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Dominique Crenn: «Je suis une amoureuse éternelle de la Californie»

Un an après la révélation du nouveau design de son restaurant Atelier Crenn à San Francisco, la cheffe française et triplement étoilée Dominique Crenn finalise le nouveau menu qui rythmera l’année 2024. Une année riche qui se concrétisera au mois de mai prochain par son mariage et des projets aux États-Unis et en Europe.

« Dans la vie, il faut savoir se remettre en question, explique la cheffe. La vie, comme la cuisine, est un long mouvement et j’ai toujours souhaité faire évoluer ma vie et mes projets. 2023 a été une année importante où nous avons réinvesti beaucoup dans la nouvelle configuration et le nouveau décor du restaurant Atelier Crenn et du bar adjacent Bar Crenn. »

Un «large melting-pot» source d’inspiration

Confié au décorateur d’intérieur Ethan Tobman, meilleur ami de sa compagne, et avec lequel elle collabora sur le film « The Menu » – « une expérience géniale où chaque plat a été créé de façon à ce que les acteurs puissent ressentir et manger avec émotion » -, le décor d’Atelier Crenn révèle désormais une grande salle à manger boisée, poétique avec sa longue structure lumineuse plissée en papier, mystique aussi avec ses paysages de nature japonaise plongés dans le brouillard, une région dont raffole Dominique Crenn.

« Pour la partie menu, c’est l’histoire de la Californie que j’aime et que j’ai envie de mettre à l’honneur cette année. Cette région est d’une richesse inouïe en terme d’influences, de cultures, de liens à la terre. Un large melting-pot dans lequel je puise mes idées. » Après un premier menu l’an dernier proposé sur la terre du Nord au Sud de la Californie, des influences chinoises et japonaises, celui de cette année s’inspirera de la mer et du littoral californien. « La mer est cet espace qui n’appartient à personne et qui dictera mon menu cette année avec un ancrage particulier sur la cuisine de légumes et les poissons. »

Le restaurant Atelier Crenn à San Francisco

Pour ce faire, la cheffe misera sur les produits cultivés dans sa propre ferme, Bleu Belle Farm dans la vallée de Sonoma, sur les trésors des petits producteurs et des pêcheurs de la région. « Je ne suis pas végétarienne ni vegane, mais ma philosophie est bien de lutter contre toute forme d’agriculture industrielle. J’en fais mon combat personnel et je milite depuis longtemps pour stopper cette industrialisation de la nourriture qui détruit le monde. Mes grands-parents venaient de la campagne, ont fait leur carrière comme petits producteurs. Je tiens cela d’eux et je pense inévitablement à ce que mangeront les futures générations, et mes deux enfants. »

Collaboration avec une maison de luxe française

Après une année 2023 marquée par l’ouverture du restaurant Golden Poppy à l’Hôtel La Fantaisie à Paris, sa participation au juré de Top Chef, et la signature des menus La Première et Business Air France il y a quelques jours, Dominique Crenn devrait donc concentrer toutes ses attentions sur San Francisco cette année, une ville « exceptionnelle en cuisine – 28 restaurants sont couronnés d’au moins une étoile Michelin -, et l’une des plus belles au monde. Les gens ont tendance à se concentrer uniquement sur le négatif, mais croyez-moi, il fait bon vivre à San Francisco et les gens sont adorables. »

Outre son restaurant étoilé, Dominique Crenn s’attèlera dans les prochaines semaines à l’organisation de son mariage, au Mexique, « une des régions que j’adore au monde, et notamment toute la péninsule du Yucatan » et devrait annoncer d’ici quelques mois une collaboration prestigieuse aux côtés d’une maison de luxe française. Débarrassée d’un cancer, amoureuse, et adorant recevoir chez elle, à Sausalito ou dans sa maison de Los Angeles, Dominique Crenn voit 2024 comme une année radieuse et terriblement californienne.

Hélène Drummond, de l’immuno-oncologie à l’écriture de romans

Un jour, j’écrirai un livre. Nombreux sont ceux qui l’ont rêvé ou dit, mais peu sont passés à l’acte. C’est pourtant le cas de la médecin belge Hélène Drummond, qui a changé de carrière et vient de sortir son troisième roman, La Sagesse du Papillon, publié aux éditions d’Avallon.

Cette vocation est arrivée tard pour celle qui a commencé sa carrière comme médecin en hôpital. Après avoir vécu à Bruxelles et à Singapour, elle pose ses valises à New York en 2014, avec son mari et ses deux enfants. Elle passe dans l’industrie pharmaceutique et décroche un emploi prestigieux de directrice médicale dans la recherche clinique en immuno-oncologie, un métier « passionnant » mais aussi très intense et exigeant. Rapidement, elle grimpe les échelons. « J’ai une personnalité perfectionniste, on me donnait de plus en plus de responsabilités et je ne savais pas dire non », se souvient-elle. Elle est à deux doigts du burn-out, lorsque le destin l’oblige à décrocher : un problème de santé de son fils, si bien qu’elle quitte son emploi pour l’accompagner dans son traitement.

