Ils habitent au coeur de la “Dead Zone”, ce Manhattan sous la 42e rue en grande partie privé d’électricité et d’eau courante.
Nicolas Grisouard le Français d’Auxerre et Louis-Philippe Nadeau le Québécois sont tous les deux en post-doc à l’Institut Courant de NYU. Après Sandy, ils ont sillonné de jour et de nuit le sud de Manhattan pour en immortaliser les quartiers fantomatiques. Gramercy, SoHo, Battery Park: ils ont voulu partager leurs photos avec les lecteurs de French Morning.
M. Grisouard a pris les photos de jour, M. Nadeau celles de nuit.
Un Français et un Québécois photographient la "Dead Zone"
Dominique Tougne, électeur indécis chez Obama
La bonne cuisine le passionne plus que la politique, à raison. Dominique Tougne est chef et il a dédié une bonne partie de sa vie à la cuisine française.
Originaire du Sud ouest, ayant grandi en Alsace, il travaille pendant quinze ans dans des restaurants parisiens avant d’avoir tellement ras-le-bol de la capitale qu’il devient impératif pour lui de partir. Vite. « Je me souviens être passé devant une agence de voyage à Boulogne-Billancourt, d’avoir vu le prix d’un billet pour New York, et de m’être dit ‘c’est abordable, je peux le faire’ ». Il le fait.
Il arrive à New York en décembre 1995, il a 30 ans et un CV séduisant de chef cuisinier français, ayant notamment fait ses armes aux côtés de Joël Robuchon. Après une expérience ratée à Atlanta, il est sur le point de refaire ses valises quand un chasseur de tête lui propose un poste à Chicago. Le voici embauché par le fameux Bistro 110, propriété d’un grand groupe de restaurants américains. Il y reste quinze ans. Puis Dominique Tougne se lance enfin : il ouvre le bistrot « Chez moi » en mai 2012, dans le quartier cossu de Lincoln Park, « le Neuilly-sur-Seine de Chicago », où sa soupe à l’oignon et son cassoulet font déjà fureur.
Entre-temps, en 1998, Dominique Tougne se marie à une Américaine originaire de Chicago, il acquiert ainsi la nationalité américaine et le droit de vote en 2005. « Je suis arrivé ici avec la conscience d’être un immigré, l’envie de m’intégrer, de respecter le système, de participer à la vie sociale, d’appartenir au groupe en somme », résume-t-il. Il se définit aujourd’hui comme un homme 50% Français (surtout en cuisine), 50% Américain (« le travail passe en priorité et j’aime les grands espaces »), marié à une Américaine 100% démocrate, « il paraît que ne pas l’être est inimaginable à Chicago », s’amuse-t-il.
Lui refuse les étiquettes et préfère se définir comme indépendant. Il a voté à droite aux dernières élections françaises mais tient à préciser, « le clivage gauche-droite ne me plaît pas beaucoup, je préfère m’intéresser aux compétences de chacun ». Aux Etats-Unis, il oscille entre vote républicain et vote démocrate. Et cette année, il est indécis. « En 2008, j’ai voté pour Barack Obama mais ce n’était pas par conviction… Je dirais que c’était presque un vote obligatoire, à défaut d’avoir un choix plus pertinent ». Dominique Tougne semble quelque peu désabusé. Il estime qu’à cause des lobbies, la politique américaine a perdu de son sens.
« Ce n’est plus qu’une affaire de sous », juge-t-il, ajoutant que cette année, « ça dépasse les bornes ». « On atteint les deux milliards de dollars de dépenses de campagne, tous candidats confondus… Il n’y a plus de limites ! Ils se présentent comme de bons gestionnaires mais semblent incapables de gérer ces dépenses-là, incapables de dire stop. Comment peuvent-ils agir de la sorte et nous dire de nous serrer la ceinture ? C’est insultant. Et au passage, ils perdent en crédibilité. »
Dominique Tougne estime en outre que le premier mandat de Barack Obama n’a pas « fait une énorme différence ». La réforme de la santé ? « Nécessaire, bien sûr », mais au final, il ne voit pas encore bien ses effets et se met donc à douter du résultat. « Actuellement, le prix des assurances est tel que je ne peux absolument pas l’offrir à mes employés ! C’est dramatique », explique-t-il.
