Accueil Blog Page 1595

Virus et épidémies au Consulat de France

Avez-vous vu « Contagion » ? Le film de Steven Soderbergh raconte un monde confronté à une pandémie dévastatrice. La réalité peut-elle dépasser la fiction ? Une telle pandémie est-elle envisageable dans le monde réel ?
C’est pour tenter de répondre à ces questions que le Consulat de France organise ce lundi 31 octobre 2011 à 18h30 une conférence sur les nouvelles épidémies. L’occasion aussi de faire le point sur l’avancée des recherches épidémiologiques et sur les réponses apportées par les Etats face à de telles menaces. Le sujet est d’autant plus brûlant que ces dix dernières années ont vu émerger de nouveaux virus comme le Sida, le Sars, le H1N1 et la grippe aviaire… Dans un contexte de mondialisation, ces virus mortels peuvent se propager rapidement.
Seront présents pour en parler:
–         Dr Adolfo Garcia-Sastre, professeur en microbiologie à la prestigieuse Mount Sinai School of Medecine de New York et co-directeur du Global Health and Emerging Pathogens Institute ;
–         Bruno Chomel, professeur spécialiste de santé publique à l’UC Davis School of Veterinary Medecine et co-rédacteur en chef de Veterinary Research.
Une réception suivra la conférence.
Infos pratiques:
Conférence « Contagion : from Fiction to Reality : H1N1, E Coli, BSE, SARS … Are we armed against new Pandemics ? » Consulat général de France – 934 Fifth Avenue New York, NY 10021 (entre 74th et 75th Streets). Lundi 31 octobre 2011 à 18h30. Entrée gratuite. Réservation par email : rsvp.new-york [email protected]
 

Tinariwen, un son venu d'ailleurs

Tinariwen, littéralement “ceux du désert”, c’est l’histoire de trois ex-combattants touaregs qui décident dans les années 80, de déposer les armes pour prendre la guitare.
Le résultat est surprenant: savant mélange de blues et de musique traditionnelle, leurs mélopées vibrantes célèbrent la rébellion d’un peuple en exil, opprimé depuis des générations. Pas de préparations, pas de répétitions, pas de balance : leur musique est avant tout un acte de liberté. À l’écoute en tous cas, difficile de ne pas communier.
Depuis la sortie de leur premier album en 2001, Tinariwen connait un succès retentissant en France d’abord, puis à l’international. À l’instar de Fela Kuti (Niger) ou plus récemment de Tiken Jah Fakoli (Côte d’Ivoire), le groupe fait partie de ceux dont la voix a su s’exporter hors des frontières africaines pour créer une petite révolution mondiale. Dans une salle de concert avec lui, on comprend pourquoi.
Tinariwen, 29 octobre 2011 à 20h au Luckman Fine Art Complex $25-$45.

Smith Street vous sert la soupe

0

Le froid commence tout doucement à s’installer dans les rues new-yorkaises. Le remède : une bonne soupe. Pour la deuxième année consécutive, « le Festival des Soupes » revient titiller les papilles. L’événement aura lieu ce samedi 22 octobre au cœur du « Restaurant Row » de Brooklyn, Smith Street, entre 13h et 16h. L’idée est originale : elle permet de revisiter les classiques de grand-mère comme la soupe à la citrouille, mais aussi de découvrir des soupes venues d’ailleurs comme la fameuse soupe indienne « mulligtawney » ou encore la « gumbo » et l’« avgolemono » (soupe grecque). Les bols de soupes seront servis en face de certains restaurants de la rue.
Le festival permettra aussi de mesurer vos goûts (et votre palais) à ceux d’un jury de connaisseurs composé notamment d’Ariane Daguin de D’Artagnan Foods et Chris Schonberger de Time Out NY. Le jury, qui comptera également des locaux et des professionnels, récompensera les meilleures soupes dans les catégories « soupe de viande », « poisson » et « végétarien ».
Attention, l’événement n’est pas gratuit. Des billets seront mis en vente à partir de 13h à l’angle de Smith et President, Smith et Butler, et Smith & Bergen Sts. Coût : $5 pour cinq dégustations, $10 pour 12 dégustations, et, pour les familles avec enfants, $20 pour 27 dégustations. Une partie des fonds récoltés sera destinée au programme culinaire de la « High School for International Studies », un lycée local.
« Festival des Soupes » de 13h à 16h le samedi 22 octobre sur Smith Street. Métro F ou G arrêt Bergen ou Carroll Street.En cas de pluie, la festival à lieu le dimanche 23 à la même heure.


