Le Cronut a toujours un succès délirant. Deux ans après son lancement, la création hybride du chef français Dominique Ansel suscite toujours un engouement déconcertant à New York.
“Chaque matin, il y a entre 100 et 150 personnes qui font la queue. Cela ne s’essouffle pas”, constate Dominique Ansel, qui entretient le buzz en ne produisant chaque jour qu’une quantité limitée de Cronuts, et en créant un nouveau parfum tous les mois. Ses 400 Cronuts quotidiens sont écoulés chaque jour avant 10 heures.
Et pourtant, il n’y aura pas un seul Cronut à la Dominique Ansel Kitchen, la nouvelle boulangerie-pâtisserie-café que le chef français va ouvrir le 29 avril dans le West Village, sur la 7ème avenue south. Dominique Ansel veut se renouveler.
Le concept est en plein dans l’air du temps. “DAK” (le surnom officiel de Dominique Ansel Kitchen) comportera 25 places assises à l’intérieur et 25 à l’extérieur – et un large trottoir pour faire la queue. L’espace sera organisé “comme un amphithéâtre”, avec au milieu une grande cuisine où les clients pourront voir leur mousse au chocolat “en train de se faire” et leurs desserts commandés “cuits à la minute”. “L’idée, c’est de laisser entrer les gens dans la cuisine, qu’ils fassent partie du spectacle”, nous explique Dominique Ansel. Entre six et dix pâtissiers seront à la manoeuvre, préparant une tarte au citron, ou donnant la touche finale à un millefeuille.
Que pourra-t-on y manger ? La carte se veut originale. Dominique Ansel proposera une mousse au chocolat légère, “où l’on pourra choisir la quantité de chocolat”. Il y aura aussi une nouvelle version du kouign-amann, un brownie chaud aux feuilles de sauge, des beignets au matcha, un croissant aux amandes avec une touche de lavande, un croissant jambon-boursin-prosciutto, un egg-sandwich à l’encre de sèche, un croque-monsieur cuit au four…
Le chef a aussi imaginé une recette de pain au chocolat rond, ouvert, avec plus de chocolat et un beurre à l’orange. “Les gens se plaignent toujours qu’il n’y a pas assez de chocolat dans le pain au chocolat”, justifie-t-il.
D.A Kitchen comportera aussi un espace de type restaurant sur réservation, avec un menu de dégustation de huit desserts, dont le thème changera deux fois par an.
Mais s’il n’y aura pas de Cronut chez D.A Kitchen, il y en aura beaucoup dans la nouvelle boulangerie que Dominique Ansel va ouvrir à Tokyo le mois prochain. Il s’apprête à y passer un mois, pour former l’équipe. “Les Japonais sont très friands de pâtisserie française, et on anticipe un gros succès”, raconte le pâtissier français. Seront-ils aussi nombreux dans la file ?
Avec sa nouvelle boulangerie, Dominique Ansel veut sortir du Cronut
Yasmina Reza jouée à New York
Jouée à Londres, Paris et New York, elle raconte l’histoire de trois amis qui se prennent le chou après que l’un d’eux a acheté un énorme tableau complètement blanc. Les étudiants ont rencontré l’auteure de la pièce lors de son passage au 92 Y et à la librairie Albertine en février pour la sortie de la traduction anglaise de son livre Heureux les Heureux.
La performance, gratuite, est en français.
"Le Sang du Poète" de Cocteau à Austin
Jean Cocteau s’invite à Austin ce mardi 28 avril. L’Austin Film Society projette “Le Sang du Poète” (“Blood of a Poet”), son chef d’œuvre expérimental.
Le film de 1932 raconte l’histoire d’un artiste confronté à l’une de ses statues qui prend vie. Pour le moins déconcertant. Enrique Rivero joue le poète et Lee Miller la statue dans ce film qui laisse entrevoir les futures œuvres de Cocteau, comme Orphée ou Le Testament d’Orphée. Les spectateurs apprécieront notamment les costumes réalisés par une certaine Coco Chanel.
Le film dure 49 minutes.
Nuit de la Philosophie: y aller ou ne pas y aller?