Ainsi Dominique Tougne résume son trouble, « j’ai davantage d’affinités avec la façon de penser républicaine en matière de business et à la fois, aujourd’hui, quand on regarde le monde, la démarche sociale paraît inévitable ». Alors il ne sait pas, il ne sait vraiment pas comment voter le 6 novembre prochain. « Je crois que la gestion de l’ouragan Sandy va être déterminante », glisse-t-il, comme s’il voulait laisser une dernière chance à Barack Obama de le surprendre, ou au contraire de le décevoir.
Jean-Yves Thibaudet à Houston: Debussy sur le bout des doigts
Le pianiste français Jean-Yves Thibaudet sera au Jones Hall d’Houston le 8 novembre pour un concert d’exception.
Le musicien lyonnais, formé dans les plus grands orchestres du monde comme l’Orchestre national de Paris et l’orchestre philarmonique de Los Angeles, jouera pour son public texan un programme 100% Debussy. Son spectacle comprendra « Preludes », « Deuxième Livre », « Edition originale », « Suite Bergmasque », « Estampes » et « L’isle joyeuse », indique le programme.
En trente ans de carrière, M. Thibaudet a enregistré pas moins de 40 albums. Il s’est autant illustré sur scène qu’à l’écran. Son travail a en effet accompagné les images des films « Pride and Prejudice » ainsi qu’ »Atonement », qui lui a valu l’Oscar de la meilleure musique de film.
La pétanque texane a rendez-vous à Austin
Plus on est de fous, plus on rit. Le Heart of Texas Pétanque Club applique le dicton à la lettre.
Le groupe d’amateurs de pétanque d’Austin, fondé par le Français Arsene Dupin en 2008, ouvre pour la première fois son tournoi annuel, le Tony Graham Hot Senior Panache, à tous les clubs texans intéressés. La compétition aura lieu le 4 novembre.
Seule condition pour participer : avoir au moins 55 ans. Les membres devront s’acquitter de la modique somme de 10 dollars, 15 dollars pour les non-membres. Le tournoi est joué en doublettes panachées, ce qui signifie que les équipes de deux joueurs sont tirées au sort.
Cette rencontre au sommet aura lieu au Musée de la Légation française d’Austin.
Muse, des "Brits" au Madison Square Garden
Le titre de leur premier album de 1999 avait déjà exprimé les ambitions musicales de Matthew Bellamy, Dominic Howard et Christopher Wolstenholme : se faire un nom dans le “Showbiz“.
C’est leur chanson “Starlight” la bien nommée qui catapulte les trois membres du groupe de rock Muse aux cieux. Depuis la création du groupe en 1994, les trois Britanniques ont sorti six albums dont “The Resistance” (2009) pour lequel ils ont reçu le Grammy du meilleur album rock 2011. En 2012, leur morceau “Survival” a été nommée chanson officielle des Jeux Olympiques de Londres. C’est également l’année à laquelle ils sortent leur dernier album, “The 2nd Law”, dont ils chanteront des extraits en avril pour le public du Madison Square Garden.
L'UFE se met à la retraite
La retraite approche? Elle vous taraude ? Pour une sortie en beauté de la vie active, l’UFE (Union des Français de l’Etranger) de New York organise une réunion d’information sur les règles des droits à la retraite, le 12 novembre à 18h30. Une mise au parfum bienvenue pour nombre de Français de l’étranger peu coutumiers de leurs droits.
L’animateur de la réunion, Bruno Renardier, directeur de la société Assistance Retraite (ou Novelvy) spécialiste depuis 26 ans des questions relatives à la retraite, évoquera les règles d’obtention et de calcul des retraites dans les différents régimes, l’impact des conventions de sécurité sociale internationales sur la constitution des droits, l’impact d’une affiliation à la CFE, les règles liées au rachat de trimestres, les règles de cumul emploi-retraite, les règles liées aux pension de réversion. L’expert, loin de battre en retraite, répondra également aux questions du public.
