Mathieu Nouzareth n’est pas un entrepreneur français du genre râleur. Il ne se plaint pas de la situation des créateurs d’entreprise dans l’Hexagone. « Quand on est une start-up dans la high-tech, on n’est pas mal! » assure le Parisien de 39 ans. Il rappelle la mise en place en 1997 du FCPI, Fonds commun de placement dans l’innovation (par Dominique Strauss Khan, alors ministre du Budget), favorisant le capital-investissement. Mathieu a déjà créé 3 sociétés en France. La première à 23 ans avec son frère Romain de 3 ans son cadet: WebConcept, l’une des premières sociétés françaises de conseil e-business, rachetée 3 ans plus tard par le consultant suédois IconMedia. Deux autres entreprises par la suite: Boonty.com en 2001 et Cafe.com en 2006, sites de jeux online. Mais selon Mathieu, l’Europe reste un marché trop fragmenté et étroit, « difficile pour une jeune entreprise d’y dépasser la taille moyenne ».
Pour leur 4e start-up spécialisée dans le social gaming (jeux sur les réseaux sociaux), les deux frères ont donc décidé de quitter Paris l’an dernier pour s’installer à Manhattan. « New York n’est pas encore San Francisco mais l’écosystème internet/pub y est très développé. Il y a eu une explosion de start-ups suite à la bulle financière ». De nombreux informaticiens, préalablement embauchés dans les banques, ont en effet choisi de créer leur entreprise high-tech quand ils ont perdu leur job. « Il y a une concentration ici de gens techniques, de créatifs et une chaîne de financement développée (business angels, investisseurs). » Le bon moment pour les frères Nouzareth de créer leur boîte, baptisée FreshPlanet, avec un logo rigolo: une tranche de pastèque croquée. Un clin d’oeil à Apple? « Non », sourit le CEO de la jeune société. « On cherchait en fait un logo pas cher et disponible, celui-ci l’était. Et la pastèque rappelle le côté Fresh! »
FreshPlanet édite actuellement 2 jeux: Red Fish, du site français d’apprentissage Poisson Rouge pour le 3-5 ans, développé pour l’IPad; et Crazy Cow, un jeu de quiz musical (blind test musical), pour Facebook cette fois. « Le jeu social est en pleine explosion et l’avenir passe par Facebook. On retrouve le principe du jeu de société, on joue avec les “friends” de son compte, bien plus intéressant que de jouer avec des inconnus sur internet ». Le jeu est gratuit au départ, mais l’obtention de biens virtuels (les accessoires de customisation, les pouvoirs supplémentaires…) est payante. C’est d’ailleurs la principale source de financement de l’éditeur… et de Facebook!
Trois jeux vont sortir cet été, le secret est bien gardé. Seuls indices: l’un sera destiné aux femmes, cœur de cible. « Les femmes de 30-40 ans, voire 50 ans, sont les plus grandes joueuses sur les réseaux sociaux ». Celles qui ne sortent plus le samedi soir, dit-on dans le milieu… Un autre jeu “unisexe” consistera à aller sauver des animaux au bout du monde; pas de détail sur le 3e, « trop compliqué à expliquer ». Objectif attendu: 1 million de joueurs à la fin de l’année.
La concurrence est rude dans un marché en pleine expansion, avec, en tête, le leader Zynga – 250 millions d’utilisateurs chaque mois, dont plus de 60 millions pour son gros succès FarmVille -, qui s’apprête à faire son introduction en bourse. « Enfin une IPO intéressante avec une société qui fait à la fois de la croissance, du chiffre d’affaires et du profit!” Un exemple certainement à suivre. « Il y a de la place pour tout le monde. Nous ne faisons pas 1 milliard de chiffre d’affaires comme Zynga mais on a notre place. »
FreshPlanet a le soutien d’investisseurs de poids comme Jeff Clavier et son fonds SofTech VC, Jeremie Berrebi de Kima Ventures ou encore de business angels incontournables comme Xavier Niel (Free.fr), Jacques-Antoine Granjon et Ilan Benhaim (Ventes-Privees.com). En tout 1,5 millions de dollars levés l’an dernier. Cet investissement de départ a permis d’embaucher 20 personnes à New York ainsi qu’une petite dizaine de créatifs en Ukraine, et de créer de nouveaux produits. Le développement coûte cher en temps et en argent: il faut compter 6 mois entre la conception et le lancement d’un jeu, et une facture de 500.000 à 1 million de dollars.
