Cette semaine, la presse américaine ne s’est pas beaucoup intéressée à la naissance de Giulia, la fille du couple présidentiel. Les articles traitant du sujet sont courts et descriptifs. Le New York Times rappelle simplement que Mme Bruni-Sarkozy fut « une ancienne mannequin et chanteuse qui maria Mr. Sarkozy en 2008 », qu’elle a déjà un « fils, Aurélien, 10 ans, né d’une relation précédente avec le philosophe Raphaël Enthoven.» L’article dresse surtout un arbre généalogique de la famille Bruni-Sarkozy, en expliquant aussi que Mr Sarkozy « a trois enfants, nés de deux premiers mariages » et qu’il est « devenu grand-père l’année dernière ». L’article souligne aussi les états d’âme de Carla Bruni en expliquant « qu’elle a souvent exprimé le désir d’être mère pour une seconde fois.»
Le Washington Post s’attache lui à décrypter les conséquences politiques de cette naissance. Le journal cite l’historien français Christian Delporte, qui explique que « la naissance du bébé pourrait être une aubaine politique pour Mr Sarkozy ou au contraire avoir l’effet inverse ». En effet, « l’image de lui heureux avec sa femme, pourrait paraître indécent aux yeux des Français ». Par ailleurs, le journal explique que la naissance de Giulia Sarkozy est « un événement historique », puisque « c’est la première fois qu’un Président français a un enfant durant son mandat » en ajoutant que c’est aussi « la première fois qu’un Président divorce et se remarie durant son mandat ».
Une Europe « en declin »
La presse américaine dresse un tableau plutôt noir de l’avenir de l’Union européenne. L’euro est pointé du doigt. Le New York Times donne le ton en titrant un article daté du 20 octobre : « L’Euro, destiné à unir l’Europe, semble au contraire la diviser.» Le journaliste Steven Erlanger est particulièrement pessimiste et critique à l’encontre de l’UE. Il explique qu’en surface l’Union européenne est «un énorme succès ». En effet, « l’UE regroupe 500 millions d’habitants et son produit intérieur brut est de $17 trillions, ce qui est plus important que les Etats-Unis et trois fois celui de la Chine ou du Japon.» Cependant « l’Europe est économiquement et démographiquement en déclin ». Ainsi « la part de l’UE dans le commerce mondial ne cesse de décroître » souligne le journaliste.
La crise européenne actuelle exige des changements drastiques et fondamentaux dans le fonctionnement du système. Pour le journaliste, c’est la souveraineté des Etats membres qui est sévèrement pointée du doigt. L’Union européenne « a besoin d’être une union fiscale, a besoin d’une trésorerie et d’un ministre des finances capable d’intervenir sur les budgets nationaux, et de politiques fiscales et de retraites unifiées.» Au contraire, « il est loin d’être clair que l’Union européenne soit capable de se rassembler en mettant de côté les identités fortes et les nationalismes des Etats membres ». Steven Erlanger affirme que la crise européenne n’est pas simplement économique, mais démocratique et politique. Il ironise sur l’autosatisfaction de l’Europe, « modèle autoproclamé du soft power » mais qui est en réalité un « modèle ternis et défectueux ». « L’assomption de ces 60 dernières années semble soudainement creuse », explique Steven Erlanger.
Il termine l’article en se focalisant sur les problèmes des pays moteurs de l’Union européenne : la France et l’Allemagne. En effet, la chancelière allemande, Angela Merkel « se focalise sur les problèmes internes de l’Allemagne, son fédéralisme dissolu et son gouvernement de coalition. Un contraste majeur par rapport à l’Etat français centralisé, presque monarchique. » La France, quant à elle, « est anxieuse par rapport à sa propre dette, son niveau de notation et se retrouve en plein milieu d’une campagne présidentielle méchante, et reste ainsi encore bien loin derrière Berlin ».
Un bébé présidentiel et une Europe en crise
Yves Saint Laurent à prix cassés
Le luxe français (presque) à portée de tous avec les ventes privées d‘Yves Saint Laurent. A partir de mercredi 26 et jusqu’au vendredi 28 octobre, la marque propose des vêtements à prix réduits. La vente se passe au Metropolitan Pavilion, sur la 18ème rue entre la 6ème et la 7ème avenue. La plus grosse réduction s’applique aux sacs à main, qui passent de $1,550 à $600. Les chaussures pour femmes passent quant à elles de $795 à $300.
De nombreuses autres pièces sont vendues moins cher que d’habitude. On peut acheter des ceintures à $50, des pantalons à $150, des vestes et des robes à $350, et des pulls à $250. Avis aux fans de la marque!
Ventes privées Yves Saint Laurent, du 26 au 28 octobre. Le mercredi 26 octobre de 17h à 20h, le jeudi 27 octobre de 8h à 20h et le vendredi 28 octobre de 8h à 17h. Metropolitan Pavilion, 125W 18th street (entre la 6ème et la 7ème avenue).
Anne Fontaine au secours de la forêt brésilienne
Ce soir-là, Anne Fontaine, reine de la chemise blanche, était toute de noir vêtue. Perchée sur 20cm de talons, enceinte, crinière en cascade sur épaules dégagées: cette fille d’Amazonie a des airs d’amazone. Ce jeudi 20 octobre, elle lançait à New York la Fondation Anne Fontaine, alors qu’avait lieu le premier “Forest Day” dans les boutiques éponymes. La moitié du revenu des ventes réalisées pendant cette journée a été reversée à la nouvelle fondation.
