Fin octobre, le téléphone sonne à French Morning. A l’autre bout, la Délégation générale du Québec à New York. Notre interlocuteur souhaite placer une publicité sur le site pour partager avec nos lecteurs la tenue en novembre de deux réunions d’information sur le Québec. La publicité en question est un encart bleu frappé du lys du Québec et de la phrase : «Vous avez une place au Québec».
Une question surgit dans notre esprit : le Québec chercherait-il à piller New York de ses Français ? «On sait qu’il y a un bassin d’expatriés français qui vivent à New York, Washington et Boston. On espère qu’un certain nombre d’entre eux, pour différentes raisons, pourraient être intéressés par le Québec» souligne Lucy Wells, la chargée de mission auprès du Gouvernement du Québec à l’origine de cette offensive de charme.
Fondamentalement, le défi du Québec est de remplacer dans l’esprit des Français d’ici le rêve américain par le rêve québécois. Il y a urgence : le départ à la retraite des baby-boomers québécois et un taux de natalité relativement faible aboutiront à l’horizon 2014 au rétrécissement de la population active de la province canadienne. Sur les 700.000 postes à pourvoir, 15% devront l’être par l’immigration, précise Mme Wells.
A la base de cette croisade pro-Québec lancée il y a un an à New York, Boston et Washington par le ministère québécois de l’Immigration et des Communautés culturelles, il n’y pas ni «focus group» ni «sondage» mais une intuition : «Je postule intuitivement qu’il y a des H-1B chez les Français qui ont les mêmes problèmes que les Indiens et les Chinois. S’ils ne veulent pas rentrer en France, il serait intéressant qu’ils sachent que le Québec est une option. Il y a peut-être aussi des Français ici qui, pour des raisons personnelles et professionnelles, pourraient venir essayer le Québec ».
Lucy Wells compte sur la crise économique et le resserrement des règles d’octroi de visa pour porter son message. Elle dispose aussi d’un argumentaire qui fait mouche – « Emplois à combler », « système bancaire le plus solide au monde », « parmi les taux de criminalité les plus bas au monde » – qu’elle égraine à chaque réunion d’information.
Romain Teyteau et son épouse Marine, deux Français venus participer à l’une de ces réunions, lundi dernier au bureau de la Délégation, visent Montréal : «Economiquement, le Québec se développe. Quand on regarde les chiffres, on se rend compte que le coût de la vie est relativement bas. C’est une fenêtre, une opportunité à saisir» estime-t-il.
Pour Yann Agert, un Français qui habite Washington Heights avec son épouse américaine Jennie, «c’est le meilleur des deux mondes, le meilleur compromis entre l’Europe et les Etats-Unis».
Tout le monde ne pourra pas entrer au Québec. La province cherche avant tout des travailleurs qualifiés voire très qualifiés. Secteurs concernés : les jeux vidéos, l’animation, les métiers de l’ingénierie, l’aérospatiale, la finance et les assurances. Par ailleurs, être Français ne qualifie pas automatiquement les candidats à l’immigration, prévient Lucy Wells, même si la maîtrise du français est un atout de taille. «L’atout majeur des Français aux Etats-Unis, c’est le bilinguisme. Car les Etats-Unis sont le premier marché du Québec. Pour les employeurs, c’est important de disposer de travailleurs qui s’expriment dans les deux langues. »
Prochaine réunion d’information sur le Québec : jeudi 10 novembre a 18h. Délégation générale du Québec à New York, One Rockefeller Plaza – Entrée : 14 West 49th Street, Suite 2600, New York, NY. Pour s’inscrire, cliquer ici
Français de New York, Québec wants you!
Un one man show croque l'Apple de Steve Jobs
Pour se détendre après un spectacle, il a pour habitude de se jeter sur son iPhone ou de s’isoler avec son MacBook Pro. Auteur et monologuiste de génie, Mike Daisey, 37 ans, avoue sans détour qu’il est aussi un “Apple addict.”
C’est pour comprendre son “obsession” et explorer ce qu’il se cache derrière les produits Apple qu’il décide de se rendre en Chine. Déguisé en homme d’affaire, l’acteur parvient à visiter incognito l’usine de fabrication de l’iPad , Foxconn Technology à Shenzen. Pendant un mois, il y interroge des ouvriers chinois – certains sont âgés de 12 ans tout au plus – qui de leur vie, n’ont jamais vu un iPad finalisé.