John Rankin, ses monstres et ses déesses

Rankin. Si ce nom vous évoque un film de guerre humide et poussiéreux, alors vous avez tout faux. John Rankin Waddell de son vrai nom, est l’un des plus grands photographes de mode de notre époque. A seulement 45 ans, ce londonien parcourt le monde où il enchaîne les expositions. Et c’est sans compter sur les ouvrages publiés et son implication dans de grandes causes humanitaires.
Ses principales victimes photographiques s’appellent Britney Spears, Kate Moss, Madonna, David Bowie, Björk, Juliette Binoche, Lily Allen, Kevin Spacey… Vous en voulez d’autres ? The Rolling Stones,Vivienne Westwood, Cate Blanchett, Queen Elizabeth II, Tony Blair…Il est aussi l’auteur de campagnes pour quelques grosses enseignes telles que Nike, L’Oreal, Hugo Boss, Levis, Longchamp, H&M, et Coca Cola. Pour le souvenir, c’est lui aussi que Bono (leader du groupe de rock U2) avait entraîné avec lui en 2010 dans la lutte contre le SIDA, afin de sensibiliser l’univers de la mode à la maladie au travers d’une campagne pour Nike « Lace Up Save Lives ».
Figures mi-humaines mi-mythologiques
L’ouverture le 12 octobre de la « Rankin Gallery » sur Melrose Avenue, a attiré les fans de son art à la fois esthétique et dérangeant. Parmi les invités, on pouvait évidemment compter sur l’une de ses muses, la top model Heidi Klum, accompagnée de son époux, le chanteur Seal.
Le travail mis en avant dans cette exposition inaugurale n’a rien à voir avec celui exposé en 2010 à Paris – les admirateurs se souviendront des silhouettes de l’exhibition « Eat Me Naked » où la parfaite Heidi apparaissait nue et dégoulinante de chocolat. Le photographe présente cette fois-ci un univers inhabituel, plus sombre où les modèles sont devenus des personnages mythologiques, où le maquillage archi-travaillé et très proche des effets spéciaux du cinéma vient servir des mises en scènes assez troublantes. Ces figures mi-humaines mi-mythologiques ainsi photographiées, dérangent pour certaines, agacent pour d’autres, mais fascinent à coup sûr. La postproduction numérique vient compléter certains tableaux, et forcent le regard à s’interroger sur la perception de l’image : quelle est la part de réel dans tout ceci ? A vous de juger.
Rankin and Damien Hirst Presen – Myths, Monsters & Legend – Rankin Gallery, 8070 Melrose Avenue Los Angeles – Du 13 octobre au 5 Novembre. Visiter le site de la Rankin Gallery ici

Catherine Millet et Robert Storr au FIAF

L’art contemporain vu par Catherine Millet et Robert Storr: c’est ce que propose le French Institute Alliance française jeudi 20 octobre avec la conférence “The actual lives of Catherine Millet and Robert Storr”. Les deux critiques d’art confronteront leur point de vue sur le sujet. Cette discussion fait partie du festival “Walls&Bridges” dans lequel des penseurs français et américains se rencontrent et échangent leurs opinions.
La Française est l’auteur du livre à succès “La vie sexuelle de Catherine M.” et rédactrice en chef de “Art magazine”. Robert Storr, professeur d’art à Yale, est un célèbre critique américain qui a auparavant travaillé au MoMa. Les deux spécialistes ont joué un rôle majeur dans la transformation de l’art contemporain ces dernières années. De leur rencontre risquent de jaillir des étincelles.
“The actual lives of Catherine Millet and Robert Storr”, le jeudi 20 octobre à 19h30. Alliance française, Le Skyroom: 22 East 60th Street (entre Park Avenue et Madison Avenue). Entrée libre. Voir le site de Walls&Bridges pour plus d’infos