Le consulat de France à Houston lance une enquête de satisfaction
Le consulat général de France à Houston mène une enquête de satisfaction auprès des Français du Texas afin de pouvoir améliorer la qualité des services rendus aux Français.
Jusqu’au 15 décembre 2012, les expatriés français installés dans le Lone Star State peuvent faire connaître leur niveau de satisfaction et leurs attentes relatives aux démarches administratives dans un questionnaire en ligne. Ce dernier porte sur des sujets divers tels que les horaires d’ouverture et la qualité de l’accueil par les agents consulaires.
Les services consulaires vous prient de le retourner au consulat par les moyens suivants:
courrier : Consulat général de France à Houston, 777 Post Oak Blvd, Suite 600, Houston, TX 77056
e-mail : [email protected]
fax : 713-572-2911.
Apéro à l'Alliance française de Dallas
Le 2 novembre, l’Alliance française de Dallas organise une soirée apéro dînatoire.
Deux avantages évidents à cette petite gâterie: déguster du bon vin et se faire des amis. Pour y participer, c’est 15 dollars pour les non-membres et 10 pour les membres.
La soirée, qui aura lieu de 18h30 à 20h30 dans les locaux de l’Alliance française, sera animée par Elise, une experte ès cuisine française, peut-on lire sur le site de l’Alliance. Une sélection de vins sera présentée par le magasin de vins La Cave Warehouse au cours de la soirée.
Français victimes de Sandy: le consulat cherche des solutions d'hébergement
Mis à jour avec le message du consulat sur l’hébergement. Le consulat de France est sur le pied de guerre.
L’administration a mis en place une cellule d’une « dizaine de personnes », selon Yann Yochum, porte-parole du consulat, qui suit en temps réel l’évolution de la tempête et vient en aide aux Français dans le besoin. « Pour l’instant, nous n’avons pas recensé de Français en danger », indique-t-il.
Dimanche, le consulat de France a mis en ligne une page destinée aux ressortissants français (voyageurs et résidants) dans la circonscription, qui comprend New York, le New Jersey, le Connecticut et les Bermudes. Cette page comporte notamment un lien vers des solutions d’hébergement, des informations sur l’évolution de la tempête et les transports ainsi qu’un numéro à composer en cas d’« extrême urgence ».
Alors que les eaux se retirent et que le vent se calme, le consulat appelle les Français de la région à « faire acte de prudence » et à suivre les consignes de sécurité données par la Ville et l’Etat de New York.
Mercredi, le consulat a demandé aux Français de New York et de Newark pouvant offrir des solutions d’hébergement temporaire de se manifester afin d’accueillir les “ressortissants français en difficulté“. Ils sont priés d’écrire un e-mail à chancellerie@consulfrance-newyork.org
Suzanne Guggenheim, la Française du Tea Party
De l’étudiante parisienne des années 1960, il ne reste pas grand-chose en apparence : Suzanne Guggenheim porte des T-shirts et prend sa voiture pour parcourir les quelques centaines de mètres qui séparent le tribunal où elle suit une formation de juge électoral et le restaurant où nous avons rendez-vous. « Même si je reste attachée à la France, je me sens Américaine », confie cette Française arrivée aux Etats-Unis il y a plus de trente ans.
Une chose pourtant n’a pas changé depuis les Trente glorieuses : Suzanne Guggenheim a toujours été engagée politiquement. Mais tandis qu’elle faisait partie des Jeunesses gaullistes quand elle étudiait à Sciences po Paris, son T-shirt arbore une citation de Ronald Reagan et sa voiture des autocollants de la Texas State Rifle Association (l’antenne locale de la NRA) et de la campagne de Mitt Romney, à laquelle elle participe activement.