Celle-ci sera dirigée par Christine Dutreil, ex-directrice de la communication du groupe Wendel. “J’aime travailler avec des femmes. Plus terriennes, nous avons un rapport au temps différent et l’environnement est un engagement de longue haleine” souligne Anne Fontaine. Les deux partenaires, qui partagent un goût commun pour l’Art s’étaient rencontrées plusieurs fois à Paris. “Quand j’ai su que Christine était à New York, je lui ai proposé d’emblée de nous associer. C’était la candidate idéale”.
Dame nature de la mode
Dans l’univers du luxe, Anne Fontaine est un peu Dame Nature. Les flonflons de la mode ? “Pas vraiment mon truc”, avoue celle qui a bâti un empire sur le concept de la chemise blanche. D’ailleurs, aux buildings de New York, cette Brésilienne arrivée en France à l’âge de 20 ans, préfère de loin sa ferme normande où elle élève ses deux filles, ses poules et ses moutons.
Anne Fontaine a tout juste 17 ans quand elle partage pendant six mois la vie de la tribu Canela d’Amazonie. L’expérience initiatique, “quasi mystique” avoue-t-elle, la marque à jamais. La tribu lui donne un nouveau nom, prémonitoire: “Plume d’Aigle Blanche”. Aujourd’hui figure incontournable du luxe (alors qu’elle rêvait d’être biologiste), elle est à la tête de plus de soixante-dix boutiques aux quatre coins du monde. Pour autant, Anne Fontaine n’a jamais oublié ses racines brésiliennes.
Eduquer, planter, créer
“Mais il y a un temps pour tout”, admet-elle. Après celui de la réussite et de la maternité est donc venu le temps de l’engagement pour celle qui rêvait d’aider ses frères d’Amazonie. Mission de la fondation : garantir la protection de la forêt tropicale atlantique brésilienne. Mieux connue sous le nom de Mata Atlantica, cette forêt de la partie sud de l’Etat de Bahia est en danger de disparition.
“Je suis convaincue que la mode et l’art peuvent aider à faire passer le message, nous explique la styliste. Chaque année nous proposerons à un artiste travaillant sur le recyclage de collaborer avec nous”. Les pièces issues de cette collaboration seront vendues dans les boutiques Anne Fontaine au profit de la fondation.
Des actions qui s’inscrivent dans un programme de protection et de prévention plus large. “La base, c’est l’éducation, poursuit-elle. Quand les gens meurent de faim, couper les arbres est un moyen de survie”. C’est pourquoi la fondation s’est associée à des structures locales de sensibilisation, qu’elle soutiendra financièrement. Partenaire des principaux organismes internationaux de protection de l’environnement comme l’UNEP (United Nations Environment Program) et le Nature Conservacy, Anne Fontaine s’est notamment engagée à soutenir le programme des Nations unies “One Billion Tree ” qui vise à planter un milliard d’arbres dans le monde d’ici cinq ans.
Ci-dessous, notre diaporama de la soirée de lancement de la fondation Anne Fontaine, le 20 octobre, à New York (crédit: Lisa Beaujour)
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Voir le site de la Fondation Anne Fontaine ici
Marine Le Pen en tournée américaine
“On ne se fait pas d’illusion, elle n’a pas sans doute beaucoup de supporters parmi les Français de New York”. Stéphane Schinazi, collaborateur bénévole de la campagne de Marine Le Pen a vécu plusieurs années à New York et sait que “ce n’est pas là qu’est sa clientèle”. La candidate du Front National organisera pourtant une “rencontre avec la communauté française” (le 4 novembre à 4pm, au UN Plaza Hotel à Manhattan). “L’idée est de débattre avec tous, supporters ou pas”, assure Stéphane Schinazi.
Le voyage de Marine Le Pen de ce côté-ci de l’Atlantique n’a évidemment pas pour but de recruter des électeurs parmi les expatriés français, mais bien de “présidentialiser son image” en affirmant sa stature internationale. A Washington (les 1er et 2 novembre), à New York (3 et 4 novembre) puis à Miami, elle va donc multiplier les conférences de presse. Le programme mentionne aussi plusieurs “rencontres avec des élus et conseillers républicains et démocrates”, mais pour l’heure un seul a confirmé, le candidat à l’investiture républicaine Ron Paul, un des favoris du Tea Party. “On ne préfère pas donner les noms des autres, qui subissent des pressions pour ne pas la rencontrer” dit-on dans l’entourage de Mme Le Pen. La Présidente du Front national avait également exprimé le souhait de rencontrer l’économiste Joseph Stiglitz, professeur à Columbia. Mais son bureau nous a indiqué que Mr. Stiglitz ne serait pas à New York début novembre et qu’il « n’a fait aucun plan pour rencontrer Mme Le Pen ».
Rencontre avec Ron Paul, chouchou du Tea Party
Contacté par French Morning, le cabinet de Ron Paul a confirmé le rendez-vous “à condition qu’il soit à Washington ce jour-là, ce qui semble être le cas”. “Mme Le Pen a exprimé de l’intérêt pour les vues de Ron Paul sur la politique monétaire, un sujet qu’il est toujours ravi de discuter” explique Rachel Mills, directeur de la communication du candidat républicain. Quant à savoir si la possible controverse déclenchée par une telle visite ne l’inquiétait pas, la porte -parole assure que Ron Paul “accepte généralement les rendez-vous avec les leaders politiques étrangers, en particulier quand ils partagent son intérêt pour la politique monétaire et la nature destructive des banques centrales”. Grand prince, le politicien texan fait assurer par sa porte-parole “qu’il recevra tous les autres candidats qui le demanderaient”.