A Brooklyn, un Français et des meubles

“Les Américains n’ont pas le même rapport que nous aux meubles anciens. Ils les transforment sans se poser de question, y ajoutent des dorures ou retirent des finitions. En France, on ne se permettrait jamais de telles extravagances!” Pour Christophe Pourny, un restaurateur français amoureux de New York, il y a tout un monde entre la rénovation française de meubles  et celle que l’on pratique outre-Atlantique. Ce spécialiste de la remise en état de meubles anciens habite dans la Grosse Pomme depuis 20 ans et ne se lasse pas de ces clients qui viennent le voir en lui disant: “J’ai un Louis”, sans faire de différence entre Louis XIV, Louis XV, etc… “Pour eux, un ‘Louis’ c’est un terme générique”, s’amuse l’amateur d’art.
Dans son atelier à DUMBO (Brooklyn) on trouve de nombreux meubles d’art en plus ou moins bon état. Une commode dorée allemande du XVIIIème, “pièce unique” aux finitions très recherchées, une table de toilette pour dames du milieu du XIXème ou encore une armoire blanche toute simple, de la période “art déco”. Entouré de ses quatre assistants américains, Christophe Pourny ne chôme pas. “Quand on arrive de France, le plus difficile, c’est de faire son réseau. Il faut connaître les décorateurs, les amateurs d’art… Mais une fois qu’on s’est implanté, le travail ne manque pas: les Américains sont friands du savoir-faire français”, assure-t-il. Venir de France est un réel atout dans le milieu de la restauration américaine, car notre pays reste l’un des meilleurs en la matière. Lorsque Christophe Pourny doit refaire les clefs d’un meuble, il n’hésite pas, il les envoie à Paris.
“Les Français sont mieux formés parce qu’ils ont les meilleures écoles au monde” assure-t-il. Autrement dit l’école Boule, les Arts Décoratifs et les Beaux-Arts.  “Je ne comprends pas pourquoi les étudiants dans ce domaine restent en France, où leur métier est souvent considéré comme bêtement manuel. Ici, avec leurs connaissances, ils ont plein de possibilités! Je suis convaincu que pour eux, l’avenir, ce sont les Etats-Unis”, assène notre amateur d’art. D’après lui, il est plus aisé pour un spécialiste des antiquités de s’installer aux Etats-Unis que pour un commercial ou un ingénieur. Lui-même est venu avec un visa de travail puis a obtenu très facilement un visa pour “capacités exceptionnelles dans le domaine des arts”.
Mr Meuble de Martha Stewart
Depuis mai, Christophe Pourny et son équipe rénovent la chambre du Conseil de la mairie de New York, un lieu hautement symbolique. Il ne leur reste plus que les finitions à réaliser: ils se rendront directement à la mairie pour les faire sur place. L’entreprise a restauré des hauts lieux new yorkais. Entre autres, le bureau de Georges Washington -qui est en exposition à la mairie-, ainsi que la chambre dans laquelle réside le Pape lorsqu’il vient à New York. Alors elle est comment, la chambre papale? “C’est très baroque romain, autrement dit jaune et or.  Entre chaque venue du pape, on refait sa chambre: on ravive les dorures, on nettoie un peu les meubles…”. A côté de ces prestigieux contrats, Christophe Pourny est également le Monsieur meubles anciens de la célèbre Martha Stewart, qui l’invite plusieurs fois par an dans ses émissions télé et radio.
Les services de Christophe Pourny ne sont pas accessibles à tous: “ce sont des travaux très chers, qui vont de mille dollars jusqu’à plusieurs centaines de milliers de dollars” résume-t-il. Plus chers qu’en France? “Oui, pour la simple raison que les Français n’accepteraient pas de payer ce prix-là. Ils répareraient leurs meubles eux-mêmes”.
Les Américains changent leurs meubles de famille fréquemment
Si les Français sont très attachés à leurs meubles familiaux, les Américains les changent régulièrement. “Dans l’Upper East Side, dès que quelqu’un achète un appartement, il casse tout et décide de tout refaire à neuf”, raconte notre spécialiste. Les riches propriétaires de l’Upper East embauchent alors un décorateur. “En général, ils disent: ‘je n’y connais rien, occupez-vous de tout’, et c’est le décorateur qui prend la maison en charge”, ajoute Christophe Pourny. Le “décorateur tout-puissant” est un phénomène typiquement américain: en France, les propriétaires peuvent engager ponctuellement un décorateur mais il est très rare qu’ils lui laissent carte blanche. “Pour nous Français, cette volonté constante de changement, c’est fou”, raconte Christophe. “Une fois, je n’avais pas encore terminé un appartement que son propriétaire en a trouvé un autre et l’a vendu. L’acheteur suivant a décidé de tout reconstruire à nouveau. J’ai dû détruire les boiseries sur lesquelles je travaillais depuis deux ans et qui n’étaient pas encore terminées!” se souvient-t-il.
Lorsque Christophe Pourny raconte ces anecdotes, il n’est pas vraiment choqué: il est habitué. En un sens, cet esprit de constant renouveau l’amuse. “Il faut savoir se détacher de son travail: je ne changerais pas mes meubles aussi souvent, mais quand mon client me demande de le faire, cela ne me pose pas de problème. Et puis, cela permet d’être plus créatif”, assure notre restaurateur. Qui a trouvé son bonheur aux Etats-Unis: la France, il n’y retournera pas.
Visiter le site de Christophe Pourny ici

Un prix pour soutenir les entrepreneurs français aux Etats-Unis

Top départ pour le 4ème concours annuel du “French-American Entrepreneurship Award”. Les entrepreneurs français qui vivent aux Etats-Unis peuvent déposer leur candidature pour tenter de gagner $10.000. Ce prix récompense le meilleur projet entrepreneurial parmi les candidats. Il a pour vocation à encourager les jeunes Français qui se lancent aux Etats-Unis. Il est mis en place par le Club 600, un groupe d’hommes d’affaires francophones à New York, et la Chambre franco-américaine de commerce.
En plus de la bourse, le gagnant du concours pourra bénéficier pendant un an des conseils d’une équipe dédiée, composée de membres du Club 600 et de la Chambre de commerce.  Le gagnant remportera aussi une adhésion d’un an à ces deux organisations. Un bon moyen de réussir à mener à bien ses projets! L’année dernière, c’est la Française Céline Legros qui a remporté le premier prix pour son entreprise « Les canelés de Céline ».
Pour participer au concours, il faut avoir moins de 35 ans et présenter un projet entrepreneurial en phase de pré-lancement ou de lancement. L’entreprise doit être privée et située sur le territoire américain. Les candidats doivent s’inscrire avant le 31 décembre 2011 sur le site internet du concours. Trois finalistes seront nommés le 15 janvier. Ils viendront présenter leur projet le 5 février devant les membres du jury, composé entre autres de Martin Bischoff (Labrador USA), Anne Busquet (AMB Advisors), Emmanuel Cargill (Pernod Ricard USA)… Le grand gagnant sera désigné le 6 février 2012. C’est parti pour la compétition!
Pour plus d’infos et s’inscrire, visiter le site internet
 