De ce voyage naît The Agony and the Ecstasy of Steve Jobs, un one man show explosif sur les conditions de travail dans les usines Apple, mais aussi sur la personnalité complexe de son iconique et regretté fondateur. Une investigation qui, quelques mois après la mort de Steve Jobs, évoque l’univers d’une marque modèle qui a su, en quelques décennies, révolutionner notre rapport à la technologie. « Je ne serai plus jamais le même après avoir vu cette pièce » aurait confié Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple.
Après un succès retentissant en Californie (bien avant la mort de Steve Jobs), The Agony and Ecstasy of Steve Jobs sera en représentation dans l’East Village au New York Public Theater jusqu’au 4 décembre.
The Agony and Ecstasy of Steve Jobs, jusqu’au 4 décembre, The New York Public Theater – 425 Lafayette Street – 212 539 8500.
Photo: Mike Daisey, monologuiste, présente son one man show “The Agony and Ecstasy of Steve Jobs”
Quand CNN revisite la géographie française
Les médias américains ont inventé la géographie évolutive: celle que l’on peut (ré)inventer au gré de ses envies. Grande championne en la matière, la chaîne d’information CNN. Jeudi 3 novembre, à l’occasion de la tenue du G20 à Cannes, elle plaçait la ville de la croisette… en Espagne (voir ci-contre).
Travail à la va-vite, fainéantise, méconnaissance plus générale de la géographie des pays étrangers: les hypothèses vont bon train. La bourde de CNN n’est pas passée inaperçue, du moins en France, où les journaux y sont allés de leur commentaire sarcastique. Pour Le Point, CNN “a commis une belle boulette“. La Provence souligne que la chaîne américaine a modifié la localisation “d’un bon millier de kilomètres, au bas mot“. Le seul à excuser CNN est RTL: “Allez, on ne leur en veut pas (trop). L’erreur est humaine” peut-on lire sur le site de la radio. CNN, pour sa part, n’a pas répondu à notre appel à commentaire.
Boulettes à répétition
Il faut dire que la géographie française n’est pas le point fort de la chaîne d’info. En 2005, lors des émeutes dans les banlieues, CNN avait déjà placé la majorité des villes de l’Hexagone dans les pays voisins. Strasbourg avait été allègrement déplacé en Allemagne, Toulouse en Suisse et Lyon avait subi une relocalisation dans le Massif central.
Quant à la ville de Cannes – car ce n’est pas la première fois que la croisette quitte son port – elle avait été placée dans le sud-ouest de la France. Mais à l’époque, elle n’avait pas encore dépassé la frontière espagnole.
En mars 2011, la chaîne a encore fait fort en plaçant Bruxelles en France lors d’un segment sur les évènements en Lybie
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=_7ew18TBcYc]
La France n’est pas la seule concernée
La France n’est pas le seul pays que CNN maltraite géographiquement. La chaîne avait déjà placé Hawaï à l’ouest de l’Amérique du sud, beaucoup plus au sud que sa localisation réelle.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=pYXR0Pb_EjU]
L’Afghanistan a également subi un -léger- déplacement: le journaliste vedette de CNN, Anderson Cooper, l’a situé à la place de la Syrie. Le tout alors qu’il faisait le récit des malheurs endurés par les réfugiés de guerre afghans. Oups…
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=YsiQfYotgq8]
Mais attention, CNN n’a pas l’apanage des cartes fantaisistes: Fox News aussi possède une imagination débridée en la matière. Chez elle, l’Egypte change de continent. Elle a quitté l’Afrique pour aller s’installer au Moyen-Orient, entre la Syrie et l’Iran. D’autant que Fox News ne peut pas vraiment plaider l’éloignement géographique, puisque cette chaîne d’information fait également des erreurs sur la carte de son propre pays (voir ci-dessous)… Pour parler de la décision de la Cour suprême de Californie d’annuler l’interdiction du mariage gay dans cet état, Fox News montre une infographie du… New Jersey! Pas de doute, la géographie, c’est bien plus amusant avec Fox News et CNN.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Pw3QBTQjhSk&feature=related]
"Soirée Vintage" à Larchmont
Ce mercredi 9 novembre, les French Culture Nights organisent une soirée au « Vintage 1891 Restaurant » à Larchmont dans le Westchester. Fabienne Cuter, artiste-peintre et sculptrice, présentera sa série de peintures abstraites « Résurgence, Réminiscence et Evanescence » tandis que le photographe Jean Lebreton exposera ses fameuses photographies encaustiques (procédé artistique ancestral datant du IVème siècle avant J.C. consistant à utiliser de la cire d’abeille chaude comme peinture). Il exposera également sa série multimédia « Abstraction dans un monde trop réel ». Ancien photographe de presse, Jean Lebreton a côtoyé les chanteurs des années 70 & 80, dont Claude François dont il a fait les pochettes de disques et les affiches.