Passage à l’écriture

Elle prend alors la résolution de se consacrer à son autre passion : la littérature. Fervente lectrice depuis le plus jeune âge, Hélène Drummond décide de prendre la plume. « J’avais commencé à écrire et cela me plaisait beaucoup, mais je ne m’étais jamais autorisée à imaginer en faire mon métier ».

Elle sort son premier roman, une romance new-yorkaise, rebaptisée Plus jamais seule pour Thanksgiving, en auto-publication en 2020. Puis un recueil de nouvelles, Mensonges Innocents, l’année suivante. Parmi elles, une nouvelle, Enlèvement, retient l’attention de la maison d’édition Avallon, qui la contacte pour republier ces deux premiers ouvrages à son compte.

Devenir écrivain, «un processus de long terme»

Et lui commande un troisième roman : La Sagesse du Papillon, un roman psychologique à suspense, dans lequel une disparition est vécue du point de vue de trois personnages. On y suit les réflexions intérieures d’une petite fille, Vanessa, qui cherche l’attention et l’amour de sa mère Charlotte, une bourgeoise aisée de province qui a une double vie, entre égoïsme et souffrance. Et enfin de sa babysitter américaine Ivy, qui entre dans une faille dysfonctionnelle. La situation s’envenime et la tension monte, avant un dénouement inattendu. Un roman qui a reçu de belles critiques, pour le plus grand plaisir de son autrice. « J’aime analyser la psychologie humaine, suivre les personnages et les faire évoluer. C’est fascinant de suivre les méandres de l’âme humaine ».

Hélène Drummond est totalement épanouie dans cette nouvelle vie. « C’est un processus de long terme de devenir écrivain. Il m’a fallu un vrai travail sur ma confiance en moi, trouver une routine et une discipline, mais c’est si enrichissant ». Elle travaille déjà sur le prochain livre, une romance entre New York et la Belgique. Mais ce ne sera pas une « rom-com », prévient-elle.

En Floride, la Nuit des Idées porte conseil sur le monde de demain

« Outside the Lines » (« Hors des lignes »), tel est le thème retenu pour la nouvelle édition de la Nuit des Idées, ce marathon nocturne de débats, discussions et performances artistiques coorganisé par la Villa Albertine et l’Institut Français dans une vingtaine de villes aux États-Unis. 

En Floride, ce rendez-vous annuel gratuit se tiendra le samedi 24 février de 6pm à 10pm à la librairie Books & Books de Coral Gables. Un événement autour de la pensée contemporaine durant laquelle le public réfléchira et philosophera autour du sous-thème « The Day After Yesterday » (« Le lendemain d’hier »), choisi en clin d’œil au film catastrophe de Roland Emerich « Le Jour d’après », qui interpelle sur les conséquences du changement climatique.

Les nouvelles technologies, la gentrification, l’activisme social et autres grands défis de notre temps seront aussi au cœur des échanges qui réuniront des activistes, artistes, auteurs et universitaires, parmi lesquels le paysagiste et pépiniériste engagé Éric Lenoir et l’historien Sébastien Marot, qui essaieront de répondre à la question « l’agriculture urbaine est-elle contre-culturelle ? », mais aussi le journaliste Guillaume Pitron, auteur notamment de deux essais consacrés aux ressources naturelles nécessaires aux nouvelles technologies.

À Miami, une immersion dans la série télévisée «Friends»

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Nostalgie, quand tu nous tiens. Les fans invétérés de « Friends », certainement la série télévisée américaine la plus culte de tous les temps, ont rendez-vous à la Friends Experience. L’exposition immersive prend ses quartiers jusqu’au printemps dans le centre commercial Aventura Mall, au nord de Miami, et permet à ses visiteurs de plonger dans l’univers de Chandler, Monica, Rachel, Ross, Joey et Phoebe.

Cette attraction rassemble pas moins de douze salles où ont été recréés, dans les moindres détails, les décors iconiques de cette sitcom, dont le dernier épisode a été diffusé il y a quasiment vingt ans. Vous pouvez ainsi déambuler dans la cuisine de Monica, vous détendre dans les fauteuils de Chandler et Joey, mais aussi reproduire l’une des scènes cultes en tentant de faire passer le canapé de Ross dans la cage d’escalier. Il est aussi bien évidemment possible de prendre place dans le légendaire canapé orange de Central Perk, le café où la bande de six amis new-yorkais ayant marqué les années 1990 avaient l’habitude de se retrouver.

Publié le 24 octobre 2023. Mis à jour le 7 février 2024.

Damien Zouaoui: Après un tour du monde, j’ai lancé le Beer Spa dans la capitale de la bière aux États-Unis

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Il y a presque un an, au cœur de Denver, lors d’une soirée romantique dans un spa à bière, j’ai croisé le chemin de Damien Zouaoui. Co-propriétaire du lieu, Damien est le maestro derrière une histoire à la fois passionnante et unique. Originaire de la région parisienne, il a grandi avec des rêves d’entrepreneuriat aussi grands que la tour Eiffel, désirant créer une entreprise, inventer un concept original et semer des emplois comme des pétales de roses.