En tentant ainsi de s’associer avec un des favoris du Tea Party, Marine Le Pen prend aussi le risque de brouiller le message anti-mondialisation qu’elle entend défendre: fidèle à la philosophie “libertarienne”, Ron Paul est un farouche partisan du libre-échange et ennemi maintes fois déclaré du protectionnisme que défend Mme Le Pen.
A New York, outre le rendez-vous avec la communauté, la candidate du Front National passera aux Nations Unies pour y rencontrer “des diplomates francophones”, mais aucun responsable de l’organisation internationale.
2012: êtes-vous inscrit sur la liste électorale consulaire?
Pour ceux qui doutaient de la créativité de notre administration consulaire, regardez la vidéo ci-dessous. Cette parodie des actualités françaises realisée par les équipes du Consulat général de France à New York vise à inciter les Français du Tri-State à s’inscrire sur la liste électorale consulaire en vue des échéances politiques de 2012. L’année sera marquée par l’élection du Président de la République les 21 avril et 5 mai, et, pour la première fois, l’élection de députés représentant les Français de l’étranger les 2 et 14 juin. Les inscriptions seront ouvertes jusqu’au 31 decembre 2011, 18 heures.
Procédure
Il y a plusieurs manières de vous inscrire:
– en vous rendant au Consulat de France (934 Fifth Avenue, entre 74th et 75th streets, New York) ou dans l’une des agences consulaires à Buffalo, Princeton, Hartford ou Hamilton (la vidéo suggère que les agents consulaires vous accueilleront avec des fleurs. On verra si c’est le cas !);
– en envoyant ce formulaire ainsi qu’une copie de votre passeport ou de votre carte nationale d’identité, et un justificatif de résidence de moins de trois mois par courrier au Service Elections du Consulat général de France (934 Fifth Avenue, New York, NY 10021) ou par email à [email protected];
– en vous connectant au guichet d’administration électronique avec votre numéro unique consulaire (NUMIC), présent sur votre carte consulaire, et votre mot de passe;
– Si vous êtes inscrit sur une liste électorale d’une commune en France, vous devez à cette occasion l’indiquer, et préciser votre choix de vote (en France ou à l’étranger) pour les élections présidentielles, législatives et les référendums.
Si vous n’êtes pas sûr de votre situation électorale, vous pouvez vous connecter au guichet d’administration électronique au moyen de votre NUMIC et modifier votre choix d’exercice du droit de vote si besoin. Vous pouvez également envoyer un email à [email protected] pour demander votre numéro en joignant une copie numérisée de votre passeport ou de votre carte nationale d’identité.
Pour plus d’informations, visiter le site du Consulat
Du Lycée français au plus gros salaire américain
Il y a deux chiffres à connaître sur Philippe Dauman -deux records: le patron de Viacom est le CEO le mieux payé des Etats-Unis (85 millions de dollars en 2010); à 13 ans il enregistrait le score parfait au SAT, le fameux test utilisé pour l’admission dans les universités américaines.
Sur le premier record, le PDG n’a pas grand chose à dire («ce sont les actionnaires qui décident» est sa réponse standard). En revanche, il est plus disert sur sa brillante scolarité au Lycée français, où il a rapidement eu deux ans d’avance. «J’étais terrifié, se souvient-il en recevant French Morning dans son bureau d’angle au 52ème étage du siège de Viacom, sur Times Square. Tous les autres enfants avaient deux ans de plus que moi, c’était un choc». Il va vite surmonter le traumatisme, grâce notamment à une jeune fille qui débarque dans sa classe. «Elle était aussi très jeune. Fille d’un prix Nobel, elle était extrêmement brillante». Quarante ans plus tard, il se souvient de son nom -Jacqueline Sobotka. Grâce à elle, et quelques autres, dit-il, «je ne me prenais pas pour un génie, je pensais que tout le monde était comme ça». (Mise à Jour: Jacqueline Bonnard-Sobotka, que nous n’avions pas réussi à joindre avant publication, nous précise que si son père, le chimiste Harry Sobotka, a remporté de nombreuses distinctions, il n’a en revanche pas eu le prix Nobel).
A l’époque, s’il se sent différent, c’est pour une tout autre raison: il est fils d’immigrés. Ses parents se sont connus aux Etats-Unis, mais tous deux viennent de France. Son père, Henri Dauman, est un célèbre photographe, collaborateur de Life Magazine; sa mère, avocate, est venue pour apprendre l’anglais. Ils s’installent à New York où naît Philippe. «Tous les ans, mes parents disaient qu’on allait retourner en France, mais nous sommes restés». La famille Dauman parle français à la maison, les amis du couple sont tous des Français de New York et c’est, assure-t-il, en regardant la télévision que le petit Philippe apprend l’anglais. Depuis qu’il est patron d’un empire de la télé et du cinéma, il s’est certes beaucoup servi de l’anecdote («la télé est bonne pour vos enfants»: effet garanti sur toute audience) mais elle est, assure-t-il, 100% véridique.