Pour l’évènement, le restaurant proposera un menu à trois plats à $40 avec réservation en ligne, $45 sans réservation (choix de deux plats pour chaque option). Pour ceux qui ne veulent pas dîner, l’entrée est gratuite si vous réservez à l’avance en ligne. Sinon, elle est de $10. La réservation en ligne se termine à 15h le mercredi 9 novembre.
Vintage Night – Mercredi 9 novembre de 18h30 à minuit au « Vintage 1891 Restaurant » – 2098 Boston Post Road à Larchmont. Réservations ici
L'islam politique en débat à Columbia
Alors que la Tunisie, l’Egypte et plus récemment la Lybie ont vécu des révolutions sans précédent, conduite au nom de valeurs universelles comme la liberté, l’égalité et la démocratie, la question de l’islam politique prend une nouvelle dimension. Quelle place et quel rôle joue et jouera-t-il sur la scène internationale ? Quel avenir pour les pays transformés par le “Printemps Arabe” ?
Souleymane Bachir Diagne, professeur de français et de philosophie à l’université Columbia, et Jean-Pierre Filiu (ci-contre), professeur associé, spécialiste du Moyen-Orient au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales de Sciences Po Paris, interrogeront les origines historiques et philosophiques de l’islam politique au Moyen-Orient pour tenter de répondre à ces questions. Cette mise en perspective nécessaire se tiendra à l’université Columbia le 10 novembre.
“Whither Political Islam ?” Le jeudi 10 novembre 10th, 6:00-7:30 pm. East Gallery, Buell Hall, Columbia University sur Broadway et 116th St. Tel: 212-854-4482 – Site web: www.maisonfrancaise.org
Quand CNN revisite la géographie française
Les médias américains ont inventé la géographie évolutive: celle que l’on peut (ré)inventer au gré de ses envies. Grande championne en la matière, la chaîne d’information CNN. Jeudi 3 novembre, à l’occasion de la tenue du G20 à Cannes, elle plaçait la ville de la croisette… en Espagne (voir ci-contre).
Travail à la va-vite, fainéantise, méconnaissance plus générale de la géographie des pays étrangers: les hypothèses vont bon train. La bourde de CNN n’est pas passée inaperçue, du moins en France, où les journaux y sont allés de leur commentaire sarcastique. Pour Le Point, CNN “a commis une belle boulette“. La Provence souligne que la chaîne américaine a modifié la localisation “d’un bon millier de kilomètres, au bas mot“. Le seul à excuser CNN est RTL: “Allez, on ne leur en veut pas (trop). L’erreur est humaine” peut-on lire sur le site de la radio. CNN, pour sa part, n’a pas répondu à notre appel à commentaire.
Boulettes à répétition
Il faut dire que la géographie française n’est pas le point fort de la chaîne d’info. En 2005, lors des émeutes dans les banlieues, CNN avait déjà placé la majorité des villes de l’Hexagone dans les pays voisins. Strasbourg avait été allègrement déplacé en Allemagne, Toulouse en Suisse et Lyon avait subi une relocalisation dans le Massif central.
Quant à la ville de Cannes – car ce n’est pas la première fois que la croisette quitte son port – elle avait été placée dans le sud-ouest de la France. Mais à l’époque, elle n’avait pas encore dépassé la frontière espagnole.