Son destin a pris une tournure inattendue lorsqu’il a bousculé un quidam dans un bar parisien alors qu’il regardait un match de foot avec ses potes. Cet inconnu, un Américain, est devenu son mentor en affaires, lui ouvrant les portes de l’opportunité outre-Atlantique. Malgré un anglais balbutiant, Damien s’est retrouvé parachuté à New York, la ville de tous les possibles. C’est dans cette fourmilière urbaine qu’il a croisé le chemin de Jessica French via une application de rencontre. À ce moment-là, Jessica, experte en recrutement et passionnée d’entrepreneuriat, s’apprêtait à s’envoler pour un tour du monde. Un tour du monde auquel Damien a décidé de se joindre quelques mois plus tard.

L’histoire d’amour entre Jessica et Damien s’est tissée avec leur quête commune d’un projet entrepreneurial qui donnerait un coup de pouce à leur destin. Ensemble, ils ont sillonné la planète à la recherche de l’idée lumineuse. Après des milliers de kilomètres parcourus, c’est finalement en Pologne, sous une pluie battante, qu’ils ont annulé une randonnée prévue pour découvrir le concept du beer spa.

Le couple a remixé et affiné cette idée pour la ramener sur le sol américain, donnant naissance au Oakwell Beer Spa. Cet endroit unique propose une détente associant les bienfaits d’un spa à bière à une ambiance chaleureuse et conviviale. Leur duo d’entrepreneurs a fleuri avec succès, puisqu’une seconde succursale devrait ouvrir cet automne dans la banlieue de Highlands Ranch, au sud de Denver.

L’histoire de Damien et Jessica, c’est un mélange d’amour, de découverte de soi et d’entrepreneuriat. Le Oakwell Beer Spa incarne leur vision commune et leur passion pour l’innovation.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

[Vidéo] Conseils pour acheter un bien immobilier dans la région de Washington D.C. en 2024

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Quelles sont les étapes pour acheter en tant qu’expatrié dans la région de Washington D.C. ?

Au programme de ce webinaire gratuit d’une heure :
– Présentation du marché immobilier de Washington D.C. et ses alentours.
– Quels endroits privilégier en tant que nouvel acheteur ou investisseur?
– Présentation de différents types de biens
– Quels taux d’intérêt en 2024 ?
– Comment bien choisir et travailler avec son agent immobilier ?
– De la recherche au financement : comment s’y prendre et par où commencer ? 

Visionnez le replay du webinaire ci-dessous ou directement sur notre chaîne YouTube

Avec:
Mounira Al Hmoud, Realtor (VA, MD, et DC) et experte immobilier pour expatriés francophones
Contact: [email protected] / 202-599-7229 / CestLaVieRealty.com

Betty Benzakein, spécialiste des prêts hypothécaires conventionnels et jumbo pour les emprunteurs internationaux et nationaux chez HSBC
Contact: [email protected] / 516-341-6020

Graceland Wedding Chapel: Pourquoi autant de couples se marient à Las Vegas?

À la Saint-Valentin, Las Vegas va connaître un pic du nombre d’unions célébrées dans les dizaines de chapelles de la ville, capitale mondiale des mariages rapides. Parmi les plus anciennes, la célèbre Graceland Wedding Chapel. Cette petite chapelle a vu défiler des milliers d’anonymes et de célébrités venus s’y marier ou simplement renouveler leurs vœux, quand d’autres n’ont fait qu’y passer pour découvrir ce lieu mythique. Depuis sa création en 1939, l’établissement a ainsi organisé plus de 300.000 cérémonies.

Parmi les mariés célèbres, on peut citer Billy Ray Cyrus (le père de la chanteuse Miley Cyrus), Jon Bon Jovi, Lily Allen, des membres des groupes Def Leppard et Kiss, l’actrice Andie MacDowell et bien d’autres – de nombreux films et émissions y ont été tournés. Évidemment, impossible de ne pas citer le passage d’Elvis Presley. En 1967, le King s’est rendu à la Graceland Wedding Chapel (qui pourtant ne s’appelait pas encore ainsi à l’époque) avec sa future femme Priscilla Beaulieu afin d’y organiser la célébration de leur mariage. Mais faute de place pour accueillir ses 250 invités, le couple a dû choisir un autre site, la chapelle de l’hôtel Aladdin.

© Courtesy Graceland Chapel

« Graceland Wedding Chapel est un lieu important pour les gens qui y travaillent et surtout pour ceux qui s’y sont mariés, explique David G. Schwartz, professeur et historien à l’Université de Las Vegas. Le fait qu’elle ait été la première chapelle à utiliser un sosie d’Elvis comme officiant est significatif, car cette pratique a souvent été reproduite et représente une image emblématique de Las Vegas. La combinaison de ce fait et de la longue liste de personnes – célèbres ou non – qui s’y sont mariées, confère à cette chapelle un intérêt historique ».

La naissance d’un mythe

Graceland Wedding Chapel a été construite en 1927 par Ollie McKee, un colon écossais. Il s’agissait d’une petite maison familiale située sur South 5th Street (aujourd’hui Las Vegas Boulevard). C’est seulement en 1939 que le propriétaire décide de se lancer dans l’organisation de mariages en nommant sa maison McKee Wedding Chapel. Deux ans plus tard, il la rebaptise Gretna Green Wedding Chapel, du nom d’un village écossais. En 1977, à la mort d’Elvis Presley et en hommage à celui-ci, la chapelle devient Graceland Wedding Chapel. Cette même année, on y a organisé la toute première cérémonie de mariage au monde sur le thème du King.