Coup de Rhin aux French Culture Nights

0

Attention changement d’adresse: cet événement ne se tiendra pas au Haven Lounge comme prévu, mais dans l’Empire State Building, au croisement entre la 5ème avenue et la 33ème rue.
Fan de choucroute et de flammekueche? Mercredi 19 octobre, à partir de 18h30, les French Culture Nights vous convient à une soirée spéciale Alsace. Au menu, vin et plats de la région, dont la traditionnelle choucroute. Les amuse-bouches seront cuisinés par le restaurant le Bec Fin, et le plat principal par Provence en boîte (vive le dialogue provencalo-alsacien !)
Des artistes alsaciens seront à l’honneur : la peintre Patricia Wersinger présentera ses oeuvres. Présentes également, les photographes Capucine Bourcart, qui exposera ses clichés d’Inde, et Sophie Schirch, ainsi que la décoratrice d’intérieur Isis Delomez.
Les non Alsaciens sont également les bienvenus. La chanteuse d’opéra californienne Jordan Gumucio chantera pour le public des  morceaux alsaciens. Le DJ (lyonnais) Max Layn sera lui aussi de la partie. Il ne manquera plus que les cigognes…!
Alsatian night, mercredi 19 octobre de 18h30 à 01h. Empire Room, Empire State Building, 350 5ème avenue, au croisement avec la 33ème rue. L’événement est gratuit si vous vous inscrivez ici avant 16h le mercredi 19 octobre. Si vous voulez manger, c’est $15 par personne avec repas en vous incrivant ici. Sur place, l’entrée sera à $20 avec repas ou $10 sans repas.
 

Pascale Bassan, les pieds en Californie, la tête en Asie

Le destin s’amuse parfois à jouer des tours inattendus. Pascale Bassan, 59 ans, peut en témoigner. Cette Nancéienne a en effet emprunté des chemins inattendus avant de trouver son havre de paix à Santa Barbara. L’appel du voyage s’est ainsi fait sentir dès son plus son âge, en dépit d’un environnement plutôt terne : «Ma famille était installée dans le plus grand immeuble HLM d’Europe, au Haut du Lièvre, se souvient-elle. J’avais le sentiment d’y étouffer, de manquer de verdure. J’ai très vite rêvé de m’en échapper. Au début des années 60, lorsque des familles réfugiées venant de l’ancienne Indochine y ont été placées, j’ai eu le déclic. Je trouvais ces gens tellement beaux, différents, que je me suis prise de passion pour les cultures asiatiques. Cela ne m’a pas lâché depuis…».
Devenue adulte, diplômée de l’Ecole Normale, Pascale Bassan met provisoirement de côté ses rêves d’ailleurs. Mais ceux-ci se rappellent très vite à elle : «J’étais professeur d’histoire-géo et j’avais emmené mes élèves assister à la projection d’un documentaire de Connaissance du Monde sur Bali, en présence du réalisateur. Après le film, je suis allée lui poser des questions. Nous sommes devenus amis. J’ai alors appris qu’avec deux mois de salaire, je pouvais payer mon billet pour aller là-bas et pour y vivre pendant dix semaines. Je n’ai pas hésité : je suis partie dès la fin de l’année scolaire.»
Pascale Bassan revient sous le charme et repart dès l’été suivant. Elle y fait alors la connaissance d’un Américain dont elle tombe amoureuse. Les deux amants se rendent visite durant un an, avant que la Nancéienne ne fasse le choix d’aller s’installer en Californie : «J’ai alors travaillé un an au Lycée français de Los Angeles, avant de me mettre en disponibilité de l’Education nationale en 1979. J’ai ensuite commencé à voyager en Asie, puis à importer des objets d’art, des antiquités et des bijoux du Népal ou d’Inde.»
Ce business dure quelques années, mais le krach boursier de 1987 vient y mettre un terme brutal : «Pour continuer, il fallait beaucoup d’argent et de patience, car les clients sont fluctuants. C’était un luxe que je n’avais pas. Nous nous étions installés à Santa Barbara, qui est un petit marché économique, et cette année-là a aussi été celle de mon divorce. Seule avec deux enfants, je ne pouvais plus continuer.»
Pascale Bassan prend donc le temps de faire le point et décide en 1990 de passer sa licence d’agent immobilier. «Je pensais que c’était un métier facile que l’on pouvait faire à mi-temps. Quelle erreur ! C’est un travail permanent et très dur, mais j’ai vraiment appris à l’apprécier.»
Le succès est d’ailleurs au rendez-vous, avec quelques transactions non négligeables : «J’ai vendu la maison d’Alan Parson, fondateur du groupe “The Alan Parson Project” dans les années 70 et 80. J’ai aussi vendu une maison à Patrick Aumont, fils de Jean-Pierre Aumont, en 1994.  La transaction a duré neuf mois (toute la grossesse de sa femme qui a accouché 2 jours avant la signature) à cause d’un divorce très belliqueux des vendeurs qui ne payaient plus leur emprunt.  La banque allait reprendre la propriété quand les vendeurs ont déclaré faillite pour empêcher la banque de reprendre la maison.  Cela m’a valu de gagner le Howard Gates Award pour avoir mené à bien la transaction la plus difficile de l’année ! Quant à la maison la plus chère que j’ai vendue, le prix était de 5,5 millions de dollars.»
Après plus de 20 ans dans la profession, Pascale Bassan n’a toutefois pas oublié l’Asie – comme en témoigne l’intérieur de sa maison, parsemé de nattes en paille de riz, de buddhas et d’estampes japonaises  – et ses envies de voyage. Malgré son amour pour Santa Barbara «sa nature, ses montagnes, l’océan, la gentillesse des gens», dont elle est chef d’îlot pour le Consulat de France, l’intéressée tourne son regard vers d’autres horizons : «Je me donne encore trois ans dans ce métier. Par la suite, j’aimerais m’engager dans l’humanitaire et peut-être me remettre à enseigner puisque je suis toujours en disponibilité. Je pourrais proposer mes services dans les contrées qui m’attirent et me sentir utile. Mais entre temps, beaucoup de choses peuvent bousculer mes plans. Après tout, l’amour m’a fait venir en Californie, ce sera peut-être lui qui m’en fera partir !»