Léger vent de panique chez les Services culturels de l’Ambassade de France. La page Facebook de la “Nuit de la Philosophie” new-yorkaise affiche plus de 13.700 “joined”, synonyme de personnes qui ont l’intention de venir à l’évènement. Si tout le monde vient, la réflexion risque de devenir une sérieuse prise de tête. “On peaufine les détails, mais nous sommes prêts” assure Mériam Korichi, curatrice de cette nuit philosophique.
De la philosophie “à profusion”, rythmée par des performances artistiques accessibles au grand public durant une nuit entière. Tel est le concept qu’a imaginé et mis en oeuvre la philosophe et dramaturge française Mériam Korichi, sur demande de l’Ecole Normale Supérieure en 2010. Le pari était original, mais risqué. Pourtant, depuis cinq ans, “La Nuit de la Philosophie” – dont les trois premières éditions ont eu lieu à Paris, Londres (en 2012 et 2013) et Berlin – réunit chaque année plusieurs milliers de noctambules, et fait intervenir prés de 60 philosophes contemporains, avec de nombreuses performances artistiques, des chansons, des comédiens, des vidéastes et des DJ. Pour sa cinquième édition, l’événement se tiendra à New York, dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 avril de 7pm à 7am.
“Ce n’est ni un colloque, ni un festival, c’est les deux à la fois” explique la fondatrice de l’évènement, qui souhaitait allier dès le départ “le sérieux de la conférence au ludique de l’art” .
“La nuit de la philosophie”, dont le succès s’est répandu “principalement par bouche à oreille” , est organisé cette année par les services culturels de l’Ambassade de France et l’Ukrainian Institute. Pour l’occasion, les organisateurs, qui se trouvent au coin de la 79eme rue et de la 5eme Avenue, ouvriront leurs portes au grand public, tout comme la librairie Albertine Books, la librairie de l’Ambassade.
Le choix de New York ne s’est pas fait par hasard. “D’une part, nous avons été sollicités très tôt par les services culturels de l’ambassade, raconte Mériam Korichi, et c’est surtout une ville d’artistes où le concept de rapping, de visibilité de la parole, est très fort” .
“A chaque fois, l’évènement ressemble à la ville où il se déroule, et s’adapte à la culture, à la langue de la population” ajoute-elle. Cette année donc, “La nuit de la philosophie” se déroulera intégralement en anglais. Mais le principe, lui, reste le même : enseigner et divertir avec 62 intervenants dont 30 venus de France, des conférences d’une vingtaine de minutes, et des performances artistiques “libres et libertaires” , dont l’une durera 12 heures. Parmi les intervenants, on retrouve les philosophes français Barbara Cassin, Jean-Pierre Dupuy, Bruno Karsenti, Francis Wolff “et forcément beaucoup d’intellectuels new-yorkais” .
Faisant fi des protestations contre la conférence programmée de l’intellectuelle Monique Canto-Sperber – accusée par un groupe d’universitaires dans Mediapart d’avoir fait oeuvre de censure contre “les Palestiniens et les critiques des politiques de l’Etat israélien” en 2011 -Mériam Korichi rappelle que la liste des invités a été composée très librement par “les 56 départements universitaires américains spécialisés en philosophie” .
Parmi les thèmes abordés, on citera : “La vie intellectuelle doit-elle être ennuyeuse?” , “La direction du temps” , “Cela en vaudra-t-il la peine ?” , ou encore “Une aventure dans les plaines” . Dans les prestations notamment, quatre acteurs feront une lecture de “La philosophie dans le boudoir” du Marquis de Sade, dans un vrai boudoir de l’Ukraine Institute. La discussion “Pouvons-nous rationellement préférer notre non-existence? Les réflexions de Rousseau sur la logique du nihilisme et du suicide” à 3:30 du matin ou “En défense du scientisme” à 2:50 risquent d’avoir du mal à passer. Il y aura heureusement du café et des croissants.
Jarvis, l'app des avocats, quitte Houston pour la Silicon Valley
Financée jusqu’ici à hauteur de 650.000 dollars par des investisseurs privés, la start up Jarvis créée à Paris il y deux ans s’apprête à rencontrer des capitaux risqueurs de la Silicon Valley et les fonds d’investissements de sociétés aussi prestigieuses que Google, IBM, Oracle ou Sales Force.