Les frères Nouzareth ont une foi infaillible dans le potentiel de Facebook. Mathieu ne cache pas son admiration pour Mark Zuckerberg, qu’il a rencontré une seule fois. « C’est un homme d’une grande intelligence, avec une vision à très long terme. Facebook va croquer Google et aller très loin ». L’entrepreneur français espère bien que, dans ses bagages, le plus grand réseau social du monde emportera FreshPlanet!
FreshPlanet: petits jeux entre amis
BHL ou DSK: Qui nuit plus à l'image de la France?
L’article de Bernard Henri Levy publié dans le Daily Beast et dont nous vous parlions la semaine dernière a fait des remous. Au NY Times, l’éditorialiste Joe Nocera a vivement répondu au philosophe, encensant le District Attorney pour sa réactivité dans l’affaire DSK et réduisant BHL a quelqu’un qui “préfère vivre dans un pays où on demande rarement des comptes aux élites, où les crimes contre les femmes sont habituellement excusés en un clin d’oeil et où les personnes démunies sont traités comme les personnes insignifiantes que la classe française aisée pense qu’ils sont. ” Bernard Henri Levy a répondu à son tour à l’intéressé durant une émission de CNN où il dénonce de nouveau la façon dont les procès se transforment ici en “cartoon”, ces dessins animés qui ont pour but de divertir le plus grand nombre.
Toujours dans le New York Times, le journaliste Clyde Haberman revient sur les conséquences du cas DSK pour la communauté française de New York à l’approche du 14 juillet. Selon lui, ce ne sont que des “whiffs“, des relents d’animosités hérités du refus d’intervenir en Irak. Mais des relents détectables, dit-il, à la vue des titres de tabloïds graveleux qui nourrissent l’image d’un Français sournois et aux moeurs légères.
Dans le New Yorker, on rend compte des différences entre le système judiciaire Français et Américain dans l’affaire DSK. Intitulé “juges or jury ?”, l’article s’interroge à la fois sur la rapide propension des jurés américains à davantage osciller du côté de la victime, mais aussi sur la qualification de ceux-ci comparé aux juges Français. L’auteur ne manque d’ailleurs pas de faire un bref rappel sur la formation des juges en France et de souligner la complexité de l’examen d’entrée à l’École Nationale de la Magistrature.
Côté culture, que ce soit le Huffington Post ou encore le Los Angeles Times, de nombreux journaux américains s’émeuvent du décès du chorégraphe Roland Petit. Nombre d’entre eux reviennent sur le parcours de celui qui jonglait entre Paris et Hollywood et côtoyait les plus grands tels que Fred Astaire ou encore Orson Welles.
Dans le NY times, l’écrivain Marc Fumaroli fait honneur à la France avec son livre “When the world spoke French“. L’auteur revient sur cette époque où parler français était synonyme d’éducation et d’élitisme et où la France était le centre culturel de l’Europe. Face à l’avènement de l’anglais comme langue de référence, il tire une conclusion assez optimiste : “Je suis amené à croire par mon expérience que le nombre de personnes dans le monde d’aujourd’hui capables d’une réelle conversation en Français a en vérité augmenté”. Et au journaliste de nuancer ” la traditionnelle sophistication du Français conserve sa grande influence sur une petite élite internationale “.