François Hollande, un "Mr Normal" en scooter pour la presse américaine

Pour les journaux américains, François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle de 2012, est tout l’inverse de Nicolas Sarkozy. Le blog The Source, hébergé par le Wall Street Journal, titre d’ailleurs“Election présidentielle française: Mr. Cinétique contre Mr. Normal”“Monsieur Normal,  c’est François Hollande”, écrit le journaliste Max Colchester, qui le décrit comme “un homme de gauche affable”.  Monsieur Cinétique, au contraire, c’est “Nicolas Sarkozy, un animal politique”, ajoute-t-il. A travers l’adjectif “cinétique”, le journaliste fait référence au caractère hyperactif de Nicolas Sarkozy. On a accusé le président“de faire trop de choses et de mettre sa vie personnelle au premier plan”, affirme Max Colchester. François Hollande, lui, semble beaucoup plus sérieux et mesuré. “Son style badin a été remplacé par des costumes sombres et une raideur très présidentielle”, écrit le journaliste, qui note que le candidat a également minci et foncé ses cheveux. “Le public votera pour le candidat qui offrira le meilleur spectacle” s’amuse Max Colchester.
C’est également l’avis de la journaliste Gabriele Parussini dans un autre article du Wall Street Journal: elle affirme que l’élection présidentielle sera “plus une confrontation de style qu’un combat d’idées”. Elle rappelle que François Hollande s’est détaché de l’aile gauche du parti socialiste pendant sa campagne pour les primaires pour se rapprocher du centre. “François Hollande est connu pour son sens de l’humour et on l’aperçoit souvent sur son scooter dans les rues de Paris”, raconte Gabriele Parussini. Cela fera-t-il la différence le Jour J ?
Pour sa part, le New York Times liste les défauts du candidat socialiste: “M. Hollande a étudié dans l’une des meilleures écoles françaises, mais il n’a aucune expérience de gouvernement”, écrit le journaliste Steven Erlanger. Qui souligne que le militant “n’a jamais été ministre”. Le journaliste prétend que François Hollande “s’est bien occupé” de la Corrèze, dont il est le président du conseil général. Mais il précise aussitôt que “la Corrèze est l’un des plus petits départements de la France, et ne peut pas être comparée avec la gouvernance d’une nation qui appartient au conseil de sécurité de l’ONU et possède l’arme nucléaire”. Le journaliste souligne également que M. Hollande n’est pas connu pour sa maîtrise de la politique internationale, alors que c’est l’une des prérogatives du Président de la République. Pour le journaliste, François Hollande a donc encore beaucoup à apprendre.
Pour la journaliste Kim Whillshers, du Los Angeles Times, c’est le scandale DSK qui a permis à François Hollande d’être élu. Sans cela, le candidat  aurait été battu à plate couture par l’ancien directeur général du FMI. “Autrefois, personne au Parti socialiste ne voyait en François Hollande un réel candidat“, assure la journaliste. Mais avec l’affaire du Sofitel, les choses ont changé. “Pendant l’affaire DSK, Hollande s’est entièrement transformé: il a perdu du poids et abandonné ses costumes froissés et ses lunettes à montures d’écailles“, écrit Kim Willshers. Bref, François Hollande est désormais un homme neuf.
Il n’y pas que François Hollande que la presse américaine raille. Dans le New York Times, tous les socialistes en prennent pour leur grade. Pour le quotidien, le deuxième tour des primaires ne présentait pas un grand intérêt, car aucun des deux candidats n’a déchaîné les foules. Le journaliste Steven Erlanger qualifie la campagne de “grincheuse“. D’après lui, les sondages montrent de toute façon que les deux candidats gagneront contre Nicolas Sarkozy. “Ils ne génèrent pas beaucoup d’enthousiasme, surtout depuis que le favori DSK est sorti de la course” écrit Steven Erlanger. Pour lui, Aubry comme Hollande parlent “un langage administratif“, et “leur dernier débat télévisé ressemblait à un colloque d’université élitiste”. Autrement dit, les deux candidats représentent le comble de l’ennui. “Les socialistes sont un peu désespérés”, assure le journaliste: depuis François Mitterand, aucun d’entre eux n’a été élu président. Encore pire, en 2002, Lionel Jospin n’est même pas arrivé au 2nd tour.
Après avoir critiqué les deux candidats du 2nd tour des primaires, Steven Erlanger s’attaque à Arnaud Montebourg. D’après lui, le militant de la démondialisation se bat pour un retour à une “France imaginaire”car “l’exportation française a de toute façon diminué en pourcentage dans les exportations mondiales chaque année depuis près de 40 ans”. Le journaliste ajoute que l’homme politique a “ennuyé tous les experts politiques”. De plus, Arnaud Montebourg a été complimenté par Marine Le Pen, ce qui prouve que“la démondialisation rapproche l’extrême-droite et l’extrême-gauche en France”. Le journaliste termine son article en disant que malgré tout, le désamour des Français affecte plus Sarkozy qu’Aubry ou Hollande. Malgré leurs défauts, ce sont donc les socialistes qui ont le plus de chance de l’emporter lors de la prochaine présidentielle.
Autre sujet d’interrogation pour nos amis américains : la liberté de la presse est-elle perçue différemment en France et aux Etats-Unis? C’est que pense en tout cas le journaliste Eric Pfanner dans le New York Times. Il raconte que le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris a décrété vendredi 14 octobre l’interdiction du site internet français “Copwatch Nord Paris IDF”. Ce site montrait des vidéos de policiers abusant de leur pouvoir: on pouvait les voir matraquant des manifestants ou se comportant de manière raciste.  “Ce site internet est la version française des sites cop-watching apparus aux Etats-Unis dans les années 1990“, écrit Eric Pfanner. Le journaliste ajoute qu’aux Etats-Unis, les tribunaux ont généralement donné raison à ces sites et ont décrété que filmer des policiers était autorisé par la Constitution américaine et faisait partie de la liberté d’expression.  “En France, il n’y a pas l’équivalent du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui interdit au Congrès de créer une loi qui restreint la liberté d’expression ou celle de la presse”, explique le New York Times.
Eric Pfanner revient sur l’histoire de ces sites de “watching-cops“, qui ont démarré aux Etats-Unis. En 1991, c’est le matraquage d’un motard afro-américain à Los Angeles qui a marqué le début du mouvement. Ce genre de sites s’est ensuite répandu dans tous les Etats-Unis, puis en Angleterre, et désormais en France. Mais curieusement la justice de notre pays n’y a pas accordé le même crédit.
 