Combat contre Google et YouTube
Quelque part autour de l’adolescence, «j’ai commencé à penser en anglais et plus en français», dit-il. Aujourd’hui, son français est teinté d’accent américain, mais il est convaincu que son éducation «bi-culturelle» a joué un rôle crucial dans sa carrière. Elle lui permet en tout cas de citer sans complexe la France en exemple sur un domaine, devenu son cheval de bataille: la protection de la propriété intellectuelle sur Internet. Le PDG de Viacom est le porte-parole le plus actif d’une campagne engagée par l’industrie du cinéma et de la télévision aux Etats-Unis en faveur d’une loi inspirée de l’Hadopi française, prévoyant notamment des avertissements aux fraudeurs. Imitant la tactique employée en France, les lobbyistes ont enrôlé artistes et auteurs. «Notre but est de montrer qu’il n’y a absolument aucune contradiction entre innovation et propriété intellectuelle. Au contraire, chaque film crée des milliers d’emplois et la fraude menace ces emplois!»
Cette croisade, Philippe Dauman l’a d’abord menée contre Google et sa filiale YouTube, peu de temps après son arrivée à la tête de Viacom, en poursuivant le géant de l’internet, coupable de laisser ses utilisateurs diffuser des programmes produits par ses chaînes (notamment le Daily Show de Jon Stewart, sur Comedy Central). Viacom a perdu en première instance et l’affaire est en ce moment même devant la cour d’appel, mais l’épisode a assis la réputation de Dauman à Hollywood, où son apparence plutôt austère lui avait d’abord valu un accueil réservé. «Ce qui fascine tout le monde dans le milieu, dit un bon connaisseur du secteur, c’est qu’il ait pu rester aussi longtemps aux côtés de Sumner Redstone, le milliardaire qui contrôle à la fois CBS et Viacom”.
A 88 ans, Redstone a usé bon nombre d’héritiers désignés, mais Philippe Dauman, lui, résiste. Il est à la tête de Viacom depuis plus de cinq ans. «Nous avons un lien intellectuel très fort», assure-t-il. Leur complicité remonte à 1986, lorsque Dauman, alors avocat, conseille Redstone dans l’OPA hostile qui allait lui permettre de prendre le contrôle de Viacom. «Il m’a tout de suite proposé de travailler avec lui en 1987, se souvient Dauman. J’ai refusé, parce que j’allais passer «partner» dans le cabinet d’avocats Shearman & Sterling où je travaillais». Mais en 1992, Sumner Redstone fait une nouvelle offre qu’il accepte cette fois. Adoubé par le patriarche qui l’appelle «mon meilleur ami pour toujours», Dauman est devenu PDG en 2006 et est crédité d’excellents résultats financiers -qui lui valent sa rémunération record.
“Les Aventures de Tintin”
Sous sa houlette, MTV, ex fleuron du groupe, a renoué avec le succès en passant des clips vidéos aux reality shows. La branche cinéma de Viacom, Paramount, a elle amélioré sa rentabilité, malgré une baisse marquée du nombre d’entrée, grâce notamment à la multiplication des «franchises» (Transformers, Star Trek ou encore Mission : Impossible), très lucratives. Et c’est sous sa houlette aussi que le studio s’est engagé comme co-producteur dans «Les Aventures de Tintin en 3D», de Steven Spielberg, qui sort en France ce mercredi. S’il assure laisser d’ordinaire aux patrons du studio le choix de sélectionner les films produits, Philippe Dauman reconnaît que cette fois, «avoir quelqu’un de ma culture, qui avait lu Tintin enfant et connait l’impact du personnage en Europe a sans doute aidé à sauter le pas et à produire le film».
L’opération reste pourtant un pari considérable aux Etats-Unis. Pour la première fois de l’histoire de la firme, le film sortira d’abord à l’étranger avant d’attaquer le marché américain -dans deux mois seulement. L’objectif, explique le PDG de Viacom, «est de surfer sur le succès espéré en Europe et créer le buzz ici où, il faut bien le reconnaître, Tintin est un inconnu!». Succès ou échec, les actionnaires de Viacom sauront que la cause sera à chercher du côté des lectures du jeune Dauman quelque part dans l’Upper East Side…
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Le gala de la French American Foundation organisé ce mardi 24 octobre au Capitale, célèbre Philippe Dauman et l’écrivain David McCullough.
(Crédit Photo de Une: ADMEDIA/SIPA)
Les Red Bulls de Thierry Henry en playoffs
Les New York Red Bulls passent aux choses sérieuses. Les co-équipiers de Thierry Henry se sont qualifiés pour les playoffs après leur victoire 1-0 contre Philadelphia Union sur un but de raccro (une tête sur le poteau qui a rebondi sur le dos du gardien avant de prendre le chemin des filets). Ils affronteront le FC Dallas mercredi soir à 21h heure new-yorkaise. Henry, meilleur buteur des Red Bulls avec 14 réalisations, suspendu contre “Philly” pour cause de carton rouge au match précédent, sera sur la pelouse pour ce rendez-vous crucial.
Voir la vidéo du but:
La MLS pour les nuls
Vous ne comprenez rien à la MLS (Major League Soccer) ? C’est normal. Son fonctionnement mi-coupe mi-championnat n’est pas toujours clair pour les Français, habitués au classement à points de la L1.