En mars 2011, la chaîne a encore fait fort en plaçant Bruxelles en France lors d’un segment sur les évènements en Lybie
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=_7ew18TBcYc]
La France n’est pas la seule concernée
La France n’est pas le seul pays que CNN maltraite géographiquement. La chaîne avait déjà placé Hawaï à l’ouest de l’Amérique du sud, beaucoup plus au sud que sa localisation réelle.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=pYXR0Pb_EjU]
L’Afghanistan a également subi un -léger- déplacement: le journaliste vedette de CNN, Anderson Cooper, l’a situé à la place de la Syrie. Le tout alors qu’il faisait le récit des malheurs endurés par les réfugiés de guerre afghans. Oups…
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=YsiQfYotgq8]
Mais attention, CNN n’a pas l’apanage des cartes fantaisistes: Fox News aussi possède une imagination débridée en la matière. Chez elle, l’Egypte change de continent. Elle a quitté l’Afrique pour aller s’installer au Moyen-Orient, entre la Syrie et l’Iran. D’autant que Fox News ne peut pas vraiment plaider l’éloignement géographique, puisque cette chaîne d’information fait également des erreurs sur la carte de son propre pays (voir ci-dessous)… Pour parler de la décision de la Cour suprême de Californie d’annuler l’interdiction du mariage gay dans cet état, Fox News montre une infographie du… New Jersey! Pas de doute, la géographie, c’est bien plus amusant avec Fox News et CNN.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Pw3QBTQjhSk&feature=related]
Un programme bilingue dans une middle school en 2013
En 2009, nous posions la question : « Programmes bilingues : le primaire… et après ? ». Dans cet article, nous évoquions la mobilisation de parents de l’association EFNY pour le lancement d’un programme d’immersion français-anglais dans un collège de New York. Aujourd’hui, leurs efforts ont été récompensés.
La middle school William Alexander ou MS 51 (Park Slope, Brooklyn) a confirmé la semaine dernière à French Morning l’ouverture en septembre 2013 d’au moins une classe bilingue. Une information qui soulagera les parents d’élèves qui souhaitent que leur enfant actuellement inscrit dans le programme bilingue d’une public school new-yorkaise, poursuive son cursus français-americain dans le public, au-delà du primaire.
« Nous disposons déjà d’un programme de français solide, avec trois enseignants. Cela fait plusieurs années que nous parlons d’avoir un programme d’immersion. Cela correspond parfaitement à l’esprit de l’école », indique la principale Lenore Berner.
MS 51 est l’un des meilleurs établissements du district 15 de Brooklyn. Pour deux années consécutives, le Department of Education de New York lui a attribué un « A » dans le cadre de son « progress report » annuel.
Mme Berner indique que deux classes bilingues verront probablement le jour en 6th grade, indiquant qu’il est trop tôt pour en déterminer le nombre de places. Premiers concernés, les élèves du programme bilingue de PS 58 situé dans le même district. Comme l’école publique a été la première à ouvrir un programme d’immersion, en 2007, ces élèves seront les premiers de New York à atteindre le collège, en 2013.
La principale précise que la priorité sera donnée aux élèves du District 15 (dont PS 58) mais elle n’exclut pas d’étendre le recrutement à d’autres districts en fonction de la disponibilité de places. Des réunions d’information auront lieu à partir du mois de juin.
Pour plus d’informations, visiter le site de MS 51 ici
Fumeurs: les Français passent les US à tabac
La France, nation de fumeurs ? C’est l’impression que cela peut donner vu des Etats-Unis. Ici, la part de fumeurs au sein de la population adulte atteint “seulement”19,3% (soit 45,3 millions de personnes) selon le « National Health Interview Survey » pour 2010 publié en septembre 2011 par l’agence fédérale de santé publique, la CDC (Center for Disease Control). En France, la part s’élève à 28,7%, d’après le Baromètre Santé 2010 de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). Le taux de fumeurs connaît des évolutions différentes dans les deux pays. En France, il est en augmentation de près de deux points depuis 2006. Aux Etats-Unis, il a légèrement baissé – il était de 20,8% cette année-là.
Disparités hommes / femmes
Dans les deux pays, la part des hommes fumeurs est plus importante que celle des femmes. Aux Etats-Unis, 21,5% des hommes fument contre 17,3% des femmes. Dans l’Hexagone, 31,5% des hommes fument (contre 25,7% des femmes).