Pour comprendre comment une Gaulliste ayant participé après Mai 68 à la fondation de l’UNI (Union nationale inter-universitaire), qui se présente aujourd’hui comme « la droite universitaire », en vient à participer au lancement du mouvement Tea Party à Houston après l’élection de Barack Obama, il faut reconstituer son parcours. Celui-ci commence en Hongrie. « J’y suis née le 6 juin 1944. Le médecin qui a accouché ma mère s’est écrié “Les Américains ont débarqué” au lieu de “C’est une fille” », s’exclame Suzanne Guggenheim.
Hongrie, Etats-Unis, Antilles
« Mon père a été tué avant ma naissance et ma mère engagée dans la Résistance a rejoint la Hongrie où il avait été porté disparu en se cachant de cave en cave pour fuir les totalitarismes nazi comme communiste. Nous n’avons pu rejoindre l’Hexagone qu’en 1947 », enchaîne la dynamique sexagénaire.
L’autre épisode violent dans la vie de Suzanne Guggenheim, c’est l’attentat perpétré contre son mari, alors dirigeant du patronat local en Guadeloupe, en 1980. « Nous avions rejoint les Antilles en 1977, quand Alain a obtenu son premier poste d’ingénieur des travaux publics à la Martinique et nous avons déménagé à la Guadeloupe en 1980, alors qu’une partie de la population réclamait le départ des métros et des békés [les personnes originaires de métropole et les descendants de colons] ainsi que l’indépendance. L’île avait subi une série d’attentats. Dirigeant de l’union patronale locale, mon mari avait convaincu ses membres d’entreprendre des réformes et les indépendantistes sentaient que les chefs d’entreprise reprenaient la main. Ils leur envoyaient des lettres de menace.
Et puis le jour où tous les gendarmes ont été réquisitionnés pour assurer la sécurité de Valéry Giscard d’Estaing à l’aéroport, notre voiture a été bloquée alors que nous nous rendions au travail. Je n’oublierai jamais le regard de haine du chauffeur conduisant le véhicule qui nous avait coupé le passage. Je me suis tournée vers Alain pour lui demander de repartir en arrière. Mais il était couvert de sang. Heureusement, la balle qu’il a reçue à la poitrine avait été ralentie par la vitre de la voiture puis par un bouton de chemise. Elle s’est arrêtée juste avant son cœur. Une enquête a été lancée. Mais la première mesure de Mitterrand quand il a été élu a été d’amnistier les indépendantistes guadeloupéens. Cela signifiait que si nous accusions les auteurs de l’attentat de tentative d’assassinat, nous pouvions être poursuivis pour diffamation ! Nous avons alors décidé de rejoindre le pays de la liberté : les Etats-Unis ».
Le choc Obama
Pour cela, ils ont du se réinventer. En l’occurrence, se lancer dans l’informatique. « C’était l’une des rares façons d’obtenir la carte verte à l’époque ». Après avoir vécu dans les régions de Sacramento, Los Angeles et San Francisco, en Californie, ainsi que dans le Colorado ; obtenu la nationalité américaine en 1990 et profité d’avoir la citoyenneté pour faire les campagnes du parti républicain, y compris comme candidat à une élection législative pour Alain Guggenheim, le couple et leur fille unique sont arrivés au Texas il y a quatre ans. « Nous avons choisi de venir à Houston pour son grand aéroport international ainsi que sa proximité avec la mer. Mais aussi pour l’immobilier dix fois moins cher qu’à San Francisco, le bas niveau des taxes et le fait que l’Etat est conservateur ».
Alors quand Obama a été élu en 2008 et a lancé un plan de relance de l’économie, Suzanne Guggenheim s’est tout de suite sentie solidaire du mouvement qui a émergé en réaction. « Le gouvernement a pris en main les entreprises, décidé lesquelles il voulait faire réussir et lesquelles devaient faire faillite », s’indigne encore la militante, fière que le groupe du Tea Party qu’elle a contribué à lancer dans la région de Houston « se réunisse encore toutes les semaines au bout de quatre ans. Les méthodes du mouvement ont changé, mais sa dynamique est toujours en place ». Le 6 novembre, elle votera Romney-Ryan.