Quelques décennies plus tard, en 2022, Graceland Wedding Chapel devient la première au monde à être autorisée par Elvis Presley Enterprises LLC à organiser des cérémonies autour du chanteur. L’établissement propose depuis de nombreux packages permettant à la mariée d’être escortée par un sosie avec la performance de chansons durant la cérémonie. Un vrai programme rock’n’roll !

© Courtesy Graceland Chapel

Le mariage à l’ère numérique

Face à la concurrence des autres chapelles, Graceland Wedding Chapel a toujours su se démarquer. En 2020 par exemple, l’établissement a présenté le premier renouvellement de vœux virtuel au monde pour un couple du Royaume-Uni avec 40 invités regardant la cérémonie sur Zoom. Les réseaux sociaux sont aussi mis en avant. Il est ainsi possible de diffuser la cérémonie en live sur la chaîne Facebook de la chapelle. Pour de futurs mariés, il faut savoir que les packages sont compris entre 249 dollars et 500 dollars pour le mariage VIP. Les cérémonies peuvent aussi être organisées dans de nombreuses langues, dont le français. Tous ces prix n’incluent pas les taxes et les pourboires. Bref, c’est un budget, mais ce n’est pas tous les jours que l’on se marie dans un lieu aussi mythique de Las Vegas. À vos alliances !

Pourquoi la chemise bûcheron est-elle si populaire aux États-Unis?

Pas besoin de vivre aux États-Unis ou au Canada pour l’avoir dans son armoire : la chemise à carreaux rouge et noir se porte dans tous les pays du monde, en hiver comme en été. Mais aux États-Unis, le « Buffalo plaid », pratique, chaud et confortable, est incontournable. Pourquoi est-il si ancré dans la culture américaine et quelles sont ses origines ? C’est la question bête de la semaine.

La légende du Buffalo plaid 

Aux États-Unis, on les surnomme « flannels shirts » , « red plaid shirts » , ou encore « Lumberjack shirts » (« chemises de bûcheron »). Les passionnés d’histoire et de textile aiment rappeler que le terme historique est « Buffalo plaid ». Randonneurs, hipsters ou cow-boys partagent pourtant le même modèle à carreaux, à quelques détails près. La chemise iconique américaine n’est pas née aux États-Unis, mais en Écosse et en Angleterre. Au XVIIIe siècle, les Écossais filent la laine pour produire de la flanelle et des tissus imprimés. Ce sont les tartans, ancêtres de la chemise à carreaux. Chaque clan écossais possédait alors son propre motif. Les tartans étaient même devenus un symbole d’opposition à la couronne d’Angleterre, car ils étaient interdits.

Usine Woolrich Woolen Mills en Pennsylvanie, vers 1880. © Courtesy Woolrich Woolen Mills

Une centaine d’années plus tard, un cardeur de laine nommé John Rich s’installe en Pennsylvanie et ouvre une usine à laine, la Woolrich Woolen Mills. Le jeune Anglais se fait vite connaître par les bûcherons locaux et par les trappeurs pour ses couvertures et chaussettes en flanelle. C’est en 1850 que John Rich créé la célèbre chemise en laine à carreaux rouge et noir. La légende raconte qu’un Écossais, John Mc Cluskey, se serait implanté dans le Montana. Lors d’une rencontre avec les populations amérindiennes, il aurait échangé des fameux tartans contre des peaux de bison. Les deux hommes se seraient ensuite entendus pour surnommer les chemises à carreaux « Buffalo plaid ». Une autre légende raconte que John Rich élevait des bisons d’Amérique en parallèle de ses activités commerciales.

Ancienne publicité Woolrich Woolen Mills.

« Tout le monde possède une chemise en flanelle »

Ce qui est certain, c’est que les chemises à carreaux rouge et noir connaissent un succès important auprès des cow-boys, des pionniers, des agriculteurs et bien sûr, des bûcherons. « Il fallait des vêtements pour se protéger du froid. C’est un textile qui est toujours chaud et très pratique, c’est plus qu’un héritage », explique Gayle Houlton, fondatrice de la société Rocky Mountain Flannel Company. Basée au Canada, l’entreprise de vêtements possède de nombreuses adresses aux États-Unis et dans plusieurs pays du monde. « Lorsque nous avons commencé, c’était surtout un modèle pratique. Depuis 2012, c’est devenu fashion. Aujourd’hui, tout le monte possède une chemise en flanelle. Australie, Afrique du Sud… Le monde entier vient dans ma boutique », assure la passionnée de textile qui a fondé cette marque en 1989 au pied des Rocheuses canadiennes.

La chemise Buffalo Plaid pour femme, un classique dans le catalogue de la Rocky Mountain Flannel Company. © Rocky Mountain Flannel Company

La chemise à carreaux a traversé les âges. En 1914, le personnage de bande dessinée Paul Bunyan devient un des symboles du folklore américain. Le bûcheron géant arbore une hache et une chemise à carreaux… rouge et noir. Puis, le groupe de musique The Beach Boys fait d’elle une véritable star, en portant un modèle pour la couverture du single « Surfin’ U.S.A. » dans les années 1970.