Niveaux d’études
Aux Etats-Unis comme en France, ces chiffres changent selon la population ciblée. Les statistiques américaines montrent ainsi que le pourcentage de fumeurs diminue plus le niveau d’études est élevé: seuls 6,3% des adultes titulaires d’un master fument. En revanche, 45,2% des adultes titulaires d’un “GED diploma” – que l’on passe uniquement si l’on n’a pas le diplôme du lycée- fument. La pauvreté joue aussi, puisque 28,9% des Américains vivant sous le seuil de pauvreté sont fumeurs. En France, les statistiques vont dans le même sens: selon l’Inpes, 33,7% des non diplômés fument, contre 19,1% de personnes ayant un diplôme Bac+5.
Si les tendances sont les mêmes en France et aux Etats-Unis, les Américains sont toujours moins nombreux -en pourcentage- à fumer. Peut-être parce qu’aux Etats-Unis, les règles anti-tabac sont plus strictes qu’en France. En mai dernier, New York a mis en application une nouvelle loi anti-tabac jugée particulièrement stricte. La loi allonge la liste des lieux où il est interdit de s’en griller une : en plus des terrasses de cafés, les restaurants, les bars et les bureaux, la clope est bannie des plages, des 1.700 parcs et espaces verts de la ville et des “places piétonnes” comme celle de Times Square. A Los Angeles aussi, les règles ont été resserrées: il est interdit de fumer aux terrasses des cafés et même devant les « food trucks » vendant de la nourriture à emporter. Même chose à San Francisco où l’on ne peut pas allumer une cigarette à moins de huit mètres d’une aire de jeux pour enfants, dans les parcs ou aux arrêts de bus. Fumer dans sa voiture est interdit si un mineur se trouve dans le véhicule.
En Floride, deux Français créent un supermarché de la défense
Derrière une sobre façade de verre fumé, à West Melbourne, 65 petites mains s’affairent. Leur activité est top secrète. Et pour cause, ces travailleurs de l’ombre rendent les guerres possibles.
Nous sommes à ISO Group, une compagnie créée par deux Français, Tom et Alex Techoueyre, et trois associés. A n’importe quel moment, la société doit être en mesure de fournir, sur tous les théâtres d’opérations, n’importe quelle pièce de rechange pour les véhicules de l’armée. Un réacteur pour chasseur F-16 ? Une chenille pour un char ? Ou même le boulon qui permettra de réparer la chenille ? Ils l’achemineront, si possible en un temps record.
Avoir un tour d’avance
Tom Techoueyre est arrivé aux États-Unis en 1984, à 16 ans. Il termine ses études secondaires à Miami, puis intègre l’université d’où il ressortira un diplôme d’ingénieur en poche. Il travaille ensuite pour un voyagiste avant de créer sa propre société spécialisée dans les réseaux de communication. Il comprend que l’Internet va « révolutionner le monde ». Et surtout, qu’il faut toujours avoir un tour d’avance.
En 1998, il fonde sa propre compagnie, spécialisée dans la vente en ligne de composants électroniques. Dans sa base de données sont référencés des milliers de composants. Un prélude à sa future activité ? En 2002, le Français, qui a trouvé un emploi dans une compagnie de Melbourne (Floride), apprend que les armées ont le plus grand mal à se fournir en pièces détachées. La raison : les fabricants d’équipements militaires fournissent, avec le matériel vendu, un « package » de pièces de rechange tout en étant incapables de poursuivre l’approvisionnement une fois toutes ces pièces utilisées. Aucune de ces sociétés n’a voulu créer de département spécialisé dans ce domaine, car cela se serait révélé non rentable. Conséquence : pour les clients, les délais de livraison des pièces de rechange sont extrêmement longs (de trois à six ou sept mois) et les tarifs exorbitants. Le Français voit dans ce vide une opportunité à saisir. En 2003, ISO Group est né. « Au début, c’était vraiment difficile, se souvient Tom Techoueyre. Nous n’avions pas de capitaux propres, et on payait les dépenses courantes avec nos propres cartes de crédit ».
Tant qu’il y aura des guerres….
Aujourd’hui, le petit bureau est installé sur la côte Atlantique, à Indian Harbour Beach. Toute l’activité de la société repose sur la performance de sa base de données et de son système informatique. L’optimisation des flux de commandes est essentielle. C’est pour cette raison qu’ISO-Group a conçu pour ses propres besoins un nouveau logiciel capable de traiter des centaines de demandes par jour et d’y répondre en un temps record. Aujourd’hui, la société aligne un million de références de pièces fournies par 12.000 vendeurs pour répondre aux demandes de 8.000 clients à travers le monde. Parmi eux, le gouvernement américain, les Nations unies, mais aussi de nombreuses puissances sur les cinq continents. Ses salariés finalisent quotidiennement 600 commandes. Celle dont aime se souvenir Tom Techoueyre, c’est un lot de pièces détachées pour des tanks en Irak, en 2008. Montant de la transaction : 8 millions de dollars. C’était à travers, évidemment, un contrat américain.