Reprenons de zéro. Les équipes sont divisées en deux conférences (« eastern » et « western ») en fonction de leur implantation géographique. Depuis cette saison 2011, les 4ème et 5ème du classement de chaque conférence au terme de 34 confrontations s’affronteront au cours de matchs dits de « wild card », sorte de repêchages. Les deux équipes victorieuses rejoindront ensuite les six autres équipes (les 1er, 2ème et 3ème de chaque conférence) en « conference semifinals ». Ces demi-finales (à huit équipes donc !) se jouent également en conférence, « eastern » et « western », sous forme de matchs aller et retour. Au terme de ces matchs, les deux équipes ayant marqué le plus de buts se qualifient pour la « conference championship », c’est-à-dire la finale. Le vainqueur remporte le titre, la MLS Cup.
Arrivés 5ème de leur conférence, les Red Bulls emmenés par leur capitaine Thierry Henry et l’ex-star du Barça Rafael Márquez affronteront Dallas dans le cadre d’un match de « wild card ». Pas le droit à l’erreur donc. L’autre match de « wild card » opposera les Colorado Rapids à Columbus Crew.
Voici les autres qualifiés (les noms font rêver) :
– Eastern conference : Sporting Kansas City, Houston Dynamo, Colorado Rapids
– Western Conference: Real Salt Lake, Seattle Sounders, LA Galaxy
Où regarder le match?
Si le match contre Dallas se jouera à Dallas, les supporters new-yorkais des Red Bulls pourront suivre les aventures de leur équipe à Legends (6 West 33rd St, entre Fifth Avenue et Avenue of the Americans – (212) 967-7792). La soirée commence à 20h et le coup d’envoi sera donné à 21h. Le match sera retransmis sur FOX Soccer et TSN2.
En cas de victoire, l’équipe new-yorkaise recevra le Sporting Kansas City, Houston Dynamo, Colorado Rapids dans son nouvel antre du Red Bull Arena à Harrison dans le New Jersey. Ambiance bon enfant garantie pour des prix plus que raisonnables. Le foot comme on l’aime.
Voir le site de la MLS ici
Voir le site des New York Red Bulls ici
France-USA: où sont les millionnaires
Comparer la France et les Etats-Unis: tous les Français des US savent que cela n’a aucun sens… Et tous passent leur temps à le faire! Parce qu’on est comme ça aussi à French Morning, et pour alimenter vos dîners en ville, votre webmagazine préféré lance une nouvelle rubrique hebdomadaire. Le chiffre de la semaine passera en revue chaque semaine une statistique comparée entre la France et les Etats-Unis. Avec une arrière-pensée évidente: casser les idées reçues autant que possible et en tout cas donner du grain à moudre à tous ceux qui préfèrent les débats fondés sur des faits et des chiffres. Bref, cette nouvelle rubrique est destinée à provoquer la discussion, à commencer ici même, en commentaires sous cet article. Pour débuter cette série, nous nous intéressons aux millionnaires des deux côtés de l’Atlantique à l’occasion d’un classement publié la semaine dernière. Et bien entendu, le pays qui accueille le plus de millionnaires n’est pas celui que vous pensiez!
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Cela en surprendra certains: dans le monde des riches, la France est apparemment une hôtesse particulièrement accueillante. Selon l’étude « Global Wealth Report 2011 » sur la richesse mondiale, réalisée par le Crédit Suisse et publiée par le quotidien économique La Tribune le 11 octobre, 2,6 millions de personnes en France possèdent au moins un million de dollars. La banque helvétique compte dans la catégorie «millionnaire» les adultes possédant au moins un million de dollars en actifs financiers et biens immobiliers (les dettes sont déduites). Selon elle, on dénombre 24 millions de millionnaires dans le monde. Parmi eux, 9% vivent en France. Ainsi l’Hexagone obtient-elle la très surprenante médaille de bronze après les Etats-Unis (41%) et le Japon (10%).
Plus de millionnaires par habitant en France qu’aux US
Mais cette étonnante 3ème place ne prend pas en compte la taille de la population. En effet, si l’on prend en compte cette variable, la France obtient la très convoitée médaille d’or. Avec un millionnaire pour 30 habitants, le ratio de millionnaires par habitant est le plus élevé au monde. Aux Etats-Unis, ce ratio est de un millionnaire pour 31,5 Américains en moyenne. De quoi faire tomber quelques préjugés.
Bien entendu, comme tous classements, celui-ci est à prendre avec des pincettes. En effet, le taux de change joue fortement dans ce classement établi en dollar. Entre 2000 et 2007, l’euro a progressé face au billet vert passant de $0,82 à $1,5 pour un euro. De plus, le bon classement de la France s’explique aussi en partie par l’appréciation du patrimoine de l’immobilier. En effet, les prix de l’immobilier dans l’Hexagone ont été multipliés par un facteur 2,5-3, selon les instituts.
En réalité, tout dépend des variables utilisées pour mesurer la fortune des millionnaires. Par exemple, une étude réalisée en juin 2011 par le Boston Consulting Group dénombrait 210.000 millionnaires en France, plaçant la France seulement à la 9ème place dans le monde. Pourquoi un tel écart avec la troisième position du Crédit suisse ? L’étude ne prenait en compte que le patrimoine liquide, et donc pas le patrimoine immobilier, qui constitue la plus grande part de la richesse française.
Enseigner la danse classique française aux US? Chiche!
Ah, la danse classique française: la cour de Louis XIV, les petits rats et l’Opéra de Paris…! Ces images font rêver, et non sans raison: la technique française est l’une des plus appréciées au monde.