Enfin dans les années 1990, le leader du groupe de rock Nirvana, Kurt Cobain, fait de la chemise à carreaux un emblème du style grunge. 200 ans après sa création, la chemise Lumberjack continue de traverser les saisons et les styles, des comédies romantiques américaines, jusqu’aux marches des podiums de prêt-à-porter les plus célèbres.

Vie d’Expat: Je suis le complice d’une situation que je ne cautionne pas

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres sur l’épanouissement personnel.

Aujourd’hui, le récit de Sébastien, complice malgré lui.

« Je ne me définirais pas comme écolo, mais plutôt avec une « conscience écologique ». Je trie mes déchets, mais qui ne le fait pas ? J’ai levé le pied sur la viande il y a un bon bout de temps (avis aux amateurs de steaks : ça ne manque pas du tout). Je limite mes trajets au strict nécessaire. Quoi d’autre ? J’essaye d’utiliser le même sac pour les courses, de ne pas faire trop d’enfants (en l’occurrence, aucun. Si intéressée, écrire au Journal qui transmettra). Je m’achète un nouveau pantalon tous les ans. Rien de très impactant. Ce n’est pas moi qui vais sauver la planète. Mais on sait tous que les plus grandes marches commencent par un premier petit pas.

Seulement, j’habite aux États-Unis. Je vis dans une grande ville américaine – Washington. Et donc, par capillarité, je pollue. Ma voiture est une grosse voiture. Pas un monstre, mais pas une citadine non plus. Je fais beaucoup de route. Les routes sont immenses. Difficile d’y échapper.

J’essaie de me faire livrer le moins possible. Sauf que rien n’est à portée de marche. J’ai le choix. Prendre la voiture ou me faire livrer. Il doit exister un comparatif en terme d’empreinte carbone. Quoi qu’il en soit, je pollue.

J’essaie d’acheter ma nourriture sur les marchés, le Mount Vernon Triangle si vous connaissez. Mais ce n’est pas toujours possible et me voilà en supermarché à empiler des fruits et des légumes emballés individuellement, à acheter des boîtes dans des boîtes que je jetterai en arrivant chez moi.

Quoi d’autre ? En cherchant un peu, je suis sûr de trouver plein d’autres sujets. Par exemple, en ce moment même, vous savez comment je refroidis mon appartement beaucoup trop chauffé ? En ouvrant la fenêtre, bien sûr !

Alors vous savez, j’ai l’impression de participer à quelque chose de mal malgré moi, par lâcheté, et de ne rien pouvoir y faire. De me tenir à la table de gens grossiers et d’être obligés de rire à leurs blagues, parce que c’est la table que vous avez choisie et que, pour mille raisons, vous ne souhaitez pas en changer. J’ai vraiment l’impression d’être pris en otage et de participer, pas complètement malgré moi, à un comportement qui me déplaît. D’en être le complice. Et je me sens impuissant. Est-ce que je suis le seul à penser comme ça ? »

La réponse de French Morning

Merci pour votre témoignage, Sébastien. Non, vous n’êtes pas le seul à éprouver ce genre de contradiction. Pour y réfléchir, tournons-nous vers l’inépuisable La puissance des émotions de Michelle Larivey, à propos du sentiment d’impuissance.

Qu’est-ce que l’impuissance ?

L’impuissance est un état désignant l’incapacité ou l’impossibilité d’accomplir des actes ou d’atteindre un objectif. Il existe des cas d’impuissance réelle, et des cas où nous avons l’impression d’être impuissant mais où nous ne le sommes pas. Il arrive aussi que l’impuissance soit l’expression déguisée d’un sentiment.

À quoi sert l’impuissance?

L’impuissance met en évidence que des obstacles s’opposent à ma satisfaction, mais mon incapacité, ou ce que je crois être mon incapacité, m’empêche d’y parvenir. Le sentiment d’impuissance m’invite à faire la part des choses entre le pouvoir dont je dispose réellement et celui qui n’est pas entre mes mains. Cette clarification permet souvent de sortir de la paralysie où l’impuissance nous confine parfois.

Le sentiment d’impuissance recouvre différentes réalités vécues. Scruter ce vécu est la seule façon d’identifier ce qu’il cache.

Que faire avec l’impuissance ?

Sortir d’une impuissance qui n’en est pas une suppose que j’aie identifié ce que je n’ose pas faire, puis que je le fasse.

En complément de cette remise en perspective, écoutons les conseils de Tal Ben-Shahar, toujours plein de bons sens et d’optimisme.

« On est facilement dépassé par le nombre impressionnant de problèmes auxquels le monde est confronté. La baisse du niveau scolaire, l’élévation du nombre de scandales au niveau des entreprises, la crise économique… sans parler des guerres, de la pollution et du terrorisme. Comment ma petite personne, avec ses faiblesses et ses appréhensions, peut-elle espérer changer sensiblement les choses ? C’est vrai, la plupart du temps ces événements échappent à notre contrôle; pourtant, en tant qu’individus, nous avons bel et bien notre mot à dire – et nous n’imaginons pas à quel point. Je peux effectivement changer les choses dès lors que je choisis de m’engager corps et âme et de passer à l’action.