On imagine bien qu’une telle entreprise, qui opère dans des secteurs ultra-sensibles, doit être étroitement observée. En effet, le Département d’État, la CIA, la NSA et le FBI la surveillent comme le lait sur le feu. Mais ce n’est pas un problème, expliquent ses dirigeants: « Il suffit de bien rester dans les clous… ».
Aujourd’hui, la compagnie travaille sur des produits nouveaux, comme un moteur pour équiper les « Hummer » de l’armée américaine. Si tout se passe bien, il faudra en fournir 150.000. Huit ans après sa création, ISO-Group « pèse » entre 100 et 200 millions de dollars. Tant qu’il y aura des guerres, la société ne pourra que se développer. C’est dire si elle a encore de beaux jours devant elle.
Des sympathisants FN à New York ? Faut le croire…
“On n’est pas dans un zoo, ici!” Dans une salle du Millenium UN Plaza Hotel, Marine Le Pen fulmine. Elle doit dialoguer avec des Français de New York, mais les multiples caméras et appareils photos braqués sur les participants sont quelque peu envahissants. D’autant que les journalistes sont deux fois plus nombreux que les dits participants. A leur arrivée, ces derniers semblent hésiter à s’asseoir autour de la table.
Cette rencontre avec les Français de New York est la dernière étape du déplacement new-yorkais de Marine Le Pen – samedi, elle gagnera Miami pour des entretiens à huis-clos avant de rentrer en France. On se demandait combien de personnes participeraient à ce dialogue improbable, organisé à 16h un vendredi. Elles étaient une dizaine. Avec eux, la candidate a évoqué la crise financière, l’éclatement de l’euro et les bas salaires en France.
Au terme de l’échange, elle a déclaré que les Français de New York étaient préoccupés par ces sujets et voteront en 2012 comme le reste de l’Hexagone. Pour elle,“le FN fait 20% en France, il n’y a pas de raison qu’il n’en fasse que 2% à New York“!
Un candidat FN au poste de député de l’étranger ?
Cette réunion a permis de révéler une curiosité sur la scène politique française locale : l’existence d’un groupuscule de militants frontistes à New York. Bien que déterminés, ils ne sont font guère d’illusion sur les chances de succès du FN à New York. “A New York, on ne retrouve pas l’électorat traditionnel du Front national”, assure Anthony, avocat de 42 ans, qui refuse de donner son nom. “Il y a surtout des banquiers, et pas de paysans, d’ouvriers ou de chefs de petites entreprises. C’est pour cela que je pense que le FN fera un moins bon score à New York qu’au niveau national!”
S’il n’y a pas de cellule FN à New York, Anthony assure que le parti aura un candidat aux élections législatives des Français de l’étranger. Au cours de ces élections organisées en juin prochain pour la première fois, les Français des Etats-Unis seront amenés à se choisir un député. “Le Front National a du succès auprès des Français de l’étranger“, affirme Eric, qui travaille à New York dans la finance: “S’il y a eu aussi peu de monde, c’est parce que ceux qui soutiennent le FN subissent de véritables pressions médiatiques”.
« Problème de mailing list »
Marine Le Pen a une autre explication: “Je ne suis pas déçue qu’il n’y ait pas eu grand monde car nous avons eu un problème de mailing list”, explique-t-elle. D’après elle, les Français n’ont été informés de cette réunion que le matin même. La présidente du FN termine en faisant référence à son conseiller pour les questions internationales en affirmant « parfois » avoir envie de le « pendre ». Dès samedi, en Floride, elle pourra respirer l’air du large. Elle en aura bien besoin.
Marine Le Pen: "Les Français à l’étranger restent Français"
French Morning : Vous rencontrez les Français de New York vendredi. Qu’allez-vous leur dire?
