bien le seul. “Ne vous attendez pas à manger un boeuf bourguignon ou un steak-frites, s’offusque comiquement George Thomas. Nicolas Abello n’est pas un traditionaliste. Il utilise et respecte les techniques de la cuisine française mais n’en est pas prisonnier”, ajoute-t-il avant de mimer un vieux maître d’hôtel grincheux représentant selon lui les restaurants français où personne ne sourit.
George Thomas aux commandes, votre expérience promet d’être haute en couleur. Mais le rire et l’excentricité de cet ancien de Bouley, Daniel, Alain Ducasse et Del Posto n’empiète en rien sur la qualité du service. Une attention constante vous est portée, jusqu’à la petite boîte de chocolats remise à votre départ. Ceux qui voulaient faire “comme à la maison” ont réussi à faire mieux.