La start up a été sélectionnée, avec seulement sept autres jeunes pousses d’origine française accompagnées par Business France, pour participer à la seconde édition d’Ubi i/o, un programme d’accélération avec lequel les fondateurs de Jarvis ambitionnent de lever deux millions de dollars en dix semaines, du 25 avril prochain jusqu’au 3 juillet.
« Depuis un an, nous avons atteint un bon équilibre entre les Etats-Unis, qui aiment être à la pointe de l’innovation, et la France où nos clients en cabinets juridiques et très petites entreprises (TPE) continuent encore d’explorer le cloud », explique le vice-président Amérique du Nord de Jarvis, Anthony Yeremian, qui a lancé la filiale américaine de l’entreprise à Houston, où il avait suivi sa conjointe, l’année dernière.
L’entreprise a été co-fondée par son frère Alexandre, le PDG de Jarvis, et Martin Bussy, le responsable des opérations de la start up. Son objectif: faire gagner du temps aux TPE (Très petites entreprises) en leur offrant un gamme de services (décompte des heures, production de factures, gestion des tâches et de la messagerie…). Au-delà de la solution Jarvis Legal, pour les cabinets d’avocats, la start up prépare le lancement de Jarvis Small Business pour des petites entreprises de tout horizon.
L’effectif de la start up s’est étoffé et compte désormais une petite dizaine de développeurs ainsi que des commerciaux pour un total de treize personnes.
A l’issue du programme d’accélération Ubi i/o, le PDG de Jarvis envisage de s’établir dans la Silicon Valley tout en continuant de superviser l’internationalisation de la start up. Déjà forte d’« un millier d’utilisateurs répartis dans quatorze pays d’Europe de l’Ouest, d’Afrique du Nord, en Russie, au Brésil et aux Etats-Unis, Jarvis s’apprête à s’implanter en Espagne en partenariat avec les éditions juridiques Dalloz et au Luxembourg en partenariat avec le principal distributeur de logiciels pour cabinets juridiques du pays », indique Anthony Yeremian. Jarvis a de beaux jours devant elle.
A Brooklyn, une église de gospel bien francophile
Des églises qui jouent du gospel à New York, il y en a beaucoup. Mais des églises qui jouent du gospel “multiculturel”, comme la First Presbyterian Church of Brooklyn, il y en a beaucoup moins. La petite église de Brooklyn Heights, à l’origine caractérisée par sa communauté blanche et traditionnelle, a progressivement construit son identité sur un “multiculturalisme volontaire” qu’elle véhicule et transmet à travers sa musique gospel. La chorale, qui s’est inspirée des églises afro-américaines traditionnelles, attire les visiteurs du monde entier. Nos compatriotes français les premiers.
Il y a un prés d’un an, French Morning citait la First Presbyterian Church of Brooklyn dans son article sur les 7 églises les plus originales pour écouter du gospel à New York. Depuis, la chorale voit le nombre de ses spectateurs français croître chaque dimanche. “C’est un vrai plaisir de rencontrer ces Français lors de nos concerts du dimanche matin, et les entendre nous dire qu’ils nous ont trouvés sur French Morning”, se réjouit Chris Neuner, musicien et audio-technicien au sein de la chorale.
La chorale, qui a sorti son deuxième album “Where I am” en novembre dernier, est désormais écoutée dans le monde entier. “Depuis que nous postons nos musiques sur Soundcloud, nous somme écoutés en Afrique du sud, en Corée, en Angleterre…” raconte Chris Neuner. A la tête de ce projet, sa femme, Amy Neuner, occupe le rôle de directrice musicale de l’église. Le couple, originaire du Wisconsin, a rejoint la chorale en 2000. A l’époque, le pasteur afro-américain Paul Smith, envisageait d’initier l’église au gospel. “Quand nous sommes arrivés, la chorale comptait seulement six personnes, majoritairement blanches, et restait surtout très classique. C’est avec l’influence de Paul Smith et son initiation au Gospel que l’église a opéré un changement culturel”.