Marine Le Pen : Je dois d’abord leur faire un état de la situation en France, des perspectives de cette élection présidentielle, la voie dans laquelle la France est aujourd’hui tournée, les problématiques qui sont celles de l’Union européenne et les choix qui sont proposés. Il n’y en a pas cinquante: il y a le choix de l’UMP et du PS avec l’intégration européenne et une cure d’austérité extrêmement lourde à la clé. Ou l’autre choix économique que je défends depuis des années. Cela intéresse les Français des Etats-Unis car un jour ils rentreront peut-être en France. Il est nécessaire que nous en parlions.
FM : Votre objectif à terme est-il qu’ils reviennent en France ?
MLP : Mon objectif est de leur demander de voter de telle manière que les Français qui restent en France puisse le faire dans les meilleures conditions possibles. Je ne veux pas que les Français restent coincés en France. Je voudrais que la France soit un lieu où il fait bon vivre. Or aujourd’hui, c’est un lieu où il est de plus en plus difficile de vivre correctement. C’est très bien d’avoir la possibilité d’aller vivre à l’étranger, mais il ne faudrait pas être contraint de le faire. Or, je m’aperçois que beaucoup de jeunes français s’expatrient non pas parce qu’ils en ont le désir, mais parce qu’ils pensent que c’est la meilleure manière de pouvoir se construire une meilleure vie. C’est inquiétant. Tous les Français à l’étranger restent Français. Ils ont une parcelle de responsabilité dans ce que notre pays va devenir et les contours qu’il va avoir pour nos compatriotes qui vivent en France.
FM : Pour l’heure, la gratuité de l’enseignement dans les établissements français à l’étranger est réservée aux classes de niveau lycée. Souhaitez vous que ces mesures de gratuité soient étendues ?
MLP : Les Français devraient pouvoir envoyer leurs enfants gratuitement dans les établissements français à l’étranger. Ca me parait correspondre à l’importance que j’accorde à l’influence de la pensée, la culture et l’identité française. Et à l’égalité entre les citoyens. Les Français qui vont à l’étranger le font de manière transitoire. Il faut qu’ils aient les mêmes possibilités en matière d’éducation et d’enseignement pour leurs enfants que les Français en France.
FM : Ca ferait peser un poids énorme sur le budget de l’Etat, qui devra prendre en charge cette gratuité.
MLP : La vie politique, c’est être capable de faire des choix. Ca me parait être un choix qui doit être fait. Je suis souvent amenée à critiquer le gaspillage de l’Etat français dans toute une série de domaines. Il ne me semble pas que cette mesure soit un gaspillage. Bien au contraire, c’est un investissement.
FM : En temps de crise, les citoyens français à l’étranger doivent-ils être imposés, comme l’a réclamé le député socialiste Jérôme Cahuzac l’an dernier ?
MLP : C’est l’inverse de toutes les règles qui s’appliquent depuis des décennies. C’est un problème anecdotique. Comme d’habitude, le PS est dans le symbole. Mon gros problème est de faire payer des impôts en France aux multinationales françaises. Pour moi, ça me parait être la priorité. Le bénéfice consolidé, les règles régissant les grands groupes font qu’une boite comme Total qui fait 10 milliards d’euros de bénéfices paie « zéro »en France. La priorité est là. Pour le reste, si la situation de la France s’aggravait, si les économies que je compte faire n’étaient pas suffisantes, je pourrais revoir mon jugement. Mais en l’état, cela ne me parait pas être la priorité.
FM : Sur quels points la France de Marine Le Pen pourrait s’inspirer des Etats-Unis ?
MLP : Parmi les aspects positifs, il y a un système de gouvernance qui fait que les dirigeants se demandent, dans les solutions qu’ils doivent trouver, quel est l’intérêt des Etats-Unis. Il faudrait rapidement l’importer en France (…) La méritocratie, encore une valeur très forte aux Etats-Unis, est indubitablement en voie d’affaiblissement en France. Le patriotisme américain aussi est une valeur forte alors que le lien de l’individu à la nation s’affaiblit en France.
En revanche, aux Etats-Unis règne la loi de la jungle. C’est l’ultra libéralisme auquel je n’adhère pas. Je suis pour un Etat fort, stratège. En France, l’Etat a un rôle à jouer. Celui-ci ne doit pas aller contre la liberté économique, mais réguler les abus de l’économie ultra libérale. Ici, ce sont les plus forts avant, et tant pis pour les autres. J’ai une vision beaucoup plus sociale que cela. Il y a enfin toute la remise en cause du modèle ultra libéral, mondialiste, la financiarisation de l’économie qui est en train de tuer l’économie réelle. Modèle auquel nos dirigeants se sont soumis d’un seul homme et qui est en bout de course.