Du côté du Wall Street Journal, les Rencontres Économiques d’Aix-en Provence prennent une tournure peu crédible dans les lignes de Frances Robinson. Difficile de ne pas sentir l’ironie lorsqu’il conclut : “La France a toujours excellé dans les belles idées. Que ce soit “liberté, égalité et fraternité” ou les 35h, c’est un pays qui a la réputation d’innover dans les grands concepts. Aix consiste à penser sous un ciel bleu plutôt qu’à penser à faire le ciel plus bleu; attendons de voir laquelle des idées de cette année va passer de ces ruelles provençales sinueuses à la réalité…”
Eloge du communautarisme
Arrivé il y a six ans à Montréal pour travailler à la radio, Philippe Régnoux est devenu depuis un membre actif de la vie associative des Français au Québec. Il vient de publier un essai politique, Nous tracerons des horizons. Sa première expérience au Canada au sein de Radio Shalom Montréal, lui a permis de découvrir un nouveau mode de fonctionnement des communautés – «Je suis le premier goy à être directeur d’une radio juive !», dit-il en riant. Faire partie d’une communauté l’a aidé à mieux s’intégrer : c’est là qu’il a commencé à réfléchir aux moyens d’actions collectives.
M. Régnoux explique que quatorze mille français viennent chaque année avec un permis de « vacances-travail » au Québec. A cela s’ajoute l’immigration permanente – qui représente quatre mille Français par an. «C’est depuis à peu près cinq ou six ans que l’on voit une montée en régime de l’arrivée des Français. Ils sont jeunes et ultra diplômés, et viennent sans forcément être préparés aux réalités du territoire nord-américain. C’est là que nous intervenons : sur le web, en mettant en place des forums d’information, mais aussi en faisant pression sur les autorités fédérales. » À cela, il faut ajouter le fait que l’État français est de moins en moins pourvu de moyens financier pour subvenir aux besoins de ces gens : «on est à un point crucial ; c’est à la communauté elle-même de mettre en place des structures qui pallient l’absence de mécanismes d’États.»
M. Régnoux précise son propos : « Quand je dis communauté, ce n’est pas un groupe fermé sur lui-même ; au contraire, c’est une entité ouverte sur la réalité et ouverte sur les autres communautés. Justement le problème des Français est que nous n’avons pas cette vision-là d’une communauté qui s’assume pour pouvoir partager, faire circuler les expériences de vie, et venir en aide aux autres membres. » Ce décalage entre la communauté française – dont le lien de solidarité est très lâche – et d’autres communautés s’explique sans doute par la peur du mot « communauté » chez les Français.
« On n’a pas la culture communautaire nord-américaine », explique M. Régnoux, « on vit sur un format républicain, on n’a pas ce modèle de communautés qui se prennent en main mais qui sont aussi intégrées. C’est dû au fait que l’on n’est pas habitués à intégrer ces communautés. Pour les Français, le mot même de « communauté » donne l’impression d’un repli sur soi, d’un côté Cocorico. Ici, d’ailleurs, les gens ont souvent honte de montrer le drapeau français ; ils l’associent à un côté patriotique, d’extrême droite. » C’est pourtant précisément les Français de l’étranger qui peuvent redécouvrir leur identité « à travers les autres » ; «En plus, on est étranger ici, donc nous aussi nous formons une communauté fragile, minoritaire : cela donne une autre dimension à notre communauté, cela peut nous permettre de mettre en place un autre modèle du vivre ensemble français. »
Nous tracerons des horizons est disponible sur internet.
« Floin’ to America » pour le Bastille Day
Floanne nous convie au Metropolitan Room le 13 juillet pour un solo cabaret show exceptionnel. Floanne reprendra des classiques de la chanson française et de la chanson américaine … et mélangera les deux ! Elle chantera ainsi sa propre traduction de « Are you lonesome » en français et, inversement, régalera son public avec une version anglaise de « Pour un flirt avec toi ». La chanteuse confie qu’elle est heureuse de pouvoir jouer dans le Metropolitan Room, salle dont elle parle avec beaucoup d’enthousiasme.
Le spectacle, Floin’ to America, aura lieu au Metropolitan Room le 13 juillet à 19h. Entrée : 20 dollars (two drinks minimum). Réservations en ligne. 34 West 22d Street (entre les 5è et 6è Avenues)
Floanne sera aussi à l’affiche des French Culture Nights le 16 juillet.