Pourtant, jusqu’au mois de septembre dernier, il n’existait pas d’école de danse classique française à New York. Le danseur français François Perron y a remédié en créant la French Academie of Ballet. Quarante deux jeunes élèves -trente-deux filles et dix garçons – sont actuellement en formation dans cet établissement pré-professionnel. “Cela faisait longtemps que je voulais ouvrir une école française, assure François Perron. La France, avec Louis XIV, c’est quand même la patrie de la danse classique!” s’exclame-t-il.
Implanter la danse française chez les yankees ? Plus facile à dire qu’à faire. François Perron, ancien directeur de l’American Youth Ballet, le sait bien : entre la France et les Etats-Unis dans le monde de la danse, il y a plus qu’un océan. Cet ancien de l’Opéra de Paris, ex-danseur dans la compagnie La Scala en Italie, s’en rend compte dès son arrivée à New York en 1984. “Les danseurs français sont beaucoup plus minces que les Américains. Ici, ils sont plus costauds, plus charpentés, explique-t-il. Quand je suis arrivé, j’étais extrêmement mince, je n’osais pas me mettre torse nu”.
Création plus limitée aux Etats-Unis
Au-delà du physique, Français et Américains ont deux approches fondamentalement différentes de la danse classique. Contrairement à la France ou le ballet est une tradition ancienne (Louis XIV a ouvert la première école de danse, au XVII siècle), l’art s’est développé dans les années 40 aux Etats-Unis, quand le danseur George Balanchine a codifié toute la danse américaine. Ses caractéristiques: des pas extrêmement rapides, des poignets très souples et un visage dépourvu d’expression. Au contraire, la danse classique française a la particularité d’être très pure, “unaffected” comme disent les Américains. Les ports de bras sont très épurés et les poignets ne s’envolent pas. Enfin, “la danse française est beaucoup plus théâtrale que celle que l’on pratique à New York, affirme François Perron. Notre corps et notre visage expriment des émotions. Aux Etats-Unis, c’est la pure chorégraphie qui doit transmettre les sentiments”.
“Quand on parle de la danse classique française, on pense précision” poursuit-il. Le spectateur de l’Opéra de Paris ne peut (presque) pas distinguer un danseur de l’autre: tous réalisent les mêmes mouvements au même moment. En revanche, les danseurs américains du corps de ballet ne doivent pas forcément être “en miroir“.
Autre différence de taille: la réception de l’oeuvre par le public. “Ici, dès qu’on crée quelque chose qui sort de l’ordinaire, les gens sont déboussolés. En général, ils n’aiment pas”, assure le professeur de danse. “Le gros problème, c’est que dans ce cas les sponsors se retirent et la compagnie ne peut plus produire de spectacles”. En France, la danse classique connaît moins ce problème grâce aux subventions publiques, même si l’on a de plus en plus recours au mécénat dans l’Hexagone. “Du coup, la création est plus limitée ici, c’est dommage”, conclut François Perron.
“La danse classique française ne s’exporte pas”
Malgré les particularités de l’Hexagone, nos danseurs peuvent facilement travailler aux Etats-Unis. La danse française étant “unaffected”, elle peut s’adapter à de nombreux styles différents.
Pourtant, les Français sont rarement présents dans les compagnies new-yorkaises. Il y a évidemment le très célèbre Benjamin Millepied, surmédiatisé depuis Black Swan, qui danse au New York City Ballet, tout comme Sébastien Marcovici. Le troisième danseur français de New York, Alexandre Hammoudi, fait partie de l’American Ballet Theatre. Outre ces trois-là, pas de danseurs français dans les grandes compagnies new-yorkaises, d’après François Perron. “La danse classique française ne s’exporte pas”, analyse-t-il. Il travaille d’arrache-pied à le changer.
Voir le site de la French Academie of Ballet
L’école organise une master class la semaine précédant Noël pour les danseurs professionnels et amateurs. Pour s’inscrire, c’est sur ce site.
Photo: François Perron, fondateur de la French Academie of Ballet
Et vous, vous la regardez où la finale?
La France en finale de la coupe du monde de rugby, on n’y croyait pas! Et pourtant… Ce week-end le XV de France jouera contre la Nouvelle-Zélande pour le titre de champion du monde. Un match à ne pas manquer, même s’il passe à une heure improbable pour les Français qui vivent à New York: 4heures du matin, dans la nuit de samedi 22 octobre au dimanche 23 octobre! De nombreux expatriés vont veiller tard pour soutenir notre équipe nationale. Parmi eux, des personnalités françaises nous dévoilent leurs lieux préférés pour regarder les matches de rugby.
Ariane Daguin, reine du foie gras aux Etats-Unis et gasconne infatigable, ira voir le match avec tous ses amis fans de rugby.“On se réunit tous au McCormack, c’est le meilleur endroit pour ça. Il y aura beaucoup d’Anglo-Saxons et de Néo-Zélandais, mais ça va être sympa…”, raconte Ariane Daguin. Le Mac Cormack est un pub situé sur la 3ème avenue, entre la 26ème et la 27ème rue. Contrairement à toute attente, elle ne prévoit aucun grand banquet samedi soir en attendant le coup de sifflet:“c’est trop sérieux là, on ne peut pas être pompette…”.
Sean Lynch, le directeur du lycée français de New York, veillera également pour voir la finale de rugby. “L’éternel passionné du ballon ovale que je suis ne pourra pas faire autrement!”, explique-t-il. Il n’est pour l’instant pas totalement fixé sur le bar dans lequel il le regardera. Il ira “en toute probabilité” au restaurant et bar lounge Opia, au croisement entre la 57ème rue et Lexington Avenue.