Aujourd’hui, la troupe , qui “rassemble tous les âges, les origines et les traditions” , compte plus d’une trentaine de fidèles, dont certains sont des habitués des scènes new-yorkaises, comme la soliste Bertilla Baker ou le chanteur Mykal Kilgore. Une diversité qu’Amy Neuner entend exprimer à travers les choix musicaux de la chorale. La troupe se rassemble ainsi, chaque semaine, pour décider des chansons qui seront interprétées le dimanche matin, et n’hésite pas à mêler gospel traditionnel et contemporain, jazz, folk ou airs plus pop. Une musique “diverse, à l’image de la congrégation.”
Carte: les escales de l'Hermione aux Etats-Unis
L’Hermione est en route pour les Etats-Unis. Premier arrêt : Yorktown, où la réplique du navire de La Fayette arrivera le 5 juin. Plusieurs autres haltes, dans des hauts-lieux de la révolution américaine, sont programmées pendant cette tournée nord-américaine, dont la derniere étape sera Lunenberg (Nova Scotia) le 18 juillet.
Point d’orgue de ce voyage 2015 : le passage devant la Statue de la Liberté le 4 juillet.
Cliquez sur les marqueurs rouges pour plus d’informations sur la destination (le voyage commence au sud):
Café-réunion de l'asso des enfants "dys" APEDA à Manhattan
APEDA New York, l’association des parents d’enfants dits « dys » (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysphasie, dysorthographie) ou précoces, tiendra son premier cafe-reunion à Manhattan le mardi 28 avril à 9am.
French Morning vous a parlé de ce groupe de parents qui s’est formé dans le Westchester en janvier. APEDA New York, antenne new-yorkaise d’APEDA, a pour objectif constituer un réseau de parents et de professionnels francophones des « dys » (psycho-motriciens, orthophonistes…) et organiser des discussions publiques autour de thèmes liés à l’apprentissage. La première, qui a eu lieu en janvier à Larchmont, avait pour sujet le stress des enfants expatriés.
La réunion à Manhattan, au Pain Quotidien (708 Third avenue), aura pour but de présenter l’association, de partager des expériences avec les parents présents et de mettre en place un groupe de soutien à New York. RSVP avant vendredi 24 avril.
Pour Charles Rivkin, TAFTA doit "prendre en compte les sensibilités culturelles"
Le Secrétaire d’Etat adjoint américain à l’Economie était l’invité d’honneur de l’Alliance Françaises de Los Angeles. French Morning en a profité pour l’interroger sur les très controversées négociations sur le traité transatlantique. Terrain miné!
Face à l’hostilité croissante de l’opinion européenne à l’encontre du traité de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis (TAFTA – TTIP en anglais), discuté depuis lundi à huis clos à Washington, le secrétaire d’Etat adjoint aux affaires économiques Charles Rivkin a relativisé les craintes suscitées par cet accord controversé.
“Il s’agit d’un traité important qui va transformer la relation entre les Etats-Unis et l’Europe”, a expliqué à French Morning, mardi 21 avril, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en France, quelques minutes avant de se voir remettre le prix de l’Alliance Française, en marge du festival de cinéma COLCOA, à Hollywood.
“Les protestations et la méfiance que suscite cet accord sont basées sur une désinformation de l’opinion. C’est souvent le cas lorsque des négociations n’ont pas encore abouti à un accord: l’absence d’éléments concrets favorise toutes sortes de spéculations qui engendrent des peurs”, a estimé Charles Rivkin, très impliqué dans ce dossier.
Le futur accord vise à supprimer les barrières douanières et règlementaires entre les Etats-Unis et l’Europe, ce qui aboutirait à la création du plus grand marché du monde. Au risque d’affaiblir certaines normes sociales, environnementales et culturelles, estiment certains. Plusieurs manifestations “anti-TAFTA” ont éclos en Europe et dans diverses villes de France ces derniers jours.
Charles Rivkin est convaincu qu’une bonne compréhension des spécificités de la culture française (et plus largement européenne), est la clef des négociations. “Il faudra faire preuve d’une véritable sensibilité culturelle pour parvenir à un accord. Il est par exemple essentiel dans ces négociations de vraiment comprendre la notion de terroir”, souligne-t-il.