Le sentiment d’impuissance face aux grands problèmes du monde provient d’une certitude : notre contribution individuelle ne serait qu’une goutte d’eau dans la mer.

Mais si on trouve un moyen d’intervenir qui motive aussi d’autres gens – même s’ils ne sont pas très nombreux -, on peut réellement changer les choses.

Dans le village planétaire où nous vivons, les réseaux sociaux connaissent une croissance exponentielle, et nos initiatives provoquent un effet domino dans le temps et dans l’espace.

Introduisez un changement positif dans le monde. Passez le relais quand on vous a rendu service et incitez les autres à vous imiter. »

? Retrouvons-nous dans 15 jours.

✉️ En attendant, envoyez-nous vos histoires et vos questions à l’adresse : [email protected].

Rencontre avec Diane Ré, chercheuse à Columbia chez She for S.H.E

De Marseille à la direction d’un laboratoire à New York, il n’y a qu’un… grand pas.

Jeudi 8 février prochain, la communauté de femmes francophones à New York, She for S.H.E, vous invite à rencontrer Diane Ré, directrice de laboratoire sur les maladies neuro-dégénératives à Columbia, et à visiter en exclusivité son laboratoire de recherche de Columbia University.

Des travaux de recherche sur la maladie de Charcot (SLA)

Il y a tout juste 19 ans, une fois son doctorat en neurosciences en poche, la chercheuse française Diane Ré a quitté Marseille, sa ville natale et de cœur, pour accomplir son stage postdoctoral. Pour elle, aucune hésitation : New York l’attirait comme un aimant, et compte les plus grandes institutions de recherche d’excellence. C’est finalement le campus médical de l’Université de Columbia qui l’accueille pour des travaux de recherche sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie paralysante fatale aussi connue comme « maladie de Charcot ».

Après 3 années de post-doctorat, Diane racontera comment, contrairement à son intention initiale, elle décide de tenter sa chance dans le système académique américain ultra-compétitif, bien loin du système de recherche publique française. Elle progresse rapidement à chef d’équipe au sein d’un grand laboratoire du Centre du Motoneurone de Columbia, l’année où elle devient maman. Un virage complexe à négocier dans un métier passion, et dans un contexte concurrentiel dominé par les hommes. Mais grâce au soutien d’un papa impliqué à la maison, elle accepte, fin 2014, une position de chercheuse indépendante pour commencer son propre laboratoire de recherche.

La direction de laboratoire, un métier à multiples casquettes

C’est alors l’opportunité unique pour Diane de développer des programmes de recherche chers à son cœur autour du rôle des facteurs environnementaux (métaux lourds, pesticides, etc.) dans l’étiologie des maladies neurodégénératives comme la SLA. Mais ce n’est pas tout : dans les institutions de recherche américaines d’élites, les directeurs de laboratoire sont des chefs de petites entreprises. Elle doit ramener assez d’argent en financement de recherche pour payer 80% de son propre salaire en plus de ceux de ses employés et tous ses frais de fonctionnement. En plus de son métier, elle a dû apprendre à maitriser la gestion de projet, de personnel, de budget et la négociation. Réalisant à quel point elle avait manqué de formation, Diane a créé un atelier de développement professionnel autour de ces compétences de gestion et direction : le PI Crash Course.

Diane fera aussi découvrir les transformations actuelles du monde de la recherche à New York et répondra aux questions des participantes.

Et pour comprendre la maladie de Charcot, un magnifique documentaire, « Invincible été » (notre article ici), sera projeté ce mercredi 7 octobre au Lycée français, en présence d’Olivier Goy, entrepreneur et photographe, sujet du film. Entrée gratuite mais réserver sa place ici.

Brèves new-yorkaises: Circulation, portes anti-fraude et d’incroyables innovations

Comme tous les lundis, les grandes et petites histoires qui font de New York une ville sans égale.

? Depuis près de quatre ans, les habitants de Staten Island et les millions de personnes qui ont emprunté le ferry de Staten Island n’ont pas pu acheter la moindre bière pendant la traversée. Eh bien, réjouissez-vous, millions de voyageurs : la concession devrait rouvrir cet automne.

? Le « crédit pourboire » (tip credit), disposition permettant aux restaurants de payer un salaire de base inférieur au salaire minimum si l’employé reçoit des pourboires, pourrait être remis en cause. Selon ses détracteurs « le recours aux pourboires aurait créé un environnement dans lequel les employés sont victimes de discrimination et de harcèlement de la part de la clientèle ».

Ⓜ️ Pour lutter contre la fraude, les portes de secours – celles que les voyageurs empruntent en quittant le quai  – mettront six secondes à s’ouvrir. Ce temps d’attente, estime MTA, devrait dissuader de les utiliser, et donc de profiter aux resquilleurs.

Ⓜ️ Metro, toujours, 570 agressions ont été rapportées en 2023. C’est le plus grand nombre depuis 1996.