Quant au Consul de France à New York, Philippe Lalliot est fan de rugby: il y a joué quand il était plus jeune! “Je n’ai manqué quasiment aucun match depuis le début de la coupe du monde”, assure le consul. Qui hésite encore sur l’endroit dans lequel il se rendra: Opia ou McCormack, son choix n’est pas encore arrêté.
Pour ceux qui apprécient le ballon ovale mais n’ont pas vraiment envie de passer une nuit blanche, Laurent Bonardi, le directeur du Lyceum Kennedy de New York, a trouvé la solution. “J’aime le rugby mais pas assez pour regarder la finale à 4 heures du matin! Néanmoins, je prendrai soin d’éviter de connaître le score et je regarderai cette finale en différé quelques heures plus tard”, assure-t-il. Un bon moyen de garder le suspens et d’éviter les cernes!
Pour regarder le match à la télé en direct, il faut payer -cher: $ 29,90, en pay per view ou sur Universal Channel. Le match est aussi diffuse -gratuitement- dimanche a 15h30 en differe.
Pour ceux qui préfèrent sortir, de très nombreux bars sont ouverts spécialement pour la finale! En voici un échantillon:
–L’Opia: Ce bar lounge est plébiscité par Sean Lynch, proviseur du lycée français de New York. Les propriétaires sont français. Venez soutenir notre équipe nationale dans une ambiance calme et cozy. L’entrée est gratuite mais il vaut mieux réserver, soit par téléphone, soit par mail: [email protected]. 130 East 57th street at Lexington Avenue. Tel: 212 688 3939
–Mac Cormack : Ce pub irlandais est conseillé par la gasconne Ariane Daguin. Même s’il est peu probable que les clients soient du côté de la France, vous y passerez un moment agréable. L’entrée dans le bar coûte $10. 365 3rd avenue, entre la 26ème et la 27ème rue. Tel: 212 683 0911
–La Provence en boîte: le patron de ce restaurant français soutient activement le XV de France. Le restaurant ouvre à 3h15 pour le match et l’entrée est gratuite. Au menu: omelette, croissants, vin, bière et café. En plus, vous y croiserez peut-être le rédacteur en chef de French Morning… 263 Smith street, Brooklyn. Tel: 718 797 0707
–Le Nevada Smith: Dans ce bar, le sport “est une religion”, surtout le football. Mais les matches de rugby y sont également très appréciés. Vous serez entouré de passionés de sports. L’entrée est gratuite. 74 third Avenue, entre la 11ème et la 12ème rue. Tel: 212 982 2591.
–Le Brickyard: Ce “gastropub” promeut plats et bières locaux, de New York ou du New Jersey. Pour ce qui concerne le sport, il est plus international. L’entrée est gratuite. 785 9ème avenue, entre la 52ème et la 53ème rue. Tel: 212 767 0077
–The Red Lion: C’est le bar sportif par excellence. L’entrée coûte $10. 151 Bleecker street à Thompson St. Tel: 212 260 9797.
–The Australian: Ce bar et restaurant australien offre un grand choix de vins et de bières et diffuse la quasi-totalité des matches de la coupe du monde. L’entrée coûte $10 après 3h du matin. 20 West 38th street, entre 5eme et 6eme avenue. Tel: 212 869 8601
Un weekend de performances à Walls & Bridges
Depuis le 19 octobre, le festival transatlantique Walls & Bridges bat son plein (on vous en a parlé ici). Pour ce weekend, les programmateurs ont concocté une immersion totale dans l’univers un peu fou-fou des artistes français.
Tour d’horizon des performances du weekend :
Samedi 22 octobre:
– Bring Home The Bacon! (compagnie La Scabreuse) : de la jonglerie, de la corde, des acrobaties… des hommes et des cochons. Dans Bring Home The Bacon! par Nathan Israël et Volodia Lesluin, Hommes et Hommes-cochons se jugent et se jaugent. Cette performance, qui explorera l’attraction-repulsion qu’exerce le cochon sur l’Homme, evoque ce que les animaux disent sur l’etre humain et ses desirs. Un spectacle à la fois drôle et troublant. Les enfants sont bienvenus à partir de 10 ans.
– Lesson 1/ : La chorégraphe Maud Le Pladec et le danseur Julien Gallée-Ferré unissent leur savoir-faire pour créer une chorégraphie sur les sons electro-rock déjantés de Professeur Bad Trip, oeuvre du compositeur italien Fausto Romitelli. L’idée: “traduire physiquement TOUT ce que l’on entend”.
– Coïncidence: C’est une sorte de cirque en 3D. Mélant danse, cirque et art visuel et digital, ce spectacle étonnant jongle entre réel et virtuel.
– I walk in the garden: Gilles Pastor, metteur en scène et comédien accompagné de Vincent Boujon (vidéaste) proposeront un spectacle joué, dansé et filmé autour de Derek Jarman, cinéaste, peintre et écrivain britannique mort du SIDA en 1994.
Dimanche 23 octobre:
– Please Kill Me, a Punk Musical Show, par Mathieu Bauer : adaptation de l’ouvrage éponyme de Legs McNeil sur le mouvement punk, Please Kill Me retrace l’histoire des icônes terribles du punk (Dee Dee Ramones, Patty Smith, Iggy Pop…) à travers leurs plus folles anecdotes et leurs chansons emblématiques. Un spectacle qui a déjà fait du bruit en Europe. Les fans de Rocks vont adorer.