“Lorsque j’étais ambassadeur en France, j’ai rencontré lors d’un salon de l’agriculture une éleveuse de brebis de Lacaune, qui produisait le lait utilisé pour le célèbre Roquefort, fabriqué dans la région depuis des centaines d’années. J’ai compris en l’écoutant pourquoi il était si important pour elle que des producteurs de fromage du Wisconsin ne puissent pas utiliser la même appellation. Je ne suis pas en train de dire qu’on ne négociera pas dans ce domaine. Mais il est nécessaire de comprendre un contexte culturel pour pouvoir avancer et négocier efficacement.”
Interrogé au sujet des divergences entre la France et les Etats-Unis dans le dossier iranien (qui a abouti à un accord-cadre à Lausanne le 2 avril dernier et dont les négociations ont repris à Vienne mercredi), Charles Rivkin a nié toute tension entre les deux pays. “Il faut rappeler que c’est grâce à l’action de l’Europe et des Etats-Unis, que l’Iran est aujourd’hui à la table des négociations. A l’heure actuelle, il y a certes encore beaucoup de travail. Mais nous collaborons en ce moment même étroitement en tant que partenaires du P5+1 (France, Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et Allemagne), dans l’espoir de trouver, ensemble, une solution.”
Tournée californienne pour la franco-chilienne Ana Tijoux
Avant d’effectuer une tournée européenne au printemps, la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux s’apprête à enchaîner quatre dates en Californie, du 22 au 26 avril.
Passée par la côte Est ces dernières semaines, de New York à Miami en passant par Washington, l’artiste née à Lille assure la promotion de son dernier album “Vengo” (sorti en 2014), tout en soulignant ses engagements politiques et sociaux. “Selon moi, toute musique ou toute création artistique est politique”, se plaît à souligner Ana Tijoux. “Il s’agit d’une manière de s’affirmer, de marquer sa différence ou de résister à la violence du monde. Le message ou le combat politique s’y ajoute donc naturellement.”
Militant pour plus de démocratie et de transparence en Amérique du Sud, mais également impliquée dans la défense de certaines minorités du continent ou auprès des femmes victimes de violences, la jeune femme utilise sa musique et ses concerts pour transmettre ses idées, comme elle le fera à Los Angeles et Santa Ana en compagnie d’autres artistes chiliens.
Cette tournée sur le sol américain constitue d’ailleurs un paradoxe selon elle. “Je suis née en France car mes parents avaient fui la dictature de Pinochet au Chili. Une dictature dont les Américains étaient en partie responsables. Lorsque j’ai effectué mes premiers concerts aux Etats Unis, je m’y suis rendue comme on va au combat. Mais j’ai vite vu le décalage entre la politique et la population. J’ai appris à aimer les Américains.”
Si Ana Tijoux se pose porte-parole lors ses concerts ou de ses interventions publiques, son message ne prend toutefois pas le pas sur la force de sa musique. Nommée l’an passé aux Grammy Awards dans la catégorie “Album latino de l’année” et aux Latin Grammy Awards pour la “Chanson de l’année”, la rappeuse est l’une des valeurs sûres de la scène sud-américaine.
Sa vocation n’est pas née au Chili, mais en France, où la jeune femme a vécu jusqu’à 16 ans. “J’ai grandi dans le Nord et à Paris, au moment où le hip hop était en pleine explosion. Mes amis étaient de toutes les nationalités, toutes les origines. Notre absence de repères et nos cultures diverses se sont retrouvées dans cette musique. J’ai beaucoup appris et évolué grâce au rap, mais aussi grâce à cette richesse culturelle qu’offrait la France.”
Toutefois, si la langue de Molière était partiellement utilisée dans son album référence “1977” (sorti en 2009), Ana Tijoux s’exprime avant tout en espagnol, pour chanter les maux du Chili, mais aussi l’espoir de la population. Un univers musical, politique et social que les spectateurs californiens découvriront tout au long de la semaine.
IAM à Awty: "C'est formidable d'être ici"
Dans la salle de théâtre de l’école Awty (Houston), Hugo alias « Little H » fait rimer quelques phrases lors d’une dernière répétition devant ses camarades de classe attentifs. Ses acolytes de scène bougent en rythme derrière lui. La musique hip-hop s’arrête. Dans quelques minutes, ils présenteront leur version de la chanson “Nés sous la même étoile” devant le groupe qui l’a écrite: IAM .