J'ai épousé un(e) Américain(e) pour la green card

Nous l’appellerons Jean. A 22 ans, ce Français veut travailler dans le cinéma. Il décide de partir à New York en 2009. Dans une boîte de nuit, il rencontre Lauren, New-yorkaise de 21 ans. Une semaine plus tard, autour d’un brunch, Jean lâche le mot magique. « Je lui dis que j’aimerais faire un faux mariage, que je connais des personnes, notamment des filles russes, qui ont payé $10.000 voire $20 000 pour le faire. On en parlait en rigolant ». Il se trouve d’ailleurs qu’un homme a déjà proposé à Lauren $35.000 pour un mariage blanc. Elle a refusé. « Il était répugnant » disait-elle.
Trois jours passent et Lauren reparle du sujet. « Elle me dit qu’elle serait prête à le faire pour moi, gratuitement. Elle voulait juste que je paie une lune de miel à Las Vegas ». L’Américaine semble avoir le béguin pour le frenchy. Il saisit cette « occasion en or ».
Pour ces immigrés qui veulent décrocher l’Amérique à tout prix, le mariage blanc est un recours possible mais pas toujours avoué. Comme beaucoup, les Français se laissent tenter. En 2010, l’U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS) a comptabilisé 1.343 formulaires I-130 (« Petition for Alien Relative ») impliquant des Français. Plus de 83% ont été acceptés cette année-là. Depuis 2005, 467 « dossiers français » ont été rejetés et seulement seize ont été transmis au bureau des fraudes.
Pour les faux couples que nous avons rencontrés – et dont nous avons modifié le nom, l’age et certains élements biographiques – le chemin est parsemé d’embûches administratives, de mensonges et de demi-vérités. Nous retrouvons Jean. Au moment de son pacte avec Lauren,  il lui reste à peine deux mois pour orchestrer son mariage – il est titulaire d’un visa de touriste. « J’ai dit la vérité à mes parents contrairement à Lauren». Le couple prend contact avec un avocat et lance le processus d’immigration. Première étape : remplir le formulaire I-130. « Il faut mentir à l’avocat et ne jamais sous-entendre que c’est un faux mariage, insiste-t-il. La date pour le mariage doit être bien calculée car se marier au bout d’un mois alors qu’on n’est jamais allé aux Etats-Unis, ce n’est pas crédible ». Jean a déjà fait plusieurs allers-retours à New York. Le couple falsifie donc facilement la date de leur rencontre pour la rendre plus ancienne.
Après le passage à la Mairie, un mois et demi est nécessaire pour rassembler tous les papiers obligatoires pour l’immigrant : certificat de naissance, passeport, acte de mariage et un bilan de santé complet fait sur le sol américain. De nos jours, le service d’immigration accorde presque « systématiquement un ajusted status à l’étranger pour lui permettre de rester le temps que la procédure soit finalisée », explique Maître Pierre Georges Bonnefil, avocat spécialisé. Jean l’obtient. Environ quatre mois après le mariage, le gouvernement envoie au couple une date et une heure par courrier. C’est ainsi que, dix jours plus tard, arrive l’étape la plus importante: l’interview.
Faux albums de famille
Il y a une dizaine d’années, la carte verte arrivait seulement trois mois après le mariage. « Mais l’immigration a constaté trop de fraudes et a complexifié le processus » rappelle Maître Bonnefil. L’interview et l’obligation de rester mariés au moins deux ans pour obtenir la résidence conditionnelle ont donc été ajoutées. Jean et Lauren s’y sont préparés pendant plusieurs semaines. « Ca devenait comme un jeu pour nous ». Numéro de téléphone, nombre de frères et sœurs, profession des parents, animaux de compagnie ou encore de quel côté du lit chacun dort. Aucun détail n’est laissé au hasard.
Autre préparatif à ne pas négliger : les albums photo à présenter à l’officier de l’Immigration. Une réception a été donnée chez les parents de Lauren un mois après le mariage pour que Jean fasse la connaissance de sa belle famille et, surtout, réaliser un album. « L’avocat a toujours insisté » sur ce point. « On a du en faire quatre avec famille, amis et photos de vacances, le tout décoré et annoté de petits mots ».
Questions pointues
« Le 8ème étage du Federal Plaza sur Broadway », Jean s’en souvient encore parfaitement. L’avocat, qui les accompagne sur place, sert de coach de dernière minute avant l’arrivée de l’examinateur. Au bout de vingt minutes, le couple sort confiant. Le plus dur est passé. Si trop d’erreurs sont commises, l’homme et la femme sont séparés et une centaine de questions plus pointues sont posées lors de la redoutable Stokes Interview. Les services de l’Immigration peuvent offrir une deuxième chance à ceux qui ont raté le premier entretien. Mais pas une de plus.
Si le dossier est accepté, la carte verte tant convoitée arrive au plus tard deux mois après. Cette version expire au bout de deux ans. Et c’est 90 jours avant la date butoir que le formulaire I-751 est envoyé pour vérifier que les conjoints sont toujours ensemble. Après vérification, l’immigré reçoit la green card valable 10 ans. « C’est à ce moment là que les couples qui ont fait un business wedding divorcent » explique Maître Bonnefil.
« C’est illégal et dangereux »
Dans un mariage blanc, tout repose sur la confiance, surtout lorsqu’une somme d’argent est en jeu. Si le conjoint américain est un proche, cette magouille peut détruire une amitié. C’est le cas de Cécile, arrivée à New York en 1996 à l’âge de 26 ans. Lorsque son employeur lui annonce qu’il ne peut plus la sponsoriser, elle décide de rester et propose un mariage blanc à un ami américain. Toutes les démarches sont validées mais, au bout de six mois, le couple se fâche et divorce. Cécile n’obtient donc pas de carte verte. Elle se fait finalement sponsoriser par un autre travail et se remariera quelques mois plus tard, cette fois par amour. « Aujourd’hui, je ne le referai pas, dit-elle à propos de son mariage blanc. C’est un moyen rapide et efficace, mais qui nous lie à l’autre personne, ce qui peut amener parfois de gros problèmes de responsabilité. Mieux vaut essayer la loterie ! »
« C’est illégal et dangereux », voilà l’avertissement que donne Maître Bonnefil à ses clients. Comme beaucoup d’avocats aux Etats-Unis, il prend « toujours soin de rappeler les lignes du Formulaire I-130 expliquant les risques d’un Marriage Based Green Card ». En 20 ans de carrière, il dit avoir déjà refusé des couples qui lui semblaient « faux ». Les deux conjoints risquent beaucoup si la fraude est révélée par l’Immigration. Les conséquences pour l’étranger sont plus lourdes : possible passage en prison, puis déportation et une interdiction d’entrée sur le territoire américain pour 10 ans minimum. Le citoyen américain, quant à lui, risque jusqu’à cinq ans de prison et $250.000 d’amende.
Pour sa part, Jean compte divorcer prochainement. Le Français est conscient de la chance qu’il a eue en rencontrant Lauren. Mais il réalise aussi qu’il était dans une situation de dépendance vis-à-vis d’elle pendant près de deux ans. « Il suffisait qu’elle décide de divorcer et j’étais bon pour tout recommencer ».
 