Thierry Henry fêtera le 14 juillet à Los Angeles
Alors qu’on apprenait à la même date l’année dernière que Thierry Henry s’envolait rejoindre l’équipe des New York Red Bulls, le footballeur sera cette année aux côtés de ses compatriotes français le 16 juillet lors d’un un match l’opposant à l’équipe de soccer mexicaine basée à L.A. Déclaré en honneur du jour de la Bastille, le match se déroulera au fief des Chivas, le Home Depot Center. Il vous est possible d’acheter vos tickets ici.
Et qui sait, peut-être croiserez-vous la star du football au bal du 14 juillet organisé par French Tuesdays …
Riverside Park prend des airs de film policier
Portant sur le thème de l’été, le film de Pascal Thomas apporte la touche de frisson qui manquait au festival. Après avoir ri devant Nos Jours Heureux et réfléchi devant le Mépris, ce sont ici peur et suspens qui sont au rendez-vous. Quand Guillaume Neville invite son ex-femme et son actuelle épouse à venir dans la maison de sa riche tante Camilla à Pointe-aux-miettes, l’été s’annonce explosif. Mais c’est un autre genre de drame qui va inquiéter la maison : un matin, la tante Camilla est retrouvée dans son lit, le crâne fracassé. On vous laisse découvrir la suite, confortablement installés entre deux pousses d’herbe.
The Illusion de Tony Kushner au Signature Theatre
Le Signature Company Theatre dédie cette année sa saison théâtrale à Tony Kushner, le célèbre dramaturge qui a notamment reçu un prix Pulitzer pour sa fresque dramatique, Angels in America. La compagnie vient d’annoncer que plusieurs représentations supplémentaires de The Illusion sont prévues jusqu’au 17 juillet. Il est donc encore temps d’aller assister à la représentation de cette adaptation libre de l’Illusion Comique de Corneille, mise en scène par Michael Mayer : il faut se précipiter, cependant, les places sont rares.
Le théâtre se trouve à 555 West 42nd Street. Les billets peuvent être achetés en ligne ou par téléphone au 212 244 7529.
Les hommes préfèrent les blondes … en plein air !
Pour les amateurs de cinéma, le lundi 11 juillet sera l’occasion d’aller revoir Les Hommes Préfèrent les Blondes au Bryant Park. L’entrée est gratuite. Le film sera projeté en plein air, dans le cadre du Bryant Park Summer Film Festival. Marylin Monroe et Jane Russell partent en voyage pour la France dans ce film d’amour et d’argent. Howard Hawks mêle ici chansons et légèreté; un film idéal à voir en plein air.
French Restaurant Week : du bleu blanc rouge dans les assiettes
Créée à l’origine par des restaurateurs souhaitant augmenter la clientèle de leurs établissements, les “Restaurant Weeks” de New York sont devenues de véritables institutions ayant lieu deux fois par an (winter and summer session). D’une durée originelle d’une puis deux semaines, la “Restaurant Week” regroupe aujourd’hui plus de 300 lieux. Généralement de prestige, leur but est désormais de rendre accessible au plus grand nombre leur gastronomie via des menus aux prix fixes défiants toute concurrence : environ 35$ pour entrée-plat-dessert le soir.
Les restaurateurs Français se sont quant à eux mis d’accord sur un menu “révolutionnaire” au prix malicieux de 17,89 $. Leur objectif ? Profiter de la Bastille Week du 10 au 17 juillet pour promouvoir outre-atlantique cette cuisine Française désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Différents types de lieux ont décidé de se lancer dans l’aventure (pâtisseries, restaurants), au total plus de cinquante établissements vont jouer la carte de la French Touch. Quelques menus se révèlent déjà et on sent monter des effluves de boeuf bourguignon, pâté de campagne et autres moules marinières… Pour l’instant, pas de cuisses de grenouilles prévues “c’est trop cher, vous allez nous tuer” déclare un des restaurateurs en riant.
George Forgeois, la patron du groupe de restaurants du même nom (Bar Tabac, Cercle Rouge, etc…) est à l’origine de l’idée. Il a convaincu certains de ses collègues de le suivre. On retrouvera donc à l’affiche quelques-uns des noms bien connus de la gastronomie française à New York, qu’ils soient 100% gaulois (Benoit d’Alain Ducasse) ou seulement d’inspiration française, comme Artisanal.
Lire la liste complète ici.
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