FM : Il y a quelques jours a fait surface sur le web une vidéo d’archive de votre père. On l’entend y dire que c’est un « honneur » d’être comparé à Ronald Reagan. C’est une comparaison à laquelle vous ne souhaitez pas être associée ?
MLP : La libre économie comme celle que voulait Ronald Reagan s’exprimait dans des frontières. Le problème aujourd’hui est la disparition des frontières. Elle a transformé le libéralisme en ultra libéralisme avec tous les inconvénients du libéralisme sans en avoir les avantages. Je suis pour l’économie libre, la libre- entreprise mais dans le cadre de frontières avec un protectionnisme raisonné et intelligent. Comme les Etats-Unis. Or, nous, dans le cadre de l’Union européenne, nous n’avons plus aucune protection à nos frontières et notre économie est en train d’être mise à genou par une concurrence déloyale contre laquelle on refuse de se réarmer. C’est donc difficile de comparer la situation actuelle à celle d’il y a 25 ans quand chaque pays protégeait ses frontières et déterminait la défense de ses intérêts. Aujourd’hui, on va vers le moins disant social et on réclame aux pays occidentaux de revenir à l’âge de pierre économique, de vivre comme les Chinois pour concurrencer la Chine.
FM : Beaucoup de Français ici ont la double-nationalité. Le Front national est historiquement contre. N’êtes vous pas en décalage avec les Français de l’étranger là-dessus ?
MLP : Je ne crois pas logique de déterminer l’avenir de deux pays en même temps. On a qu’une seule nationalité, ce qui n’empêche pas de la vivre à l’étranger pendant 20, 30 ou 40 ans. Il y a des doubles nationalités qui posent problème. Les Etats-Unis ne sont pas concernés, mais j’avais proposé qu’on puisse conserver la double nationalité quand celle-ci était européenne.
FM : N’y a-t-il pas aussi un décalage fondamental entre la mentalité de l’expatrié, immergé quotidiennement dans une autre culture, et l’identité française exclusive dont le Front national fait la promotion ?
MLP : La culture française et la culture américaine sont profondément différentes car leur histoire est différente. Les Etats-Unis se sont construits par l’immigration. La France a 2 500 ans d’histoire. La plus belle chose à apporter au monde, c’est soi même. Encore faut-il rester soi-même. Et la France n’est plus elle-même. C’est une perte pour le monde entier. On dit souvent que les Etats-Unis sont un pays multiculturel, c’est faux. C’est un pays uni culturel. Le rapport entre les individus et la nation est très spécifique. Les étrangers se fondent dans la culture américaine. C’est ce que j’attends de ceux qui arrivent en France : qu’ils se fondent et s’assimilent.
Propos recueillis par Alexis Buisson
Rencontre entre Marine Le Pen et les Français de New York, vendredi 4 novembre à 16h au United Nations Millenium Plaza Hôtel (1 United Nations Plaza, sur First Avenue)
Natalité: match nul France-USA
Certes, ni la France ni les Etats-Unis ne sont les champions de la croissance démographique, au regard des pays en voie de développement. Mais l’un et l’autre font figure d’exception au sein des économies avancées.
Les deux pays ont presque le même taux de natalité, avec un léger avantage pour les Etats-Unis. Ces derniers affichent un taux de fécondité dans la moyenne mondiale de 2,06 enfants par femme contre 2,01 par femme en France. En Europe, la France fait figure d’exception. A l’heure où ses voisins européens connaissent une grave crise de la natalité (1,5 enfants par femme en moyenne), la France est devenue, avec l’Irlande, le pays le plus fécond du Vieux continent.
Le taux de croissance est plus élevé aux Etats-Unis qu’en France
Pourtant, le taux de croissance de la population en France en 2011 est de 0,5%, pâlichon en regard du 1% affiché par les Etats-Unis. Explication: la différence du solde migratoire. Aux Etats-Unis, pour 1.000 habitants, on compte 4,18 migrants. Un ratio qui s’élève a seulement 1,46 en France. Ce qui explique pourquoi, en faisant autant d’enfants, la France vieillit pourtant plus vite que l’Amérique.