J'ai épousé un(e) Américain(e) pour la green card

Nous l’appellerons Jean. A 22 ans, ce Français veut travailler dans le cinéma. Il décide de partir à New York en 2009. Dans une boîte de nuit, il rencontre Lauren, New-yorkaise de 21 ans. Une semaine plus tard, autour d’un brunch, Jean lâche le mot magique. « Je lui dis que j’aimerais faire un faux mariage, que je connais des personnes, notamment des filles russes, qui ont payé $10.000 voire $20 000 pour le faire. On en parlait en rigolant ». Il se trouve d’ailleurs qu’un homme a déjà proposé à Lauren $35.000 pour un mariage blanc. Elle a refusé. « Il était répugnant » disait-elle.
Trois jours passent et Lauren reparle du sujet. « Elle me dit qu’elle serait prête à le faire pour moi, gratuitement. Elle voulait juste que je paie une lune de miel à Las Vegas ». L’Américaine semble avoir le béguin pour le frenchy. Il saisit cette « occasion en or ».
Pour ces immigrés qui veulent décrocher l’Amérique à tout prix, le mariage blanc est un recours possible mais pas toujours avoué. Comme beaucoup, les Français se laissent tenter. En 2010, l’U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS) a comptabilisé 1.343 formulaires I-130 (« Petition for Alien Relative ») impliquant des Français. Plus de 83% ont été acceptés cette année-là. Depuis 2005, 467 « dossiers français » ont été rejetés et seulement seize ont été transmis au bureau des fraudes.
Pour les faux couples que nous avons rencontrés – et dont nous avons modifié le nom, l’age et certains élements biographiques – le chemin est parsemé d’embûches administratives, de mensonges et de demi-vérités. Nous retrouvons Jean. Au moment de son pacte avec Lauren,  il lui reste à peine deux mois pour orchestrer son mariage – il est titulaire d’un visa de touriste. « J’ai dit la vérité à mes parents contrairement à Lauren». Le couple prend contact avec un avocat et lance le processus d’immigration. Première étape : remplir le formulaire I-130. « Il faut mentir à l’avocat et ne jamais sous-entendre que c’est un faux mariage, insiste-t-il. La date pour le mariage doit être bien calculée car se marier au bout d’un mois alors qu’on n’est jamais allé aux Etats-Unis, ce n’est pas crédible ». Jean a déjà fait plusieurs allers-retours à New York. Le couple falsifie donc facilement la date de leur rencontre pour la rendre plus ancienne.
Après le passage à la Mairie, un mois et demi est nécessaire pour rassembler tous les papiers obligatoires pour l’immigrant : certificat de naissance, passeport, acte de mariage et un bilan de santé complet fait sur le sol américain. De nos jours, le service d’immigration accorde presque « systématiquement un ajusted status à l’étranger pour lui permettre de rester le temps que la procédure soit finalisée », explique Maître Pierre Georges Bonnefil, avocat spécialisé. Jean l’obtient. Environ quatre mois après le mariage, le gouvernement envoie au couple une date et une heure par courrier. C’est ainsi que, dix jours plus tard, arrive l’étape la plus importante: l’interview.
Faux albums de famille
Il y a une dizaine d’années, la carte verte arrivait seulement trois mois après le mariage. « Mais l’immigration a constaté trop de fraudes et a complexifié le processus » rappelle Maître Bonnefil. L’interview et l’obligation de rester mariés au moins deux ans pour obtenir la résidence conditionnelle ont donc été ajoutées. Jean et Lauren s’y sont préparés pendant plusieurs semaines. « Ca devenait comme un jeu pour nous ». Numéro de téléphone, nombre de frères et sœurs, profession des parents, animaux de compagnie ou encore de quel côté du lit chacun dort. Aucun détail n’est laissé au hasard.