?‍⚖️ Après le procès de E. Jean Carroll contre Donald Trump, l’État de New York élargit sa définition légale du viol pour inclure diverses formes de contact sexuel non consenti, selon une loi signée par la gouverneure Kathy Hochul. Cette nouvelle définition facilitera le dépôt de plainte par les victimes de viol et permettra de poursuivre les agresseurs. La loi s’appliquera aux agressions sexuelles commises à partir du 1er septembre de cette année.

? À partir du 1er mars, toutes les entreprises de New York, quelle que soit leur activité, devront utiliser des containers fermés pour leurs déchets.

? Après Harlem, l’enseigne Lidl ouvre un magasin d’alimentation à Brooklyn et c’est quand même un peu de la France qui s’installe – même si l’enseigne est allemande.

? Votre enfant déjeune à la cantine d’une école publique ? Voici la carte de toutes celles qui ont été épinglées pour non-respect des conditions sanitaires – on parle quand même de cafards et de souris.

? Vous pouvez porter plainte contre un conducteur qui laisse tourner son moteur plus de trois minutes alors qu’il est garé – une minute près d’une école. Il suffit de le filmer et d’envoyer votre vidéo à la ville. Ce faisant, vous gagnerez 25% de l’amende qui va de 350$ à 2000$ en cas de récidives.

? Quelle est la ville la pire au niveau de la circulation ? Évreux ? (Toujours pas). Los Angeles ? Et non ! Surprise : c’est New York.  Cela dit, pour les Américains, les embouteillages sont le signe de la bonne santé de la ville : quand vous prenez votre voiture, c’est pour dépenser, n’est-ce pas ?

✈️ 144 millions de passagers ont transité par les aéroports JFK, LaGuardia et Newark Liberty International en 2023, soit une augmentation de 3% par rapport au précédent record de 140 millions en 2019.

?‍♀️ Selon une nouvelle étude, les policiers mettent en moyenne 16 minutes pour intervenir sur le lieu où l’infraction a été commise, soit près de deux minutes de plus qu’il y a un an.

? Si l’on en croit la marmotte, le printemps sera précoce.

? Cela fait un an que Flaco le hibou s’est échappé du zoo de NY. Et il va très bien.

? Les terrasses extérieures sont maintenues et pérennisées pour les prochaines années, mais elles devront se plier à une réglementation plus stricte sur la qualité des matériaux utilisés et la possibilité d’être facilement démontables si nécessaire.

? Le robot policier qui patrouillait à Times Square a été retiré de la circulation.

? La ville a dévoilé une innovation stupéfiante pour le ramassage des poubelles : un camion muni d’un bras mécanique qui soulève les bennes pour en vider les contenus. Fou, non ?

?? Et, dans le même ordre d’idée, côté innovation, les New-Yorkais ont été très impressionnés par le premier métro à passerelles ouvertes.

?‍♀️ La Ville voudrait faire payer aux géants de la livraison (Uber, DoorDash, Grubhub…) le remplacement des batteries de leurs livreurs.

⛽️ Selon une étude, 10% des automobilistes américains, soit 21 millions de personnes, parcourent en moyenne 110 miles chaque jour, ce qui représente 35% de la consommation annuelle totale d’essence du pays, qui, elle-même est près de 60% supérieure à celle de l’ensemble de l’Union européenne.

? Si vous faites laver votre voiture les week-ends, profitez-en pour faire laver votre chien dans une machine automatique.

? Une lettre vieille de 32 ans et glissée dans une bouteille a été trouvée dans la baie de Shinnecock.

? Donald Trump a dépensé 76 millions de dollars en frais d’avocat au cours des deux dernières années.

Migrants francophones à New York, la crise cachée

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La bonne odeur du café chaud se dégage de Tompkins Square Park, dans l’East Village. Ce mercredi 31 janvier, des volontaires de l’association de quartier EVLovesNYC s’activent pour remplir les gobelets et distribuer des repas chauds préparés dans une synagogue du coin. Devant eux serpente une file de plusieurs dizaines de migrants francophones venus d’Afrique de l’Ouest. Ils sont arrivés ces derniers mois à New York par la frontière sud des États-Unis en quête d’un nouveau départ.

Emmitouflé dans un gros manteau et une écharpe, Madiam découvre l’hiver de la Grosse Pomme: « Mes doigts sont gelés », avoue-t-il. Comme « 99% » des gens autour de lui ce jour-là, ce diplômé en beaux-arts et musicologie vient de Guinée. Il est Peul, une population persécutée et discriminée dans son pays par une ethnie rivale qui tient les rênes de l’administration et des forces de l’ordre. Pour arriver aux États-Unis, pays préféré à l’Europe où la politique migratoire s’est durcie, il a effectué un long et difficile voyage. De Guinée, il s’est rendu à Istanbul (Turquie), puis à Bogota (Colombie), avant de gagner la frontière américaine par tous les moyens possibles – « marche, bus, voiture, cheval… ».