Samedi 22 à partir de 9pm et dimanche 23 octobre à 6.30pm, The Invisible Dog Art Center, 51 Bergen Street, Brooklyn, NY, 11201 entre Smith & Court streets. Gratuit mais les réservations sont conseillées. Voir le programme complet ici
Crédits photo : Michel Nicolas
Roosevelt Island: un îlot de paix au coeur de New York
“Habiter à Roosevelt Island, c’est comme vivre dans un parc” assure Daria, qui loge sur l’île depuis sept ans. En effet, au beau milieu de la East River, New York n’a plus tout à fait le même sens. Les klaxons, les embouteillages et le constant brouhaha s’estompent pour faire place à une profonde quiétude.
On pourrait courir ou s’y reposer (presque) aussi bien qu’à Central Park. Les bancs situés sur la côte, face à Manhattan, offrent un point de vue imparable sur les gratte-ciel. Parfait pour lire ou manger un sandwich au calme. “C’est bien pour être tranquille”, affirme Monica qui feuillette un roman au bord de l’eau. “Ici, ce n’est pas comme dans le centre, on peut être en paix“, ajoute-t-elle. Et ce que préfèrent Théo et Rob, qui travaillent sur l’île, “c’est la vue sur Manhattan”.
Accès par téléphérique
Il y a deux manières de se rendre sur l’île : “par dessous” via la ligne F qui passe sous la rivière pour déposer les voyageurs au centre de l’île, et “par-dessus” au moyen… d’un téléphérique (de fabrication française, s’il vous plait). Situé à l’angle de la 2ème avenue et de la 60ème rue, il offre une vue imprenable sur la ville, surtout la nuit, et sur le majestueux Queensboro Bridge, qu’il longe. Pour l’emprunter, une carte de métro suffit.
Au 18eme siècle, Roosevelt Island était appelée « Blackwell’s Island », d’après le patronyme de la famille propriétaire de l’île. Elle a ensuite été rebaptisée « Welfare Island », puis Roosevelt Island dans les années 70.
Un phare et un asile
Plusieurs édifices valent le détour :
– les ruines de l’hôpital Smallpox, situées à la pointe sud de l’île. L’hôpital a été créé au XIXème siècle pour soigner -et surtout mettre en quarantaine- les malades de la petite vérole. C’était, à l’époque, le seul établissement spécialisé dans le traitement de la maladie. Au début du 20eme siècle, d’autres établissements hospitaliers se sont développés, notamment dans le Queens, vidant Smallpox de ses patients. La Landmarks Preservation Commission a désigné l’hôpital (ou plutôt ce qu’il en reste) “monument historique”.
– En marchant en direction du nord de l’île, au 888 Main street se trouve l’Octagon, un complexe résidentiel flambant neuf. Attention aux apparences : il y a 150 ans, ce bâtiment était un asile psychiatrique pour femmes: la Women’s Lunatic Asylum. Construit vers 1840, il était le premier du pays. En 1843, après avoir visité l’asile, l’écrivain Charles Dickens a décrit les fous qui hantaient ses couloirs. En 1887, la journaliste Nellie Bly (Elizabeth Cochrane de son vrai nom), du journal de Joseph Pulitzer The New York World, y a passé dix jours en se faisant passer pour folle. A la suite de son séjour – et de nombreux mauvais traitements – elle a écrit un article sur les conditions de vie épouvantables à l’intérieur l’asile. « Ten Days in a Madhouse » fit sensation. Après la publication de l’article, un jury demanda un accroissement du budget du Département des Corrections et des Charités publiques, gestionnaire de l’asile, ainsi qu’une refonte des règles d’admission, pour s’assurer que les patients dans l’asile étaient bel et bien malades.
– A la pointe nord de l’île se dresse un phare. C’est l’un des derniers de New York. L’histoire derrière cet édifice de briques est étrange : une légende tenace dit qu’il aurait été construit par un pensionnaire du Lunatic Asylum, John McCarthy, à la fin du 19eme siècle. A l’époque, le phare se trouvait sur un morceau de terre rattaché à l’île par un pont en bois. McCarthy aurait entrepris d’y construire un fort pour protéger l’île d’une invasion imaginaire des Anglais. Il aurait abandonné le projet en échange d’une somme d’argent tout aussi imaginaire. McCarthy aurait détruit son « fort » et aurait construit le phare à la place. Au delà, un habitant de l’île confie que c’est le lieu idéal pour une balade an amoureux.
– On peut aussi visiter une église de brique rouge au centre de l’île (543 Main Street). Construite au XIXème siècle, l’église “Good Shepherd” est active depuis le début des années 70.
Quelques restaurants et un diner
Côté nightlife, c’est la misère. Roosevelt Island comporte une petite dizaine de restaurants. Parmi eux, le diner Trellis, sur la rue principale de l’île (549 Main street), qui propose un menu copieux à bon prix. On trouve également un restaurant japonais, Fuji East, au centre de l’île (455 Main street), juste à côté d’un établissement italien.
Roosevelt Island n’est pas le meilleur endroit pour sortir le soir : l’île possède un Starbucks, mais très peu de bars. En revanche, c’est un lieu idéal pour les familles avec enfants. Jeux, parcs, terrain de football (presque toujours vide) et de baseball… les petits et les sportifs ont de quoi s’occuper. “C’est super pour mon fils, il peut se balader toute la journée dans la nature”, raconte Daria, qui assure qu’elle “ne retournerai(t) pas vivre à Manhattan”.