Autre préparatif à ne pas négliger : les albums photo à présenter à l’officier de l’Immigration. Une réception a été donnée chez les parents de Lauren un mois après le mariage pour que Jean fasse la connaissance de sa belle famille et, surtout, réaliser un album. « L’avocat a toujours insisté » sur ce point. « On a du en faire quatre avec famille, amis et photos de vacances, le tout décoré et annoté de petits mots ».
Questions pointues
« Le 8ème étage du Federal Plaza sur Broadway », Jean s’en souvient encore parfaitement. L’avocat, qui les accompagne sur place, sert de coach de dernière minute avant l’arrivée de l’examinateur. Au bout de vingt minutes, le couple sort confiant. Le plus dur est passé. Si trop d’erreurs sont commises, l’homme et la femme sont séparés et une centaine de questions plus pointues sont posées lors de la redoutable Stokes Interview. Les services de l’Immigration peuvent offrir une deuxième chance à ceux qui ont raté le premier entretien. Mais pas une de plus.
Si le dossier est accepté, la carte verte tant convoitée arrive au plus tard deux mois après. Cette version expire au bout de deux ans. Et c’est 90 jours avant la date butoir que le formulaire I-751 est envoyé pour vérifier que les conjoints sont toujours ensemble. Après vérification, l’immigré reçoit la green card valable 10 ans. « C’est à ce moment là que les couples qui ont fait un business wedding divorcent » explique Maître Bonnefil.
« C’est illégal et dangereux »
Dans un mariage blanc, tout repose sur la confiance, surtout lorsqu’une somme d’argent est en jeu. Lorsque le conjoint américain est un proche, cette magouille peut détruire une amitié. C’est le cas de Cécile, arrivée à New York en 1996 à l’âge de 26 ans. Lorsque son employeur lui annonce qu’il ne peut plus la sponsoriser, elle décide de rester et propose un mariage blanc à un ami américain. Toutes les démarches sont validées mais, au bout de six mois, le couple se fâche et divorce. Cécile n’obtient donc pas de carte verte. Elle se fait finalement sponsoriser par un autre travail et se remariera quelques mois plus tard, cette fois par amour. « Aujourd’hui, je ne le referai pas, dit-elle à propos de son mariage blanc. C’est un moyen rapide et efficace, mais qui nous lie à l’autre personne, ce qui peut amener parfois de gros problèmes de responsabilité. Mieux vaut essayer la loterie ! »
« C’est illégal et dangereux », voilà l’avertissement que donne Maître Bonnefil à ses clients. Comme beaucoup d’avocats aux Etats-Unis, il prend « toujours soin de rappeler les lignes du Formulaire I-130 expliquant les risques d’un Marriage Based Green Card ». En 20 ans de carrière, il dit avoir déjà refusé des couples qui lui semblaient « faux ». Les deux conjoints risquent beaucoup si la fraude est révélée par l’Immigration. Les conséquences pour l’étranger sont plus lourdes : possible passage en prison, puis déportation et une interdiction d’entrée sur le territoire américain pour 10 ans minimum. Le citoyen américain, quant à lui, risque jusqu’à cinq ans de prison et $250.000 d’amende.
Pour sa part, Jean compte divorcer prochainement. Le Français est conscient de la chance qu’il a eue en rencontrant Lauren. Mais il se rend compte qu’il était aussi dans une situation de dépendance vis-à-vis d’elle pendant près de deux ans. « Il suffisait qu’elle décide de divorcer et j’étais bon pour tout recommencer ».