Les bénévoles d’EVlovesNYC, dimanche 4 février 2024. © French Morning/Alexis Buisson

Il est entré sur le sol américain via l’Arizona, où il a été pris en charge par la police de l’immigration. « Certains de nos amis ont été tués en cours de route par les trafiquants. D’autres ont été torturés, traités de tous les noms, jetés dans des cachots pour forcer nos parents à payer des rançons, alors qu’ils sont pauvres eux-mêmes et abîmés par l’âge, dit-il. Mais je n’ai pas de regrets. Avec tout ce que nous avons traversé, je ne m’attendais pas à être en vie aujourd’hui. »

Besoin urgent de bénévoles francophones

Madiam est le visage d’une crise dans la crise. Dans l’ombre de l’immigration hispanique, des milliers d’Ouest-africains comme lui tentent de se faire une place à New York. Or, les interprètes et traducteurs manquent, ajoutant de l’incertitude et du stress à leur situation déjà dramatique. « Nous avons désespérément besoin de volontaires francophones », lance Michael Polenberg, l’un des responsables de Safe Horizon, une association qui vient en aide aux sans-abri et aux victimes d’abus.

L’ONG opère notamment un centre d’accueil sur la 125e rue à Harlem, où l’augmentation du nombre de migrants francophones a pris l’équipe de court. Elle recherche à présent des bonnes volontés pour faire l’intermédiaire pendant quelques heures en semaine. « Avec cela, nous pourrions être en mesure de mieux comprendre leur parcours et ce qu’ils ont vécu, ce dont ils ont peur et ce que signifie être en sécurité pour eux », explique Michael Polenberg.

Membre d’EVLovesNYC, Nathalie Sann Regnault essaie de combler les manques avec son énergie et son carnet d’adresses. En marchant le long de Tompkins Square Park, cette Parisienne installée à New York depuis plus de vingt ans lance des « bonjour, ça va ? » aux Africains qu’elle croise lors de la distribution de repas et les invite à se mettre dans la queue s’ils ne l’ont pas déjà fait. Auteure de six livres sur la Grosse Pomme, cette ancienne directrice de création sert d’interprète là où elle le peut, comme lors d’une récente conférence d’avocat sur le droit d’asile organisée dans le quartier. Avec le National Immigration Justice Center, une autre association d’aide aux immigrés, elle accompagne aussi les demandeurs dans la constitution de leur dossier. « Ces organisations ont tous besoin de traducteurs pour raconter le mieux possible l’histoire des demandeurs d’asile ».

Instagram will load in the frontend.

Migrants « invisibles »

En plus de donner de l’argent à EVLoves NYC, qui a dû ajouter des séances de distribution de repas en semaine pour faire face à l’afflux de migrants, elle encourage les Français de New York à rejoindre l’organisme pour partager de « l’humanité » avec ces francophones en détresse. Elle a d’ailleurs créé un groupe WhatsApp où elle relaie les besoins de traducteurs (pour le rejoindre, écrire à [email protected]). « Ces migrants sont très intelligents et courageux, mais quand ils arrivent à New York, ils ne savent pas parler anglais. Ils sont invisibles. Si nous avions des traducteurs, ou simplement des gens qui veulent leur parler cinq minutes en français au parc, cela leur donnerait une visibilité, assure-t-elle. Il y a un grand déficit de français ».

Nathalie Sann Regnault, volontaire française chez EVLoves / crédit: AB
Nathalie Sann Regnault, volontaire française chez EVLoves. © French Morning/Alexis Buisson

La situation est d’autant plus urgente que le quotidien des migrants se complique. Le maire de New York, Eric Adams, a décidé de raccourcir à un mois (contre deux précédemment) le délai qu’ils peuvent passer dans un foyer. Objectif : réduire la pression sur ces structures, débordées par les arrivées. Les associations ont condamné cette décision, affirmant qu’elle allait produire des légions de SDF.

Certains Africains rencontrés à Tompkins Square Park ont dit qu’ils ne savaient pas où ils allaient dormir le soir même et passeront probablement la nuit dans la rue, exposés aux maladies et à la violence. « Comme on doit changer de lieu tous les mois, cela rend plus difficile l’inscription dans les écoles. On nous demande tout le temps de changer d’endroit », explique Mamadou Diallo, un Guinéen arrivé récemment à New York avec son petit frère. « On souffre, mais nous demandons à Dieu de nous aider encore un peu plus ».

Il fait pourtant partie des chanceux : il a pu déposer sa demande d’asile, ce qui lui permettra, dans 150 jours, de postuler pour une autorisation de travail afin d’exercer une activité déclarée. Pour d’autres, cela  s’avère plus difficile. « Les avocats commis d’office sont débordés. On nous dit maintenant de contacter des juristes privés pour les demandes d’asile, mais ça coûte 5.000 dollars ! », lance un homme qui n’a pas souhaité donner son nom.

Ousmane Diallo, qui a fui la Guinée lui aussi, refuse de perdre espoir. Depuis son arrivée à New York il y a trois mois, cet étudiant enchaîne les abris. Malgré tout, il suit des cours d’anglais pour s’intégrer. Il espère passer son permis de conduire et suivre des formations professionnelles pour trouver un emploi. « L’homme est né pour travailler. Il faut se battre sans cesse pour sa vie et obtenir ce qu’on veut. C’est difficile actuellement mais on a l’espoir que ça va changer, dit-il. L’Amérique, c’est la grandeur ».