Le conseiller consulaire UMP-UFE Jean-François Bonneté est l’instigateur de la rencontre : “Nous sommes ravis d’accueillir IAM dans cette école qui regroupe plus de 50 nationalités différentes, et qui est un symbole fort à Houston de la diversité et de l’ouverture aux autres. Cela fait donc parfaitement écho à ce projet et à cette chanson.”
A Awty, des élèves de six classes de 2nde de la section internationale et française ont présenté leur version de “Nés sous la même étoile” ou une illustration liée à son message d’égalité. Des élèves ont choisi d’accompagner la chanson par une vidéo, de créer un poster ou un globe avec des petites diodes lumineuses pour marquer les inégalités entre pays riches et pays pauvres. D’autres ont repris la chanson en traduisant les paragraphes en six langues différentes.
D’autres enfin, (dont Hugo, Yann et Pierre, devenus fans du groupe) ont réécrit les paroles en gardant la musique. Toujours sur le thème des inégalités, avec le filtre de l’expatriation et les privilèges qui y sont souvent rattachés. Les membres de IAM sont attentifs.
Pour Akhenaton, cette rencontre correspond aux valeurs du groupe. “C’est formidable d’être ici, dans ce lycée, autour de ce thème… Ce qui est commun aux textes, aux messages et aux oeuvres qu’on a vus, c’est la volonté de partage, de non-prédestination. On peut influencer les choses. Qu’on vienne d’un milieu aisé ou d’un milieu modeste, ce qui importe, c’est ce qu’on a là” , dit-il en pointant son cœur.
Shurik’n et Kephren confirment : “Comme les élèves l’ont illustré, les cartes distribuées à la base ne sont pas les mêmes. Après c’est une question de volonté… »
Akhenaton remercie les étudiants, fait des photos. Les élèves sont ravis, le groupe aussi. “On n’est pas blasés au bout de 20 ans de venir à la rencontre du public. Moi, ce qui m’impressionne déjà, c’est de voir ces jeunes, avec ce côté multiculturel, affirme Shurik’n. C’est eux qui vont faire changer les choses” .
Marine Le Pen en starlette à New York
Après la “normalisation”, la “glamorisation”. Invitée par Time Magazine, Marine Le Pen est venue à New York en mode tapis rouge.
Vêtue d’une robe longue bleue, au bras de son compagnon Louis Aliot en smoking, la présidente du Front National ne boudait pas son plaisir d’être au milieu des “beautifuls” américains, de Kanye West et Kim Kardashian à Julian Moore et tous les invités qui partagaient avec elle l’honneur d’être parmi les “100 personnes les plus influentes du monde” de 2015 selon Time Magazine. L’économiste français Thomas Piketty, l’un des deux autres Français figurant dans la liste des 100 (avec la scientifique Emmanuelle Charpentier), n’a lui pas fait le déplacement (ni aucun des leaders mondiaux du classement, d’Angela Merkel au Premier ministre indien Modi ou le nord-coréen Kim Jong-un).
Les curieux massés autour du tapis rouge devant le Time Warner Center sur Columbus Circle à Manhattan n’ont aucune idée de qui est Marine Le Pen et, informés, n’en ont cure. Mais elle s’arrête devant la quinzaine de journalistes français venus tendre leurs micros et oreilles.
La “candidate anti-système” se réjouit curieusement d’être reconnue au milieu des puissants et des privilégiés. “C’est un honneur qu’une Française, une politique française, puisse être là ce soir et je crois que c’est la reconnaissance de la prise en compte d’un mouvement politique qui est en pleine dynamique, qui traverse non seulement la France mais aussi l’Europe”.
Lors de son dernier déplacement à New York, en octobre 2011, Marine Le Pen avait soigné sa stature internationale (avec des rencontres plus ou moins réussies à l’ONU ou au Congrès). Cette fois, elle soigne son image “people”: outre le diner de gala, elle s’est offert une balade en bateau autour de la Statue de la Liberté en compagnie de Paris Match. Mais elle n’oublie pas la politique française et son propre avenir politique puisqu’elle profite de l’interview avec Olivier O’Mahony, le correspondant de Match à New York, pour revenir sur sa “rupture” avec son père avec lequel elle assure “ne plus parler“.